Karoo boy : Troy Blacklaws

Titre : Karoo boy

Auteur : Troy Blacklaws
Édition : Points (2008)
Édition Originale : Karoo boy (2004)
Traduction : Pierre Guglielmina

Résumé :
Noël 1976. Le frère jumeau de Douglas meurt accidentellement. Fils désormais unique d’une famille blanche et aisée, Douglas doit quitter le paradis du Cap pour s’installer avec sa mère dans la région aride de Karoo.

Il se retrouve brutalement plongé dans une communauté où l’apartheid est présent au quotidien. Au cœur des ténèbres, il trouvera pourtant un peu de réconfort entre la radieuse Marika et le vieux Moses, un Noir qui rêve de terre promise…

Critique :
Puisque j’avais bouffé de la ségrégation à la sauce américaine, je me suis dit qu’il était temps de prendre l’air et d’aller faire un tour ailleurs, en Afrique du Sud, là où l’apartheid règne encore et toujours (nous sommes en 1976).

Le Cap. Là où vivent les jumeaux, Douglas et Marsden, c’est la belle vie : plages, océan, écoles privées, quartiers résidentiels et personnel Noir pour faire les sales besognes.

Leur plage est White Only, bien entendu. Les enfants n’en ont pas vraiment conscience. Leur père n’est pas un raciste pourtant, il a même donné une trempe à ses gamins qui s’étaient moqué de leur jardinier Noir. Mais ils sont les complices de ce système.

Un accident, une perte terrible, va faire basculer la famille, la faire exploser de l’intérieur et Douglas va se retrouver, avec sa mère et leur bonne, dans le quartier de Karoo, loin du Cap et de ses plages, dans une région aride de l’Afrique du sud profonde, là où l’apartheid est bien plus visible.

C’est un roman sur l’apprentissage, sur le deuil impossible à faire : des parents qui perdent un enfant, un enfant qui perd son jumeau, une partie entière de lui-même.

C’est aussi l’apprentissage de la vie dans un autre quartier, où l’on devient tête de Turc des autres, parce que l’on vient d’une belle ville, qu’on était surfeur. Pour les gamins de son école, il est une tapette, un pédé. Pour les profs, il faut être capable de tuer des animaux, de les disséquer, sinon, vous deviendrez une femmelette, un pédé, de nouveau.

C’est aussi l’apprentissage, pour Douglas, de ce qu’est le racisme, l’apartheid et c’est violent. Dans son quartier, il ne s’en rendait pas vraiment compte, là, il se heurte à ces non-droit pour les Noirs, en devenant copain avec un vieux pompiste.

Je m’attendais à un roman encore plus sombre, encore plus violent, vu les sujets traités. N’allez pas croire que c’est gentillet, non, non, loin de là, mais cela aurait pu être encore plus sombre dans le récit.

Hélas, il a manquer des émotions dans l’écriture. Nous sommes tout de même face à la perte accidentelle d’un enfant de 14 ans et d’un frère jumeau, je m’attendais donc à avoir les larmes aux yeux à un moment donné. Ben non.

Ce récit est émaillé de multiples mots en afrikaner et en xhosa, et au lieu d’en avoir la traduction en bas de page, il faut se reporter sans cesse au glossaire de fin d’ouvrage, ce qui n’est pas pratique du tout. Pas rédhibitoire, mais plus ennuyeux.

Dans l’ensemble, ma lecture fut agréable et ce roman s’est terminé trop vite, sans pour autant se terminer mal. Il permet avant tout de se faire une idée de ce qu’il se passait en Afrique du Sud à la fin des années 70, quand l’apartheid était toujours présent, mais que les Noirs commençaient à en avoir plus qu’assez des dénigrements des Blancs, d’être leurs larbins et de ne pas pouvoir se déplacer sans laisser-passer.

On sent qu’une page est en train de se tourner, qu’elle prendra du temps, mais que la révolte gronde…

Une écriture sans artifices, sans pathos, sans fioritures, sans effet de manche. Parfois, j’ai trouvé le ton assez froid, mais dans l’ensemble, ce fut une belle découverte.

Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres chez Bidb » (Afrique du Sud).

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