Vous ne nous séparerez pas : Régis Delpeuch

Titre : Vous ne nous séparerez pas

Auteur : Régis Delpeuch
Édition : Scrineo (22/10/2020)

Résumé :
L’histoire de Sarah, une adolescente juive en 1942. Comment, avec sa mère, elle est victime de la rafle du Vél’ d’Hiv et s’en évade dès le premier soir, le 16 juillet 1942.

Comment une dénonciation les précipite en mai 1944 au coeur de la tourmente nazie : à Drancy, puis dans l’enfer d’Auschwitz-Birkenau.

Comment elle croise Anne Frank. Comment, pour fuir la menace russe, elles sont conduites au cours de « la marche de la mort’ au camp de Bergen-Belsen. Comment elles en sont libérées le 15 avril 1945.

Critique :
Je ne fais pas partie de ces gens qui, après avoir lu un livre sur la Seconde Guerre Mondiale et les camps de concentrations, estime avoir tout lu. Chaque livre lu m’a toujours donné envie d’en savoir plus.

Quitte à ce que certains ne soient jamais terminé d’être lus et finissent dans le freezer.

Qui dit littérature jeunesse, dit récit plus soft, si j’ose dire ce terme, maintenant que j’ai terminé cette lecture. Non, il n’est pas soft, mais je dirai qu’il est moins descriptif dans les horreurs que d’autres.

Le fait qu’il soit destiné à la jeunesse fait aussi que beaucoup de mots sont expliqués en bas de page (ce qui ne fait pas de mal à l’adulte que je suis) et il y a un carnet explicatif en fin d’ouvrage. Le genre de carnet qui ne sera jamais lu par des révisionnistes ou de ceux qui trouvent que le maréchal était un brave homme…

Ce roman est en fait l’histoire vraie de Sarah Lichtszejn et sa mère Maria, arrêtées une première fois durant la rafle du Vel’ d’hiv’, où il n’y avait pas un seul allemand dans le coin, tout étant organisé par la préfecture françaises et des gendarmes français. No comment…

Réussissant à s’échapper, elles vivront dans la semi clandestinité, avant de se faire dénoncer et d’aller à Drancy, puis aux terribles camps d’exterminations que furent Birkenau et Auschwitz… et de terminer par les marches de la mort.

Il y a beaucoup d’émotions dans ce petit livre, beaucoup d’horreurs, aussi, et d’inhumanité. Je me demande comment on peut en arriver là et puis en réfléchissant un peu, j’ai compris qu’on y arrivait très très vite, avant même de s’en rendre compte.

On exécute un ordre, on ne discute pas, on a peur, on se sent le seul parmi la multitude à trouver ça honteux, mais on la ferme, parce qu’il n’est pas facile d’être la seule voix à s’élever. Une famille à nourrir, un emploi à garder, alors on s’arrange avec sa conscience.

Pour d’autres, c’est encore plus facile de considérer les autres comme des sous-Hommes, rabaisser les autres leur permet de s’élever, ils aiment ça. Le pouvoir absolu corrompt absolument. Un autre se dire que s’il n’est pas méchant, il perdra son poste de kapo et un autre, pire que lui, le remplacera et lui perdra ses avantages.

Mais dans ce livre, l’auteur explique aussi que l’inhumanité se retrouve chez les prisonniers, chez les pauvres gens enfermés dans les camps. Sarah, pourtant une gentille fille, obéissante et respectueuse, deviendra elle aussi inhumaine, ne s’émouvant même plus des cadavres.

On a beau être dans de la littérature qui s’adresse aux jeunes de +12 ans, il n’en reste pas moins que le récit est glaçant, qu’il vous atteint aux tripes, qu’il vous tordra, vous laissant avec un mauvais goût dans la bouche et des yeux plus brillants.

Je vous avoue que j’étais contente de lire sur la couverture « rescapées d’Auschwitz », même si on n’en revient jamais tout à fait et que les séquelles mentales resteront, surtout que tous ces rescapés n’ont jamais vraiment pu expliquer ce qu’ils leur étaient arrivé, leurs proches ne voulant rien savoir (d’un côté, on peut aussi les comprendre).

Un excellent petit livre autobiographique, non romancé, non fictionnel, qui permettra aux plus jeunes de découvrir les horreurs de la guerre, la taylorisation de ces assassinats et de les sensibiliser à ce que ce genres d’horreurs ne se produisent plus (hélas, elles se sont encore produites, ça ne s’arrêtera jamais).

L’antisémitisme monte de plus en plus et on dirait que ça ne touche personne, ou du moins, que ça touche moins la population que l’homophobie, la grossophobie, le racisme, la xénophobie…

Un peu comme les féminicides, on dirait que tout le monde s’en fout un peu, tant que ça ne le touche pas. Ou alors, c’est encore pire, tout le monde se fout de tout, tant que ça ne le concerne pas.

Un roman jeunesse à lire et à faire lire. Un témoignage émouvant, qui ne sombre jamais dans le pathos et deux personnages forts, celui d’une mère et d’une fille qui n’ont jamais voulu être séparées.

PS : je ne savais plus sur quel blog j’avais lu la chronique de ce livre… Mais il avait été noté de suite dans ma wish et j’ai mis du temps à le trouver en occase. Et puis, en réfléchissant un peu, je me suis dit que ça ne pouvait être que chez ma copinaute Bianca et bingo ! Merci à elle d’avoir parlé de ce livre et de m’avoir donné envie de le lire.

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