Le Mystère Mystérieux du Thé Interdit [Par Ida]

Le Mystère Mystérieux du Thé Interdit

Par notre envoyée spéciale et non rémunérée, Dame Ida

Théinomane notoire, et accro aux petits gâteaux qui vont avec la cup of tea, Dame Ida se rendit un beau matin à son comptoir de thés préféré afin de refaire les niveaux des boîtes de ses mélanges favoris.

Earl Grey (parfait pour accompagner les scones et le Victorian Sponge Cake), Thé vert à la menthe et à la rose (pouvant être bu n’importe quand et sans sucre ni lait), mélange fruité de roibos pour le soir, Darjeeling pour les shortbreads, et… Pour aller avec les spécialités chocolatées… du Lapsang Souchong.

Et là, vlan ! Y en a pas !

Le vendeur en uniforme crème, avec toute la bonne éducation et le vocabulaire choisi qu’il a dû démontrer pour se faire embaucher dans ce lieu un peu select, explique à la pauvre Dame Ida dépitée, que non seulement il n’est plus en mesure de lui vendre la précieuse substance, mais qu’en plus, par-dessus le marché il ne sera pas en mesure de lui en vendre avant longtemps, de nouvelles réglementations européennes ayant proscrit l’importation de cette variété de thé.

Dame Ida senti alors les larmes lui monter aux yeux.

Déjà que la fermeture ces dernières années des deux magasins Hédiard de proximité l’avait privée de la possibilité de racheter sans aller au Diable, son Mélange Madeleine préféré (thé noir, subtilement parfumé aux huiles essentielles d’orange et de vanille) parfait en toute circonstance…

L’annonce fut un terrible et tragique choc qui la laissa sidérée.

Afin de mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette sinistre affaire, Dame Ida parcouru la toile en long, en large et en travers… Et ce à plusieurs reprises…

Pour se rendre compte que si d’autres qu’elle avaient eux aussi tapé les mêmes mots clés dans leur moteur de recherche, les pages proposées par internet ne levaient absolument rien ou presque de l’énigme.

Tout au mieux mentionnait on de façon très vague que certains thés chinois pouvaient se trouver interdits d’importation car trop chargés en pesticides, les normes locales étant plus souples que les normes européennes…

Mais rien de plus spécifique concernant le Lapsang Souchong.

Dame Ida essaya alors de remobiliser ses vieux souvenirs de classe d’anglais et se lança dans l’écriture d’une longue bafouille au Sieur Charlot Kolmse, éleveur d’abeilles retiré des affaires londoniennes dans le Surrey, et dont certains de ses fans disaient qu’il s’agissait de son thé préféré…

Probablement pourrait-il alors éclaircir le mystère ?

A sa grande satisfaction, Dame Ida appris que le Sieur Charlot Kolmes avait été lui aussi sollicité pour les mêmes raisons par une très éminente nonagénaire chapeautée richissime souvent aperçue dans la presse people, habillée de couleurs acidulées et chargée de bijoux comme un sapin de Noël, et dont la principale activité est d’agiter sa main gantée d’un balcon ou à la fenêtre de sa voiture.

On la croise une fois par an paraît-il au Parlement, en train de nettoyer le sol avec une lourde serpillère géante en fourrure et velours, affublée d’un casque de sécurité étincelant de mille feux… et on lui propose assez vite de s’asseoir sur un siège totalement dément peu facile à caser dans le salon de n’importe qui, pour reprendre son souffle le temps d’un speech et de refaire le même chemin en sens inverse.

Mais ça… C’est une autre affaire… Surtout depuis que son mari refuse de lui servir de déambulateur dans ce genre de pinces-fesses.

L’intérêt de cette sollicitation prestigieuse, était que la dite nonagénaire cousue d’or et de diamants avait déjà largement rétribué le Sieur Charlot Kolmes, qui n’exigea alors aucun honoraire pour lui transmettre les informations à sa disposition avec un pot de miel de ses ruches… Qui au passage n’était guère fameux… Mais comme il était gratuit, il était bienvenu pour sucrer le rooibos du soir fruité de Dame Ida.

La réponse du Sieur Charlot Kolmes consistait en ces quelques lignes que je me suis permise de traduire (probablement avec quelques erreurs) afin de les rendre plus accessibles aux lectrices et lecteurs francophones :

« Chère Dame Ida,

C’est avec plaisir que je vous transmets gracieusement les quelques informations dont je dispose sur les raisons votre impossibilité à vous fournir en Lapsang Souchong.

Il faut tout d’abord comprendre réellement ce qu’est le Lapsang Souchong en revenant à l’étymologie des deux vocables qui s’associent pour le désigner. Le terme « souchong » renvoie non pas à un vieux chanteur français dont on peut encore se demander par quel mystère il parvient à écouler des disques depuis si longtemps, mais découle du terme chinois qui désigne de manière générique tous les thés fumés.

Le terme « Lapsang » quant à lui vient du mot chinois qui désigne la dernière feuille, plus épaisse, moins délicate et aux arômes peu subtils prélevée au théier lors de la cueillette.

Et oui, le lapsang souchong est un thé composé avec les feuilles les moins intéressantes du théier !

Cette feuille est traitée par oxydation afin de devenir un « thé noir » puis ensuite fumée, généralement avec un feu de bois d’épicéa (comme le saumon est généralement fumé au bois de hêtre !).

La légende voudrait que le Lapsang Souchong soit le fruit d’une erreur ou d’un accident, un peu comme votre tarte tatin…

En effet, au cours du XIXème siècle, dans un climat de relative instabilité politique (qui aboutira finalement à l’effondrement de l’Empire Chinois et à une « république » communiste), des cultivateurs de thé qui avaient mis leur récolte à sécher furent contraints de fuir leurs plantations avant qu’elles ne soient détruite.

Afin de ne pas perdre la récolte en cours de séchage, ils voulurent hâter le processus en mettant le thé au-dessus d’un feu de bois, ce qui laissa à la marchandise un goût fumé… (à l’instar du Scout qui passe à côté de vous après une soirée autour d’un feu de bois et qui ne s’est évidemment pas douché – NB : Je n’ai pas précisément testé le goût du Scout fumé n’étant pas cannibale comme une Belette, mais juste été incommodé par leur odeur en faisant la queue derrière eux à la boulangerie).

Le thé fumé ainsi obtenu était destiné à l’exportation européenne et surtout anglaise, les Chinois préférant garder les meilleures feuilles pour eux (n’oubliez pas qu’il s’agissait de « lapsang », c’est-à-dire des feuilles les moins bonnes), c’est avant tout en Occident que ce thé oxydé connût un véritable succès tandis qu’il était peu consommé en Chine.

Le Lapsang, ils ne souhaitaient pas le garder… Et lorsqu’il fut Souchoung ils s’en débarrassèrent encore plus volontiers.

Je connais d’ailleurs quelques mélomanes et amateurs de poésie française qui voudraient bien se débarrasser de leur Souchon également. On pourrait lui suggérer de rejoindre un certain Florent P. au Portugal où il pourrait bénéficier de super réductions d’impôts à condition de se taire à jamais… mais c’est une autre question.

Les informations dont je dispose maintenant sont hélas bien parcellaires et ne reposent que sur mes déductions personnelles issues du peu d’éléments et d’indices qui m’ont été transmis.

Les thés fumés étant exposés à des composants carbonés peuvent être devenus potentiellement cancérogènes, cancérigènes ou oncogènes (trois mots qui veulent dire la même chose et renvoient à la même cruelle réalité), à l’instar de la viande fumée, du saumon fumé, du barbecue, et de la cigarette pourtant bien plus addictogène et meurtrière (elle tuerait un consommateur sur deux) mais qu’on laissera en vente libre puisqu’elle permet de moins payer de retraites et d’engranger plus de taxes en faisant croire que les gens coûteraient moins cher à la société lors de leurs dernières années de vie s’il ne fumaient pas, ce qui est rigoureusement faux si on considère les coûts de la grande dépendance des sujets très âgés qui n’ont pas fumé.

Le potentiel oncogène des thés fumés serait considérablement augmenté par la saturation en pesticides des thés de Chine que l’Union Européenne aurait dans le collimateur.

La Chine se débarrassait déjà des feuilles de thé dont elle ne voulait pas, alors si en plus, elles sont pleines de pesticides et rendues potentiellement plus toxiques à cause du fumage, où va-t-on !

Bien entendu, on pourra rappeler que le tabac dont on fait les cigarettes n’est pas moins chargé en pesticides et aussi en substances aromatiques ou de texture… majorant l’effet addictogène et cancérigène… Mais ce serait de la mesquinerie, évidemment.

En tout cas, d’après certaines rumeurs, un grand nombre d’aristocrates britanniques auraient convaincu en sous-main certains parlementaires de rouler pour le Brexit et la sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne, simplement pour pouvoir à nouveau importer chez eux ce thé interdit dont il paraît qu’il peut encore se commander sur certains sites internet…

Mais pas sur tous… D’ailleurs, la dénomination « Lapsang Souchong » n’est plus au catalogue de Mariage, de Dammann, de Kusmi, Hédiard…, on pourra vous y proposer d’autres variétés de thés fumés, mais dont le goût restera éloigné de celui du Lapsang Souchong.

En revanche on trouvera une référence de Lapsang Souchong pour 17 euros les 90g sur la boutique en ligne de Fauchon… S’agit-il de vieux stocks pas encore totalement écoulés ? D’un contournement de la loi par le biais d’internet ? Quelque chose serait-il en train de bouger ? De nouvelles techniques de fumage ou des jardins chinois répondant à des normes de culture plus conformes aux attentes européennes seraient-ils en voie d’apparition ? La recette de ce mélange ne serait-elle pas la recette originale ?

Je ne suis malheureusement pas en mesure de répondre davantage à la question pour le moment car les maisons de thé semblent peu communiquer sur le sujet de peur que le public qui voit dans le thé un produit de santé ne finisse par le bouder : la mise en cause de la saturation en pesticide des thés chinois ne concernerait pas que les thés fumés ou le Lapsang Souchong mais toutes les autres importations.

C’est ce qui explique probablement l’absence d’informations claires sur la toile…

Absence d’informations qui nous laisse hélas à nos conjectures et ne fait pas autre chose que de souligner l’existence d’un complot international des marchands dirigé par un certain Maury Harty qui a sans doute utilisé le scandale du Lapsang Souchong pour favoriser le Brexit et spéculer sur la baisse de la livre sterling ».

Le Sieur Charlot Kolmse termina sa lettre par quelques badinages à faire rougir, vantant les formes généreuses et appétissantes de Dame Ida, et sur la beauté de sa voix qu’il comparait à celle d’une ancienne gloire des scènes lyriques, une certaine Irena Delair qu’il avait bien connue dans un sens, mais pas bibliquement s’empressa-t-il de préciser de peur que cessent les rumeurs sur son mariage tardif supposé avec un certains Jo Newattsön, et qui lui permettait de bien écouler son miel dans les milieux interlopes LGBT et asexuels fans de fandoms de la toile.

Mais en dire plus sur ce registre consisterait à lever le voile sur des affaires très intimes qui ne nous regardent pas, ce qui fait que nous ne nous étendrons pas sur la question.

Dame Ida en fut quitte pour perdre quelques euros afin de goûter un ersatz de thé légèrement fumé sans grand intérêt qu’elle essaie d’écouler en le proposant à sa belle-mère lorsqu’elle s’invite pour le thé, attirée par les odeurs diaboliques de pâtisserie émanant de sa cuisine.

Il est vrai que ses afternoon tea agrémentés de son sponge cake à la strychnine, ses scones à l’arsenic, et ses sandwiches au beurre moules périmées (qui remplacent avantageusement le crabe), et ses petits fours à la Landru ont résolu bon nombre de ses embarras sociaux.

Dame Ida, se prit alors à rêver d’une invitation dans la résidence écossaise où la nonagénaire aux jolies robes s’enferme pour bouder (le château s’appelle depuis « Pâlemoral »), pour prendre un vrai thé fumé dans les règles du lard, en compagnie d’autres aristocrates comme Lady Gaga ou des stars du showbiz comme les nouveaux mannequins vedettes de mode pour bébés comme Georges et Charlotte, qui tels de parfaits top-models ont appris à tirer la tronche en lisant dans The Sun que leur dévergondée de maman leur préparait un petit frère ou une petite sœur, pendant que leur père apprenait à retirer des draps recouvrant des plaques commémoratives par-ci par-là où à couper des rubans avec des gros ciseaux…

Peut-être y serait-elle également présentée à ses stars préférées, Hercule Poivrot, Miss Marble et Agatha Chippie ?

Ah ! si seulement… Vautrée dans son fauteuil, le sourire aux lèvres et la tête à Pâlemoral, Dame Ida sombra dans son abîme de rêverie, imaginant le buffet de scones et de pâtisseries proposés dans le grand monde… sans se rendre compte que sa main tenant son ultime tasse de Lapsang Souchong relâchait sa prise et laissait écouler le divin nectar sur ses pieds… « Sa mère la pute qui suce des ours morts en enfer ! » s’écria-t-elle alors dans un sursaut rageur, tant sous l’effet de la douleur de ses pieds ébouillantés, de ses Loboudins ruinées, et du thé perdu.

Elle jeta sa tasse vide à travers la pièce en visant le chat qu’elle n’avait pas encore réussi à faire entrer dans le grille-pain, en hurlant : « Ben puisque c’est comme ça, je me mettrai au café ! ».

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TEA TIME : vous reprendrez bien une cup of tea [PART 2/2]

Après quelques petits rappels historiques nécessaires pour tout savoir sur le carburant sans lequel les auteurs de polars anglais ne pourraient écrire, nous allons aborder aujourd’hui quelques règles de base de sa préparation, histoire de n’avoir pas à rougir si Her Magesty The Queen venait frapper à votre porte pour le tea time ».

Bon d’accord… ce serait mieux avec une recette de sponge cake… Car un afternoon tea sans scones et sponge cake est une hérésie… Mais bon… Faut pas pousser ! C’est un blog littéraire chez Belette ! Et c’est une Cannibale ! Pas une mangeuse de cakes ! Il lui faut de la viande encore tiède à autopsier !

Comme pour les vins, les thés se regroupent en familles de couleurs (noir, bleu, vert, jaune, blanc), mais en aussi en pays (Chine, Japon, Inde) ou régions de production (Darjeeling, Assam, Ceylan etc…)…

Et pourront prendre des noms particuliers en fonction des saisons ou des modes de préparation.

Le thé n’est pas une boisson uniforme, mais un ensemble quasiment infini d’arômes et de nuances subtiles.
Au restaurant, lorsque l’on commande du « vin » on vous demandera de préciser si vous voulez qu’il soit rouge, blanc, rosé, sec, moelleux, pétillant ou non, fruité, tanique… si vous voulez un bordeaux, un bourgogne un côte du Rhône, un vin d’Alsace de Loire ou d’Arbois…

Quand on ne vous propose pas les vins des autres pays du monde ! On peut ne pas aimer le rouge, et adorer le blanc… ne pas aimer les bordeaux et préférer les bourgognes… Etc…

De fait… j’aurais tendance à penser qu’on ne peut pas dire qu’on n’aime pas le thé tant qu’on ne les aura pas goûté tous !

Si le thé vert (« gunpowder ») à la menthe fraîche très sucré est une tradition bien ancrée dans le moyen orient, et si le très britannique et fameux Comte (« Earl » en anglais) Grey (pitié ! Pas celui des 50 nuances !!!) nous a légué un thé noir parfumé à la bergamote pour faire plaisir à sa femme, la tradition des thés aromatisés reste très française.

Les thés aromatisés représentent un tiers des ventes par chez nous…

Si les thés aromatisés de la grande distribution associent dans leurs sachets de la poudre de thé issue des feuilles de moindre qualité sans caractère et sans subtilité à des cristaux d’arômes artificiels souvent très agressifs pour l’estomac, les marchands de thés spécialisés qui proposent des thés plus qualitatifs, vendrontdes feuilles ou brisures de feuilles aromatisées par des huiles essentielles naturelles.

Les fleurs ou morceaux de fruits séchés ajoutés au thé pour faire joli et « naturel » n’apportent en réalité rien au goût entièrement porté par les huiles essentielles dont on a imprégné les feuilles.

NB : sur les boîtes de thé, du fait d’un flou juridique, la mention « arômes naturels » ne garantit en rien que les arômes soient réellement naturel si la nature de l’arôme n’es pas précisée (comme par exemple « arômes naturels de bergamote »).

Je vous avoue que le petit passage du reportage de France 5 nous expliquant quels produits mélangeant chimie et poussière de thé de qualité zéro on nous vend aujourd’hui dans la grande distribution, a eu le don de me faire monter ma tension, surtout quand on sait que la consommation de thé est très entretenue par sa réputation de produit bon pour la santé !

Feu Jean Pierre Coffe nous aurait lancé un tonitruant « C’est de la merde » bien mérité !

Au-delà du choix de la qualité du thé (poudre commune insipide aromatisées aux cristaux corrosifs vs feuilles entières de qualité aromatisées ou non avec des huiles naturelles), la réussite d’une bonne tasse de thé passe par d’autres critères très délicats.

La théière peut être de n’importe quelle matière. Il est juste conseillé de faire attention à ce que votre bec verseur ne verse pas à côté (certaines théières très jolies inondent toute la table avant que votre tasse soit pleine !), de n’utiliser qu’une seule sorte de thé avec une théière en terre cuite (la terre s’imprègne des arômes du thé), et de se contenter de les rincer à l’eau tout de suite après usage (l’astringence du thé dispense de l’utilisation de produit vaisselle qui mal rincé peut gâcher le goût de la prochaine préparation).

Il est conseillé d’ébouillanter sa théière par une première eau que l’on videra, avant de la remplir avec le thé et l’eau du thé. Elle maintiendra mieux la chaleur du breuvage.

Le choix de l’eau réclame plus de précautions : il ne faut jamais utiliser d’eau minérale. Seulement de l’eau de source ou de l’eau du robinet filtrée et qu’on laissera reposer quelques minutes pour évacuer le chlore.

Le calcaire et les minéraux fixent les tanins et renforcent leur goût au point d’altérer les arômes du thé. On peut s’aider d’un thermomètre de cuisine pour vérifier la température.

Pour l’eau à 95°C, il faut savoir que c’est la température atteinte dans la bouilloire juste avant l’ébullition. Il est dit qu’un bon anglais est censé savoir à l’oreille à quel moment il doit arrêter sa bouilloire !

Le Dosage : Le site du Palais des thés recommande un dosage de 6g/30cl pour la grande majorité des thés. Malheureusement nos balances de cuisines ne sont pas toujours assez précises. Certains site proposent de mettre une cuillère à café de 2 à 2,5g par tasse…

Mais là encore difficile de peser… et ces sites ne précisent pas la contenance de la tasse (cela étant la tasse a thé est plus grande que la tasse à expresso – je crois que le mug a une contenance de tasse à thé).

Le mieux est encore d’utiliser une cuillère à dosage vendue dans les magasins spécialisés. C’est un investissement raisonnable qui permet d’éviter les erreurs.

Chaque type de thé réclame une température d’eau et un temps d’infusion qui lui est particulier. Une eau trop chaude casse le goût du thé… Une eau trop froide ralentit ou empêche une bonne infusion… Un temps d’infusion insuffisant rendra le thé insipide et un temps trop long le rendra amer ou acide… Voici donc quelques données pour s’y retrouver :

THÉS NOIRS (Chine, Ceylan, Assam, Darjeeling, Pur Erh) : Température entre 80°C et 95° – Infusion entre 3 et 5mn (jamais plus et pour le Pur Erh pas moins de 4mn)

THÉS VERTS (parfumés ou pas) Température entre 70°C et 75°C pendant 2 à 4 mn (trop acide au-delà).

THÉS BLANCS (très rares et aux arômes très délicats) Température 70°C temps d’infusion entre 5 et 10 minutes

OOLONGS (une technique d’infusion plus complexe existe mais… c’est pour les pros !) : Température 95°C pendant 5 à 7mn

THÉ AU JASMIN (méthode déterminée par les exigences du jasmin) : Température 70°C-75°C pendant 3 à 4 minutes

THÉS PARFUMÉS (des thés noirs le plus souvent) OU FUMÉS (lapsang souchong) Température 80-95°C pendant 4 ou 5 minutes

THÉS ROUGES ou Rooibos : il ne s’agit pas réellement de thé mais d’une plante dont la saveur est voisine et qui ne comporte pas de théine. La nouvelle législation ne permet d’ailleurs pas de le vendre sous la dénomination « Thé » Ils sont rarement employés seuls mais dans des mélanges aromatisés – Température 90°C pendant 5 à 6 minutes.

Une fois que l’infusion est terminée, il ne faut JAMAIS laisser le thé dans la théière.

Pour finir je ne saurais que trop recommander de considérer le thé avant tout comme un produit de plaisir et de convivialité plus que comme un produit de santé.

En effet, même si le bio (peu de thés peuvent garantir l’être réellement et les certifications locales en matières de pesticides et engrais sont peu exigeantes) et le détox sont aujourd’hui à la mode, même si l’on vous assure que la teneur en antioxydant du thé (vert en particulier – les thés noirs ou aromatisés ne sont pas concernés) aurait des vertus préventives contre le cancer…

Les médecins n’en ont actuellement pas la preuve, et vous rappelleront que si vous fumez ou avez une hygiène de vie ou alimentaire déplorable… boire des litres de thé vert ne servira à rien d’autre qu’à vous faire aller souvent aux toilettes et à favoriser des carences en fer (le thé empêche la fixation du fer), et par conséquent à favoriser l’anémie (le fer est la composante principale de l’hémoglobine nécessaire à nos globules rouges) notamment chez les femmes du fait de leurs embarras mensuels et éventuels régimes.

Donc… À consommer avec modération ! Et oui… même le thé !

Voilà maintenant que vous savez toutes les bases de ce qu’une honnête femme doit savoir sur le thé et surtout pour ne pas le rater… Je n’ai plus qu’à vous dire : « À vos théières ! »

TEA TIME : vous reprendrez bien une cup of tea ? [PART 1/2]

© Article rédigé par Ida et illustré par la Belette-Cannibal Lecteur

Apprécier une aventure de Sherlock Holmes, d’Hercule Poirot ou de Miss Marple ou tout autre bon thriller made in Britain réclame que le lecteur se mette dans des conditions optimales afin de porter l’expérience à son paroxysme.

La « cup of tea » s’impose d’autorité comme le breuvage adéquat pour de telles lectures, comme le Sauterne est devenu le partenaire indissociable du foie gras !

Dame Belette m’a chargée de convaincre les dernières récalcitrantes des bienfaits du thé en vous imposant une petite leçon de chose afin de vous ôter le souvenir des médiocres Teawings, Clipton et Laid-les-Faons qui ont traumatisé tant de papilles et d’estomacs, et vous rendre l’envie de découvrir toutes les richesses des bons thés de qualité.

La diffusion d’un récent reportage sur Arte**, quelques pages de Wikipedia*, de blogs et autres sites de références sur le thé m’ont permis de compiler toutes ces informations de base d’une absolue nécessité pour qui veut bien se lancer dans une expérience positive de la découverte du thé.

Car oui, mesdames et messieurs, il vous est très officiellement recommandé dès aujourd’hui de balancer à la poubelle tous ces sachets remplis de poussières de thés de dernières catégories dont le mauvais goût est simplement écrasé par… des arômes chimiques propices à vous attaquer l’estomac.

Mais… Comme c’est ici un blog littéraire, et non une annexe de Marmiton, avant de passer aux conseils de dégustation, faisons un petit détour culturel et un rappel historique qui nous permettra de briller en société, lorsqu’on ne sait plus quoi se dire lors d’un afternoon tea chez la très pure et très chaste Lady Marmelade.

Or donc… On retrouve les premières traces attestées de la consommation de thé en Chine au cours du deuxième siècle avant Jésus Christ, bien que la légende voudrait qu’il fût déjà connu depuis 2000 ans avant cette date, après que l’Empereur Shennong n’ait bu une eau qu’il avait fait bouillir (ben oui, pas de robinet avec eau chlorée ou de carafe Brita à l’époque !) et dans laquelle était malencontreusement tombée une feuille d’un arbre à thé soit d’une certaine espèce de camélia (je vous déconseille fermement de vouloir utiliser celui que Monsieur votre Chéri vous ramènera de chez la fleuriste).

C’est au cours du VIIIe siècle (après JC) qu’un certain LU YU rédigera le premier ouvrage consacré au thé.

À cette époque, la feuille est réduite en poudre et compactée et séchée en brique que l’on gratte pour en extraire la poudre lorsqu’on veut la réutiliser.

Le problème c’est que la conservation n’est jamais très bonne à cette période et que des parasites et insectes contaminent les briques (qui ressembleraient presque à un fromage Corse!).

La poudre extraite est alors grillée, bouillie avec du sel, et d’autres ingrédients aromatiques (gingembre, oignons…) et servie sous forme de mixture épaisse appréciée pour ses vertus revigorantes.

Le thé est alors si précieux qu’il est utilisé comme monnaie de troc et que le gouvernement établit un monopole.

Entre le IXe et le XIIIe siècle, la conservation des briques semble s’améliorer car on commence à préparer le thé battu.

La poudre de thé est grattée sur la brique et incorporée dans une eau chaude à l’aide d’un petit fouet.

C’est ainsi qu’il se prépare toujours lors de la cérémonie du thé japonaise.

En effet, c’est au XIIe siècle que le thé et ses briques sont introduits au pays du Soleil Levant où il est encore aujourd’hui conservé également sous cette forme.

C’est au XIVe siècle sous la fameuse dynastie des Ming que le thé infusé fait son apparition.

On ne fait plus de brique de poussière de thé, mais on conserve les feuilles entières pour les sécher. On les plie ou les roule de façons différentes en fonction des régions, ce qui permet de mieux repérer les origines des thés.

Le thé infusé nécessite alors une théière, et des tasses, ce qui vient enrichir la diversité de l’art des céramiques et porcelaines chinoises en plein essor à cette époque.

A la fin du XVe siècle Vasco de Gama ouvre la route maritime vers les Indes. Quelques décennies plus tard, vers la moitié du XVIe siècle, le Portugal commence à importer le thé à partir de ses comptoirs du Japon.

Le thé de Chine quant à lui arrive en Europe et dans le Moyen Orient en passant par la Russie, par la fameuse route de la soie.

C’est au cours du XVIIe siècle que le thé se popularise progressivement en Grande Bretagne et en Europe.

Au XIXe la Duchesse de Bedford, amie de la Reine Victoria se rend célèbre en instituant la tradition de l’Afternoon Tea (thé accompagné de sandwiches salés, de scones et de pâtisseries, dont le fameux victorian sponge cake) voulant imiter la tradition perdue des salons mondains parisiens disparue depuis la révolution française.

Cette tradition revisitée par nos voisins britanniques revint en France au cours du XIXe…

C’est à cette même période que le thé d’abord Chinois, puis Japonais, commença à être cultivé en Inde sous l’impulsion des anglais (l’Inde était une colonie britannique) qui avaient découvert dans la région d’Assam une espèce locale de théiers.

La culture du thé s’étendra alors de l’Himalaya (Dardjeeling) jusqu’à Ceylan.

La culture du thé s’est étendue dans de nombreuses régions à partir de variétés diverses d’arbres à thé, qui vont développer des arômes subtilement différents en fonction de la saison de la cueillette, ou du fait que l’on cueillera les bourgeons (pour les thés blancs) ou les feuilles les plus tendres…

TO BE CONTINUED…

Voilà, vous vous coucherez moins bêtes ce soir… et vous saurez tout, tout, sur le… THÉ en regardant le reportage de FR 5 dont Ida m’a gentiment passé le lien !

À bientôt pour la suite (et fin) de cette immersion dans l’Histoire du thé !

*https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_th%C3%A9
**https://www.youtube.com/watch?v=Qt_eT2e1UtM&t=280s