"My mind rebels at stagnation. Give me problems, give me work, give me the most abstruse cryptogram, or the most intricate analysis, and I am in my own proper atmosphere. But I abhor the dull routine of existence. I crave for mental exaltation". Sherlock Holmes, Sign of four (Le signe des quatre)
Sherlock Holmes : L’Escarboucle Bleue – The Blue Carbuncle
SAISON 1 – ÉPISODE 7
Producteur : Michael Cox, Stuart Doughty
Réalisateur : David Carson
Scénariste : Paul Finney
Décorateur : Tim Wilding
Musique : Patrick Gowers
7ème épisode tourné
Série 1 : 7/7
1ère diffusion : Angleterre : 5 juin 1984 – ITV Network (7ème épisode diffusé); Etats Unis : 25 avril 1985 – WGBH; France : 5 février 1989 – FR3 (7ème épisode diffusé)
Durée : 51 min 50 sec
Distribution :
Jeremy Brett … Sherlock Holmes
David Burke … Dr. Watson
Frank Mills … Peterson
Frank Middlemass … Henry Baker
Ken Campbell … James Ryder
Desmond McNamara … John Horner
Amelda Brown … Jennie Horner
Brian Miller … Inspector Bradstreet
Rosalie Williams … Mrs. Hudson
Rosalind Knight … Countess of Morcar
Le pitch ? La veille de Noël, Sherlock Holmes est réveillé par Peterson, un commissionnaire, qui lui confie une oie et un chapeau melon cabossé. Il les a ramassés sur le lieu d’une altercation entre ivrognes dans les rues de Londres.
Holmes lui offre l’oie et garde le chapeau melon. En l’examinant, il en déduit une multitude de détails qui stupéfient Watson.
Peu après, Peterson revient bouleversé. Son épouse vient de trouver une pierre bleue scintillante dans le jabot du volatile. Holmes réalise qu’il s’agit de l’Escarboucle bleue, pierre précieuse de valeur inestimable, qui vient d’être dérobée à la comtesse Morcar, à l’Hôtel Cosmopolitan.
La police a déjà un coupable désigné : le plombier John Homer, qui fut condamné par le passé. Mais il jure de s’être amendé et clame son innocence.
Sherlock Holmes retrouve le possesseur du chapeau melon, Mr. Henry Baker, totalement étranger à l’affaire, puis remonte la piste de l’oie et tombe ainsi sur le véritable voleur sur le marché de Covent Garden.
Rien à dire, ils savaient se fouler pour leur intro, à la Granada : au travers d’une pierre précieuse, on voit tous ses possesseurs dans le monde et dans quelles manières ils s’en sont appropriés. Tout n’est que meurtre et vol, bain de sang et violence.
Ensuite, on tombe sur deux membres du personnel qui se pelotent sur le canapé d’une chambre de l’hôtel Cosmopolitan, le tout devant le sapin de Noël. La comtesse de Morcar revient, faut arrêter les cochonneries !
Oh, catastrophe, l’escarboucle bleue de la comtesse a disparue et on arrête le pauvre John Horner, plombier mais ancien voleur reconvertit, qui avait bossé ce jour-là dans la chambre de la comtesse.
Pendant ce temps-là, Watson sort du 221b et un homme y entre, muni d’une oie blanche et morte…
Holmes tiré de son sommeil par sa logeuse, ronchonne, met la main sur une cigarette directement et cherche ensuite des allumettes. Qu’il ne trouve pas, la boite étant vide.
Bon sang, une cigarette à allumer et rien pour le faire !!
Jeremy, dans cet épisode contribua fortement au tournage de la scène de la première cigarette au saut du lit. Fumeur invétéré lui même, Jeremy connaissait les envies de nicotine irrépressibles du petit matin.
Il savait que Holmes, également dépendant du tabac, devait les ressentir lui aussi et il les intégra dans son interprétation.
Holmes était un grand fumeur, mais pour sa première pipe du matin (oups, trivial comme phrase), c’était un peu dégueulasse car elle était composée avec les vieux restes de tabac froid récupérés dans les pipes fumées la veille.
Pipes rangées dans son râtelier près de la cheminée. Heureusement Jeremy n’essaya jamais de montrer ça !!
Ensuite, la scène devient encore plus cocasse avec le détective qui se précipite dans le salon pour trouver une allumette, sa chemise de nuit entrouverte lui battant les jambes, robe de chambre grise passée sur le tout, cherchant fébrilement des allumettes pour allumer sa fichue cigarette.
Le grand détective mourant d’envie de tirer sur sa première cigarette de la journée n’est pas ici à son avantage.
Il sursautera lorsque le commissionnaire Peterson lui adressera la parole, déposant son oie et le chapeau melon sur la table.
Aaah, voir Holmes au saut du lit (mais on ne nous parle pas des petites raideurs du matin), en chemise de nuit (on glisserait bien la main dessous), le voir allongé dans le sofa pendant qu’il écoute Peterson lui expliquer comment il est entré en possession de l’oie et du chapeau melon… C’est tout simplement magnifique !
C’est aussi pour cela que j’ai sélectionné cet épisode – que je visionne toujours avec plaisir – car on pénètre dans la vie quotidienne de nos héros avec force de détails.
Cette volonté de recréer l’intimité en dehors de l’enquête, donne plus de crédibilité aux histoires et rend les personnages plus attachants.
En plus, c’est la période de Noël ! Voir Watson chargé de cadeaux, c’est magique, on rêverait d’un papa Noël tel que lui…
Et puis, aussi bien la nouvelle canonique que l’épisode de la série nous offre l’une des plus belles leçons de déduction de Holmes : le chapeau melon abandonné avec l’oie, lors de la rixe, aux pieds de Peterson.
Lorsque Watson rentre, il lit à voix haute l’article qui relate le vol de l’escarboucle bleue à la Morcar.
Holmes reste silencieux, observant le chapeau avec attention, ce qui rendra le docteur un peu moqueur sur cette étude.
Il n’aurait pas dû…
Humour avec la tête de Holmes qui lui demandera ce qu’il déduit du chapeau : Watson déduit peut de choses ! Juste le nom du proprio, mais là, c’était facile.
A partir de ce vieux melon cabossé, Holmes fait une description détaillée de son propriétaire, son aspect physique, son caractère, ses manies, son mode de vie (dont le fait qu’il n’ait probablement pas le gaz chez lui).
Watson s’esclaffe, moqueur. Notre détective devra lui expliquer le cheminement de son raisonnement infaillible (on passera sur le fait qu’une grosse tête soit le fait d’un homme intelligent, mais à cette époque, on le pensait vraiment).
Moment plus agité avec Peterson qui fait irruption, tremblant et confus : dans le jabot de son oie, il y avait… l’escarboucle bleue !
Voilà un épisode qui allie une enquête au poil, l’humour, les déductions, le jeu des acteurs et leur complicité.
« Watson, marry me, please »
Holmes est un rusé, il arrivera à retrouver le propriétaire du chapeau et de l’oie, tous les détails de ses déductions corroborés par monsieur Henry Baker. Qui est étranger au vol de la pierre.
Néanmoins le docteur ne s’avoue pas si facilement vaincu. Doutant des déductions de son ami et ayant envie de démontrer que Holmes ne peut pas toujours avoir raison, Watson interrogera le proprio du chapeau au sujet du gaz qu’il n’aurait pas fait installer chez lui.
Si Watson voulait piéger son ami et prouver son erreur, il en sera pour ses frais puisque, une fois de plus, Holmes avait raison…
Cette petite compétition intellectuelle est très amusante. Les dialogues sont toujours incisifs et percutants. Watson apparait comme un homme intelligent, fier et résolu, qui finalement éprouve une réelle admiration pour son ami.
Holmes nous prouve aussi qu’il est capable de remonter une piste, de retomber sur ses pieds et de tirer les vers hors du nez des gens qui ne veulent pas parler en rusant un peu.
La manière dont il fait parler le marchand de volailles est tout simplement excellente ! Utiliser le fait que le marchand est un jouer de pari invétéré…
Bref, le détective est au meilleur de sa forme et Brett aussi.
L’atmosphère de Noël contraste avec le côté sordide de l’affaire mais cela donne un petit plus. Je dois même vous avouer que c’est l’épisode préféré de mon homme.
Moi, j’adore voir Holmes ranger la pierre précieuse dans son tiroir, juste au côté du portrait de Irène Adler et prendre un peu le temps avant de refermer le tiroir.
Une fois de plus, Holmes se substituera à la loi, ne dénonçant pas le véritable voleur. Noël est propice au pardon.
Au moment de passer à table à minuit, Watson lui rappelle que Horner, le plombier, est toujours en prison. Abandonnant son verre de vin et la belle table, Holmes se lèvera pour aller prévenir l’inspecteur Bradstreet.
John Horner retrouvera sa femme et ses deux enfants et la vioque retrouvera sa pierre précieuse…
Sherlock Holmes : La Ligue des Rouquins – The Red-Headed League
SAISON 1 – ÉPISODE 12
Producteur : Michael Cox, Stuart Doughty
Réalisateur : John Bruce
Scénariste : John Hawkesworth
Décorateur : Margaret Coombes
Musique : Patrick Gowers
12ème épisode tourné
Série 2 : 5/6
1ère diffusion : Angleterre : 22 septembre 1985- ITV Network (12ème épisode diffusé); Etats Unis : 6 mars 1986 – WGBH; France : 12 mars 1989 – FR3 (12ème épisode diffusé)
Durée : 51 min 40 sec
Jeremy Brett … Sherlock Holmes
David Burke … Dr. John Watson
Roger Hammond … Jabez Wilson
John Labanowski … Athelney Jones
Tim McInnerny … Vincent Spaulding/John Clay
Eric Porter … Moriarty
Reginald Stewart … Doorman
Malcolm Weaver … Archie
Richard Wilson … Duncan Ross
Le pitch ? Une annonce de la Ligue des Rouquins parue dans la presse, retient l’intérêt de Jabez Wilson, qui a une boutique de prêts sur gages dans la City.
Son commis lui a signalé que cette Fondation cherchait à embaucher un homme roux, pour un très haut salaire de 4 livres par semaine.
Malgré la file des postulants, Wilson est tout de suite retenu pour sa perfection capillaire.
Son travail purement nominal consiste à recopier l’intégralité de l’Encyclopedia Britannica à raison de quatre heures par jour, tous les jours sans exception et sans quitter son poste de la journée. Mais deux mois plus tard, Jabez Wilson trouve porte close en allant à son bureau. Son employeur s’est volatilisé et la mystérieuse Ligue semble n’avoir jamais existé.
Il vient se plaindre à Sherlock Holmes d’avoir perdu son emploi, mais le détective soupçonne une affaire beaucoup plus complexe.
PS : cette vidéo est introuvable sur You Tube pour des raison de droits d’auteurs, bref, je ne sais pas vous la mettre en lien vidéo et je l’ai regardée sur un de mes DVD.
Intro : La banque située à la « Saxe Coburg Street » semble attirer l’attention d’un mystérieux homme. Le fourgon marqué d’un « V.R » pour Victoria Regina décharge des colis bien lourds, tandis qu’un des chevaux de l’attelage gratte le sol.
Le mystère est entretenu par un des hommes de l’attelage qui laisse tomber de manière délibérée un papier important sur le sol. Nous ne verrons que les main manucurées de celui qui ouvrira l’enveloppe parlant d’un dépôt de la Banque de France de 60.000.
Sherlock Holmes est en compagnie d’un client d’un roux flamboyant. L’acteur, Roger Hammond, est affublé d’une défroque presque clownesque et nous interprète un Jabez Wilson naïf et roublard, geignard et rapace, obséquieux et irascible, un désopilant personnage de farce.
Oui, « La ligue des rouquins » est un épisode marrant !
Alors que nous découvrons Holmes et son roux de client, Watson entre dans la pièce, s’excusant en découvrant Holmes occupé et il fait demi-tour.
C’est pour ce genre de chose que j’adore Jeremy Brett dans le rôle : Holmes court et saute par-dessus le canapé pour rattraper son ami et hagiographe.
— Oh, sorry Holmes. — No, no, you couldn’t have come at a better time. — I was afraid you were engaged. — I am, very much so. Dr. Watson shares my love of all that is bizarre, but outside the routine of everyday existence.
C’est une anthologie, cette scène du saut au-dessus du canapé ! (sur la vidéo regroupant des moments marrants de la série : c’est à la 1:00).
Si notre détective stupéfie son client avec ses déductions sur son dur labeur, ses travaux d’écriture, son voyage en Chine… une fois qu’il lui a expliqué le chemin de ses déductions, il se faite entendre dire « Je pensais que c’était malin, mais en fait, je vois maintenant que ce n’est rien du tout ».
Une fois la moue de Holmes passée, Jabez Wilson raconte sa mésaventure.
Son commis lui ayant parlé d’une ligue des « rouquins » qui cherchait leur roux, il s’est rendu sur place et a failli se décourager devant l’importance de la file.
Malgré tout, c’est lui qui fut choisi !
Moment très drôle : l’entrevue où Duncan Ross, le « Président de la Ligue des Rouquins », se pâme d’admiration devant la parfaite chevelure rousse de Wilson, si irrésistible que, contrevenant au règlement de la Ligue, il engage le prêteur bien qu’il soit sans enfants.
Duncan Ross est joué par Richard Wilson, qui joue Gaius dans la série « Merlin ».
Sa mission ? Recopier l’intégralité de l’Encyclopedia Britannica à raison de quatre heures par jour, tous les jours, sans exception et sans quitter son poste de la journée. Il est payé, bien entendu…
Alors qu’il énumère les mots qu’il avait déjà fait, ceux en « A », on voit Watson se retenir de rire et Holmes aussi. Ils reprennent leur sérieux afin d’écouter la fin.
Leurs figues plus en détail…
Mais deux mois plus tard, Jabez Wilson a trouvé porte close en allant à son bureau. Son employeur s’est volatilisé et la mystérieuse Ligue semble n’avoir jamais existé.
À la fin de son récit, Watson n’en peut plus, il se marre !
Holmes le sermonne bien d’un « Watson », mais lui même est prêt d’exploser, ce qu’il fait, riant un peu avant de retrouver son sérieux devant un Wilson qui ne trouve pas ça drôle du tout !
Notre brillant détective sait qu’une chose plus grave se cache sous ce qui à l’air d’être une farce coûteuse.
La description de son assistant de Wilson, celui qui bosse pour moitié prix alors qu’il a du talent, le fait tiquer de manière imperceptible.
C’est pour cela que j’aime cette aventure, c’est parce qu’elle comporte une part de mystère : pourquoi demander à un roux de recopier une encyclo et le payer ??
Pour réfléchir, Holmes va fumer…« It is quite a three pipe problem, and I beg that you won’t speak to me for fifty minutes ».
He curled himself up in hischair, with his thin knees drawn up to his hawklike nose, and there he sat with his eyes closed and his black clay pipe thrusting out like the billof some strange bird.
Anecdote :Sherlock Holmes fumait comme un sapeur : cigarettes, cigares et pipes.
Jeremy Brett, fumeur invétéré lui-même, détestait la pipe. Son frère Patrick, expert en la matière, lui donna des leçons et lui fournit du tabac doux. Mais cela ne devint jamais un plaisir pour lui…
C’est un Holmes bondissant et ayant compris qui réveille un Watson endormi sur le fauteuil avec un livre…
Direction le magasin de Jabez Wilson afin de reconnaître les lieux : Mortimer, le buraliste, le marchand de journaux, le restaurant végétarien (hein Elyon que ça te fait pouffer de rire, ce resto !), la banque Suburbian et le dépôt de voitures McFarlane.
Quelques petits coups de canne devant le magasin de Jabez Wilson et Holmes demanda une rue quelconque à Vincent Spaulding, le commis de Wilson…
Une fois que Holmes avait vu la disposition de lieux et exécuté ce qu’il avait fait, laissant Watson et le téléspectateur (le lecteur aussi) ébahi et médusé, il avait tout compris de l’affaire et savait pourquoi on avait créé la ligue des rouquins et choisi Jabez comme digne représentant à recopier l’encyclopédie Britannique.
Non seulement Holmes est un détective brillant, il connait son Londres par cœur, mais il ne dédaigne pas d’amuser non plus.
Puisqu’il ne sait rien faire de plus maintenant, il propose à Watson d’aller écouter Sarasate qui joue au Saint-James Hall !
Notre détective aimait la musique et le violon et l’acteur a laissé transparaître les moments de purs bonheur qu’il passait à écouter le violoniste.
J’adore cette scène parce que Watson y va de sa voix off en nous parlant de ce grand homme. Holmes, hein, pas le violoniste !!
S’il y aura des moments plus calme avec la planque, ensuite, tout passe à la vitesse supérieure et on termine sur une belle notre finale : Holmes a réussi son enquête.
Rien à redire, Conan Doyle avait inventé une nouvelle bien foutue en partant d’un truc tout bête…
Petite entorse au canon dans cet épisode parce que l’on voit « le professeur » dont on devine qu’il est Moriarty.
Oui, nous aurons la confirmation que c’est le Napoléon du Crime qui était derrière tout cela. On conseillera même à Holmes de ne plus prononcer son nom s’il tient à la vie.
Moriarty est trèèès fâché, mais il le cache à son « homme de main ».
La scène finale est une de mes préférées : après avoir expliqué tout le cheminement de ses déductions à Watson qui achète un livre, se moquant un peu du fait qu’il n’ait pas compris…
Holmes lui avoue ensuite que sa vie n’est qu’une fuite en avant, ce à quoi rétorquera Watson en lui disant qu’il est un bienfaiteur de l’humanité.
Holmes lui dit alors « L’homme n’est rien, l’œuvre c’est tout, comme le disait Gustave Flaubert à George Sand ».
L’accent de Jeremy, dans la V.O est horrible et on a du mal à comprendre si on ne connait pas la phrase avant.
Pourtant, Holmes parlait très bien le français !!
Et on termine avec la sale gueule à Moriarty qui le regarde de loin…
Petite note : Si les producteurs ont inclus Moriarty et fait une grosse entorse au récit canonique, c’est pour préparer le téléspectateur à l’épisode suivant : « Le dernier problème ».
En effet, dans le canon, Doyle avait sorti son Grand Méchant de son chapeau magique, afin d’en finir avec son détective qui lui prenait tout son temps, lui qui ne voulait écrire que des romans historiques.
Mais ici, le réalisateur ne voulait pas prendre le téléspectateur néophyte au dépourvu et il a donc fait inclure Moriarty.
Je n’ai pas regardé l’épisode suivant parce que je déteste « Le dernier problème » qui ne sonne pas vraiment le glas de Holmes, mais celui de David Burke dans le rôle de Watson.
En effet, l’acteur était papa depuis peu et voulait consacrer son temps à sa jeune épouse et à l’enfant. Avant son départ, il suggéra le nom de son remplaçant.
Ce sera Edward Hardwicke, déjà connu au théâtre, qui le remplacera dans « La maison vide », épisode avec le grand retour de Holmes.
Edward Hardwicke reçut l’aval de Granada. Il fut immédiatement adopté par l’équipe. Il s’avéra être le choix idéal pour le deuxième Watson, un partenaire complémentaire et un ami sûr pour Jeremy.
David Burke / Edward Hardwicke
Dès le départ, tous deux se retrouvèrent au diapason sur leur vision du docteur et l’importance de l’amitié.
J’aime bien Edward, il joue un Watson plus mûr pour la saison 2, mais j’ai toujours eu un gros faible pour David Burke et ses petits sourires.
Là aussi le nouveau duo fonctionne à merveille.
Watson reste intelligent, actif et sensible. Edward Hardwicke lui donne un aspect plus mûr et serein, une sorte de sagesse et de bonté profondes.
Tout comme pour le premier épisode de la saison 1 qui avait été tourné en troisième lieu afin que les acteurs et le reste de la troupe trouvent ses marques et soient au top pour l’épisode d’ouverture de saison, ils firent de même pour la saison 2.
Le premier épisode tourné fut « Le Manoir de l’Abbaye », deuxième épisode, afin que le nouveau Watson/Hardwicke trouve ses marque avec Holmes/Brett et qu’ils puissent tourner « La maison vide », l’épisode le plus important de manière professionnelle.
Sherlock Holmes : Les Hommes Dansants – The Dancing Men
SAISON 1 – ÉPISODE 2
Producteur : Michael Cox, Stuart Doughty
Réalisateur : John Bruce
Scénariste : Anthony Skene
Décorateur : Michael Grimes
Musique : Patrick Gowers
5ème épisode tourné
Série 1 : 2/7
1ère diffusion : 1 Mai 1984 – ITV Network (Angleterre) (2ème épisode diffusé); 28 Mars 1985 – WGBH (Etats Unis); 22 janvier 1989 – FR3 (France) (5ème épisode diffusé)
Durée : 52 min
Distribution :
Jeremy Brett … Sherlock Holmes
David Burke … Dr. John Watson
Tenniel Evans … Hilton Cubitt
Betsy Brantley … Elsie Cubitt
David Ross … Inspector Martin
Eugene Lipinski … Abe Slaney
Lorraine Peters … Mrs. King
Wendy Jane Walker … Saunders
Paul Jaynes … Walker
Le pitch ? Mr Hilton Cubitt montre à Sherlock Holmes une série de pictogrammes représentant des petits hommes dansants, trouvés dessinés à la craie en différents endroits de sa propriété du Norfolk.
Sa jeune épouse américaine Elsie, qui lui a demandé de ne pas l’interroger sur son passé, semble en savoir davantage sur ce code énigmatique. Hilton Cubitt est persuadé que ces dessins qui terrorisent Elsie, signifient un grave danger et le mutisme obstiné de son épouse le conforte dans cette idée.
Holmes parvient à déchiffrer cette écriture secrète et, alarmé, il se rend chez les Cubitt. Trop tard pour empêcher un drame !
Comme d’habitude, les premières minutes après le générique montrent les événements qui arrivent à ce qui sera un futur client pour Holmes.
Ici, scènes bucoliques de la campagne, une dame qui se promène dans son jardin.
Et puis, soudain, son regard fixe quelque chose que le téléspectateur ne voit pas, sa respiration s’accélère, elle angoisse, lâche son panier et court à la maison, laissant étonné ce qui semble être son mari, pour s’enfermer dans sa chambre, fermant toutes les tentures et en proie à une peur indescriptible.
Le public est déjà conscient que cet épisode ne sera pas une simple enquête banale, vu comment la femme se cache dans un coin sombre de la chambre.
Le réalisateur nous montre enfin ce que Elsie a vu et qui lui a fait peur : des petits dessins de bonshommes sur un mur. Mais pourquoi avoir peur de ces petits dessins ?
La magie de la télé nous fait ensuite basculer vers le salon du 211b Baker Street. Watson lit et Holmes joue avec son microscope.
Le silence est roi jusqu’à ce que Holmes apostrophe Watson sur le fait qu’il n’investira pas dans les valeurs Sud Africaine, ce qui troue le cul de Watson que l’on puisse entrer ainsi dans sa tête. Il est ébahi.
Holmes aurait-il un pouvoir de « divination » ? Non, il a le pouvoir de déduction, ce qui n’est pas la même chose.
Là où ça devient drôle, c’est que Holmes lui dit qu’il devrait lui faire signer un papier attestant du fait que Watson est totalement interloqué parce qu’il sait que dans 5 minutes, après les explications, son colocataire dira que c’était d’une simplicité absurde.
Watson jure qu’il n’en fera rien et Holmes lui explique le chemin de ses déductions, parlant que c’est le pouce de la main gauche de Watson qui l’a renseigné sur le fait qu’il ne voulait pas investir.
En effet, il y avait de la trace de craie qui atteste qu’il a joué au billard avec Thurston et qu’il lui avait parlé, il y a quelques temps, de ce que cet ami possédait une option sur une propriété en Afrique du Sud pour laquelle il voulait l’y associer.
Puisque le chéquier de Watson est dans le tiroir fermé à clé de Holmes et que le docteur n’a pas demandé la clé, c’est qu’il ne veut pas investir son argent là dedans!
Watson se marre et ajoute que c’était d’une simplicité absurde, ce à quoi Holmes répond avec agacement, qu’un problème une fois expliqué paraît toujours simple, avant de faire « Pom, pom, pom » ce qui ne manque pas d’intriguer Watson.
(L’intégrale du dialogue, en VO).
En effet, il n’a pas d’enquête… et il ne s’est pas tourné vers sa bouteille de cocaïne ! Holmes lui répète que une fois de plus, il voit mais n’observe pas… Watson en déduit qu’il a une enquête !
Une nouvelle scène de plus assez drôle quand Holmes sort un papier de sa poche et le colle devant son front en faisant « PAF ! »
Voici les deux images que j’ai pu obtenir… L’animée et la statique. Il faut bien entendu supprimer le texte de la seconde.
En effet, Sherlock Holmes vient de recevoir une lettre de Monsieur Hilton Cubitt, du Derbyshire…
Il ne sera pas dit que je ne vous ferai pas voyager dans toute l’Angleterre durant le mois anglais, moi !
Peu de temps après, monsieur Cubitt arrive. C’est un homme assez réservé, amical, et amoureux de sa femme, plus jeune que lui, qu’il a rencontré lors d’un voyage. Il se sont vu, ils se sont plu et se sont pendus en se mariant.
Là, Hilton Cubitt est bien embêté avec ce qui arrive à sa Elsie chérie.
L’homme montre alors à Sherlock Holmes une série de pictogrammes représentant des petits hommes dansants, trouvés dessinés à la craie en différents endroits de sa propriété.
Elsie, sa jeune épouse américaine, lui a demandé avant qu’ils ne disent « oui » de ne jamais l’interroger sur son passé. Son futur mari a accepté et ils furent heureux, bien qu’ils n’eussent pas d’enfants.
Vu le comportement apeuré de son épouse, elle semble en savoir davantage sur ce code plus qu’énigmatique.
Hilton Cubitt est persuadé que ces dessins qui terrorisent Elsie, signifient un grave danger et le mutisme obstiné de son épouse le conforte dans cette idée.
Un tableau noir est installé dans le salon de Baker Street et Sherlock commence à tenter de craquer le code.
À chaque message inscrit dans la propriété, Hilton Cubitt les envoie à Holmes, ce qui lui permet d’avoir matière pour casser le code et déchiffrer le message selon sa technique personnelle.
Petite anecdote :Brett était gaucher et Holmes droitier. Jeremy dû donc « apprendre » à écrire au tableau de la main droite.
Bien que l’acteur fit beaucoup d’effort pour essayer d’écrire avec sa main droite, il n’y arriva jamais…
Finalement, il se résolu à se faire doubler quand on voyait Holmes écrire en gros plan.
Cette enquête est plus tournée vers le mystère avec les messages bizarres laissés un peu partout dans la propriété et l’épouse de Hilton Cubitt qui vit retranchée dans sa chambre.
Épouse qui, rappelons-le pour ceux du dernier rang, vient d’Amérique et qui lui a demandé, le jour de leur mariage, de ne jamais lui poser des questions sur sa vie antérieure.
Souvent chez Conan Doyle, on trouve les thèmes récurrents de l’opposition entre l’Angleterre et l’Amérique, l’Ancien Monde et le Nouveau, la délicatesse et la violence, etc… Cette nouvelle en fait partie.
Malgré ce danger que l’on sent poindre, nous avons droit tout de même à quelques moments exubérants quand Holmes/Brett saute en recevant un nouveau message qui lui permettra d’avancer dans son travail de décodage.
Pour finir, Holmes parvient à déchiffrer cette écriture secrète, et alarmé, se rend chez les Cubitt.
Trop tard, il n’a pu empêcher le drame.
Cubitt a été tué et sa femme, grièvement blessée à tenter de se suicider. Mais il remarque qu’une troisième balle a été tirée.
Alors puisque Sherlock Holmes, bien qu’ayant décodé les messages des « Hommes dansants » à partir de son esprit de déduction, n’a pu empêcher un drame et subit un échec avec la mort de Cubitt, il va aider la police à mettre la main sur le coupable.
Le détective va enquêter, fouiller, observer les traces de pas, interroger le personnel et trouver la réponse afin de faire en sorte que madame Cubitt puisse vivre en veuve et en paix de son passé.
Une fois de plus, Brett donne toutes ses lettres de noblesse à Holmes (mais je ne suis pas partiale).
Bon sang, plus je le regarde, plus je me dis « C’est lui, Holmes » et ceci, je ne l’ai vécu qu’avec Brett !
Lorsqu’il cherche des traces sur le sol, c’est de manière aérienne, il sait aussi jouer avec son regard, celui qui est un peu exaspéré lorsque Watson lui chuchote qu’il devrait proposer à la bonne, Mrs King, de s’asseoir pendant qu’il l’interroge sur les faits, la nuit du meurtre.
Mais Holmes comprend aussi qu’il en apprendra que mieux si la dame est plus à l’aise et il l’invitera à s’asseoir.
La boucle sera bouclée avec le piège tendu au moyen d’un message réalisé dans le code des « hommes dansants » par Holmes pour appréhender la coupable.
On finit avec le clin d’œil de la fin, quand Holmes donne à Watson le message qu’il avait fait envoyer au meurtrier en lui demandant de le lire.
« COME-HERE-AT-ONCE » déchiffre Watson avant de sourire : « Venez ici de suite » fait-il en souriant.
« How absurdly simple » lui répliquera un Holmes sérieux, faisant sourire Watson qui se souvenait du début de l’épisode, heu, de l’aventure.
Anecdotes sur la série : S’il n’y avait pas eu de l’amitié dans la vie entre Jeremy et David Burke, ça se serait ressentit à l’écran et nous n’aurions pas eu droit à cette relation complice entre Holmes et Watson, ce qui donne un plus à la série, leur connivence permettant des échanges pleins d’humour.
Le dialogue d’intro sur le fait que Holmes balance à Watson qu’il ne va pas investir dans les valeurs Sud Africaines est très drôle et il correspond, à peu de choses près aux premières pages de la nouvelle de Conan Doyle.
Jeremy aimait beaucoup ce passage et c’est à lui qu’on lui doit la scène car l’équipe n’en voulait pas. L’acteur a donc appris son texte durant la pause déjeuner le dernier jour du tournage.
David Burke et lui jouèrent la scène en une seule prise, dans une atmosphère tendue, et réussirent à convaincre le réalisateur. Ouf, on l’a inclue ! On aurait perdu beaucoup sans cette scène.
Jeremy estimait avec Michael Cox que cet épisode était l’un des meilleurs de la saison. La nouvelle était d’ailleurs l’une des préférées de Conan Doyle lui même.
Jeremy Brett et David Burke sont aussi à l’origine de la scène où Watson consulte en cachette la monographie de Holmes et celle où Sherlock Holmes lui laisse la prérogative d’expliquer à sa place, le secret du décodage des hommes dansants.
Jeremy, qui était entretemps devenu un spécialiste « es holmésologie » tenait absolument au respect de l’œuvre doylienne.
Cela le conduisit parfois à des conflits avec les scénaristes et les producteurs quand ils prenaient trop de liberté avec les textes…
À suivre avec « La ligue des rouquins »…
Ci-dessous, une vidéo très marrante regroupant une partie des moments les plus « fun » de la série (faite par Elyon, une vieille connaissance).
Sherlock Holmes :Le ruban moucheté – The Speckled Band
SAISON 1- ÉPISODE 6
Réalisateur : John Bruce
Scénariste : Jeremy Paul
Décorateur : Michael Grimes
Musique : Patrick Gowers
2ème épisode tourné
Série 1 : 6/7
1ère diffusion : Angleterre : 29 mai 1984 – ITV Network (5ème épisode diffusé); Etats Unis : 11 avril 1985 – WGBH; France : 1er janvier 1989 – FR3 (2ème épisode diffusé)
Durée : 52 min 40 sec
Distribution :
Jeremy Brett … Sherlock Holmes
David Burke … Dr. John Watson
Jeremy Kemp … Dr. Grimesby Roylott
Rosalyn Landor … Helen Stoner
Denise Armon … Julia Stoner
Rosalie Williams … Mrs. Hudson
Tim Condren … Thorne
Stephen Mallatratt … Percy Armitage
Le pitch ? Miss Helen Stoner est une jeune femme terrorisée qui vient solliciter l’aide de Sherlock Holmes. Depuis quelques temps, elle se rend compte que les mêmes faits étranges ayant précédé la mort de sa sœur, sont en train de se reproduire à son égard.
Il y a deux ans, son aînée de sept ans Julia sur le point de se marier, est morte mystérieusement, en s’effondrant devant sa chambre hermétiquement close et divagant à propos d’un « ruban moucheté ».
Son beau-père Grimesby Roylott, médecin en Inde chassé à cause de sa violence et dont elle-même subit les sévices, semble menaçant, depuis leur retour en Angleterre et la mort de sa femme.
Il fréquente une bande de gitans et possède des animaux sauvages qui errent la nuit tombée en liberté dans le parc. Au moment où Helen doit prochainement se marier, son beau-père a prétexté des travaux dans sa chambre pour l’obliger à dormir dans celle de Julia.
La nuit, Helen y a entendu les mêmes étranges sifflements dont lui avait parlé sa sœur. Holmes décide de se rendre au manoir de Stoke Moran et s’introduit dans la chambre où a eu lieu le drame, située à côté de celle du médecin.
En l’examinant, il remarque entre elles une minuscule bouche d’aération, un lit scellé, un cordon de sonnette qui ne sonne pas… Il décide de passer la nuit sur place avec Watson. Quel sorte de danger vont-ils devoir affronter ?
L’histoire commence comme celle dans le canon : madame Hudson a été réveillée par une cliente, madame Hudson a réveillé Holmes et Holmes réveille Watson à son tour…
– Tout à fait désolé de vous réveiller, Watson, dit-il, mais c’est le lot de tous, ce matin. Mme Hudson a été réveillée, j’en ai subi le contrecoup, elle m’a réveillé et maintenant à votre tour. – Qu’est-ce que c’est donc ? Un incendie ? – Non. Une cliente. Il paraît qu’une jeune dame vient d’arriver dans un état de grande agitation et elle insiste pour me voir. Elle attend en ce moment dans le salon. Or quand de jeunes dames errent par la capitale à cette heure matinale et font sortir de leur lit les gens endormis, je présume qu’elles ont quelque chose de très pressant à leur communiquer. Si cela se trouvait être une affaire intéressante, vous aimeriez, j’en suis sûr, la prendre à son début. Que ce soit ou non le cas, j’ai pensé vous appeler et vous en fournir la possibilité.
Cette aventure, j’avais hâte de la voir dans la série. J’ai dû attendre que les éditions Altaya les ressorte toutes pour voir ENFIN cet épisode que j’avais toujours loupé à la télé.
Dans le canon, cette nouvelle a toujours été ma préférée. Allais-je l’adorer autant en version télé avec mon bel acteur ?
Attente trop longue, doublées d’attentes trop fortes, bref, si je l’adore en écrit, je ne cours pas après l’épisode télé.
J’avais imaginé la cliente de Holmes, Helen Stoner, plus belle, plus sexy, bien que dans le canon Watson précise que bien qu’elle n’ait que 30 ans, ses cheveux étaient striés de gris et qu’elle avait un air épuisé et hagard.
Mais dans ma tête, lors de la lecture, j’avais rangé ces détails dans un coin… faisant de la dame une encore jolie personne.
Pourquoi j’ai bloqué avec cet épisode ? Parce que je rêvais d’un Holmes aussi prévenant avec Helen que dans le canon et que dans l’épisode, il n’en fut rien !
Attention, à la décharge de l’épisode, je dois vous avouer que cela fait des années que je m’étais faite un film sur cette nouvelle. N’est-ce pas ma petite Elyon ?? Mais ceci est une autre histoire que je ne vous raconterai pas.
Anybref, empoisonnée par mes propres films, je m’attendais à tout autre chose et j’avais envie de crier à l’actrice « Mais saute-lui dessus ! Viole-le ! Arrache-lui ses vêtements ! Embrassez-vous fougueusement ».
Voilà le problème d’un esprit pourri par de la fiction et des rêves… D’ailleurs, j’avoue que je ne sais plus lire cette nouvelle sans avoir mon esprit qui bat la campagne.
Cette prévenance envers la cliente, que j’aurais voulu voir transposée à l’écran, n’y était pas et cela m’a grandement déçue. Et puis je n’ai pas aimé Rosalyn Landor dans le rôle d’Helen Stoner.
Par contre, j’adore comment le producteur a imaginé le meublé de Baker Street… bien que la peinture avec les chutes de Reichenbach soit d’un mauvais goût certain…
Pour ceux qui ne sont pas dans mon esprit, cet épisode est excellent, fort oppressant et on est bien loin de l’humour des premiers.
Dans le canon, cette enquête est sombre, violente, mettant à jour la noirceur d’un médecin qui, quand il utilise son art et son intelligence au service du Mal, ça fait des dégâts !
Spectateur ou lecteur, on comprend très vite qu’on est face à un épisode dramatique, mais en tant que téléspectateur, on visualise tout ce qu’il se passe dans l’intro et on tremble pour la jeune fille, qui, bien que je ne l’aime pas, traduit bien de par ses regards ou ses tremblements de voix, l’angoisse qui la saisit.
Holmes aussi, dès le départ, a senti qu’un réel danger de mort pesait sur la jeune fille venue le voir et que ce qu’elle racontait, ce n’était pas du vent (pourtant, il n’a pas vu l’intro, lui).
Jeremy Brett avait l’art de traduire ce sentiment à travers l’intensité soudaine de son regard et la raideur concentrée de son attitude. Du beau travail.
Le Dr Roylott, un des grands méchants créé par Conan Doyle, est un personnage violent et particulièrement abject. Un méchant réussi et l’acteur a le physique de l’emploi avec ses cheveux en bataille et sa bouche dure et méchante.
Dans l’intro, il balance un homme dans la rivière car il voulait que les bohémiens quitte la région. Et ils sont les invités perpétuels du docteur, qu’on se le dise.
Le docteur est aussi assez « violent » avec Helen, sa belle-fille (il a épousé la mère qui était veuve et qui est décédée maintenant), lui empoignant avec force le poignet.
Holmes n’est pas un con ou un homme qui a tendance à sous-estimer le danger, il sait que le docteur est un dangereux prédateur et il est conscient du danger qu’il fait courir à Watson. Il le lui avouera pendant leur nuit de guet, dans l’abri de jardin.
Cette scène est superbe avec ses jeux d’ombres réalisés par les éclairages.
L’atmosphère est tendue comme une corde de violon, et cette intrigue donne l’occasion à Holmes et Watson de partager des moments d’intense complicité face au danger.
Dans cet épisode, puisque Holmes va à la campagne, il portera la grande cape macfarlane et le deerstalker sur son costume noir.
Jeremy, dans le rôle du détective, s’est imprégné de son rôle (au point qu’il dira que Holmes l’épuise, tout comme le personnage avait épuisé Robert Stephens, un autre acteur, mais de film) et lorsqu’il est dans la chambre de la demoiselle, cherchant des indices, il scrute avec attention le moindre détail et la caméra suivra son regard.
Il n’hésitera pas à se coucher au sol pour l’inspecter avec sa loupe.
C’est un Holmes très grave qui mettra en garde la cliente et lui demandera de bien exécuter ses consignes, car il en va de sa vie !
La scène dans la chambre est intense (non, pas de scènes de cul) et si Holmes sauve une vie, il en prendra une autre, bien qu’il ne soit pas responsable qu’indirectement. Cette mort ne lui pèsera pas lourd sur la conscience.
Les « erreurs » commises par Conan Doyle dans le canon seront transposées dans l’épisode télé… mais bon, il faut parfois prendre des largesse avec la réalité, en littérature comme à la télé.
Sherlock Holmes : Un scandale en Bohème – A scandal in Bohemia (Série Granada 1984).
SAISON 1 – ÉPISODE 1
Production : Michael Cox, Stuart Doughty
Réalisation : Paul Annett
Scénario : Alexander Baron
Décors : Michael Grimes, Margaret Coombes, Tim Wilding
Musique : Patrick Gowers
3ème épisode tourné
Série 1 : 1/7
1ère diffusion : Angleterre : 24 avril 1984 – ITV Network (1er épisode diffusé)/ Etats Unis : 14 mars 1985 – WGBH/ France : 15 janvier 1989 – FR3 (4ème épisode diffusé)
Durée : 52 min.
Distributions :
Jeremy Brett … Sherlock Holmes
David Burke … Dr. John Watson
Gayle Hunnicutt … Irene Adler
Wolf Kahler … Roi de Bohemia
Michael Carter … Godfrey Norton
Max Faulkner … John
Tim Pearce … Cabby
Rosalie Williams … Mrs. Hudson
Will Tacey … Clergyman
Le pitch ? Une mystérieuse lettre arrivée au 221b, annonce la visite imminente d’un client. Sherlock Holmes reconnaît le roi de Bohème qui est venu sous un faux nom.
Il lui demande d’écarter le scandale qui naîtrait, au moment de ses fiançailles avec une princesse, si révélation était faite de la liaison qu’il eut jadis avec la cantatrice Irène Adler.
Le détective a trois jours jusqu’à la publication des bans, pour récupérer une photographie compromettante.
Le 24 avril 1984, l’épisode pilote de la série Granada faisait découvrir le nouveau Sherlock Holmes aux téléspectateurs anglais.
Rhââ, quel épisode que celui où Holmes se fait damner le pion par la belle Irène Adler.
D’ailleurs, la série commence par nous présenter la belle cantatrice en proie à des cambrioleurs et elle n’a pas peur d’eux. L’arme ne tremble pas. Mais on la sent « fatiguée » de tout cela.
Ensuite, la voix off de Watson nous dit que pour Sherlock Holmes, elle est LA femme…
Envoyez le générique ! ♫
La seconde scène d’ouverture est celle qui voit arriver le docteur Watson à Baker Street. De retour, il appréhende l’état dans lequel il va trouver son ami et cela attise la curiosité du téléspectateur.
Après avoir croisé des fiacres qui nous transportent totalement dans l’époque de la reine Victoria, nous rencontrons madame Hudson, la logeuse.
Celle qui n’a en tout et pour tout guère plus que 20 lignes dans le Canon aura un rôle plus important ici. Rosalie Williams, son interprète, lui donnera toutes ses lettres de noblesse.
La pauvre logeuse est obligée de supporter son locataire qui est imprévisible et peut transformer tout l’étage en épais smog à cause d’une expérience de chimie… Mais c’est presque une mère pour eux.
Rosalie Williams était heureuse de jouer le rôle de madame Hudson et le plaisir était double puisqu’elle retrouvait Jeremy Brett, avec qui elle avait travaillé quand il débutait sa carrière au Manchester’s Library Theatre.
Elle apparaît brièvement à l’écran, mais sa présence dans presque tous les épisodes, apporte une touche de tendresse.
Holmes s’amusera souvent la critiquer et la houspiller, hurlant pour avoir de l’eau chaude ou lui reprochant sa lenteur à débarrasser la table. Mais on sent bien qu’ils s’aiment, ces deux là.
Le réalisateur Paul Annett n’est pas un con, il sait entretenir le suspense et pour cela, il a utilisé un stratagème de mise en scène pour le faire monter tout doucement mais sûrement. Oui, je parle bien du suspense !
La scène où Watson entre dans leur meublé de Baker Street est tout simplement géniale de par sa conception : Holmes est assis devant le feu, fenêtre ouverte, ce qui fait « sourire » le docteur. Prévenant de la santé de son ami, notre docteur va fermer la fenêtre.
« My dear Holmes » commence-t-il pour le sermonner sur la fenêtre ouverte alors que dehors, il fait dégueu et sur le bordel qui règne sur son bureau avant de stopper net car notre brave docteur vient d’apercevoir une seringue dans un tiroir mal refermé.
Cette seringue est une référence à l’addiction de Holmes à une solution à 7% de cocaïne qu’il prenait lorsqu’il n’avait aucune affaire sur le feu.
Le regard de Watson se voile et il prononce cette phrase bien connue des lecteurs « What is it tonight ? Morphine or cocaïne ? » prêt à se sermonner son ami sur cette dangereuse manie.
Holmes lui tourne toujours le dos, il fixe la cheminée où les flammes dansent et ne bronche pas d’un poil. Le réalisateur est un sadique, il voulait faire durer le plaisir du téléspectateur pour qui c’était le tout premier épisode.
Sans nous dévoiler son visage, Holmes lui répond qu’il préconise une solution à 7% de cocaïne.
Soudain, il se retourne brusquement, les yeux fixés sur Watson et le téléspectateur découvre Jérémy Brett dans le rôle, demandant à son ami s’il veut essayer cette fameuse solution.
Les traits sont fins, ciselés, il est joli môme et moi je n’avais qu’une envie, c’est de lui confier ma petite affaire (enfin, pas à cette époque, j’étais mineure d’âge !).
Watson lui fait la leçon sur les innombrables dangers que cette drogue pourrait faire à son brillant cerveau… Pour Holmes, la drogue n’est qu’un stimulant lorsqu’il est à l’arrêt. De plus, ce n’était pas interdit à l’époque.
Ensuite, sa belle voix nous sort cette réplique bien connue : « My mind rebels against stagnation. Give me problems, give me work, give me the most abstruse cryptogram, or the most intricate analysis, and I am in my own proper atmosphere. But I abhor the dull routine of existence. I crave for mental exaltation ».
Traduction : « Mon esprit se rebelle contre la stagnation, confiez moi donc les problèmes les plus complexes, confiez moi les plus obscures cryptogrammes, les plus étranges intrigues à dénouer, je m’y retrouve dans mon propre domaine, mais j’abhorre la triste routine de l’existence. Je ne tire aucune gloire de mes succès, le problème à résoudre, et le plaisir de mettre mes dons à l’épreuve des faits sont ma seule récompense. »
Il nous précise aussi qu’il a créé la profession de détective consultant et qu’il est le seul au monde. Tout à fait canonique, bien que le passage sur sa profession vienne de « Une étude en rouge ».
Un gloussement de Holmes se produit avant qu’il n’avertisse son ami qu’il a fait un mauvais diagnostique (rhôô, le sadique ! Il a joué avec ses pieds) et qu’il a son stimulant : et il nous sort une lettre de sa poche avant de la tendre à Watson pour lui demander ce qu’il en déduit.
Dès le début, la Granada s’était voulue la plus fidèle possible aux textes et à l’univers de Conan Doyle. Et, hormis quelques fois (surtout dans les films et les dernières saisons), elle respecta son deal. Brett était fort regardant aussi, tenant à respecter les textes du canon. Canon qu’il avait lu entièrement avant le tournage !
Bref, les déductions sur l’étrange lettre reçue s’enchaînent et Brett est parfait dans le rôle du détective. Je sais que certains lui reprochent d’en faire trop, mais pour moi, tout est parfaitement dosé : les mimiques, les haussements de sourcils, les gloussements ou les éclats de rire, la gestuelle, la froideur ou la retenue. C’est Holmes !
Les acteurs sont parfaitement à leur place, ils s’entendent bien, surtout Brett avec David Burke (Watson) et cela transparaît à l’écran.
De plus, Michael Cox, le producteur, avait été malin et leur avait fait tourner « Le cycliste solitaire » en premier.
« Un scandale en Bohème » est en fait le troisième épisode tourné. Les acteurs étant rodés, il était plus facile pour eux de trouver leurs marques ainsi qu’aux membres de l’équipe, avant de tourner cet épisode crucial qui ouvrirait la série et sur lequel elle serait jugée.
On pourra juste reprocher aux deux acteurs un trop grand âge…
Beaucoup oublient que Sherlock Holmes a commencé très jeune. Si l’on prend 1854 comme année de naissance la plus probable, cela lui faisait 24 ans lors de première enquête en 1878.
Sa collaboration avec John Watson a eu lieu en 1881 ou 1882… Il avait donc entre 27 et 28 ans. En 1904, il se retirait des affaires. La retraite à 50 ans, pas mal.
Jeremy Brett étant né en 1933, il avait déjà 51 ans lors du tournage de la série. David Burke était né, quant à lui, en 1934. Bref, ils n’étaient plus de toute première jeunesse, sans pour autant être de vieux croulant !
La série n’a pas trop mal vieilli et pour moi, c’est toujours un plaisir de me regarder les premières saisons.
Si cet épisode est toujours au top, il possède tout de même quelques grands moments kitch, notamment avec le fameux roi de Bohème qui, pour ne pas être reconnu, porte un loup des plus ridicules. Son costume, sa grosse moustache et sa coiffure genre « je suis en guerre avec mon coiffeur » parachevait le tout.
Revenons à notre série ! Holmes ne se montre pas impressionné pour autant d’avoir un futur king dans son salon. De toute façon, les rois et les reines, ils vont aux chiottes comme tout le monde !
Après avoir démasqué facilement ce futur roi qui pensait être incognito, Holmes lui demande de tout raconter le pourquoi du comment il a besoin de son aide.
Pas à dire, le royal récit de sa rencontre avec la cantatrice qui veut le faire chanter (maintenant qu’il va se marier avec une autre) possède aussi de grands moments de « kitchitude » ainsi que de gros accents de « Sissi » : scènes de bal sirupeuses où les musiciens ont les yeux bandés pour ne pas témoigner de ce qu’ils n’ont pas vu, les deux amants chevauchant dans la campagne, s’embrassant dans la chambre…
LA photo…
Par contre, voire Irène Adler habillée en homme dans des cabarets est un délice car le haut-de-forme lui va à ravir. Une femme libérée et qui n’avait pas peur de porter des costumes masculins.
Le choix de l’actrice était crucial et important et je dois dire que le rôle va comme un gant à Gayle Hunnicutt qui, comme nous expliqua un jour Jeremy Brett, portait un parfum « Bluebell » qui avait beaucoup perturbé Holmes. Ou l’acteur…
Il m’a d’ailleurs semblé le voir reluquer discrètement dans son décolleté lors de la scène où, déguisé en pasteur non conformiste, il fait semblant d’être mal.
Sur quoi tu louches, Sherlock ??
Une autre bonne idée, c’est d’assister au démaquillage de Holmes après son enquête chez miss Adler, déguisé en valet d’écurie : « hirsute, le visage en feu et paraissant ivre, avec des favoris et des vêtements qui ne payent pas de mine ».
Petite anecdote, Brett était tellement bien grimé qu’on ne le reconnu pas sur le plateau de tournage ! Tout comme son personnage, il avait le sens du déguisement et il aimait ça.
Holmes enquête donc chez les employés de la dame, entrant à son service comme valet d’écurie et il me semble que je l’ai vu un peu troublé lorsqu’il entendra le jolie voix de la cantatrice…
Il racontera à Watson comment, en suivant la belle et son avoué, Geodfrey Norton, il assistera à leur mariage en cachette, devenant leur témoin involontaire car il en fallait un pour légaliser le mariage à l’église.
La belle Irène le remerciera et lui offrira un souverain en or pour la peine ou comme « little souvenir » (moment intensément romantique dans ma tête) et le détective décidera de l’accrocher à sa chaîne de montre, ce qui laissera Watson perplexe.
Un autre grand moment, c’est lorsque Holmes se déguisera en« un pasteur non conformiste, aimable et un peu naïf. Avec un grand chapeau noir, un pantalon trop ample, une cravate blanche, un sourire plein de sympathie, un regard attentif et un air de curiosité bienveillante » dans le but de récupérer la photo compromettante du futur roi qui avait été assez bête que pour se faire prendre en photo au côté de sa maîtresse.
D’ailleurs, je préciserai aussi que les dessins de Sidney Paget qui illustraient les « Aventures » dans le Strand Magazine ont servi de modèle pour créer les costumes et les déguisements.
À savoir aussi que certaines scènes sont la copie conforme des dessins de Paget : la visite du roi de Bohème au 221b Baker Street, celle où Irène Adler, déguisée en homme souhaite le bonsoir à Holmes sur le pas de sa porte ainsi que celle du mariage.
Dans le but de son enquête, Holmes a engagé des jeunes gens pour se disputer et chahuter assez fort au retour d’Irène et lui, en preux chevalier, il arrivera pour défendre madame Adler et il se fera assommer… seul moyen d’entrer dans la maison !
La scène avec Irène qui lui tamponne le front avec un chiffon humide est toute mignonne mais Holmes détourne la tête pour ne pas qu’elle remarque que le rouge sur son front n’est que de la peinture.
La pauvre femme ne se rend pas compte qu’elle a sur son divan le grand détective tout à fait alerte et non pas un vieux pasteur gentil et assommé.
Mais lors du faux incendie, lorsqu’elle ouvre la cachette afin de prendre le cliché où elle pose avec le futur king of Bohème, là, elle commence à avoir des doutes sur le gentil pasteur et l’incendie… qui n’est qu’un pétard fumigène lancé par Watson.
Holmes jubile dans le fiacre qui le reconduit à Baker Street, il est fier de sa trouvaille, de son plan… Oui, Holmes fut rusé ce soir là, mais le jeune homme qui lui souhaita « Bonne nuit, monsieur Holmes » devant le 221b l’était encore plus que lui !
Irène avait compris… Le lendemain, elle n’était plus là, mais elle laissait une lettre à Holmes et promettait de ne pas envoyer la fameuse photo le jour des fiançailles du roi. Elle aimait et était aimé en retour.
On sent bien aussi dans cet épisode tout le mépris et la froideur de Sherlock Holmes envers ce futur monarque prétentieux.
Lorsque le roi, furax de voir que la photo laissée n’est pas la compromettante, il ordonnera à Holmes de lui donner la lettre, ce à quoi il lui répondra « It is adressed to me ». « C’est adressé à moi »… Alors Sherlock, c’est « Fuck the king ».
Dans cette aventure, Holmes se rend compte aussi qu’il a eu affaire à une femme intelligente et rusée, une femme blessée par un homme qu’elle avait aimé et qui lui avait promis le mariage.
Holmes refusera la chevalière que le roi voulait lui offrir, ne souhaitant que la photographie où Irène était seule.
Il ne serrera pas la main tendue par ce roi qui était tout content que tout cela se termine bien pour son matricule et qu’il puisse se fiancer avec sa princesse de La Tronche En Biais.
Le soir, devant la cheminée, on verra Holmes contempler la photo de la belle puis jouer du violon… Mélancolique Holmes ?
Je me suis un peu étendue sur ce premier épisode, mais les suivants seront plus court.
Si vous ne l’avez jamais vue, je vous signale que cette série vaut le détour pour le soin extrême qui a été apporté à la reconstitution des décors et des costumes : raffinés ET fidèles aux goûts et aux critères sociaux de l’époque.
Au moins, on ne voit pas évoluer Holmes affublé decette stupide deerstalker et de ce foutu manteau « macfarlane », vêtements adaptés à la campagne mais pas à la ville de Londres.
Dans le canon, il ne les porte qu’à deux reprises, dans HOUN (« Le chien des Baskerville ») et dans SILV (« Flamme d’argent »). Normal, il était à la campagne !
Ici, l’acteur évolue dans un costume sombre et un haut-de-forme qui lui vont à ravir.
De plus, Jeremy était grand et mince, tout comme Holmes : 76 kg pour 1,88m. Holmes mesurait 6 pieds, soit 1,80m mais paraissait encore plus grand en raison de sa minceur.
Pas d’anachronisme avec la pipe calebasse non plus ! Holmes fume des pipes droites (triviale, cette phrase) et d’époque.
Ils ont fait aussi attention aux moindres détails : même les titres des journaux concordent aux évènements de l’époque.
Jeremy Brett avait un peu peur que dès le premier épisode on ne montre tous les « clichés » holmésiens à l’écran : Holmes et la drogue, Holmes jouant du violon, Holmes et « La Femme », Holmes et le célèbre monologue « Mon esprit refuse la stagnation… » (Extrait de la seconde nouvelle de Conan Doyle « Le Signe des Quatre »), Holmes déguisé, etc…
Au final l’histoire se tient bien et esquisse un portrait habile et réussi du détective.
Dès le premier épisode, on en sait déjà un peu plus sur le détective, utilisantcomme clichés les véritables infos du canon et évitant les faux « clichés ».
Le scénario reste très proche de l’œuvre originale et on retrouve des dialogues entiers extraits du Canon : le prologue de Watson sur Irene Adler, la célèbre réplique de Holmes : « I am lost without my Boswell » (Sans mon historiographe, je suis un homme perdu), le dialogue sur la cocaïne…
Quand à supposer que Holmes éprouva pour Irène Adler de l’amour, le producteur, Michael Cox, voyait dans cette histoire une relation ambivalente de sexualité refoulée.
Selon lui, on pouvait imaginer que Sherlock Holmes lui vouait un amour platonique.
Une affaire à suivre dans l’article de demain qui continue sur un autre épisode tout aussi mythique pour moi.
L’épisode en V.O de « A scandal in Bohemia » n’étant plus disponible sur You Tube, j’ai inclus quelques clips à la place.
Par contre, il reste toujours la petite vidéo que j’avais réalisée pour illustrer une fanfiction « Holmes/Adler » que j’avais écrite en août 2011 pour un concours sur Fanfic-fr.
Il fallait écrire une histoire sur la musique « A postcard » de Purcell (violon mélancolique) et j’avais pondu « Requiem pour une ombre » (ici, c’est la vidéo, pas mon texte !).
La toute première fois que j’avais entraperçu l’acteur Jeremy Brett (je ne connaissais pas encore son nom) lors d’un zapping, je m’étais dit « Oh, on dirait Sherlock Holmes », parce que je trouvais qu’il avait le physique pour le détective.
Nous étions en 1990 et j’avais fait la découverte littéraire de Sherlock Holmes en 1989 (octobre, je pense) avec le « Chien des Baskerville » avant de dévorer tout le canon en entier. À cette époque, pas d’Internet et je n’avais donc jamais découvert un visage d’acteur ayant joué son rôle.
Mais en voyant cet homme grand, mince et plutôt bôgosse, je m’étais dit dans ma tête qu‘il ferait un bon Holmes.
Mon exclamation n’était pas fausse puisque je venais de tomber sur un épisode de la série anglaise « Sherlock Holmes » produite par le Granada !
Mes yeux en brillaient de bonheur ! Pas de bol, je devais partir en ville avec ma mère, je ne pouvais y couper et comme nous n’avions pas de magnéto… Oui, une horreur ! Traumatisme pour moi qui ai raté de nombreux épisodes.
L’heure de ma vengeance à sonné lorsque je pu les télécharger sur Méga Upload. Je rassure les puristes de suite, j’ai acheté toute la série lorsqu’elle fut éditée par les éditions Altaya.
Dans le cadre du « Mois Anglais », j’ai regardé les épisodes sur You Tube, en anglais dans le verbe et dans le texte, puisque les sous-titres proposés étaient en anglais (mais je comprends mieux en lisant l’anglais qu’en entendant l’anglais).
Heureusement que j’avais revu la série en novembre 2013 et en V.F, ce qui m’a permis de comprendre. Et puis, au bout d’un 36ème visionnage, je les connais !
Mais parlons un peu de la série et assez de moi !
Les articles suivants seront consacrés à 5 épisodes de la série de la Granada. Je n’aurai pas le temps de vous écrire les articles consacrés à l’origine de la série, malheureusement.
Mais rien ne m’interdit de les poster après le Mois Anglais 😉
Sherlock Holmes est un personnage de fiction créé par Sir Arthur Conan Doyle dans le roman policier « Une étude en rouge » en 1887.
Détective privé et consultant doté d’une mémoire remarquable pour tout ce qui peut l’aider à résoudre des crimes en général, il a très peu de savoirs dans les domaines de la connaissance qu’il estime inutiles à son travail.
Lors de ses enquêtes, relatées dans les 4 romans et les 56 nouvelles qui forment ce qu’on appelle le canon, il est fréquemment accompagné du docteur Watson.
Personnage très « typé », Sherlock Holmes est devenu l’archétype du « private detective » pour des générations d’auteurs populaires de roman policier, éclipsant ses ancêtres historiques que furent le Chevalier Auguste Dupin d’Edgar Allan Poe et Monsieur Lecoq d’Émile Gaboriau, personnages auxquels Arthur Conan Doyle fait pourtant référence dans son œuvre.
Né en janvier 1854 selon les suppositions les plus courantes (aucune date n’est en effet citée) en un lieu non déterminé, descendant de petits propriétaires terriens et petit-neveu du peintre Horace Vernet, Sherlock Holmes est un célibataire endurci, plutôt misogyne, qui a pour logeuse Mrs Hudson.
Son seul parent connu est son frère aîné Mycroft, l’un des piliers du Diogenes Club, qui occupe des fonctions importantes auprès du gouvernement britannique.
Le docteur Watson, son ami et biographe, est la seule personne qui partage son intimité. Sherlock Holmes réside au 221B Baker Street, à Londres, où il exerce la profession de détective privé consultant (consulting detective).
Grand, mince, élégant mais négligent, de façon bohème, Holmes est un fumeur invétéré (cigarette, cigare et pipe), un sportif accompli (bartitsu, boxe et escrime), un mélomane averti qui pratique le violon et un médiocre mangeur.
Il ne supporte pas l’oisiveté, qui l’épuise et ne vit que pour son travail.
Pendant les moments où il ne peut travailler, il est parfois amené à se droguer (cocaïne), mais en profite aussi pour compléter la culture encyclopédique nécessaire à sa profession.
Égotiste, cet esprit supérieurement intelligent supporte difficilement la lenteur d’esprit chez autrui ; artiste et doué pour les déguisements, il est toujours en représentation, aimant surprendre ses clients et son excellent ami Watson.
Il n’apprécie guère la police officielle et n’hésite pas à bafouer la loi lorsqu’elle lui paraît peu compatible avec la justice.
Le rang de son client lui importe moins que l’intérêt de l’affaire. Bien que prétendant mépriser la notoriété, il ne s’oppose en rien à la publication de certaines de ses enquêtes par Watson qui contribue à lui donner une renommée considérable.
S’il méprise l’argent et n’hésite pas à enquêter pour des gens modestes, il reçoit néanmoins des récompenses importantes de grands qui lui permettent de prendre sa retraite confortablement.
Sherlock Holmes résout les mystères par un processus en trois étapes : l’observation des indices, l’induction et la synthèse logique.
Quoiqu’il en soit, Holmes est un personnage fascinant à plus d’un titre. On l’étudie toujours, on épluche le canon, on l’analyse, on le commente, on l’interprète, bref, on ne vit que pour lui !
Sherlock Holmes est et restera mon personnage préféré dans la littérature, le premier détective, le premier à parler de la science comme étant importante dans la résolution des crimes, le premier à parler de préserver les scènes de crime… celui dont TOUS les autres découlent, éclipsant ses ancêtres historiques que furent le « Chevalier Auguste Dupin » d’Edgar Allan Poe et « Monsieur Lecoq », d’Émile Gaboriau, personnages auxquels Arthur Conan Doyle fait pourtant référence dans son œuvre.
Non, on ne les retiens pas comme étant les premiers policiers… Holmes reste number one !
Sherlock Holmes est un personnage très « typé », sans doute du fait de son auteur qui ne l’aimait pas.
Malgré toute cette haine du créateur envers sa créature, il est devenu l’archétype du « private detective » pour des générations d’auteurs populaires de roman policier.
Bien qu’il aurait aimé gagner sa vie avec des romans historiques, Conan Doyle verra son personnage de Holmes adopté par le public dès la publication de sa deuxième aventure « Le signe des quatre » dans « The Strand Magazine ».
L’existence de Sherlock Holmes doit beaucoup au professeur en chirurgie de Conan Doyle, le docteur Joseph Bell.
Ses déductions étonnantes sur les patients et leurs maladies l’impressionnèrent beaucoup.
À l’origine, Conan Doyle avait prévu d’appeler son détective Sherrinford Holmes.
En août 1889, au cours d’un dîner organisé par J. M. Stoddart, agent américain du « Lippincott’s Monthly Magazine », Arthur Conan Doyle et Oscar Wilde sont engagés pour écrire deux histoires.
Wilde livre « Le Portrait de Dorian Gray » et Doyle « Le Signe des quatre », deuxième aventure du détective, qui paraîtra en 1890.
Conan Doyle peut se vanter d’être un écrivain qui arrivait à vivre de ses écrits car c’est grâce à son détective qu’il pouvait voyager en fiacre !
Malgré tout, lassé par son personnage et voulant écire des récits « historiques », il le tue dans les chutes de Reichenbach, surprenant son lectorat qui avait vu un Holmes en pleine forme dans « Le traité naval » (NAVA).
C’est avec effroi que les lecteurs liront « Le dernier problème » en décembre 1893 (Joyeux Noël, hein !!) où Holmes y affronte un grand méchant tout droit sorti du chapeau de Doyle.
Pourquoi tant de haine ?? Il faut dire que notre auteur considérait vraiment les aventures de Sherlock Holmes comme de la « littérature purement alimentaire » qui, pensait-il, risquait de porter ombrage au reste de son œuvre.
Les lecteurs protestent et on porte des brassards noirs en signe de deuil jusqu’au gouvernement.
Conan Doyle, malgré les relances, refuse de le ressusciter son héros.
Mais, l’argent est un bon moteur, parfois. Alors, dans le but d’en avoir un peu, il écrit « Le chien des Baskerville », le faisant se dérouler avant la mort de Holmes.
Au départ, il ne voulait utiliser que le personnage de Watson et pas Holmes… voilà pourquoi le détective est si peu présent dans ce roman.
En septembre 1903, après le succès du « Le chien des Baskerville », un éditeur américain lui propose 45 000 livres pour treize nouvelles aventures de Sherlock Holmes.
Aaaah, si les ricains n’avaient pas été là avec leurs billets verts !
Conan Doyle accepte et « ressuscite » son héros dans « La Maison vide ».
Il livrera finalement 33 nouvelles aventures jusqu’à « The Adventure of Shoscombe Old Place », publiée en mars 1927.
Demain, dernière fiche sur Sherlock Holmes : un résumé en bref de son portrait.
Conan Doyle, Basil Rathbone, Vassili Borissovitch Livanov, Jeremy Brett, Robert Downey Jr et Benedict Cumberbatch
Je vous parlais dans un autre passage, du côté obscur de Holmes qui avait déjà libéré un voleur et un assassin. Pourquoi ? Oh, ce n’était pas sans raison !
Holmes nous avait avoué que, une ou deux fois dans sa carrière, il avait senti qu’il commettait plus de mal en découvrant le criminel que ce dernier n’en avait fait par son crime.
C’est un homme qui peut pardonner les vengeances personnelles des autres comme ici, dans « Le pied du diable » (DEVI) :
– Je n’ai jamais aimé, Watson, mais si j’aimais et que la femme que j’aimais mourrait de la sorte, je pourrais fort bien me comporter comme notre chasseur de lions. Qui sait ?
Sherlock nous avouera aussi que, bien que ne pesant pas lourd sur sa conscience, il se sentait indirectement responsable de la mort du docteur Roylott dans « Le ruban moucheté » (SPEC).
— Il n’y a pas de doute que je ne sois ainsi indirectement responsable de la mort du docteur Grimesby Roylott; mais je crois pouvoir affirmer, selon toute vraisemblance, qu’elle ne pèsera pas bien lourd sur ma conscience.
Petit rappel pour voir ceux qui ne suivaient pas hier : Holmes n’a jamais hésité à utiliser des méthodes illégales si la cause était juste à ses yeux (« Charles Auguste Milverton ») et il sait très bien qu’il aurait pu être un criminel très efficace s’il avait utilisé ses talents contre la loi, ce sur quoi Scotland Yard est bien d’accord (« L’interprète grec »).
Courageux, il n’hésite pas à prendre des risques pour s’introduire en cachette dans le château de Roylott dans « Le ruban moucheté ».
Holmes n’est pas un couard qui enverrait les autres au feu pendant que lui resterait à se la couler douce. Non, il va au feu et a justement des scrupules à faire courir aux autres un danger !
– Savez-vous bien, Watson, dit Holmes, tandis que nous étions assis tous deux dans l’obscurité qui commençait, que j’éprouve quelques scrupules à vous emmener ce soir. Il y a nettement un élément de danger.
Attention, s’il prête peu d’attention à sa sécurité quand son esprit est absorbé par une enquête, il sait très bien qu’il est « stupide » et non « courageux », de refuser de croire au danger quand il vous menace de près.
Peu intéressé par l’argent, il répond à Hélène (« Le ruban moucheté ») qui le prévient qu’elle ne pourra le payer que plus tard : « Ma profession est ma propre récompense » et ne lui demande que le remboursement de ses frais.
Pareil pour le rang du client qui lui importe peu. Il a déjà reclapé certains qui se prenaient pour sorti de la cuisse droite de Jupiter (« Un aristocrate célibataire »).
— J’ai entendu dire que vous aviez déjà eu l’occasion de vous occuper de questions délicates de cette nature, monsieur, bien qu’elles ne concernassent guère, je suppose, la même classe de la société. — En effet, je régresse. — Je vous demande pardon ? — Mon dernier client de la sorte était un roi.
Et paf dans sa gueule !
En fait, ce qui intéresse Holmes, c’est l’affaire, pas tellement le client.
Comme les producteurs avaient fait avec le docteur House qui se moquait bien de ses patients, pourvu qu’ils soient un cas intéressant !
Pour cette raison, il peut faire la fine bouche et refuser ce qui sort de l’ordinaire. Vis à vis des gens qui viennent le consulter, il est la dernière cour d’appel. La dernière personne vers qui se tournent les gens qui veulent de la discrétion ou qui n’osent pas aller voir la flicaille, car, professionnellement parlant, Holmes est le seul en Europe à posséder ces dons et cette expérience qu’il met au service des autres.
De plus, Holmes savait garder un secret et Watson n’a jamais publié les aventures dont il n’avait pas eu l’autorisation de Holmes. Soit qu’assez de temps ait passé ou que les clients soient décédés.
Par contre, il est très contrarié par tout ce qui vient distraire son attention et c’est pour cela il ne souhaite pas que deux affaires se chevauchent. Comme tout un homme : une chose à la fois !
« Une intense concentration mentale a le pouvoir étrange d’anéantir le passé« , dit-il.
Mais bien qu’occupé avec l’affaire des persécutions dont le célèbre millionnaire du tabac, John Vincent Harden, était la victime, Holmes ne laissa pas Violet Smith sans secours dans « Le cycliste solitaire » (SOLI).
« Et pourtant, sans un manque de cœur qui était étranger à sa nature, il était impossible de refuser d’écouter l’histoire de cette grande et belle jeune femme, gracieuse et altière, qui se présenta tard dans la soirée à Baker Street et qui implora son assistance et ses conseils ».
À ceux qui le dirait « méchant », je répondrai que Holmes était dépourvu de cruauté, mais endurci à force de vivre dans le sensationnel.
Bien que son salon se soit rempli de clients, Holmes n’a jamais gardé de contact avec eux, sauf si ce fut caché au lecteur. Normal aussi, Holmes n’est pas ce qu’on peut appeler un « individu très sociable ».
À part Watson, il déclare ne pas avoir d’autres amis, hormis Victor Trévor qui fut son ami durant ses deux années d’université. Mais là encore, il ne semble pas avoir gardé de contact.
À part les clients pour des raisons professionnelles, il n’a jamais encouragé les visites.
Il n’est pas homme à nouer de nouvelles amitiés et préfère vivre dans la solitude et l’isolement. Même lorsque Watson n’habitera plus à Baker Strett, on ne peut pas dire qu’ils se voient souvent où que Holmes va lui rendre visite tous les dimanches.
Bref, un homme solitaire, loin de chez lui… ♪ « I’m poor lonesome consulting detective… » ♫
Si notre consulting detective fait parfois preuve d’insouciance et d’une veine mi-cynique, mi-humoristique, la dureté ou la méchanceté n’est pas dans sa nature.
Watson soulignera sa gentillesse et cette sorte de gaieté sinistre qui caractérisait ses meilleurs moments.
Holmes est remarquable par sa courtoisie et il est passé maître dans l’art de mettre les plus humbles à leur aise et possède presque un pouvoir hypnotique qui lui permet d’apaiser quand il le veut les clients les plus nerveux ou les femmes apeurées.
Et, quoique certains pensent, il rit, sourit et plaisante fréquemment. Holmes n’est pas le dernier a faire une plaisanterie ou un tour à un client.
Plutôt ville ou campagne ? Holmes n’est plus le même sans la ville de Londres. La nature ne l’attire pas et la campagne bucolique ne fait pas partie de ses dons innombrables. Aucun attrait pour la campagne ni pour la mer, hormis à sa retraite où il se retirera dans le Sussex (Le Sussex, c’est coquin comme région !).
D’ailleurs, voilà ce que Holmes pensait de la campagne dans « Les hêtres pourpres » (COPP) :
– Est-ce assez frais et délicieux ! m’écriai-je avec tout l’enthousiasme d’un homme échappé aux brouillards de Baker Street.
Mais Holmes secoua gravement la tête.
– Savez-vous bien, Watson, me dit-il, que c’est un des travers des esprits comme le mien de ne jamais envisager les choses que du point de vue qui me préoccupe ? Quand vous regardez ces habitations éparpillées, vous êtes frappé par leur côté pittoresque. Quand je les regarde, moi, la seule chose que j’éprouve est le sentiment de leur isolement et de la facilité avec laquelle les crimes peuvent s’y commettre en toute impunité.
– Grand Dieu ! m’exclamai-je. En quoi ces vieilles demeures peuvent-elles vous faire penser à des crimes ?
– Elles m’inspirent toujours une sorte d’horreur indéfinissable. Voyez-vous, Watson, j’ai la conviction (conviction basée sur mon expérience personnelle) que les plus sinistres et les plus abjectes ruelles de Londres ne possèdent pas à leur actif une aussi effroyable collection de crimes que toutes ces belles et riantes campagnes.
– Mais c’est abominable ce que vous me dites là !
– Et la raison est bien évidente. La pression qu’exerce l’opinion publique réalise ce que les lois ne peuvent accomplir. Il n’est pas de cul-de-sac si infâme et si reculé où les cris d’un enfant martyr ou les coups frappés par un ivrogne n’éveillent la pitié et l’indignation des voisins, et là toutes les ressources dont dispose la justice sont tellement à portée de la main qu’il suffit d’une seule plainte pour provoquer son intervention et amener immédiatement le coupable sur le banc des accusés. Mais considérez au contraire ces maisons isolées au milieu de leurs champs et habitées en majeure partie par de pauvres gens qui n’ont autant dire jamais entendu parler du code, et songez un peu aux cruautés infernales, aux atrocités cachées qui peuvent s’y donner libre cours, d’un bout de l’année à l’autre, à l’insu de tout le monde. Si la jeune fille qui nous appelle à son secours était allée habiter Winchester, je n’aurais jamais eu aucune crainte à son égard. C’est parce qu’elle se trouve à cinq milles dans la campagne que je ne me sens pas tranquille. Et cependant, il est évident qu’elle n’est pas personnellement menacée.
Pour sa retraite, il se retira dans le Sussex, il s’adonnera entièrement à cette vie apaisante de la nature à laquelle il dit avoir si fréquemment aspiré pendant les nombreuses années passées dans les ténèbres londoniennes. Il regardera butiner ses abeilles… Une histoire de dard, en l’occurrence !
Malgré tout, sa retraite ne sera pas de tout repos pour son esprit puisqu’elle sera sujette à une enquête qu’il racontera lui-même, constatant par là que l’exercice n’est pas aussi facile qu’il le pensait ! (« La crinière de lion »). Lui qui avait souvent houspillé sur le fait que Watson parlait plus du côté « romancé » de l’histoire au lieu de parler des faits.
Son esprit lucide, froid, admirablement équilibré répugne à toute émotion en général et à celle de l’amour en particulier.
Il apparaît sans sentiment, saturnien et peu démonstratif. Ses émotions se sont émoussées à force de vivre dans le sensationnel.
« L’émotivité contrarie le raisonnement clair et le jugement sain » affirme-t-il dans « Le signe des quatre ».
« J’utilise ma tête, pas mon cœur » dans « Un illustre client ».
Un sale caractère ?? Non, non, juste « du caractère » !
Pour le lecteur qui le découvre, Holmes apparaît comme sans émotion et replié sur lui-même, scientifique jusqu’à l’insensibilité, comme un véritable automate, une machine à raisonner, radicalement inhumain, avec un masque d’Indien Peau-Rouge qui, tant de fois, le fait passer pour une machine insensible et non pour un être humain.
Ma foi, cela ne m’a jamais dérangé. Il est détective, a inventé la profession, il l’exerce, il est donc normal qu’il place au-dessus de tout la précision et la concentration de la pensée.
On ne peut pas dire non plus que Holmes était un homme calme (sauf quand il n’avait rien à faire et qu’il s’ennuyait).
Dans le canon, il est souvent fait référence à l’agitation de Holmes et à son impatience surtout lorsqu’il est sur une affaire !
« Sherlock Holmes, quand il avait un problème à résoudre, pouvait demeurer des jours entiers, et même une semaine sans se reposer : il tournait et retournait les faits dans sa tête, les examinait sous tous les angles jusqu’à ce qu’il eût bien approfondi le mystère, à moins qu’il ne trouvât insuffisants ses renseignements » nous dit-on dans « L’Homme à la lèvre tordue » (TWIS).
Au bout du compte il pouvait avoir jusqu’à « sept explications distinctes ; chacune se rapportant aux faits tels que nous les connaissions » (« Les Hêtres-Rouges »).
Une seule de ces explications s’avérera être la solution de l’énigme. D’où sa célèbre maxime qu’il cite aussi comme une règle : « Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, aussi improbable que cela paraisse, doit être la vérité. » (« Le signe des quatre »).
Comme vous pouvez le constater, dans ses écrits, Watson fait constamment référence à sa sa nervosité et à l’excitation de Holmes, à son naturel curieux et avide, à sa manie de se ronger les ongles quand il est préoccupé, à l’importance qu’il porte à son orgueil, à sa réputation, au respect de lui-même et à un certain égoïsme.
A contrario, lorsqu’il fallait rester calme, Holmes savait le rester durant des longues heures de guet ou de veille.
Il fut d’ailleurs imperturbablement calme et plein d’humour dans une situation délicate : c’est avec calme et courtoisie qu’il a accueilli le redoutable docteur Roylott (« Le ruban moucheté ») en lui offrant un siège et en lui parlant du temps qu’il faisait.
– Je suis le docteur Grimesby, de Stoke Moran. – Vraiment, docteur, dit Holmes d’un ton débonnaire. Je vous en prie, prenez un siège. – Je n’en ferai rien. Ma belle-fille est venue ici. Je l’ai suivie. Que vous a-t-elle raconté ? – Il fait un peu froid pour la saison, dit Holmes. – Que vous a-t-elle raconté ? s’écria le vieux, furieux. – Toute fois, j’ai entendu dire que les crocus promettent, continua mon compagnon, imperturbable. – Ah ! vous éludez la question, s’écria notre visiteur, qui fit un pas en avant, en agitant son bâton. Je vous connais, canaille, j’ai déjà entendu parler de vous ; vous êtes Holmes, le touche-à-tout. Mon ami sourit. – Holmes l’officieux ! Le sourire d’Holmes s’accentua.
Si on parle de la haute taille de Holmes dans le canon (1,80m), on ne décrit pas sa « force » de manière directe. Par contre, cette dernière sera soulignée lorsqu’il redressera, sans effort, le tisonnier tordu par ce même terrible docteur Roylott.
– Voilà qui m’a tout l’air d’un très aimable personnage, dit Holmes en riant. Je ne suis pas tout à fait aussi massif que lui,mais s’il était resté, je lui aurais montré que mes griffes ne sont guère plus faibles que les siennes.
Tout en parlant, il ramassa le tisonnier d’acier et, d’un effort brusque, le redressa.
La modestie ne fait pas partie de ses vertus. Pour Holmes, les choses sont ce qu’elles sont : se sous-estimer ou se surestimer est une altération de la réalité. Il n’a pas peur de se vanter d’être le meilleur puisque c’est vrai ! Alors, pourquoi ranger la modestie parmi ses vertus ?
« Ce que l’on fait en ce monde importe peu. La question, c’est ce que vous pouvez faire croire que vous avez fait« .« Une étude en rouge » (STUD).
Je ne dirai pas qu’il est narcissique, ou qu’il a tendance à s’analyser et à ne parler que lui, mais il est parfois égotiste.
Holmes est un autodidacte, ce qu’il sait, il l’a appris seul en observant.
Et le détective est aussi sensible à la flatterie, quand il s’agit de son art, que n’importe quelle femme quand il s’agit de sa beauté.
La vie ne doit pas toujours être facile pour un homme avec de telles compétences intellectuelles.
J’imagine qu’il devait voir les autres comme des poissons rouges… Sans compter qu’il reprochait souvent à Watson de « voir » mais de ne pas « observer »…
La preuve en était que Watson ne connaissait pas le nombre de marches menant à leur meublé ! (17)
Holmes pouvait être franchement méprisant avec les plus humbles de la cervelle, vous savez, celles qui sont moins vives que la sienne…
Non, pas facile d’évoluer au milieu des autres : pour eux, vous êtes un extraterrestre, un sorcier, le diable (à une autre époque, on l’aurait brûlé).
Et pour Holmes, il avait du mal à supporter ces escargots baveux de l’esprit. Cette manière de se comporter avec les autres ennuiera Watson très souvent.
La publicité ? Holmes n’est pas du genre à vouloir que son nom s’étale dans les journaux. Il s’en moque bien, de la postérité, lui, tout ce qui l’intéressait, c’était de résoudre une affaire.
Quasi à chaque fois, il laissera le crédit de ses affaires à la police, mais s’irritera parfois d’un manque de reconnaissance.
Malgré tout, à Scotland Yard, on le respectait et pas un n’aurait refusé de lui serrer la main ! Comme dans cet extrait des « Six Napoléons » (SIXN).
– Eh bien ! dit Lestrade, je vous ai vu entreprendre bien des affaires, Monsieur Holmes, mais je n’en ai jamais vu de mieux conduite. Nous ne sommes pas jaloux de vous à Scotland Yard… Non, Monsieur, nous sommes au contraire très fiers de vous, et si vous y veniez demain, il n’y aurait pas un de nous, depuis le doyen des inspecteurs jusqu’au plus jeune de nos agents, qui ne serait heureux de vous serrer la main.
– Merci, dit Holmes, merci ! – et tandis qu’il détournait la tête, il me parut plus ému que je ne l’avais jamais vu. Un instant après, il était redevenu le penseur froid et pratique que je connaissais.
Malgré le fait qu’il soit sensible à la flatterie et malgré le fait qu’on le respecte au Yard, Holmes s’est toujours la possibilité d’agir seul. Plus facile ainsi car, souvent, l’aide qu’il aurait trouvée à l’extérieur aurait été insignifiante.
Il s’intéresse à une affaire pour aider les fins de la Justice et le travail de la police. S’il se tient à l’écart de la police officielle, c’est d’abord parce qu’elle le tient à l’écart, bien qu’il n’ait jamais eu le moindre désir de marquer des points à ses dépens. Mais vous savez, pour un policier, se faire résoudre l’affaire par un « privé », ça la fou quand même mal niveau égo.
Holmes a de l’humour et c’est un petit taquin ! Son plaisir était de taquiner les détectives officiels en leur donnant des indices tout en négligeant d’expliquer leur signification. Ça l’amusait.
En réalité, il ne souhaite pas leur masquer l’évidence. Ses yeux étincellent de malice quand il fait miroiter la preuve dans la tragédie de Birlstone, par exemple. Cfr « La vallée de la peur« (VALL).
S’il est dur avec les autres, il ne s’épargne pas lui-même. Il est le premier à se faire des reproches quand il est trop lent à résoudre le problème. Comme nous le voyons ici dans « L’homme a la lèvre tordue » (TWIS) :
— Je vais mettre à l’épreuve une de mes théories, dit-il en enfilant ses chaussures. Je crois, Watson, que vous êtes en ce moment en présence d’un des plus parfaits imbéciles de l’Europe. Je mérite un coup de pied qui m’enverrait à tous les diables; mais je crois que je tiens maintenant la clé de l’affaire.
Des autres, il aime les attentions, l’admiration et les applaudissements, comme le montrait l’extrait des « Six Napoléons » posté plus haut (SIXN).
C’est aussi sa nature froide qui fait qu’il ne se préoccupe pas de la gloriole. Par contre, il sera touché par les louanges d’un ami.
Il aime impressionner ses clients par l’étalage de ses facultés et surprendre ceux qui l’entourent. Comme un artiste, il est en représentation. Il y a en lui une certaine veine artistique qui l’attire sur la scène.
Holmes est aussi un homme qui est incapable de se refuser une note dramatique lors d’une résolution d’affaire. Il cachera ainsi les plans sous la cloche qui aurait dû contenir le petit déjeuner dans « Le traité naval » (NAVA) :
– Mme Hudson s’est montrée à la hauteur des circonstances, déclara Holmes, soulevant le couvercle d’un plat qui contenait un poulet au curry. Sa cuisine est un peu limitée, mais, pour une Écossaise, elle a une assez heureuse conception du petit déjeuner. Qu’est-ce que vous avez là-bas, Watson ? – Des œufs au jambon. – Bravo ! Que préférez-vous, Monsieur Phelps ? Oeufs ou poulet ? – Je vous remercie. Je n’ai pas faim. – Voyons ! voyons ! Servez-vous ! Le plat est devant vous. – Non, vraiment, j’aimerais mieux ne rien prendre. Holmes eut un sourire malicieux. – Alors, voudriez-vous avoir la bonté de me servir ?
Phelps souleva le couvercle du plat qui était devant lui et, au même moment, poussa une exclamation de stupeur. Son visage était devenu aussi blanc que son assiette et ses yeux semblaient ne pouvoir se détacher d’un rouleau de papier bleuté qui se trouvait dans le plat qu’il venait de découvrir.
Il se décida enfin à le prendre. Il le déroula rapidement, jeta dessus un coup d’œil, puis nous le vîmes se lever d’un bond et se mettre à danser comme un fou au tour de la pièce,en poussant des cris de joie en en pressant sur son cœur le précieux document. Il se laissa ensuite tomber dans un fauteuil. Il était épuisé et nous dûmes lui faire avaler une gorgée de cognac pour l’empêcher de s’évanouir.
Holmes lui administra de petites tapes amicales sur l’épaule et s’excusa. – Je suis le premier à reconnaître, Monsieur Phelps, que j’aurais dû vous épargner cette émotion violente. Mais Watson, ici présent, vous expliquera que je n’ai jamais pu résister à ma passion de la mise en scène !