Titre : La Frontière – Art Keller 03
Auteur : Don Winslow
Éditions : HarperCollins Noir (16/10/2019) / HarperCollins Poche (07/10/2020)
Édition Originale : The Border (2019)
Traduction : Jean Esch
Résumé :
Pendant quarante ans, Art Keller a été en première ligne de la guerre la plus longue que les USA aient jamais menée: la guerre contre la drogue.
Son obsession à vaincre les plus puissant des caids, le parrain du cartel de Sinaloa, Adan Barrera lui a laissé des marques, lui a couté des êtres chers et même une partie de son âme.
Maintenant, Keller occupe une position prestigieuse au sein de la DEA il se rencontre que le monstre qu’il a détruit en a engendré beaucoup d’autres qui sèment la mort, le chaos et la désolation au Mexique et ailleurs.
Le testament de Bara, c’est l’afflux d’héroïne en Amérique. En se jetant dans la bataille Art Keller découvre qu’il est entouré d’ennemis, des tueurs qui veulent le liquider, des politiciens qui veulent le détruire, et même une administration montante en cheville avec les trafiquants qu’il combat.
Critique :
L’année 2021 ne pouvait pas bien commencer si je ne finissais pas la trilogie de Art Keller !
En janvier 2020, Cartel me mettait sur les genoux tant il était puissant et dévastateur.
La Frontière le fut tout autant et ça me donne envie d’aller lire un livre tout doux pour les petits…
20 ans ! 20 ans qu’il aura fallu à l’auteur pour mettre le dernier point à sa trilogie consacrée à la poudre blanche… Après cela, vous serez incollable sur les gangs, les cartels, le Sinaloa, les drogues, la misère humaine, les meurtres, les massacres.
Le point fort de ce dernier tome c’est qu’il n’est jamais chiant à lire, malgré ses 1.000 pages en version poche (848 en GF) et que l’auteur fait en sorte de vous mettre dans la peau d’un tas de personnages aux antipodes l’une de l’autre.
Mon C.V pourra s’enrichir car une fois de plus, durant ma lecture, j’ai été : agent de la D.E.A, agent de police infiltré, trafiquant de drogue, droguée, membre d’un gang, de plusieurs cartels, porte-flingue, assassin, en prison et migrant clandestin en provenance du Guatemala, chevauchant La Besta (train de la mort), après avoir fouillé une décharge.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout est d’un réalisme saisissant, comme si l’auteur avait été, tour à tour, ces différents personnages. Avec autant de pages, Winslow a le temps de les façonner, de leur donner une histoire, de leur donner de l’épaisseur et j’ai été franchement triste de quitter certains.
Winslow ne pratique pas le manichéisme avec ses personnages car ceux-ci ont tous des nuances de gris, certains salopards ayant même un cœur ou des règles morales.
Art Keller, le héros, a commis des atrocités aussi, la fin justifiant ses moyens et feu Adan Barrera, el padrino, interdisait la prostitution de mineures sur son territoire, mais n’hésitait pas à flinguer des gens sans aucune once de pitié. Tout le monde a la morale à géométrie variable, qu’on soit de papier ou de chair. Moi-même j’ai eu de l’empathie pour le trafiquant Darius Darnell lorsque je l’ai vu avec sa grand-mère ou son fils…
La construction du roman est aboutie car l’auteur nous fait passer d’un univers à l’autre d’une manière habile et introduit dans son roman une part d’actualité, comme la mort tragique des 49 étudiants qui avaient détourné un bus et celle d’une accession à la Maison-Blanche par un certain Dennison qui adore gazouiller et attraper les femmes par la chatte.
Chez Winslow, rien n’est laissé au hasard… Lorsque subitement vous vous retrouvez à Bahia sur une plage paradisiaque, ce n’est pas pour faire un interlude agréable, mais pour introduire une nouvelle donnée à son drame Shakespearien (sauce mexicaine et américaine) et il en est de même lorsque nous plongeons dans une décharge avec Nico Ramírez, un jeune gamin de 11 ans.
Tout se tient, tel un mur magistralement construit et c’est glaçant à mourir !
On devrait ajouter en bandeau-titre ce que Dante avait lu sur le fronton de la porte menant aux Enfers « Lasciate ogni speranza, voi ch’intrate » (Abandonnez toute espérance, vous qui entrez ici).
Dans ces pages, c’est noir, sombre, c’est la misère humaine, l’exploitation de l’Homme par l’Homme, le chantage, les menaces, les massacres, l’illogisme de la justice qui met en cabane des petits trafiquants, des consommateurs mais laisse courir librement les blanchisseurs de fric, les banquiers, les hommes hauts placés.
Le seul moment de détente est celui avec le concours de celui qui pisse le plus loin que les gamins migrants, arrivés aux States seuls, organisent dans leur centre de détention… Si jamais, messieurs, apparemment, faut mettre la bite à 45°…
Winslow nous a livré une trilogie éclairante sur le trafic de drogue où les méchants ne sont pas QUE les vilains Mexicains qu’un type aux cheveux orangés a traité de voleurs, assassins et violeurs car dans l’équation, faut aussi ajouter les américains qui se droguent, les puissants qui laissent faire car ça rapporte, la guerre de la drogue, les gouvernements qui ferment les yeux sur ce qui les arrangent et sur les investisseurs qui aiment l’argent, qu’il soit sale ou propre. Et j’en oublie.
Une trilogie sombre, glaçante, sans concession, sans manichéisme, d’un réalisme à couper le souffle. Une trilogie qui va trôner dans les hautes étagères de ma biblio, avec les autres grands romans coups de poing dans la gueule.
Maintenant, j’ai envie d’aller lire un livre avec les Bisounours qui iraient prendre le goûter chez Oui-Oui et où l’horreur absolue serait Petit-Loup se cassant une dent en dégustant une couque de Dinant…
Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°168].
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Comme je n’ai toujours pas lu le premier c’est super quand je vais m’y mettre j’ai la trilogie pour moi 🙂
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J’ai moins aimé le premier que les deux autres, moi, mais je n’étais peut-être pas dans de bonnes dispositions pour lire, faisait chaud, canicule et non, faut pas lire ça quand on crève de chaud !
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Suis pas sûre que « droguée », ça fasse bien sur un CV ! 😂😂😂
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Droguée du travail, bien entendu !! 😉
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Mais oui, suis-je bête ! (Ça n’attend pas de réponse 😂)
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Mais non, mais non ! :p
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😘
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Pour le moment, j’ai eu ma dose de poudre blanche avec la trilogie des ombres, mais je note quand même pour plus tard d’approfondir mes connaissances !
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Pas encore lu la trilogie des ombres de Gilberti mais un jour, je vais le faire !!!
Tu voudrais te lancer dans le trafic pour arrondir tes fins de mois ?? Ok, je sors de suite 😆
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Bah non, sors pas trop vite, je cherche un associé 😂
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Ah, on peut s’entendre alors 😆 J’adore les combines pour traficoter !!
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Il va vraiment falloir que je découvre cet auteur 🤩
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Oui, tout à fait ! J’ai préféré les tomes 2 et 3 que le premier… attention, il est très bon, mais je commençais dans la lecture très noire et très sombre !
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Je comprends !!
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Ah… les zhistoires de trafic de drogues… pendant que la codéine et autres antidouleurs addictifs sont en vente libre ou presque dans les drugstores US, il faut lutter contre l’héroïne et la cocaïne parce que ça fait de la concurrence à Bigpharma… C’est bien gentil de dénoncer le fléau des drogues dans un pays où on peut se droguer légalement sans problème avec des produits faciles à trouver…
En France c’est pas mieux et comme toujours c’est un coup à devenir schizo en juxtaposant des logiques contradictoires : on veut légaliser le cannabis parce que même si c’est une drogue on peut aussi se soigner avec… mais on veut interdire le Tramadol, médicament avec lequel les gens se soignent sous prétexte qu’il y en a qui se droguent avec !
On nous prendrait pour des cons qu’on ferait pas autrement!
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Il parle aussi des médocs, mais les drogues rapportent plus et on blanchit l’argent, on tue des populations, bref, c’est sanguinaire. Bigpharma ne te donne pas l’option « argent ou mort », elle te paie et si tu refuses, elle te vire et prend un autre, mais tu vivras toujours, en principe…
On a arrêté chez nous un sirop expectorant contre la toux, dégueulasse de goût, parce que les gens se shootaient avec !! Les gouttes qui stoppent l’écoulement nasal ne se trouvent pas en France, mais chez nous, oui…
La logique n’est pas de ce monde… 😉
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Oh oui ce qui se passe en amerique du nord….reste horrible….car les mexicains font surtout leur marche aux states…punaise tout un livre,,,
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Il y a eu un reportage sur les mexicains mis dehors des states après 30 ans de vie là-bas, parce qu’ils n’avaient pas de papiers (mais y étaient arrivé à l’âge d’1 an ou avaient fait la guerre du vietnam). Une fois de l’autre côté, les sociétés les engagent car ils parlent anglais mais au mexique, ils sont payés une misère pour faire du call-center.
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Cela ne m’etonne pas….l’esclavagisme moderne….il y a un no man’s land a la frontiere ou les grandes entreprises servent dans une main d’oeuvre a moindre cout….une sorte de bétaillère…
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C’est trop facile, ça leur rapporte gros et ils ne risquent rien !
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Nop aucun risque….;)
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J’aurai essayé ! 😆
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un super livre pour bien commencer l’année.
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Un sacré pavé qui n’a rien des aventures des bisounours !
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toi qui aime les livres forts tu as été comblée 🙂
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Tout à fait ! J’aime les romans forts et là, je suis sur du encore plus fort que la frontière… Les gars du cartel, c’est des petits joueurs comparé aux autres…
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tu n’en fais pas des cauchemars après?
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Non, ces derniers temps, je rêve que j’ai oublié mon masque et que personne n’en porte aux alentours, ou alors que je suis partie au turbin avec des pantoufles ou que je ne sais plus comment marche le PC du boulot, bref, ce genre de cauchemars !
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des choses plus concrètes. Allez au boulot en pantoufle, le stress?
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Oui, à fond, sauf si tu es en télétravail…. c’est comme aller à l’école en culotte (version slip pour les mecs) : le cauchemar absolu qui te réveille, en nage, le coeur à 150 !
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parfois quand je vais au boulot, comme je ne suis pas encore en phase, j’ai un doute si j’ai mis ma jupe. Complètement à côté de la plaque 🙂
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Tant que tu n’oublies jamais de la mettre….
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