"My mind rebels at stagnation. Give me problems, give me work, give me the most abstruse cryptogram, or the most intricate analysis, and I am in my own proper atmosphere. But I abhor the dull routine of existence. I crave for mental exaltation". Sherlock Holmes, Sign of four (Le signe des quatre)
Résumé :
Philadelphie, années 1950. Une chambre d’hôtel, la nuit. Assis dans un fauteuil, un homme attend, un revolver à la main. Il s’appelle Slick et guète l’arrivée de Caprice, la femme qui l’a trahi.
En ouvrant la porte, Caprice comprend aussitôt : il est venu pour se venger. Quelques mois plus tôt, Slick a loupé un casse. Il doit de l’argent à son commanditaire, Rex, un boss de la mafia irlandaise.
Ce dernier compte bien épouser Caprice, danseuse dans sa boite de nuit, après avoir éliminé Slick du paysage. Mais il s’est passé quelque chose entre Caprice et Slick. Il y a longtemps déjà, bien avant toute cette histoire. Ils étaient tombés amoureux. Et maintenant, ils jouent avec le feu…
Critique :
Cette bédé est comme un vieux film noir des années 50. Tous les ingrédients sont réunis : un bel homme style bad boys, une beauté fatale, des gangsters mafiosi (pléonasme), des armes à feu, des grandes gueules,…
Slick est le bad boy qu’on aimerait croiser dans sa vie. Cheveux blancs, belle gueule, sensuel, qui sait se battre… Et Caprice, la belle rousse, est tout aussi sensuelle que lui. Quel couple ils pourraient former !
Enrico Marini est un excellent dessinateur et si son Slick a des faux airs du Scorpion, il tient la route (jeu de mot foireux avec son prénom).
Les seules notes de couleurs, dans ces deux albums sépias, seront le rouge et le roux. Cela attire l’œil immédiatement. On a beau être dans une bande dessinée, on pense de suite à un vieux film, tant le découpage pourrait être cinématographique.
Le scénario est classique au possible, mais pourtant, il marche du tonnerre. Les personnages sont bien campés, réalistes. Les dialogues font mouches directement et les ambiances des années 50 sont fidèlement rendues.
Oui, ces deux tomes sont des odes aux romans noirs et aux films noirs américains avec deux personnages qui se tournent autour, qui s’aiment, qui baisent, puis qui se séparent, toujours avec des mots violents.
On a beau se douter de la fin de ces deux tomes, on ne peut s’empêcher de tourner les pages, afin de voir si on a raison ou tort. Si le plat est composé d’ingrédients classiques, Marini a tout de même su en changer la présentation et le goût, parce qu’il n’est pas allé dans la direction que je pensais.
Et puis, le premier album commence presque par la fin… En tout cas, il commence par une scène hautement bourrée de suspense et on à hâte d’arriver au bout pour s’assurer que… Ben oui, on s’attache très vite à Slick et à sa belle petite gueule d’amour.
Une bédé qui fait mouche, autant par son scénario conventionnel qui ne l’est pas tout à fait, que pas ses magnifiques dessins et ses ambiances années 50 superbement rendues dans ces planches sobres, mais qui disent tout ce qu’elles doivent dire.
Scénariste : Matz & David Fincher (d’après le roman James Ellroy) Dessinateur : Miles Hyman
Édition : Rivages / Casterman Noir (13/11/2013)
Résumé :
Los Angeles Police Department, 1946. Dwight « Bucky » Bleichert fête son premier jour aux Mandats, le prestigieux service où rêvent de travailler la plupart des flics de la Cité des Anges. Il fera équipe avec Leland « Lee » Blanchard, un collègue qui comme lui a été boxeur, et qu’il a déjà affronté sur un ring.
Malgré les non-dits entre eux, les deux hommes sympathisent. Ils ne savent pas encore qu’ils vont enquêter ensemble sur un crime qui va à la fois les rapprocher et bouleverser leurs existences : la mort atroce d’une jeune femme, Elizabeth « Betty » Short, surnommée le Dahlia Noir, dont on retrouve le corps mutilé dans un terrain vague, en janvier 1947…
Ainsi débute l’un des plus fameux romans noirs de la littérature américaine des dernières décennies, à la fois polar haletant et portrait saisissant de Los Angeles, dans toute sa fascination trouble : Le Dahlia noir, de James Elroy.
C’est le plus francophile des dessinateurs américains, Miles Hyman, déjà auteur avec Matz, dans la même collection, d’une adaptation de Nuit de fureur de Jim Thompson, qui en signe la mise en images, très inspiré par la ville de Los Angeles où il a personnellement vécu plusieurs années.
L’adaptation du roman d’Ellroy en bande dessinée est assurée une fois encore par Matz, mais cette fois-ci à quatre mains puisqu’il a travaillé en équipe avec le cinéaste David Fincher.
Critique :
Il n’est pas facile d’adapter en bande dessinée, un roman qui fait plus de 500 pages. N’ayant pas lu le roman d’Ellroy, je ne peux pas juger du résultat.
Hélas, si le scénario est excellent, si la plongée dans le Hollywood des années 40 est vertigineuse et loin des strass paillettes.
Normal, avec James Ellroy, c’est poisseux, c’est noir, sombre, écrit avec des gants de boxe que l’auteur t’envoie dans la tronche. Les romans noirs sont meilleurs lorsqu’il sont servis frappés.
Hélas, les dessins, c’étaient une horreur. Oui, je ne sais pas dessiner et je suis incapable de faire un truc basique, mais dans cette bédé, les visages sont carrés et les têtes se ressemblent un peu trop, à tel point que je me suis souvent emmêlée les pinceaux entre différents personnages.
Si le récit met du temps avant d’arriver au cadavre découpé, c’est pour mieux nous permettre de faire connaissance avec les deux policiers qui vont, entre autre, enquêter sur ce crime crapuleux.
Dwight Bleichert et Leland Blanchard sont deux anciens boxeurs, devenu policiers. Nous en apprendrons plus sur eux, mais ils nous surprendront au fil des pages, qui sont très sombres, malgré les tons assez chaleureux.
Un roman graphique très sombre, violent, aux relents de putréfaction, de corruption, de magouilles, de sexe… Bref, tout ce qui fait Hollywood et la ville de Los Angeles. Pas de licornes, dans cette adaptation du roman noir d’Ellroy. D’ailleurs, il n’y en a jamais, dans ses romans.
Si j’ai détesté les dessins et que j’ai réussi à mélanger certains personnages à cause de leurs tronches semblables, de leurs visages carrés ou des mauvais plans qui ne laissaient pas voir les détails, j’ai apprécié le scénario, complexe, qui ne se livrera pas tout de suite, mais se déroulera et vous surprendra jusqu’au bout.
Cette bédé me donne juste envie de lire le roman original…
Auteur : Michael McDowell Édition : Monsieur Toussaint Louverture (19/05/2022) Édition Originale : Blackwater, book 4: The War (1983) Traduction : Yoko Lacour et Hélène Charrier
Résumé :
La guerre est finie, vive la guerre ! Une nouvelle ère s’ouvre pour le clan Caskey : les années d’acharnement d’Elinor vont enfin porter leurs fruits ; les ennemies d’hier sont sur le point de devenir les amies de demain ; et des changements surviennent là où personne ne les attendait.
Le conflit en Europe a fait affluer du sang neuf jusqu’à Perdido, et désormais les hommes vont et viennent comme des marionnettes sur la propriété des Caskey, sans se douter que, peut-être, leur vie ne tient qu’à un fil.
Critique :
♫ Mais qu’est-ce qu’il a, doudou didonc ?
Blackwater Blackwater, c’est trop ! C’est bon ! ♪
Impossible de dire ce qu’il y a dans Blackwater pour provoquer une telle addiction ! Le fait est là, depuis la première page du premier tome, je suis sous le charme et bien incapable de dire pourquoi.
Dans cette saga familiale, il n’y a rien d’exceptionnel, pas d’aventures folles, pas de tension à couper au couteau, le fantastique reste ténu, l’écriture est simple (sans être gnangnan), et malgré tout, une fois ce quatrième tome ouvert, j’ai eu bien du mal à le refermer avant le mot « Fin ».
Dans ce quatrième tome, tout le monde a vieilli ou grandi… Frances et la peste de Miriam sont devenues des jeunes filles, Mary-Love n’est plus là pour foutre la merde dans la famille (la discorde), James a pris un coup de vieux et si la guerre n’est pas encore déclarée, les temps sont en train de changer.
Les femmes ont une place importante, dans la famille Caskey, ce sont elles qui dirigent, qui prennent les décisions et c’est sans doute ce qui me plait dans cette saga : les femmes ne sont pas des petites choses fragiles, elles se battent pour obtenir leur place méritée.
La récession est passée par là, le crash de 1929 aussi et on sent bien que tout le monde est touché par l’effondrement de l’économie. Des magasins ont fermé, les autres scieries aussi, la ville de Perdido vivote et ce sera la guerre qui la fera repartir en avant, notamment avec l’essor de la scierie des Caskey. Par contre, personne n’échappera aux tickets de rationnement et au fait que les jeunes hommes doivent s’engager.
Si le rythme n’est pas effréné, les personnages ont bien évolués, changés, pris de la bouteille, certains ayant un rôle plus important dans ce tome 4. On ne peut pas dire qu’on reste les bras croisés durant 250 pages ! Frances va en apprendre plus sur ce qu’elle est vraiment… Oui, l’élément fantastique est plus important que dans les précédents, mais sans jamais devenir trop prégnant.
Cette saga, c’est comme les eaux noires de la Blackwater ou les rouges de la Perdido : lorsque l’on plonge dedans, on est immédiatement aspiré dans un tourbillon dont il est difficile de se dépêtrer. On y est aspiré et entraîné vers le fond.
Non, non, toutes celles et ceux qui ont plongé dans les eaux troubles des deux rivières n’ont absolument pas envie qu’on leur jette une bouée de sauvetage !! On veut juste lire la saga en entier et espérer qu’ensuite, on pourra reprendre une vie normale…
Blackwater, c’est une saga familiale et fantastique qu’il faut découvrir, si ce n’est déjà fait. C’est addictif, sans pour autant posséder de l’action. En fait, ce sont les personnages qui font que l’on ait envie de poursuivre la saga. On les aime comme s’il faisait partie de notre famille. Une famille un peu bizarre, certes, mais qui ne se laisse jamais abattre.
Résumé :
Batman se retrouve assailli par tous ses ennemis, lorsqu’un mystérieux personnage qui dissimule son visage sous des bandelettes apparaît.
Son nom ? Silence. Son but ? Harceler le justicier jusqu’à lui faire perdre raison. Catwoman saura-t-elle lui apporter l’aide et le réconfort dont il a cruellement besoin ?
Critique :
Pour ceux ou celles qui voudraient découvrir Batman et son univers, ce gros comics de 300 est parfait pour cela, étant donné qu’il regroupe tout ce qui fait l’univers de Batman, tant les personnages, que les lieux.
Batman est considéré comme le plus grand détective du monde (après Sherlock Holmes et Hercule Poirot, j’ajouterais, sauf que eux ne bénéficient pas d’une super panoplie).
Batman est attaqué de tous les côtés, par ses ennemis bien connu et notre chevalier noir, après s’être retrouvé mal en point, va mener l’enquête pour tenter de percer l’identité de cet homme en bandelettes qui semble si bien le connaître.
Les dessins sont superbes, c’était la première chose qui m’avait attiré lorsque j’avais feuilleté cet album dans une bouquinerie. Jim Lee est un véritable artiste, tant au niveau des dessins, réalistes, que des couleurs, sombres ou aux lavis, lors de certains flash-back.
Pour imiter les jeunes, je dirai que j’ai kiffé grave sa mère les doubles pages que le dessinateur nous offre dans l’album.
Le scénario n’est pas en reste non plus, Jeph Loeb a réussi à me tenir en haleine durant tout son récit et je l’ai lu d’une seule traite, sans pause et je me suis laissé prendre aux entourloupes de Silence, me faisant mener par le bout du nez, jusqu’à la révélation finale.
Durant son enquête, Batman va se remémorer des épisodes importants de sa vie, notamment de son enfance et j’ai pris plaisir à les découvrir, moi qui le connaît sans tout à fait le connaître (je me suis mise aux comics sur le tard, la bédé, c’était sur le pot, heu, sur le tôt).
Catwoman est présente, elle aussi et cela a rajouté une touche de féminité dans cet univers de super-héros bodybuildé, portant leurs slips sur leurs collants. Attention, Catwoman n’est pas un joli petit chaton tout gentil, c’est une chatte sauvage, gare aux coups de griffes. Ce que j’aime, chez elle, c’est son ambivalence, on ne sait jamais vraiment de quel côté elle se trouve.
Si Superman a un côté boy-scout, Batman, lui, est un sombre héros, un personnage violent, qui se retrouvera à ça de buter un méchant (il aurait dû le faire !)… C’est ce que j’ai toujours aimé chez ce personnage de DC : sa sombritude (néologisme offert), ses tourments, son arrogance, son côté obscur. J’aime Superman aussi, mais je le préfère sombre qu’en boy-scout.
Voilà un comics que je suis contente de posséder dans ma bilbio, qui fera partie des comics que j’ai adoré et qui convient parfaitement à un/une débutant(e) dans l’univers de Batman, grâce à la multitude de personnages de cet universqui s’y trouvent, mais aussi grâce à la qualité de son scénario et la magnificence de ces dessins.
Scénariste : Fabrice Colin (d’après un roman de R. J. Ellory) Dessinateur : Richard Guérineau
Édition : Phileas (28/10/2021) Édition Originale : A Quiet Belief in Angels (2007) Traduction :
Résumé :
Joseph Vaughan, devenu écrivain à succès, revient sur des événements qui ont bouleversé son enfance et qui vont le hanter, le poursuivre toute sa vie d’adulte : des meurtres de jeunes filles perpétrés sur plusieurs décennies, dont il a été le témoin involontaire.
Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée. La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près.
Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d’enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable… Joseph Vaughan, devenu écrivain à succès, tient en joue le tueur en série, dans l’ombre duquel il vit depuis bientôt trente ans.
Plus encore qu’un récit de serial killer à la mécanique parfaite et au suspense constant, Seul le silence a marqué une date dans l’histoire du thriller.
Avec ce roman crépusculaire à la noirceur absolue, sans concession aucune, R. J.Ellory révèle la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu’il met en jeu.
Critique :
N’ayant pas encore lu le roman éponyme de R. J. Ellory, lire l’adaptation bédé était une bonne idée, afin de combler ce manquement honteux.
Dans des tons sépias, le dessinateur va nous plonger dans l’Amérique des années 40, le récit commençant quand le moustachu déclara la guerre.
Des gamines sont assassinées, atrocement mutilées, violées. Pour les braves gens, ce ne peut pas être le fait d’un vrai Américain, jamais de la vie (pour les Anglais, Jack the Ripper était un étranger).
Bref, rien ne change en ce bas monde… Le racisme n’est jamais loin, hélas. Et lorsque les gens ont peur, il remonte à la surface, entre dans les esprits, chamboule les pensées, rempli les têtes de vilaines pensées et les cœurs de haine. Et avec tous ces assassinats crapuleux, la peur est bien présente, elle aussi. Et elle empêche de réfléchir.
Le rythme est lent et tant mieux, car c’est ce qui convient à ce genre de récit où les atmosphères et les personnages sont les plus importants. Il faut bien ressentir les angoisses, les mystères, le poids que certains font peser sur les épaules des autres, les suspicions, celles qui détruisent tout. Dans cette bédé, tout cela était bien rendu, l’ambiance était étouffante et angoissante.
Les dessins étaient très bien faits et j’ai aimé les tons sépias choisis pour colorer les cases. Cela leur donnait un petit air de vieil album retrouvé dans une malle, une histoire oubliée dont les pages avaient jaunis. Dans d’autres, c’étaient des tons pastels, qui habillaient très bien les dessins.
Le suspense était maîtrisé jusqu’au bout, c’est seulement dans les dernières pages que j’ai compris qui était le coupable et je suis tombée de haut. Ma foi, le final aurait mérité quelques pages de plus, afin de ne pas donner l’impression qu’il se termine trop vite (n’ayant pas lu le roman, je ne sais pas comment il se déroule à l’origine).
Un autre léger mini bémol : dans le résumé, il est indiqué que lorsque tout commence, Joseph a 12 ans et que c’est une fillette qui a été assassinée (on apprendra qu’elle avait 11 ans). Hors, en voyant les dessins, Joseph tire plus sur les 16 ans et la fillette paraît du même âge aussi. Le dessinateur aurait pu faire un effort pour qu’ils ne paraissent pas avoir 4 ans de plus. C’est un détail, mais il est important.
Ce ne sont pas ces petits bémols qui me gâcheront mon plaisir : cette bédé (ou ce roman graphique) est un petit bijou autant pour le scénario que pour les dessins, les décors, les couleurs et cette impression que tout le récit est poisseux.
Désolée, j’aime ce genre de récit, ces angoisses, ces personnages du Sud profond, même si on n’a pas envie de copiner avec ces racistes. Mais ils sont si humains, dans leurs réflexions dénuées de tout sens et malheureusement, cela fait toujours écho à ce qui se dit de nos jours, dans nos pays.
Une super adaptation, il ne me reste plus qu’à lire le roman !
Scénariste : John Arcudi Dessinateur : Jonathan Case
Édition : Urban Comics Indies (2014)
Résumé :
Un adolescent se suicide deux mois après la mort de son meilleur ami. Désespérée par l’incompétence des autorités, la mère de la victime contacte un amour de jeunesse, le détective privé Oxel Kärnhus.
Le corps déformé par une maladie dégénérative, Oxel possède le physique d’un monstre et une sensibilité à fleur de peau. La peur et la pitié qu’il inspire lui seront d’une aide précieuse dans son enquête.
Critique :
♫ But I’m a creep ♪ I’m a weirdo ♪ What the hell am I doing here? ♫ I don’t belong here ♫ (*)
Creep désigne un insecte, une vermine mais aussi un sale type.
Pourtant, si Oxel Kärnhus a maintenant une sale tête, il n’en reste pas moins humain et pour ses enquêtes, il est perspicace.
Qu’est-ce qui pousse un jeune à se suicider et, deux mois plus tard, à ce que son pote fasse de même ? Je n’en avais pas la moindre idée, leurs mères non plus et Oxel va avoir bien du mal à comprendre.
Si je n’ai pas trop aimé les dessins (ce n’est pas rédhibitoire), j’ai apprécié les changements de trames et de tons lors des flash-back, ainsi que la mise en scène que les auteurs ont faite pour illustrer la folie du grand-père, qui se voit dans la neige, au temps du far-west.
Une enquête sur un des deux adolescents qui se sont suicidé… En commençant ma lecture, j’ai trouvé que ce comics avec une trame classique, comme dans bien des polars, et, en fin de compte, elle n’était pas aussi classique que je l’avais pensé. Tout ça grâce au dénouement, mais pas que !
Les auteurs ont su donner de l’épaisseur à Oxel, et ce, sans mauvais jeu de mot. En effet, atteint d’une maladie dégénérative, qui lui donne une apparence monstrueuse, Oxel a tout d’un monstre, pour les sales gamins de son quartier, qui lui mènent la vie dure. Il est sympathique, touchant, émouvant.
Vu sa carrure imposante, Oxel aurait pu être badass, un cogneur, un mec avec la haine, la rage, mais il n’en est rien. Timide, n’aimant pas le téléphone (nous sommes dans les années 80), mais possédant la ténacité d’un bouledogue et il faudra bien ça pour comprendre ce qui a poussé deux ados à se tirer une balle.
Un comics que j’ai pris plaisir à découvrir, notamment grâce à son détective hors-norme, émouvant, avec une sensibilité à fleur de peau, qui ne lâchera rien, même si, durant tout un temps, il avait baissé les bras.
Un polar qui semble classique, de prime abord, mais qui ne l’est pas. Un récit simple, efficace, sombre, avec un dénouement inattendu et un suspense bien maîtrisé.
Résumé :Six mois se sont écoulés depuis la bataille de Starcourt qui a semé terreur et désolation sur Hawkins. Encore titubants, nos amis se trouvent séparés pour la première fois – et la vie de lycéen n’arrange rien.
C’est à ce moment de vulnérabilité qu’une nouvelle menace surnaturelle apparaît et, avec elle, un terrible mystère qui pourrait être la clé permettant de mettre fin aux horreurs du monde à l’envers.
La quatrième saison de Stranger Things, série télévisée américaine de science-fiction et d’horreur, est composée de neuf épisodes répartis en deux volumes, le premier comptant sept épisodes sortis le 27 mai 2022 et le deuxième, deux épisodes sortis le 1er juillet 2022, sur Netflix. Elle est la quatrième et avant-dernière saison de la série créée par Matt et Ross Duffer.
Avant sa sortie, elle est considérée par les acteurs de la série comme étant la saison la plus « effrayante », « sombre » et « intense » de Stranger Things.
Les neuf épisodes de cette saison sont filmés en Lituanie, au Nouveau-Mexique et en Géorgie (États-Unis).
Le tournage a débuté en février 2020, mais fut interrompu en raison de la pandémie de Covid-19 au début de mars 2020, ce qui a permis aux frères Duffer d’écrire toute la saison avant de la filmer. Le tournage a repris en septembre 2020 pour se conclure en septembre 2021.
Acteurs principaux :
Winona Ryder (VF : Claire Guyot) : Joyce Byers
David Harbour (VF : Stéphane Pouplard) : Jim Hopper
Millie Bobby Brown (VF : Clara Soares) : Jane Hopper (née Ives) / Onze / Elfe
Finn Wolfhard (VF : Tom Hudson) : Michael « Mike » Wheeler
Gaten Matarazzo (VF : Gabriel Bismuth-Bienaimé) : Dustin Henderson
Caleb McLaughlin (VF : Thomas Sagols) : Lucas Sinclair
Noah Schnapp (VF : Tom Trouffier) : William « Will » Byers
Sadie Sink (VF : Clara Quilichini) : Maxine « Max » Mayfield
Matthew Modine (VF : Philippe Vincent) : Dr Martin Brenner / appelé « papa » par Onze
Paul Reiser (VF : Pierre-François Pistorio) : Dr Sam Owens
Ce que j’en ai pensé :
Il m’a fallu du temps avant que je ne me décide à visionner la saison 4 de la série Stranger Things, alors que j’avais adoré les trois saisons précédentes.
Pourquoi n’étais-je pas chaude pour la voir ? Premièrement, parce que j’avais peur que cette 4ème saison soit celle de trop…
Oui, j’avais peur que les scénaristes n’aient pas su faire aussi bien que les précédentes, que la série ne tourne en rond, qu’à force de voir surgir des créatures horribles du monde à l’envers, cela ne devienne redondant (là, j’ai eu peur pour rien, le scénario est excellent !).
La deuxième chose qui m’a freiné, c’est que nos gamins n’en sont plus : ce sont des ados de 16 ans ! Et pour bien m’achever, une partie de la bande est partie dans un autre état, quittant la ville maudite d’Hawkins. Oh non, pas ça ! Pas une séparation !
La ville d’Hawkins sans la présence de Will Byers, de son frangin Jonathan, de leur mère et de Eleven, ça ne me donnait pas envie de regarder.
Passer de l’enfance à l’adolescence, c’est un cap important, mais dans cette série, ce qui me plaisait aussi, c’est que les gamins étaient jeunes (12/13 ans) et que ça me faisait penser à la bande de potes dans ÇA ou dans les Goonies.
Trop chous !
Et puis, je vous avouerai aussi que j’avais peur qu’à force de se mesurer à des créatures venant d’un autre monde, l’un ou l’autre des ados (et des adultes qui les aide) ne viennent à trépasser. Déjà que Hopper, dans la saison 3, avait disparu et qu’il se retrouvait dans un camp de prisonniers en Russie !
Oui, j’avais les miquettes en commençant à visionner les 9 épisodes de la série ! Alors oui, c’est moins drôle de se retrouver avec des ados, mais je vous assure que dès les premières images, j’étais à nouveau sous le charme de cette bande de copains, de toute cette troupe hétéroclite qui n’ont jamais été et ne seront jamais les élèves populaires de leur école !
Dans cette saison, l’horrible monstre tueur sera surnommé Vecna et nous apprendrons ensuite qui il est réellement. Pout tuer, il provoque des visions chez la personne choisie, il entre dans son esprit, lui murmure à l’oreille et quand la personne est mûre, elle est soulevée du sol avant qu’il ne lui craque les os comme un poulet rôti élevé en batterie. Beurk !
La police n’a jamais vu de pareils meurtres ! La peur rôde. La fille assassinée était populaire et on a retrouvé son corps dans le mobile-home de Eddie, le marginal un peu barje de l’école. Sans pousser la réflexion plus loin, les flics trouveront qu’il fait un coupable idéal (un marginal qui aime les jeux de rôles, trop facile). Ensuite, certains esprits vont s’échauffer et ne vouloir faire justice eux-mêmes.
Heureusement que nous sommes en 1986, sans les réseaux sociaux, sinon, c’était le lynchage au niveau mondial du suspect. En tout cas, l’irruption de Eddie le banni, dans cette saison, était un vent de fraicheur et il ne m’a pas fallu longtemps pour m’attacher à ce mec un peu zinzin. Il m’a même superbement ému.
Pas eu vraiment le temps de souffler durant le visionnage de cette nouvelle saison et si certains critiques sont violentes, de mon côté, j’ai apprécié le scénario, même si, à certains moments, on a tout de même l’impression qu’il tire un peu la langue, notamment en tentant d’expliquer d’où sort Vecna et en rattachant le tout à la vie d’Eleven avant, dans le labo d’expériences honteuses sur des enfants possédants des pouvoirs psychiques.
En apprenant que les scènes avec Eleven jeunes, avaient été tournées avec une autre actrice jouant son rôle, j’ai compris qu’au départ, les Duffer Brothers (les deux scénaristes) n’avaient pas pensé à expliquer l’origine du Monde à l’envers, ni l’origine des monstres sortis par le portail (les Demogorgons et le Flagelleur Mental), dans les saisons précédentes…
Bon, les scénaristes n’avaient sans doute jamais pensé aller aussi loin dans leur série et ils ont brodé au fur et à mesure. Gaffe, c’est souvent ainsi que l’on se plante. Moi, j’ai adoré découvrir cette origine, je l’ai trouvée logique, dans la lignée de tout ce qui était arrivé pour le moment, mais ils auraient pu se prendre les pieds dans le tapis.
Ce que j’avais apprécié, dans les précédents saisons, c’est que tous les personnages avaient de l’importance : les 4 gamins originaux, Eleven et les autres qui étaient venus se greffer à la troupe (on était à 13 personnes importantes, dans le groupe de celles et ceux qui luttaient contre le monde à l’envers).
Équipe d’Hawkins
Dans cette saison 4, vu que la troupe d’amis est séparée, chacun va bricoler dans son coin afin de venir à bout de Vecna, ce qui a donné un déséquilibre dans les rôles, notamment pour Will Byers (quasi invisible alors qu’il était au centre des saisons précédentes), son frère Jonathan (camé, loin du frangin qui avait tout fait pour retrouver son petit frère dans la saison 1), Mike (l’élément central du groupe, qui n’a pas un grand rôle à jouer), Erica Sinclair (soeur de Lucas et génialissime quand elle ouvre la bouche) et Joyce Byers (Winona Ryder, tout de même) qui, bien que partie en mission en Russie, jouera plus sur le banc de touche que sur le terrain.
Ok, dans le camion de pizzas, Will, Mike et Jonathan vont remonter la piste de Eleven, l’aider, mais bon, ça restera des rôles fadasses, comparé aux actions musclées et couillues de la troupe restée à Hawkins.
Heureusement que dans la seconde partie de la saison, nos amis exilés en Californie se remueront un peu plus les miches. Comme l’ami Ricoré, ils arriveront au bon moment, mais sans les tartines et les croissants… Juste pile au bon moment. Timing parfait, les mecs !
L’équipe Californie
Mais avant que tout le monde se retrouve réuni, bien des membres de l’équipe se retrouveront isolés, de leur fait ou non. Lorsqu’on a connu la petite troupe super soudée, on a mal au coeur de les voir, au début, vivre chacun de leur côté, séparés, plus autant copains qu’avant. Maxine est même totalement seule ! Putain, les gars, ils vous est arrivé quoi, comme saloperie ! L’adolescence, terrible maladie…
Les deux seuls qui sont resté soudés, ce sont les grands : Steve et Robin (toujours aussi volubile, elle). Nancy Wheeler, grande soeur de Mike, s’en sort bien avec son job de journaliste du lycée.
Anybref, avec des décors magnifiquement horribles dans le monde à l’envers, avec un vilain méchant qui a un passé, des blessures, des fêlures, un esprit tordu et manipulateur, cette saison 4 est excellente et j’ai eu quelques frissons de peur en la visionnant.
Le dernier épisode, qui fait plus de 2h, m’a fait monter la tension et j’étais contente que le chat soit là, en mode « pétrissage » et « je veux des câlins ». Passer mes doigts dans sa fourrure douce a réussi à diminuer mon rythme cardiaque.
La bande son est, elle aussi, réussie, notamment avec le superbe morceau de Kate Bush « Running Up That Hill », qui allait très bien avec l’action que Max faisait à ce moment là (sortir de l’antre de Vecna). Un morceau qui reste dans la tête et qui n’est pas pourave du tout.
Malgré mon bémol sur le fait que certains personnages n’étaient pas assez présent dans cette saison et avait un rôle mineur par rapport aux autres (personnages et saisons antérieures), je ne pourrai pas me plaindre du Grand Méchant qui était excellent, foutait bien la trouille, comme le clown démoniaque dans ÇA ou le Freddy Krueger (A Nightmare on Elm Street).
Le final laisse entendre qu’il y aura une saison 5, tout n’est pas terminé et je pense qu’il faudra autre chose que des courses dans un supermarché des armes pour venir à bout de Vecna (qui est allé faire dodo) ou de ce qui pourrait encore se cacher dans le monde à l’envers…
Mais les scénaristes l’ont dit : 5 saisons, pas une de plus, avec une vraie fin fermée. Et pas de morts, j’espère, parce qu’ils avaient laissé sous-entendre qu’on en aurait dans la 4 (et il y en a eu un et une autre en mauvais état)…
Kate Bush, vas-y, sauve tout le monde, je les aime trop, ces gamins d’Hawkins !
Résumé :
Petites arnaques, embrouilles et lutte des classes… La fresque irrésistible du Harlem des années 1960.
Époux aimant, père de famille attentionné et fils d’un homme de main lié à la pègre locale, Ray Carney, vendeur de meubles et d’électroménager à New York sur la 125e Rue, « n’est pas un voyou, tout juste un peu filou ». Jusqu’à ce que son cousin lui propose de cambrioler le célèbre Hôtel Theresa, surnommé le Waldorf de Harlem…
Chink Montague, habile à manier le coupe-chou, Pepper, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Miami Joe, gangster tout de violet vêtu, et autres flics véreux ou pornographes pyromanes composent le paysage de ce roman féroce et drôle.
Mais son personnage principal est Harlem, haut lieu de la lutte pour les droits civiques, où la mort d’un adolescent noir, abattu par un policier blanc, déclencha en 1964 des émeutes préfigurant celles qui ont eu lieu à la mort de George Floyd.
Avec Harlem Shuffle, qui revendique l’héritage de Chester Himes et Donald Westlake, Colson Whitehead se réinvente une fois encore en détournant les codes du roman noir.
Critique :
Carney n’est pas un voyou, il est juste un peu filou. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour lui, ça veut dire beaucoup.
Carney a un boulot, il est vendeur de meubles et d’électroménager, dans le Harlem des années 60. Bon, comme il faut mettre un peu de beurre dans les épinards, il joue aussi au fourgue pour la pègre et revend des choses tombées des camions. Rien de grave.
Son point faible est son cousin, qui lui, est toujours fourré dans des magouilles plus dangereuses et qui a l’art et la manière d’impliquer Carney, qui lui passe toutes ses conneries.
J’attendais beaucoup de ce nouveau roman de Colson Whitehead, surtout qu’il se déroulait dans les années 60, à Harlem, et que son auteur en parlait avec verve à La Grande Librairie.
Le quartier de Harlem est bien présent, il est un personnage à part entière. L’auteur nous le décrit de manière très précise, avec ses quartiers où habitent des Noirs bourgeois, riches et les quartiers pour les plus pauvres, les miséreux.
La ségrégation raciale a toujours lieu, le Blanc ayant du mal à accepter que les Noirs s’élèvent, eux aussi, qu’ils accèdent à l’instruction, au universités et notre Carney a bien du mal à obtenir un dépôt, dans son magasin, des marques célèbres de meubles. Ça leur trouerait sans doute le cul, à certains, qu’un revendeur Noir soit un porte-parole d’une marque de meubles bien Blancs…
L’Amérique était un grand pays souillé par des régions faisandées où régnaient l’intolérance et la violence raciale.
J’ai appris, durant ma lecture (et durant La Grande Librairie), qu’en ce temps-là, il y avait des agences de voyages spécialisées dans les déplacements des afro-américains dans le pays : itinéraires sûrs, villes à éviter, hôtels recommandés pour passer la nuit, endroits où se restaurer… Il fallait leur éviter les villes racistes et ségrégationnistes…
Divisé en trois parties, ce roman noir va nous parler de trois grosses affaires qui atterrirent dans les mains de notre Carney, le poussant de plus en plus vers le côté Obscur de la pègre. Carney est un insatisfait, il voudrait un plus bel appartement, une plus belle vie pour sa famille, un coin plus joli que sous le pont du métro et je le comprends.
Hélas, il a manqué quelque chose pour rendre ce roman noir addictif : un peu plus de rythme et d’action ! Cela avait bien commencé, pourtant, avec la présentation des personnages, du quartier et du casse à l’Hôtel Theresa. Et puis, j’ai attendu, en vain, que les choses bougent un peu plus, que l’action revienne, mais elle était une denrée rare, dans ces pages.
On se cache, on marche à pas feutrés, on magouille pour faire virer un homme qui l’a trompé, on essaie de ne pas se faire descendre par des malfrats, on donne l’enveloppe… Tout cela, à un moment donné, a rendu ma lecture plus pénible et j’avais l’impression de faire du sur-place, vers la moitié du récit.
J’avoue qu’en entendant l’auteur parler de son roman, j’avais eu l’idée que son cousin Freddie lui proposerait plus de coups foireux, qu’il serait plus présent dans le récit et là, j’ai trouvé qu’il était plus présent dans les pensées de Carney qu’en présence physique.
Dommage, il y avait sans doute une belle carte à jouer avec un tel personnage. Parce que si Carney est sympathique, malgré ses magouilles avec la pègre, il manque tout de même d’épaisseur, de présence. Il m’a semblé qu’il était un peu fade, qu’il manquait d’assaisonnement.
Bref, si la vie à Harlem est bien décrite, si le quartier est un personnage à part entière, si l’auteur parle bien de la ségrégation qui avait toujours lieu, à couvert, nous sommes tout de même loin des romans de Chester Himes qui sont bien plus sombres que celui-ci.
Un roman noir dont l’écriture et le récit manquaient tout de même de passion, de noirceur et d’émotions. Par contre, les atmosphères étaient bien décrites, j’ai bien ressentit le pouls de Harlem et vécu au plus près les luttes incessantes des Noirs pour obtenir enfin des droits.
Tous les ingrédients étaient réunis pour en faire un coup de cœur, pour en faire un grand roman noir, mais le côté froid de l’écriture et les personnages manquant de corps m’ont empêché de m’immerger à fond dans cette histoire.
Malgré tout, je lui donnerai une bonne note pour le côté Historique et les atmosphères. De plus, mon avis n’est pas dans la majorité. Pour en lire un positif, je vous invite à aller rendre visite à Dealer de Lignes (Ma dose d’encre).
Résumé :
Le parcours sauvage et violent de l’aigle sacré des Indiens pendant la conquête de l’Ouest. Un western qui sent la poudre et la boue… En seize histoires, Indians retrace de 1540 à 1889 les épisodes sombres de la conquête de l’Ouest.
Quatre siècles de colonisation qui vont mener, entre les massacres et les maladies propagées par les colons, à un génocide qui n’a jamais porté officiellement ce nom mais qui décima 14 millions d’Amérindiens.
Décrivant la face cachée du rêve américain, Indians est un vibrant hommage aux peuples autochtones opprimés…
Critique :
Ayant adoré Go West, je me suis faite offrir la version Indians, basée sur le même concept : un seul scénariste, mais un dessinateur pour chaque histoire qui passera en revue un chapitre important de l’Histoire des Amérindiens.
On commencera à l’arrivée des Conquistadors et on terminera en 1889, lorsque les derniers Indiens déposeront les armes, conscient qu’ils ne vaincront jamais l’Homme Blanc vu que ce dernier est comme un nuage de sauterelles : infini et innombrable.
Contrairement à l’album Go West, où le fil rouge était une montre, dans celui-ci, c’est le vol d’un aigle que l’on apercevra de temps en temps, ou un personnage qui reviendra sur plusieurs chapitres (ou un descendant).
Ce que j’ai apprécié, c’est qu’il n’y avait pas de manichéisme dans les personnages, que ce soit du côté des Indiens ou des colons, dont certains avaient une conscience, une âme. Cela se verra surtout dans l’épisode avec les horribles écoles pour casser l’Indien.
Quant aux Indiens, ce n’étaient pas des anges, ils s’attaquaient entre eux, se pillaient, mais sans jamais arriver au niveau de l’Homme Blanc qui lui, commit un génocide, purement et simplement.
Tous les dessins ne se valent pas, mais j’ai apprécié les histoires, même si elles auraient mérité, toutes, un album rien qu’à elles toutes seules, tant il y avait de la richesse dedans et tant de choses à raconter.
Bien que différent et en peu en deçà du « Go West » qui se consacrait à la Conquête de l’Ouest, le tome consacré aux Amérindiens n’en reste pas moins excellent.
Du moins, pour celles et ceux qui voudraient en apprendre un peu plus sur les guerres Indiennes, sur les traitements que l’Homme Blanc, l’envahisseur, a fait subir aux Amérindiens. Au moins, ces derniers ont résistés, mais une fois les armes déposées, on a fait tout ce qu’il fallait pour qu’ils n’existent plus…
Auteur : Cate Quinn Édition : Presses de la Cité (2021) / Pocket (2022) Édition Originale : Black Widows (2021) Traduction : Maxime Berrée
Résumé :
Blake Nelson est retrouvé mort dans le désert. La police soupçonne sa femme l’avoir tué. Mais laquelle ?
RACHEL, PREMIÈRE ÉPOUSE
» Pardonne-moi, Seigneur, j’ai menti à un policier aujourd’hui. Je lui ai dit que Blake n’avait jamais levé la main sur moi. «
TINA, SŒUR-ÉPOUSE
» Quand les flics m’ont embarquée, j’ai cru qu’ils nous arrêtaient pour polygamie. À Vegas, je me faisais arrêter pour racolage. Ici, c’est parce que je suis mariée. «
EMILY, SŒUR-ÉPOUSE
» » Tu peux être toi-même ici ‘, m’a dit Blake. Ce qu’il voulait dire, je pense, c’est que je pouvais être à lui. «
Contre la volonté de sa famille et les règles de l’Église mormone, Blake Nelson a épousé trois femmes. Tous les quatre vivent dans un ranch miteux perdu au beau milieu de l’Utah, dans l’attente de la Fin des Temps. Personne ici ne les dérangera.
Jusqu’à ce que le corps de Blake soit retrouvé dans un sale état. Bienvenue chez les mormons !
Critique :
Blake Nelson est mort, assassiné. Non, je ne divulgâche rien, c’est dans le résumé et son meurtre arrive dès les premières lignes.
Le mystère est de savoir qui l’a tué ? Et pourquoi ? La particularité de cet homme, c’est qu’il était mormon et polygame, ce qui n’est plus permis dans cette secte.
Ses trois épouses sont number one sur la liste des suspects. Pour le savoir, nous allons entrer dans leur tête et ces dames seront, tour à tour, les narratrices.
La particularité de ce roman policier, c’est que nous entrons dans l’église des Saints des Derniers Jours et ce n’est pas triste ! L’autrice s’est bien renseignée et l’immersion dans la société mormone est un petit plus qui ne gâche rien.
Entre nous, je n’ai absolument pas envie de me retrouver dans cette espèce de secte qui me parle de fin des temps, qui stockent de la bouffe pour une année, ne boivent pas de café et doivent porter des sous-vêtements jour et nuit, ceux agréé par le Temple.
Ce polar prend son temps et si vous recherchez de l’action, il faudra aller voir ailleurs, car l’autrice prend le temps de planter ses décors, de donner de l’épaisseur à ses personnages en nous parlant de leur vie antérieure, de nous présenter l’homme qu’était Blake Nelson et de sa vie avec ses femmes, eux qui vivent dans un trou tellement perdu que même le trou du cul du monde est moins paumé.
Suivre les pensées de nos trois femmes est glaçant, notamment dans leur façon de vivre et de penser, surtout Rachel, la première épouse, qui est mormone jusqu’au tréfonds de son âme et du fond de sa culotte agrée par le Temple.
Sa spécialité ? Cuisiner des conserves et faire des conserves. Si vous voulez perdre du poids, oubliez les programmes à la con, venez vous asseoir à la table de Rachel : perte de poids garantie tant sa cuisine est insipide.
Brillante idée que de donner la parole aux trois femmes, tour à tour. Leur récit est glaçant, notamment leur vie de femmes mariées et celles de leur enfance. Cela nous permet de ressentir de l’empathie à leurs égards et d’avoir une autre vision que celle de la psychorigide mormone, de l’ancienne pute droguée et de la jeunette immature et frigide, qui ment tout le temps.
Lorsqu’on prend le temps d’aller gratter sous le vernis, on découvre des personnages inattendus. Se retrouver dans la position d’accusées permettra à ces trois épouses de s’ouvrir, de changer, de se montrer telles qu’elles sont vraiment.
L’autrice décrit bien le fonctionnement de la communauté des saints des derniers jours, l’intégrisme de ses membres, leurs préceptes et l’intransigeance de leur doctrine. Ça fait froid dans le dos. Et puis, il n’y a pas que ça… Dans le passé d’une des épouses, il y a des boites qu’elle a choisi de garder fermer.
Un excellent roman policier qui ne se contente pas de nous mettre face à un meurtre et un/une coupable à trouver, mais qui nous immerge dans la communauté des mormons, ainsi que dans la tête et la vie de trois femmes, trois épouses d’un même homme, qui vont devoir se sortir les doigts du cul afin de trouver la solution à l’assassinat de leur époux, qui était loin d’être un saint, lui aussi, mais qui se prenait pour un roi chez lui.
Un roman choral aux atmosphères particulières, aux dialogues ciselés, aux personnages travaillés, qui ne manquent pas de profondeur, ce qui donnera des portraits psychologiques très fins et un roman noir qui se lit tout seul, malgré les 580 pages en version poche.