Ecotopia : Ernest Callenbach

Titre : Ecotopia

Auteur : Ernest Callenbach
Édition : Folio SF (2021)
Édition Originale : Ecotopia
Traduction : Brice Matthieussent

Résumé :
Trois États de la côte ouest des États-Unis – la Californie, l’Oregon et l’État de Washington – décident de faire sécession et de construire, dans un isolement total, une société écologique radicale baptisée Écotopia.

Vingt ans après, l’heure est à la reprise des liaisons diplomatiques entre les deux pays. Pour la première fois, Écotopia ouvre ses frontières à un journaliste américain.

Au fil de ses articles envoyés au Times-Post, William Weston décrit tous les aspects de la société écotopienne : les femmes au pouvoir, l’autogestion, la décentralisation, les 20 heures de travail hebdomadaire, le recyclage systématique, le rapport à la nature, etc.

Quant à son journal intime, il révèle le parcours initiatique qui est le sien : d’abord sceptique, voire cynique, William Weston vit une profonde transformation intérieure. Son histoire d’amour intense avec une Écotopienne va le placer devant un dilemme crucial : choisir entre deux mondes.

Critique :
Certains auteurs (et autrices, n’oublions pas les femmes), arrivent à mettre le doigt, bien à l’avance, sur des phénomènes de société.

Que ce soit Orwell et la terrible dictature du Big Brother (1949), ou Katharine Burdekin, mettant en garde contre l’idéologie nazie (en 1937), ces personnes avaient un côté avant-gardiste.

Ils sont nombreux, mais je ne citerai que ces deux-là, sinon, ma chronique fera 10 pages.

Ernest Callenbach, lui, avant l’heure, parla d’écologie, de décroissance, sans pour autant que les gens qui la choisissent vivent comme des Amish (cfr votre président). Même s’il me serait difficile de vivre comme les gens d’Écotopia et non pas en raison du manque de technologies.

Non, non, ils possèdent des technologies, mais tout doit être réparable ! Bon, je possède deux mains gauches, mais ce qui me gênerais le plus dans cette société qui est tournée vers l’écologie, c’est la promiscuité entre les gens. J’ai tendance à être ours des cavernes et vivre avec tout un tas de personnes me dérangerais fortement. Idem pour l’amour libre.

Comme cela fait 20 ans que trois états ont fait sécession avec le reste de l’Amérique et que personne ne rien d’eux, on a envoyé le journaliste William Weston mener l’enquête. Comme moi, il est sceptique, il n’a rien du ravi de la crèche et cette société lui semble trop belle pour être vraie. Il sera impartial ! De plus, il est stéréotypé et rempli d’apriori.

Tout comme moi, s’il est resté froid au départ, ne voulant pas se réjouir trop vite de cette nouvelle société écologique, voulant, comme moi, des preuves que tout cela est génial, il s’est peu à peu laissé gagner par Écotopia et son côté égalitaire pour les hommes et les femmes, l’acceptation de l’homosexualité et son anticapitalisme.

Moi aussi je me suis laissée doucement séduire, parce que j’y ai trouvé des bonnes idées qui étaient novatrices et que vu où nous en sommes, si on ne braque pas direct, on va se prendre le mur (qu’on se prend déjà dans la gueule).

Par contre, là où le bât a blessé, c’est dans la manière narrative : le ton est plat, il ne se passe pas grand-chose, notre journaliste découvrant, peu à peu, tout ce qui fait cette nouvelle société (éducation, temps de travail, chasse, énergies, société, sexe…), qui, par certains de ses comportements, pourrait faire penser à une bande d’hippies.

Bon, au lieu de kèter (mot wallon) et de nous raconter ses nuits agitées, j’aurais préféré que William Weston nous dévoile autrement Écotopia. Le cul, c’est bien, mais à force de lire ses parties de jambes en l’air, ça devient lassant.

Bizarrement, notre journaliste a commencé à s’ouvrir à la société écotopienne quand il a pu se vider autrement qu’à la force du poignet… Cela mériterait bien une enquête.

Malgré tout, par bien des innovations, cette société était en avance sur son temps et très écologique (recyclage des déchets, agriculture sans pesticides, zéro voiture,…) et le récit, même s’il manque de chaleur, n’en reste pas moins intéressant, même s’il n’est pas toujours facile à lire. Disons que le récit est exigeant, sans pour autant qu’il soit nécessaire d’être écolo ou d’avoir fait ingénieur.

Bien qu’il comporte quelques longueurs, que le style narratif du journaliste se fasse sur un ton assez froid, ce roman SF dystopique n’en reste pas moins intéressant, surtout à notre époque où tout bascule. Déjà, lors de sa publication en 75, il était novateur, puisque situé juste après le choc pétrolier.

L’univers mis en place n’est pas chimérique, ni le pays des Bisounours, que du contraire, il est réaliste.

Peut-être plus tout à fait en 2022 (où Internet et les smartphones sont rois), et pourtant, une grande partie des préceptes mis en place à Écotopia pourraient fonctionner de nos jours, mais pas sûr que la majorité ait envie de s’y plier.

Une dystopie intéressante à découvrir, malgré le fait qu’il n’y ait pas vraiment d’intrigue.

Le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

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12 réflexions au sujet de « Ecotopia : Ernest Callenbach »

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  3. Mmouais… je me méfie toujours des sociétés idéales moi… même si certains points sont réalistes et toujours d’actualité 50 ans après. A propos il dit comment on se débrouillera du lithium usagé des batteries électriques ? Et le recyclage des éoliennes cassées ? Il a des solutions ? 🤔

    Une société idéale celle serait celle où l’on peut partouzer librement parce que le couple n’est jamais que l’appropriation capitaliste et sexiste de la femme par son homme, et que la femme qui pense y consentir n’est qu’une pauvre gourde victime des illusions que le patriarcat lui a mis dans la tête ? Brrrr… tu m’étonnes qu’on préfère voir les hommes se débrouiller entre eux dans un tel monde ! 😉 Quand la sexualité ne peut plus se penser qu’en tant que rapport domination dont elle est constamment soupçonnée et qu’il faudrait toujours empêcher on comprends alors que les gens consomment de plus en plus de sextoys pour se donner du plaisir seuls! C’est triste! ☹️

    Ah oui mais… dans ce cas ta sexualité a été confisquée par le grand capital qui produit les toys! 😱

    Les régimes construits sur une idéologie me font peur en général. On voit ce qui se passe dans les théocraties qui refleurissent avec l’effondrement de l’idéologie communiste qui a fait des millions de morts… même les communautés hippies se sont souvent effondrées parce qu’elles pouvaient générer leur propre pensée totalitaire.

    Le parti d’alliance gauche-ecolo est en train de s’effondrer chez nous sur fond de plaintes pas forcément pénales des femmes contre les hommes… Quand il y a des coups hélas c’est factuel et sur le plan légal les choses sont claires. Maintenant les accusations de « violences psychologiques » fleurissent. Mais personne ne sait vraiment les définir et encore moins sur le plan légal. Et personne ne précise dans les medias quels actes ou propos ont été qualifiés ainsi… Tout conflit entre personnes de sexes différents devient prétexte à une invocation d’un rapport toxique de domination justifiant que des hommes (jamais des femmes pourtant des plaintes ont visé certaines femmes du précédent gouvernement pour harcèlement ) quittent leurs fonctions… j’avoue que je trouve ça troublant et plus propice à renforcer les clivages que cela nous aide à les dépasser et à aller cers plus d’égalité. Revendiquer un renversement des rapports de pouvoir ce n’est pas égalitaire. Bref… les idéologies ça vire toujours au totalitarisme.

    Le capitalisme lui est increvable, il mute sans arrêt car il ne repose pas sur une vraie idéologie puisque la fin justifie toujours les moyens avec lui. Peu importe les moyens. Le capitalisme ne se fixe pas de limites éthiques il ne prétend pas dicter le bien, le beau, le vrai… pire il utilise les définitions que nous en donnons pour s’adapter dans sa façon de faire du profit!!! Je ne pense pas que ce soit mieux pour autant…

    Mais les libertés individuelles sont toujours menacées dans des états qui reposent sur une idéologie… mais avec le capitalisme nos libertés dépendent juste de notre capacité à se les offrir. Quelle horreur! Bref on ne s’en sortira pas! 😱

    Aimé par 1 personne

    • Dans les années 70, le lithium n’était pas une nécessité vitale comme maintenant. Tiens, les gros stocks de lithium et cobalt sont en Afghanistan…

      Une éolienne ne se recycle pas, paraît qu’on l’enterre dans le sol et puis voilà. Heu, ça fait moins propre, tout à coup.

      La société présentée est assez libre au niveau du sexe, sans trop de technologies, même s’ils ont des centrales nucléaires, mais ils rejettent les eaux chaudes dans le fond du fond de l’océan. Bon, ce n’est pas la panacée, il n’en existe pas, dès que deux personnes sont ensemble, faut que l’un domine l’autre ou essaie… si les deux ne se dominent pas, il en viendra un 3è…

      Non, on ne s’en sortira pas !!

      J’aime

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