L’Été sans retour : Giuseppe Santoliquido

Titre : L’Été sans retour

Auteur : Giuseppe Santoliquido
Édition : Gallimard Blanche (20/05/2021)

Résumé :
Italie, la Basilicate, été 2005. Alors que le village de Ravina est en fête, Chiara, quinze ans, se volatilise. Les villageois se lancent à sa recherche ; les jours passent, l’enquête piétine : l’adolescente est introuvable.

Une horde de journalistes s’installe dans une ferme voisine, filmant le calvaire de l’entourage. Le drame de ces petites gens devient le feuilleton national.

Des années après les faits, Sandro, un proche de la disparue, revient sur ces quelques mois qui ont changé à jamais le cours de son destin.

Roman au suspense implacable, L’été sans retour est l’histoire d’une famille maudite vivant aux marges du monde, confrontée à des secrets enfouis et à la cruauté obscène du cirque médiatique.

Critique :
Italie, dans un petit village au Sud, une jeune fille disparaît durant l’été 2005 et c’est toute la vie qui va être perturbée par l’enquête et surtout, par les médias, omniprésentes, tels des charognards au-dessus d’une carcasse.

Quoique, les charognards ont une place importante dans le cycle de la vie, ils sont indispensables, les médias, moins.

Dans ce roman, pas d’enquêteur à proprement parler, juste le narrateur qui va nous raconter ce qu’il s’est passé durant ces jours qui a fait basculer la vie tranquille de chacun.

Sandro était un proche de la disparue et sa vie avait déjà basculé plusieurs fois. La première avec le décès de ses parents, lorsqu’il était encore jeune et la suivante… Je n’en dirai pas plus.

C’est un récit violent, âpre, sombre, que Sandro nous livre. Qui dit petit village, dit esprit de clocher, œillères aussi, avec les gens qui sont différents. Tout le monde se connait, tout le monde connait l’arbre généalogique des autres, tout le monde cancane…

Par contre, je n’aurais jamais imaginé qu’en 2005, il y ait encore une telle violence pour ce que Sandra a fait… Bordel de dieu il n’a pas violé une femme, ni un enfant, n’a pas foutu un chat dans un micro-onde, n’a harcelé personne, n’a trucidé personne…

Et pourtant, il va être banni, conspué, on va lui cracher dessus. Pour ça ?? En 2005 ? À l’époque victorienne, c’était dans les mœurs des gens (je ne le cautionne pas, je constate, c’est tout), mais en 2005, moi, ça me laisse toujours pantoise. Ce genre de comportement ne devrait plus avoir lieu.

Le récit de Sandro était rempli d’émotions, sans pour autant qu’il en fasse des tonnes. Il nous livre une chronique concise, sans y ajouter du pathos ou du larmoyant. Les gens sont ainsi, bêtes et méchants. L’effet de meute est terrible.

Ce récit, inspiré d’un fait réel, est aussi l’occasion pour parler de l’impact des médias dans des affaires criminelles, médias qui cherchent à faire le buzz, à tenir l’antenne le plus longtemps possible, à faire dans le pathos larmoyant pour faire pleurer dans les chaumières, à parler pour ne rien dire, à foutre la merde dans les familles, avant de passer à autre chose.

Les médias ne sont pas les seuls coupables, nous, téléspectateurs, le sommes aussi, puisque bien souvent nous sommes rivés à notre écran afin de voir le malheur des autres, de nous en repaître.

Sandro en profite aussi, tout en nous parlant de sa vie, des recherches, de l’enquête, pour dire un mot sur le chômage et la pauvreté qui règnent souvent dans les petits villages du Sud de l’Italie. Le travail se fait rare, les jeunes partent dans les villes, les villages se vident.

L’enquête est presque accessoire dans ce roman, le récit de ce fait divers sordide ne servant qu’à nous dresser un portrait, peu flatteur mais terriblement réaliste, d’un petit village et de ses habitants, des rumeurs, des secrets de famille, des médisances et de la peur des différences que l’on exprime par de la violence.

J’ai aimé mon voyage dans le petit village de Ravina, même si je n’y ai pas vu de belles choses. Pourtant, j’y ai croisé quelques belles personnes, intelligentes, empreintes de sagesse, de simplicité. Hélas, trop peu nombreuses pour sauver les autres du naufrage.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°10].

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