Les somnambules : Chuck Wendig

Titre : Les somnambules

Auteur : Chuck Wendig
Édition : Sonatine (04/03/2021)
Édition Originale : Wanderers
Traduction : Paul Simon Bouffartigue

Résumé :
Un nouveau monde, le nôtre ?

Dans un petit village de Pennsylvanie, Shana surprend sa soeur, Nessie, quittant d’un pas résolu leur maison. Lorsqu’elle tente de l’intercepter, la petite fille ne réagit pas à sa présence. Mutique, absente, le regard vide, elle avance… Croyant à une crise de somnambulisme, Shana commence à la suivre.

Rapidement, elles sont rejointes par un deuxième errant, frappé des mêmes symptômes que Nessie. Puis un autre. Bientôt, ils sont des centaines à converger vers la même destination inconnue, tandis que leurs proches, impuissants, leur emboîtent le pas. Très vite, cette mystérieuse épidémie enflamme le pays.

Chuck Wendig tend à notre monde un miroir dans lequel se reflètent ses hantises les plus contemporaines : l’irruption de l’inconnu, la peur de l’autre, la défiance envers le gouvernement, la force rampante des discours religieux et extrémistes… Rappelant autant Le Fléau que The Leftovers,

Les Somnambules est un portrait humain mais sans concession d’une société au bord de l’extinction.

Critique :
Lève-toi et marche…

Lecteur/trice, prévois de bonnes chaussures parce que ce sera une longue marche et elle comportera des chausse-trapes, des dangers, des suprémacistes Blancs qui tenteront d’arrêter ta marche.

Prévois aussi un canapé confortable car la marche ne sera pas que longue en kilomètre parcourus mais aussi en pages avalées (plus de 1.100).

Que la taille et la longueur en te rebute pas, ami de la littérature car tu ne le sentiras pas passe, ou si peu. Tu seras si bien au coeur de ce mystère, de cette pandémie bizarre que tu ne verras pas les pages se tourner.

L’auteur aurait pu suivre une seule direction, se contenter de nous faire marcher, mais non, il a été intelligent, créatif et ce, bien avant l’apparition du Covid19.

Les réactions des gens face à ce phénomène, qu’ils ne comprennent, pas ressemble terriblement à nos comportements depuis 1 an de Covid. Entre les complotistes, les illuminés de Dieu, les écolos, les protecteurs, ceux qui ne savent pas, il y en aura pour tout le monde.

La différence c’est qu’il nous a pondu une pandémie qui fait passer la nôtre pour une peccadille, un tout petit caillou dans les rouages de la machine, alors que lui, il te jette un pavé (au propre comme au figuré) et il te skette (« casser », en patois wallon) la machine, divisant l’Amérique en plusieurs parties : les marcheurs, leurs bergers, les pros-somnambules et les antis avant de refragmenter ces morceaux en suprémacistes survivalistes et en infectés.

Sorte de Fléau (Stephen King) en version moderne, la comparaison s’arrêtera là, sauf à comparer les portraits des personnages, tous très bien réalisés (même si ma préférence ira à ceux du Fléau), travaillés, possédant de la profondeur. Les portraits des suprémacistes sont moins travaillés mais je pense qu’il serait difficile de leur trouver des circonstances atténuantes.

Le scénario n’est pas conventionnel, il ira dans des directions inattendues et tant mieux car l’auteur a évité aussi que son récit ne s’enlise, ne stagne ou ne devienne redondant. Cela a augmenté mon plaisir de lecture et mon addiction.

La surprise était au rendez-vous tout au long de ma lecture et j’en ai eu pour mes sous, du début à la fin, sans que cela vire au grandguignolesque puisque son récit avait des points d’ancrage dans notre époque, même s’il a poussé le bouchon plus loin et que je croise les doigts que jamais pareil scénario apocalyptique ne se produise en vrai (vœu pieux, ça nous pend au nez).

L’autre point fort de ce roman, c’est son final qui est plus que réussi, contrairement à celui du Fléau (Stephen King) qui n’était pas à la hauteur des 1.500 pages lues. Chuck Wendig a réussi à donner au sien une dimension dantesque, un véritable combat pour la vie et à le faire de manière intelligente. Ça m’a troué le cul (pour parler vulgairement mais que tout le monde comprenne bien).

Si nous n’avions pas le choc des photos, ce lourd pavé possédait le poids des mots et c’est avec de l’acide que l’auteur a dû diluer son encre car entre les phrases, on discernait un peu de cynisme, de sarcasmes et quelques coups bas pour les sociétés humaines qui mènent le monde à sa perte (et le reste avec).

Un roman post-apo qui, malgré ses 1.100 pages, ne devient jamais ennuyeux ou ne semble trop long. Une lecture intense, au goût de prémonitions qui risquent un jour de passer en faits réels.

Hormis quelques libertés avec les sciences, la plupart des horreurs qui se déroulent dans ces pages sont hélas bien réelles et l’on a vu comment la peur durant une pandémie pouvait transformer les humains en pire que des bêtes.

Surtout que notre pandémie l’est aussi sur les réseaux sociaux avec toutes les conneries qui peuvent s’y raconter et contre ça, pas de médicaments pour guérir.

Un sacré roman post-apo, une lecture intéressante, hautement addictive, qui prend aux tripes.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°240].

33 réflexions au sujet de « Les somnambules : Chuck Wendig »

  1. Ping : Bilan annuel 2021 et coups de cœur ! [Épisode 2/2] | The Cannibal Lecteur

  2. Ping : Bilan Livresque Annuel 2021 et Coups de Cœur ! [Épisode 1/2] | The Cannibal Lecteur

  3. Ping : Chuck Wendig – Les Somnambules | Sin City

  4. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Avril 2021 | The Cannibal Lecteur

  5. C’est pas la nouvelle version du Joueur de Flûte de Hamelin c’t’affaire ??? Encore une histoire qui finit mal, non ? Sauf que la les rats sont pas des zanimals mais des Racistes (les rats appellent un chat un chat, non? Suprémaciste Blancs? Pfff! Même les racistes veulent du politiquement correct quand on parle d’eux c’est-y pas neuneu ça ?). Bon j’ai pas lu le livre (il est trop gros… c’est long 1000 pages pour une pôvre fille comme moué! Surtout s’il y a pas d’images!) mais moi je dis qu’on a plus besoin de jouer de flûtiau aujourd’hui! Y a le nouveau démon qui menace la jeunesse : les Rézossossios ! Ils sont plein de virus eux aussi! Et de fekniouzes! C’est ça qui hypnotise les mioches et les fait marcher tous dans le même sens loin du chemin que leur a conseillé leur Môman qui devient vieille et toute pourrie… Alors ils deviennent bêtes à manger du foin et se transforment en zânes et partent à la mine… Ah non… ça c’est dans Pinocchio !!! Chuis fatiguée là… Je raconte n’importe quoi ! J’va m’coucher! En rêvant que Stephen King me demande des conseils… Tiens j’ai des super idées pour faire des affaires quand je rêve moi! Cette nuit j’ai rêvé que je déposais « Paul Bismuth » comme marque déposée de téléphones portables intraçables… J’te jure… C’est plus un grain que j’ai… C’est un noyau d’avocat…

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    • Hélas, pas d’images et pas de joueur qui nous ferait la flûte enchantée en version coquine 😆 Les suprémacistes qui se prennent pour la crème de la crème ne suivent pas les sirènes du joueur de flûte parce qu’il était pas du bled, mais étranger, alors, ils se méfient, les salopards ! Tout ce qui n’est pas plus blanc qu’un cachet d’aspirine, c’est louche pour eux.

      Les rézossossios sont pire qu’un virus, c’est pandémique à fond, les jeunes et les moins jeunes sont tous dessus et ne regarde plus où ils foutent leurs pieds et se prennent des poteaux d’éclairage, sans doute un complot des vendeurs de poteaux 😆

      Excellente l’idée pour le téléphone, mais on l’a quand même retracé… :p

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    • Harcèle ! (et là, on va me tomber dessus parce que je pousse à commettre un acte répréhensible 😆 )

      En poche, il sera moins haut mais encore plus gros, moi je dis ça et je dis rien… Ok, je sors 😛

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  6. il me fait de l’oeil depuis un moment, je l’ai noté, et ta critique va provoquer un passage à l’acte!!!
    en plus le lien avec « le fléau » dont j’ai beaucoup apprécié le T1 va le rendre plus tentant encore 🙂
    j’aime bien lire un roman post apocalyptique de temps en temps 🙂

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