Le petit dictionnaire de Sherlock Holmes : Marc Lemonier

Titre : Le petit dictionnaire de Sherlock Holmes

Auteur : Marc Lemonier
Édition : City Edition (16/11/2011)

Résumé :
Sherlock Holmes est immortel. Plus d’un siècle après sa dernière aventure officielle, il occupe toujours une place de premier ordre au royaume des détectives. Films, pastiches, suites, livres, séries télévisées : Holmes est partout…

Dans ce petit dico, l’auteur part sur les traces de l’œuvre de Conan Doyle, de sa genèse jusqu’à nos jours. Lieux, personnages, objets fétiches, enquêtes, moments clés de sa vie : vous serez incollable sur le dandy détective.

Comment a-t-il rencontré le fameux docteur Watson ? Qui étaient ses parents ? Comment a-t-il disparu en combattant le professeur Moriarty ?

Et au fait, savez-vous que Holmes n’a jamais prononcé le mot « Élémentaire » ?

Critique :
Lorsque je suis tombée sur ce bouquin, je me suis dit que cela serait amusant de le posséder et de faire grossir mes étagères Sherlock Holmes.

Bien souvent, je cherche dans ma mémoire le réalisateur d’un film ou un détail d’une aventure et rien ne surgit (oui, Alzheimer fait des ravages).

Si, à ce moment là, vous n’avez aucun ordinateur allumé, c’est assez embêtant.

Un dictionnaire résoudrait parfaitement ce problème.

Ne vous attendez pas à de grandes révélations en le lisant. Une grande partie de l’ouvrage se trouve sur le site de la SSHF.

Le dico peut, toute fois, se révéler utile en cas de plantage de PC ou de flemme de l’allumer pour vérifier un détail (attention, pas un détail trop petit, juste une indication). Il se lit plaisamment installé dans le canapé, tasse de thé à la main.

L’auteur nous cite souvent des passages entiers du canon, comprenant dialogues ou descriptions. Lorsqu’il nous donne le titre de l’aventure canonique, en dessous, il note le titre en V.O, sa date de publication, l’endroit où elle fut publiée ainsi que son abréviation officielle en bas du texte.

Lemonier nous parle aussi de quelques films sur Holmes, dont les deux derniers de Ritchie, la série Sherlock de la BBC, celle de la Granada, des villes citées dans le canon, des personnages (quelques uns, les plus importants), de quelques acteurs qui ont interprétés Holmes à l’écran, des untold stories,…

Mais sans trop entrer dans les détails. le strict minimum.

Toutefois, il y a des erreurs et quelques oublis importants à mes yeux :

Page 22 : « L’aventure de Wisteria Lodge » (WIST) où l’auteur du dico oublie un détail monumental. Cette histoire commence en effet par Watson qui nous écrit ceci : « Dans mes notes je retrouve la date : fin mars 1892. le temps était froid, et gris, le vent soufflait. Holmes avait reçu un télégramme et il avait griffonné la réponse. » 1892 ? Holmes étant disparu aux chutes le 4 mai 1891. L’erreur canonique aurait dû être soulignée dans le dico, je trouve.

P 43 : parlant de Jeremy Brett qui incarna le détective, il a cette phrase étrange « Il ne lui manque que la haute stature ». Sachant que Brett mesurait 1,88 m et que Holmes en faisait 1,80 m, je me demande ce que Lemonier a voulu dire par-là. N’aurait-il pas vérifié les tailles de ces deux hommes ? Ou alors, il n’aime pas Brett et trouve qu’il n’interprétait pas brillamment Holmes…

P 48-49 : Les titres des recueils (Adventures, Memoirs, Return) sont en gras, les nouvelles qui les composent en italique, notées l’une à la suite de l’autre. Avant de passer au titre du recueil suivant, il y a un espace. Les nouvelles auraient gagnées en clarté à être mise l’une en dessous de l’autre, mais bon.

Par contre, le correcteur n’a pas vu que « His last bow » n’était pas en gras et se trouvait directement sous les titres composant « The return », sans l’espace de séparation requis. Pareil pour « The casebook ». Cela donne un gros plaquage sur la fin.

P 56 : « Quand il s’ennuie un peu, le détective se shoote avec une solution à 7% de cocaïne ! » C’est noté texto ainsi. Punaise, dit ainsi, on dirait un camé de la pire espèce.

P 67 : C’est « LA cycliste solitaire » ou « LE cycliste solitaire » ? Pourtant, il me semblait avoir lu que, d’après des notes manuscrites de Conan Doyle, il visait bien l’homme qui suivait mademoiselle Violet Smith et que c’était « Le » et pas « La ». Une histoire de sexe, encore une fois. L’inconvénient de la langue anglaise, c’est le « the » qui ne vise personne en particulier (The Adventure of the Solitary Cyclist).

Page 73 : « inspecteur « Greyson »?? Dans le canon, c’est l’inspecteur GREGSON !! La faute. Carton rouge.

Page 82 : Dans « L’Employé de l’agent de change », la Franco-Midland est rebaptisée « Les Quincailliers de la Franco-Midland » et serait donc ainsi (en ces termes) présente dans le Canon. Ce qui ferait du président un plagiaire de Conan Doyle si cet intitulé se trouvait bien dans le Canon. Hors, c’est lui qui l’a inventé de toute part pour le site de la SSHF.

Page 94 : on apprend que la série Granada est interrompue par le décès de Brett. Il n’en est rien. Jeremy Brett était pourtant encore bien vivant quand il embrassa publiquement le président à la fin de la soirée télévisée organisée en 1994 pour marquer la fin de la série…

P 165 : erreur lamentable dans le titre en V.O des « Propriétaires de Reigate » qui devient « The Red-Headed League » au lieu de « The Reigate Squires ». L’abréviation REIG et la date de publication sont les bonnes.

P 207 : Il parle de Lady Eudoria Vernet Holmes, mère d’Enola, de Sherlock et de Mycroft. Cette femme est un personnage fictif des livres de Nancy Springer. Lemonier nous signale ensuite qu’elle a été enlevée. Erreur ! Elle a disparu, oui, personne ne sait où ni pourquoi, mais très vite ils comprennent qu’elle a disparu de son plein gré. Désolé, mais on  ne mélange pas les faits canoniques avec les apocryphes.

P 210 : le violon de Holmes. L’auteur nous signale qu’il l’a acheté son Stradivarius pour une bouchée de pain à un brocanteur. Était-ce si compliqué de donner plus de détails ? Comme quoi il valait au moins 500 guinées et qu’il l’avait payé 55 shillings à un brocanteur juif de Tottenham Court Road (The Adventure of the Cardboard Box).

P 210 : le violon, toujours. Lemonier nous parle de Holmes cherchant à découvrir la note qui ferait immobiliser les mouches. Cette expérience est celle de Holmes/Robert Downey Jr dans le film de Ritchie, mais ce n’est pas précisé. Pour l’histoire des mouches et de l’expérience avec le violon, cela provient d’un film avec Rathbone (« Les aventures de Sherlock Holmes ») auquel Ritchie rendait hommage dans son premier opus…

Bref, un peu trop d’erreur pour un dictionnaire !! Un peu trop d’approximations et de mélange entre la fiction et le canon.

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L’aventure du détective triomphant, une étude du mythe holmesien : Sophie Bellocq-Poulonis

Titre : L’aventure du détective triomphant, une étude du mythe holmesien

Auteur : Sophie Bellocq-Poulonis
Édition : Editions de l’Oeil du Sphinx (11/05/2004)

Résumé :
D’aucuns disent que sa silhouette hante encore certains quartiers de Londres, lorsque le brouillard enveloppe la ville…

Si cette affirmation relève de l’affabulation, l’ombre du plus célèbre détective du monde demeure bel et bien enracinée dans l’imaginaire collectif, au point d’en constituer la référence où puisent leurs origines – inconsciemment, parfois – tous les personnages que la foisonnante littérature policière a engendrés depuis qu’Arthur Conan Doyle le façonna.

SHERLOCK HOLMES… son nom résonne comme une panacée au crime, quand bien même ses attributs – la loupe, la pipe et l’incomparable deerstalker – suffisent à le désigner. Souvent pastiché, jamais égalé, il est l’archétype de l’investigateur dont les méthodes, révolutionnaires pour l’époque, font aujourd’hui le quotidien des départements de police scientifique.

Pourquoi un tel personnage, né de l’imagination d’un médecin en mal de clients, a-t-il eu un impact aussi retentissant, jusqu’à créer l’illusion d’une existence réelle ? Pourquoi, alors qu’il était initialement destiné à une existence éphémère, comme beaucoup de ses pairs, s’est-il drapé de cette aura mythique ?

L’étude de l’œuvre de Conan Doyle – que les admirateurs du détective appellent le Canon – et celle des circonstances tant historiques que socioéconomiques qui ont accompagnées la publication de ses aventures nous donneront peut-être la clé de cette énigme littéraire…

Critique :
Ce gros roman de 377 pages est à réserver aux holmésiens, à mon sens, ou à une personne qui souhaiterait vraiment en savoir plus sur Sherlock Holmes, dans sa version canonique.

Fort complet, il ratisse large et nous parle aussi bien de l’auteur (Arthur Conan Doyle), que ses créatures (Sherlock Holmes, le Dr John Watson), que de la ville de Londres, présence imposante dans les 60 enquêtes de Holmes.

L’étude de madame Bellocq-Poulonis ne repose pas, comme pour celle de Baring-Gould sur des faits non avérés ou tirés des apocryphes, mais uniquement sur les aventures canoniques, c’est-à-dire celles écrites par Arthur Conan Doyle et lui seul !

Lorsqu’elle explique certains traits de caractères du détective, elle insère des extraits tiré du canon afin de confirmer ses dires. Idem lorsqu’elle parle de Londres ou d’autres petits détails.

Le fait d’illustrer ce qu’elle écrit est une bonne chose, mais pour une lectrice qui connaît déjà beaucoup sur Holmes, ça ralentit le rythme puisque je n’ai plus vraiment besoin d’avoir des éclairages.

Attention, je ne rouspète pas ! Les extraits sont importants, tout comme les renvois en bas de page lorsqu’elle a eu une information ailleurs.

Vous apprendrez la genèse de Holmes, sa naissance due au fait qu’un médecin qui n’avait pas de clientèle, la demande de Stoddard pour une deuxième aventure de Sherlock Holmes, le succès de Holmes aux États-Unis, le tollé que fit sa disparition, avec manifestations et grèves…

Anybref, incollable vous serez ! Pour autant que vous arriviez à retenir tout. Moi, ce sont les dates qui partent le plus vite de ma mémoire passoire.

À partir de la page 146, on entre dans les abréviations officielles des aventures de Sherlock Holmes, celles utilisées par les initiés et qui pourraient paraître barbares pour d’autres.

Et puis, ensuite, toutes les aventures canoniques sont résumées, par ordre de publication, avec quelques petites infos en plus. L’extase pour moi, tout simplement.

Une vraie bible pour l’holmésien, une vraie mine d’or, le tout étant correct, non farfelu et tout à fait canonique.

À garder sous la main pour écrire un pastiche holmésien ou juste pour le plaisir.

Sommaire :

Partie 1 : Genèse d’un Mythe
– Sir Arthur Conan Doyle, Approche Biographique
– Chronologie des parutions Holmesiennes
– Conditions de création du personnage
– La Mort de Sherlock Holmes
– La Geste Holmesienne ou l’image du surhomme

Partie 2 : De l’Écriture au Mythe
– Contextes
– Le Choix d’une écriture réaliste
– Chronologie Intra-Diegetique des affaires Canoniques
– Une Prédisposition au Mythe

Partie 3 : Le Mythe Triomphant
– Contrefaçons, Pastiches & Caricatures
– L’Holmesologie ou la reconnaissance du Mythe
– Sherlock Holmes ou les prémices de la Police Scientifique
– En guise de conclusion

Annexes
– Abréviations Canoniques du Professeur Jay Finley Christ
– Fiches descriptives des 64 enquêtes de Sherlock Holmes
– Bibliographie supposée de Sherlock Holmes
– Dr Watson gets married
– Petite bibliothèque Holmesienne
– Postface

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2017-2018) et Le Mois anglais saison 7 chez Lou et Cryssilda (juin 2018).

Enquête sur Sherlock Holmes : Bernard Oudin

Titre : Enquête sur Sherlock Holmes

Auteur : Bernard Oudin
Édition : Gallimard (1997)

Résumé :
Sherlock Holmes, création du romancier britannique Arthur Conan Doyle, est à coup sûr un des personnages les plus célèbres de toute l’histoire.

Mais, au-delà de son succès proprement littéraire, il existe un « phénomène » Holmes, vieux maintenant d’un siècle et qui ne donne aucun signe de déclin.

Il a été le héros le plus souvent porté à l’écran et des dizaines d’écrivains ont voulu donner une suite à ses aventures.

Mieux encore, dès la parution des premières œuvres, des milliers de gens ont cru à l’existence réelle du détective.

Aujourd’hui encore, du courrier arrive à son domicile supposé de Baker Street. Plusieurs centaines de clubs holmésiens dans le monde, jusqu’en Amérique et au Japon, perpétuent son culte.

Bernard Oudin, spécialiste de Sherlock Holmes, démêle les fils de cet étonnant sortilège qui a amené un personnage de fiction aux frontières de la réalité et du fantasme.

Critique :
Prenons la DeLorean de Doc et remontons dans le temps, voulez-vous ?

Fermez les yeux… Imaginez…

Je suis jeune (si, si, faites un effort, nom de dieu !), l’Internet n’est pas démocratisé comme maintenant et d’ailleurs, je n’avais pas encore de PC en ce temps-là !

Alors vous pensez bien que lorsque mon bouquiniste déposa devant mes yeux ce petit guide sur Sherlock Holmes, ce fut la fête, Noël avant l’heure !

Imaginez, j’allais enfin avoir une liste des apocryphes holmésiens, des films, des acteurs ayant joué Son rôle, sur Sa naissance littéraire,…. Et j’en passe et des meilleures !

Madeleine de Proust ce petit guide et véritable mine d’informations intéressantes pour cette époque où le Net était obscur et ou certains le traitaient de labyrinthe de l’information, limite si on ne le mettait pas sur le bûcher.

Anybref, en ce temps-là, ce petit guide a fait ma joie, stabilotant des tas de titres d’apocryphes qui, au fur et à mesure, sont venus grossir mes étagères ou fluorant des titres de films, qui, avec l’avènement du P2P et puis du Torrent, sont venus, eux aussi , grossir mon disque dur ou mon rayonnage de films holmésiens (parce que j’aime aussi les posséder en vrai).

C’est rempli de petites anecdotes ou de grandes révélations (pour l’époque !), le tout étant illustré par des dessins d’époque de Frederic Dorr Steele (pour le Collier’s Weekly), de Sidney Paget (pour le Strand Magazine), d’affiches, de photos d’acteurs de théâtre, de cinéma, de personnalités importantes et connues.

Vous pensiez que les anglais étaient les seuls à pouvoir se prétendre détenteur de Sherlock Holmes ? Pourtant, ce furent les Américains qui publièrent les aventures de Sherlock Holmes sous forme de magazine, les british n’en voulant pas…

Sans l’éditeur américain Stoddart, nous n’aurions jamais eu d’autres aventures de Sherlock Holmes que « Une étude en rouge » !! C’est lui, le directeur du Lippincott new-yorkais, qui demanda à Conan Doyle de lui écrire un roman AVEC Sherlock Holmes, obligatoirement !

Ce jour là, Oscar Wilde était invité aussi, mais lui, il eut carte blanche (et cela donna « Le portrait de Dorian Gray »).

Vous apprendrez aussi que Holmes n’a JAMAIS dit « Élémentaire, mon cher Watson » dans les livres, et que l’horrible deerstalker et le macfarlane ne figurent pas dans les écrits canoniques, mais que c’est l’illustrateur, Sidney Paget, qui le dessina ainsi dans deux aventures « Le mystère du Val Boscombe » et « Flamme d’argent ».

Dans le canon, pour la nouvelle « Flamme d’argent », Conan Doyle fait juste allusion à une casquette de voyage (travel cap).

Idem pour la pipe recourbée qui est un anachronisme, mais parait qu’elle permettait à William Gillette, acteur de cinéma pas rasoir, de parler plus distinctement.

Vous apprendrez notamment que Scotland Yard n’a pas tenu rigueur au fait que, dans les écrits de Conan Doyle, ses policiers n’aient jamais été mis en valeur et qu’ils furent même traité avec mépris, puisqu’ils ont baptiser leur ordinateur de recherche « Home Office Large Major Enquiry System »… HOLMES !

Anybref, vous saurez tout sur les apocryphes et les pastiches holmésiens (d’avant 1997, bien entendu), vous saurez tout sur les clubs holmésiens, sur Rex Stout qui démontra un jour que Watson était une gonzesse, les lieux de pèlerinage holmésiens, ainsi que le musée Sherlock Holmes.

Je ne m’en lasse pas et régulièrement, je remonte le temps en l’ouvrant et en tournant les pages, revoyant les titres que je désirais et puis, me retournant, toute fière, pour les découvrir dans ma bibliothèque.

Comme le chantait si bien Pierre Peret, ♫ Tout, tout, tout, vous saurez tout sur Sherlock Holmes ♪

Le Challenge « A year in England – 2017-2018 » chez Titine (Plaisirs à Cultiver).

8. Sherlock Holmes en bref…

Sherlock Holmes est un personnage de fiction créé par Sir Arthur Conan Doyle dans le roman policier « Une étude en rouge » en 1887.

Détective privé et consultant doté d’une mémoire remarquable pour tout ce qui peut l’aider à résoudre des crimes en général, il a très peu de savoirs dans les domaines de la connaissance qu’il estime inutiles à son travail.

Lors de ses enquêtes, relatées dans les 4 romans et les 56 nouvelles qui forment ce qu’on appelle le canon, il est fréquemment accompagné du docteur Watson.

Personnage très « typé », Sherlock Holmes est devenu l’archétype du « private detective » pour des générations d’auteurs populaires de roman policier, éclipsant ses ancêtres historiques que furent le Chevalier Auguste Dupin d’Edgar Allan Poe et Monsieur Lecoq d’Émile Gaboriau, personnages auxquels Arthur Conan Doyle fait pourtant référence dans son œuvre.

Né en janvier 1854 selon les suppositions les plus courantes (aucune date n’est en effet citée) en un lieu non déterminé, descendant de petits propriétaires terriens et petit-neveu du peintre Horace Vernet, Sherlock Holmes est un célibataire endurci, plutôt misogyne, qui a pour logeuse Mrs Hudson.

Son seul parent connu est son frère aîné Mycroft, l’un des piliers du Diogenes Club, qui occupe des fonctions importantes auprès du gouvernement britannique.

Le docteur Watson, son ami et biographe, est la seule personne qui partage son intimité. Sherlock Holmes réside au 221B Baker Street, à Londres, où il exerce la profession de détective privé consultant (consulting detective).

Grand, mince, élégant mais négligent, de façon bohème, Holmes est un fumeur invétéré (cigarette, cigare et pipe), un sportif accompli (bartitsu, boxe et escrime), un mélomane averti qui pratique le violon et un médiocre mangeur.

Il ne supporte pas l’oisiveté, qui l’épuise et ne vit que pour son travail.

Pendant les moments où il ne peut travailler, il est parfois amené à se droguer (cocaïne), mais en profite aussi pour compléter la culture encyclopédique nécessaire à sa profession.

Égotiste, cet esprit supérieurement intelligent supporte difficilement la lenteur d’esprit chez autrui ; artiste et doué pour les déguisements, il est toujours en représentation, aimant surprendre ses clients et son excellent ami Watson.

Il n’apprécie guère la police officielle et n’hésite pas à bafouer la loi lorsqu’elle lui paraît peu compatible avec la justice.

Le rang de son client lui importe moins que l’intérêt de l’affaire. Bien que prétendant mépriser la notoriété, il ne s’oppose en rien à la publication de certaines de ses enquêtes par Watson qui contribue à lui donner une renommée considérable.

S’il méprise l’argent et n’hésite pas à enquêter pour des gens modestes, il reçoit néanmoins des récompenses importantes de grands qui lui permettent de prendre sa retraite confortablement.

Sherlock Holmes résout les mystères par un processus en trois étapes : l’observation des indices, l’induction et la synthèse logique.

7. Sherlock Holmes – Pour conclure (dans le foin ?)

Pour conclure (dans le foin ?) :

Quoiqu’il en soit, Holmes est un personnage fascinant à plus d’un titre. On l’étudie toujours, on épluche le canon, on l’analyse, on le commente, on l’interprète, bref, on ne vit que pour lui !

Sherlock Holmes est et restera mon personnage préféré dans la littérature, le premier détective, le premier à parler de la science comme étant importante dans la résolution des crimes, le premier à parler de préserver les scènes de crime… celui dont TOUS les autres découlent,  éclipsant ses ancêtres historiques que furent le « Chevalier Auguste Dupin » d’Edgar Allan Poe et « Monsieur Lecoq », d’Émile Gaboriau, personnages auxquels Arthur Conan Doyle fait pourtant référence dans son œuvre.

Non, on ne les retiens pas comme étant les premiers policiers… Holmes reste number one !

Sherlock Holmes est un personnage très « typé », sans doute du fait de son auteur qui ne l’aimait pas.

Malgré toute cette haine du créateur envers sa créature, il est devenu l’archétype du « private detective » pour des générations d’auteurs populaires de roman policier.

Bien qu’il aurait aimé gagner sa vie avec des romans historiques, Conan Doyle verra son personnage de Holmes adopté par le public dès la publication de sa deuxième aventure « Le signe des quatre » dans « The Strand Magazine ».

L’existence de Sherlock Holmes doit beaucoup au professeur en chirurgie de Conan Doyle, le docteur Joseph Bell.

Ses déductions étonnantes sur les patients et leurs maladies l’impressionnèrent beaucoup.

À l’origine, Conan Doyle avait prévu d’appeler son détective Sherrinford Holmes.

En août 1889, au cours d’un dîner organisé par J. M. Stoddart, agent américain du « Lippincott’s Monthly Magazine », Arthur Conan Doyle et Oscar Wilde sont engagés pour écrire deux histoires.

Wilde livre « Le Portrait de Dorian Gray » et Doyle « Le Signe des quatre », deuxième aventure du détective, qui paraîtra en 1890.

Conan Doyle peut se vanter d’être un écrivain qui arrivait à vivre de ses écrits car c’est grâce à son détective qu’il pouvait voyager en fiacre !

Malgré tout, lassé par son personnage et voulant écire des récits « historiques », il le tue dans les chutes de Reichenbach, surprenant son lectorat qui avait vu un Holmes en pleine forme dans « Le traité naval » (NAVA).

C’est avec effroi que les lecteurs liront « Le dernier problème » en décembre 1893 (Joyeux Noël, hein !!) où Holmes y affronte un grand méchant tout droit sorti du chapeau de Doyle.

Pourquoi tant de haine ?? Il faut dire que notre auteur considérait vraiment les aventures de Sherlock Holmes comme de la « littérature purement alimentaire » qui, pensait-il, risquait de porter ombrage au reste de son œuvre.

Les lecteurs protestent et on porte des brassards noirs en signe de deuil jusqu’au gouvernement.

Conan Doyle, malgré les relances, refuse de le ressusciter son héros.

Mais, l’argent est un bon moteur, parfois. Alors, dans le but d’en avoir un peu, il écrit « Le chien des Baskerville », le faisant se dérouler avant la mort de Holmes.

Au départ, il ne voulait utiliser que le personnage de Watson et pas Holmes… voilà pourquoi le détective est si peu présent dans ce roman.

En septembre 1903, après le succès du « Le chien des Baskerville », un éditeur américain lui propose 45 000 livres pour treize nouvelles aventures de Sherlock Holmes.

Aaaah, si les ricains n’avaient pas été là avec leurs billets verts !

Conan Doyle accepte et « ressuscite » son héros dans « La Maison vide ».

Il livrera finalement 33 nouvelles aventures jusqu’à « The Adventure of Shoscombe Old Place », publiée en mars 1927.

Demain, dernière fiche sur Sherlock Holmes : un résumé en bref de son portrait.

6. Sherlock Holmes – Qui a dit « Sale caractère » ? [Part 2]

Conan Doyle, Basil Rathbone, Vassili Borissovitch Livanov, Jeremy Brett, Robert Downey Jr et Benedict Cumberbatch

Je vous parlais dans un autre passage, du côté obscur de Holmes qui avait déjà libéré un voleur et un assassin. Pourquoi ? Oh, ce n’était pas sans raison !

Holmes nous avait avoué que, une ou deux fois dans sa carrière, il avait senti qu’il commettait plus de mal en découvrant le criminel que ce dernier n’en avait fait par son crime.

C’est un homme qui peut pardonner les vengeances personnelles des autres comme ici, dans « Le pied du diable » (DEVI) :

– Je n’ai jamais aimé, Watson, mais si j’aimais et que la femme que j’aimais mourrait de la sorte, je pourrais fort bien me comporter comme notre chasseur de lions. Qui sait ?

Sherlock nous avouera aussi que, bien que ne pesant pas lourd sur sa conscience, il se sentait indirectement responsable de la mort du docteur Roylott dans « Le ruban moucheté » (SPEC).

— Il n’y a pas de doute que je ne sois ainsi indirectement responsable de la mort du docteur Grimesby Roylott; mais je crois pouvoir affirmer, selon toute vraisemblance, qu’elle ne pèsera pas bien lourd sur ma conscience.

Petit rappel pour voir ceux qui ne suivaient pas hier : Holmes n’a jamais hésité à utiliser des méthodes illégales si la cause était juste à ses yeux (« Charles Auguste Milverton ») et il sait très bien qu’il aurait pu être un criminel très efficace s’il avait utilisé ses talents contre la loi, ce sur quoi Scotland Yard est bien d’accord (« L’interprète grec »).

Courageux, il n’hésite pas à prendre des risques pour s’introduire en cachette dans le château de Roylott dans « Le ruban moucheté ».

Holmes n’est pas un couard qui enverrait les autres au feu pendant que lui resterait à se la couler douce. Non, il va au feu et a justement des scrupules à faire courir aux autres un danger !

– Savez-vous bien, Watson, dit Holmes, tandis que nous étions assis tous deux dans l’obscurité qui commençait, que j’éprouve quelques scrupules à vous emmener ce soir. Il y a nettement un élément de danger.

Attention, s’il prête peu d’attention à sa sécurité quand son esprit est absorbé par une enquête, il sait très bien qu’il est « stupide » et non « courageux », de refuser de croire au danger quand il vous menace de près.

Peu intéressé par l’argent, il répond à Hélène (« Le ruban moucheté ») qui le prévient qu’elle ne pourra le payer que plus tard : « Ma profession est ma propre récompense » et ne lui demande que le remboursement de ses frais.

Pareil pour le rang du client qui lui importe peu. Il a déjà reclapé certains qui se prenaient pour sorti de la cuisse droite de Jupiter (« Un aristocrate célibataire »).

— J’ai entendu dire que vous aviez déjà eu l’occasion de vous occuper de questions délicates de cette nature, monsieur, bien qu’elles ne concernassent guère, je suppose, la même classe de la société.
— En effet, je régresse.
— Je vous demande pardon ?
Mon dernier client de la sorte était un roi.

Et paf dans sa gueule !

En fait, ce qui intéresse Holmes, c’est l’affaire, pas tellement le client.

Comme les producteurs avaient fait avec le docteur House qui se moquait bien de ses patients, pourvu qu’ils soient un cas intéressant !

Pour cette raison, il peut faire la fine bouche et refuser ce qui sort de l’ordinaire. Vis à vis des gens qui viennent le consulter, il est la dernière cour d’appel. La dernière personne vers qui se tournent les gens qui veulent de la discrétion ou qui n’osent pas aller voir la flicaille, car, professionnellement parlant, Holmes est le seul en Europe à posséder ces dons et cette expérience qu’il met au service des autres.

De plus, Holmes savait garder un secret et Watson n’a jamais publié les aventures dont il n’avait pas eu l’autorisation de Holmes. Soit qu’assez de temps ait passé ou que les clients soient décédés.

Par contre, il est très contrarié par tout ce qui vient distraire son attention et c’est pour cela il ne souhaite pas que deux affaires se chevauchent. Comme tout un homme : une chose à la fois !

« Une intense concentration mentale a le pouvoir étrange d’anéantir le passé« , dit-il.

Mais bien qu’occupé avec l’affaire des persécutions dont le célèbre millionnaire du tabac, John Vincent Harden, était la victime, Holmes ne laissa pas Violet Smith sans secours dans « Le cycliste solitaire » (SOLI).

« Et pourtant, sans un manque de cœur qui était étranger à sa nature, il était impossible de refuser d’écouter l’histoire de cette grande et belle jeune femme, gracieuse et altière, qui se présenta tard dans la soirée à Baker Street et qui implora son assistance et ses conseils ».

À ceux qui le dirait « méchant », je répondrai que Holmes était dépourvu de cruauté, mais endurci à force de vivre dans le sensationnel.

Bien que son salon se soit rempli de clients, Holmes n’a jamais gardé de contact avec eux, sauf si ce fut caché au lecteur. Normal aussi, Holmes n’est pas ce qu’on peut appeler un « individu très sociable ».

À part Watson, il déclare ne pas avoir d’autres amis, hormis Victor Trévor qui fut son ami durant ses deux années d’université. Mais là encore, il ne semble pas avoir gardé de contact.

À part les clients pour des raisons professionnelles, il n’a jamais encouragé les visites.

Il n’est pas homme à nouer de nouvelles amitiés et préfère vivre dans la solitude et l’isolement. Même lorsque Watson n’habitera plus à Baker Strett, on ne peut pas dire qu’ils se voient souvent où que Holmes va lui rendre visite tous les dimanches.

Bref, un homme solitaire, loin de chez lui… ♪ « I’m poor lonesome consulting detective… » ♫

Si notre consulting detective fait parfois preuve d’insouciance et d’une veine mi-cynique, mi-humoristique, la dureté ou la méchanceté n’est pas dans sa nature.

Watson soulignera sa gentillesse et cette sorte de gaieté sinistre qui caractérisait ses meilleurs moments.

Holmes est remarquable par sa courtoisie et il est passé maître dans l’art de mettre les plus humbles à leur aise et possède presque un pouvoir hypnotique qui lui permet d’apaiser quand il le veut les clients les plus nerveux  ou les femmes apeurées.

Et, quoique certains pensent, il rit, sourit et plaisante fréquemment. Holmes n’est pas le dernier a faire une plaisanterie ou un tour à un client.

Plutôt ville ou campagne ? Holmes n’est plus le même sans la ville de Londres. La nature ne l’attire pas et la campagne bucolique ne fait pas partie de ses dons innombrables. Aucun attrait pour la campagne ni pour la mer, hormis à sa retraite où il se retirera dans le Sussex (Le Sussex, c’est coquin comme région !).

D’ailleurs, voilà ce que Holmes pensait de la campagne dans « Les hêtres pourpres » (COPP) :

– Est-ce assez frais et délicieux ! m’écriai-je avec tout l’enthousiasme d’un homme échappé aux brouillards de Baker Street.

Mais Holmes secoua gravement la tête.

– Savez-vous bien, Watson, me dit-il, que c’est un des travers des esprits comme le mien de ne jamais envisager les choses que du point de vue qui me préoccupe ? Quand vous regardez ces habitations éparpillées, vous êtes frappé par leur côté pittoresque. Quand je les regarde, moi, la seule chose que j’éprouve est le sentiment de leur isolement et de la facilité avec laquelle les crimes peuvent s’y commettre en toute impunité.

– Grand Dieu ! m’exclamai-je. En quoi ces vieilles demeures peuvent-elles vous faire penser à des crimes ?

– Elles m’inspirent toujours une sorte d’horreur indéfinissable. Voyez-vous, Watson, j’ai la conviction (conviction basée sur mon expérience personnelle) que les plus sinistres et les plus abjectes ruelles de Londres ne possèdent pas à leur actif une aussi effroyable collection de crimes que toutes ces belles et riantes campagnes.

– Mais c’est abominable ce que vous me dites là !

– Et la raison est bien évidente. La pression qu’exerce l’opinion publique réalise ce que les lois ne peuvent accomplir. Il n’est pas de cul-de-sac si infâme et si reculé où les cris d’un enfant martyr ou les coups frappés par un ivrogne n’éveillent la pitié et l’indignation des voisins, et là toutes les ressources dont dispose la justice sont tellement à portée de la main qu’il suffit d’une seule plainte pour provoquer son intervention et amener immédiatement le coupable sur le banc des accusés. Mais considérez au contraire ces maisons isolées au milieu de leurs champs et habitées en majeure partie par de pauvres gens qui n’ont autant dire jamais entendu parler du code, et songez un peu aux cruautés infernales, aux atrocités cachées qui peuvent s’y donner libre cours, d’un bout de l’année à l’autre, à l’insu de tout le monde. Si la jeune fille qui nous appelle à son secours était allée habiter Winchester, je n’aurais jamais eu aucune crainte à son égard. C’est parce qu’elle se trouve à cinq milles dans la campagne que je ne me sens pas tranquille. Et cependant, il est évident qu’elle n’est pas personnellement menacée.

Pour sa retraite, il se retira dans le Sussex, il s’adonnera entièrement à cette vie apaisante de la nature à laquelle il dit avoir si fréquemment aspiré pendant les nombreuses années passées dans les ténèbres londoniennes. Il regardera butiner ses abeilles… Une histoire de dard, en l’occurrence !

Malgré tout, sa retraite ne sera pas de tout repos pour son esprit puisqu’elle sera sujette à une enquête qu’il racontera lui-même, constatant par là que l’exercice n’est pas aussi facile qu’il le pensait ! (« La crinière de lion »). Lui qui avait souvent houspillé sur le fait que Watson parlait plus du côté « romancé » de l’histoire au lieu de parler des faits.

Son esprit lucide, froid, admirablement équilibré répugne à toute émotion en général et à celle de l’amour en particulier.

Il apparaît sans sentiment, saturnien et peu démonstratif. Ses émotions se sont émoussées à force de vivre dans le sensationnel.

« L’émotivité contrarie le raisonnement clair et le jugement sain » affirme-t-il dans « Le signe des quatre ».

« J’utilise ma tête, pas mon cœur » dans « Un illustre client ».

À suivre avec la conclusion, dans le foin…

5. Sherlock Holmes – Qui a dit « Sale caractère » ? [Part 1]

Un sale caractère ?? Non, non, juste « du caractère » !

Pour le lecteur qui le découvre, Holmes apparaît comme sans émotion et replié sur lui-même, scientifique jusqu’à l’insensibilité, comme un véritable automate, une machine à raisonner, radicalement inhumain, avec un masque d’Indien Peau-Rouge qui, tant de fois, le fait passer pour une machine insensible et non pour un être humain.

Ma foi, cela ne m’a jamais dérangé. Il est détective, a inventé la profession, il l’exerce, il est donc normal qu’il place au-dessus de tout la précision et la concentration de la pensée.

On ne peut pas dire non plus que Holmes était un homme calme (sauf quand il n’avait rien à faire et qu’il s’ennuyait).

Dans le canon, il est souvent fait référence à l’agitation de Holmes et à son impatience surtout lorsqu’il est sur une affaire !

« Sherlock Holmes, quand il avait un problème à résoudre, pouvait demeurer des jours entiers, et même une semaine sans se reposer : il tournait et retournait les faits dans sa tête, les examinait sous tous les angles jusqu’à ce qu’il eût bien approfondi le mystère, à moins qu’il ne trouvât insuffisants ses renseignements » nous dit-on dans « L’Homme à la lèvre tordue » (TWIS).

Au bout du compte il pouvait avoir jusqu’à « sept explications distinctes ; chacune se rapportant aux faits tels que nous les connaissions » (« Les Hêtres-Rouges »).

Une seule de ces explications s’avérera être la solution de l’énigme. D’où sa célèbre maxime qu’il cite aussi comme une règle : « Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, aussi improbable que cela paraisse, doit être la vérité. » (« Le signe des quatre »).

Comme vous pouvez le constater, dans ses écrits, Watson fait constamment référence à sa sa nervosité et à l’excitation de Holmes, à son naturel curieux et avide, à sa manie de se ronger les ongles quand il est préoccupé, à l’importance qu’il porte à son orgueil, à sa réputation, au respect de lui-même et à un certain égoïsme.

A contrario, lorsqu’il fallait rester calme, Holmes savait le rester durant des longues heures de guet ou de veille.

Il fut d’ailleurs imperturbablement calme et plein d’humour dans une situation  délicate : c’est avec calme et courtoisie qu’il a accueilli le redoutable docteur Roylott (« Le ruban moucheté ») en lui offrant un siège et en lui parlant du temps qu’il faisait.

– Je suis le docteur Grimesby, de Stoke Moran.
– Vraiment, docteur, dit Holmes d’un ton débonnaire. Je vous en prie, prenez un siège.
– Je n’en ferai rien. Ma belle-fille est venue ici. Je l’ai suivie. Que vous a-t-elle raconté ?
– Il fait un peu froid pour la saison, dit Holmes.
– Que vous a-t-elle raconté ? s’écria le vieux, furieux.
– Toute fois, j’ai entendu dire que les crocus promettent, continua mon compagnon, imperturbable.
– Ah ! vous éludez la question, s’écria notre visiteur, qui fit un pas en avant, en agitant son bâton. Je vous connais, canaille, j’ai déjà entendu parler de vous ; vous êtes Holmes, le touche-à-tout.
Mon ami sourit.
– Holmes l’officieux !
Le sourire d’Holmes s’accentua.

Si on parle de la haute taille de Holmes dans le canon (1,80m), on ne décrit pas sa « force » de manière directe. Par contre, cette dernière sera soulignée lorsqu’il redressera, sans effort, le tisonnier tordu par ce même terrible docteur Roylott.

– Voilà qui m’a tout l’air d’un très aimable personnage, dit Holmes en riant. Je ne suis pas tout à fait aussi massif que lui,mais s’il était resté, je lui aurais montré que mes griffes ne sont guère plus faibles que les siennes.

Tout en parlant, il ramassa le tisonnier d’acier et, d’un effort brusque, le redressa.

La modestie ne fait pas partie de ses vertus. Pour Holmes, les choses sont ce qu’elles sont : se sous-estimer ou se surestimer est une altération de la réalité. Il n’a pas peur de se vanter d’être le meilleur puisque c’est vrai ! Alors, pourquoi ranger la modestie parmi ses vertus ?

« Ce que l’on fait en ce monde importe peu. La question, c’est ce que vous pouvez faire croire que vous avez fait« . « Une étude en rouge » (STUD ).

Je ne dirai pas qu’il est narcissique, ou qu’il a tendance à s’analyser et à ne parler que lui, mais il est parfois égotiste.

Holmes est un autodidacte, ce qu’il sait, il l’a appris seul en observant.

Et le détective est aussi sensible à la flatterie, quand il s’agit de son art, que n’importe quelle femme quand il s’agit de sa beauté.

La vie ne doit pas toujours être facile pour un homme avec de telles compétences intellectuelles.

J’imagine qu’il devait voir les autres comme des poissons rouges… Sans compter qu’il reprochait souvent à Watson de « voir » mais de ne pas « observer »…

La preuve en était que Watson ne connaissait pas le nombre de marches menant à leur meublé ! (17)

Holmes pouvait être franchement méprisant avec les plus humbles de la cervelle, vous savez, celles qui sont moins vives que la sienne…

Non, pas facile d’évoluer au milieu des autres : pour eux, vous êtes un extraterrestre, un sorcier, le diable (à une autre époque, on l’aurait brûlé).

Et pour Holmes, il avait du mal à supporter ces escargots baveux de l’esprit. Cette manière de se comporter avec les autres ennuiera Watson très souvent.

La publicité ? Holmes n’est pas du genre à vouloir que son nom s’étale dans les journaux. Il s’en moque bien, de la postérité, lui, tout ce qui l’intéressait, c’était de résoudre une affaire.

Quasi à chaque fois, il laissera le crédit de ses affaires à la police, mais s’irritera parfois d’un manque de reconnaissance.

Malgré tout, à Scotland Yard, on le respectait et pas un n’aurait refusé de lui serrer la main ! Comme dans cet extrait des « Six Napoléons » (SIXN).

– Eh bien ! dit Lestrade, je vous ai vu entreprendre bien des affaires, Monsieur Holmes, mais je n’en ai jamais vu de mieux conduite. Nous ne sommes pas jaloux de vous à Scotland Yard… Non, Monsieur, nous sommes au contraire très fiers de vous, et si vous y veniez demain, il n’y aurait pas un de nous, depuis le doyen des inspecteurs jusqu’au plus jeune de nos agents, qui ne serait heureux de vous serrer la main.

– Merci, dit Holmes, merci ! – et tandis qu’il détournait la tête, il me parut plus ému que je ne l’avais jamais vu. Un instant après, il était redevenu le penseur froid et pratique que je connaissais.

Malgré le fait qu’il soit sensible à la flatterie et malgré le fait qu’on le respecte au Yard, Holmes s’est toujours la possibilité d’agir seul. Plus facile ainsi car, souvent, l’aide qu’il aurait trouvée à l’extérieur aurait été insignifiante.

Il s’intéresse à une affaire pour aider les fins de la Justice et le travail de la police. S’il se tient à l’écart de la police officielle, c’est d’abord parce qu’elle le tient à l’écart, bien qu’il n’ait jamais eu le moindre désir de marquer des points à ses dépens. Mais vous savez, pour un policier, se faire résoudre l’affaire par un « privé », ça la fou quand même mal niveau égo.

Holmes a de l’humour et c’est un petit taquin ! Son plaisir était de taquiner les détectives officiels en leur donnant des indices tout en négligeant d’expliquer leur signification. Ça l’amusait.

En réalité, il ne souhaite pas leur masquer l’évidence. Ses yeux étincellent de malice quand il fait miroiter la preuve dans la tragédie de Birlstone, par exemple. Cfr « La vallée de la peur«  (VALL).

S’il est dur avec les autres, il ne s’épargne pas lui-même. Il est le premier à se faire des reproches quand il est trop lent à résoudre le problème. Comme nous le voyons ici dans « L’homme a la lèvre tordue » (TWIS) :

— Je vais mettre à l’épreuve une de mes théories, dit-il en enfilant ses chaussures. Je crois, Watson, que vous êtes en ce moment en présence d’un des plus parfaits imbéciles de l’Europe. Je mérite un coup de pied qui m’enverrait à tous les diables; mais je crois que je tiens maintenant la clé de l’affaire.

Des autres, il aime les attentions, l’admiration et les applaudissements, comme le montrait l’extrait des « Six Napoléons » posté plus haut (SIXN).

C’est aussi sa nature froide qui fait qu’il ne se préoccupe pas de la gloriole. Par contre, il sera touché par les louanges d’un ami.

Il aime impressionner ses clients par l’étalage de ses facultés et surprendre ceux qui l’entourent. Comme un artiste, il est en représentation. Il y a en lui une certaine veine artistique qui l’attire sur la scène.

Holmes est aussi un homme qui est incapable de se refuser une note dramatique lors d’une résolution d’affaire. Il cachera ainsi les plans sous la cloche qui aurait dû contenir le petit déjeuner dans « Le traité naval » (NAVA) :

– Mme Hudson s’est montrée à la hauteur des circonstances, déclara Holmes, soulevant le couvercle d’un plat qui contenait un poulet au curry. Sa cuisine est un peu limitée, mais, pour une Écossaise, elle a une assez heureuse conception du petit déjeuner. Qu’est-ce que vous avez là-bas, Watson ?
– Des œufs au jambon.
– Bravo ! Que préférez-vous, Monsieur Phelps ? Oeufs ou poulet ?
– Je vous remercie. Je n’ai pas faim.
– Voyons ! voyons ! Servez-vous ! Le plat est devant vous.
– Non, vraiment, j’aimerais mieux ne rien prendre.
Holmes eut un sourire malicieux.
– Alors, voudriez-vous avoir la bonté de me servir ?

Phelps souleva le couvercle du plat qui était devant lui et, au même moment, poussa une exclamation de stupeur. Son visage était devenu aussi blanc que son assiette et ses yeux semblaient ne pouvoir se détacher d’un rouleau de papier bleuté qui se trouvait dans le plat qu’il venait de découvrir.

Il se décida enfin à le prendre. Il le déroula rapidement, jeta dessus un coup d’œil, puis nous le vîmes se lever d’un bond et se mettre à danser comme un fou au tour de la pièce,en poussant des cris de joie en en pressant sur son cœur le précieux document. Il se laissa ensuite tomber dans un fauteuil. Il était épuisé et nous dûmes lui faire avaler une gorgée de cognac pour l’empêcher de s’évanouir.

Holmes lui administra de petites tapes amicales sur l’épaule et s’excusa.
Je suis le premier à reconnaître, Monsieur Phelps, que j’aurais dû vous épargner cette émotion violente. Mais Watson, ici présent, vous expliquera que je n’ai jamais pu résister à ma passion de la mise en scène !

4. Gédéon Theusmanie ? [Sherlock Holmes]

Non, dites plutôt « J’ai des honteuses manies »…


Watson évoque « Holmes, en proie à une humeur bizarre ». Son comportement est déconcertant et fantasque, parfois même inquiétant.

Du point de vue « colocataire », Holmes est le genre de personne avec lequel on ne voudrait pas partager un meublé !

Holmes a ses habitudes, des habitudes strictes et rigoureuses. Du moins, dans sa vision à lui… Celle qui n’a rien à voir avec la votre.

Si au début de leur association, Watson les a considérées comme « normales et faciles à vivre », il les a ensuite vite requalifiées « d’excentriques et d’anormales« .

Holmes est un des hommes les moins ordonnés qu’il ait connu et Watson dit de lui « Qu’il aurait jeté hors de ses gonds n’importe quel compagnon d’existence ».

  • Il a une vie de bohème (pour un p’tit scandale horizontal avec Irene ?)
  • Il s’entraîne au tir au revolver dans son salon (on en reparle plus bas)
  • Il a horreur de détruire des documents
  • Il range ses cigares dans un seau à charbon
  • Son tabac est stocké au fond d’une babouche persane
  • Sa correspondance, en attente de réponse, est fichée sous la lame perforatrice d’un couteau à cran d’arrêt, en plein milieu de la tablette de la cheminée
  • Son incroyable manque de soins
  • Sa prédilection pour la musique à des heures que tout un chacun réserve au sommeil
  • Entraînement au revolver en chambre
  • Expériences scientifiques aussi étranges que malodorantes
  • Ambiance de violence et de danger qui l’entoure

Toutes ces choses font de lui le pire des locataires de Londres. Mais sans ses dossiers, ses analyses chimiques, son désordre habituel, il n’est pas à l’aise.

Oui, oui, je ne vous racontais pas des carabistouilles plus haut : Holmes s’est entraîné au tir au revolver dans son salon.

Assis dans un fauteuil avec son instrument à double détente et une centaine de cartouches, il a dessiné avec les balles les initiales royales « V. R. »  pour Victoria Regina dans le mur ! Une reine en forme de trou de balle, en quelque sorte !

Le « VR » du musée Sherlock Holmes – Baker Street – London

Comme je le disais plus haut, Holmes a aussi parfois un rapport ambigu avec la loi qu’il incarne et l’ordre établi. Il a déjà joué au juge, faisant de Watson le jury et laissé partir un criminel et un voleur, faisant carrément fait sa propre justice personnelle.

Notre détective fait des descentes régulières dans les bas fonds londoniens, dans l’East End et a fréquenté, pour les besoins d’une enquête qu’il a dit, une fumerie d’opium.

Il s’est livré à des expériences chimiques dangereuses, parfois sur lui même (ses mains sont brûlées par l’acide) et a expérimenté le tabassage en règle sur les cadavres, dans les salles de dissection.

Stamford (un infirmier que Watson avait eu sous ses ordres à Barts) et qui présenta Watson, à Holmes, le lui avait dit dans « Une étude en rouge » :

– Holmes est un peu trop scientifique pour moi, – cela frise l’insensibilité ! Il administrerait à un ami une petite pincée de l’alcaloïde le plus récent, non pas, bien entendu, par malveillance, mais simplement par esprit scientifique, pour connaître exactement les effets du poison ! Soyons juste ; il en absorberait lui-même, toujours dans l’intérêt de la science ! Voilà sa marotte : une science exacte, précise.
– Il y en a de pires, non ?
– Oui, mais la sienne lui fait parfois pousser les choses un peu loin… quand, par exemple, il bat dans les salles de dissection, les cadavres à coups de canne, vous avouerez qu’elle se manifeste d’une manière pour le moins bizarre !
– Il bat les cadavres ?
– Oui, pour vérifier si on peut leur faire des bleus ! Je l’ai vu, de mes yeux vu ».

Ces pratiques sont certes justifiées par les besoins de l’investigation, mais malgré tout, c’est assez morbide

Sherlock BBC en train de battre un cadavre

Par contre, cela prouve que dans le domaine de la science criminelle ou de la police scientifique, Holmes est à la pointe de la technologie et n’hésite pas à faire des expériences pour prouver ou infirmer ses théories.

Lorsqu’il battait des cadavres, Holmes ne faisait que tester intellectuellement et physiquement les faits, sans aucune forme d’émotion.

Dans « Une étude en rouge » (STUD), il était aussi tout content d’avoir trouvé un réactif qui ne pouvait être précipité que par l’hémoglobine, permettant, donc, de déceler une tache faite de sang.

Pour de plus amples informations, je vous renvoie à « La science de Sherlock Holmes » de E.J Wagner, dont j’avais fait la critique (ICI).

Baker Street, salon, musée de Sherlock Holmes – Londres

Challenge « I Love London II » de Maggie et Titine,  « Mois anglais III » chez Titine et Lou, Challenge « Victorien » chez Arieste et au Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park.

3. Holmes travestit… [Sherlock Holmes]

Holmes, un travestit ???

Mais non, bêtes que vous êtes !

Je voulais juste vous signifier que Sherlock Holmes excellait dans l’art du déguisement et était très doué pour se transformer physiquement grâce à du maquillage ou l’utilisation des postiches en tout genre.

Il savait adopter des postures, changer sa voix et prendre des accents.  Avec un rien, il se transformait.

Il s’est même déguisé en vieille dame, une fois, dans « La pierre de Mazarin » (MAZA).

Aujourd’hui une vieille femme. De la journée ils ne m’ont pas quitté d’une semelle.
– Vraiment, monsieur, vous me flattez ! […]
– C’était vous ? Vous-même ?
Holmes haussa les épaules.
– Vous pouvez voir dans ce coin l’ombrelle que vous m’avez si galamment tenue avant que vous ayez soupçonné quoi que ce soit.

holmes femme

Le déguisement de Holmes devait être plus convaincant et mieux réussi que celui de l’acteur Robert Downey Jr (j’apprécie l’acteur, mais pas dans le « Holmes II ».

Oui, Sherlock Holmes a du talent ! Quelques extraits du canon :

  • « Vous auriez pu devenir un acteur, et quel acteur ! » lui lance Athelney Jones dans « Le signe des quatre »(SIGN).
  • « Le théâtre a perdu un merveilleux acteur quand il s’est spécialisé dans les affaires criminelles. Son expression, son allure, son âme même semblent se modifier à chaque nouveau rôle » dans « Un scandale en Bohème » (SCAN).
  • « Je me suis déguisé avec toute la minutie d’un véritable artiste » dans « Le détective agonisant » (DYIN).
  • « Et le vieux baron Dowson a dit à mon sujet, la veille du jour ou il fut pendu, que ce que la loi avait gagné, la scène l’avait perdu. » dans « La pierre de Mazarin » (MAZA).
  • « Il possède au moins cinq refuges dans Londres ou il peut se maquiller et se transformer à sa guise » dans « Peter Le Noir ». (BLAC)

Déguisé, Holmes passe ainsi totalement inaperçu et peut enquêter en toute impunité.

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Holmes en pasteur non conformiste dans « Un scandale en Bohème »

Normal, si on veut faire parler un lad ou un valet d’écurie, vaut mieux être déguisé en un homme appartenant à son milieu et se fondre dans l’atmosphère des lieux en ramassant le crottin ou en flattant la croupe d’une jument, non ?

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Holmes en valet d’écurie, d’après un dessin de Sidney Paget, illustrateur de presse et de littérature anglais, en particulier pour le Strand Magazine. Créateur de l’image du personnage de Sherlock Holmes.

En fait, il est constamment en représentation, il aime surprendre ses clients et son ami Watson, qui lui même n’y voit que du feu et se laisse berner. Il avoue souvent être incapable de se refuser une note dramatique.

Parmi les déguisements cités par Watson, il y a :

  • Un marin (Signe des quatre)
  • Un vieil officier de marine asthmatique (Signe des quatre)
  • Un valet d’écurie ivrogne (Un scandale en Bohème)
  • Un clergyman non conformiste, aussi aimable que simplet (Un scandale en Bohème)
  • Un vieux fumeur d’opium dodelinant (L’homme à la lèvre tordue)
  • Un vulgaire vagabond (le diadème de Béryls)
  • Un homme connu dans l’East End sous le nom de Captain Basil (Peter-Le-Noir)
  • Un jeune plombier libertin nommé Escott (Charles Auguste Milverton)
  • Un vénérable prêtre italien (Le problème final)
  • Un vieux bibliophile voûté (La maison vide)
  • Un ouvrier français mal rasé (la disparition de lady Frances Carfax)
  • Un chômeur ou un vieux « sporting man » (La pierre de Mazarin)
  • Une vielle femme (La pierre de Mazarin)
  • L’espion irlando-américain Altamont (Son dernier coup d’archet)

 

Et niveau fringues??

Argh, non, Holmes ne se balade pas affublé d’un long McFarlane et coiffé d’un deerstalker !! Remisez au placard vos clichés à la con, je vous en remercie et lui aussi !

Et non, Holmes ne ressemble pas à un clodo comme l’acteur Robert Downey Jr l’a laissé penser dans les films de Ritchie.

Non, non, non, pas ce débraillé là ! Jamais en ville, s’il vous plaît !

Holmes, qui avait la propreté d’un chat, ne laissait sans aucun doute ses cheveux pousser dans tous les sens, se coiffait et s’habillait d’une certaine élégance, du genre strict : costume deux pièces (j’aurais aimé voir son autre costume deux pièces, moi), en tweed ou une redingote, de temps en temps, un ulster.

Pour la tête, un chapeau melon ou haut-de-forme, comme tous les hommes distingués de Londres.

Dans la poche du gilet, une montre à gousset avec le souverain offert par Irène Adler accroché à sa chaîne de montre.

Ceci n’est pas tout à fait sa montre… mais elle doit y ressembler !

Lorsqu’il était à Baker Street, dans l’intimité de son meublé, il pratiquait un débraillé qui ne plaisait pas toujours au docteur Watson.

Il lui arrive de vivre en robe de chambre dont il possède plusieurs modèles : une est pourpre, une bleue et une « gris souris ».

Cette robe de chambre ne l’empêche pas de recevoir ses clients, que du contraire. Il est normal d’en porter une sur ses habits. Oui, il n’était pas nu dessous ! Lorsqu’il devait sortir, il se changeait !

Si d’aventure, une enquête devait l’amener dans la campagne, il enfilera (oh oui !) un long manteau gris, un costume de tweed et une casquette de drap qui pourrait être une deerstalker.

Mais UNIQUEMENT pour les enquêtes à la campagne !! Jamais à Londres.

À suivre demain… Vous ferez la connaissance de Gédéon Theusmanie…

Book Illustration Depicting Sherlock Holmes and Dr. Watson in a Train Cabin

Sherlock Holmes par Sidney Paget

Ah, là c’est parfait ! Le costume, le cheveux bien coiffé. Un vrai gentleman !

Ôtez-moi ce ridicule déguisement qui ne vous sied point, monsieur Holmes/Rathbone ! Au moins, la pipe est bonne (oups !)

Holmes, pas cet accoutrement pour la ville de Londres, voyons ! Nous ne sommes pas à la campagne !!

CHALLENGE - Embarquez pour Mois anglais

2. Amour, Sexe, Drogues et Rock’n Roll – 2.4 ♫ ROCK’N ROLL ♪ [Sherlock Holmes]

ImageGen.ashx♫ Rock’n Roll ? ♪

Non, Holmes ne dansait pas le boogie-woogie (du moins, pas sans avoir dit ses prières du soir), il ne chantait pas non plus les classiques du rock dans sa salle de bain, hurlant « Irène… mourir d’amour enchainé », mais il pratiquait de la musique !

Holmes possédait un violon Stradivarius qu’il avait acheté pour 55 shillings à un brocanteur de Tottenham Court Road. Vu la somme payée, on peut dire qu’il l’a eu pour une bouchée de pain.

Le détective qui aime le violon,on l’apprend assez vite dans le canon. Avant même de connaître la profession de Holmes ! Oui, dès le premier chapitre des  aventures, dans « Une Etude en rouge » (mars 1881), il en prévient Watson, avant de partager un appartement avec lui :

 — Faites-vous entrer le violon dans la catégorie des bruits fâcheux ? demanda-t-il avec anxiété. (Holmes)
 — Cela dépend de l’exécutant, répondis-je. Un morceau bien exécuté est un régal divin, mais s’il l’est mal !… (Watson)

Mais pas de panique, Watson, Holmes sait jouer du violon !! La preuve…

Il exécutait des des lieder de Mendelssohn à la perfection et Watson nous avouera, dans « La ligue des rouquins » (REDH) :

« Mon ami était un mélomane enthousiaste ; il exécutait passablement, et il composait des œuvres qui n’étaient pas dépourvues de mérite ».

Et il ne s’agit pas d’une simple distraction. Il l’utilise pour réfléchir lors d’une enquête : « La musique allemande… est davantage à mon goût que la musique française ou italienne, elle est introspective et j’ai grand besoin de m’introspecter… » nous apprend-il dans « La ligue des rouquins »(REDH).

Parfois, Holmes semble un peu paresseux dans sa pratique de l’instrument bien qu’il puisse exécuter des morceaux compliqués, toujours selon Watson : « …sur ma prière, il m’avait fait entendre des lieder de Mendelssohn et quelques autres chefs-d’œuvre que j’aimais. Mais il faut l’en prier… il avait ensuite exécuté avec brio une série de mes airs favoris. »

Par contre, il pouvait aussi gratter son violon (connotation sexuelle) de manière anarchique quand il le voulait :

« Livré à lui-même, il faisait rarement de la musique. Pendant toute la soirée, renversé dans son fauteuil, les yeux clos, il grattait négligemment l’instrument posé sur ses genoux. Les accords qu’il en tirait ainsi, sonores ou mélancoliques, fantastiques ou gais, reflétaient avec clarté les pensées qui l’obsédaient […] »

Il aime les motets de Roland de Lassus, les œuvres de Wagner, de Chopin, la musique de chambre….

Holmes se déplace volontiers pour aller entendre un artiste : la violoniste Norman-Néruda, les frères de Reszké ou une œuvre qui lui plaît de Wagner, de Chopin…

« Il faudra faire vite. Je veux aller au concert de Hallé, cet après midi, pour entendre Norman Neruda… (…) Ses attaques et son coup d’archet sont magnifiques. Quelle est donc la petite chose de Chopin qu’elle joue si admirablement ? Tra la la lira lira lay. » dans « Une étude en rouge » (STUD)

Citons aussi « Les Huguenots » de Meyerbeer dans « Le chien des Baskerville » (HOUN) et « Tristan et Yseult » de Wagner dans « L’aventure du cercle rouge » (REDC)

Oui, en plus d’être un amateur éclairé en tant que violoniste, Sherlock Holmes aime entendre la musique de chambre (non, pas cette musique à laquelle vous pensez ! S’il a écouté une femme crier de plaisir, il s’est bien gardé de nous en parler).

Le canon holmésien regorge de musique…

Les cinéastes et les producteurs de téléfilms n’ont jamais manqué de représenter leurs Holmes muni de cet instrument.

Robert Downey Jr dans le film « Sherlock Holmes » de Ritchie

Jeremy Brett dans « Sherlock Holmes » de la Granada. Ne sachant pas jouer du violon, il faisait semblant.

À suivre avec « Holmes travestit » !

Challenge « I Love London II » de Maggie et Titine,  « Mois anglais III » chez Titine et Lou, Challenge « Victorien » chez Arieste et Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park.

CHALLENGE - Embarquez pour Mois anglais