Série 2021 de 10x60mn de Jason et Peter FILARDI avec Adrian Brody, Emily Hampshire, Sirena Gumlamgaus.
Présentation Allociné :
Adaptation de la nouvelle “Celui qui garde le ver” au sein du recueil “Danse macabre” (1978) de Stephen King.
Le capitaine Charles Boone emménage avec ses trois enfants dans un manoir dont il a hérité dans une petite ville du Maine, après le décès de sa femme.
Bientôt, des bruits mystérieux apparaissent. Charles va devoir affronter des secrets de famille terribles afin de mettre un terme à une malédiction qui touche les Boone depuis des générations
L’avis de Dame Ida :
Cette série étant basée sur une nouvelle de Stephen King (oui ! le Grand King Himself!) et qu’en plus le Maître de l’Horreur du XXe et XXIe siècle va puiser son inspiration chez Lovecraft (oui ! Rien que ça!) pour alimenter le nœud de son intrigue, on se dit qu’on va sérieusement kiffer grave la race de sa mémère !
Tout les ingrédients du glauque gothique sont là ! On est en pleine époque victorienne ! Ça commence par un deuil affreux ! L’éclairage est toujours crépusculaire (et encore c’est quand il y a de la lumière) ! Tout se passe autour d’un vieux manoir décrépit !
Et puis il y a une affreuse histoire de malédiction familiale dont un pauvre gars innocent et éprouvé par la vie hérite sans avoir rien demandé… Ce dernier point c’est du Lovecraft tout craché et ce n’est pas le seul que nous lui devrons. Je ne vais pas non plus spoiler, mais…
La bibliothèque du Maître es Frissons de Providence ne comportait pas que le Necronomicon et Cthulhu n’est pas non plus sa seule créature ! Bref tout est là pour un visionnage halloweenesque un peu tardif pendant lequel la folie rampante purement lovecraftienne menace de nous emporter avec elle.
Et puis au-delà de l’horreur latente, on retrouvera l’un des thèmes récurrent de King… La difficulté d’être père… Le deuil… La difficulté de faire son trou en terrain hostile… L’hypocrisie et les commérages insupportables de ces belles communautés américaines sans cesse à la recherche d’un bouc émissaire pour asseoir leur unité… La bigoterie…
Anybref, un cocktail qui sur le papier est idéal mais qui au bout d’un moment a cessé de fonctionner sur moi.
Je ne me prononcerai pas sur la fidélité de cette adaptation par rapport au texte de King. Je ne l’ai pas lu, donc ce serait difficile.
Par ailleurs je n’ai pas trop compris la juxtaposition de certains éléments constituant la dimension fantastique de la série et que je ne peux vous expliquer sans en dévoiler trop.
Disons qu’il y a déjà un certain nombre de thématiques lovecraftiennes dans cette histoire et son raccordement à une autre thématique un peu plus fréquente dans les films d’horreur, mais moins familière à Lovecraft (mais davantage à King) s’y articule d’une façon que j’ai trouvé un peu artificielle.
Pardonnez moi de rester floue sur ce point, mais peut-être le percevrez vous en voyant la série. Cela étant, ce n’est pas ce que j’aurais trouvé le plus gênant.
En effet… Pour moi le bât blesse ailleurs : Que de longueurs !!! La série fait 10 épisodes de 60 minutes ce qui fait beaucoup pour une nouvelle de quelques dizaines de pages.
Sa substantifique moelle a obligatoirement été délayée à outrance pour produire dix heures de spectacle. Je suis certaine qu’un petit élagage resserrant l’ensemble sur six voire huit épisodes aurait été bien suffisant pour donner un peu plus de rythme à l’affaire et éviter un peu d’ennui.
Les séries d’horreur avec du suspens et un scénario complexe ça mérite certes de prendre son temps. Il faut qu’on parte doucement d’une histoire bien ancrée dans la réalité, puis faire monter le suspens et introduire les éléments fantastiques doucement pour produire son effet crescendo sur le spectateur. C’est ce qui sera fait parfaitement jusqu’au cinquième épisode.
Mais voilà… après tout le nœud de l’intrigue est dévoilé, les mystères mis au jour et le reste de la série ne servira qu’a nous conduire peu à peu vers le dénouement.
Certes, ce ne sera pas sans suspens et rebondissements mais tout est déjà posé. On sait qui sont les gentils, qui sont les méchants…
Ne reste plus qu’à suivre dans quel sens les uns courent après les autres et savoir qui va gagner ou comment… Et cinq longs épisodes d’une heure pour ça et pendant lesquels le personnage principal devenu totalement mélancolique se décourage c’est looooong. Dans un film de deux heures ça ne dure qu’une demi-heure, donc deux fois moins longtemps proportionnellement parlant.
C’est plutôt bien joué dans l’ensemble. Les acteurs sont impliqués… Certains personnages secondaires sont de bonnes caricatures archétypales du genre de celles qu’on trouve souvent dans les romans de King et auxquelles il semble très attaché…
Mais j’ai eu quelques problèmes avec le personnage principal. Déjà c’est pas mon genre de mec physiquement… Mais il semble traverser sa vie en la subissant et moi, les victimes professionnelles frappées du syndrome de Caliméro ça me saoule.
Bon en même temps ce n’est pas la faute de l’acteur ! Ni du metteur en scène ! King a juste respecté à la lettre l’inspiration qu’il est allé puiser chez Lovecraft chez qui les personnages sont maudits d’entrée de jeu par les fautes et la folie de leurs ancêtres.
Donc qu’une certaine désespérance finisse par s’installer n’est franchement pas une grosse surprise. Mais c’est assez plombant, surtout quand vous savez que vous allez encore devoir subir ça pendant trois ou quatre épisodes pour savoir comment ça se termine.
Rester coincée dans un crépuscule qui n’en finit pas à attendre un dénouement qui prend son temps à se profiler avec un grand dépressif j’ai vraiment trouvé ça long. Trop long.
Avec Lovecraft, ça ne se termine jamais bien pour le héros. On le sait… Alors ? King va-t-il sauver son personnage principal, sa descendance, et pourquoi pas le Monde en passant ?
Vous ne croyez pas que je vais vous le dire en plus ! Allez regarder que diable !
Bref en résumé : King s’aventure chez Lovecraft et fait ça plutôt bien… Mais les scénaristes ont trop délayé le texte sur trop d’épisodes à mon goût alors c’était trop long, au point de rendre plus pénible que tragique le thème des malédictions familiales chères à Lovecraft.