Titre : Commissaire Llob – 02 – Morituri
Auteur : Yasmina Khadra
Édition : Folio Policier (1999 / 2008)
Résumé :
Au pays de l’impunité, les requins mettent les bouchées doubles. Dans Alger la délétère où règnent le totalitarisme religieux, les dignitaires véreux et les néo-beys aux mains sales, le commissaire Llob est un idéaliste qui s’obstine à rester intègre et s’oppose à la barbarie. Ce n’est pourtant pas une époque à mettre un flic dehors…
D’une désespérante noirceur, Morituri dénonce l’intégrisme, ses prêches d’une virulence absolue et son implacable haine à l’encontre du monde entier, mais aussi la corruption omniprésente et le danger d’un pays où les intellectuels et les opposants sont exécutés sans préavis.
“Plus rien ne sera comme avant. Les chansons qui m’emballaient ne m’atteindront plus. La brise musardant dans les échancrures de la nuit ne bercera plus mes rêveries. Rien n’égaiera l’éclaircie de mes rares instants d’oubli car jamais plus je ne serai un homme heureux après ce que j’ai vu.
Critique :
Dans ce roman noir, nous allons voyager dans une Algérie bien trouble : les barbus sont là, l’islamisme et l’intégrisme règnent, tout le monde a peur, des intellectuels et d’autres se font assassiner…
Bref, pour ceux qui sont honnêtes, qui ne veulent pas manger de ce pain là, qui n’ont pas soif de pouvoir, de fric, de sang, les temps sont durs.
Le commissaire Llob fait partie de ceux qui regrettent la splendeur de l’Algérie d’avant, sa fierté, sa douceur de vivre et qui maintenant, marchent en vérifiant qu’il n’y a personne dans leur dos. Lui est honnête et intègre.
La première chose que j’ai apprécié, dans ce polar noir, c’est la plume de l’auteur, que je ne connaissais pas : acide, cynique, peuplée de métaphores bien tournées qui m’ont données l’impression de lire du Frédéric Dard, les allusions sexuelles en moins (même s’il y en aura, mais c’est minime) et la recherche des tournures de phrases en plus.
Le récit est trash et sans détours. L’auteur ne s’embarrasse du politiquement correct et son commissaire n’en a rien à foutre de ce qu’on pense de lui. Il est désabusé et ne se prive pas pour lancer des piques ou des réponses assez froides à ses interlocuteurs.
L’affaire, au départ, semble assez simple et basique : le commissaire Llob est engagé par Ghoul Malek, un ancien homme politique pour mener l’enquête sur la disparition de sa fille pourrie gâtée de seize ans. Raté, c’est dans un sacré nids de vipère que le commissaire va mettre les pieds, le tout dans un pays ravagé par la violence, la corruption, les magouilles en tout genre.
Si au départ, j’ai été enchantée de ma lecture, arrivé à un moment, j’ai eu l’impression que le récit n’avançait plus et que l’auteur en profitait pour critiquer le régime de ces années noires. Il a raison, je ne lui donne pas tort, l’enquête n’étant là que pour nous plonger dans ces horreurs, tout au long du récit.
Oui, mais, à un moment donné, je me suis perdue, tellement c’était décousu et près avoir décroché durant quelques chapitres, j’ai réussi à raccrocher les wagons sur la fin.
Il faut donc savoir que ce roman noir n’est pas un roman avec une enquête ciselée, comme un polar ordinaire, mais juste une enquête pour que l’auteur puisse critiquer le régime, tout en contournant la censure.
Durant ses pérégrinations, notre commissaire nous promènera dans le haut de la société, où l’on fait des fêtes, où l’argent coule à flot, avant de nous expédier dans les bas-fonds où règnent les drogues, la misère, la pauvreté et où les ruelles sont de véritables coupe-gorges. Bref, des endroits loin des cartes postales touristiques !
Malgré le fait que je me sois perdue à un moment donné, cette lecture ne fut pas un fiasco et je ne regrette pas d’avoir découvert ce roman : j’ai aimé sa plume, ses expressions, son commissaire désabusé, le côté politique et le grand écart entre les soirées huppées et les ruelles pauvres (mais les deux sont fréquentées par des requins et des voleurs).
Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°123], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°06) et Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres chez Bidb » (Algérie).
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Il est dans ma PAL. On verra bien !
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Ben oui, ça ne coûte rien 🙂
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😆
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🙂
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Ping : Commissaire Llob – 02 – Morituri : Yasmina Khadra – Amicalement noir
Si tu ne mets que 2,5 Sherlocks alors que ce roman porte sur un thème et dans une ambiance sombres à souhait qui correspondent en général à ce que tu aimes… sauf que l’enquête est moyenne… et ben c’est que c’est pas pour moi! 😂
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L’enquête est un prétexte, en fait, le roman est plus axé sur une critique du régime que sur une enquête policière. Je ne le savais pas au départ. J’aime les critiques des régimes politiques, mais bon, j’aurais apprécié avoir une vraie enquête bien fichue 🙂
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Peut-être que pour critiquer le régime, on ne peut pas le faire directement, il faut une sorte de fiction polar pour se lâcher. Le noir n’est pas prétexte à tout non plus.
Mais au moins tu as eu ton lot d’obscurité humaine.
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Oui, le roman n’est qu’un prétexte, d’ailleurs, l’auteur écrivait et publiait sous pseudo.
Là, je suis gâtée pour l’obscurité !
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il écrivait sous pseudo pour sa sécurité. Seul l’éditeur est au courant de son vrai nom. Une prise de risque tout de même.
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Une grosse prise de risque ! La preuve qu’écrire est toujours dangereux, surtout lorsque l’on critique un pouvoir…
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tu sais s’il a écrit de chez lui ou de France?
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Heu, je n’en sais rien…
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ce n’est pas grave 🙂
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Vite une enquête !
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🙂
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