Nellie et Philéas, Détectives Globe-trotters – 01 – Le crime de Whitechapel : Roseline Pendule

Titre : Nellie et Philéas, Détectives Globe-trotters – 01 – Le crime de Whitechapel

Auteur : Roseline Pendule
Édition : Gulf Stream Editeur (07/04/2022)

Résumé :
Quand Nellie Bly, la célèbre reporter, rencontre Phileas Fogg, le héros de Jules Verne, les coupables n’ont qu’à bien se tenir !

Le Londres du XIXe siècle pour décor, les meurtres de Jack l’éventreur comme contexte : une aventure corsée aux rebondissements multiples et inattendus ! 1889, New York puis Londres.

Quoi de mieux qu’un tour du monde pour dénicher des scoops ? Elizabeth, journaliste en herbe surnommée Nellie, quitte New York pour Londres.

La capitale anglaise est en effervescence : Jack l’éventreur aurait encore frappé ! Persuadée que cette exclusivité lui vaudra l’article du siècle, Elizabeth mène l’enquête et rencontre Phileas, un jeune gentleman lui aussi fasciné par l’affaire.

Désormais en duo, les apprentis détectives cavalent après les indices dans les sombres ruelles de la ville. Et si l’assassin n’avait rien à voir avec l’insaisissable Jack ?

Critique :
Les auteurs adorent raconter sur la jeunesse de personnages, qu’ils soient de fiction (Holmes, Lupin) ou réels (Agatha Christie, Alfred Hitchcock).

Ici, l’autrice a mélangé la fiction (Phileas Fogg) avec la réalité (Elizabeth Cochrane devenue Nellie Bly).

En ouvrant ce roman jeunesse, je me demandais bien comme l’autrice allait pouvoir faire intervenir deux gamins face à un tueur tel que Jack The Ripper.

J’ai tiqué en voyant la date : 1889 ? Mais, les crimes se sont déroulés en 1888, en 1889, le Jack avait pris sa retraite ! Lui manquait-il des trimestres pour sa pension ? Bon sang, mais c’est bien sûr : Jack était une femme et on lui avait sucré des mois de cotisations !!

Pas de doute, nous sommes bien dans de la littérature jeunesse : notre Elizabeth, passagère clandestine sur un navire, tombe sur un gentil capitaine, qui ne la passe pas par dessus-bord (sinon, pas de roman) et qui ne lui demandera pas de jouer à la prostituée pour son équipage (sinon, le roman serait interdit au moins de 18 ans et réservé pour des pervers pédophiles).

Dans les romans jeunesse, tout se goupille assez facilement et deux enfants de 12/13 ans arrivent à enquêter, relever des indices, suivre des pistes, là où les flics de Scotland Yard n’y arrivent pas (l’inspecteur Fix n’est pas une lumière non plus). Bref, ils se démerdent mieux que des adultes !

Elizabeth et Phileas sont deux personnages sympathiques, des gamins dont on aimerait qu’ils soient nos amis, si nous avions leur âge. Phileas est un détective en herbe, se livrant à des déductions, comme un Sherlock Holmes, tandis que Elizabeth est plus débrouillarde, sait mentir et jouer la comédie.

Ce sont deux mondes qui se télescopent, puisque Elizabeth est tombée dans la pauvreté après le décès de son père, tandis que Phileas est issu de la bourgeoisie pétée de thunes dont le père est toujours en voyage. Le choc des cultures…

Le roman se lit très vite, sur une petite soirée, les 153 pages sont avalées et digérées. Rien d’exceptionnel dans l’enquête et la résolution. J’avais compris, avant l’heure, ce qu’il en était réellement de l’assassinat. Ce n’était pas la foire aux boyaux, aux tripes, donc…

Si j’ai bien aimé cette lecture détente, je ne peux pas dire qu’elle m’ait emportée ou que je l’ai adorée, comme la série des « Sherlock, Lupin & moi », dont l’écriture est un niveau au-dessus de ce roman.

Malgré tout, il est agréable à lire, sans prise de tête et après avoir lu quelques romans assez sombres, un peu de douceur ne faisait pas de tort. Je lirai sans doute les deux autres romans, juste pour la parenthèse qu’ils m’offriront lorsque j’en aurai besoin.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°147], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°30) et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°07).

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Le chien des Baskerville (Comics) : Russell Punter et Andrea Da rold

Titre : Le chien des Baskerville

Scénariste : Russell Punter (d’après le roman de Sir Arthur Conan Doyle)
Dessinateur : Andrea Da rold

Édition : Comics Usborne (25/10/2018)
Édition Originale : Hound Of The Baskervilles (2018)
Traduction : Nathalie Chaput

Résumé :
Cette célèbre aventure de Sherlock Holmes, adaptée du roman d’Arthur Conan Doyle et racontée en bande dessinée, séduira les lecteurs les plus réticents. Un livre de la nouvelle collection Comics Usborne, à découvrir à partir de 7 ans.

Cette célèbre aventure de Sherlock Holmes, adaptée du roman d’Arthur Conan Doyle et racontée en bande dessinée, séduira les lecteurs les plus réticents. Un livre de la nouvelle collection Comics Usborne, à découvrir à partir de 7 ans.

Le récit captivant et les superbes dessins détaillés de Andrea da Rold plongeront le lecteur dans l’Angleterre de l’époque victorienne, de l’effervescence de Londres à la désolation d’une lande inquiétante. L’une des aventures les plus célèbres de Sherlock Holmes, fidèlement adaptée du roman d’Arthur Conan Doyle et racontée en bande dessinée. Un livre de la collection Comics Usborne.

Critique :
Le chien des Baskerville avait été mon premier roman policier adulte, celui qui m’a fait quitter les livres de la Bibliothèque verte (Club des Cinq et L’étalon noir).

Oui, on peut le dire, Sherlock Holmes m’a déniaisée, Hercule Poirot est passé ensuite et depuis, je bouffe du polar à toutes les sauces.

Mais je n’ai jamais oublié mon premier, celui qui compte le plus, parce que lui, au moins, il m’avait marqué en me donnant un plaisir monstre. Et je parle bien de littérature, ne lisez rien de grivois entre les lignes, bande de galapiats !

Anybref, lorsque je suis tombée sur ce comics, dans une bouquinerie, j’ai sauté dessus. Pourtant, cette histoire, je la connais presque par coeur, ayant lu plusieurs fois le roman original et ayant lu (et vu) des adaptations en bédé, série, films…

Verdict ? Le récit original est respecté, le scénariste ayant fait quelques coupes pour que le tout tienne dans la centaine de pages, tout en gardant l’essentiel.

Si les dessins sont assez simplistes dans les décors, j’ai apprécié les visages de Holmes et de Watson (et que le docteur ne soit pas un gros balourd), soupiré d’aise en constatant que Holmes n’était pas affublé du manteau macfarlane et de la casquette deerstalker, bien qu’ensuite il ait été à la campagne (et c’est une tenue de campagne).

Bonheur suprême aussi, que le dessinateur n’ait pas fait n’importe quoi pour les harnachements des chevaux attelés. Les brancards sont à la juste place, au juste écartement, les pièces des harnachements sont bien dessinées, même si je n’ai pas compris la double muserole, le double sous-gorge (trop serré, en plus) et le fait que les rênes du conducteur ne soient pas reliée au mors de son cheval… Sans doute le mène-t-il à la voix.

Tout ça pour vous dire que cette une très bonne adaptation, fidèle au roman, fidèle aux personnages, à l’ambiance gothique et fantastique du roman, fidèle aux atmosphères de mystère, de peur, de suspense, qui règne dans le récit de Conan Doyle et qui, lorsque j’avais 12 ans, m’avait fait flipper ma race !

À noter que si dans les adaptations cinématographiques (ou pour la télé), le chien maudit ne ressemble jamais à rien qui fasse vraiment peur (et certains ressemblaient à des carpettes mal peignées souffrant de conjonctivite), celui de ce comics a une belle allure de grand chien féroce que l’on ne voudrait pas croiser sur une lande où la brume vient de se lever…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°135], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°18) et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°04).

Une étude en émeraude : Neil Gaiman, Rafael Albuquerque et Rafael Scavone

Titre : Une étude en émeraude

Scénaristes : Rafael Albuquerque et Rafael Scavone
Dessinateur : Neil Gaiman

Édition : Black River
Édition Originale : A study in emerald (2018)
Traduction : David Guelou

Résumé :
L’éventreur frappe à Londres et seul le plus grand détective du monde saura l’arrêter !

Face à un étrange assassinat d’horreur cosmique, un détective de génie et son partenaire sont appelés à l’aide. Dans un monde où Sherlock Holmes et Chtulhu cohabitent, ce mystère surnaturel conduira les deux enquêteurs de Baker Street jusqu’au Palais de la Reine afin de résoudre un meurtre transcendant le genre humain.

Critique :
Ce comics met en scène la rencontre de Holmes et Watson au Barts (hôpital) et leur aménagement au 221b, Baker Street, mais avec quelques changements…

Notamment dans l’origine de la blessure de Watson, qui n’a rien à voir avec la balle Jezail reçue, mais plutôt à une rencontre bizarre avec une créature qui ressemble fort à une sorte de Grand Ancien…

Jamais l’auteur ne nommera les noms de nos deux personnages, mais on nous parle de Baker Street, de détective, de l’inspecteur Lestrade… Cela y ressemble fort, même si Watson n’est pas médecin, mais tireur d’élite. Bizarre, non ? Là, j’étais perdue.

Le plus dur, ce furent les dessins, qui ne cassaient pas trois pattes à un pigeon (oui, foutons un peu la paix aux canards) et étaient assez moches à regarder. Le cheval et son attelage ne ressemblaient à rien. D’ailleurs, dans la réalité, je n’ai jamais vu d’attelages et d’harnachements pareils !

À se demander comment l’animal arrive à tracter le cab avec des limons (brancards) aussi éloigné de ses flancs et cette barre devant son poitrail… Pire, un de ses postérieurs adopte même une position totalement impossible physiquement (un antérieur oui, pas un postérieur). Autant où cela passe avec les chevaux dans un Picsou, autant où c’est inconcevable ici.

Non, une jambe arrière, ça ne plie pas dans ce sens-là !

Quant à Watson et Holmes, c’est une catastrophe ! Les gros favoris de Holmes lui donnait un visage bestial et la barbe de Watson m’a fait penser au visage d’un homme des cavernes. Bref, ça commençait mal, très mal !

Malgré tout, un bon point pour le costume sobre de Holmes et le chapeau haut de forme (et non cette foutue macfarlane et ce deerstalker que l’on ne porte qu’à la campagne !). Ah oui, pardon, rien n’indique qu’il s’agisse de Holmes et Watson…

L’enquête se présente comme « Une étude en rouge », sauf que le truc étalé au mur n’a pas la couleur rouge du sang, mais d’une couleur verte, comme issue d’une boîte de slime de notre enfance. Le mort n’était pas humain… Fox Mulder est demandé sur la scène de crime.

Nous sommes clairement dans du fantastique. La reine Victoria  est un poulpe vert et elle règne depuis 700 ans au moins. Cthulhu, sors de son corps, cochon ! Ah, ces Grands Anciens qui nous ont envahis… Ça doit puer le poulpe partout (et la marée aussi).

Bon, je ne vais pas vous raconter des craques, je n’aimais pas cette adaptation de « Une étude en rouge », en version fantastique. Holmes et Watson méritaient mieux.

Ah mais oui, suis-je bête, j’ai encore oublié que, vu qu’on ne les nomme jamais, ils pourraient aussi bien être Bonhommet et Tilapin, nos deux personnages. D’ailleurs… en relevant quelques indices, que je ne nommerais pas, pour ne pas divulgâcher… Nom de Zeus, bon sang, mais c’est bien sûr !! Eureka, j’ai trouvé ! Fiat lux !

Voilà ce qui arrive lorsque l’on écrit sa chronique tout en lisant : on écrit ses impressions à chaud et une fois parvenu à la fin de l’album, on se rend compte que le final est excellent et qu’il troue le cul. Note pour plus tard : ne plus écrire ses impressions à chaud en lisant !

Si je ne suis pas fan des enquêtes de Holmes dans l’univers du fantastique et encore moins avec les Grands Anciens, je dois dire que lorsqu’on termine cette lecture, elle est beaucoup plus intéressante qu’au départ, car l’auteur a réussi à en faire une autre adaptation et là, j’avoue qu’elle m’a sciée, dans le bon sens du terme.

Hélas, les dessins sont moches, les décors ressemblent à du carton pâte, les attelages de cab ne ressemblent à rien, un cheval a son canon (bas de sa jambe arrière) qui se plie dans un sens impossible…

Bref, si les scénaristes ont fait preuve de créativité (même en pompant chez Lovecraft) lors de leur adaptation de « Une étude en rouge », le dessinateur, lui, ne s’est pas foulé.

Bien que j’ai râlée plein ma panse en commençant… Puis, en finissant cette lecture, elle est remontée dans mon estime (sauf pour les gribouillis).

Comme quoi, tout est possible et la vérité était ailleurs.

Un comic à réserver aux fans de Holmes à la sauce fantastique et qui aiment les vrais morceaux de poulpe.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°132], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°15) et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°03).

Sherlock Holmes en Limousin : Jean-Louis Boudrie

Titre : Sherlock Holmes en Limousin

Auteur : Jean-Louis Boudrie
Édition : La geste (01/09/2021)

Résumé :
Lorsque Sherlock Holmes et le Dr Watson sont invités par un ami limousin aux commémorations du 700ème anniversaire de la mort du roi Richard Cœur de Lion devant le château de Châlus en Limousin, ils acceptent avec empressement.

En même temps, il leur est demandé conseil pour mettre fin aux agissements de la Bande à Burgou, un légendaire bandit de grand cœur et de grands chemins qui rançonne les bois de la région ; on le croyait disparu, il refait surface.

Une immersion dans un monde de veilles pierres et de forêts sauvages peuplées de loups cruels et de diverses créatures, un monde qui leur est totalement étranger et qu’ils devront apprivoiser, à moins que ce ne soit le contraire.

Qui l’emportera ? La froide analyse et les savantes déductions du célèbre détective ?

Ou la ruse et l’audace des hommes des bois ? Et s’il y avait des femmes des bois ? Et un trésor caché dans les ruines ?

Une chose est certaine : cette affaire laissera des traces de part et d’autre, et Sherlock Holmes le dira lui-même : Unfortgettable !

Inoubliable, mon cher Watson !

Critique :
Puisqu’il me reste encore des apocryphes holmésiens non lus, je me suis dit que c’était le bon moment pour les lire : début d’année, pas envie de commencer avec du trop lourd…

Oui, mais pas au point de vouloir lire du léger, une sorte de burlesque non assumé qui m’a plus souvent fait lever les yeux au ciel et qui, sans son statut d’apocryphe holmésien, aurait fini sa vie sous un meuble bancal.

Oserai-je dire que c’est un roman policier ? Il ne se passe pas grand-chose…

Sérieusement, l’intrigue tient sur un ticket de métro, les bandits de grand chemin ne font parler d’eux qu’après une centaine de pages et ça tient aussi de la pantalonnade grotesque, à tel point qu’on en vient à se demander si ces bandits ne sont pas là que pour amuser le détective ! Une ligne, à la fin, me fera penser que je n’avais peut-être pas tort…

Et Holmes, dans tout cela ? À se demander à quoi il sert ! Il n’enquête pas vraiment, ses déductions ne ressemblent à rien, il promet qu’il va tout résoudre, mais c’est à se demander comment il a fait, hormis attendre que tout tombe tout cuit. Oh, il se bougera un peu sur la fin, mais on est loin du détective officiel de Conan Doyle qui réfléchit.

Je ne sais toujours pas comment il a pu déduire qu’il y avait, dans le petit mot reçu à la fin, l’ombre du professeur de mathématique maléfique… Le mot était écrit par le complice, rien ne laisse présager qu’il y avait, derrière, le méchant canonique, mais oui, il était bien là. Mystèèère !!

Quant aux explications finales, elles sont en option ! Ou alors, on doit faire le job et faire marcher nos petites cellules grises… Expression que l’auteur utilise pour Holmes (là, Poirot va lui faire un procès) et qui ne lui va pas du tout. Apparemment, toutes ces histoires pour une trahison et une histoire de femme… Et les pierres qui sont tombées non loin de Holmes, c’étaient toutes des accidents ? Démerdez-vous pour le savoir !

Quant à Watson, on est loin du gentleman de Conan Doyle… Notre brave médecin plote une dame (sans le faire exprès), couchera avec elle après un excès de tabasco dans sa nourriture (ainsi qu’avec une autre, plus tard) et Holmes lui demandera, le lendemain, si c’était bon (la nuit de baise, pas le tabasco !).

Oula, en 1889, les Anglais parlaient de sexe entre eux ? Que Holmes et Watson allassent se dégorger le poireau, ma foi, c’est humain, mais que Holmes lui demande comment c’était, là, je m’insurge ! Tout comme Holmes fredonnant « What a wonderful world » (Louis Armstrong) après avoir planté son bâton dans la motte d’une madame.

Ah, les anachronismes ! Ceux qui font rire dans les comédies… L’auteur a eu l’idée d’insérer dans son texte des références à notre époque, des petites phrases qui auraient dû faire sourire, mais qui m’ont plus fait lever les yeux au ciel qu’autre chose tant elles tombaient comme des cheveux dans la soupe…

N’est pas Goscinny qui veut, Holmes n’est pas un comique troupier et si certaines références pouvaient prêter à sourire (le bruit et l’odeur, la tête de veau sauce Gribiche, le petit pas pour l’homme,…), j’ai des doutes sur le « casse-toi pauv’c** » de Sarko, sur le « sauf les cul-de-jatte, bien entendu » (extrait d’une chanson de Brassens), sur Holmes imaginant Pierre Desproges sur la même place, dans le futur (et j’en passe)…

Ou on fait du burlesque assumé (faut pas se louper) ou on se contente de glisser moins de références… Ici, l’auteur se prend les pieds dans le tapis. Trop est l’ennemi du bien.

On peut faire de l’humour dans un Sherlock Holmes, mais il se doit d’être plus fin, plus raffiné et surtout, on essaie tout de même d’offrir aux lecteurs une intrigue policière bien ficelée, même avec une simple affaire. On ne lui donne pas l’impression de le planter là, avec des explications vite expédiées et qui n’éclairent rien.

Mais ceci n’est que mon opinion, l’auteur fait ce qu’il veut, de toute façon, c’est son livre, mais vu ma déception (et le prix de l’ouvrage), je pense que j’ai le droit de rouspéter, puisque mon achat a fait vivre des gens (et payé leur facture d’énergie ?).

J’allais oublier aussi le présence d’un loup apprivoisé (à sa naissance), qui un jour, suivra Holmes, qui se trouve à cheval, avec trois de ses congénères (le loup apprivoisé n’appartenant à aucune meute, sans doute des solitaires qui l’accompagnent ?), dans le but de lui faire peur… Je n’ai pas vu l’utilité de cette poursuite…

Ni dans le fait que des loups aient préférés manger une bergère, en lieu de place de ses moutons, ainsi qu’un homme blessé… La forêt est giboyeuse, il y a des sangliers à tous les coins de sentier, des cerfs, des chevreuils, et le loup ne mange les humains que s’il crève la dalle (et encore). Le syndicat des loups pourrait porter plainte pour incitation à la haine et propagation de faits totalement faux, dans le but de les vilipender.

Quant aux policiers de bled, ils portaient tous des noms de grands crus : Gyvré, Chambertin, Montrachet, Bordeaux,… Oui, ça m’aurait fait rire ailleurs, mais pas ici. Trop c’était trop…

Anybref, il y a, dans ce roman policier qui n’a de policier que le nom, trop choses inutiles, qui ne servent à rien, qui ne font pas avancer l’histoire, ni l’enquête, mais qui servent à noircir des pages, dans le but de faire rire et qui ne font que desservir le texte (pourtant, je suis bon public, même avec des blagues à Toto, avec parcimonie) et qui m’ont juste fait lever les yeux au plafond, bien trop souvent.

C’est le deuxième roman des éditions La Geste, avec Holmes, qui me déçoit et j’ai peur de lire les suivants… Moi qui pensais passer un bon moment holmésien, je me suis fourrée le doigt dans l’œil, jusqu’au coude.

Ce genre d’écriture, de roman, n’est pas fait pour moi, ou alors, avec un inspecteur de Scotland Yard, un simple flic anglais en vacances et où le comique troupier est assumé et bien réalisé.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°110].

Un Noël à New York – Petits crimes de noël 12 : Anne Perry

Titre : Un Noël à New York – Petits crimes de noël 12

Auteur : Anne Perry
Édition : 10/18 Grands détectives (2016)
Édition Originale : A New York Christmas (2014)
Traduction : Pascale Haas

Résumé :
Jemina Pitt, la fille du célèbre directeur de la Special Branch, a 23 ans durant l’hiver 1904. Elle décide d’accompagner sa jeune amie Delphinia Cardew à New York, sur le point de se marier avec l’aristocrate Brent Albright.

Dans la haute société new-yorkaise, ce mariage est une grande affaire qui liera deux familles prodigieusement riches. Mais Jemina détecte une ombre mystérieuse planant sur la célébration.

Maria, la mère de Delphinia, est absente de la fête et les Albright refusent de mentionner son nom. Et quand le frère du marié demande à Jemina de l’aider à retrouver Maria afin de prévenir un scandale, elle n’hésite pas à se lancer dans une enquête aussi inattendue que périlleuse.

De Hell’s Kitchen à Central Park, Jemina devra trouver son chemin à travers les rues enneigées de New York, sans se douter qu’un danger mortel la menace.

Critique :
Ne me demandez pas ce qui m’arrive, cette année, mais voilà que ce mois de décembre, j’ai eu l’envie soudaine de lire des récits se déroulant durant la période de Noël, moi qui préfère les lire en juillet/août.

Pour faire bonne figure, j’ai tout de même choisi un polar historique afin d’avoir un meurtre sous le sapin. Il n’est pas sous le sapin, mais dans un lit (rien de graveleux, hélas).

Dans ce polar de Noël, Jemina Pitt, la fille de Thomas et Charlotte Pitt, accompagne son amie Delphinia Cardew à New-York, où celle-ci va épouser le fils de l’associé de son père, un mec pété de thunes (toute comme elle). Delphinia est totalement in love de son Brent Albright.

Le mystère est que la mère de Delphinia a abandonné sa fille lorsque cette dernière était tout bébé et que le frangin du futur marié a peur que la mère, qui a eu un comportement scandaleux, ne vienne foutre le bronx le jour du mariage. Le Bronx, à New-York, c’est normal (jeu de mot foireux après Noël).

J’avoue que Anne Perry m’a habitué à mieux, beaucoup mieux, dans sa saga avec Thomas Pitt, notamment en nous parlant, mieux que personne, du Londres victorien et nous décrivant avec précision l’Angleterre de cette époque, avec les différentes classes sociales, les petits doigts en l’air pour boire les cup of tea, tandis que dans les taudis, la misère grouille comme les rats (Hidalgo est innocente)…

Il est difficile d’entrer dans des détails historique avec un roman de 156 pages et c’est tout le problème de ce petit polar historique : il se lit trop vite et ne va pas au fond des choses, donnant l’impression qu’un nombre précis de pages ne devait pas être dépassé et que, quoiqu’il en coûte, il fallait le clore en vitesse.

Allez hop, il faut donc sauter des étapes importantes, notamment l’arrestation de la personne coupable ! Ah oui, mais non, c’est super important, ça, l’arrestation ! Déjà que Jemina et le policier n’ont que peu d’éléments à charge, ni aucune preuve tangible. La personne coupable aurait pu ricaner et dire « Prouvez-le » et là, c’est Tintin (et Milou avec) ! On a de fortes présomptions, la logique parle (même moi j’avais trouvé qui c’était dès la découverte du cadavre), oui, mais pas de preuve directe.

Mais puisque l’on arrête la personne coupable, je suppose que cette dernière a avoué, ce qui est difficilement compatible avec son caractère froid et calculateur. Mais je m’égare…

De plus, si dans la version londonienne, l’autrice prend toujours le temps de donner à la ville une place importante, ici, New-York faisait de la figuration et n’a pas obtenu la place qu’elle méritait. La visite de quelques quartiers emblématiques est rapide et on lui signale qu’on n’ira pas à Hell’s Kitchen, car trop dangereux.

Malgré ces gros bémols et ce final qui m’a semblé se dérouler en accéléré à l’aide de quelques phrases explicatives, le reste du roman n’est pas si mal que ça : il est plaisant à lire un jour de réveillon de Noël, reposant et on le dévore assez vite afin d’apprendre le secret caché et honteux de la maman indigne de Delphinia. Effectivement, pour l’époque, c’était scandaleux au possible.

Ce ne sera pas le polar de l’année, ni même celui du mois de décembre et ma préférence restera pour la saga de Thomas Pitt.

Avec une centaine de pages de plus, l’autrice aurait pu développer mieux son intrigue, la recherche d’indices et l’arrestation de la personne coupable, dont j’aurais aimé que l’on nous décrive son visage, ses dénégations, la réaction des autres personnages… Ce qui fait le sel d’un polar !

Si j’ai été contente de passer du temps avec Jemina Pitt, que j’ai connue dans le ventre de sa maman et que j’ai vu grandir, j’ai trouvé le reste du roman assez mièvre, notamment avec un gros cliché final. Le fait de ne pas suivre l’arrestation de la personne coupable est une aberration dans un polar et le résumer en quelques lignes insipides est une hérésie.

Une lecture pour se détendre l’esprit avant un réveillon de Noël, pour se détendre après les fêtes de Noël, pour lire sur la plage, sans se prendre la tête.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°106].

Sherlock Holmes – Compléments d’enquête : Jean Alessandrini

Titre : Sherlock Holmes – Compléments d’enquête

Auteur : Jean Alessandrini
Édition : Andersen (26/03/2021)

Résumé :
Avril 1891. Traqué par son ennemi juré, le sinistre professeur Moriarty, Sherlock Holmes gagne Strasbourg. Alors qu’il dîne avec le Dr Watson au pied de la cathédrale, on l’informe d’une étrange histoire de meurtre, qui va challenger sa légendaire sagacité…

Trois ans plus tard, il se rend à Paris pour recevoir la Légion d’honneur des mains du président de la République. Mais les autorités le conduisent assez vite au Muséum d’histoire naturelle, théâtre d’un véritable carnage. Voilà Sherlock embarqué dans la plus monstrueuse affaire de sa longue carrière…

Une carrière intemporelle : en 2045, à Londres, son descendant direct a repris le flambeau et semble avoir hérité du même cerveau en ébullition. Un cerveau qui sera mis à rude épreuve dans ce cybermonde effrayant où la criminalité a changé de visage…

Trois énigmes policières, trois nouvelles captivantes qui ressuscitent la lettre et l’esprit de Conan Doyle, et subliment son univers.

Critique :
Sherlock Holmes, je le préfère servi en nouvelles, sans élément fantastique (ou alors, tout doit s’expliquer sans avoir recours au fantastique).

Les deux premières nouvelles sont agréables à lire, les personnages ressemblant assez fort aux canoniques.

L’écriture de l’auteur n’est pas simpliste et dans la narration, on sent qu’il a travaillé ses phrases afin de leur donner un petit air de texte de l’époque victorienne.

La première se déroule à Strasbourg, durant la fuite de Holmes de Londres, pendant que Scotland Yard arrête la bande à Moriarty. Si la mort semble banale (poignardé par derrière), la méthode utilisée l’était beaucoup moins. Réalisable ou pas ? Je ne sais pas, mais en tout cas, c’était bien trouvé.

La seconde se déroule à Paris, lorsque Holmes doit recevoir la Légion d’Honneur. Un carnage horrible a eu lieu au Muséum d’histoire naturelle : 4 morts, violentes et des cadavres bien mal en point.

Là aussi, on sort de l’ordinaire, avec le coupable (qui est plausible) et avec les explications finales de Holmes, qui a résolu un autre mystère, sans rien dire à personne. Hormis à Watson et à nous…

La troisième se déroule dans le futur, avec les descendants de Holmes et Watson. L’univers est différent et le Holmes de 2045 utilise un ordinateur compilant les esprits de ses ancêtres pour résoudre l’affaire du vol au musée. Heu, c’est tricher, ça, jeune Holmes du futur ! Pas de déduction, juste une demande à un super Google…

Par contre, le final était drôle, c’est ce qui sauve cette dernière nouvelle.

Malgré le fait que j’ai moins aimé la dernière nouvelle, les deux premières étaient agréables à lire, intéressantes, bien faites et sortaient de l’ordinaire.

Un chouette petit recueil de nouvelles, une bonne pioche.

PS : par contre, faute grave dans le fait que l’auteur place une phrase à la limite de l’hérésie dans la bouche de Sherlock Holmes : « Tout cela était élémentaire, mon cher Watson ».

D’accord, elle est subtilement différente de cette horreur que l’on fait dire à Holmes dans les films « Élémentaire, mon cher Watson » qui n’est pas canonique du tout. Là où le bât blesse, c’est que notre narrateur Watson ajoute que « Cette phrase était une des expressions favorites de Holmes, et j’avoue que, pour l’avoir autant de fois entendue, je n’y prêtais plus guère attention. Or, cette fois, Dieu sait pourquoi, elle me frappa […] ».

Pitié, non !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°68].

Le cœur battant du monde : Sébastien Spitzer [LC avec Bianca]

Titre : Le cœur battant du monde

Auteur : Sébastien Spitzer
Éditions : Albin Michel (21/08/2019) / Livre de Poche (2021)

Résumé :
Dans les années 1860, Londres, le cœur de l’empire le plus puissant du monde, se gave en avalant les faibles. Ses rues entent la misère, l’insurrection et l’opium.

Dans les faubourgs de la ville, un bâtard est recueilli par Charlotte, une Irlandaise qui a fui la famine.

Par amour pour lui, elle va voler, mentir, se prostituer sans jamais révéler le mystère de sa naissance. L’enfant illégitime est le fils caché d’un homme célèbre que poursuivent toutes les polices d’Europe. Il s’appelle Freddy et son père est Karl Marx.

Alors que Marx se contente de théoriser la Révolution dans les livres, Freddy prend les armes avec les opprimés d’Irlande.

Après « Ces rêve qu’on piétine », un premier roman très remarqué et traduit dans plusieurs pays, qui dévoilait l’étonnante histoire de Magda Goebbels, Sébastien Spitzer prend le pouls d’une époque où la toute-puissance de l’argent brise les hommes, l’amitié et l’espoir de jours meilleurs.

Critique :
Londres, XIXe siècle, ma période préférée (pas pour y vivre ou y bosser). Londres, immense cœur battant du monde, mais immonde cloaque aussi.

Londres, la ville aux  multiples visages, la ville où les ouvrières (et ouvriers) trimaient comme des forçats et où la semaine des 35 heures se faisait en trois jours.

Le résumé était alléchant et il me tardait d’entamer ce roman qui me promettait beaucoup. Ma rencontre avec Charlotte fut un plaisir, je sentais bien que j’allais l’apprécier, elle, tout comme le docteur Malte (qu’on perdra de vue ensuite).

Puis, un autre personnage a fait son entrée, un certain monsieur Engels et, à ma toute grande honte, je n’ai pas tilté de suite, pourtant, je l’ai étudié à l’école, ce mec. Puis, lorsque mon shilling est tombé, j’ai compris aussi qui était « Le Maure » dont on parlait, un type que j’avais aussi étudié à l’école aussi et dont le portrait brossé dans le roman n’était guère flatteur.

Mais quelle faignasse, le Marx ! Dépensier, incapable d’aller bosser, se faisant entretenir par Engels (qui aurait dû aller s’acheter une paire de cojones, soit dit en passant) et qui, lorsqu’il touchera enfin son héritage, ira louer une maison bourgeoise, jouant les bourgeois lui-même, tout en continuant de se faire entretenir comme une maîtresse par Engels et en gagnant un peu d’argent en boursicotant !

Si j’étais mesquine, je dirais que le patient zéro de la gauche caviar, ce fut lui ! L’homme n’était pas exempt de contradictions, tout comme Engels (comme tout le monde, sauf qu’eux, ils cumulent).

Ce roman est une mine d’information en tout genre pour la période concernée : de 1850 à 1867. Bien des sujets vont être abordés, notamment la famine des Irlandais, la guerre de Sécession, le blocus des port, le coton qui n’arrive plus, les faillites des usines de filature, les conditions de travail déplorables, la misère, l’opium, la crasse, les grèves, l’Internationale qui commence, la lutte des classes, les Fenians,…

L’auteur s’est fortement documenté et tout respire le réalisme. De ce point de vue là, je n’ai pas à me plaindre. Par contre, le récit manquait de flamboyance, d’émotions, de vie, tout simplement. Il était trop clinique, trop rigide.

Cela a commencé après que Charlotte ait recueilli le petit Freddy : le récit passe du gamin qui vient de naître à ses 12 ans. L’ellipse est grande, trop grande. Le personnage de Charlotte a changé, sans doute à cause des sacrifices qu’elle a dû faire pour élever seule un enfant.

Le récit ne donnera que des bribes, me laissant un goût de trop peu. Non pas que je voulais faire du voyeurisme sur leur misère, mais j’aurais aimé en apprendre plus sur ses sacrifices et non pas me contenter de miettes, alors que pour d’autre sujets, j’ai eu des détails dont je me serais bien passée (une opération).

Les personnages de Charlotte et Freddy ont perdu du corps dans cette ellipse, de la profondeur et pire, du réalisme ! Alors que les autres personnages étaient bien ancrés, eux, je les ai vu partir à la dérive et Charlotte finira en personnage laborieux.

Et puis, il est difficile de savoir quel personnage est mit à l’honneur dans ces pages, puisque le récit suivra aussi bien Charlotte et Freddy, que Marx et Engels. Sur la fin, au moment où l’on abordera les révoltes des Fenians, j’avais décroché.

Un récit plus concentré sur Freddy et Charlotte m’aurait mieux convenu, une écriture plus ramassée dans certains passages aurait donné de l’oxygène au roman, et rallumé la flamme, même si ces détails étaient utiles pour ancrer le tout dans le réalisme (les lecteurs ne sont jamais contente, je sais et nous ne manquons pas de contradictions non plus).

Dans l’ensemble, cette lecture ne fut pas un fiasco, le côté historique était très bien rendu, même si une narration au passé lui aurait rendu service, ainsi qu’une écriture moins clinique. L’histoire manquait d’émotions brutes, alors que nous sommes dans l’East End, dans la misère, avec des gens qui bossent dans les usines 13 à 15h par jour, pour un salaire de misère.

Un roman dont j’attendais beaucoup et où un récit au ton assez froid m’a fait perdre une partie de mon intérêt pour cette histoire, où certains personnages ont manqué de cohérence, de profondeur, d’étoffe qui font les grands personnages marquants dans une lecture.

Et pourtant, sa partie historique était bien réussie, m’a appris beaucoup de choses, m’a immergé dans l’époque à tel point que je ne peux pas dire que tout était foiré et que je n’ai pas pris du plaisir à certains moments.

Une LC avec Bianca en balance… Elle ne vous dira pas tout à fait la même chose que moi, allez donc lire son avis et laissez lui un petit mot.

Miss Endicott – Tome 2 : Jean-Christophe Derrien et Xavier Fourquemin

Titre : Miss Endicott – Tome 2

Scénariste : Jean-Christophe Derrien
Dessinateur : Xavier Fourquemin

Édition : Le Lombard – Signé (2007)

Résumé :
Prudence Endicott est officiellement une gouvernante tout ce qu’il y a de plus respectable. En réalité, elle est la Conciliatrice de Londres.

Sa mission : résoudre les problèmes des gens. Plus facile à dire qu’à faire, surtout quand il faut affronter le peuple des Oubliés qui règne sur les dessous de la ville…

Une ambiance très victorienne pour une histoire pleine de fantaisie, truffée de gnomes, de mutants des sous-sols et autres créatures qui mènent la vie dure aux habitants de la surface !

Critique :
La dernière case de Miss Endicott m’avait laissée la bouche ouverte et je ne voulais pas attendre trop longtemps avant de lire la suite et fin de ce diptyque.

La personne qui va aider Miss Endicott à endiguer le « Seigneur des Oubliés » le fera de manière assez violente, tirant d’abord, réfléchissant ensuite, tandis que notre Miss, elle, y va plus au feeeling, sans se presser, mais en sachant parfaitement ce qu’elle fait.

Ce nouveau personnage tirera même la couverture à elle, mettant Miss Prudence Endicott sur le côté, la pensant incapable de résoudre cette affaire épineuse. Ce n’est parce que notre Miss ne tire pas dans tous les sens qu’elle se fiche de l’affaire ou qu’elle ne sera pas capable de la prendre en charge.

Dans ce second album, vu l’action, il est difficile de s’ennuyer. On court sur les toits, on tire avec des gros flingues, Kevin a disparu, les portes des oubliés bientôt vont se fermer (♪)… Bref, ça bouge !

Les révélations seront importantes aussi et je suis tombée de haut, n’ayant pas vu venir l’identité de notre mystérieux Maître des Oubliés.

Comme tous les tyrans de la Terre, le Maître utilise les autres afin de s’arroger le pouvoir, se fichant pas mal ensuite du destin de ces pauvres gens qui vivent en bas, cachés à cause de leurs malformations, oubliés de tous.

Il leur a menti, leur a promis une vie heureuse, qu’ils auraient de meilleurs conditions de vie… En réalité, il les méprise, comme il méprise tout le monde. Comme certains politiciens méprisent aussi leurs électeurs…

L’album ne manque pas d’humour, tout comme le premier, même s’il y en a un peu moins.

Nous sommes au milieu des quartiers défavorisés de Londres, dans les bistrots rempli de types louches, sous terre, mais il ne faut pas oublier la bonne tenue british, of course. De la dignité.

Ce dernier album est un cran en-dessous du premier, je trouve. L’action prend trop le pas sur le reste, notamment avec notre va-t-en-guerre qui tire dans tous les sens, qui gueule, qui donne des ordres et qui dénigre Miss Endicott, lui répétant constamment qu’elle n’est pas capable.

Les mobiles du Méchant sont expliqués, mais je les ai trouvé un peu léger, même s’il n’est pas le premier à vouloir faire de sa ville, de son pays, un endroit pur, où le vice a été éradiqué, la violence aussi, oubliant que pour y arriver, il passe lui-même pas des actions des plus violentes.

Le final est assez nostalgique, triste…

Malgré mon petit bémol pour ce deuxième album, cela reste un diptyque que j’ai apprécié et que je suis contente d’avoir lu.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°004] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 76 pages).

Les enquêtes d’Enola Holmes (BD) – Tome 4 – Le secret de l’éventail : Serena Blasco et Nancy Springer

Titre : Les enquêtes d’Enola Holmes (BD) – Tome 4 – Le secret de l’éventail

Scénariste : Nancy Springer
Dessinateur : Serena Blasco

Édition : Jungle ! (2017)

Résumé :
Mai 1889, Londres.
Enola semble reconnaître sur son chemin Lady Cecily Alistair, accompagnée de deux chaperonnes. La jeune femme, en détresse, confie à Enola son éventail rose qui contient un message codé d appel au secours.

Enola découvre que Cecily est séquestré en attendant son mariage avec Bramwell, son peu aimable cousin.

Enola décide alors de venir au secours de Cecily et elle s aperçoit que son frère Sherlock est investi de la même mission. Mais Enola a bien l intention de mener son enquête seule…

Critique :
Dans cette quatrième aventure, il est question des toilettes pour dame (une nouveauté, le WC publique) et de mariage forcé.

On recroise la route de Cecily Allistair, en mauvaise posture avec une robe qui entrave les chevilles et un message secret, adressé à Enola, à l’aide d’un éventail.

Notre jeune héroïne continue de vivre seule et de se débrouiller, tout en se cachant de ses deux frangins, surtout de Mycroft.

Lorsqu’elle mène son enquête au sujet de miss Allistair, Enola tombera même sur son Sherlock de frère, avec qui elle a plus de points communs qu’avec Mycroft.

Comme toujours, les thèmes abordés dans ce quatrième tome ne sont pas des thèmes faciles, puisqu’ils parlent des conditions de la femme dans la société victorienne, les mariages qui se faisaient souvent entre cousins (avant qu’ils n’arrêtent ces horreurs), les mariages arrangés, les petits boulots des pauvres, les orphelinats…

Les romans ne prenaient pas les lecteurs pour des crétins et abordaient ces thèmes, les adaptations bédés ne dérogent pas à la règle, même si, avec 72 pages, il faille bien tailler dans une partie du récit et des petites histoires qui gravitent autour.

Les relations entre Enola et Sherlock changent doucement, elle lui répond du tac-au-tac, le mettant face à ses propres choix de vie à lui et montrant bien aux lecteurs que les hommes avaient plus de droits que les femmes, à cette époque, notamment dans le fait de pouvoir rester célibataire sans que cela ne choque la bonne société. Pour une femme, c’était trèèèès mal vu.

L’avantage de ces adaptations, c’est que si vous n’avez pas envie de vous lancer dans le roman (230 pages), vous pouvez très bien vous contenter de la bédé, tout en gardant à l’esprit qu’elle est moins complète ! Ou alors, faire comme moi qui ait lu les romans il y a un certain temps et qui ai oublié bien des détails.

De plus, bien que nous soyons dans de la littérature jeunesse, l’autrice Nancy Springer ne prenait pas ses lecteurs pour des demeurés à qui il faut tout cacher en l’emballant dans de la soie rose bonbon.

Non, il n’y a pas d’effusion de sang, de meurtres horribles, ou tout autre chose dans la même veine. Il y a juste des véritables morceaux de société victorienne, dans ce qu’elle avait de moins reluisant, de plus détestable, sans pour autant que les romans sombrent dans le pathos.

L’équilibre entre les deux est maintenu, on reste dans de la littérature jeunesse, on n’entrera pas dans les détails sordides de la société victorienne.

J’avais apprécié les romans, j’apprécie aussi les adaptations en bédé, bien que pas très fan des nez retroussés, mais bon, c’est un point de détail…

#MoisAnglais2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°255], Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 72 pages) et Le Mois Anglais – Juin 2022 (Chez Titine et My Lou Book).

Shi – Cycle 1 – Tome 3 – Revenge ! : José Homs et Zidrou

Titre : Shi – Cycle 1 – Tome 3 – Revenge !

Scénariste : Zidrou
Dessinateur : José Homs

Édition : Dargaud (2018)

Résumé :
Janvier 1852. Les photos prises dans la maison close ont été récupérées et leurs nouveaux possesseurs n’hésitent pas à s’en servir pour faire chanter les principaux concernés, leur extorquant ainsi d’importantes sommes d’argent qui serviront à de « nobles » desseins.

Quant à Jennifer, elle a été déclarée morte, brûlée dans l’incendie qu’elle aurait elle-même provoqué. Mais il n’en est rien. Personne ne peut arrêter la vengeance une fois qu’elle est en marche.

Plus de place pour la pitié en ce monde. Jay et Kita l’ont bien compris et se salir les mains ne les dérange plus.

Ne restent derrière elles que les cadavres de ceux qui ont eu le malheur de se mettre en travers de leur chemin et l’idéogramme « Shi », symbole de leur haine envers la société.

Critique :
Les hommes de la haute ont été s’amuser au lupanar, ne se contentant pas de relations « plan-plan », mais demandant des plaisirs à la carte, comme se faire fouetter, jouer au chien, avoir des relations avec des gamines impubères, se faire pisser dessus, se faire enfoncer un canon dans le cul…

Ils n’ont jamais vu le petit trou (oups) dans une toile, permettant de prendre des photos, appelées encore daguerréotype (à une époque où l’appareil photo était super rare et pas inclus dans n’importe quel smartphone bas de gamme – je précise pour les plus jeunes qui ne s’imaginent pas ça possible).

Lorsque l’on possède dans ses mains de pareilles photos, c’est assurément une main gagnante et on peut alors leur demander n’importe quoi. L’ancêtre du Revenge Porn, en quelque sorte…

Si je ne cautionne pas les revenge porn, ici, je suis plus tolérante et cela me fait même doucement ricaner (oui, le chantage, ce n’est pas bien, c’est mal).

Les auteurs continuent de nous parler de la ville de Londres, qui, bien qu’étant arpentée par des chevaux et non des voitures, n’en est pas moins extrêmement polluée : vingt-cinq mille chevaux à nourrir et cent tonnes de crottin à ramasser. Après, il faut s’en débarrasser, de la merde, comme de celles des vaches qui donnent le lait super frais aux gens friqués…

Bref, en 1852, Londres est une arche à la dérive. C’est aux pauvres, que l’on exige qu’ils mettent la main à la poche, les riches, les nantis, les hommes au pouvoir peuvent assassiner un pauvre, ce n’est pas grave du tout et une gamine résume bien ce qu’elle pense de tout cela : Dieu est du côté de ceux qui boivent le thé à 17h, la bouche en cul d’poule.

Dans les bas-fonds, il n’est pas recommandé d’aller s’y promener, si vous êtes un richard, car à pas d’âge, les gosses se promènent avec des armes pour attaquer, voler,…

Le ton est toujours empreint de cynisme et j’aime ça. Les auteurs sont lucides, ils ne se privent pas de taper sous la ceinture. Le ton utilisé par les personnages est grinçant, non dénué d’humour, parfois.

Les vengeances de nos deux femmes se mettent en place, on sait maintenant qui fait du chantage aux « galipetteurs », afin d’obtenir de l’argent et pourquoi ; des secrets sont levés ; des révélations sont faites et une horrible trahison termine ce tome 3. Et merde, je n’ai pas le tome 4 sous la main, ce qui me frustre !

L’élément fantastique n’est pas présent dans cet opus, les légendes japonaises autour des Dieux le sont, par contre. C’est de ces légendes, autour des différents dieux, qui sont exploitées par les auteurs et le tout s’incorpore bien dans le récit, pour le moment.

Par contre, cette fois-ci, pas de bond dans le temps pour arriver à notre époque, il faudra attendre pour connaître la suite des mésaventures du marchand de mines anti-personnel.

Un troisième tome qui continue dans la bonne lignée du premier avec un scénario original,  à tiroir et des dialogues soignés.

Le rythme est rapide, sans pour autant que l’on perde pied, les personnages sont tous bien distincts les uns des autres, ils acquièrent un peu plus de profondeur, sans jamais sombrer dans le manichéisme.

Les dessins sont toujours bien exécutés, maîtrisés et les couleurs sont parfaites. Bref, rien à redire, si ce n’est : vivement que je lise le tome 4 !

#MoisAnglais2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°253], Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages) et Le Mois Anglais – Juin 2022 (Chez Titine et My Lou Book).