Habitant de nulle part, originaire de partout : Souleymane Diamanka

Titre :Habitant de nulle part, originaire de partout

Auteur : Souleymane Diamanka
Édition : Points (25/02/2021)

Résumé :
La voix pleine de sourires et pleine de larmes
Sincère comme ce père noir qui repart en pleurs d’un parloir
J’ai eu la chance quelque part d’avoir été sauvé par l’art oratoire

Ce volume se compose des textes de l’album L’Hiver peul mais aussi de nombreux poèmes inédits de Souleymane Diamanka. L’auteur jongle avec les mots, les fait « métisser ».

Sa poésie prêche l’oralité, apparie avec finesse ses cultures peule et européenne, parce qu’il est fier d’être « habitant de nulle part et originaire de partout », dépositaire d’un chant intemporel, d’un appel à l’Amour, à la Tolérance et à la connaissance de l’Autre.

Critique :
Une fois de plus, c’est grâce à La Grande Librairie que j’ai découvert cet auteur et que j’ai lu de la poésie.

Ses textes sont très beaux à lire, Souleymane jouant avec les mots, leur musicalité. D’ailleurs, ces textes, il faudrait les lire à voix haute.

N’aimant pas l’exercice, j’ai décidé de lire dans ma tête, comme si je faisais une lecture à voix haute, mettant les coupures là où je les jugeais indispensable, lisant les mots comme si je faisais du slam, d’ailleurs, c’était la voix de Grand Corps Malade qui parlait dans ma tête.

La poésie n’est pas mon genre de prédilection, j’avais même tendance à fuir ce genre et pourtant, c’est une grave erreur de ma part.

Après m’être frottée aux Fleurs du Mal, je me suis attaquée à ce recueil de poésie et c’est avec gourmandise que j’ai déclamé les phrases dans ma tête, les faisant rouler sur ma langue, les dégustant comme des chocolats inattendus.

 

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Le Gibier : Nicolas Lebel

Titre : Le Gibier

Auteur : Nicolas Lebel
Édition : Le Masque (10/03/2021)

Résumé :
La journée du commissaire Paul Starski commence assez mal : son épouse demande le divorce, son chien adoré est mourant et une prise d’otages l’attend dans un appartement parisien.

L’âme morose, il se rend sur place avec sa coéquipière, la glaciale et pragmatique Yvonne Chen, et découvre les corps d’un flic à la dérive et d’un homme d’affaires sud-africain.

Critique :
Quoi de plus naturel, après avoir lu « La chasse » que d’enchaîner sur « Le gibier » ? C’est dans l’ordre naturel des choses.

La chasse à courre m’a toujours fascinée… Non, pas dans le fait de traquer du gibier et de l’épuiser. Namého !

Juste dans le fait de galoper dans des bois, souvent privés, avec des chiens autour, au son des cors de chasse (mieux que les cors aux pieds).

Alors oui, le choix des titres de chapitres qui suivent le déroulement d’une chasse à courre, c’était bien vu de la part de l’auteur qui, dans ce roman, nous fait douter de qui est le gibier et qui est le chasseur.

J’avais été déçue que ce nouveau roman ne soit pas avec le capitaine Mehrlicht, j’étais même prête à arrêter de respirer tant qu’il n’entrait pas dans la danse, mais j’ai vite rangé mes envies de Kermit la grenouille, car cette enquête n’était absolument pas pour Mehrlicht !

Pas dans ses cordes, Mehrlicht n’avait pas le caractère adéquat, tandis que le commissaire Strarski, oui. Non, non, pas de Hutch avec lui, mais la lieutenante Yvonne Chen (on devrait coller des procès aux parents qui ont nommé cette asiatique Yvonne).

L’un est guidé par ses sentiments, l’autre est froide comme un iceberg et pragmatique au possible. Et oui, le duo marche très bien et joue avec l’humour dans leurs dialogues. C’est toujours ce que j’apprécie chez l’auteur : son humour. D’ailleurs, j’ai bien ri avec la scène à la fourrière.

Cette histoire comment comme un polar dans la plus pure tradition du style : un double suicide (ou meurtre ?) en chambre close. Puis, tout doucement, le train bifurque pour prendre une autre voie, entraînant son lecteur à sa suite avant de totalement révolutionner le tout en faisant exploser ses certitudes.

Ayant été à bonne école avec des auteurs qui révolutionnaient le polar en fuckant toutes les règles (Agatha Christie et Franck Thilliez, pour ne pas les citer), j’ai senti où se trouvait la couille dans le pâté et c’était bien vu de ma part.

Bon, ça m’a tué une partie du roman, de comprendre avant tout le monde, puisque j’ai échappé au coup de masse sur la tronche et que j’aurais aimé me le ramasser dans ma gueule de lectrice…

Dans les séries télés, j’accuse toujours tout le monde sans trouver le coupable et là, dans ce polar révolutionnaire de Lebel, j’ai été plus lucide qu’une voyante du même nom. C’est ballot, ça (long soupir).

Malgré ma perspicacité, c’était bien vu de la part de l’auteur de ne pas suivre les sentiers battus du polar et d’offrir à ses lecteurs une enquête bourrée de chausse-trappes, de fausses pistes, de coups de putes et de nous faire courir un peu partout dans la forêt afin de nous perdre avant l’hallali final et la fameuse curée.

C’était une bonne curée ♫ (mes excuses à Annie Cordy) ! Le récit était addictif et intelligent. Quant aux personnages, ils étaient parfaitement à leur place, réalistes et attachants.

Après cette lecture, j’avais une envie folle de manger du gibier (qui n’est pas ma tasse de thé). Ça tombait bien, il me restait, au congélo, des tournedos de chevreuil, en provenance d’une super boucherie où l’on peut acheter de la viande les yeux fermés et on les a mangés avec une petite sauce échalote/vin rouge de derrière les fagots, le tout arrosé de quelques verres d’un vin de Graves de 6 ans d’âge. Une tuerie, ce repas !

Nicolas Lebel, le seul auteur qui te donne envie d’aller chasser le gibier, à mains nues dans une forêt profonde, en hurlant « ADRIAAANNNNE », tel un Rambo déchaîné, le couteau entre les dents, mon colonel. Ou tout simplement d’écouter des cors de chasse, le soir, au fond des bois.

PS : avant de commencer ce roman, faites comme moi, ne lisez pas le 4ème de couverture sur les sites, il est bien trop bavard !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°09].

La chasse : Gabriel Bergmoser

Titre : La chasse

Auteur : Gabriel Bergmoser
Édition : Sonatine (18/03/2021)
Édition Originale : The hunted (2020)
Traduction : Charles Recoursé

Résumé :
Frank s’occupe d’une petite station-service paumée au milieu de l’immensité sauvage australienne.

Un jour, une jeune femme arrive en trombe, blessée. Aidé par un couple de voyageurs, Frank tente de soigner les blessures de l’inconnue lorsque de mystérieux assaillants arrivent sur les lieux.

Coupés du monde, les occupants de la station-service vont devoir alors faire face à un véritable siège.

Critique :
♫ Ce matin, un lapin, a tué un chasseur ♪ C’était un lapin qui avait un fusil ♪

Dans le bush australiens, des chasseurs chassent des cochons ou tout autre gibier sans défense. Imaginez maintenant un gibier plus intelligent et combatif que les autres et paf, le lapin tue un chasseur (il avait un fusil, suivez un peu !).

Pas content les chasseurs, furax, même, que le gibier leur rende la monnaie de leur pièce au lieu de se laisser tuer tranquillou. Eux peuvent ôter la vie, pas le contraire.

Le lapin, blessé, s’enfuit et va se réfugier chez un cerf. ♫ Cerf, cerf, ouvre-moi, où le chasseur me tuera ♪ Notre cerf, pas crétin non plus, sait se défendre, lui aussi, contre les chasseurs. Et ça va saigner !

Pourtant, mesdames et messieurs des jurés, le lapin a certes tué des chasseurs, mais il était en état en légitime défense, retournant les pièges des de ses ennemis contre eux. Pareil pour le cerf. Allez expliquer ça aux chasseurs, vous…

Ce thriller, j’ai failli ne pas dépasser la page 50 tant je n’y trouvais rien qui me plaisait habituellement dans le bush australien. Personnages un peu fades, sans vraiment de relief au départ, récit qui mettait du temps à se mettre en place, un autre qui commençait quelques jours plus tôt…

Après avoir sauté quelques paragraphes et soupiré beaucoup, le récit s’est soudain mis en place, les personnages ont commencé à prendre de l’ampleur, des formes et l’action a été bien rythmée jusqu’au bout, ce qui fait qu’après un début poussif, j’ai cavalé pour connaître la fin, ayant même du mal à lâcher le roman.

Certains l’ont comparé au génialissime « Cul-de-sac » de Douglas Kennedy. Que nenni, on oublie la comparaison, elle ne tient pas la route. Vu la violence qu’il y a dans ses pages, on tiendrait plus d’un Mad Max version siège d’une pompe à essence.

Leur seul point commun est que des gens vivent dans un petit bled paumé, véritable trou du cul du trou du cul du trou du cul du bush (australien toujours, par George W. !) et qu’ils sont bizarroïdes. Je n’en dira pas plus. Sauf que ce roman n’a pas la carrure de Cul-de-sac !

Tout ce que je retiendrai de cette lecture, c’est que lorsque l’action commence, on rentre de plain pieds dans le glauque, dans le gros dégueulasse, dans l’horreur absolue, dans la noirceur humaine, sans panache, puisque les Méchants du récit sont le plus souvent bêtes (sans être drôles), violents, imbus d’eux-mêmes…

Oui, des Méchants de crétins congénitaux mais ils n’ont aucune étoffe pour en faire des Méchants digne de ce nom, de ceux qui laissent des traces dans votre inconscient.

Joffrey (GOT) était une saloperie de méchant qui a marqué les esprits, malgré que c’était un couard sur les champs de bataille et une grande gueule. Ici, que dalle. Même le meneur des Méchants ne marquera pas mon esprit. 

Dans le rôle des Bons, on a un peu plus de nuances, Franck le pompiste va évoluer, sa petite-fille, Allie, aussi et cette aventure sanglante va les rapprocher, les faire communiquer (bigre, s’il faut affronter la mort pour qu’un ado ouvre sa bouche, ça va vite devenir lourd pour la famille de ces ados).

Voilà un roman dont j’ai dévoré le final, l’adrénaline me collant aux mains qui devenaient moites et pourtant, il ne m’a pas marqué pas du tout et ne me laissera aucun souvenir impérissable (tandis que je me souviens du plaisir de lecture que fut Cul-de-Sac). Aussitôt lu aussitôt oublié (enfin, d’ici quelques jours, j’ai pas Alzheimer non plus).

À lire si on veut son quota d’adrénaline durant sa lecture (faut dépasser la page 50 quand même, même un peu plus) et lire des scènes de combats, de la baston, des meurtres gratos, de la chasse à l’Homme, des crétins congénitaux armés, des armes qui aboient, du sang qui gicle, des mecs badass, de la testostérone, de la virilité, des femmes qui en ont dans le pantalon, des gros pickup roulant à fond, des étendues désertiques, de la folie humaine…

Le tout incorporé dans un récit sans dialogues transcendantaux, avec un scénario plus que classique, bourré de violences qui sont juste là pour mettre de l’action et faire monter l’adrénaline du lecteur.

Bah, au moins, mon petit cœur a battu un peu plus fort ! Un roman qui pourrait donner un blockbuster survitaminé avec un Jason Statham pour baffer les vilains méchants pas beaux et Tom Raider pour lui filer un coup de main.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°08].

Toucher le noir : Yvan Fauth et Collectif

Titre : Toucher le noir

Auteurs : Collectif (sous la direction d’Yvan Fauth)
Édition : Belfond (03/06/2021)

Résumé :
Onze grands noms du thriller français nous font toucher le noir, jusqu’au creux de l’âme…

Solène Bakowski, Éric Cherrière, Ghislain Gilberti, Maud Mayeras, Mickaël Mention, Valentin Musso, Benoît Philippon, Jacques Saussey, Laurent Scalèse, Danielle Thiéry, Franck Thilliez.

Ces onze auteurs prestigieux, maîtres incontestés du frisson, nous entraînent dans une exploration sensorielle inédite autour du toucher.

Avec eux, vous plongerez dans les plus sombres abysses, effleurerez la grâce et l’enfer d’un même geste, tutoierez l’horreur du bout des doigts…

Dix nouvelles inédites pour autant d’expériences tactiles, éclectiques, terrifiantes et toujours surprenantes.

Oserez-vous frôler le noir d’aussi près ?

Critique :
Un recueil de nouvelles, c’est comme un ballotin de pralines : on ne sait pas sur quoi on va tomber.

La renommée du chocolatier ne fait pas tout, vous pourriez très bien tomber sur une praline dont le goût ne vous plait pas, même si l’artisan y a mis tout son cœur, toute sa science et qu’il a adoré le goût de sa création.

Ces pralines littéraires avaient toutes un goût de reviens-y !

Cette addiction est la même qu’avec la boîte de chocolat, le ballotin de pralines : vous vous jurez que c’est la dernière, qu’ensuite, vous arrêterez jusqu’à demain matin et puis, bizarrement, vous vous dites que vous en prendriez bien une dernière pour la route, puis une autre…

Avant de pousser plus loin ce recueil et d’aller enfin au lit afin de savoir vous lever demain matin.

8118 est la nouvelle qui ouvre le bal, la première praline qui vous explose en bouche et vous donne envie de replonger pour ressentir ce même effet avec les suivantes. Raconter l’histoire à rebours était une riche idée. C’était diabolique ! (5/5)

Le Retour de Soirée était comme j’aime les nouvelles : inattendue, celle qui vous tacle, qui vous fait ouvrir la bouche, béate de surprise. Putain, Valentin Musso m’a scotché au canapé. C’était machiavélique ! (5/5)

L’ange de la Vallée (de Solène Bakowski) qui, en plus de nous offrir un voyage dans le temps, nous a plongé dans l’obscurantisme, la folie religieuse, dans les pulsions humaines les plus abjectes, dans la cupidité, la recherche du profit à tout prix. J’ai fermé les yeux quelques instants à la fin de la lecture tellement j’avais été secouée. C’était horrifique ! (5/5)

Signé de Benoît Philippon nous fera toucher l’art du bout des doigts tout en nous mettant le cœur au bord des lèvres. Le film « Le tatoué » était drôle, sa nouvelle, par contre, ne l’est pas du tout. Elle est bien noire et retorse, comme je les aime. Parce que pour marquer durablement les lecteurs, un twist final est toujours ce qui marche le mieux. C’était sadique ! (5/5)

Mer Carnage de Éric Cherrière m’a un peu moins emballée. La vengeance est un plat qui se mange froid et pour se venger, l’Homme est prêt à traverser tout. Finalement, c’est à se demander qui est le plus monstre des deux entre le vengeur ou le coupable. Je pencherais pour le vengeur qui ne réfléchit à rien et qui pourrait priver bien des gens du talent de celui qu’il veut abattre. C’était trop classique. (3/5)

No smoking de Michael Mention est la plus longue des nouvelles. Même sans sa signature, on reconnaît entre mille la patte de l’auteur qui va nous entraîner dans un huis-clos entre deux personnages coincés dans un ascenseur. ♫ Deux étrangers qui se rencontrent ♪ Dans l’ascenseur déjà le désir monte ♪… Le désir de fumer(en 1971, il était, hélas, permis de fumer partout). Désir de s’énerver sur cette panne… Leur échange verbal sera des plus intéressants et une fois de plus, j’ai été mise au sol violemment. C’était magnifique ! (5/5)

Doigts d’honneur de Danielle Thiéry nous prouve que l’on peut faire du policier avec peu de pages, que l’on peut parler de la noirceur de l’Homme sans que cela fasse l’épaisseur d’un pavé et qu’avec peu, on peut faire beaucoup. La musique n’adoucit pas les mœurs, sans doute adoucit-elle les meurtres. C’était la musique, oui la musique ♫ (4/5)

L’ombre de la proie de Ghislain Gilberti avait un goût de nouvelle fantastique. J’ai apprécié le récit, le final que je n’ai absolument pas vu venir mais il m’aura manqué les émotions durant la lecture de son récit. Je n’ai pas vibré comme avec les autres, ni comme l’auteur a déjà su me faire vibrer dans ses romans. C’était vampirique. (3,5/5)

Une main en or de Jacques Saussey ressemble à une nouvelle tout ce qu’il y a de plus normale, au début. Une prison, une envie d’évasion… On s’évade et puis là, tu te prends l’équivalent d’une porte de prison dans la gueule. C’était clinique. (4/5)

Zeru Zeru de Maud Mayeras nous entraînera dans un village africain où ont lieu des pratiques d’un autre âge mais qui ont toujours court de nos jours. Son histoire est terriblement noire, horrible, inhumaine, violente. C’était tragique ! (4/5)

Et on terminera avec 8118 à nouveau, la première nouvelle auto-reverse, comme nos bons vieux lecteurs de K7 audio du siècle dernier.

L’art de la nouvelle n’est pas facile, mais une fois de plus, les auteurs ont réussi le challenge sans que l’on ait une sensation de trop peu à la fin de notre lecture.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°07].

Tout le bleu du ciel : Mélissa Da Costa [LC avec Bianca]

Titre : Tout le bleu du ciel

Auteur : Mélissa Da Costa
Édition : Le Livre de Poche (2020) – 838 pages

Résumé :
Petiteannonce.fr : Émile, 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.

Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce.

Trois jours plus tard, avec le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme, qui a pour seul bagage un sac à dos, un grand chapeau noir, et aucune explication sur sa présence. Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté.

À chaque détour de ce périple naît, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.

Critique :
Si l’on vous annonçait que vous n’aviez plus que pour 2 ans à vivre, que feriez-vous ? Sachant que la maladie qui vous frappe de plein fouet dans votre jeunesse est un Alzheimer précoce…

Émile à 26 ans et est condamné à mourir dans un hôpital, sa mémoire fichant le camp au fur et à mesure. Lui, ce qu’il veut, c’est voyager et mourir ailleurs qu’à l’hosto. Il achète donc un camping-car et passe une petite annonce pour avoir un compagnon de voyage. Ce sera une jeune fille : Joanne.

Lorsque je suis montée dans ce camping-car, je m’y suis sentie bien, même si l’histoire ne roulait pas vite, même si l’histoire était constituée de phrase somme toute banales. De poncifs, de gestes du quotidien.

Les personnages me plaisaient, sans m’enthousiasmer et j’avais envie de tracer la route avec eux, de chausser mes godasses de rando et d’aller avec ma tente sur le dos faire un périple avec eux deux dans les Pyrénées. Bianca, qui faisait cette LC avec moi, est descendue à la première pompe d’essence et s’est enfuie en courant…

Ce roman a des airs de feel-good book, même si l’on se doute que l’on va lire la chronique d’une dégénérescence annoncée et que cela se terminera pas le décès d’Émile, sauf si les médecins se sont mis le doigt dans l’œil. Mais ça, se serait très con.

Effectivement, il ne se passe pas grand-chose dans ce gros pavé, l’auteure prenant la peine de nous décrire les gestes du quotidien, les repas, la cuisson des pâtes, la confection des salades, les achats de matériel pour la rando…

Rassurez-vous, il n’y a pas que ça ! Ce roman possède aussi ses petits moments d’émotions, ses petites touches de tendresse, de prises de conscience, cette amitié qui grandit et même de très grands moments remplis d’émotions larmoyantes.

Les descriptions des paysages sont bien présentes et cela donne l’impression d’être dans les Pyrénées, de marcher avec eux, de ressentir la soif, la fatigue. Là, je me suis retrouvée.

L’auteure a pris la peine de doter Émile et Joanne d’un passé et si celui d’Émile nous est divulgué assez vite, il faudra passer le cap de plus de la moitié pour apprendre ce qui rend Joanne aussi mélancolique. Joanna est un personnage très touchant, elle parle peu mais elle a une présence énorme dans ces pages.

Quant à Émile, il est encore plus touchant avec ses pertes de mémoires qui le rendent totalement perdu, presque fou de ne pas savoir ce qu’il fait là, triste d’avoir oublié ce qu’il  a fait ces deux derniers jours. Alzheimer n’est pas une maladie facile pour l’entourage et comme on oublie les souvenirs les plus récents, c’est Joanne qui va trinquer…

Bizarrement, l’extrême lenteur du récit ne m’a pas dérangée (contrairement à d’autres romans), même si, au bout d’un moment, la lassitude s’est installée (j’avais tout de même dépassé le cap de la page 560). Trop long, c’est trop long (je vous offre cette pensée philosophique de haut vol).

Ce sera mon plus gros bémol pour cette lecture : 838 pages, c’est trop ! Il y avait moyen de nous expliquer le périple de nos deux compagnons de voyage avec 250 pages de moins, ce qui aurait donné plus de rythme au récit. Le début est poussif, c’est là que j’ai perdu ma copinaute de lecture…

Pourtant, le voyage était intéressant à faire car il n’était pas qu’un simple voyage au gré des envies de nos deux compagnons, non, c’était surtout un voyage à l’intérieur d’eux-mêmes, une introspection, afin de perdre tout ce qui n’était pas bon pour leur esprit, leur coeur. Une sorte de grand nettoyage de printemps dans leur tête, une vidange de tout ce qui leur broyait le cœur et leur donnait des idées noires.

Ce voyage était initiatique pour eux deux et le pari fut réussi. À nous de faire sortir les scories de nos esprits et de ne garder que le plus beau, le plus lumineux, le plus agréable de nos vies.

Lu dans sa version Livre de Poche de 838 pages.

Le pavé de l’été – 2021 (Saison 10) chez Sur Mes Brizées.

L’Arabe du futur – Tome 1 – 1978-1984 : Riad Sattouf

Titre : L’Arabe du futur – Tome 1 – 1978-1984

Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf

Édition : Allary (2014)

Résumé :
Un roman graphique où Riad Sattouf raconte sa jeunesse dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d’Hafez al-Assad.

Né en 1978 d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad Sattouf grandit d’abord à Tripoli, en Libye, où son père vient d’être nommé professeur.

Issu d’un milieu pauvre, féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abdel-Razak Sattouf élève son fils Riad dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile.

En 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, un petit village près de Homs. Malmené par ses cousins (il est blond, cela n’aide pas…), le jeune Riad découvre la rudesse de la vie paysanne traditionnelle.

Son père, lui, n’a qu’une idée en tête: que son fils Riad aille à l’école syrienne et devienne un Arabe moderne et éduqué, un Arabe du futur.

Critique :
Cela faisait longtemps que j’entendais parler de cette bédé graphique et j’ai eu envie de découvrir la jeunesse de l’auteur en Lybie avant de se retrouver en Syrie.

Pas facile d’éduquer un enfant lorsque les parents sont issus de cultures différentes. La mère est Française et le père est Syrien.

Libéral, Abdel-Razak Sattouf ne pratique pas la religion mais est pétri de contradiction car il est interdit de manquer de respect à Dieu.

Dans la Lybie de Kadhafi, personne ne meurt de faim, tout le monde a un travail et un toit sur sa tête… Oui, mais à quelles conditions ! Horribles…

Les maisons ne peuvent posséder de serrure et elle appartient au premier qui entre dedans (même si vous y étiez avant), pour la nourriture, ce sont des colis et c’est pas la gloire, quand au travail, on dirait que personne ne bosse sur les chantiers et en plus, demain, on peut vous permuter avec un autre travailleur. Vous étiez prof et demain vous pouvez être paysan. Le paysan fera votre job de prof.

Je ne suis pas fan des dessins, mais ils donnent un petit air amusants aux situations qui ne le sont pas toujours. Les tons monochromes changent selon le pays où se déroule l’histoire et ne m’ont pas dérangés durant la lecture.

Ce qui m’a gêné un peu, ce sont les comportements des différents personnages. La mère de Riad est quasi muette, ne se rebelle jamais, ne donne jamais son avis, elle est aussi transparente qu’une ombre alors qu’il y a des situations où elle aurait dû se rebeller.

Son père est pétri de contradictions, adorateurs des dictateurs, de la guerre (mais il a fait en sorte de ne pas faire son service militaire), beau parleur, rêveur et pense que tous les français sont racistes alors que lui même traite les Africains de Négros.

Quant aux enfants qui croiseront la route du petit Riad en France, ils ont l’air d’être tout droit sorti d’un asile psychiatrique…

Ok, à 4 ans, nous ne devions pas être des enfants intelligents, mais ici, même leurs comportements sont totalement barrés. À la limite de la glauquitude et du malaise. Non, je ne me souviens pas de mes 4 ans, encore moins de mes 6 ans, si je devais les illustrer, je serais bien en peine de le faire, n’ayant plus de souvenirs. Riad Sattouf a, par contre, une excellente mémoire, lui !

Les clichés sont eux aussi de mises. Les années 70/80 étaient un magnifique terreau pour que les commentaires sexistes poussent comme des chiendents et le grand-père du petit Riad a du recevoir de l’engrais à fond !

Je ne sais si l’auteur a voulu illustrer la mentalité de l’époque, la présenter comme il la voyait avec ses yeux d’enfant où si son grand-père maternel était ainsi…

Pareil pour sa grand-mère paternelle et le frère aîné de son père qui réunissent, à eux seuls, bien des clichés, sans pour autant les rendre drôles. Les adultes paraissent toujours bizarres aux yeux des enfants, mais là, ils m’ont paru bizarre à l’adulte que je suis. Et lorsqu’ils arriveront en Syrie, ce sera encore pire !

En tout cas, l’auteur a bien illustré le changement de comportement de son père, une fois de retour dans son pays natal après 17 ans d’exil. La pression de la famille, la peur de ne pas faire comme les autres le pousseront à adopter les comportements, les réflexions, les habitudes vestimentaires des syriens, à répéter leurs idées préconçues, à voir Satan partout, surtout dans les femmes…

En lisant cette bédé, j’ai appris plein de choses sur la vie en Tunisie et en Syrie… À se demander ce que le père du petit Riad trouvait de chouette à vivre là-bas, hormis le gros salaire qu’il touchait en Tunisie, pour le reste, sa vie aurait été meilleure en France, mais jamais il ne fera l’effort de s’y installer, préférant ne voir que ce qui l’arrange. Une mauvaise foi pareille, c’est affligeant ! À tel point que ça devenait lourd au fur et à mesure de ma lecture.

Pour les clichés, je reste dubitative… Étaient-ils réels (et alors, ce n’étaient pas des clichés), était-ce juste les souvenirs brumeux de l’enfant qu’était Riad Sattouf ou sont-ils juste ce que la majorité des occidentaux pensaient des musulmans dans les années 80 ? Je ne le saurai sans doute jamais…

Je n’ai rien contre les stéréotypes quand ils sont utilisés à bon escient pour faire rire (comme dans Astérix), pour piquer ceux qui les utilisent encore et toujours… Ici, c’était un vrai festival et j’étais contente d’arriver à la fin de cette lecture car cela devenait lourd.

Pas tout à fait conquise par cette bédé, malgré tout, je continuerai à lire la suite dès que l’occasion se présentera afin de savoir comment tout cela va finir…

Le père de Riad va-t-il enfin arrêter sa mauvaise foi horripilante et sa conversion religieuse (lui qui ne croyait en rien et mangeait du porc en France) ? Sa mère va-t-elle enfin entrer en révolution ?

Le Prince de la nuit – Tome 9 – Arkanéa : Yves Swolfs et Thimothée Montaigne

Titre : Le Prince de la nuit – Tome 9 – Arkanéa

Scénariste : Yves Swolfs
Dessinateur : Thimothée Montaigne

Édition : Glénat (06/11/2019)

Résumé :
Les liens du sang sont éternels…

Kergan s’est désormais trouvé une nouvelle compagne en la personne d’Anna, qu’il a récemment transformée malgré les réticences d’Arkanéa.

Mais alors qu’il croyait s’être émancipé de sa propre créatrice, celle-ci est capturée par Arthémius, conseiller religieux du prince Vladimir, et soumise à de cruelles tortures au sein d’un monastère.

Car l’homme d’Église fait montre d’une ferveur redoutable pour mieux connaître la nature et l’origine des vampires.

Au nom de son dieu unique, il s’autorise à devenir plus maléfique encore que les créatures qu’il prétend combattre.

Partageant la souffrance d’Arkanéa, Kergan prend alors conscience de la puissance du pacte qui les unit. Les liens du sang sont éternels…

Critique :
Kergan a pris son envol, il s’émancipe, il veut s’affranchir de sa meneuse, de sa créatrice et faire d’Anna sa nouvelle compagne.

Comme Arkanéa n’est pas chaude pour un plan à trois, vu que ce sera encore plus difficile de se nourrir et d’échapper aux Humains, il lui fait le coup du crayon : il se taille !

Le Raspoutine de service, grand protecteur de la Foi, réussi à capturer Arkanéa et à lui faire livrer ses petits secrets vampiriques. Et comme Kergan est lié à elle, il va ressentir chacune de ses souffrances.

La religion tient une place importante dans ce neuvième album, surtout lors des discussions entre l’espèce de Raspoutine, qui se sent plus chrétien que le Christ lui-même, qui se sait investi d’une mission divine avec l’accord de Dieu (qui une fois encore, n’a sans doute rien demandé).

Frère Arthémius considère comme blasphème les croyances de certains qui ont pour dieux les éléments de la Nature, comme ce fut le cas pour Arkanéa, avant de devenir vampire et comme c’est toujours le cas pour ceux qui résistent encore à la conception d’un dieu unique.

Kergan commence à montrer le vampire qu’il deviendra, lorsque nous le recentrerons plus tard, dans les premiers albums car, tel les humains qui adoptent un animal de compagnie, il fera ensuite comme beaucoup en abandonnant Anna à son triste sort dans les bois.

Une fois de plus, si les dessins de Montaigne ne sont pas ceux de Swolfs auxquels j’étais habituée, j’ai apprécié son trait, même si, comme pour le précédent album, le blanc des yeux, trop présent, donne à bien des personnages des traits hallucinés.

Les personnages ne sont pas tout blancs ou tout noirs, on a des nuances, la ligne rouge est toujours proche et à force de regarder dans l’abyme, l’abyme regarde en nous aussi.

C’est un très bon scénario, que j’ai apprécié et qui nous offre des êtres vampiriques comme je les aime, sans états d’âmes, ne se nourrissant pas de sang de biches innocentes au fond des bois, mais bien de sang humain.

Ma foi, ça valait peut-être le coup d’attendre si longtemps avant de retrouver Kergan le vampire (que je ne pensais plus jamais revoir autrement qu’en relisant mes anciennes bédés) dans des récits maîtrisés, cohérents et de très bonne facture, ce tome-ci étant encore mieux que le précédent.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°XX] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 46 pages).

Le Prieuré de l’Oranger : Samantha Shannon

Titre : Le Prieuré de l’Oranger

Auteur : Samantha Shannon
Édition : de Saxus Fantasy (31/10/2019) – 958 pages
Édition Originale : The Priory of the Orange Tree (2019)
Traduction : Charlotte Lungstrass-Kapfer

Résumé :
Un monde divisé. Un reinaume sans héritière. Un ancien ennemi s’éveille. La maison Berethnet règne sur l’Inys depuis près de mille ans.

La reine Sabran IX qui rechigne à se marier doit absolument donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des assassins se rapprochent d’elle…

Ead Duryan est une marginale à la cour. Servante de la reine en apparence, elle appartient à une société secrète de mages.

Sa mission est de protéger Sabran à tout prix, même si l’usage d’une magie interdite s’impose pour cela.

De l’autre côté de l’Abysse, Tané s’est entraînée toute sa vie pour devenir une dragonnière et chevaucher les plus impressionnantes créatures que le monde ait connues.

Elle va cependant devoir faire un choix qui pourrait bouleverser son existence. Pendant que l’Est et l’Ouest continuent de se diviser un peu plus chaque jour, les sombres forces du chaos s’éveillent d’un long sommeil…

Bientôt, l’humanité devra s’unir si elle veut survivre à la plus grande des menaces.

Critique :
♫ La Mère, voici le temps venu, D’aller prier pour notre salut, le Sans-Nom est revenu ♪
♪ Le Saint, tu peux garder ton vin ♪ Ce soir on boira notre chagrin ♪ le Sans-Nom est revenu ♪
♫ Toi la reine Sabran, Tu peux sortir tes dents ♪ Les dragons sont revenus ♪

La première chose qui a attiré mon œil sur ce roman, c’est sa magnifique couverture ! Une œuvre d’art. La 2ème c’est que ce roman était best-seller du New-York Times puis j’ai lu la mention « Mérite d’avoir autant de succès que GOT ». Allez hop, vendu !

N’est pas Georges R.R. Martin qui veut… Si l’univers développé par l’auteurs est riche, si ses personnages sont nombreux, si les femmes sont mises en avant et si on a des intrigues de pouvoir, on est loin tout de même des intrigues étoffées de GOT, de ses personnages marquants et de ses salopards flamboyants !

Le début du roman fut assez laborieux, je ramais entre les différentes régions de l’Est et de l’Ouest, face à tous les personnages et les 300 premières pages ont été lues à la vitesse d’un escargot asthmatique, ce qui est rare chez moi, étant donné que j’ai dévoré des pavés de plus de 600 pages en deux jours à peine.

Pour que je préfère regarder une rediffusion de « Petits meurtres en famille » (que je connais) au lieu de lire ce pavé, est un signe qui ne trompe pas : je m’y ennuie ! Pour que je préfère aller repasser mon linge, moi qui déteste ça, c’est un encore plus un signe qui ne trompe pas : je m’emmerde ! L’introduction est fort longue et sans des moments un peu plus excitants, je pense que j’aurais été voir ailleurs.

Certes, il fallait présenter l’univers dans lequel nous allions évoluer, mettre tout en place, mais il y avait peut-être moyen de le faire moins long ou de mieux incorporer ces moments creux dans le récit général, au fur et à mesure. Le récit est dense, on suit plusieurs trames scénaristiques et au départ, il y a assez bien d’informations à retenir et à digérer.

À l’Est, en Seiiki, on vénère les dragons et des dragonniers chevauches des dragons d’eau, tandis que dans l’Ouest, en Yniss, on chasse et on craint les dragons.

De plus, dans l’Ouest, la religion se nomme Vertu, elle a ses règles très strictes et ceux qui la pratique aimeraient que tout le monde ait cette religion car c’est la Vérité. Ça ne se discute même pas. Dans l’Est, au contraire, on a une autre véritable Vérité et elle remet en cause les textes sacrés et les mythes que cela a créé. Ailleurs, ce sont des autres croyances…

— Ce décret a mille ans, répondit sèchement Sabran. Le Saint a écrit de sa main que toutes les autres croyances ne sont que mensonges.
— Ce n’est pas parce qu’on a toujours fait quelque chose qu’on doit absolument continuer.

Les problèmes entre les religions est un des points que j’ai apprécié dans ce roman car ils avaient des senteurs que nous connaissons bien, quand des gens très pieux considère les croyances des autres comme hérétiques, persuadés qu’ils sont meilleurs que les autres alors qu’ils n’ont aucune tolérance ou courtoisie pour autrui, bien que la tolérance et la courtoisie soient de leurs vertus.

— La piété peut transformer ceux qui ont soif de pouvoir en véritables monstres, prêts à distordre n’importe quel précepte pour justifier leurs actions, affirma Ead.

— En effet. » Elle sirota un peu de son vin. « Je suis sûre que vous apprécieriez énormément la compagnie d’une hérétique.
— Nous ne vous définissons plus de la sorte. Ainsi que je vous l’ai promis dans ma lettre, ces jours sont révolus.
— Je constate qu’il n’a fallu à la maison Berethnet qu’un petit millénaire et une crise majeure pour suivre ses propres enseignements concernant la courtoisie. 

La solidarité ne devient intéressante que lorsque l’on est le dos au mur et que l’on a besoin des autres pour vaincre l’ennemi commun. Pourtant, c’est bien connu que l’union fait la force… C’est plus facile de le prendre comme devise que de l’appliquer, bien entendu.

Une autre chose que j’ai apprécié, c’est que certains personnages ont évolués, passant de « chieurs nés » à « personnage avec ses blessures et ses faiblesses » que l’on arrivait à comprendre et puis à apprécier.

Le reste est de facture classique avec le retour d’un Grand Méchant qui se nomme le Sans Nom, une prophétie, des mensonges racontés depuis des siècles, des élus, des armes magiques pour le terrasser et une alliance entre plusieurs peuples que tout sépare, notamment les croyances…

Sauf en ce qui concerne le féminisme, bien mis en avant, puisque l’on a un reinaume gouverné par des femmes depuis des siècles et que les personnages féminins ne sont pas des créatures apeurées ou stéréotypées. Malgré tout, les femmes sont toujours ramenée à leur but primaire : pondre des enfants !

Un bon point aussi pour le fait que les amours n’étaient pas que Homme/Femme mais aussi homosexuelles (hommes ou femmes). Un petit pas qui pourrait déboucher sur un grand pas… Qui sait ?

Hélas, ce qu’il a manqué le plus, dans ce roman, ce sont les émotions provoquées par le récit et celles que l’on aime ressentir pour certains personnages. Ici, que dalle, nada. Même si j’en ai apprécié quelques uns, ils ne marqueront pas mon esprit comme d’autres le firent, même en ne parlant que du genre fantasy.

La saga de « L’épée de vérité » (Terry Goodking) n’était pas exempte de lourds défauts (dichotomie, manichéisme, violences, tortures, bienséance dans ses rapports H/F et personnages « Mary & Gary Stu »), mais elle avait de la flamboyance et m’avait apportée des émotions à foison. Ce qui a manqué cruellement dans le prieuré, alors qu’il n’avait pas les défauts de la saga de Goodking. Comme quoi…

Il est aussi un équilibre difficile à atteindre dans les finals : trop longs, on n’en voit pas le bout et quand c’est trop court, on a l’impression qu’on s’est tapé des longs préliminaires pour que se retrouver avec un bouquet final qui se termine bien trop vite. Tout ça pour ça ?? 50 pages à tout casser ? J’aurais aimé que cela durât plus longtemps.

C’est mitigée que je ressors de cette lecture dont l’équilibre du scénario n’était pas atteint. Trop de langueurs monotones au départ, des personnages agréables mais sans être marquants et un combat final qui se termine bien trop vite.

Des critiques élogieuses de ce roman se trouvent sur Babelio et je vous invite à aller les découvrir. J’aurais aimé ressentir ce que les autres lecteurs/trices ont ressenti en lisant de pavé… Hélas, j’ai pris une toute autre direction.

Lu dans sa version publiée aux éditions De Saxus et faisant 958 pages (qui furent longues).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°05], Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°73], Le Challenge A Year in England pour les 10 ans du Mois anglais [Lecture N°68] et Le pavé de l’été – 2021 (Saison 10) chez Sur Mes Brizées.

Peau d’Homme : Hubert et Zanzim

Titre : Peau d’Homme

Scénariste : Hubert
Dessinateur : Zanzim

Édition : Glénat 1000 feuilles (22/04/2020)

Résumé :
Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, demoiselle de bonne famille, est en âge de se marier. Ses parents lui trouvent un fiancé à leur goût : Giovanni, un riche marchand, jeune et plaisant.

Le mariage semble devoir se dérouler sous les meilleurs auspices même si Bianca ne peut cacher sa déception de devoir épouser un homme dont elle ignore tout.

Mais c’était sans connaître le secret détenu et légué par les femmes de sa famille depuis des générations : une « peau d’homme » ! En la revêtant, Bianca devient Lorenzo et bénéficie de tous les attributs d’un jeune homme à la beauté stupéfiante.

Elle peut désormais visiter incognito le monde des hommes et apprendre à connaître son fiancé dans son milieu naturel. Mais dans sa peau d’homme, Bianca s’affranchit des limites imposées aux femmes et découvre l’amour et la sexualité.

Critique :
Je ne ferai pas dans la dentelle : voilà une bédé intelligente qui traite de la condition de la femme et de l’homosexualité de manière très sensible, avec élégance et beaucoup de finesse.

Cette histoire, c’est une véritable satire sociale qui, à l’aide du fantastique, met en avant les inégalités hommes/femmes durant la Renaissance, en Italie (cela aurait pu être ailleurs).

La religion, très présente dont le prêtre fanatique accuse les femmes d’être des succubes, des démons, des filles de joie, faciles, bref, on est des putes.

Quant à ce qu’Angelo, le prêtre blond (et frère de Bianca) pense de l’homosexualité, ce n’est pas mieux, pour lui, c’est Sodome et Gommhore et il ne souhaiterait qu’une seule chose, c’est que les flammes de l’enfer (ou divines) s’abattent sur ceux qui s’ébattent.

Bianca est un personnage que j’ai adopté d’emblée. Elle a du caractère, des pensées assez libertaires pour l’époque (mais pas anachroniques) et, en passant la peau d’homme, va comprendre que l’hypocrisie est de mise dans cette société où les amours homosexuels sont tolérés tant que ça reste pour l’amusement, puisque les filles sont sous bonne garde.

Si vos amis vilipendent les homosexuels ou font des plaisanteries égrillardes sur votre future épouse, vous ne les détrompez pas, vous hurlez avec la meute de peur qu’elle ne se détourne de vous. L’amour que vous éprouvez pour un homme doit être tu.

Les auteurs mettent bien en avant ce déséquilibre entre les droits des femmes et celui des hommes qui eux,, peuvent forniquer partout, à couilles rabattues, même, tandis qu’une femme sera punie si elle prend un amant. Lui sera un séducteur qui a des besoins et elle, une trainée, une Jézabel, une prostituée.

Je ne vous en dirai pas plus, juste qu’il faut lire cette bédé car on est dans le haut du panier, le très très haut du panier.

Les sujets traités sont toujours d’actualité (féminisme, droits humains, religions, homosexualité, émancipation), les gens sont toujours intolérants (et je ne parle pas d’intolérance au lactose ou au gluten), on n’a pas encore mis au point un vaccin pour leur ouvrir un peu l’esprit à la tolérance (ou du moins pour qu’ils foutent la paix aux autres).

Pas de manichéisme dans ce récit, les auteurs nous démontrent bien que les fanatiques commencent avec les minorités avant de s’attaquer à tout le monde. Tant que l’on est pas dans l’œil du viseur, on se moque de ce qui peut arriver aux autres, mais une fois que l’on est touché, alors on crie à l’injustice…

Bianca a beaucoup de courage, aller à contre-courant est toujours dangereux, on se retrouve souvent seul(e), les risques pris sont grands et la mise au bon de la société pend toujours au nez de ceux ou celles qui ont osé s’insurger contre le manque de droits pour les femmes ou les minorités.

La crasse est toujours dans l’œil qui regarde…

Une bédé engagée, intelligente et qui n’a pas oublié la pointe d’humour pour assaisonner le tout.

Le Prince de la nuit – Tome 8 – Anna : Yves Swolfs et Thimothée Montaigne

Titre : Le Prince de la nuit – Tome 8 – Anna

Scénariste : Yves Swolfs
Dessinateur : Thimothée Montaigne

Édition : Glénat (14/11/2018)

Résumé :
Kergan parcourt depuis huit cents ans les steppes et forêts d’Europe centrale. Des siècles de chasses nocturnes, en compagnie de son initiatrice Arkanéa, qui lui ont apporté la force et l’expérience d’un vampire ancien…

En cette année 1013, les deux compagnons font halte à Kiev où le seigneur Vladimir règne en maître absolu.

C’est ici que Kergan, désormais prêt à obéir à ses propres instincts, va décider de s’émanciper d’Arkanéa. Et de marquer de ses crocs le cours de l’Histoire…

Critique :
Génial, je pourrai maintenant me vanter partout que j’ai lu Montaigne… Son essai était très bon, même si ses dessins ne suivent pas la ligne que Swolfs adoptait.

Oui, bon, c’est Thimothée Montaigne (et non Michel) et il est dessinateur, mais sur un malentendu, ça pourrait le faire, non ?

Encore un gros retour aux sources de ma part.

Après avoir lu les deux derniers albums de « Légende », j’ai enchaîné avec cette autre saga de Swolfs : le vampire Kergan, dont j’avais lu le premier tome en 1995 (ça ne me rajeunit pas, tout ça).

Hormis un album en dessous des autres (tome 4 : Le journal de Maximilien), le reste de la saga était de bonne facture, même si je regrettais toujours que les visages se ressemblent fort avec ceux des autres séries de Swolfs.

Une fois de plus, qui dit changement de dessinateur dit changement de style et même si celui de Montaigne est très réaliste et qu’il exécute parfaitement bien les dessins, que se soit pour les visages ou les décors. Par contre, le blanc des yeux était fort présent et donnait un regard halluciné à bien des personnages.

À d’autres endroits, j’aurais préféré une ligne plus claire afin d’avoir plus de finesse dans les détails des visages.

Dans le précédent album, nous avions assisté aux débuts de Kergan en tant que vampire. Dans celui-ci, nous allons assister à son émancipation, après 8 siècles à sillonner le monde à ses côtés. Pour le moment, lui et sa mentor sont dans l’Europe de l’Est, dans la région de Kiev.

Complots, politique, espionnage, paranoïa, enquêtes sur les cadavres exsangues retrouvés et l’amour se trouvent au menu de cet album et comme nous le savons tous et toutes, l’amour et la politique ne font pas bon ménage quand des oreilles indiscrètes écoutent aux portes.

Kergan n’a pas fait preuve de prudence et le frère Arthémius, qui ressemble à Raspoutine, va mener sa petite enquête pour retrouver le buveur de sang. Ce sinistre personnage est un serviteur de Dieu (qui n’a sans doute pas engagé cet espère d’illuminé) et tout ce qui ne l’agrée par, heurte son âme.

Cet album est un beau retour aux sources, à la jeunesse vampirique de Kergan, bien moins machiavélique qu’il ne le fut ensuite, dans les premiers albums de la série. Là, il se cherche encore, il voudrait chanter ♫ libéré, délivré ♪ et mener son propre chemin en devenant, lui aussi, un mentor pour de jeunes et belles vampiresses.

Comme pour la saga « Légende », je m’en vais poursuivre ma route avec l’album suivant, en espérant que lui aussi soit à la hauteur et surtout, que l’on ne doive pas attendre un siècle avant de lire les suivants…

14 ans se sont écoulés entre la parution du tome 6 et celle du 7, puis 3 ans entre le 7 et le 8, ce qui fait que la lectrice que je suis n’attendais plus rien de cette saga. Mais puisque l’on m’a redonné le goût du sang, j’espère que ma soif sera étanchée régulièrement.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°04] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 50 pages).