Titre : Les nouvelles enquêtes de Ric Hochet – Tome 1 – R.I.P. Ric !
Scénariste : Zidrou
Dessinateur : Simon Van Liemt
Édition : Le Lombard (2015)
Résumé :
Deux ans après son évasion, Caméléon est de retour à Paris. Grâce à la chirurgie et à des mois d’entraînement, il est devenu la réplique exacte de son vieil ennemi : Ric Hochet.
En prenant sa place, il va bouleverser son univers.
Critique :
Ric Hochet et moi, c’est aussi une vieille histoire d’amour, une de celles qui a mal tournée au bout de plusieurs années.
Mon reproche était que ses aventures, qui surfaient souvent sur le fantastique ou le bizarre, avant de s’expliquer naturellement, devenaient de plus en capillotractées en ce qui concernait les résolutions.
Ces explications étaient souvent balancées dans les dernières cases, à la va-vite, ou dans les derniers phylactères, à la manière d’un qui aurait failli oublier d’expliquer le comment du pourquoi à ses lecteurs… Je suis souvent restée dubitative devant ces explications qui n’éclairaient pas tout et pire, pour certains albums, il m’est resté des zones d’ombres.
Anybref, après le tome 57, j’avais lâché l’affaire, cela faisait trop longtemps que j’espérais un retour aux sources pour Ric et des explications moins vaseuses de la part de son scénariste.
Puisque la série repart avec deux nouveaux auteurs à ses manettes (R.I.P. Duchâteau et Tibet), je me suis dit que c’était peut-être l’occasion de tester à nouveau.
Verdict ? J’ai apprécié que l’on retrouve les codes de la bédé, comme le chat Nanar, les costumes de Ric (toujours les mêmes), un vieil ennemi (Caméléon), la touche d’humour avec le fait que les parents de Ric lui ont donné un nom débile et qu’il roule en bagnole de luxe alors qu’il est journaliste.
Les dessins sont bien réalisés, donnant un look rétro à Ric Hochet, comme dans ses premiers albums, lorsqu’il était jeune. Au vu des téléphones en bakélite posés à la rédaction du journal « La rafale », on comprend tout de suite que nous avons remonté le temps, style années 60 !
Effectivement, si j’avais pris la peine de lire le résumé de l’album avant ma lecture, j’aurais compris qu’il se déroulait 2 ans après l’évasion du Caméléon. 1968. Et comme j’ai monté ma chronique au fur et à mesure de ma lecture, vous avez mes impression « à chaud ».
Contrairement à l’original, exit la ligne claire, les couleurs sont plus sombres aussi, allant parfaitement avec le ton de l’album qui lui aussi est sombre, même s’il est parsemé de petites touches d’humour, avec le scénariste qui se moque gentiment, par la bouche du Caméléon, de toutes les qualités possédées par Ric et qui rendrait jaloux Sean Connery, de son côté boy-scout, séminariste, idole de la jeunesse…
Pour apprécier ce scénario, il faut mettre de côté qu’il est impossible à la chirurgie plastique de vous donner la tronche d’un autre, à un point de ressemblance que mêmes les proches s’y trompent (surtout en 1968).
De même pour la voix : même en travaillant avec un imitateur professionnel, il est impossible d’avoir la même voix que la personne remplacée. Oui, je pinaille un peu, je tenais à souligner la chose en passant. Ensuite, j’ai joué le jeu.
Par contre, je pense qu’il n’est pas très bon de laisser une personne pendue par les pieds trop longtemps… Le cœur doit pomper contre la gravité terrestre pour faire circuler le sang dans les jambes, et cela représente une charge lourde pour cet organe.
Le risque est donc grand que le pendu à l’envers ne décède ou n’ait des séquelles graves (dommages au cerveau et aux yeux en raison de l’afflux de sang à la tête)… David Blain l’a fait, mais c’est un cascadeur. Enfin bon, comme je le disais, je pinaille !
Là où j’ai vu rouge, c’est qu’ensuite… Je ne dirai rien de plus, mais voici que Zidrou arrive droit sur ma kill-list !!!
Les références aux premiers albums sont nombreuses, on retrouve des personnages déjà croisés, un autre bien réel, ce monsieur Ducastel qui ressemble à Duchâteau, le père littéraire de Ric.
Les lieux connus sont de la partie aussi, comme la villa des frères Gusbin, sur l’île de Porquerolles ou le toit des éditions du Lombard, à Bruxelles, avec la tête de Tintin et Milou…
Si vous connaissez l’univers, cela vous rappellera de bons souvenirs, si vous êtes vierge des aventures/enquêtes de Ric Hochet, cela ne vous posera aucun problèmes et vous donnera peut-être envie de découvrir les premières aventures.
Durant tout l’album, la question qui se pose, c’est : comment tout cela va-t-il se terminer ? Quel coup foireux nous réserve le scénariste ? Va-t-il nous épater ou tout cela va-t-il finir en eau de boudin ?
Parce que bon, l’histoire de vengeance, c’est connu, du déjà vu des millions de fois et là, nous sommes dans une vengeance violente… Loin du raffinement de celle d’un Monte-Cristo (que personne ne reconnaît non plus, tiens…).
Ouf, pas d’eau de boudin, même si c’est un peu con de la part du Caméléon ce qu’il fait… Finalement, le but d’une vengeance, ce n’est pas ensuite s’assoir et regarder la/les personnes visées se débattre dans les emmerdes ? Non ? Sinon, où est le plaisir ?
Ce final est violent et plus sombre que dans les albums que l’on a connu, où les personnages importants ne souffraient pas de cette manière. Et où personne ne se baladait les nichons à l’air ou en slip…
Les nostalgiques des premières heures ne retrouveront pas le Ric Hochet qu’ils ont connu. Les atmosphères, les ambiances, le ton, tout cela est différent. Dans les années 60, jamais les auteurs d’origine n’auraient pu se permettre une certaine scène. En 2015 (date de publication), cela ne choquera plus personne que la jolie et pudique Nadine s’envoie en l’air.
On dirait que cette bédé tente l’exercice difficile et périlleux du grand écart entre deux chaises : s’adresser à un nouveau public, en modernisant un peu la série, afin de les fidéliser et ne pas oublier de contenter les nostalgiques qui ont connu la saga à une lointaine époque (ou pas) et qui aimeraient retrouver Ric Hochet autrement qu’en relisant pour la 36ème fois ses albums.
Si vous voulez en profiter pleinement, faite une séparation pure et simple entre l’ancienne et la nouvelle série, parce que la nouvelle a un goût de Canada Dry© : ça pétille, c’est bon, c’est rafraîchissant, mais ça n’a ni le goût, ni tout à la fait la même couleur que l’alcool !
À vous de voir ! J’ai bien envie de poursuivre afin de voir ce que me réserve les trois albums parus à ce jour.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°122], Le Mois du polar chez Sharon – Février 2022 [Lecture N°04], Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages), et Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres chez Bidb » (Belgique).



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