Le chien des Baskerville (Comics) : Russell Punter et Andrea Da rold

Titre : Le chien des Baskerville

Scénariste : Russell Punter (d’après le roman de Sir Arthur Conan Doyle)
Dessinateur : Andrea Da rold

Édition : Comics Usborne (25/10/2018)
Édition Originale : Hound Of The Baskervilles (2018)
Traduction : Nathalie Chaput

Résumé :
Cette célèbre aventure de Sherlock Holmes, adaptée du roman d’Arthur Conan Doyle et racontée en bande dessinée, séduira les lecteurs les plus réticents. Un livre de la nouvelle collection Comics Usborne, à découvrir à partir de 7 ans.

Cette célèbre aventure de Sherlock Holmes, adaptée du roman d’Arthur Conan Doyle et racontée en bande dessinée, séduira les lecteurs les plus réticents. Un livre de la nouvelle collection Comics Usborne, à découvrir à partir de 7 ans.

Le récit captivant et les superbes dessins détaillés de Andrea da Rold plongeront le lecteur dans l’Angleterre de l’époque victorienne, de l’effervescence de Londres à la désolation d’une lande inquiétante. L’une des aventures les plus célèbres de Sherlock Holmes, fidèlement adaptée du roman d’Arthur Conan Doyle et racontée en bande dessinée. Un livre de la collection Comics Usborne.

Critique :
Le chien des Baskerville avait été mon premier roman policier adulte, celui qui m’a fait quitter les livres de la Bibliothèque verte (Club des Cinq et L’étalon noir).

Oui, on peut le dire, Sherlock Holmes m’a déniaisée, Hercule Poirot est passé ensuite et depuis, je bouffe du polar à toutes les sauces.

Mais je n’ai jamais oublié mon premier, celui qui compte le plus, parce que lui, au moins, il m’avait marqué en me donnant un plaisir monstre. Et je parle bien de littérature, ne lisez rien de grivois entre les lignes, bande de galapiats !

Anybref, lorsque je suis tombée sur ce comics, dans une bouquinerie, j’ai sauté dessus. Pourtant, cette histoire, je la connais presque par coeur, ayant lu plusieurs fois le roman original et ayant lu (et vu) des adaptations en bédé, série, films…

Verdict ? Le récit original est respecté, le scénariste ayant fait quelques coupes pour que le tout tienne dans la centaine de pages, tout en gardant l’essentiel.

Si les dessins sont assez simplistes dans les décors, j’ai apprécié les visages de Holmes et de Watson (et que le docteur ne soit pas un gros balourd), soupiré d’aise en constatant que Holmes n’était pas affublé du manteau macfarlane et de la casquette deerstalker, bien qu’ensuite il ait été à la campagne (et c’est une tenue de campagne).

Bonheur suprême aussi, que le dessinateur n’ait pas fait n’importe quoi pour les harnachements des chevaux attelés. Les brancards sont à la juste place, au juste écartement, les pièces des harnachements sont bien dessinées, même si je n’ai pas compris la double muserole, le double sous-gorge (trop serré, en plus) et le fait que les rênes du conducteur ne soient pas reliée au mors de son cheval… Sans doute le mène-t-il à la voix.

Tout ça pour vous dire que cette une très bonne adaptation, fidèle au roman, fidèle aux personnages, à l’ambiance gothique et fantastique du roman, fidèle aux atmosphères de mystère, de peur, de suspense, qui règne dans le récit de Conan Doyle et qui, lorsque j’avais 12 ans, m’avait fait flipper ma race !

À noter que si dans les adaptations cinématographiques (ou pour la télé), le chien maudit ne ressemble jamais à rien qui fasse vraiment peur (et certains ressemblaient à des carpettes mal peignées souffrant de conjonctivite), celui de ce comics a une belle allure de grand chien féroce que l’on ne voudrait pas croiser sur une lande où la brume vient de se lever…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°135], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°18) et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°04).

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Amère patrie – Intégrale : Christian Lax et Frédéric Blier

Titre : Amère patrie – Intégrale

Scénariste : Christian Lax
Dessinateur : Frédéric Blier

Édition : Dupuis – Aire libre (2018)

Résumé :
Jean Gadoix, Ousmane Dioum ; deux jeunes gens que rien ne destinait à se rencontrer, jetés dans les mêmes tranchées en 1914…

L’un sera fusillé sur une fausse accusation, l’autre survivra à la guerre mais subira l’offense répétée du racisme ordinaire, dans cette France des années 1920.

À travers les destinées particulières de Jean et d’Ousmane, c’est le destin d’une génération sacrifiée mais aussi le combat quotidien de femmes contre l’injustice, le mensonge et la calomnie, que nous raconte Lax sans complaisance ni faux-semblants, avec l’oeil de la vérité.

Critique :
Deux jeunes garçons qui préfèrent chasser, braconner, pêcher, plutôt que d’aller à l’école…

L’un habite en France (Jean Gadoix), l’autre au Sénégal (Ousmane) et rien ne prédisposait ces deux gamins à se retrouver face à face, un jour.

Sauf qu’en 1914 commença la Grande Guerre et que les généraux, la Patrie, a besoin de jeunes vies à faire faucher par l’ennemi teuton, de tirailleurs, de chair à canon.

Cette bédé commence gentiment, nous sommes encore loin de la guerre, nos jeunes gamins sont insouciants, mais pas de trop. L’un doit aider son père à la ferme, l’autre fait ce qu’il faut pour échapper au colons Blancs qui veulent l’envoyer à l’école.

Dans cet album, ça sent la ruralité, le colonialisme et même la campagne ne sent pas bon. Elle sent la sueur, la pauvreté, la misère, le travail harassant de le terre, avant que ce soit aussi le travail difficile dans les mines. Au Sénégal, ça sent mauvais les mariages forcés, les lois tribales.

Cet album, c’est l’histoire de multiples drames. Celui d’un accident, celui du travail épuisant pour nourrir sa famille, celui de la guerre, de ses tranchées, de la jalousie, de l’envie, de haine, d’une mesquinerie que l’un paiera très cher et d’un acharnement pour réhabiliter celui qui fut jugé comme un traître à la patrie.

Mais ce sont aussi des amitiés qui tiennent le coup, d’amour, de ténacité, de personnes qui se serrent les coudes, face à l’adversité et aux coups du sort.

C’est aussi la constatation d’un racisme solidement ancré dans le cœur des Français, de ces peuples que l’on exposaient comme des animaux exotiques, de la rancœur entre ceux qui ont fait la guerre, ceux qui ont échappé à la mobilisation, ceux que l’on a accusé de fuir le front, des insultes, de ces accusations qui n’en finissent jamais et qui se répercutent sur la famille, sur un fils…

La condition des femmes est aussi mise en avant, ainsi que le féminisme qui commençait à monter, et dont les mâles ne voulaient pas entendre parler. Ben non, hors de question de nous donner des droits, un salaire égal, le droit de vote…

Dans cet album, les auteurs frappent aussi là où ça fait mal, mais ils le font sans haine, juste en nous le montrant, de manière simple, réaliste : regardez bien, c’était ainsi à l’époque (et ce n’est pas encore tout à fait changé, hélas).

Le récit est prenant, les auteurs ont pris le temps de nous immerger dans l’époque, dans l’enfance de nos personnages principaux, afin que nous apprenions à les connaître, qu’ils deviennent des amis. Et il ne faut pas longtemps pour que nous nous y attachions.

Pas de manichéisme, pas de pathos inutile. Les méchants sont des gens ordinaires, victimes de leur haine, de leur racisme, de leur jalousie,… Nous aussi nous pourrions facilement tomber dans leurs travers, il suffit d’une fois, d’une colère, d’une envie de vengeance, d’un sentiment d’injustice, d’en sentiment de puissance dû à un uniforme, de l’argent, du pouvoir. Restons toujours vigilants.

Une bédé qui, bien qu’étant une fiction, s’appuie sur des éléments réels, tangibles, sur des faits de société, des faits de guerre, sur l’Histoire. Les auteurs ont mélangé le tout et cela donne un récit dramatique, beau, émouvant, touchant. Les dessins ont bien mis tout ça en page.

Une belle intégrale, rassemblant les deux albums, mon seul bémol étant que j’aurais aimé en avoir plus… Lorsqu’on aime une bédé, on n’en a jamais assez.

L’unité Alphabet : Jussi Adler-Olsen

Titre : L’unité Alphabet

Auteur : Jussi Adler-Olsen
Édition : Livre de Poche Thriller (02/01/2020) – 668 pages
Édition Originale : Alfabethuset (1997)
Traduction : Caroline Berg

Résumé :
L’Unité Alphabet est le service psychiatrique d’un hôpital militaire où, pendant la Seconde Guerre mondiale, les médecins allemands infligeaient d’atroces traitements à leurs cobayes, pour la plupart des officiers SS blessés sur le front de l’Est.

Bryan, pilote de la RAF, y a survécu sous une identité allemande en simulant la folie.

Trente ans ont passé mais, chaque jour, il revit ce cauchemar et repense à James, son ami et copilote, qu’il a abandonné à l’Unité Alphabet et qu’il n’a jamais retrouvé.

En 1972, à l’occasion des jeux Olympiques de Munich, Bryan décide de repartir sur ses traces. Sans imaginer que sa quête va réveiller les démons d’un passé plus présent que jamais.

Critique :
Deux aviateurs anglais en mission en territoire ennemi se font abattre et doivent sauter en parachute.

Gérard Oury a fait une super comédie d’un tel scénario, tandis qu’Adler-Olsen en a fait un drame.

Avec l’auteur, pas de rendez-vous aux bains turcs, pas de rencontre avec les personnages joués par De Funès et Bourvil, mais un train sanitaire, rempli d’officiers allemands, dont des nazis.

Pour la race des seigneurs, il était mal vu que la populace apprenne que des officiers à la tête de mort soient devenus fous ou mutiques, suite aux ravages de la guerre, aux explosions.

Prenant la place de deux officiers de la gestapo, nos deux aviateurs anglais vont se retrouver dans un sanatorium à devoir simuler la folie, sans savoir qu’ils ne sont pas les seuls simulateurs…

La partie consacrée à leur séjour dans un hôpital psychiatrique, à faire en sorte de ne pas se faire démasquer, était intéressante, même s’il ne s’y passe pas grand chose et qu’une grande partie tourne aux maltraitances par d’autres pensionnaires.

Par contre, je pensais m’ennuyer durant les recherches de Bryan, trente ans après, et il n’en fut rien. L’auteur ne s’est pas contenté de nous pondre une petite enquête à la Perdu De Vue, il a pensé aux surprises, au suspense, aux mystères, ainsi qu’aux retournements de situation.

Pas d’ennui durant la lecture de ce pavé, qui s’est déroulée sur deux malheureuses journées, tant le récit m’a passionné, malgré les incohérences dans l’enquête qui, avant, n’avait jamais rien donné et puis soudain, bardaf, Bryan avance en trouvant un fil rouge, ainsi que les incohérences dans la guérison d’un personnage.

Mais ce qui m’a manqué le plus, dans ce récit, c’est l’humour cynique présent dans les enquêtes du Département V (c’est son premier roman, donc, pas encore de recette miracle) et des émotions. Et puis, il y avait trop de manichéisme dans les personnages du trio infernal de l’hôpital.

D’accord, avec des personnages tel un ancien dirigeant de camp de concentration et un gestapiste, peu de chances de se retrouver avec des personnages que l’on apprécie, mais j’aurais apprécié qu’ils aient un peu de nuance, que l’auteur en fasse des méchants plus ambigus, moins tranchés. Ils sont cruels à l’excès et cela devient soulant, à la fin.

Ces bémols ne m’ont pas empêchés d’apprécier ce premier roman de l’auteur, sorti en 1997 au Danemark, bien avant le Département V. L’écriture n’est donc pas celle dont j’ai l’habitude, la plume n’étant pas en poils de chameau, chers à notre Assad, donc, elle ne chatouille pas encore.

Pourtant, ce roman n’est pas si mal que ça, même si avec 100 pages de moins, nous aurions eu un récit plus ramassé. Je n’ai pas ressenti les longueurs, mais cela pourrait arriver à certains lecteurs/trices.

Un premier roman qui n’est pas si mal que ça, moins foiré que d’autres premiers romans d’auteurs que j’ai lu (mais ceci n’est que mon avis). Mais ne cherchez pas ce que vous aimez chez l’auteur, ceci n’a rien à voir avec le Département V !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°27] et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées).

Shi – Cycle 1 – Tome 3 – Revenge ! : José Homs et Zidrou

Titre : Shi – Cycle 1 – Tome 3 – Revenge !

Scénariste : Zidrou
Dessinateur : José Homs

Édition : Dargaud (2018)

Résumé :
Janvier 1852. Les photos prises dans la maison close ont été récupérées et leurs nouveaux possesseurs n’hésitent pas à s’en servir pour faire chanter les principaux concernés, leur extorquant ainsi d’importantes sommes d’argent qui serviront à de « nobles » desseins.

Quant à Jennifer, elle a été déclarée morte, brûlée dans l’incendie qu’elle aurait elle-même provoqué. Mais il n’en est rien. Personne ne peut arrêter la vengeance une fois qu’elle est en marche.

Plus de place pour la pitié en ce monde. Jay et Kita l’ont bien compris et se salir les mains ne les dérange plus.

Ne restent derrière elles que les cadavres de ceux qui ont eu le malheur de se mettre en travers de leur chemin et l’idéogramme « Shi », symbole de leur haine envers la société.

Critique :
Les hommes de la haute ont été s’amuser au lupanar, ne se contentant pas de relations « plan-plan », mais demandant des plaisirs à la carte, comme se faire fouetter, jouer au chien, avoir des relations avec des gamines impubères, se faire pisser dessus, se faire enfoncer un canon dans le cul…

Ils n’ont jamais vu le petit trou (oups) dans une toile, permettant de prendre des photos, appelées encore daguerréotype (à une époque où l’appareil photo était super rare et pas inclus dans n’importe quel smartphone bas de gamme – je précise pour les plus jeunes qui ne s’imaginent pas ça possible).

Lorsque l’on possède dans ses mains de pareilles photos, c’est assurément une main gagnante et on peut alors leur demander n’importe quoi. L’ancêtre du Revenge Porn, en quelque sorte…

Si je ne cautionne pas les revenge porn, ici, je suis plus tolérante et cela me fait même doucement ricaner (oui, le chantage, ce n’est pas bien, c’est mal).

Les auteurs continuent de nous parler de la ville de Londres, qui, bien qu’étant arpentée par des chevaux et non des voitures, n’en est pas moins extrêmement polluée : vingt-cinq mille chevaux à nourrir et cent tonnes de crottin à ramasser. Après, il faut s’en débarrasser, de la merde, comme de celles des vaches qui donnent le lait super frais aux gens friqués…

Bref, en 1852, Londres est une arche à la dérive. C’est aux pauvres, que l’on exige qu’ils mettent la main à la poche, les riches, les nantis, les hommes au pouvoir peuvent assassiner un pauvre, ce n’est pas grave du tout et une gamine résume bien ce qu’elle pense de tout cela : Dieu est du côté de ceux qui boivent le thé à 17h, la bouche en cul d’poule.

Dans les bas-fonds, il n’est pas recommandé d’aller s’y promener, si vous êtes un richard, car à pas d’âge, les gosses se promènent avec des armes pour attaquer, voler,…

Le ton est toujours empreint de cynisme et j’aime ça. Les auteurs sont lucides, ils ne se privent pas de taper sous la ceinture. Le ton utilisé par les personnages est grinçant, non dénué d’humour, parfois.

Les vengeances de nos deux femmes se mettent en place, on sait maintenant qui fait du chantage aux « galipetteurs », afin d’obtenir de l’argent et pourquoi ; des secrets sont levés ; des révélations sont faites et une horrible trahison termine ce tome 3. Et merde, je n’ai pas le tome 4 sous la main, ce qui me frustre !

L’élément fantastique n’est pas présent dans cet opus, les légendes japonaises autour des Dieux le sont, par contre. C’est de ces légendes, autour des différents dieux, qui sont exploitées par les auteurs et le tout s’incorpore bien dans le récit, pour le moment.

Par contre, cette fois-ci, pas de bond dans le temps pour arriver à notre époque, il faudra attendre pour connaître la suite des mésaventures du marchand de mines anti-personnel.

Un troisième tome qui continue dans la bonne lignée du premier avec un scénario original,  à tiroir et des dialogues soignés.

Le rythme est rapide, sans pour autant que l’on perde pied, les personnages sont tous bien distincts les uns des autres, ils acquièrent un peu plus de profondeur, sans jamais sombrer dans le manichéisme.

Les dessins sont toujours bien exécutés, maîtrisés et les couleurs sont parfaites. Bref, rien à redire, si ce n’est : vivement que je lise le tome 4 !

#MoisAnglais2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°253], Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages) et Le Mois Anglais – Juin 2022 (Chez Titine et My Lou Book).

Captain America – Steve Rogers – T02 – Le procès de Maria Hill : Nick Spencer, Jesús Saiz, Javier Piña et Szymon Kudranski

Titre : Captain America – Steve Rogers – T02 – Le procès de Maria Hill

Scénariste : Nick Spencer
Dessinateurs : Jesús Saiz 🇪🇸, Javier Piña 🇪🇸 et Szymon Kudranski

Édition : Panini Comics Marvel Now ! (2018)

Résumé :
Steve Rogers est un agent de l’Hydra au service de Crâne Rouge. Aucun héros ne se doute que Captain America agit dans l’ombre pour prendre le pouvoir.

Contient Captain America: Steve Rogers (2016) #7-11 et Civil War II: The Oath (2017). En fin de recueil, galerie de couvertures de 9 pages.

Critique :
Cela faisait 1 an que j’avais lu le tome 1 de cette série et que depuis, les autres albums dormaient dans une biblio.

Je comble aujourd’hui mon retard et le manque de temps qui m’a fait reporter à demain ce que j’aurais pu faire il y a 1 an : lire la suite !

Le Cap est un héros gentil, assez lisse, contrairement à d’autres dans l’univers Marvel et ici, nous le retrouvons à l’opposé de ce que nous avions l’habitude, puisque notre Captain est un agent de l’Hydra.

L’espionnage n’est pas mon genre de prédilection, pourtant, j’ai apprécié le double-jeu que Captain America joue avec les autres. Il y a beaucoup de mensonges entre les personnages, chacun tentant de tirer la couverture à soi et de manipuler tout le monde, quitte à laisser gagner son ennemi pour mieux piéger le SHIELD ensuite.

Dans ce deuxième album, personne n’est tout à fait blanc ou tout à fait noir, tout est en nuance de gris et il y en beaucoup ! D’ailleurs, je me demandais si certains personnages ne jouaient pas triple jeu ou juste un jeu afin de servir leurs intérêts propres.

Le captain est à la fois agent d’Hydra, mais aussi au service du Red Skull et il poursuit ses propres objectifs…

Finalement, je ne savais pas si je me faisais manipuler par les auteurs ou si tout l’arc narratif était « véridique » et tel qu’on me le montrait. Cela a ajouté du piment à ma lecture de ne pas savoir qui baisait qui et de me douter que je me faisais avoir aussi). En littérature, j’adore, dans la vie réelle, je déteste !

Une partie des dessins sont bien exécutés, vraiment très beaux à regarder, tandis que d’autres semblent avoir été un peu bâclé, comme si le dessinateur avait dû aller vite et ne pas fignoler les détails des visages. Dans un autre épisode, ce sont les coloriages qui rendent les personnages figés.

Ce n’est pas un album facile à suivre, il vaut mieux être concentré sur ce que l’on fait. De nombreux flash-back sur la jeunesse de Steve Rogers sont présents, ainsi que quelques retours en arrière dans le fil narratif, lorsque le scénariste revient sur un épisode dont nous n’avons pas connaissance.

En fouinant un peu afin d’en apprendre plus sur cette saga, j’ai appris que l’auteur Nick Spencer devait mettre en place les pièces nécessaires pour le crossover Marvel.

Si je ne l’avais pas lu dans une chronique (merci à Presence, membre sur Babelio), il m’aurait été impossible de la comprendre en lisant cet album.

Le récit n’est pas dénué de profondeur, le scénario est réfléchi, retors, travaillé, comprenant des retournements et pas manichéen du tout. On a de quoi lire pour occuper nos longues soirées de printemps.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°208] et Le Mois Espagnol (et Sud-Américain) chez Sharon – Mai 2022 (Fiche N°14).

Si vulnérable : Simo Hiltunen

Titre : Si vulnérable

Auteur : Simo Hiltunen
Édition : Fleuve Noir (08/02/2018)
Édition Originale : In wolfskleren (2016)
Traduction : Anne Colin du Terrail

Résumé :
La violence est-elle héréditaire ?

La famille Virtanen est unie, bien sous tous rapports. Les parents ont un emploi stable, leurs deux filles mènent une scolarité brillante. Ils sont sociables, serviables, avenants. Tous leurs voisins s’accordent à le dire. Pourtant, un jour, le père tue ses enfants, puis son épouse, avant de se donner la mort.

Pour Lauri Kivi, chroniqueur judiciaire dans l’un des plus grands quotidiens d’Helsinki, cette tragédie n’est pas sans en rappeler d’autres de même nature. Il décide d’investiguer. Il étudie les cas, traque les similitudes, interroge sans relâche et découvre enfin que sous leur aspect lisse, ces familles cachaient aux yeux de tous de terribles drames. Enfant, Lauri lui-même a été marqué par la violence de son père et cette enquête réveille ses démons intérieurs. Pire, des rapports troublants semblent le lier à l’une des victimes.

Et si ces tueries familiales n’étaient pas le résultat d’une soudaine folie meurtrière mais le fait d’un tueur en série ?

Critique :
La violence est-elle héréditaire ? Bonne question… Vous avez trois heures pour y répondre.

Il est des drames qui nous laissent souvent sans voix, ou qui nous donnent, au contraire, l’envie de hurler : les crimes familiaux.

Qu’est-ce qui peut bien se passer dans la tête du père ou de la mère qui décide d’assassiner ses enfants, avant de se suicider ensuite ? (quand ils y arrivent, parfois, ils se loupent).

Ce polar va lentement, il prend le temps de nous immerger dans la société finnoise, qui, vu sous cet angle, ne fait pas rêver : alcool, misère, femmes qui semblent sans droits, maltraitées, enfants battus…

Et les enfants battus reproduisent le même schéma, dans cette histoire, ou alors, sont en lutte permanente pour garder leur violence sous le boisseau. Ou ce roman s’est focalisé sur une frange de la population afin de donner de la matière à son récit, ou alors, la Finlande n’est pas ce que l’on croit.

Le personnage principal n’a rien d’un héros, que tu contraire : Lauri Kivi est journaliste aux affaires judiciaires d’un grand quotidien. Il est froid, renfermé, a vécu une enfance merdique et malheureuse, semble détaché de tout. Son comportement m’a laissé plus d’une fois sans voix. Difficile de s’attacher à lui, même si on comprend son attitude.

C’est en voulant écrire un article sur les familles touchées par des crimes familiaux, afin de mettre en avant les dommages collatéraux, que le récit va l’entraîner dans une tout autre histoire.

Alors que je m’attendais à ce que le scénario prenne un certain chemin, il m’a surpris en choisissant une autre voie. Bien vu, au moins, j’ai été surprise.

Ne vous attendez pas à lire un thriller trépidant qui court dans tous les sens, comme je le disais plus haut, l’auteur prend le temps de poser les personnages, d’inclure des flash-back de l’enfance de Lauri et d’un autre enfant (dont nous connaîtrons l’identité plus tard), de poser les fondations de son récit, de nous montrer que les dégâts collatéraux dans les familles de l’infanticide sont immenses (mis au ban de la société, montré du doigt…).

Les personnages sont travaillés, ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir, pas de manichéisme. L’auteur a esquissé ses personnages tout en finesse, les dotant de caractères ambigus et nous offrira des émotions fortes durant les confrontations entre Lauri Kivi et son paternel malade, atteint d’Alzheimer. Cela demande une force incroyable que de pardonner à celui qui vous a battu.

Le final est lui aussi travaillé, il ne débarque pas comme un cheveu dans la soupe, l’auteur ayant pris soin de lui donner de l’épaisseur, sans qu’il ne devienne trop lourd.

Il clôt aussi son roman de manière à ce que les lecteurs/lectrices ne restent pas sur leur faim, frustrés de ne pas avoir le fin mot de l’histoire, même si pour certaines choses, nous aurons la liberté de choisir la voie prise par certains personnages.

Un polar finlandais qui prend le temps, qui ne se presse pas et qui met en scène la vie sociale finlandaise, qui ne fait pas rêver du tout. C’est un polar social où les petites gens vivent dans l’alcool, l’excès de religion (à géométrie variable), le non respect des femmes et où l’on ne sait pas toujours les drames qui peuvent se jouer dans les familles qui semblent respectable.

Il m’aura juste manqué l’attachement au personnage de Lauri Kivi… Une broutille comparé à la densité de ce roman fort sombre.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°134],Le Mois du polar chez Sharon – Février 2022 [Lecture N°16] et Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres chez Bidb » (Finlande).

 

Le dernier joyau des Romanov ‭:‬ Monique Dollin du Fresnel [LC avec Bianca]

Titre : Le dernier joyau des Romanov

Auteur : Monique Dollin du Fresnel
Édition : Sud Ouest (2018)

Résumé :
De la fin tragique des tsars aux archives secrètes du Vatican, une intrigue au cœur de la guerre 1914-1918.

En juin 1914, le lieutenant russe Dimitri Malkine est chargé de se rendre à Paris pour une mission diplomatique. La tsarine mère en profite pour lui demander secrètement de remettre à Londres un superbe bijou à sa sœur, la reine Alexandra.

Dimitri s’acquitte de sa tâche, mais n’est pas au bout de ses peines… La reine Alexandra souhaite à son tour faire un présent à sa sœur : un œuf de Fabergé unique, muni d’une serrure et dont le contenu reste énigmatique.

Avant même que le lieutenant puisse emprunter le chemin du retour à Saint-Pétersbourg, il se trouve entraîné bien malgré lui dans ce qui deviendra l’un des conflits les plus sanglants de l’histoire de l’humanité.

Il faudra alors attendre plus de soixante-dix ans pour que Camille, généalogiste successorale bordelaise, plonge dans cette histoire pour le compte de sa cliente, Madame de Limeuil. Ses recherches la conduisent de Bordeaux au cœur de la Gascogne, des Archives secrètes du Vatican à Cracovie, mais le mystère reste entier.

Qu’est-il arrivé à Dimitri Malkine ? Où est passé cet œuf de Fabergé à la valeur inestimable ? Enfin, pourquoi a-t-elle l’impression qu’on s’en prend à tous les témoins de l’affaire ?

Critique :
J’ai deux amours : l’Angleterre victorienne et la Russie des Tsars. Alors, lorsque ma copinaute Bianca m’a proposé ce titre en LC, j’ai sauté dessus (sur le roman, pas sur ma pauvre copinaute).

Commençant doucement en 1990 avec la présentation de Camille, généalogiste successorale (enquêtrice), le roman va ensuite passer en 1914, peu avant la Première Guerre Mondiale, avec le lieutenant russe Dimitri Malkine, hussard de la garde impériale.

Ce grand écart sur deux périodes était des plus addictif et de plus frustrant aussi. Lorsque l’on a envie d’en savoir plus sur les aventures de Dimitri Malkine, on se retrouve avec Camille et alors qu’on trépigne d’en savoir plus, on revient en Russie.

J’adore ce genre de frustration dans un roman, cela lui donne une autre dimension et me fait cavaler encore plus vite dans ma lecture puisque je voulais absolument savoir comment les deux récits allaient se télescoper.

La partie historique était intéressante, même si peu de suspense pour les gens de notre époque qui savent exactement ce qui va se produire : nous ne sommes pas une dystopie, donc, on connait les issues de certaines batailles de 14/18.

Énormément d’émotions durant le passage de la fraternisation entre les Allemands et les autres en face, lors de la veille de Noël. Peu de militaires, beaucoup de civils appelés sur le front et des instituteurs ou autres professions transformés en militaires…

L’autrice apportera quelques éclairages historique à la fin de son roman, séparant le vrai du faux, comme pour ses théories avec la famille impériale.

Vous l’aurez deviné, la partie consacrée au tragique destin des Romanov ne sera pas tout à fait conforme à ce que l’on sait de nos jours, mais puisqu’en 1990, les reste des corps n’avaient été retrouvés, tout était possible. D’ailleurs, l’avantage des années 90, c’est que l’on doit encore chercher une cabine téléphonique et ça, c’est un détail que j’ai apprécié. Pas d’Internet non plus !

Les personnages sont attachants, surtout Dimitri. J’ai adoré suivre ses péripéties durant la guerre, lui qui était hussard de la garde impériale, le voici devenu soldat dans les tranchées, avant de voir son destin basculer et envoyé en Amérique.

Camille est une femme tenace, une enquêtrice qui ne lâche rien et les personnages secondaires ne seront pas en reste non plus, chacun possédant une part d’humanité qui le rendait réaliste.

Mon minuscule bémol sera pour le léger manichéisme que l’on retrouve dans la partie des « méchants », comme si une branche familiale avait concentré toutes les tares, tous les vices. Bon, ce n’est pas rédhibitoire, l’autrice ne s’attardant pas trop longuement sur ces personnes et n’en faisant pas des tonnes. Le final se précipite un peu trop vite à mon goût, mais cela n’a pas entamé mon plaisir ressenti durant cette lecture.

Les points les plus positifs de ce thriller historique, sont que l’autrice ne se prend pas les pieds dans le tapis en passant d’une époque à une autre, que tout se relie très bien, que la partie historique est bien documentée, bien traitée et que le récit est fluide, se lisant facilement, sans pour autant être gnangnan.

Même sa théorie sur le sort des Romanov est plausible, non capillotractée et s’insère bien dans le récit qui nous est fait (et dont je connaissais une partie pour l’avoir lue souvent). Je n’ai pas eu besoin de tartiner cette théorie de lubrifiant pour qu’elle passe dans ma petite cervelle et qu’elle s’y installe durablement, faisant naître un espoir et une étincelle dans mes yeux. On m’a bien fait croire au père Noël et au socialisme, alors, hein !

Anybref, voilà un roman historique comme je les aime : addictif, fluide, instructif, intéressant, jamais ennuyeux, jamais redondant, plaisant à lire, même si certaines scènes sont plus hard (il y en a peu) et qui nous entraîne dans plein de lieu chargés d’Histoire, faisant crisper notre cœur puisque l’on sait ce qui se passa à Verdun, sur le Chemin des Dames, avec le Lusitania, les Romanov, Lénine, la révolution russe…

Je remercie Bianca de m’avoir proposé cette lecture. J’étais loin de m’attendre à vivre une telle aventure et de lire un roman si intéressant. La surprise fut belle et inattendue. Cette LC est réussi puisque ma copinaute pense la même chose dans sa chronique.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°117].

Chaque jour Dracula : Loïc Clément et Clément Lefèvre

Titre : Chaque jour Dracula

Scénariste : Loïc Clément
Dessinateur : Clément Lefèvre

Édition : Delcourt Jeunesse (25/04/2018)

Résumé :
Comme chaque matin de la semaine, Dracula va à l’école. Mais c’est avec une boule au ventre car certains de ses camarades de classe, de gros balourds, n’arrêtent pas de l’embêter.

Certes, quelques-unes de ses particularités font de lui un garçon différent mais estce une raison suffisante pour qu’il subisse ce harcèlement constant ?

Comment y remédier ? Un soir, il franchit le pas et en parle à son papa…

Critique :
Le harcèlement scolaire n’est pas neuf, hélas, mais de mon temps, au moins, il s’arrêtait lorsque vous quittiez l’école à 16h !

Il ne se poursuivait pas en dehors des murs de l’école, ni durant les week-end, ni durant vos vacances.

Maintenant, avec les réseaux sociaux, les gosses harcelés ne sont plus jamais tranquilles et pire, le monde entier peut se moquer d’eux.

Utiliser le personnage de Dracula, enfant, pour parler du harcèlement scolaire et de la différence était une excellente idée. Cela aurait pu être n’importe qui, mais le fait que ce soit LUI, donne une autre dimension à cette excellente bédé.

Qui pourrait imaginer que le grand Dracula, la terreur de vos nuits de cauchemars, des films de la Hammer, le vampire de la légende, serait victime du harcèlement scolaire ? Moi jamais… Dans cette bédé, c’est lui la tête de Turc. Un comble, je sais.

Dracula est un enfant touchant, son père aussi, lui qui est végétarien et qui n’a rien d’une créature démoniaque comme les romans et les films ont tenté de nous faire croire.

Le sujet difficile du harcèlement est bien traité, tout en douceur (si l’on peut dire), avec un Dracula qui pense être responsable de ces brimades (qui peuvent aller loin) et qui n’ose pas en parler à son père, ou alors, du bout des lèvres, minimisant la chose.

J’ai apprécié la justesse du ton, la sensibilité que les auteurs utilisent, faisant bien ressentir les émotions du jeune Dracula, son désarroi, sa terreur, son sentiment d’impuissance face à ces harceleurs qui prennent chacune de ses différences pour se moquer de lui.

Il y a de l’humour dans cet album et de l’espoir ! Bien qu’ici, les réseaux sociaux ne soient pas abordés, on peut rendre espoir à ceux et celles qui sont victimes du harcèlement à sortir la tête hors de l’eau, leur faire prendre conscience que cela peut s’arrêter, à condition que les adultes compétents prennent les choses en charge et que l’enfant harcelé aille puiser des forces en lui.

Oui, je sais, ça ne va pas aussi bien que ça dans la réalité, ce n’est pas si facile que ça de sortir de cette spirale infernale…

Cette bédé a au moins le mérite d’expliquer aux enfants ce qu’est le harcèlement et pourrait faire prendre conscience à certains (certaines) de l’imbécilité de ce genre de comportement ou aux harcelés, à avoir des explications sur la méchanceté de certains.

Les auteurs ont évité le pathos ou le larmoyant, même s’il y des émotions dans cet album, trop court. Ce sera mon seul bémol : j’aurais apprécié plus de pages tant je me sentais bien dans cette bédé jeunesse.

Anybref, une lecture à recommander aux plus jeunes, aux moins jeunes et à ceux qui se retrouvent face à ces têtes blondes qui ne sont absolument pas gentilles (les profs), afin d’enrayer la spirale infernale, celle qui transforme l’école (déjà pas marrante) en jungle où tout est permis.

PS : Merci à Syl, du blog « Thé, lectures et macarons » pour m’avoir donné l’envie de lire ce petit livre jeunesse !

Le Haunted reading bingo du Challenge Halloween 2021 chez Lou & Hilde (Bulles, Jeunesse et vampires), Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°93] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 40 pages).

Sorcières – La puissance invaincue des femmes : Mona Chollet [LC avec Bianca]

Titre : Sorcières – La puissance invaincue des femmes

Auteur : Mona Chollet
Édition : Zones (2018)

Résumé :
Tremblez, les sorcières reviennent ! disait un slogan féministe des années 1970. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d’aujourd’hui de figure d’une puissance positive, affranchie de toutes les dominations.

Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure de la sorcière. Elle est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l’Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ?

Ce livre explore trois archétypes de la chasse aux sorcières et examine ce qu’il en reste aujourd’hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante – les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant – l’époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d’horreur.

Mais il y est aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s’est développé alors tant à l’égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.

Critique :
Non, non, ce livre ne parlera pas des filles qui ont étudié à l’école de magie de Poudlard. Parce que elles, ce sont de vraies sorcières…

Non, plus terre à terre, Mona Cholet va nous parler de ces femmes accusées d’être des sorcières et qui n’en était pas.

Une vraie sorcière, telle que Minerva McGonagall, ne se serait jamais laissée brûler sur un bûcher ! Elle aurait changé tous ces juges laïcs en lombrics rampants. Na !

Le problème, c’est que les sociétés n’ont jamais aimé que des gens vivent différemment des autres, en marge de leurs règles. Et nous ne parlons pas des sociétés du Moyen-Âge, mais de celles de la Renaissance ! Comme quoi…

Quand des femmes, veuves ou célibataires, indépendantes, avec du savoir médical, avaient décidé de vivre sans être sous la coupe d’un père, d’un mari ou d’un fils, ça faisait grincer des dents et on finissait toujours par crier haro sur le baudet et à intenter des procès à ces pauvres femmes qui avaient voulu, ô les folles, vivre de manière indépendante !

À croire que nous foutons vraiment la trouille aux mecs lorsque nous refusons d’être des petites choses fragiles, des femmes à protéger, que nous parlons d’indépendance, de vivre sans compagnon, de faire des bébés toutes seules (♫) ou pire, quand on se rebelle ou qu’on se dresse devant le mec qui voulait nous agresser, sans peur dans nos yeux, mais avec la flamme qui dit « Viens, approche mon gars et tu vas voir ce que tu vas prendre dans ta gueule »…

Cette étude ne sera pas consacrée qu’aux chasses aux sorcières, aux femmes indépendantes, veuves, impertinentes… Mais l’autrice abordera aussi une bonne partie des problèmes rencontrés par les femmes dans le Monde et au fil du Temps.

Bizarrement, nous sommes souvent réduites à notre utérus et à notre condition de femme. Trump a attaqué Hillary sur sa condition de femme, se gaussant d’elle lorsqu’elle devait aller aux toilettes (Trump ne doit jamais pisser ou chier, lui !)…

Encore de nos jours, certains hommes ont souvent tendance à nous proposer, avec cynisme, de retourner à nos casseroles et à nos gosses. Et surtout, de nous occuper de notre mari ! Oui, la femme n’est bonne qu’au ménage, à s’occuper des autres (et de son mari) et à pondre.

Parce que la femme, pour être épanouie, doit faire des gosses ! Seule la maternité en fera une vraie femme et gare à elle si un jour elle ose dire à voix haute qu’elle regrette d’avoir eu des enfants, que ça lui a gâché sa vie. Tout le monde lui tombera sur le râble.

Idem avec les femmes qui veulent vivre seules, indépendantes, sans homme, sans enfants… Nous sommes en 2021 et c’est toujours mal vu. Il faut s’en justifier sans arrêt et tout le monde vous dira qu’un jour, vous le regretterez de ne pas vous être mariée ou d’avoir refusé d’avoir des enfants.

Moi, je suis pour être une tata, pas une maman. Je suis une super tata (je me jette des fleurs) et j’en ai ma claque aussi de devoir me justifier parce que n’ai rien voulu faire grandir dans mon utérus. M’envoyer en l’air, oui, prendre du plaisir, oui. Pour les gosses, je laisse ça aux autres. Ça en défrise toujours certaines ou certains…

Pour conclure (dans le foin), cette étude qui nous parle de la place des femmes dans la société, du féminisme, de nos droits obtenus de haute lutte (une dure lutte), du fait que certains ne veulent pas partager le pouvoir avec la moitié de l’humanité, que certaines femmes, elles-mêmes, préfèrent rester dans le rang, ne se lit pas d’une seule traite.

Les sujets sont vastes, denses et il vaut mieux être au calme pour en apprécier toutes les informations données. C’est 230 pages d’un condensé qui ne se boit pas d’un coup, tant on a envie aussi de grimper au mur devant toutes les injustices dont nous furent les victimes, nous les femmes. Et dont nous sommes toujours victimes !

Le plafond de verre est toujours sur nos têtes et nos droits, chèrement acquis, peuvent disparaître du jour au lendemain, sans que nous nous en rendions compte.

Gare à nous, les sorcières des temps modernes, qui refusons le maquillage, la teinture pour nos cheveux et qui, lorsque nous vieillissons, ne bénéficions pas de la sagesse que les mecs acquièrent, eux, avec les cheveux gris !

Putain, on s’est quand même bien fait baiser durant tout ce temps ! Parce que même sans être une petite chose fragile, même sans vivre avec un homme castrateur, même en possédant une grande liberté d’action, même en ayant fait mes propres choix, on s’en prendra tout de même plein la gueule du fait de notre sexe féminin.

Une étude sociologique à lire et à faire découvrir.

Merci à Bianca pour celle LC hautement instructive ! Hormis quelques points de détail sur lesquels nous avons des avis différents, pour tout le reste, nous avons appris des choses et nous sommes au diapason.

Le Haunted reading bingo du Challenge Halloween 2021 chez Lou & Hilde (Sorcières).

Dracula : Roy Thomas et Mike Mignola (Versions N&B et Couleurs)

Titre : Dracula (Versions N&B et Couleurs)

Scénariste : Roy Thomas
Dessinateur : Mike Mignola
Traduction : Janine Bharucha

Éditions : Comics USA (1994) / Delcourt (2018)

Résumé :
Il y 25 ans, Mike Mignola adaptait le classique film de Francis Ford Coppola basé sur le roman Dracula de Bram Stoker. Longtemps resté épuisé, ce trésor caché revient dans une édition couleur remastérisée digne de ce nom.

Transylvanie, 1462. Vlad Drakul laisse la belle Elisabeta pour guerroyer contre l’envahisseur turc. Revenu victorieux du combat, il découvre qu’elle s’est suicidée à la fausse nouvelle de sa mort.

Éperdu de douleur, il abjure sa foi en l’église et en appelle aux puissances du sang pour venger et retrouver sa bien-aimée à l’aide de pouvoirs obscurs. Il devient alors un vampire connu sous le nom de Dracula.

Critique :
Dracula de Bram Stoker, je le connais bien (lu le roman deux fois) et je connais encore plus l’adaptation faite par Francis Ford Coppola (que j’ai du voir 36 fois au moins).

Donc, lire l’adaptation du film (lui même adapté du roman) en bédé, ça pourrait sembler être une redite…

C’est en une sans en être car malgré tout, la mémoire efface certains détails et la version bédé a le mérite d’aller au plus rapide.

Possédant la version couleur, je me suis faite prêter la version en noir & blanc afin de comparer les deux éditions. Lisant la version N&B, je comparais ensuite la page avec celle de la version couleur.

Ce ne sont pas tout à fait les mêmes : la traduction est un peu différente entre les deux, certains graphismes ont été revus, mais dans l’ensemble, peu de différence, si ce n’est que l’on perçoit mieux les dessins avec les couleurs qu’en version N&B.

Si l’histoire est une adaptation assez fidèle du film (mais avec moins de détails), si j’ai pris plaisir à me remettre en mémoire, on ne pourra pas dire que les dessins de Mike Mignola m’auront apportés de la jouissance visuelle.

Trop d’ombres dans les visages et dans les décors. Cela brouille la perception que l’on aimerait avoir des personnages, cela cache les expressions des visages et réduisent l’endroit dans lequel ils évoluent à leur plus simple expression.

Ces zones d’ombres sont les mêmes dans la version couleurs, mais justement, les couleurs apportent un peu plus de détails aux cases et de ce point de vue-là, je préfère la version colorisée de 1994.

Comme je le disais plus haut, l’adaptation est assez fidèle, mais adapter un film en version bédé implique des coupes dans le récit, des ellipses et le bât a blessé un peu car cela donnait l’impression d’être face à un récit décousu.

Évidemment, l’adaptation n’était pas simple : le film de Coppola était long (et bon) puisque le cinéaste avait donné un passé à Dracula, humanisant le vampire, plus que le roman original de Stoker.

Adapter c’est donc trancher, couper, décapiter, renoncer… Le fait d’avoir encore en mémoire une grande partie du film m’a permis de ne pas perdre pied dans ce récit haché.

Anybref, ce ne sera pas un coup de coeur, ni pour les dessins, ni pour l’adaptation générale en bédé. Et ce, quelque soit la version (colorisée ou pas).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°74] et le Haunted reading bingo du Challenge Halloween 2021 chez Lou & Hilde (5. Vampires).