Oscar Wilde et les crimes du Vatican : Gyles Brandreth [Saga Oscar Wilde 5]

oscar wilde et les crimes du vatican

Titre : Oscar Wilde et les crimes du Vatican

Auteur : Gyles Brandreth
Édition : 10-18 (2012)

Résumé :
« En 1892, Arthur Conan Doyle, épuisé d’avoir crée son personnage Sherlock Homes, se retire au spa de Bad Homburg, en Allemagne.

Mais sa cure de repos ne se déroule pas comme prévue. La première personne qu’il voit est Oscar Wilde et quand les deux amis font une série de découvertes macabres parmi le courrier des lecteurs auquel Conan Doyle avait prévu de répondre, (un doigt sectionné, une mèche de cheveux et même une main), ils sentent que le jeu ne fait que commencer.

La piste les mène à Rome, au cœur de la cité éternelle, au Vatican. Le Pape Pie IX vient de mourir. Les temps sont incertains.

Pour résoudre le mystère et comprendre pourquoi l’inventeur de Sherlock Homes a été convoqué de la sorte, Oscar et Conan Doyle s’introduisent dans le cercle le plus privé de l’Eglise Catholique, où les sept hommes religieux les plus influents du monde, ont beaucoup à perdre.

Gyles Brandreth est un brillant touche-à-tout à l’excentricité So british, à la fois journaliste, producteur de théâtre, homme d’affaires, acteur…

Inconditionnel d’Oscar Wilde, il a toujours vécu sous le signe du célèbre dandy. Grâce à sa connaissance profonde de l’œuvre et de la vie du poète, il a su restituer le génie du personnage, dont les enquêtes connaissent un franc succès dans le monde. »

sqlg160rome_piazza-san-pietro.400Critique : 
Mon vieil ami Oscar Wilde m’avait donné rendez-vous à Hombourg, une ville d’eau en Allemagne où nous avons, par chance, croisé le docteur Arthur Conan Doyle.

Vu qu’on avait rien à faire dans cette ville, vu que Oscar et moi étions épuisés de ne pas parler et vu qu’on venait d’envoyer une main et un doigt embaumé à Sherlock Holmes, nous mîmes le cap sur Rome avec Doyle pour résoudre cette affaire étrange.

Pourquoi Rome et la citée Vaticane ? Parce que les indices laissaient penser que c’était là qu’il fallait aller, nom de Dieu !

Autant certains tomes commençaient de suite avec une ou plusieurs morts suspectes, ici, les cadavres devront se faire attendre, sauf si la main droite et le doigt embaumés reçus par Holmes au 221b venaient d’assassinats tout frais.

Sherlock Holmes ? Oui, oui, Sherlock Holmes au 221b ! Non, je n’ai pas abusé de mojitos, oui il s’agit bien des aventures d’Oscar Wilde, mais Conan Doyle avait un accord avec la poste de Marylebone qui rassemblait toutes les lettres destinées à Holmes et la poste les transmettait à son éditeur qui faisait suivre à l’ami Arthur puisque la rue s’arrêtait au n°100.

— Non, regardez l’étiquette sur l’emballage. Elle a été adressée à Holmes, 221b, Baker Street, Londres. Évidemment, cela n’existe pas. La numérotation de Baker Street s’arrête à 100. Le bureau de poste du quartier de Marylebone a l’amabilité de rassembler les lettres et de les transmettre à mon éditeur.

Anybref ! Voilà donc Oscar Wilde et Arthur Conan Doyle qui débarquent au Vatican et dans une Rome sous le soleil, exactement.

Pour une fois, ce n’est pas Robert Sherard le narrateur, mais Conan Doyle himself et je vous avoue que ce fut du petit lait de suivre son récit, lui qui est déjà fatigué de son excentrique détective mais qui reconnaissait qu’il lui faisait trèèès bien gagner sa vie.

Certes, moins de cadavres dans cette affaire, d’ailleurs, originalité, on n’est même pas sûr que quelqu’un est mort, qu’il y a là-bas un crime impuni, mais une aura de mystère plane sur la cité et Oscar est bien décidé à faire toute la lumière.

« Fiat Lux » pourrait-il même dire à la fin.

Enquête inhabituelle, mais elle ne fut pas ennuyeuse pour autant car j’ai dévoré les 400 pages en deux seulement tant j’ai pris plaisir à suivre les déambulations de nos deux amis dans la ville éternelle, entrer dans la cité du Vatican, causer avec des cardinaux…

Une fois de plus, les talents de déductions et d’enquêteur d’Oscar Wilde vont se révéler judicieux, Conan Doyle étant là pour être son faire-valoir, ne sachant pas toujours où son ami veut venir, mais cela lui donnera des bonnes idées puisqu’il vient de doter Sherlock d’un frère, Mycroft, copié en partie sur Oscar.

C’est frais, c’est bourré d’humour et de petites répliques de Wilde qui font que votre journée est meilleure, plus ensoleillée, plus gaie. Tiens, il parle même à trois reprises de « Belette »…

— […] C’est de l’hermine ? Ça ressemble plus à un manchon de dame qu’à une étole pontificale.
— C’est une belette ! annonça Cesare Verdi avec un éclat de rire.

— Dans ce cas, fit mon ami, qui alluma une cigarette, puis souffla l’allumette, contentons-nous de supposer qu’il n’était intéressé que par une belette ou une hermine, comme Breakspear.

— Prenez cette histoire de goûter à toutes les espèces animales. Manger de la belette, de l’hermine et du porc-épic. C’est grotesque.

De plus, le roman est parsemé de références à l’univers holmésien et c’est le pied.

— Je ne l’ai pas « deviné », déclara Oscar, indigné. Je m’autorise de temps en temps un « élan d’imagination », mais jamais je ne « devine ». Comme vous le dirait Holmes, l’ami d’Arthur, élaborer une théorie avant d’avoir réuni les données est une erreur capitale. On se met insensiblement à tordre les faits pour les accorder à la théorie, au lieu de faire l’inverse.

— Ne supposez jamais, Éminence. Comme vous le dirait Sherlock Holmes : c’est une règle d’or.

— « Lorsqu’un fait semble contredire une longue série de déductions, c’est invariablement qu’il possède une autre interprétation. »

Pas de courses-poursuites, pas de suspense tendu comme une corde de violon ou de string, mais une bouffée d’air frais, un plaisir de lecture une fois de plus et mon seul regret est que je n’ai plus qu’un tome à lire dans cette série.

Oscar Wilde va me manquer ensuite, c’est sûr !

— Nous allons entendre une histoire de Sherlock Holmes, n’est-ce pas, Mr Wilde ? C’est ce qui nous a été promis.
— C’est par Sherlock Holmes que tout commence, précisa Oscar pour allécher son auditoire.

— « Que mes amis se partagent ma bibliothèque ! »

Étoile 3,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda.

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L’indien blanc : Craig Johnson [Walt Longmire 3]

Titre : L’indien blanc                                                                         big_4

Auteur : Craig Johnson
Édition : Gallmeister (2011)

Résumé :
Walt Longmire est le shérif du comté d’Absaroka depuis près d’un quart de siècle et n’a pas pour habitude de s’éloigner de ses terres familières du Wyoming.

Quand il décide d’accompagner son vieil ami Henry Standing Bear à Philadelphie, où vit sa fille Cady, il ne se doute pas que son séjour va prendre une tournure tragique.

Agressée pour une raison inconnue, Cady se retrouve dans un profond coma, première victime d’une longue liste, et Walt doit se lancer sur la piste d’un vaste réseau des trafiquants de drogue. Commence alors une longue errance urbaine sous la surveillance d’un mystérieux Indien blanc.

Petit Plus : Ce nouveau volet des aventures de Walt Longmire nous entraîne dans une course-poursuite haletante au cœur de la Cité de l’amour fraternel et confirme l’appartenance de ce shérif mélancolique à la famille des grands héros de roman policier.

Critique : 
QUOI ?? Comment cela se fait-il que l’on ne reste pas dans le comté d’Absaroka pour cet opus ?

Comment est-ce possible que cette enquête du shérif Walt Longmire ne se déroule pas dans le trou du cul du Wyoming, sous 50cm de neige ??

Et où c’est qu’il va, mon shérif préféré ? ♫ On the streets of Philadelphia ♪ Bon, d’accord, si c’est pour y retrouver Denzel Washington et Tom Hanks ou écouter The Boss Spingsteen chanter… Non ? Pour y rejoindre sa fille, Cady ? Je suis preneuse !

C’est toujours un plaisir pour moi de remettre mes bottes dans le Wyoming, plus particulièrement dans le comté régit par notre shérif Walt Longmire.

Imaginez combien je fus déstabilisée en apprenant qu’il allait sortir de son bled paumé pour rejoindre la ville de Philadelphie et que je ne passerais pas du temps avec la joyeuse bande habituelle de ses adjoints et flics de service.

Mais puisque le chien et Henry Standing Bear, son ami Cheyenne, étaient de la partie, j’ai tout de suite trouvé le voyage intéressant. Mais une fois arrivé à Philadelphie, rien ne s’est passé comme prévu. Bardaf, ce fut l’embardée…

On ne lit pas une enquête du shérif Walt Longmire pour sa vitesse d’action. Le lecteur en quête de thriller ou policier trépidant devra passer sa route… À ses risques et périls car il ratera par la même occasion un roman profond, des personnages humains, un shérif à 100 coups de fusil des flics borderline et alcoolo que l’on a tendance à trop croiser ces derniers temps.

Oui, on ouvre un roman avec Walt Longmire pour retrouver des amis, une famille, une bande de joyeux drilles de flics qui contrebalancent souvent les moments délicats par quelques vannes bien placées. Surtout le shérif.

Nous convînmes de nous rencontrer le lendemain, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, mais avant tout, à l’heure du petit déjeuner. Ils me dirent de garder le portable de Cady. Je leur demandai si j’avais droit à un insigne en plastique du PPD, mais ils me rappelèrent les restrictions budgétaires.

Mon ami Henry Standing Bear disait que la bibliothèque était l’endroit où les avocats allaient dormir pour deux cent cinquante dollars de l’heure environ.

Il faut dire que lorsque vous surnommez votre ami indien « La Nation Cheyenne », que votre adjointe Vic est surnommée par sa famille « La Sainte Terreur » ou « La terreur » tout court et qu’un autre de vos adjoints soit un Basque, ça laisse présager des moments comiques…

Quitter le comté d’Absaroka n’était pas une mauvaise idée, tout compte fait ! Arpenter les steets of Philadelphia fut un plaisir de fin gourmet car ils avaient emmené avec eux un petit morceau du Wyoming.

L’enquête prend son temps, sans trainer non plus, les cadavres se ramassent, telle les feuilles mortes, à la pelle et il faudra faire gaffe de ne pas se recevoir une balle mal placée.

Une enquête menée avec la hache de guerre déterrée mais sans pouvoir faire justice sois-même puisqu’on arrivera toujours, telle la Cavalerie, avec du retard.

De l’humour, une enquête, des moments émouvants, d’autres plus coquins, des balles qui vous frôlent et de la Blanche qu’il ne vaut mieux pas trafiquer.

L’auteur sait comment mélanger tous les ingrédients qui font un bon polar, et il le fait au shaker et pas à la cuillère. J’adore le déguster affalée dans le divan et me laisser porter par son écriture qui ne renie jamais les bons mots ou les pensées philosophique.

Nous nous trouvions dans un endroit qui ressemblait aux réserves indiennes là-bas, chez moi, un endroit où les rêves mourraient sans avoir eu le temps de naître, un endroit pour les vivants et plus probablement pour les morts.

— Nous appelons ça le débourrage forcé. Là, d’où je viens, quand on a un cheval qui a trop de caractère, on l’attache tout simplement à une mule pour la nuit. Quand on revient le lendemain matin, on a un cheval différent.
Elle m’observa.
— J’imagine que c’est toujours la mule qui gagne ?
— Oui presque toujours.

Toujours un plaisir de retrouver la fine équipe de Walt Longmire et de suivre leurs enquêtes, même si celle-ci comportait des tas de poulets philadelphiens.

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016) et « Le Mois Américain » chez Titine.

CHALLENGE - Thrillers Polars 2015-2016 CHALLENGE - Mois Américain Septembre 2014

Dust : Sonja Delzongle

Titre : Dust                                                                                       big_2

Auteur : Sonja Delzongle
Édition : Denoël (2015)

Résumé :
Quelque part en Afrique, la mort rôde…
2010. Dans un terrain vague de Nairobi, un gamin à vélo s’amuse à rouler dans une grande flaque sur le sable ocre. Du sang humain, répandu en forme de croix. Sans le savoir, le garçon vient de détruire une scène de crime, la première d’une longue série.

2012, à Nairobi. Une femme albinos est décapitée à la machette en pleine rue. Le tueur a emporté la tête, un bras aussi. Elle a été massacrée, comme beaucoup de ses semblables, parce que ses organes et son corps valent une vraie fortune sur le marché des talismans.

Appelée en renfort par le chef de la police kenyane, Hanah Baxter, profileuse de renom, va s’emparer des deux enquêtes.

Hanah connaît bien le Kenya, ce pays où l’envers du décor est violent, brûlant, déchiré entre ultramodernité et superstitions.

Mais elle ne s’attend pas à ce qu’elle va découvrir ici. Les croix de sang et les massacres d’albinos vont l’emmener très loin dans les profondeurs du mal.

Kenya-Migration-Photo-10-sunsetCritique : 
N’allez pas croire, suite à mes deux critiques, que je participe à un challenge « Mois Africain » en juillet parce que hier j’étais au Mali (Black Cocaïne) et que aujourd’hui je suis allée au Kenya. C’est le hasard des lectures qui a fait que je suis restée sur le continent africain.

Le résumé du livre était emballant, le début de la lecture aussi, même si un petit je-ne-sais-quoi m’empêchais de profiter pleinement de ma lecture.

Ah oui, j’ai compris assez vite ! La cause en était le style d’écriture qui avait tendance, parfois, à friser le niveau enfantin ou pré-ado, comme si, à certains moments, l’auteur avait confié l’écriture de certains passages à sa p’tite nièce.

Baxter se retrouva devant lui comme au pied d’un arbre. Il lui sembla immense. Il avait dû être un baobab dans une vie antérieure. [C’est pour rire, là ??]

Hanah sentit ses mains frémir comme les feuilles d’un arbre prises d’un léger tremblement sous l’effet d’une brise. [Pitié !!]

Et tout le problème du roman s’est trouvé là, pour moi : la manière dont certaines événements ou problèmes liés au pays (le Kenya pour ceux qui ont loupé le train) sont décrits, leur fait perdre toute leur puissance, toute leur émotion, toute leur portée horrible.

L’Afrique était à l’image de l’ensemble de lin froissé de James Right. Une matière noble, salie et ravagée à force d’usure et d’exploitation. [Ça c’est beau !]

De plus, la surenchère de faits horribles annihile l’abomination perpétrée. Sincèrement, j’ai lu des témoignages de personnes qui avaient été témoins d’actes abominables durant la Seconde Guerre Mondiale, et sans en rajouter, leur récit me hérissait les poils des bras et me donnait envie de vomir.

Ici, il n’en fut rien… c’est abominable ce qu’un personnage a fait endurer à ses semblables, mais la description de l’auteur fout tout en l’air et si elle avait décrit un enfant éventré dans le but de transformer ses boyaux en guirlande de Noël, j’aurais sans doute pensé « Cool, une guirlande », tant la chose est mal exprimée, mal écrite.

Aucun atomes crochus avec Hanah Baxter, la profileuse d’origine française qui vit à New-York et qui se déplace au Kenya pour traquer un tueur en série. Autant elle est forte pour certaines choses, autant elle est chochotte pour d’autres. Manque de crédibilité dans le personnage.

La profileuse pouvait endurer beaucoup de choses, mais ne pas pouvoir se laver ne serait-ce qu’un jour entier relevait de la torture. Il lui fallait n’importe quoi, un robinet, une source, une rivière, un point d’eau quelconque, pourvu qu’elle puisse s’y rafraîchir. [Chochotte !]

« Hanah, ton principal défaut est d’être trop sur la défensive. Ça te rend beaucoup moins crédible ». Ces mots de Vifkin lui revinrent. [Je suis entièrement d’accord avec lui ! Hannah manque aussi de crédibilité !]

J’ai même failli tomber de ma chaise lors de l’épisode avec Invictus (les lecteurs sauront de quoi je parle).

Je passerai sur les moments « guimauviens » (néologisme offert) qui sont à pleurer devant tant de platitudes et plus dignes d’un « Fifty shades », d’un « Twilight » ou d’un Harlequin que d’un tel roman.

Hanah crut littéralement tomber dans l’onde verte qui l’aspirait. Les yeux dans les yeux, leurs bassins soudés ondulaient… [Purée, on est où, là ?? L’onde verte étant les yeux de l’autre]

L’intérieur était doux à pleurer. Du velours… Des larmes roulèrent malgré Hanah de ses paupières closes. Des larmes de plaisir et d’émotion confuse. [Achevez-moi, en lisant ça, j’ai soupiré devant tant de niaiseries. Je ne savais pas que certains vagins étaient rugueux à l’intérieur, ou alors, coupant, peut-être ?? Oui, l’intérieur qui est doux à pleurer, c’est le vagin de sa partenaire… Je touche le fond !]

Leurs odeurs se correspondaient, leurs corps s’encastraient à la perfection. [Guimauve, niaiseries !]

Hanah avala un noyau de salive. Il eut du mal à passer. Cet aveu la bouleversait. Elle savait ce que la « première » pouvait provoquer.  [Je me suis suicidée, c’est bon !]

Tous ceux qui étaient passés par Hope Camp étaient des gens extraordinaires. [Bisounours ??]

Le suspense est en grande partie réduit à néant par un chapitre où le pauvre lecteur en apprend beaucoup trop sur le tueur en série, gâchant tout le plaisir.

Pire, avant même la moitié du livre, j’avais deviné le nom du coupable, la ficelle agitée par l’auteur étant trop grosse que pour ne pas s’en saisir. Chez Agatha Christie, je ne l’aurais pas saisie, car la Dame avait l’art de casser les codes du roman à énigme, mais ici, l’auteure en dévoile trop trop vite. Et les préliminaires, bordel ?? Et je confirme que j’avais vu juste !

J’ai ressenti, par moments, de l’émotion dans le récit, lorsque l’auteure explique la chasse à laquelle sont soumis les albinos, de l’émotion aussi lorsque l’auteure décrit les extrémités auxquelles certains enfants devaient se livrer, afin de survivre et de sauver leurs frères et sœurs de la misère…

Dans de nombreux pays d’Afrique, dont le Kenya, l’albinos est considéré comme un être aux pouvoirs surnaturels ou, parfois, comme une créature maléfique. Les sorciers diffusaient ces croyances auprès de la population en promettant longue vie, richesse et pouvoir à qui consommerait des poudres et des substrats obtenus à partir des membres, des organes ou des cheveux d’albinos, qui se vendaient à prix d’or. Face à ce marché juteux, la chasse aux albinos se répandit en Afrique avant les années 2000, prenant au fil du temps un essor inquiétant.

Et puis, patatras, toute l’émotion retombait comme un soufflé (ou autre chose, pour les plus coquins) à cause du style d’écriture qui était plat et sans âme.

Autre truc… durant tout le roman, elle se fait regarder de travers par le flic d’origine mexicaine, il la déteste, il se moque de ses méthodes de travail et puis, là, tout à coup, après les huit dixième du roman, soudain, il commence à l’apprécier, à lui parler, boum, sont quasi copains ! Non, revirement trop rapide.

Quant aux méchants, j’éviterai de vous parler de ces revirements de situations qui font que personne ne joue au Grouchy arrivant sur le champ de bataille de Waterloo – morne plaine – quand tout est terminé. Non, ici, tout le monde a du sang de Zorro !

Ce roman manque de profondeur, d’émotion et la surenchère de « gore » détruit les émotions qu’il aurait dû faire naître en moi.

Avec un sujet aussi important au menu, dans un décor rempli de misère, c’est malheureux d’avoir fait un roman aussi foireux.

De bons ingrédients, un chaudron qui ne demande qu’à bouillir, pour arriver à un résultat tel que ce que je viens de lire, c’est donner des perles aux cochons ! Et j’en suis la première peinée que le beau côtoie le médiocre.

Ainsi équipée, les épaules mates et luisantes au soleil, le visage en feu, le maillot moulé sur une poitrine ferme et les muscles tendus, Hanah avait tout d’une guerrière. Une amazone armée d’un fusil-mitrailleur à la place d’un arc. [Vous étonnez pas que je l’aime pas, la Hanah !]

BILAN - Minion M'attendais à mieux

 Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015).

CHALLENGE - Thrillers polars 2014-2015 (1)

Bilan Livresque Mensuel : Juin 2015

BILAN - Minons Groupe bravo - OKEt alors, quoi de neuf en juin ?? Le Mois Anglais, of course ! Mois intense qui m’a permis de sortir quelques romans de ma PAL.

Pas moins de 15 romans lus durant ce mois, ce qui fait que je pulvérise mon score de cette année (difficile de faire mieux), mais pas encore un ancien record qui avait été de 16 ouvrages.

En tout, en comptait les mangas et les ouvrages, j’ai 23 lectures.

Bryanston Mews de Anne Perry (ICI) portait sur le mois de mai, mais posté pour juin et le début du mois anglais. Ayant été comptabilisé dans le Bilan Livresque de Mai, il ne compte pas pour celui de Juin (mais entre dans le Bilan du Mois Anglais… vous suivez ??).

Un petit manga pour débuter le mois Anglais et la suite du match de criquet ainsi que de l’enquête de Ciel et de Sebastian : Black Butler – Tome 17 de Yana Toboso (ICI).  Toujours une plaisir de les retrouver. La conclusion de leur affaire ainsi que le début de la suivante sera pour Black Butler – Tome 18 de Yana Toboso (ICI).

Mon autre vice étant Jack The Ripper, il était normal que je le sorte de ses ruelles sombres afin de le faire participer au Mois Anglais ! C’est chose faire avec ce roman américain qui nous raconte le plus anglais des serial-killer dans  La nuit de l’Éventreur de Robert Bloch (ICI).

Du demi-teinte avec le pourtant très attendu Am Stram Gram de M. J. Arlidge (ICI). Un coupable qu’on sort d’un chapeau, moi, je suis contre !

Enquêtes de Sherlock Holmes de Komusubi Haruka (ICI) est un autre manga qui se laisse découvrir… Ses points faibles étant certains dessins de profil et le fait que, malgré son titre « Les classiques en manga », l’histoire s’éloigne assez fort du récit canonique !

Sherlock Holmes – Volume 1 de Ishinamari et Ishikawa (ICI) est aussi un manga, mais un gros volume et j’ai plus apprécié les dessins et le récit que dans le précédent. Les auteurs s’éloignent moins des récits de Conan Doyle et ce fut un plaisir de le lire.

Petite plongée encore plus loin dans le temps puisque nous allons en 1780, enquêter avec un médecin légiste. Meurtre à Oxford de Tessa Harris (ICI) fut une belle surprise.

Les tragédies du ghetto de Zangwill (ICI) ne m’ont pas emballées du tout… Impression que le 4ème de couverture était erroné ou qu’il concernait une autre édition.

Les énigmes de Sherlock Holmes par le Dr John Watson (ICI) furent une cruelle déception aussi. Le design de l’ouvrage est superbe, les illustrations aussi, mais les énigmes ont plus de la science que des énigmes policières.

Un autre ouvrage sur mon vice premier, ouvrage que j’avais déjà lu il y a quelques années mais sans prendre la peine d’en faire une fiche. C’est chose faite pour Sherlock Holmes – De Baker Street au grand écran de Natacha Levet (ICI) qui est un livre pour tout les holmésiens ou tout ceux qui voudraient en savoir plus sur le locataire du 221b.

Yvan dira que je suis monomaniaque, mais dans un Mois Anglais sans les ruelles sordides de  Whitechapel en 1888, c’est pas un mois Anglais ! Le roman de Sarah Pinborough (ICI) ne s’attarde que très peu sur Jack mais met sous les projecteurs un autre tueur qui a sévit en même temps que l’autre : le tueur au torse.

Une belle découverte faite avec ce personnage majeur, mais non présent physiquement qu’est Rebecca. Daphné du Maurier (ICI) a réussi le pari de nous faire aimer un personnage sans nom et de nous donner envie de nous promener dans le parc de Manderley…

Puisque j’avais bien aimé Daphné du Maurier et le film d’Hitchcock, autant se faire plaisir en découvrant Les oiseaux en version papier (ICI). Plus huis-clos que le film, plus court aussi et une fin qui laisse tout ouvert.

Pour une fois qu’un dico sur Holmes ne me déçoit pas, ça mérite d’être souligné ! Le dico Sherlock Holmes de Baudou / Gayot (ICI) convient plus aux holmésiens mais ne déplairait pas aux non-initiés qui voudraient en savoir un peu plus.

Depuis le temps que je me disais que je devais lire le premier tome que Michaël Mention à consacré au tueur du Yorkshire ! Après avoir lu la suite, il me tardait de commencer par le début, Sale temps pour le pays (ICI), et je ne regrette qu’une chose, c’est d’avoir autant trainé.

Grosse déception pour Sherlock Holmes – Détective consultant de Bastardi-Daumont (ICI) qui n’a pas répondu à mes attentes au vu de ses fautes multiples. Pourtant, c’est un bien bel ouvrage, mais je le déconseille à ceux qui voudraient apprendre des choses sur Holmes, il retiendrait des dates erronées ou des noms mal orthographiés.

La LC du mois avec Stelphique fut vite trouvée : nous possédions toutes deux le roman qui sentait le souffre Jack l’Éventreur, affaire classée de Patricia Cornwell (ICI). En vue d’un démontage en règle, nous l’avons lu, nous nous sommes accrochées toutes les deux et tant bien que mal, nous sommes arrivées au bout du roman et ensuite… On l’a cassé !!!

Quelque chose de pourri au royaume d’Angleterre de Robin Cook (ICI) ne pas du tout emballé. Cette dystopie a un départ fort lent, des personnages auxquels on ne s’attache pas du tout, bref, moi qui aime cet auteur, sur ce roman là, on ne sera pas copains.

La dernière victime de Emmanuel Ménard (ICI) était dans mon tas à lire pour le mois, mais je ne savais si je le sélectionnerais ou pas. J’avais envie d’un truc court et comme je n’avais pas encore ma dose de Jack The Ripper, j’ai ouvert ce court roman qui m’a bien régalé !

1974 de Davis Peace (ICI) fut aussi une déception ! Le premier tome du Red Riding Quartet ne m’a pas plu : phrases trop courtes, langage simpliste, personnage principal à flinguer.

Le film devrait sortir bientôt, mais j’ai eu envie de découvrir le livre avant : Les abeilles de Monsieur Holmes de Mitch Cullin (ICI) s’attaque à truc assez fort et un peu tabou chez bon nombre d’holmésiens : la vieillesse de Holmes. Pas celle de 60-70 ans, mais celle de plus de 90 ans, avec des trous de mémoires…

Lundi mélancolie de Nicci French (ICI) trainait lui aussi sur mes étagères et le Mois Anglais tombait on ne peut mieux ! Ce n’était pas une découverte, ayant déjà lu ce duo d’auteurs, mais je découvrais cette nouvelle série avec Frieda et j’ai bien aimé.

On met les bouchées doubles et sur le fil, j’ai réussi à lire L’inconnue de Blackheath (ICI) de Anne Perry, son avant-dernier, celui des LC avec la troupe à Bianca. Plus policier que politique, néanmoins, j’ai apprécié, surtout la grande nouvelle que l’auteur nous a réservée.

Bilan Livresque Juin 2015 : 23 ouvrages lus -> 4 mangas, 15 romans et 4 ouvrages dédiés à mon vice (Sherlock Holmes, pour ceux qui débarqueraient).

  1. Black Butler – Tome 17 : Yana Toboso
  2. Bryanston Mews : Anne Perry (débuté le 29 mai – compte pas)
  3. La nuit de l’Éventreur : Robert Bloch
  4. Black Butler – Tome 18 : Yana Toboso
  5. Am Stram Gram : M. J. Arlidge
  6. Enquêtes de Sherlock Holmes : Komusubi Haruka
  7. Sherlock HolmesVolume 1 : Ishinamari / Ishikawa
  8. Meurtre à Oxford : Tessa Harris
  9. Les tragédies du ghetto : Zangwill
  10. Les énigmes de Sherlock Holmes : Dr John Watson
  11. Sherlock Holmes – De Baker Street au grand écran : Natacha Levet
  12. Whitechapel : Sarah Pinborough
  13. Rebecca : Daphné du Maurier
  14. Les oiseaux : Daphné du Maurier
  15. Le dico Sherlock Holmes : Baudou / Gayot
  16. Sale temps pour le pays : Michaël Mention
  17. Sherlock Holmes – Détective consultant : Bastardi-Daumont
  18. Jack l’Éventreur, affaire classée : Patricia Cornwell
  19. Quelque chose de pourri au royaume d’Angleterre : Cook (II)
  20. La dernière victime : Emmanuel Ménard
  21. 1974 : Davis Peace
  22. Les abeilles de Monsieur Holmes : Mitch Cullin
  23. Lundi mélancolie : Nicci French
  24. L’Inconnue de Blackheath : Anne Perry

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Black Cocaïne : Laurent Guillaume

Titre : Black Cocaïne                                                                    big_4

Auteur : Laurent Guillaume
Édition : Denoël (2013)

Résumé :
« Au Mali, tout est possible et rien n’est certain », ainsi parle Solo, ce Franco-Malien recherché par la police française qui a laissé derrière lui un passé obscur pour recommencer une nouvelle vie sur le continent noir.

Ancien des stups respecté de la profession, Solo est devenu à Bamako un détective privé populaire. Même si les souvenirs douloureux le hantent souvent, Solo les noie avec application dans l’alcool.

Jusqu’au jour où une belle avocate française l’engage pour faire libérer sa sœur arrêtée à l’aéroport avec de la cocaïne. Un dossier en apparence simple pour Solo, mais cette banale histoire de mule va prendre une tournure inquiétante.

Ses vieux démons réveillés, l’ex-flic se lance dans cette affaire dangereuse, entre tradition et corruption, avec la détermination de celui qui n’a rien à perdre.

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Critique : 
Bamako, la capitale du Mali, me faisais toujours penser à l’horrible chanson d’Amadou et Mariam qui m’avait cassé les oreilles un été, sur une chaine française… « Le dimanche, à Bamako, c’est le jour des mariages ». Une horreur.

Maintenant, lorsqu’on me parlera de Bamako, je penserai à Souleymane Camara, dit Solo, ancien flic de la brigade des Stups française, en exil dans ce pays qui ne pratique pas l’extradition de ses ressortissants.

Ce qu’il a fait à Lyon et qui a nécessité une fuite aussi loin, nous le saurons dès le prologue, ensuite, il nous faudra juste additionner un plus un pour comprendre la débauche de violence du début.

Solo, ça rigole pas comme mec, surtout quand on lui prend ce qu’il a de plus cher au monde. Là, il devient un vrai fauve.

Malien de par son père, français de par sa mère, métis donc, il a toujours l’impression d’être assis le cul entre deux chaises : en France, il était le Black de service, au Mali, il est le Blanc. Cherchez pas docteur…

Solo a fait son trou au Mali, est devenu détective privé, comme Sherlock Holmes… À la différence que le Consulting Detective anglais ne prenait une solution à 7% de cocaïne uniquement lorsque son cerveau n’avait pas d’énigmes à se mettre sous les petites cellules grises !

Notre détective franco-malien, lui, il carbure à l’alcool, aux rails de coke et autres pilules magiques telles les Benzodiazépines.

Vu ainsi, le personnage aurait pu être abject, l’auteur aurait pu en faire trop, mais il a su doser le cocktail de la personnalité de Solo pour en faire un personnage attachant, drôle, qui ne lâche rien dès que l’on touche aux siens.

L’affaire dont une cliente l’avait chargé semble banale, à priori : payer un magistrat pour faire sortir une mule à la demande de sa sœur (la cliente).

Mais cette affaire banale est comme un peu comme un chèche, on a le commencement, mais on ne sait pas à quel moment on atteindra le bout, après avoir déroulé des mètres de tissus.

L’écriture passe toute seule, elle coule comme l’eau dans votre gorge assoiffée d’aventures et l’histoire prendra une tournure inattendue, le tout devenant vite périlleux.

La plume est sans gants, plongeant dans des mots crus, pimentant le tout avec quelques scènes de sexe et diluant l’encre dans du sang.

Elle défit ma braguette et descendit mon pantalon. Elle eut un petit soupir d’aise lorsqu’elle réalisa combien je bandais. Elle s’empara de ma bite sans douceur, la dégageant de mon caleçon pour mieux l’engloutir. Elle me suça avec délectation, jouissant de son pouvoir sur moi. Je m’arrachai à sa bouche, pour ne pas jouir là comme un con, le pantalon en bas des pieds, à sa merci.

Dans un pays où tout est à vendre et où tout s’achète (suffit d’y mettre le prix), il n’est pas facile de remonter le flux de l’affaire afin d’arriver au commanditaire.

Drôle, mais sans concession, la verve de l’auteur vous plongera la gueule la première dans un pays gangrénés par les trafics et la corruption.

— Vous ne les avez pas tués, dit-elle en guise d’introduction.
— En fait assassiner une bande de narcos armés jusqu’aux dents est plus compliqué qu’il n’y paraît.

Le portrait du Mali est cash, brut de décoffrage, violent, mais on sent que là-dessous, l’auteur connait le pays et l’aime bien, malgré ses lourds défauts.

L’histoire ne perdra pas de temps en salamalecs inutiles, on rentre direct dedans, on fonce dans le tas, on prend des coups, on les rend, on enquête, on fouille, on défouraille et on en sortira groggy, secoué, éprouvé après cette putain de bonne lecture !

♫ Cette semaine, à Bamako, c’était les journées vendetta ♪

Un roman lu en une journée… J’étais encore un peu dans mon trip « Mois Anglais », oubliant que la vitesse de lecture n’était plus importante.

Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015).

CHALLENGE - Thrillers polars 2014-2015 (1)

L’Inconnue de Blackheath : Anne Perry [Charlotte et Thomas Pitt 29]

Titre : L’Inconnue de Blackheath                                         big_3-5

Auteur : Anne Perry
Édition : 10/18 (2014)

Résumé :
En 1897, alors que la Grande-Bretagne est lancée dans une course à l’armement, l’inspecteur Pitt doit trouver celui qui a sauvagement tué puis défiguré une jeune femme ressemblant fort à la servante du haut fonctionnaire Dudley Kynaston.

Derrière ce meurtre sanglant, chercherait-on à atteindre cet expert du gouvernement détenteur de nombreux secrets sur la stratégie navale britannique ?

Tandis que d’autres meurtres surviennent, Pitt aura besoin de tout le secours de Charlotte et de sa sœur Emily, dont le mari vient d’obtenir un siège de député au Parlement.

Critique : 
Une femme de chambre qui s’enfuit dans la nuit noire et obscure ne vaut pas la peine que l’on ouvre une procédure. Sans aucun doute était-ce pour une aventure qu’elle a fait le mur, la petite raclure.

Si ladite femme de chambre (ou bonne) est retrouvée morte deux semaines plus tard, le personnel aura le cafard, car un salopard aura fait tomber la petite dans un traquenard et le policier se fera flemmard.

Mais si le corps retrouvé est horriblement mutilé, défiguré et que son patron est haut placé, alors, va falloir s’activer ! D’une banalité, on passe à une tragédie compliquée.

— Une femme de chambre qui s’enfuit avec son amant c’est dérangeant, néanmoins cela n’a rien d’exceptionnel, reprit-elle. Je crois en avoir perdu au moins trois de cette manière, voire quatre, si j’y ajoute une fille de cuisine. En revanche, une femme battue à mort et laissée en pâture aux animaux dans un lieu public, voilà qui est à la fois grotesque et tragique.

— Dans cette affaire, le banal le dispute à la tragédie.

Dudley Kynaston, employeur de Kitty, la disparue retrouvée morte non loin de chez lui, est un haut fonctionnaire qui travaille pour la « britannique navale ».

Voilà une enquête épineuse pour Thomas Pitt car si on pose trop de questions, on éveille les soupçons chez les autres, sans parler des interrogatoires qui n’ont rien de ceux vu dans le roman « 1974 » où c’était à coup de seau de merde lancé à la tête du suspect.

Ici, faut mettre des gants et trouver les réponses aux questions « Qui ? Pourquoi ? Comment ? Quand ? Quoi ? Où ? ».

Va falloir prendre l’enquête par le bon bout, les amis ! Heureusement que Thomas Pitt peut compter sur Stocker, son assistant, sur Narraway, son ancien chef, sur Lady Vespasia, la grande-tante et un peu sur Charlotte, sa femme, bien qu’elle soit moins présente dans les enquêtes.

Je me suis régalée avec ce roman où tout n’est que mystère depuis la fuite de Kitty et depuis l’arrivée de deux cadavres de jeunes filles, mutilés, et déposées non loin de chez Kynaston. Mais pourquoi a-t-elle fui ? Mystèèèère…

Emily, la petite sœur de Charlotte, est plus présente dans ce tome et j’ai bien aimé de la voir évoluer vers la quarantaine, avec sa crise, ses angoisses, ses questions, sa peur de devenir transparente dans les soirées.

— Nous tenons la lumière pour acquise, jusqu’au moment où elle s’éteint. Vous êtes accoutumée à tourner le robinet pour avoir de l’eau. Vous avez oublié ce qu’il en est d’aller en chercher au puits.
Emily haussa les sourcils.

— Vous pensez que je me sentirais mieux en allant au puits ?
— Pas du tout. En revanche, si vous le faisiez plusieurs fois, tourner le robinet aurait certainement cet effet.

Dommage que les deux sœurs ne puissent plus aller sortir les vers hors du nez des vieilles rombières buveuse de thé.

Par contre, j’avais trouvé le coupable avant Pitt et son équipe (mais pas le mobile) et je ne comprends pas comment il leur a fallu autant de temps pour trouver le colonel Moutarde avec le chandelier dans la véranda !

Du mystère, des secrets, des trucs louches bien cachés et des corps qui font leur apparition pour dérouter tout le monde. Et les cadavres en déroutent, ça me rappelle une autre aventure !

Tout compte fait, l’habit de chef de la Special Branch sied à ravir à notre Thomas Pitt qui comprend petit à petit comment jongler avec les multiples rouages de l’espionnage et sait se comporter comme un parfait petit agent 007.

Ses triomphes étaient voués à demeurer secrets, tandis que ses échecs seraient désastreusement publics.

Je ne sais pas si c’est parce que ce tome est l’avant-dernier (pour le moment), mais j’ai trouvé que certains personnages se mettaient un peu plus à nu et cela m’a donné de l’émotion.

Il tendit la main par-dessus la nappe blanche et la posa sur la sienne, très doucement, mais avec trop de force pour qu’elle puisse se dégager.
— Croyiez-vous réellement que j’allais vous demander de le faire ? Je vous en prie, accordez-moi plus de sensibilité et plus d’affection à votre égard !

Cet épisode mettra aussi en avant l’exploration des « petits travers de la société victorienne » en abordant les naissances « avec ou sans » cuillère en or dans la bouche… Qui fait que selon votre rang, vous aurez accès, ou pas, à des postes importants, sans que l’on tienne compte de votre compétence.

— On ne peut pas confier un poste aussi important à quelqu’un en vertu de son seul nom.

Un bon moment de lecture remplit d’interrogations.

Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, d’une LC chez Bianca, le Challenge « Victorien » chez Camille et du Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda (dernière fiche).

Lundi mélancolie – Le jour où les enfants disparaissent : Nicci French

Titre : Lundi mélancolie – Le jour où les enfants disparaissent

Auteur : Nicci French                                                                         big_4
Édition : Pocket (2013)

Résumé :
En ce lundi brumeux à Londres, la photo de Matthew, 5 ans, fait la une de toutes les télévisions, de tous les journaux : l’enfant a disparu à la sortie de l’école quelques jours auparavant, sans laisser de traces.

Dans son cabinet, la psychanalyste Frieda Klein est témoin d’autres drames, ceux qui se jouent dans l’esprit de ses patients.

Comme Alan, cet homme très perturbé qui lui confie son rêve : il ne cesse de songer à un enfant, roux comme lui, qui serait son fils. Curieusement, cette description correspond trait pour trait au petit Matthew.

Frieda aurait-elle reçu sur son divan les confidences d’un kidnappeur d’enfant, d’un tueur peut-être ? Elle avertit le commissaire Karlsson en charge de l’affaire, mais il refuse de la prendre au sérieux…

Persuadée qu’elle doit découvrir la vérité et retrouver Matthew, Frieda va essayer de percer les pensées les plus intimes d’un psychopathe.

Pendant que près de là, dans les ténèbres, un petit garçon effrayé se demande si quelqu’un viendra jamais le délivrer de son cauchemar…

Critique : 
Frieda Klein n’a rien de l’image que l’on se fait d’un psychanalyste, c’est-à-dire un patient couché dans un divan et auquel le praticien veut faire avouer qu’il voulait coucher avec sa mère et tuer son père, ou le contraire.

Non, Frieda Klein n’a rien d’un Freud en jupons, elle est différente, elle est juste là pour aider ses patients et on aurait presque envie de prendre rendez-vous avec elle pour quelques séances.

— Le type que je suis censé soigner est complètement égocentrique. C’est ça, son véritable problème. Je veux dire, c’est grave, non ? Si je commence à trouver que mon tout premier patient est un vrai boulet.
— Vous n’êtes pas tenu de l’aimer. Vous devez juste lui venir en aide.
— Ce type, reprit Jack, rencontre des difficultés dans son couple. Mais il s’avère que lesdits problèmes ont surgi parce qu’il a envie de coucher avec une collègue de bureau. En gros, il a entrepris une thérapie dans le seul but que je lui concède que sa femme ne le comprend pas et qu’il serait en droit d’aller voir ailleurs. C’est comme s’il se mettait à l’épreuve pour être en mesure de s’autoriser à le faire sans ressentir de culpabilité.

Ami du trépidant, ne viens pas t’engager dans ce roman car il n’a rien d’un 24h/chrono où l’auteur indiquerait qu’il est 06h02 et que Frieda boit un café avant d’aller rejoindre Jack Bauer à 7h05.

Non, non, pas de course-poursuite, même si le final fait mon l’adrénaline (surtout, ami lecteur, si tu comprends certaines), mais plutôt un roman qui prend le temps de présenter les personnages et de planter le décor, sans pour autant vous donner l’impression de tourner en rond ni vous faire bailler.

Malgré l’utilisation de thèmes connus (enlèvements d’enfants, médias nécrophage et qui font dans la surenchère, personnage principal avec un lourd passé, enfance foutue en l’air, culte au disparu ou pour d’autres, la page qui est tournée, faire justice sois-même, une psy qui aide les flics dépassés), la soupe n’est pas indigeste car la manière de les aborder est telle que vous avalez le bouillon en vous délectant les babines.

Notre psychanalyste a ses petits problèmes – comme je le soulignais – mais je remercie les auteurs de ne pas en avoir fait trop, ce qui aurait ruiné le capital sympathie que j’ai ressenti pour elle.

Oui, elle boit un petit verre de temps en temps, mais sans abus notoire, oui elle a une vie sentimentale un peu merdique, mais elle ne la ramène pas non stop comme certaines autres héroïnes d’un autre roman.

Frieda, elle aime son job, mais elle aspire aussi à se retrouver chez elle, dans sa maison, cocon douillet qu’elle préserve jalousement.

Frieda ne s’arrêta pas avant d’avoir atteint sa maison, où elle ressentit le soulagement qu’elle éprouvait toujours une fois réfugiée, quand elle fermait la porte sur le monde extérieur, qu’elle respirait cette odeur de propreté et de sécurité. Dès l’instant où elle l’avait vue, trois ans auparavant, elle avait su qu’il la lui fallait absolument, même si elle n’était plus entretenue depuis des années et qu’elle faisait miteuse et mal située, coincée comme elle l’était en d’affreux box sur gauche et des HLM sur sa droite. A présent que les travaux avaient été faits, tout était à sa place.

Alors oui, elle a un passé lourd, des problèmes dont on en saura sans doute plus au prochain tome, mais pas de surenchères ni de lourdeur dans les actions de Frieda. Pas de surenchères non plus dans le glauque.

Bon, je devais être bien réveillée ou alors, l’abus de Sherlock Holmes en juin a-t-il aiguisé mon esprit parce que moi, je ne me suis pas laissée abuser comme certains personnages !

Frieda, mais où avais-tu donc la tête ?? Comment ne t’es tu pas rendue compte que [NO SPOILER] ?? Allez ma grande, tu n’es pourtant pas une imbécile, tu as même réussi là où Scotland Yard avait échoué.

Certes, nul n’est parfait ou infaillible (même pas Holmes) et une héroïne trop futée m’aurait énervée.

Un premier tome prometteur avec des personnages attachants au possible !

Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015) et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.

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Les abeilles de Monsieur Holmes : Mitch Cullin

Titre : Les abeilles de Monsieur Holmes                                big_4

Auteur : Mitch Cullin
Édition : Naïve (2007)

Résumé :
Sussex, 1947. Sherlock Holmes vit retiré d’un monde dont les mutations et le tapage absurde lui échappent de plus en plus. Seuls le préoccupent à présent ses abeilles, l’écriture et le déclin de sa mémoire.

Mais certains êtres cherchent encore auprès de lui des réponses essentielles sur la vie, l’amour ou les limites terriblement humaines de la raison, provoquant la résurgence d’émotions que Holmes avaient si longtemps enfouies, fissurant sa maîtrise légendaire…

Dans ce portrait subtil et doux-amer d’une figure mythique, réflexion sur l’absence du père, le temps qui passe et les barrières intérieures que l’on s’impose, Mitch Cullin mène l’enquête, entrelaçant trois histoires, trois temps de la vie de Holmes, et porte sur le personnage un éclairage inédit et émouvant.

Critique : 
Sherlock Holmes coule une retraite presque paisible dans une région où tous les hommes aimeraient aller : le Suce Sex !

Oh, pardon, j’ai mal compris, c’est le Sussex… Juste une question d’orthographe en somme.

C’est dans ce  petit coin des South Downs, au sud de l’Angleterre, qu’il élève des abeilles et vit dans le calme, loin du tumulte de Londres qui fut sa vie lorsqu’il était détective consultant.

Jouissant d’un joli point de vue sur la Manche, Holmes aurait tout pour être heureux s’il n’était pas aussi vieux !

93 ans… Mémoire qui flanche, il marche difficilement, a besoin de deux cannes, se réveille sans savoir où il est, trouve des objets dans ses poches dont il ne se souvient plus les y avoir mis… L’auteur nous a tout de même évité les fuites du robinet. Ouf.

Voici un portrait tout à fait inhabituel de Holmes, lui qui termina sa carrière « officielle », c’est-à-dire canonique, en 1914, à 60 ans, pour son dernier coup d’archet. Conan Doyle l’avait déjà zigouiller une fois dans les chutes, il nous a épargné des aventures avec un Holmes perclus d’arthrite et de rhumatismes.

Dans ce roman, nous avons trois « affaires » : Holmes vieux dans sa ferme qui se remémore deux choses : une affaire qu’il a eu à résoudre lorsqu’il avait la cinquantaine et son voyage qu’il vient de faire au Japon, visitant même Hiroshima après la bombe H.

J’avais hésité devant ce livre car voir Holmes vieux et défaillant, ça risquait de me faire mal au cœur.

Pour moi, Sherlock Holmes est comme les personnages de bédés qui ne vieillissent pas, ou alors lentement. Et le voir marcher à l’aide de deux cannes, avoir des absences fut un crève-cœur. Mais j’ai aimé ce roman.

L’unique problème vient que les trois affaires sont racontées de manière alternée mais ce, durant plusieurs chapitres, et lorsque la transition se fait entre deux histoires, on met un petit peu de temps à replonger dans le fil de l’histoire puisque l’on passe d’un vieillard à un homme dans la force de l’âge.

Le ton est agréable et non dénué d’humour, sans compter tous les clins d’œil qui parsèment le roman, comme de petites attentions pour le lecteur holmésien.

Puisque John revient occuper mes pensées, je voudrais en profiter pour évoquer ici un agacement récent. Il appert que certains dramaturges et auteurs de romans dits policiers ont récemment dressé un portrait injuste de mon ancien associé. Ces individus à la réputation douteuse dont le nom n’est pas digne d’être mentionné ici cherchent à le dépeindre sous les traits d’un balourd ou d’un sot. Rien ne pourrait être plus éloigné de la réalité.

J’ai eu le plaisir de passer ma jeunesse en compagnie d’un homme capable de flairer l’aventure dans les affaires les plus banales et qui tolérait, avec l’humour, la patience et la loyauté dont il était coutumier, les excentricités d’un ami souvent désagréable.
[Holmes en parlant de Watson]

— Eh non, répondit Holmes. Malheureusement, je n’ai jamais porté la casquette avec laquelle on me représentait toujours, ni d’ailleurs fumé la pipe. Pures inventions d’illustrateur décidé à me doter d’accessoires distinctifs afin de mieux vendre les magazines où paraissaient mes aventures. Je n’ai pas eu mon mot à dire.
— Ah… fit M. Umezaki, dont la déception était évidente. Il transmit l’information à son frère, qui adopta aussitôt la même expression, mais s’inclina prestement, comme s’il en avait honte.
— Je vous en prie, ce n’est rien, intervint Holmes, qui avait l’habitude qu’on lui pose ces questions et qui, à la vérité, prenait un plaisir pervers à détruire le mythe.

En fait, l’enquête est secondaire, quasi, hormis pour une chose : l’orgue de verre.

Ici, tout n’est que souvenirs ou émotions. J’avais pensé que le Holmes de Cullin serait d’une froideur absolue, mais non, il a un cœur et le voir s’attacher au petit Roger, fils de sa gouvernante, est un vrai plaisir de fin gourmet.

Tout à coup, comme il refermait l’album, Holmes se sentit submergé par la grande lassitude qu’il avait introduite avec lui dans la fermette. Le monde a pris un mauvais virage, se surprit-il à penser. Il a changé au tréfonds de lui-même, et je ne suis pas capable de comprendre ce qui s’est passé.

Ce fut une lecture fort émouvante sur de nombreux points, surtout que voir mon Sherlock Holmes diminué ne fut pas agréable pour moi.

Aucun regret pourtant, le portrait était beau et j’ai dévoré le roman en une journée.

La mort, comme le crime, est banale, avait-il écrit quelque part. Alors que la logique, elle, est rare.

ian-mckellen-mr-holmesChallenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015), Challenge « Polar Historique » de Sharon,  Challenge « Sherlock Holmes » de Lavinia sur Livraddict et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.

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1974 : David Peace

Titre : 1974                                                                                big_2-5

Auteur : David Peace
Édition : Payot et Rivages (2003)

Résumé :
Après Jeanette Garland et Susan Ridyard, la jeune Clare Kemplay vient de disparaître sur le chemin de l’école. Son cadavre sera bientôt retrouvé dans une tranchée sur un chantier.

Nous sommes en 1974, dans la région de Leeds. Noël approche. Edward Dunford, reporter à l’Evening Post, est encore un néophyte qui fait ses premières armes dans l’ombre du journaliste vedette de la rédaction, Jack Whitehead.

Au volant de la vieille voiture de son père, il sillonne les routes de l’Ouest du Yorkshire à la recherche d’indices susceptibles d’éclairer les meurtres de ces trois fillettes.

Au début, il croit seulement chasser le scoop, mais plus il enquête, plus il découvre que bien des choses sont pourries au royaume du Yorkshire: policiers corrompus, entrepreneurs véreux, élus complices…

Petit plus : Depuis ce premier volume de la tétralogie que David Peace a consacrée au Yorkshire, la réputation de l’auteur n’a cessé de grandir. Dès la parution de 1974, la presse avait été quasi unanime : « On ne saurait échapper à la musique d’une telle douleur », lisait-on dans le New York Times, tandis que Michel Abescat parlait dans Télérama d’un « requiem bouleversant d’humanité et de compassion ».

Critique : 
Si on devait coller une chanson sur ce roman, ce ne serait sûrement pas « Love is in the air » de Paul Young ou « All you need is love » des Beatles, mais bien « Paint it black » et « Sympathy for the devil » des Rolling Stones parce qu’on ne nage pas vraiment dans l’allégresse et les Bisounours !

Oui, qui dit roman noir anglais dit aussi chanteurs anglais. Of course. Restons dans le ton.

Edward Dunford est un jeune journaliste et pour être plus précise, c’est LE nouveau reporter criminel à l’Evening Post, dans la région de Leeds.

Débutant, pas encore au fait de tout ce qui s’est passé dans cette région, pas toujours très futé, un peu borné, mal poli, bref, le genre de personnage pour qui je n’ai eu aucune sympathie.

Quand je vous disait qu’on était dans du sombre, je ne plaisantais pas. d’entrée de jeu, on commence fort : la jeune Clare Kemplay vient de disparaître sur le chemin de l’école. Son cadavre sera retrouvé dans une tranchée sur un chantier. Avant elle, il y a eu Jeanette Garland et Susan Ridyard en 1969 et en 1972.

Ceci est un roman noir, le premier de la quadrilogie « Red Riding Quartet ».

L’avenir, comme le passé, est écrit. On ne peut le changer, mais il peut contribuer à guérir les plaies du présent.

Pendant ses petites investigations, Edward va déterrer des choses qui auraient mieux fait de rester enterrées car certaines personnes n’aiment pas que l’on vienne fourrer son nez de journaleux dans leurs petites magouilles en tout genre.

Ceci devait être un grand moment de lecture et le résultat est que je suis mitigée.

J’ai aimé le portrait au vitriol de cette Angleterre raciste au possible, de ces flics corrompus jusqu’à la moelle et qui utilisent des méthodes ressemblant plus à de la torture qu’à des interrogatoires en présence de votre avocat.

A cinq heures du matin, dix policiers, sous les ordres du superintendant Noble défoncèrent la porte de la maison de ma mère à coup de masse, la giflèrent quand elle sortit du couloir et la repoussèrent dans le couloir,se précipitèrent dans l’escalier le fusil à la main, me tirèrent hors du lit, m’arrachèrent des poignées de cheveux, me donnèrent des coups de pieds qui me firent rouler dans l’escalier, me rouèrent de coups de poing quand j’arrivai en bas (…) A l’arrière de la camionnette ils me tabassèrent jusqu’à ce que je perde connaissance puis me giflèrent et urinèrent sur moi jusqu’au moment où je repris conscience.

La scène de l’attaque du camp des gitans par des flics est horrible à souhait et on en tremble de dégoût devant cette injustice et cette violence gratuite dont font preuve les flics véreux. À ce niveau là, on est gâté.

Ce qui m’a déplu dans ce roman, c’est le style littéraire constitué de phrases très courtes qui donne l’impression d’un texte décousu dû à cette brièveté, sans parler des dialogues qui sont dépouillé de tout.

Aucun détail dans ce que font les personnages durant leur conversation, c’est nu, c’est chiant, on perd le fil de « qui parle » et j’ai détesté le fait qu’Edward, narrateur, nous balance des multitudes de « je dis : » avant sa réponse.

De plus, Edward est un couillon, il n’a rien dans les tripes, il se fait tabasser sans rendre un seul coup (enfin, presque) et il est d’une vulgarité et d’une violence dans ses paroles… Je l’ai détesté.

Entre nous, si j’avais eu 5 cents à chaque fois qu’il a prononcé le mot de Cambronne, je serais en train de vous écrire d’une villa aux Maldives !

Tout ça mis ensemble durant presque 400 pages, et bien, c’est usant et épuisant. L’auteur aurait dû les utiliser à bon escient. Et je ne vous parle même pas des incessants rappel de son père, décédé en début de roman, avec les 36.000 « la montre de mon père ».

Putains de chiens.
Je versai le reste du scotch dans le verre et me souvins de l’époque où j’avais effectivement voulu devenir flic, mais avais eu une telle chiasse que je n’avais même pas essayé.
Putains de poulets.
Je bu la moitié du verre et me souvins de tous les romans que j’avais voulu écrire, et que j’avais eu une telle chiasse que je n’avais même pas essayé.
Putain de rat de bibliothèque.
Je ramassai un poil de chat sur mon pantalon, un pantalon que mon père avait fait, un pantalon qui nous enterrerait tous.

Quant au final, il est « trop »… trop de sang, trop de gore, trop de tabassages, trop d’horreur, le cortège est tellement « trop » que je l’ai lu comme dans un état second, la tête déjà ailleurs. C’est violent ad nauseam.

Un roman noir à la fois répulsif et attractif puisque je n’ai pas stoppé ma lecture.

Malgré cet avis en demi-teinte (ou demi-pinte), je poursuivrai ma tétralogie parce que, hormis ce style d’écriture merdique, le reste était sombre à souhait. Un vrai noir de chez noir.

Edward Dunford… J’espère ne plus suivre ce personnage étrange, mal dans sa peau, qui est devenu une créature fort sombre sur la fin, comme s’il avait tout peint en noir…

♫ I wanna see it painted black, painted black
♪ Black as night, black as coal ♪
♪ I wanna see the sun, blotted out from the sky
♫ I wanna see it painted, painted, painted, painted black ♪

♪ Pleased to meet you hope you guess my name. Oh yeah ♪
♪ Ah what’s puzzling you is the nature of my game. Oh yeah ♫

BILAN - Minion M'attendais à mieuxChallenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015) et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.

CHALLENGE - Mois Anglais 2015 Minions - OKCHALLENGE - Thrillers polars 2014-2015 (1)

La dernière victime : Emmanuel Ménard

Titre : La dernière victime                                                         big_3-5

Auteur : Emmanuel Ménard
Édition : Le masque (1992) CyLibris (2002)

Résumé :
Le 31 août 1888 débute dans les bas-fonds de Londres, dans le quartier de Whitechapel, une des plus célèbres affaires criminelles au monde.

En l’espace de quelques mois, la mort de quatre prostituées, retrouvées horriblement mutilées, fait surgir la figure diabolique de Jack L’Éventreur, la terreur de l’East End, dont l’identité est encore à ce jour demeurée mystérieuse.

Depuis cet automne de 1888, les hypothèses les plus folles se sont succédé… Complot franc-maçon, rejeton royal sombré dans la folie, médecin de la reine cherchant à venger la mort de son fils syphilitique, toutes les pistes ont été suivies…

Sans résultat, et pour cause, ainsi que vous pourrez le découvrir ici en côtoyant tous les acteurs de ce drame, du chef de la police londonienne, sir Charles Warren, à un jeune auteur de romans de détection, un certain médecin du nom de Conan Doyle…

Critique : 
The return of Jack The Ripper ! ♫ Tonton Jack est revenu ♫ Du sang, des viscères, comme on en avait jamais vu ♪

Non, non, il n’est pas « revenu » au sens premier du terme, c’est juste moi qui ait lu beaucoup sur lui ce mois-ci, dont un pas plus tard que le lundi 15 juin.

Là, je suis contente de ma lecture, pas de dégommage de roman en règle, pas de tir au bazooka sur un auteur qui tenterait à l’aide d’hypothèses foireuses ou capillotractées de nous faire croire que l’affaire est classée car il (elle) l’a résolue.

Nous sommes face à de la fiction, mais avec des personnages connus puisque nous croiserons Arthur Conan Doyle, médecin écossais qui a écrit un roman avec une sorte de détective appelé Sherlock Holmes (marchera jamais, mdr), le fameux incompétent Sir Charles Warren (chef de la police de Londres), l’inspecteur Abberline, Sa Très Gracieuse Majesté, etc.

— Ce général Warren, fit Elizabeth, tout gentleman qu’il est, me paraît fort incompétent.
— Je ne suis pas d’accord, s’écria Hallward émergeant de son mutisme. Warren n’a rien d’un gentleman.

Ici, les descriptions des meurtres, tout en étant véridiques, sont tout de même édulcorées, vous ne devrez pas lire les rapports d’autopsie (zut alors), ce qui fait que les âmes sensibles pourront le lire sans défaillir.

Les descriptions de l’East End ne sont pas détaillées comme dans les autres romans qui avaient tout du roman noir, mais l’accent est plus mis sur la psychologie des gens.

Nous avons tout d’abord le reflet des mœurs et des pensées de l’époque : pas de femmes dans la police; les meurtres ne peuvent être que des actes d’étrangers, jamais un anglais de ferait ça; le colonialisme, c’est bon pour les peuples parce qu’ils faut bien les civiliser, ces sauvages; quand à l’esclavage, c’est pas mauvais pour la santé, enfin !

Sans oublier que tous ces gens bien pensant des beaux quartiers se fichaient pas mal des gens qui vivaient dans « l’abîme » (l’East End), étaient tout à fait d’accord et heureux lorsque Sir Charles Warren fit charger 20.000 chômeurs par les policiers, déclenchant un Bloody Sunday…

Les gens riches et aisés se moquaient bien de la misère noire qui régnait dans certains quartiers et après deux meurtres sanglants, les voilà qui veulent jouer les bons samaritains. Hypocrisie, quand tu nous tient.

—[…] Depuis la mort de Mary Nichols, tout le monde, et notamment les gens aisés de Londres, s’aperçoivent que durant des années, ils ont côtoyé avec un mépris souverain une misère noire qui les dérangeait parce qu’elle était devant leur porte. Et pour rattraper des décennies d’hypocrisie, tout le monde s’émeut brusquement, clame la misère de l’East End, et veut apporter son écot pour améliorer la situation de Whitechapel. Ceux là même qui applaudissaient Warren quand il fustigeait « la racaille » sont les premiers à vouloir jouer les bons samaritains. Quel qu’ait été le but de Jack l’Éventreur, il aura au moins réussi à nous ouvrir les yeux sur la situation de l’East End ! D’après mon ami, tel a peut-être été toujours été le mobile de l’assassin.

Avec un style tout ce qu’il a de plus classique dans l’écriture, l’auteur nous entraine dans les rues de Whitechapel ainsi que dans l’enquête sur le fameux Jack menée par un pair du royaume : Lord Edward Ashley.

Œuvre de fiction, donc, pas de coupable ayant une existence réelle, mais tout de même bien trouvé. J’ai entrevu la vérité peu de temps avant Edward et je me suis demandée comment l’auteur allait meubler les 60 dernières pages.

Pas de panique, elles furent bien meublées et j’en suis restée ébahie. Purée, c’est vache un coup pareil mais bien pensé. Juste un léger bémol : tenir autant de gens dans le secret n’est pas très réaliste parce que les gens, ça parle !

Mention très bien pour un blackmailer qui, malgré toute ses exactions m’est resté sympathique jusqu’au bout.

Un bon roman fictionnel sur Jack The Ripper, sans trop de sang ou de boyaux, sans les théories fumeuses habituelles, avec une enquête bien ficelée, brillante et des personnages sympathiques et réels (pour certains).

Ça fait du bien après les spéculations orientées de madame Patricia Cornwell…

Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015), Challenge « Polar Historique » de Sharon, Challenge « Victorien » chez Camille, Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, Lire « À Tous Prix » chez Asphodèle (Prix du Roman Policier du festival de Cognac 1992) et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.