Fils d’homme : Augusto Roa Bastos

Titre : Fils d’homme

Auteur : Augusto Roa Bastos 🇵🇾
Édition : Points – Signatures (2018)
Édition Originale : Hijo de Hombre (1960)
Traduction : François Maspero

Résumé :
Les habitants d’Itapé et de Sapukai sont des êtres exsangues. Les premiers vénèrent un Christ de bois et de souffrance. Les seconds sont des révoltés.

À Itapé, la famille Jara tente l’impossible pour échapper à l’esclavage. À Sapukai, un mystérieux docteur guérit tous les maux.

Dans ces deux villages du Paraguay brûlés par le destin, les hommes vont résister durant un siècle à la folie et à la guerre.

Cette parabole, qui embrasse un siècle d’histoire du Paraguay autour de trois personnages messianiques – Gaspar Mora, Casiano Jara, Cristóbal Jara – et d’un narrateur ambigu et traître, Miguel Vera, a pour centre et pour raison d’être l’homme paraguayen, crucifié chaque jour par l’inclémence humaine et chaque jour ressuscité à l’espérance.

Bouleversant toute chronologie, les neuf parties, qui s’articulent selon un ordre non linéaire, sont autant de variations sur la résistance de l’homme à l’élimination physique et à la dégradation morale.

Fils d’homme, intense chef-d’œuvre de la littérature latino-américaine, valut à Roa Bastos 42 ans d’exil.

Critique :
En fouinant dans les bouquineries, je trouve souvent ce que je cherche et parfois aussi ce que je ne cherche pas vraiment, et ce fut le cas avec ce roman d’un auteur paraguyen.

Puisque le 4ème de couverture parlait d’un intense chef-d’œuvre et que je pouvais l’acquérir à petit prix, je n’ai pas hésité longtemps et hop, dans le panier d’achat.

Il tombait bien pour le Mois Espagnol et Sud-Américain et me permettrait de noircir un nouveau pays sur mon planisphère (le Paraguay).

Mais que dire sur cette lecture ? Ben, heu, en en fait, heu… Le plus important sera pour dire que je ne suis pas d’accord avec ce qui est dit sur le 4ème : intense chef-d’œuvre de la littérature latino-américaine. Bon, après, les goûts et les couleurs…

Ce roman est en fait constitué de plusieurs récits, comme des nouvelles (mais qui suivent un fil rouge), et qui nous racontent les us et coutumes des paysans paraguayens début du XXème siècle, vivant dans des villages retirés, ainsi que des souvenirs de l’époque, sous la dictature de Francia, bien avant.

J’ai apprécié le premier chapitre, avec un vieil homme qui raconte la mort tragique de son père, assassiné froidement par le dictateur Francia dont il était pourtant le serviteur fidèle. J’étais à fond dans l’histoire avec ce gringo, venu de nulle part et devenu un espèce de médecin. Les récits parlant de guerre, de combats, je les ai appréciés aussi.

Et puis, entre les deux, j’ai souvent décroché de ma lecture, passant des paragraphes, sautant des pages avant de perdre tout à faire le fil du récit, de mélanger les personnages et de finir par refermer ce bouquin sans avoir goûté au chef-d’œuvre annoncé.

Je retiendrai que ce roman offre 20 ans d’histoire du Paraguay, depuis la révolte paysanne (1912) jusqu’à la fin de la guerre du Chaco contre les Boliviens (de 1932 à 1935).

Ce roman montre aussi les souffrances et la misère que vécu la population paraguayenne au début des années 1900. Pour ne pas dire « un enfer »…

Hélas, entre lui et moi, le coup de foudre n’a pas eu lieu, dommage pour moi, parce que les critiques sur Babelio étaient plus qu’élogieuses.

Je voyais descendre du train ces hommes qui revenaient du bout du monde : il leur manquait un bras, une jambe, ils avaient le visage brûlé, couturé de cicatrices, certains étaient sans yeux, sans doigts, sans mains. Des déchets humains, c’est de ça qu’ils avaient l’air ! On devait se donner beaucoup de mal pour reconnaître ce qu’ils avaient été dans ce qui restait d’eux ? Des étrangers sous tous les rapports. Ces hommes qui avaient été autrefois jeunes et forts. Ils n’avaient pas pu mourir pour la gloire de la patrie, ils ne pouvaient plus mourir pour la gloire de Dieu… Miséricorde Seigneur, Dieu des Armées, Dieu Fort et Maître de la Mort !

Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°38].

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Diadorim : João Guimarães Rosa

Titre : Diadorim

Auteur : João Guimarães Rosa 🇧🇷
Édition : 10/18 Domaine étranger (1997) / LP (2007)
Édition Originale : Grande Sertão : veredas (1956)
Traduction : Maryvonne Lapouge-Pettorelli

Résumé :
À travers amours et guerres, envoûté par l’énigmatique Diadorim, évoquant toutes les aventures qui firent de lui un preux jagunço, un gardien de troupeaux, Riobaldo raconte les journées encore brûlantes passées de bataille en bataille, les longues chevauchées à méditer sur la vie et la mort, dans le décor aride du sertão, lieu de l’épreuve, de la révélation et de la confrontation à l’infini.

Unique roman et chef-d’œuvre du plus grand écrivain brésilien du XXe siècle, Diadorim apparaît d’ores et déjà, au même titre que Don Quichotte, La Chanson de Roland ou Faust pour la tradition européenne, comme une œuvre mythique de dimension universelle.

« Un véritable tour de force sur le plan de la langue. Une des œuvres formellement les plus abouties du siècle. » Mario Vargas Llosa

« Une œuvre d’une dimension rare en littérature… L’un des plus grands livres qu’on ait jamais écrits. Brutal, tendre, cordial, sauvage, vaste comme le Brésil lui-même. » Jorge Amado

Critique :
Lorsque je furète en bouquinerie, je ne fais pas que chercher les romans se trouvant sur ma wish, je suis attentive aux autres et lorsque je tombe sur des auteurs dont le nom semble être hispanique, je lis le 4ème afin de voir s’il pourrait participer au Mois Espagnol et Sud-Américain. Bingo avec celui-ci !

Un roman culte, qu’ils disaient… L’un des plus grands livres qu’on ait jamais écrits. Diantre, fallait plus en jeter, j’étais déjà conquise à l’avance !

Mon édition 10/18 fait 630 pages et le style de l’auteur m’a déconcerté dès le départ : pas de chapitrage, des dialogues peu nombreux et inclus dans le texte. Heureusement qu’il y avait des paragraphes, sinon, j’aurais sauté des lignes sans même m’en rendre compte.

Je ne peux pas dire que j’ai détesté ce roman, ni que l’écriture était merdique. Que du contraire, le style est riche, très riche, trop riche, peut-être, car on passe d’une langue vulgaire à une poétique (ou l’inverse), c’est bourré de néologismes, ardu, obscur et on a de temps temps l’impression que notre narrateur ne parle pas bien le Brésil.

Anybref, le narrateur est un grand bavard et qu’il a tendance à raconter trop, dans un récit monolithique, ce qui m’a lassé, avant que je n’arrive à la moitié du récit.

De quoi ça cause, ce roman ? C’est l’histoire de Riobaldo et de sa bande armée, des jagunços, qui sont des brigands à la solde des grands propriétaires terriens (les fazendeiros), des gardes du corps, généralement embauchés par les propriétaires de plantations et les « colonels » dans les arrière-pays du Brésil.

Dans cette partie de l’arrière-pays (le sertão), une région semi-aride, on pratique l’élevage et ce sont des zones de non-droit où tous les sales coups sont permis.

Ces brigands sont souvent associés à des politiciens véreux (pléonasme) ou sont libres de toutes attaches. Ils pratiquent le racket, bref, ils sont un peu des mafiosi qui vous demande de les payer pour assurer votre protection.

Notre Riobaldo, ce guérilleros au service de riches propriétaires terriens, bossant aussi parfois pour des politiciens, des hommes de guerre, vivant comme un hors-la-loi, nous raconte donc tout et son histoire est un mélange d’histoire de guerre, d’aventures, d’amour, de western. C’est aussi un récit halluciné, comme sous emprise de drogues.

Ce roman n’est pas facile à lire, il est touffu, part dans tous les sens, est inclassable, si ce n’est avec les romans qui divisent les lecteurs : ceux qui ont réussi à le lire et ceux qui se sont paumés dedans. Je me suis paumée, même si je me suis accrochée et finalement, j’ai sauté des paragraphes après avoir peiné dans la première moitié.

Bon, ce texte n’était pas pour moi, trop ardu, trop dense, trop lyrique… Les aventures de Riobaldo et de ses guérilleros étaient semées d’embûches, comme le fut ma lecture, chaotique, de ce pavé qui est devenu indigeste.

Si vous êtes tenté de vous attaquer à ce monument de la littérature, allez-y lentement, picorer un peu tous les jours, faites durer le plaisir, sinon, la nausée arrivera vite et vous serez incapable de terminer ce roman (pourtant, la fin est belle et recèle une belle surprise).

Bon, j’ai tenté le coup, j’ai raté… Pas grave !

Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°36].

Esaü et Jacob : Joaquim Maria Machado de Assis

Titre : Esaü et Jacob

Auteur : Joaquim Maria Machado de Assis 🇧🇷
Édition : Métailié (2005)
Édition Originale : Esaü et Jacob (1904)
Traduction : Françoise Duprat

Résumé :
A Rio de Janeiro, en 1879, naissent deux jumeaux qui, comme le raconte la Bible, se querellent dans le ventre de leur mère.

Opposés par une haine farouche, Paulo l’admirateur de Robespierre et Pedro qui vante les vertus de Louis XVI, tombent amoureux de la même femme, qui, incapable de choisir, en mourra.

Sur ce thème banal, l’auteur donne libre cours à sa maestria littéraire, ironie, humour, interpellation du lecteur, sur le thème de l’impossibilité d’échapper au destin.

Critique :
Rio de Janeiro, 1879. Deux jumeaux (oui, pléonasme, mais c’est ainsi qu’il est noté dans le livre) naissent. Comme dans la Bible, tels Esaü et Jacob, ils se querellent dans le ventre de leur mère.

Opposés par une haine farouche, Paulo l’admirateur de Robespierre et Pedro qui vante les vertus de Louis XVI, tombent amoureux de la même femme, qui, incapable de choisir, en mourra.

Tout était dit dans le résumé et entre le début et la fin, on a du remplissage… Beaucoup de remplissage.

Il vaut mieux ne pas commencer à lire ce roman après une semaine chargée, parce que je peux vous garantir qu’il vous fera sombrer dans les bras de Morphée très vite.

Au moins, ma sieste fut bonne, meilleure que cette lecture dont je ne voyais pas le bout du tunnel (oups) et où j’ai fini par lire en diagonale.

Et dans le final, je me suis dit « tout ça pour ça ? ». On pourra dire la même chose de ma chronique, d’ailleurs : tout ça pour si peu ?? Non, je n’ai rien de plus à dire…

Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°35].

L’homme qui corrompit Hadleyburg : Wander Antunes et Mark Twain

Titre : L’homme qui corrompit Hadleyburg

Scénariste : Wander Antunes 🇧🇷 (d’après Mark Twain)
Dessinateur : Wander Antunes

Édition : La boîte à bulles (17/08/2022)

Résumé :
Hadleyburg, ville dont la réputation est d’être la plus intègre d’Amérique, reçoit un jour la visite d’un homme mystérieux. Ce dernier est venu pour laver l’offense qui lui a, jadis, été faite par ses habitants : trop imbus d’eux-mêmes, ils en avaient oublié les règles de base de l’hospitalité.

Cet étranger a décidé de porter le fer là où cela leur ferait le plus mal : en faisant voler en éclat leur réputation de probité…

Critique :
De Mark Twain, je ne connaissais que Tom Sawyer et Huckleberry Finn, que l’on retrouvera justement dans cette adaptation, alors qu’ils ne s’y trouvent pas dans le roman original.

Hadleyburg est une petite ville qui a une réputation de probité. Oui, mais, jamais personne ne les a soumis à la tentation !

« Il est hasardeux de se prétendre honnête quand on n’a jamais vraiment fait face à la tentation »

Alors un homme, désireux de se venger, va foutre le renard dans les poules. S’il a eu, à un moment donné, le désir de se venger en tuant ceux qui l’avaient offensé, il a trouvé que c’était trop simple, il fallait que les coupables souffrent.

Si je n’ai pas vraiment les dessins, le scénario, lui, m’a plu ! Le plan de l’homme en noir est audacieux, ne demandant que peu de travail, puisque ce seront les habitants de la ville qui feront tout à sa place.

Une fois le ver dans le fruit, le renard dans les poules, il suffit de s’asseoir, de prendre du pop-corn et de regarder l’âme humaine se corrompre, faire des plans sur la comète, parce qu’avec 40.000$ proposé, tout le monde se sent pousser des ailes et s’imagine être l’élu. Y en aura-t-il pour rester honnête et ne pas avoir le tournis ??

Une bédé qui se lit avec délice, le sourire aux lèvres devant ses personnes qui se vantaient de leur probité, de leur honnêteté et qui vont se déchirer devant un sac d’or, le tout sous le regard amusé et cynique d’un balayeur, de Tom Sawyer et d’Huckleberry Finn et sous les yeux du pasteur qui ne sait plus à quel saint se vouer.

Les dialogues sont excellents, surtout lorsqu’on ne voit pas les personnages mais que l’on assiste à l’orage qui a lieu dans le ciel, parfaite illustration de ce qui se passe à l’intérieur, avec les notables.

Une excellente bédé.

Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°18].

Manège : Rodrigo Rey Rosa

Titre : Manège

Auteur : Rodrigo Rey Rosa 🇬🇹 (Guatemala)
Édition : Gallimard – Du monde entier (2012)
Édition Originale : Caballeriza (2006)
Traduction : Claude Nathalie

Résumé :
« Vous devriez écrire quelque chose sur ceci ». Notre protagoniste se retourne et regarde l’inconnu qui lui a adressé la parole. La tension est palpable. Un incendie vient d’interrompre abruptement la célébration du quatre-vingt-huitième anniversaire du patriarche local, don Guido Carrión, et l’exhibition des plus beaux chevaux andalous de son haras annoncée dans les cartons d’invitation.

Visiblement inquiets, les hommes de la sécurité ne tardent pas à se déployer autour du domaine, comme pour rassurer les quelque trois cents personnes qui ont fait le déplacement jusqu’à Palo Verde, l’une des plus belles propriétés du Guatemala, dans l’arrière-pays de la côte pacifique.

« Vous devriez écrire quelque chose sur ceci », insiste l’inconnu alors que la nouvelle devient le principal sujet de conversation parmi les invités : le corps du Douro II, l’étalon aux cent mille dollars, l’un des animaux préférés de don Guido, a été retrouvé carbonisé au fond des écuries.

Derrière cette découverte macabre, il n’est pas difficile d’imaginer en effet une histoire, mais notre protagoniste comprend aussitôt qu’elle ne sera pas facile à raconter. Car nul n’ignore qu’en Amérique latine aujourd’hui, le prix à payer pour s’engager dans ce type d’aventures littéraires peut être à la fois très élevé et extrêmement cruel.

Rodrigo Rey Rosa nous offre ici un thriller passionnant que le lecteur dévore d’une traite, en essayant de suivre les méandres d’une affaire dont les multiples tiroirs dévoilent graduellement la face cachée d’une famille et d’un pays rongés par la violence et le mal.

Critique :
Le résumé parle d’un thriller passionnant, mais on en est loin… Un incendie a eu lieu et un cheval est mort. Sacrilège ! C’était le plus cher du haras.

Le narrateur est en fait l’écrivain, comme s’il était partie prenante dans cette enquête, comme si cette histoire était vraie.

Notre narrateur enquêteur va enquêter, un peu malgré lui, avec un avocat, chez le potentat local, propriétaire du haras et du splendide caballo Pura Raza Española.

Le récit se lit assez vite, il ne fait que 150 pages. Le suspense n’est pas vraiment au rendez-vous, mais le sordide, oui.

Ce qui a manqué, dans ce roman, c’est de la profondeur dans les personnages, qui sont trop vite esquissés et dans le récit, qui est sordide, certes, mais trop simpliste.

À nouveau, une lecture qui ne restera pas dans ma mémoire. Mais au moins, grâce à elle, j’ai ajouté un nouvelle nationalité à mon planisphère. Et découvert un peu le Guatemala.

Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°08].

Les âmes torrentielles : Agathe Portail

Titre : Les âmes torrentielles

Auteur : Agathe Portail
Édition : Actes Sud (05/04/2023)

Résumé :
Patagonie (🇦🇷), avril 2015. Alma, jeune employée tehuelche d’une grande exploitation agricole, a pour mission d’assurer le transfert d’un troupeau de chevaux, en compagnie du gaucho qui les vend.

Chevauchant leurs montures dans les contrées patagoniennes, ces deux solitudes vont apprendre à se connaître, à braver les difficultés et leur passé qui les rattrape sans crier gare. Sans compter qu’un barrage, tout proche, est sur le point de céder…

Un périple tout en tension en Amérique du Sud.

Critique :
Un vieux rêve vient de se réaliser : me voici convoyeuse de chevaux, en Patagonie. Je serre les fesses, parce que l’on ne chevauchera pas sur des beaux chemins comme dans nos régions…

Patagonie, avril 2015. On fait la connaissance du gaucho Danilo, un des derniers habitants d’une vallée qui sera entièrement submergée de flotte, pour le barrage que l’on vient de construire.

Danilo partira le dernier, avec les quelques chevaux qui lui restent et qu’il vient de vendre à une estancia (exploitation agricole). Il n’a pas résisté face à la toute puissance des sociétés qui construisent des barrages. David ne peut pas gagner contre Goliath.

Alma, une jeune femme taciturne, d’origine tehuelche (une native), va l’aider dans cette transhumance. Elle est secrète et les chapitres s’alterneront avec son passé, le présent de la transhumance et la vie de ceux qui sont au barrage pour contrôler son remplissage.

Dans ce roman, j’ai ressenti les bienfaits des feux de camp, les douleurs des chevauchées, le plaisir de descendre de sa selle, au soir. Ne manquait plus que les odeurs, mais je n’ai pas dû faire beaucoup d’efforts pour me souvenir de celle d’un feu et de celles des corps, après une longue chevauchée (oui, on pue, mais comme toute la troupe pue, tout le monde s’en moque).

Ce récit, ce n’est pas qu’une transhumance, c’est aussi toute la souffrance humaine. Celle des natifs, Mapuches ou Tehuelches, qui ont vu leur culture, leur langue, se faire bouffer toute crue par les chrétiens débarqués sur le continent.

C’est aussi celle des propriétaires, qui, après plusieurs générations passées sur leurs terres, se voient relégués, destitués de leurs propriétés, eux qui se croyaient plus à l’abri, parce qu’ils vivaient loin de la civilisation, dans la raie du trou du cul de l’Argentine. « Circulez, la loi du plus fort prévôt, la civilisation arrive, avec ses routes et tout le tralala. Allez voir ailleurs si nous y sommes »… On connaît le message.

Que pèse un gaucho face au besoin de confort, de lumière, de chaleur, de loisirs de trois cent cinquante mille Argentins ? Il faut bien que les électeurs en aient pour leur bulletin.

Dans ce roman, il y a des véritables morceau de souffrance, sans que l’autrice soit obligée d’en faire des tonnes, sans pathos, pas pour faire pleurer dans les masures, juste pour expliquer, montrer comment le monde tourne, partout, tout le temps : le plus fort dévore le plus petit, les plus faibles, les moins riches, les moins pistonnés…

Ce roman de 200 pages, qui est ramassé sur cinq jours, est copieux, sans jamais virer à l’indigestion. L’amertume est bien présente, l’acidité aussi, mais il y aussi un peu de sucrosité, en fin de bouche, sans que l’équilibre ne soit rompu. Oui, j’ai un peu trop regardé Top Chef…

Des portraits réalistes, des personnages auxquels on s’attache, possédant de la noirceur humaine, de la haine, de la rage, l’envie d’en découdre, ou tout simplement une lassitude de la vie, des interrogations, des regrets, de la peine… Oui, on s’attache vite à la jeune Alma et à Danilo le gaucho…

Un beau roman, assurément !

La nausée la prit par surprise. Elle était habituée au discours officiel, elle avait conscience du fait que la classe moyenne avait été éduquée à penser qu’il ne restait en Argentine pas de population significative de “natifs”. Mais l’entendre de la bouche du patron, de ce type correct qui avait peut-être perçu son état de délabrement intérieur, ça lui causait une douleur fulgurante. Elle le laissa parler de sa glorieuse ascendance. Comme si les premiers pionniers germaniques n’avaient pas, comme tous les autres, mélangé leur illustre patrimoine génétique avec celui des Mapuches, peuple Aonek, Kawésqar, Selk’nam, Chonos, peuples des forêts et des lacs. Quatre-vingts pour cent de la population patagonne avait des origines natives. Il fallait bien déverser quelque part la précieuse semence européenne en attendant de faire venir les Augustine et les Konstanze.

Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°04].

Le soldat désaccordé : Gilles Marchand

Titre : Le soldat désaccordé

Auteur : Gilles Marchand
Édition : Aux Forges de Vulcain (1/08/2022)

Résumé :
Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécu au milieu de l’enfer.

Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre.

Critique :
Un ancien Poilu qui enquête pour retrouver un disparu durant la Der des Der, c’est un peu comme dans « Gueules d’ombre » de Lionel Destremau, mais contrairement à ce roman, celui-ci, je l’ai adoré !

Sa mission ? Retrouver, pour le compte de Mme Joplain, son fils Émile, qui n’est jamais revenu de la guerre… Oui, mais, nous sommes en 1925, un peu tard, non ?

Le nom de notre ancien Poilu, qui a perdu sa main gauche durant le conflit, nous ne le connaîtrons jamais, mais cela ne m’a posé aucun problème.

Son enquête, minutieuse, va le mener de piste en souvenirs des uns et des autres et après moult interrogations, il va entendre des récits du front, les anciens se livrant facilement à cet enquêteur, lui qui a connu les tranchées comme eux et qui en est revenu mutilé.

Durant son enquête, notre mutilé sans nom, va comprendre que la mère a caché l’existence d’une femme qu’il aimait et il se rendra compte aussi que cette affaire va lui permettre de passer en revue ses souvenirs de guerre, guerre dont il n’est jamais vraiment sorti, lui qui voulait faire son devoir, à tel point qu’il refusa les permissions…

Un roman sur la Première Guerre Mondiale, mais aussi un roman d’amour, une belle histoire qui prend encore plus de d’ampleur lorsque l’on est sur un champ de bataille ou sur le No Man’s Land, sous les obus, la mitraille…

Dans ce roman de 200 pages, on va à l’essentiel, mais l’auteur n’hésite pas à donner de l’épaisseur aux personnages secondaires, à tel point qu’on les voit, qu’on les entend nous raconter leurs souvenirs. Ils ont pris corps, ils sont réalistes. Tout, d’ailleurs, dans ce roman, est d’un réalisme à couper le souffle et jamais l’histoire d’amour ne deviendra guimauve.

L’écriture de l’auteur est belle, agréable à lire et certains néologismes m’ont fait penser à Frédéric Dard, auteur qui avait pour habitude de créer des verbes à partir de mots (comme « Pompefunébrer »).

En 1925, la France fêtait sa victoire depuis sept ans. Ça swinguait, ça électroménageait, ça jazzait, ça cinématographiait, ça mistinguait. L’Art déco flamboyait, Paris s’amusait et s’insouciait. Coco Chanélait, André Bretonnait, Maurice Chevaliait.

Un roman qui se lit trop vite, qui se termine trop rapidement, tant j’aurais encore bien passé du temps avec le mutilé sans nom, ses souvenirs, ses pensées un peu naïves, mais jamais imbéciles, ses anecdotes sur l’après guerre, où l’on apprendra que des villages se sont battus pour récupérer des morts afin de pouvoir les noter sur leur monument…

Si on avait su qu’un boche c’était rien qu’un Français qui parle allemand, on aurait eu du mal à continuer à leur tirer dessus.

Des blessés, c’était pas ce qui manquait, il y en avait partout. C’est même ce qu’on faisait de mieux à l’époque : les estropiés et les morts.

On voulait des lions, on a eu des rats.
On voulait le sable, on a eu la boue.
On voulait le paradis, on a eu l’enfer.
On voulait l’amour, on a eu la mort.
Il ne restait qu’un accordéon. Désaccordé. Et lui aussi va nous quitter.

Un roman court, mais intense, beau, lucide, poétique, bref, on en redemande ! Et je le recommande.

Mes désirs futiles : Bernardo Zannoni

Titre : Mes désirs futiles

Auteur : Bernardo Zannoni
Édition : La Table ronde – Quai voltaire (05/01/2023)
Édition Originale : I miei stupidi intenti (2021)
Traduction : Romane Lafore

Résumé :
Archy naît dans une tanière au milieu de la forêt, au sein d’une portée de fouines. Son père a été tué par l’homme, et sa mère se démène pour nourrir ses petits au cœur de l’hiver. Très vite, Archy comprend qu’il doit lui aussi chasser s’il veut garder sa place dans la famille.

Mais à peine s’est-il essayé à piller un nid qu’il se blesse. Son destin prend alors un sombre tour : devenu inutile à sa mère, il est vendu à un vieux renard cruel, Solomon le prêteur sur gages, qui en fait son esclave puis son apprenti avant de lui révéler son secret : il connaît l’existence de l’écriture, de Dieu et de la mort…

Solomon lègue à Archy ce testament qui l’accompagnera toute sa vie dans son exploration de la forêt. Mais est-ce un trésor ou un fardeau que ce secret de l’homme ?

À mi-chemin entre fable et roman d’initiation, Mes désirs futiles mêle aventure et philosophie pour mieux interroger la nature humaine et la force de nos désirs.

Critique :
Non, le Archy de ce ce conte initiatique n’est pas le fils du prince Harry d’Angleterre ! C’est une fouine…

Une fouine douée de la parole, comme tous les animaux de cette fable, capables aussi de comportement humains, comme se tenir debout, prêter, demander des intérêts…

En commençant ce roman, je n’avais aucun idée de où il allait m’emmener, de ce que j’allais y trouver, si ce n’est la vie d’une jeune fouine mâle, Archy, vendu, par sa mère (en échange d’une poule), à Solomon le renard, prêteur sur gages… Et Solomon, il est terrible !

Si c’était une fable, il y aurait une morale, comme dans celle de La Fontaine, mais au bout de ce récit, pas de morale, si ce n’est qu’un trop grand savoir empêche de vivre sa vie animale…

Solomon, le renard prêteur, sait lire et écrire… Il l’apprendra à Archy, surnommé Poil De Cul et lui lira des passages d’une bible, trouvée il y a longtemps. Avoir conscience de sa mort, voilà un fait que les animaux n’ont pas connaissance.

L’écriture de ce conte initiatique est riche, sans pour autant devenir pompeuse. Le récit se lit tout seul, facilement, mais ne vous y trompez pas, c’est un drame, la Nature ne fait pas de cadeaux et nos personnages principaux, la fouine, le renard et un chien, ne sont pas des tendres, que du contraire.

Je pensais Archy sympa, mais certains de ses comportement, m’ont fait comprendre qu’il y avait toujours une animalité sous sa pelisse d’animal qui sait lire, écrire et calculer. Oui, les personnages sont entre les deux : civilisés, mais sans renier leur animalité. Sauvage et civilisés…

Pourtant, de l’amitié va naître, presque un comportement paternel entre le renard et la belette… heu, la fouine, qui va tenter de s’affirmer.

C’est un récit étrange, où l’on a un peu de mal, au départ, à voir les animaux se coucher dans un lit, élever des poules, faire du commerce et se comporter ensuite comme des animaux : chasser.

Oui, pour résumer, je pourrais dire que c’est un récit étrange, addictif, qui nous fait oublier le temps qui passe et qui se révèle passionnant. Même si j’ai tiqué à certains moments, ouvrant grand mes yeux. Ah ben ça alors, c’est explosif comme truc (mais je ne dirai pas plus).

On a beau être dans le règne animal, leur comportement n’est jamais sans rappeler celui des Hommes, notamment avec les mesquineries, l’envie de posséder plus, les roublardises, le côté religieux et ses dérives.

L’ancien calendrier d’un amour : Andreï Makine

Titre : L’ancien calendrier d’un amour

Auteur : Andreï Makine
Édition :

Résumé :
« Qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance. » (Baudelaire)

Tel serait l’esprit de cette saga lapidaire – un siècle de fureur et de sang que va traverser Valdas Bataeff en affrontant, tout jeune, les événements tragiques de son époque.

Au plus fort de la tempête, il parvient à s’arracher à la cruauté du monde : un amour clandestin dans une parenthèse enchantée, entre l’ancien calendrier de la Russie impériale et la nouvelle chronologie imposée par les « constructeurs de l’avenir radieux ».

Chef-d’œuvre de concision, ce roman sur la trahison, le sacrifice et la rédemption nous fait revivre, à hauteur d’homme, les drames de la grande Histoire : révolutions, conflits mondiaux, déchirements de l’après-guerre.

Pourtant, une trame secrète, au-delà des atroces comédies humaines, nous libère de leur emprise et rend infinie la fragile brièveté d’un amour blessé.

Critique :
C’est l’émission La Grande Librairie que j’ai découvert cet auteur et que j’avais lu « Au-delà des frontières« .

La question que je me suis posée, lors de cette lecture, c’est : comment est-ce que l’auteur arrive à en dire autant avec si peu de pages (200) et comment est-ce qu’il arrive à nous faire voyager autant dans l’Histoire en en disant si peu ??

Hé oui, c’est le force de ce roman : en dire beaucoup avec peu. Il va directement où il doit aller, sans pour autant sacrifier le fond et la forme.

Le XXe siècle est riche en conflits en tout genre (hélas) et Valdas Bataeff, notre jeune héros principal (qui n’a rien d’un héros), va passer d’une jeunesse de riche bourgeois (1913) à celle d’un soldat de l’armée Blanche, avant que la vie ne le précipite, dans un autre vie, celle des laissés-pour-compte, des pauvres.

Un seul passage de sa vie a, pour lui, valu la peine d’être vécu : il s’est passé dans l’ancien calendrier, le calendrier Julien (avant que Lénine ne décrète le passage au calendrier Grégorien : le 31 janvier 1918, la Russie passerait directement au 14 février 1918).

C’était une belle histoire d’amour qu’il a gardé précieusement en mémoire, mais aussi dans son cœur. C’était aussi la Russie d’avant l’URSS, d’avant le communisme…

Qu’on ne s’y trompe pas, ce roman n’est pas qu’un simple roman d’amour où un homme se remémore ses instants heureux. C’est aussi un roman historique, qui passe en revue les événements importants du siècle écoulé, sans entrer dans les détails, mais qui en donne assez que pour que l’on se fasse une idée générale.

C’est aussi un roman qui interroge : comment, après la boucherie de La Grande Guerre, la fameuse Der des Der, l’Homme a encore eu envie d’entrer en guerre en 1939 et comment un peuple peut en arriver à une guerre civile (révolution russe) où des frères s’entretuent (puisque appartenant au même pays).

Sans oublier que peu de temps après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, on remettait ça en Indochine ? L’Homme est-il un fou destructeur ? (oui !!).

Ce court roman de 200 pages se lit sur un après-midi, avec plaisir, même si c’est un roman composé de drames. J’ai aimé les portraits croisés dans ces pages, même à l’arrière d’un taxi de nuit.

La vie de Valdas a été bien remplie, lui qui pensait vivre tranquillement, a dû faire face aux événements noirs de la vie, de l’Histoire et cela a changé sa vie, ses pensées, son caractère. C’est le récit d’un destin fracassé, comme l’Histoire en est remplie, malheureusement.

Sans sa parenthèse enchantée, Valdas n’aura jamais tenu le coup…

— Ce que tu as vécu… je parle de ces journées au bord de la mer Noire, c’était… le sens même de la vie. Cet amour à l’écart du temps, c’est ce que nous devrions tous espérer ! le seul qui nous est véritablement offert par Dieu. Mais nous sommes rarement capables de le recevoir.

Un beau roman, tout en finesse, tout en douceur, sans pathos, sans en faire trop ou en rajouter. L’écriture de l’auteur fait mouche et elle m’a bercée durant ma lecture. À la fois concise et précise, qui sait en dire beaucoup sans en dire trop.

Oui, assurément un beau roman, une belle histoire.

Les contemplées : Pauline Hillier

Titre : Les contemplées

Auteur : Pauline Hillier
Édition : La manufacture de livres (09/02/2023)

Résumé :
À l’issue d’une manifestation à Tunis, une jeune Française est arrêtée et conduite à La Manouba, la prison pour femmes. Entre ces murs, c’est un nouvel ordre du monde qu’elle découvre, des règles qui lui sont dictées dans une langue qu’elle ne comprend pas.

Au sein du Pavillon D, cellule qu’elle partage avec vingt-huit codétenues, elle n’a pu garder avec elle qu’un livre, « Les Contemplations » de Victor Hugo. Des poèmes pour se rattacher à quelque chose, une fenêtre pour s’enfuir.

Mais bientôt, dans les marges de ce livre, la jeune femme commence à écrire une autre histoire. Celle des tueuses, des voleuses, des victimes d’erreurs judiciaires qui partagent son quotidien, lui offrent leurs regards, leurs sourires et lui apprennent à rester digne quoi qu’il arrive.

Critique :
♫ Les portes du pénitencier, sur elle, se sont refermées ♪ Et c’est là que certaines finiront leur vie ♪ Comme d’autres femmes l’ont finies… ♫

De la ville de Tunis, personne n’a envie d’aller faire un tour à La Manouba, la prison pour femmes, où il ne fait pas bon y être emprisonnée.

Dans les prisons, il y a des règles à respecter, propres à l’établissement et lorsqu’on est bleue, on ne les connait absolument pas, ce qui peut entraîner bien des problèmes. Heureusement, notre jeune française, emprisonnée pour avoir manifesté, aura la chance de se faire enfermer dans le pavillon D.

Oui, de la chance ! Non pas que ce soit le Club Med, mais comparé à d’autres pavillons, celui-ci est un peu plus humain que d’autres, moins violents et notre jeune femme fera des rencontres décisives, qui lui ouvriront les yeux.

Oui, elle a eu de la chance de tomber sur des femmes pas trop méchantes, qui l’ont prises sous leurs ailes, qui lui ont expliqués les règles, qui l’ont aidées à s’en sortir, à survivre dans un univers carcéral qui n’est pas fait pour nous…

Là bas, une jeune fille a été condamnée à plusieurs années de prison pour tricherie au bac et on en croisera une autre, qui, en plus d’avoir été violée, aura droit à l’ignominie rajoutée à l’ignominie : ou comment tripler la peine d’une victime, tout en blanchissant l’homme coupable de l’acte (et tous les autres). Terrifiant !

Sans jamais sombrer dans le pathos, l’autrice nous raconte ce qu’elle a vécu dans cette prison tunisienne, les multiples humiliations, l’enfer des transports et les règles bien souvent idiotes et illogiques : pour te doucher, tu gardes ta culotte, parce que la techa d’une femme, c’est sale (les gardiennes sont pourtant des femmes), mais ces mêmes gardiennes ne se priveront pas de vous fouiller l’anus et le vagin… Juste pour le plaisir de vous humilier.

Une fois de plus, voilà un récit qui m’a pété à la gueule et qui m’a tordu doucement les tripes, car comme l’autrice, j’ai moi aussi, pris une leçon d’humanité. Qui aurait cru cela possible, avec des femmes incarcérées pour meurtres ou pour d’autres motifs ?

Bien qu’entre nous, j’accorderais bien une médaille à celle qui tua son mari (et son père et ses frères), vu ce qu’elle avait endurée.

Dans ce roman coup de poing, dans cette autobiographie, il n’y a pas que l’autrice, qui est l’héroïne, mais aussi toutes ces femmes enfermées avec elles, ces parias, ces femmes qui ne sentiront plus le soleil réchauffer leur peau, qui continueront de subir leur incarcération, sachant qu’une fois sortie, rien de bon ne les attendra dehors.

Sans jamais les juger (bien qu’au départ, elle le fasse), l’autrice apprendra à les connaître, à les écouter se confier, parlant de leurs fautes, de leurs crimes, de leurs erreurs, le tout avec beaucoup d’humanité aussi, balançant aux orties ses préjugés moraux.

Être une femme, dans certains pays, c’est plus qu’une épreuve, plus que marcher sur une corde raide, plus qu’une punition, plus qu’un risque de tous les jours, de toutes les heures. Dans certains pays, les hommes ont TOUS les droits, les femmes n’en ont aucun.

Dans ces société patriarcales, hautement religieuses, les êtres humains font rarement preuve de mansuétude, de pardon, de gentillesse et les femmes trinquent deux fois : victimes de la violence des hommes (ou de la société) et ensuite, victimes de la violence des autres femmes (gardiennes, belle-mère, mère,….).

Un magnifique roman qui met en avant la sororité, l’humanité, la solidarité, dans un lieu où il est si facile de la perdre.

Un roman magistral et un coup de coeur !