Titre : Le convoi - Seconde partie
Scénariste : Denis Lapière
Dessinateur : Eduard Torrents 🇪🇸
Édition : Dupuis (2013)
Résumé :
Montpellier, 1976 : Angelita prend le train en urgence pour rejoindre sa mère hospitalisée à Barcelone où, pourtant, elle avait juré de ne plus jamais revenir. Fille de réfugiés espagnols, Angelita a perdu son père à l’âge de 8 ans.
Il fut l’un des prisonniers du tristement célèbre convoi des 927 vers Mauthausen, parti de Perpignan et d’Angoulême où les autorités françaises avaient parqué les réfugiés espagnols.
Séparée de son père lors de son arrivée en France, Angelita n’en sait pas davantage que ce que l’administration a bien voulu leur délivrer comme informations, à sa mère et elle, en 1945, à la fin de la guerre.
Mais elle va découvrir que ce qu’elle a toujours tenu pour acquis (la mort de son père en déportation) pourrait bien s’avérer un mensonge.
Critique :
Le second tome commence là où le premier nous avait laisse : devant une révélation coup de tonnerre et j’allais enfin savoir le fin mot de l’histoire.
Rien n’est simple dans la vie, les choix que l’on prend dicteront une partie de notre vie et les auteurs ont réussi à bien retranscrire cela dans leur scénario, mêlant la petite histoire à la Grande.
Angelita est en colère, comme le fut Julia, sa mère, en 1939, durant la guerre civile, lorsque son mari voulait aller se battre. Lui aussi était en colère de ne pouvoir y aller, de voir son pays sombrer aux mains des franquistes.
Leurs paroles et leurs actes auront des conséquences importantes sur leur vie et peut-être auraient-ils fait autrement s’ils avaient eu connaissance de l’Histoire. Hélas, le destin est cruel et en plus de nos choix lourds de conséquences, le destin s’arrange toujours pour faire le reste et pas toujours dans le bon sens.
Le destin s’est joué de la famille, en plus du choix du père et de son épouse. Que se serait-il passé si le petit Franco s’était étranglé, bébé, en buvant son lait ? Peut-être rien de tout cela… On peut rêver.
Une fois de plus, les sentiments sont bien retranscrits sur les visages, que ce soit la colère, l’abattement, l’humiliation, la résignation.
Jusqu’à présent, pour moi, la ville d’Angoulême était synonyme de festival de la bande dessinée, maintenant, lorsque j’entendrai son nom, je penserai aux camps dans lesquels furent parqués les réfugiés espagnols. On se dit que l’on est tombé bien bas, et puis, arriveront les Allemands et là, on comprendra qu’on peut toujours tomber encore plus bas dans la bassesse humaine…
927 personnes furent emmenées. Les femmes et les enfants (427) furent renvoyés à Franco, les hommes (490) furent envoyé à Mauthausen (la différence est due aux morts durant le transport).
Face à cette destination, l’ancien camp composé d’anciens baraquements pour les tziganes semblaient être un hôtel 5 étoiles.
Les quelques dessins de cette partie de l’Histoire m’ont fait frémir, une fois de plus, sans pour autant que l’auteur ne sombre dans le pathos. Mais en quelques images, le principal de l’horreur était dit.
Une fois de plus, nous aurons les atermoiements d’Angelita, mais dans ce tome 2, ils sont importants. Elle est tiraillée entre ce qu’elle vient d’apprendre, entre les mensonges de sa mère, elle ne sait pas quoi faire, comment réagir. Ces cases sans paroles illustraient bien son désarroi, sa peine, son incompréhension et le fait que la vie n’est jamais simple.
L’inconvénient sera pour les dialogues en espagnol, non traduits. Bon, en lisant lentement, on arrive à comprendre le sens général, mais une petite traduction en bas de page (ou de case), n’aurait pas été du luxe.
Voilà une bédé que je suis contente d’avoir découverte, qui m’a appris des choses peu reluisantes sur les réfugiés espagnols (comment les générations suivantes jugeront notre accueil des réfugiés Syriens ou autres ? Sans doute durement et avec raison).
Le Mois Espagnol (et Sud-Américain) chez Sharon – Mai 2022 (Fiche N°17) Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 64 pages).