Titre :Jim Thorpe – La légende Amérindienne du football
Scénariste : Kevin Lecathelinais
Dessinateur : Georges Chapelle et Emmanuel Michalak
Édition : Delcourt (05/10/2022)
Résumé :
En 1904, Jim quitte la Première nation Sauk et Fox pour le collège de Carlisle, où l’on rééduquait les enfants amérindiens. Sur le terrain de football (américain) comme sur les pistes d’athlétisme, l’entraineur Pop Warner va pousser Jim à donner le meilleur de lui-même, jusqu’aux podiums de Stockholm ou au fameux match contre les cadets de West Point dirigés par Ike Eisenhower.
Critique :
Le sport et moi, ça fait deux. Je ne fais pas de sport, jamais de sport, si ce n’est monter à cheval (et oui, c’est du sport).
Le football américain m’est totalement inconnu et je n’ai absolument pas envie d’en savoir plus.
Cette bédé n’était, en principe, pas faite pour moi et pourtant, je n’ai pas regretté cet achat !
Né né en 1887 dans l’Okhlahoma, Jim Thorpe était l’un des plus grands sportifs américain, qu’il était d’origine Amérindienne et que cet album, bien qu’il parle de sport, parle aussi de dépassement de soi, de racisme, de ségrégation et d’injustice.
Ben voyons, si Jim Thorpe avait été un WASP (White Anglo-Saxon Protestant), sa carrière aurait été différente et la reconnaissance des autres aurait été différente ! Là, il n’était question que d’emplumés Rouges contre des Blancs, puisque l’équipe de Jim était composée uniquement d’Amérindiens, provenant du magnifique collège Carlisle où il fallait tuer l’Indien en eux et en faire de parfaits petits américains…
Ironie, bien entendu ! C’étaient des collèges monstrueux où l’on extirpait, de force la culture des Amérindiens, où on l’effaçait, la réduisait en miettes. Finalement, ces pauvres gosses se retrouvaient dénués de tout, sans pour autant être devenu des Américains.
De toute façon, dans cette Amérique des années 20, profondément raciste, il leur aurait été impossible d’être accepté.
Modeste n’étant pas le second prénom de Jim Thorpe, ses fanfaronneries, vantardises, son orgueil, irritaient les autres au plus haut point. Lui, était fier de ses origines.
Pourtant, Jim n’était pas qu’un vantard, ce qu’il disait, il le réalisait ! Même des trucs de fous au football américain, avec une cheville blessée ou une course avec deux chaussures différentes qui ne lui appartenaient pas.
Les dessins sont réalistes, ne manquant jamais de dynamismes et on s’attache très vite à ce grand gaillard qui sourit tout le temps et qui ne se laisse jamais abattre par les saloperies que les autres pouvaient lui réserver. C’était un véritable athlète qui brillait dans tout ce qu’il touchait.
Alors oui, cette bédé parle de sport, pourtant, malgré mon allergie au foot, qu’il soit européen ou américain, je peux vous assurer que ce fut un plaisir de lire cette bédé, d’aller me coucher moins bête et d’apprendre qu’un Amérindien, un jour, fut le plus grand athlète d’Amérique et qu’il joua même un match contre les cadets de West Point dirigés par Ike Eisenhower qui voyait ce match comme une revanche après la défaite américaine à Little Big Horn… T’es très raciste, Ike !
Le pays tout entier est raciste, hélas… et la grande gueule de Jim lui fera perdre toutes ses médailles, parce qu’un jour, il avait joué au base-ball de manière professionnelle, sans changer son nom et que les athlètes des J.O ne pouvaient pas être des sportifs professionnels. Ou comment chercher la petite bête parce que l’on a pas envie que les sportifs Blancs se fassent damer le pion par un Amérindien…
Une bédé qui ne manque pas d’émotions, qu’elles soient de joies quand Jim gagne tout ou plus tristes, lorsqu’il repense à son frère et qu’il tente de tenir les promesses qu’il lui avait faite, quand ils étaient gosses.
Le cahier qui se trouve en fin d’album nous en apprendra plus sur Jim Thorpe et sur l’injustice américaine qui n’aime pas qu’on lui ravisse les premières places… Surtout quand on est pas un WASP…
L’année 2023 commence bien, du point de vue des lectures ! Pourvu que ça dure !