Titre : Wiggins et la nuit de l’éclipse
Auteur : Béatrice Nicodème
Édition : Gulf Stream Courants noirs (2012) / Livre de Poche Jeunesse (2014)
Résumé :
Angleterre, 1894. Trois années ont passé depuis que Sherlock Holmes a disparu dans les chutes de Reichenbach après une lutte sans merci contre l’infâme Moriarty.
Inconsolable, Wiggins est plus que jamais déterminé à se montrer digne du grand détective.
Lorsqu’il est appelé au collège de Midhurst pour veiller sur le jeune Lowell Summerfield dont le père, un juge connu et redouté, a reçu des lettres de menaces, il voit là l’occasion de gagner enfin ses galons de détective-consultant.
À Midhurst, il découvre un monde surprenant qui vit replié sur lui-même. Derrière la façade austère, les règles strictes et le code de l’honneur, la violence rôde.
La nuit, de mystérieuses réunions se tiennent dans la chapelle, et il arrive que des pas résonnent dans le grenier.
Les grands, chargés de faire respecter la discipline par les plus jeunes, ont parfois une conception bien curieuse de l’autorité, et même les professeurs semblent avoir leurs petits secrets.
Critique :
Wiggins enquête à Poudlard !
Engagé pour empêcher qu’il n’arrive quelque chose de fâcheux à un étudiant de la maison des Têtes de Lard, notre Wiggins aura fort à faire parmi tous ces étudiants formant la future élite de l’Angleterre.
Hein ? Comment ça c’est pas à Poudlard mais au collège de Midhurst qu’il enquête ??
M’enfin, on a des maisons aux couleurs différentes, des préfets et des professeurs qui sont directeurs de leurs maisons ?
Mince alors, J.K Rowling n’a rien inventé mais tout copié sur les collèges horribles de l’Angleterre victorienne ! mdr
J’ai toujours eu un faible pour la saga des enquêtes de Wiggins dont j’avais commencé à lire le premier en 1996 et ce dernier qui manquait à ma collection, je l’ai enfin déniché chez un dealer de livres de seconde main.
Une chose que j’apprécie surtout c’est que l’auteur, contrairement à Conan Doyle, nous explicite vraiment bien les conditions de vie de l’East End et qu’elle ne se contente pas de développer une enquête sans parler des mœurs de l’époque, avec plus de détails que le Maître ne l’a fait.
Wiggins est un excellent témoin puisqu’il a vécu dans les rues de Whitechapel et il l’est encore plus au milieu de ce collège, parmi des gosses de riches dont il compare les faits et gestes avec ceux des gamins de rues.
Un gamin reste un gamin et nous sommes loin des chères têtes blondes car dans les collèges anglais, il règne du harcèlement, du racisme, des brimades, des mises à l’écart et l’omerta y est encore plus forte que dans la mafia. Ici, gare aussi à celui qui dénonce un autre élève.
Et c’est violent, si on se donne la peine de s’arrêter 5 minutes et d’y réfléchir. Même si l’auteur reste sobre, on sent que la-dessous, ce n’est guère brillant et que entre les cailleras et les gamins en cols blancs, les différences de comportement ne sont pas si grandes que cela. Rien de reluisant, croyez-moi.
Du côté des parents, rien de brillant non plus. Les enfants n’ont aucun droit, les pères sont distants, imbus d’eux-mêmes, n’écoutent pas leurs gamins et leur avenir à eux est déjà tout tracé… Oxford, Cambridge ou autre…
♫ Auteuil, Neuilly, Passy, c’est pas du gâteau ♪
Deux enquêtes pour le prix d’une, des petits mystères qui viennent se greffer aux menaces reçues par le père d’un élève, un Wiggins qui pleure toujours la disparition de Holmes dans les chutes, des professeurs qui sont louches, mais aux noms évocateurs pour tout holmésiens (Baring-Gould et Bell), des élèves louches aussi, des pans peu reluisant de l’Angleterre, du suspense, des émotions amoureuses et des morts.
Un cocktail que l’on sirote bien au chaud sous un plaid, une tasse de thé fumante à ses côtés et l’impression que ce dernier tome est plus mature que ces prédécesseurs, l’âge de Wiggins y étant sans doute pour quelque chose.
Mon regret ? Que ce tome soit le dernier de la saga car c’était une série bien faite, autant pour les jeunes que pour les moins jeunes, car si l’auteure n’utilise pas des phrases alambiquées, elle n’écrit pas non plus de manière plate mais avec un subtil équilibre entre les deux : rien de complexe mais rien de prémâché non plus.
Une très bonne saga dont le dernier tome clôt le tout à la manière d’une cerise sur un gâteau, la dernière friandise avant la diète. Ma friandise à moi sera pour le fait que j’avais repéré une chose que Wiggins n’avait pas vue, mais il y avait délit d’initié de mon côté puisque je sais tout de la mort de Sherlock Holmes au chutes de Reichenbach et lui ne savait encore rien.
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