Bluebird, bluebird : Attica Locke

Titre : Bluebird, bluebird

Auteur : Attica Locke
Édition : Liana Lévi (14/01/2021)
Édition Originale : Bluebird, Bluebird (2017)
Traduction : Anne RAabinovitch

Résumé :
Au bord du bayou Attoyac, le corps d’un homme noir, venu de Chicago, est retrouvé. Cause présumée de la mort: noyade après un passage à tabac. Motif de l’agression selon les autorités locales: le vol.

Mais pourquoi alors a-t-on retrouvé son portefeuille sur lui? Et pourquoi deux jours plus tard, au bord du même bayou, et juste derrière le café de Geneva Sweet, le cadavre d’une fille blanche est-il découvert ?

Dans ce Texas où Noirs et Blancs ne fréquentent pas les mêmes bars et où les suprémacistes blancs font recette, le Ranger noir Darren Mathews n’est pas particulièrement le bienvenu. Surtout quand il décide d’interférer dans l’enquête du shérif local.

Darren ne connaît que trop bien ce coin de terre, et, malgré son attachement indéfectible à ce pays, il sait qu’il lui faudra mener seul sa quête pour la vérité et la justice.

Un suspense aux accents de blues, doublé d’une réflexion toute en nuances sur les racines, les tensions raciales et les discriminations au sein même des communautés.

Critique :
Bluebird est un roman poisseux, de ceux qui collent aux doigts. Pas poisseux de sucre, mais poisseux de sang, de haine, de racisme.

Au Texas, dans la petite ville de Lark, il y a une frontière entre les Blancs et les Noirs, une ligne de démarcation qu’il vaut mieux éviter de franchir, surtout si vous êtes Noir et que vous décidez d’aller dans le bar des Blancs à tendances nazies.

Y’en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes…

Dans le bayou, on vient de retrouver successivement deux cadavres : celui d’un homme Noir en premier et ensuite celui d’une femme Blanche. Le Ranger Darren Mathews trouve cela bizarre aussi, d’habitude, c’est le contraire.

Voilà un roman fort sombre qu’il vaut mieux commencer en ayant du temps devant soi car il ne se lit pas d’une seule traite. L’ambiance est pesante, lourde, sombre et donne l’impression que l’on suffoque.

Nageant en eaux plus que troubles, Darren Mathews va avoir bien du mal à rassembler les indices (déjà qu’il ne sait pas vraiment s’il est viré dans Rangers ou pas) car les habitants ne se bousculeront pas au portillon pour l’aider dans son enquête et que personne ne semble sympathique, tout le monde dissimulant quelque chose.

Darren Mathews est un Ranger tenace, sorte de pitt-bull qui ne lâche pas sa piste, même s’il a trouvé un os qui semble prometteur. Englués dans les ennuis administratifs avec son boulot, pataugeant dans les soucis matrimoniaux, tenté de téter à la bouteille afin d’oublier ses emmerdes, il devra faire face avec de l’animosité des deux côtés et le fait que personne ne veuille entendre prononcer le fait que ce sont des crimes raciaux.

Il devra aussi se débrouiller pour ne pas se faire péter la gueule (ou pire) par les nazis nostalgiques de la Fraternité Aryenne du Texas, faire face à un shérif qui semble vouloir ménager plus la chèvre nazie plus que les choux afro-américains et faire péter les secrets que tout le monde tait.

Roman noir poisseux, il se lit lentement afin de bien s’imprégner des lieux, des histoires de chacun, de la peur qui règne à Lark, des secrets enfouis, de la ségrégation qui a toujours cours et des non-dits qui va falloir déterrer.

Une intrigue qui semble classique, mais qui ne l’est pas, un scénario qui semble banal au départ qui va se révéler bien plus riche qu’on ne le pense, des personnages bien campés, réalistes, profonds, qui se dévoileront au fur et à mesure de la lecture.

Des atmosphères pesantes, qui ne donnent pas envie de s’arrêter boire un verre de bourbon dans la ville de Lark, 178 habitants (comté de Shelby) tant la tension est à couper au couteau.

Le final est d’une grande subtilité, même s’il est vache, il est à applaudir tant il est retors et machiavélique.

Il ne m’aura manqué que l’attachement aux personnages et les émotions fortes que j’aurais aimé ressentir. Ce sera mon seul bémol.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°21].

37 réflexions au sujet de « Bluebird, bluebird : Attica Locke »

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    • Oui, le seul mec intéressant au Texas était Sheldon Cooper (TBBT). 😛

      Dire que le Texas était mexicain, qu’ils leur ont volé et qu’ensuite ils se plaignent des étrangers. Ils ont foutu en esclavage les africains, et maintenant, ils se plaignent de leur présence…

      Mais qu’ils sont cons ! :/

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      • Je ne savais pas que ce personnage était Texan, on est bien loin de l’image que l’on a l’habitude de rencontrer 😆

        C’est vrai qu’ils ont une « logique » déroutante.. ça donne pas vraiment envie d’y mettre les pieds ! En même temps, je crois qu’ils préfèrent garder les étrangers à distance 😆

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        • Eh oui, Sheldon est texan, le pauvre ! 😆

          Qu’ils n’oublient jamais que eux aussi sont étrangers sur ces terres, qu’ils sont tous des descendants d’européens, anglo-saxons pour la plupart… Ils ont faille remplacer les Amérindiens ! Ensuite, ils ne manquent pas d’audaces en hurlant que les étrangers doivent rester chez eux… Culottés, ces amerloques !

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  5. Ce n’est pas un Oui-Oui au pays des jouets, forcément ! Quelle idée d’enquêter comme ranger Noir dans l’un des états les plus racistes d’Amérique! Il cherche les noises le mec! 😬 J’te jure… les « suprêmacistes » blancs et leurs copains du klan me révulsent! En plus l’es arguments qu’ils se donnent pour justifier prétendument leurs positions sont d’une faiblesse qui confine à la débilité mentale la plus crasse! Ou au cas psychiatrique! En même temps ils recrutent parmi les crassous de la « white trash » en en général et c’est pas là qu’on trouve les plus gros QI et les gens les plus équilibrés non plus! 🙄 Bref… non seulement c’est lourd comme ambiance mais en plus je crois que ça ferait monter ma tension ! Mon dégoût pour les idéologies racistes est au moins plus intense que leur haine des étrangers ! 🤮 Alors même les livres ou romans qui dénoncent ça me crispent ! Lire un bouquin pareil me fait à peu près l’effet de films comme Shoah, Nuit et Brouillard etc… tu sais le genre de films que tu ne veux plus voir après une première diffusion ! Donc pas pour moi… même si c’est certainement un bon livre.

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    • Oui, raisonnements simplistes, QI plus bas que celui de ma carpette élimée, logique à deux balles, mais ça marche et ils rameutent des gens ! Plus c’est simple et plus c’est facile… Les gens aiment dire que leurs problèmes viennent des autres, des rastakouères,… Combien de fois mon homme et ses collègues n’ont-ils pas entendu qu’ils volaient le pain de la bouche des belges… Pourtant, ils auraient pu aller se faire engager dans sa boîte, ils recrutaient à tour de bras, mais seuls les étrangers y allaient. Le boulot, au départ, était merdique, moins bien payé que dans le privé, mais mon mari a fait toute sa carrière dans la même société, est monté en grade et avait un très bon salaire, comparé à ceux du privé qui avaient perdu leur job un jour…

      Si tu savais parfois les illogismes que j’ai entendu et auxquels j’ai répliqué, avec humour, mais j’ai répliqué. En face, ça a tilté, mais ça n’a pas voulu « comprendre » parce que ça aurait foutu en l’air tous les raisonnements débiles de ces personnes.

      Ça me débecte aussi, mais faut que je les lise pour ne jamais oublier dans quel monde de merde nous vivons.

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