Triple Crossing : Sebastian Rotella

Titre : Triple Crossing

Auteur : Sebastian Rotella
Édition : 10/18 (2013)
Édition Originale : Triple Crossing (2012)
Traduction : Anne Guitton

Résumé :
Chaque nuit, sur la Ligne entre le Mexique et les États-Unis, une foule de migrants tentent leur chance. Et chaque nuit, les agents de la patrouille frontalière américaine sont là pour les refouler.

Certains, sans scrupule, profitent de la faiblesse des clandestins et donnent libre cours à leurs penchants sadiques.

D’autres, comme Valentin Pescatore, essaient de s’en tenir aux règles. Cela ne l’empêche pas de commettre une entorse qui pourrait lui valoir une sanction sévère, à moins de collaborer…

Mais avec qui, au juste ? C’est bien les Américains qui lui demandent d’infiltrer une famille de narcos de Tijuana, mais qui peut garantir que son inexpérience ne va pas l’entraîner du côté de la corruption, de la drogue et de l’argent facile ? En tout cas, c’est ce que redoute Leo Méndez, flic mexicain aux allures de justicier…

Sebastian Rotella nous conduit vers de troubles frontières dans un thriller saisissant sur la mondialisation du crime.

Critique :
Bienvenue sur la Ligne, celle qui sépare le Mexique des États-Unis. Tout y est beau, calme et les clandestins qui tentent le passage sont accueillis par les agents de la patrouille frontalière américaine…

Bon, retour dans la réalité : non, ce n’est pas un endroit où il fait bon vivre et gare à ceux ou celles qui se font choper par les agents de la patrouille frontalière américaine !

Le seul qui soit humain, c’est Valentin Pescatore, jusqu’à ce qu’il franchisse la ligne et ne se retrouve du côté obscur de la Force.

Enfin, pas de son plein gré… Valentin va devoir coopérer avec Isabel Puente, une responsable du FBI qui va lui demander d’infiltrer la mafia mexicaine dirigée par les Ruiz Caballero… Ce sera facile, il est déjà infiltré !

Dans ce roman, l’auteur nous parlera des clandestins, qui, toutes les nuits, tentent la traversée de la frontière, des agents de la frontière qui les brutalisent, de la corruption au Mexique, aux États-Unis, des trafiquants, de la drogue…

Le tout est assez copieux, surtout qu’il y a de nombreux personnages et que le récit est émaillé de mots ou de phrases en espagnol, sans traduction. Alors oui, les insultes, on les comprend assez bien, mais il y a des phrases que je n’ai pas comprises.

Autre inconvénient, si les deux tiers du récit sont intéressants, le dernier tiers est plus ennuyeux, malgré quelques rebondissements supplémentaires, une fois nos narcos arrivés à la Triple Frontière (Paraguay, Brésil et Argentine).

Si les implications de personnes hautes placées dans la corruption fait froid dans le dos, si leur implication dans les mafias locales, police mexicaine comprise, donne des sueurs froides, le bât blesse avec Junior Ruiz Caballero, le chef de cette mafia, qui est un branquignole au nez poudré non stop (il ne sniffe pas du bicarbonate) et sans épaisseur. Il ne sait pas cheffer… On est loin d’Adan Barrera, le narco charismatique de « Cartel » (Don Winslow).

De plus, le final est un peu mou du genou… Si j’avais lu Triple Crossing avant la trilogie de Don Winslow, sans doute aurais-je été subjuguée, hélas, je l’ai lu après… La comparaison ne devrait pas avoir lieu, mais c’est difficile de ne pas faire le parallèle, vu les sujets traités : narcos, corruption, drogues, trafics,…

Malgré tout, Triple Crossing sera parfait pour celles et ceux qui voudraient entrer dans le monde des narcos, sans pour autant bouffer une trilogie ultra violente.

Triple Crossing est un roman assez doux (tout est relatif, bien entendu), sorte de documentaire romancé qui ne voudrait pas être trop violent. À lire pour en savoir plus sur la corruption « mafia, police, politiques ».

PS : par contre, le résumé de roman, chez 10/18, est un peu… bancal !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°203] et Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°49].

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‭Lazarus – T02 – ‬Ascension : Greg Rucka, Michael Lark et Santiago Arcas

Titre : Lazarus – T02 – ‬Ascension

Scénariste : Greg Rucka
Dessinateur : Michael Lark et Santiago Arcas 🇪🇸

Édition : Glénat Comics (2015)
Édition Originale : Lazarus, book 2: Lift (2014)
Traduction : Alex Nikolavitch

Résumé :
Forever démasque une rébellion prenant source dans les rues de Los Angeles. Dans le même temps, les Barret, une famille de Déchets tombée en disgrâce, part pour un voyage de 500 miles pour Denver. Leur but : se faire repérer par les Carlyle et entrer à leur service… (Contient Lazarus (2013) #5-9)

Critique :
La série Lazarus est une dystopie qui fait froid dans le dos. Dans ce monde, il y a quelques familles qui décident de tout, il y a les serfs (qui sont employés par les Familles) et le reste, ce sont les rebus, les déchets…

Mais attention, pour être employé par les familles, vous devez être au-dessus du lot, tant au niveau de vos compétences, que du niveau de votre santé.

Forever Carlyle est le Lazarus de cette famille : une sorte de tueur à gage, l’ange gardien de sa famille, une femme d’action, super entraînée, super transformée, qui résiste aux balles.

En fait, les familles, c’est comme une mafia : on les paie pour louer, occuper des terres, on leur donne un tribut et en échange, la famille doit vous protéger, vous aider…

Oui, ça c’est la théorie, en pratique, après des inondations et une tempête, les Barret qui exploitent une ferme du Montana, n’ont pas vu l’aide arriver et quand elle est enfin arrivée, trop tard, tout était détruit et Carlyle, le big boss, allait réclamer le paiement pour cette aide.

Les pérégrinations de cette famille seront l’autre arc narratif de ce tome, le premier étant l’enquête de Forever, après avoir découvert qu’on volait du matériel et que la famille pouvait être en danger.

Le premier tome m’avait bien accroché, alors j’ai récidivé avec le deuxième. Si dans le premier, on faisait connaissance avec ce monde dystopique aux règles violentes, j’avais trouvé que les personnages étaient trop faiblement esquissé, qu’ils n’avaient pas de profondeurs.

Dans ce deuxième tome, on en apprend un peu plus sur Forever, le Lazarus de la famille Carlyle, propre fille du grand patron.

Les dessins sont très bien faits, réalistes, je les apprécie. Le scénario, qui semblait assez classique au départ (des familles qui se font la guerre, des gens qui tentent de survivre,…), mettra assez vite le lecteur mal à l’aise, vu ce qu’il aborde : l’oppression des classes laborieuses par les classes dirigeantes, la loi du plus fort, la sélection selon les capacités de chacun, un environnement post apocalypse, viols, attaques, corruption, êtres humains mis au rebus,…

Dans cette série, c’est le capitalisme pervers, outil d’asservissement, qui est mis en avant, nous montrant des gens prêts à tout, afin d’avoir un avenir meilleur, pour eux ou pour leurs enfants…

Tout le monde rêve d’une vie moins dure, plus agréable, rien de plus. De déchets, ils veulent arriver au stade de serf, même si c’est pour être esclave, parce qu’au moins, ils mangeront et auront une couverture sociale. Hélas, l’ascenseur social ne fera pas monter tout le monde au niveau suivant…

Bref, une fois de plus, on est dans l’exploitation de l’Homme par l’Homme. Nous ne sommes pas que dans des guerres intestines entre familles, pas que dans les missions accomplies par Forever, mais dans un univers qui éveillent des échos horriblement familiers dans nos têtes.

Assurément, un comics que je suis contente d’avoir découvert et que je compte bien poursuivre, afin de voir si les auteurs vont continuer dans cette lignée ou encore nous surprendre.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°198] et Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°34].

Tijuana Straits : Kem Nunn

Titre : Tijuana Straits 🇲🇽 / 🇺🇸

Auteur : Kem Nunn
Édition : 10/18 Domaine policier (2014)
Édition Originale : Tijuana Straits (2004)
Traduction : Natalie Zimmermann

Résumé :
Tijuana Straits, frontière de la Californie et du Mexique (🇲🇽 / 🇺🇸). Repris de justice, Sam Fahey mène là une vie solitaire et recluse. Cet ex-surfer, en proie à de fréquents accès de panique, est bien décidé à ne plus se mêler des affaires humaines.

Lorsqu’il recueille une jeune femme mexicaine, Magdalena, qu’on a essayé d’assassiner près de chez lui, son existence paisible et solitaire vole en éclats.

Activiste en lutte contre les injustices économiques de la région, où les grands groupes étrangers n’hésitent pas à exploiter les travailleurs mexicains et à polluer sans vergogne l’air et les rivières, Magdalena entraîne Sam à la recherche de ceux qui veulent sa mort.

Dans ce no-man’ s-land qu’est la frontière, patrie désolée de la corruption, de l’immigration clandestine, des trafiquants de drogue, où toute apparence s’avère trompeuse, Sam devra aller au bout de lui-même pour, peut-être, trouver la rédemption.

Critique :
Cela faisait trop longtemps que Tijuana Straits traînait dans mes étagères. Il était plus que temps de le lire. Maintenant que c’est fait, je me demande pourquoi je ne l’ai pas lu plus tôt…

Ce roman, c’est comme une vague pour le surf, on commence doucement, des trucs pas trop durs, mais pas trop gentils non plus, durant tout un temps, on pense que la mer est calme, que le tsunami n’arrivera pas et puis bardaf, ça vous tombe dessus et ça emporte tout.

Tout d’abord, nous ferons connaissance avec Sam Fahey, un ancien surfeur, un type qui avait tout pour réussir dans la vie et qui en faisant les mauvais choix (pour gagner plus de fric, plus vite), s’est trop souvent retrouvé dans la case prison, sans passer par la banque.

Magdalena est une activiste, qui vit au Mexique et qui, après quelques péripéties, va se retrouver du côté américain, à la frontière entre les deux pays, de l’autre côté du mur, des fils, des barrières en fer. Et puis il y a un autre type, un de ceux dont on n’a pas envie de croiser la route…

L’auteur ne nous livre pas un thriller haletant où tout le monde court comme des poulets sans têtes. Il prend le temps de poser son décor (pas paradisiaque) et de présenter ses personnages principaux, remontant le fil du temps afin qu’on puisse mieux les appréhender. C’est aussi une bonne occasion pour nous parler de la misère au Mexique, loin des cartes postales touristiques.

Armando avait un boulot, comme d’autres, mais dans une usine où le comité sécurité et hygiène est aux abonnés absents, de même que les syndicats, les droits des travailleurs et où les femmes enceintes ne sont pas travailleuses protégées. Les gens bossent avec des solvants, des diluants, des colles fortes, sans protection, pour un salaire de misère.

Il y a une grande part écologique aussi, dans ce récit, puisque Magdalena a le rêve un peu fou que les pollueurs soient les payeurs et surtout, qu’ils nettoient leurs merdes, leur pollution et qu’ils soient jugés (et punis) pour tous les torts qu’ils ont commis et dont les principales victimes sont les habitants qui respirent, boivent, vivent dans des pollutions hautement dangereuse.

Le rythme n’est pas trépidant, mais le plaisir de lecture est ailleurs, notamment dans les portraits des personnages, ni tout blancs, ni tout noirs, dans la critique des sociétés mexicaines et américaines, dans le scénario qui ne manque pas de profondeur, dans la partie écologique (sans devenir indigeste), dans les conditions de travail décrites. Bref, tout ce qui fait d’un roman un grand roman noir, sombre, violent, mais pas que ça.

Parce que oui, dans toute cette boue polluée, il y a une lueur d’espoir, celle que l’on appelle la rédemption et que certains cherchent afin de donner un sens à leur vie, afin de réparer les erreurs du passé, afin de ne plus être lâche, afin d’avoir de la dignité, afin de se racheter à leurs propres yeux.

Tijuana Straits est un bon roman noir, avec tous les ingrédients qu’il faut, de qualité, le tout cuisiné à l’ancienne, avec des vrais morceaux de hard-boiled dedans, sans pour autant que l’auteur ait forcé sur les quantités.

Mais pourquoi l’ai-je laissé prendre si longtemps les poussières, moi ???

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°190] et Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°19].

L’homme qui corrompit Hadleyburg : Wander Antunes et Mark Twain

Titre : L’homme qui corrompit Hadleyburg

Scénariste : Wander Antunes 🇧🇷 (d’après Mark Twain)
Dessinateur : Wander Antunes

Édition : La boîte à bulles (17/08/2022)

Résumé :
Hadleyburg, ville dont la réputation est d’être la plus intègre d’Amérique, reçoit un jour la visite d’un homme mystérieux. Ce dernier est venu pour laver l’offense qui lui a, jadis, été faite par ses habitants : trop imbus d’eux-mêmes, ils en avaient oublié les règles de base de l’hospitalité.

Cet étranger a décidé de porter le fer là où cela leur ferait le plus mal : en faisant voler en éclat leur réputation de probité…

Critique :
De Mark Twain, je ne connaissais que Tom Sawyer et Huckleberry Finn, que l’on retrouvera justement dans cette adaptation, alors qu’ils ne s’y trouvent pas dans le roman original.

Hadleyburg est une petite ville qui a une réputation de probité. Oui, mais, jamais personne ne les a soumis à la tentation !

« Il est hasardeux de se prétendre honnête quand on n’a jamais vraiment fait face à la tentation »

Alors un homme, désireux de se venger, va foutre le renard dans les poules. S’il a eu, à un moment donné, le désir de se venger en tuant ceux qui l’avaient offensé, il a trouvé que c’était trop simple, il fallait que les coupables souffrent.

Si je n’ai pas vraiment les dessins, le scénario, lui, m’a plu ! Le plan de l’homme en noir est audacieux, ne demandant que peu de travail, puisque ce seront les habitants de la ville qui feront tout à sa place.

Une fois le ver dans le fruit, le renard dans les poules, il suffit de s’asseoir, de prendre du pop-corn et de regarder l’âme humaine se corrompre, faire des plans sur la comète, parce qu’avec 40.000$ proposé, tout le monde se sent pousser des ailes et s’imagine être l’élu. Y en aura-t-il pour rester honnête et ne pas avoir le tournis ??

Une bédé qui se lit avec délice, le sourire aux lèvres devant ses personnes qui se vantaient de leur probité, de leur honnêteté et qui vont se déchirer devant un sac d’or, le tout sous le regard amusé et cynique d’un balayeur, de Tom Sawyer et d’Huckleberry Finn et sous les yeux du pasteur qui ne sait plus à quel saint se vouer.

Les dialogues sont excellents, surtout lorsqu’on ne voit pas les personnages mais que l’on assiste à l’orage qui a lieu dans le ciel, parfaite illustration de ce qui se passe à l’intérieur, avec les notables.

Une excellente bédé.

Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°18].

La dernière maison avant les bois : Catriona Ward

Titre : La dernière maison avant les bois

Auteur : Catriona Ward
Édition : Sonatine Thriller/Policier (16/02/2023)
Édition Originale : The last house on needless street (2021)
Traduction : Pierre Szczeciner

Résumé :
Dans l’impasse de Needless Street se dresse une maison isolée et solitaire, à l’image de son propriétaire, Ted Bannerman, un étrange personnage. Dee, qui vient d’emménager dans la maison voisine, est persuadée qu’un terrible secret pèse sur les lieux.

Ted aurait-il un lien avec cette disparition d’enfant survenue onze ans plus tôt dans les environs ? Que se passe-t-il vraiment derrière la porte de la dernière maison avant les bois ?

Quelque chose est bien enterré dans la forêt. Mais ce n’est pas ce que vous pensez…

La Dernière Maison avant les bois est en effet l’un des romans les plus inattendus qu’on ait lus depuis longtemps – et certainement celui dont vous aurez le plus envie de parler cette année.

Critique :
Needless Street n’est pas Helm Street, mais ce n’est pas non plus la Rue Sésame…

La dernière maison de cette impasse inutile (traduction littérale) est bizarre : ses fenêtres sont occultées par des panneaux en bois et dedans y vit un étrange bonhomme, Ted Bannerman.

Voilà un roman choral qui ne laisse pas indifférent lors de sa lecture, tant il est bizarre.

Plusieurs narrateurs se succéderont, notamment Ted, le personnage principal, qui fout un peu les jetons, puis on aura aussi Dee, qui racontera le moment de la disparition de sa petite sœur, on aura Lauren, une gamine et ensuite, un narrateur inhabituel, sauf dans les bédés : une petite chatte, celle de Ted.

Je dois vous dire que durant les 100 premières pages, je ne savais absolument pas où ce roman allait m’emmener ! Il était plus que déroutant, notamment avec cette narratrice aux pattes de velours et le personnage de Ted me déroutait totalement, ne sachant pas de quel côté je devais pencher : l’apprécier et le plaindre ou le haïr et le pendre.

La construction du récit est bien faite aussi, on avance, mais dans le brouillard total, au fil de l’intrigue, on comprend que la maison de Ted recèle des trucs pas nets et que son comportement envers celle qu’il nomme sa fille, n’est pas celui d’un père aimant. Franchement, j’étais dans une confusion totale envers ce personnage, ce Ted, qui n’a pas eu une enfance facile. Cul entre deux chaises, j’étais.

L’avantage, dans ce thriller de 400 pages, c’est qu’il ne faut pas attendre le dernier chapitre pour qu’une partie des voiles se déchirent et ne nous fassent entrevoir de l’abject, de l’horreur et mon cœur s’est serré, tout comme mes doigts de pieds dans mes pantoufles. Là, je me suis prise un uppercut dans le ventre qui m’a coupé le souffle.

À ce moment là, j’aurais eu envie que, dans le récit, débarque Zorro, ou le Captain America, l’Agence tous risques… Des sauveurs, quoi ! Oh purée, quel suspense, quelle tension durant plusieurs chapitres ! Ma gorge était serrée, mon cœur battait à la chamade.

Et alors que je souffrais toujours mille douleurs, l’autrice, sadique magnifique, m’a donné un coup de barre de fer dans le bide, une fois de plus. Oh putain, le truc de fou ! J’étais au sol et elle ne s’est pas privée de me frapper, encore une fois, d’un coup de batte de base-ball cloutée, que je n’avais pas vu venir (d’ailleurs, je n’ai rien vu venir, juste eu un soupçon, mais tellement ténu)… C’est fini ou ça va continuer ?

Quel roman, mes amis ! Quelle noirceur ! Quel scénario ! Même par terre, j’ai encore eu droit à des coups dans les tibias. Jusqu’au dernier moment, les coups vont s’enchaîner sur les pauvres lecteurs, qui en redemanderons (moi j’en redemandais).

Si j’avais trouvé qu’il y avait un peu de longueurs après les 100 premières pages, que le récit s’enlisait un peu, une fois la page 200 dépassée, ce ne fut plus qu’un festival de suspense, d’angoisses et de révélations toutes plus percutantes les unes que les autres.

La preuve que c’est percutant, j’ai réussi à lire ces 400 pages en une journée (et une soirée bien avancée).

Un thriller choral, un huis-clos oppressant où toutes les pièces du puzzle se mettent en place à partir d’un moment, nous montrant une fresque inattendue, donnant ce roman totalement fou, sur lequel je ne peux rien dire sous peine de vous gâcher le plaisir. Je peux juste vous dire qu’il n’est pas qu’un simple thriller de plus… Non, c’est bien plus que ça !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°182].

Le présage : Peter Farris

Titre : Le présage

Auteur : Peter Farris
Édition : Gallmeister (02/03/2023)
Édition Originale : The bone omen (2023)
Traduction : Anatole Pons-Reumaux

Résumé :
Cynthia Bivins rend souvent visite à son père Toxey, dans une maison de retraite de Géorgie. Un jour, alors que l’Amérique tombe sous la coupe d’un homme politique violent et sans scrupules, Toxey décide qu’il est temps de partager son secret.

L’histoire se déroule des décennies plus tôt. Tout juste sorti de l’adolescence, Toxey se rêve photographe, et ses clichés se vendent déjà à l’épicerie locale. Un jour, une jeune femme est retrouvée morte dans la réserve naturelle voisine, la Lokutta.

Le corps est méconnaissable. Elle était enceinte, mais aucune trace de l’enfant. L’affaire ne plaît pas du tout à l’héritier de la riche famille Reese, qui possède tous les bois jusqu’à la Lokutta.

Elder Reese a bien des choses à cacher et il joue gros, car il s’est lancé dans la politique et se voit déjà sénateur. Quand Toxey s’aventure dans la réserve pour y prendre des photos, il s’expose à la colère du clan.

Critique :
Toxey Bivins est un jeune garçon qui a terminé le lycée, tout en os, pas bagarreur et passionné par la photographie. Jusque là, tout va bien…

Là où ça se corse, c’est que nous sommes dans le Sud de l’Amérique, dans les années 50 (même si n’est jamais précisé), que Toxey est Afro-américain et qu’il vit, avec toute sa famille dans le quartier le plus pauvre de la ville.

Non, l’écriture de l’auteur n’est pas de celle qui cherche à faire pleurer dans les chaumières.

Pas de pathos dans ce récit noir comme le café, juste des faits, des parcours de vie comme il en existe tant dans l’Amérique fracturée par tout ce qui peut diviser des Hommes (couleurs de peau, position sociale, argent,…).

J’avais le présage que ce Présage allait être une bonne lecture et si je ne suis pas capable de vous tirer les cartes, je peux vous présager un excellent moment de lecture avec ce roman noir sombre, profond, qui alterne les récits au passé et au présent, avec un vieil homme souffrant de la maladie à corps de Lewy, qui perd la mémoire et qui tente de raconter un épisode important de sa jeunesse, à sa fille, Cynthia.

Le titre en anglais parlait de « Bone omen » et comme dans ce roman noir, un personnage porte le nom de Bone, on peut dire qu’il y avait un jeu de mot avec son présage à lui et il avait bien raison, ce Bone, personnage étrange, taxidermiste et associé à un politicien aux dents longues, imbu de sa personne, pété de thunes et qui m’a fait penser à un autre politicien, celui avec un touffe orange sur le crâne (et rien dedans).

Oui, dans ce roman noir, les personnages sont réalistes, mais aussi travaillés, sans pour autant que l’auteur doive en ajouter des tonnes. Ses personnages sont naturels, pas forcés, comme on pourrait en croiser, que ce soit dans les Quarters, le quartier pauvre ou dans l’entourage d’Elder Reese, qui se présente aux élections, sans programme, disant tout et son contraire et ne pensant qu’à attraper les filles par la techa… Son personnage est réussi et fout la trouille.

Dans ce roman noir, il y a du contexte social, des interrogations sur les anciens peuples qui vivaient là avant et qui furent spoliés, sur la nature qui trinque, sur les cerfs malades, sur la corruption dans la politique (et ailleurs), sur le fait que les gens soient fiers d’être incultes, non lecteurs, sur la lobotomisation des masses, sur le racisme, sur la difficulté de trouver du travail.

Il y aussi une grosse réflexion sur le fait que lorsque que certains fous accèdent au pouvoir, ils peuvent transformer le pays en zone de non-droit, laisser les gens faire la loi avec leurs armes, tirer à vue, instaurer des couvre-feux et jouer avec les médias, jouer avec les faits et transformer tout en attaque de sa petite personne, sous les regards énamourés et enfiévrés de ses supporters… Certains passages dans le présent font peur, très peur.

Le Présage est un roman noir qui claque comme un coup de fusil, qui pète à la gueule, qui fait peur, réfléchir, tout en nous entraînant dans une nature sauvage, avec des personnages qu’on n’oubliera pas de sitôt… Un portrait d’une Amérique réaliste, même si on n’a pas envie de voir se réaliser le présage, funeste, d’une Amérique aux portes d’une guerre fratricide…

Bref, c’était une lecture marquante, une lecture qu’il faut ensuite digérer, en se demandant ce que l’on va bien pouvoir lire ensuite… Un autre roman de Peter Ferris, sans aucun doute !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°179].

Blackwater – 06 – Pluie : Michael McDowell

Titre : Blackwater – 06 – Pluie

Auteur : Michael McDowell
Édition : Monsieur Toussaint Louverture (17/06/2022)
Édition Originale : Blackwater, book 6: Rain (1983)
Traduction : Yoko Lacour & Hélène Charrier

Résumé :
Si le clan Caskey accuse le poids des ans, il est loin de s’être assagi : révélations écrasantes, unions insolites et réceptions fastueuses rythment leur vie dans une insouciance bienheureuse.

Mais quelque chose surplombe Perdido, ses habitants et ses rivières. Le temps des prophéties est enfin venu.

Critique :
Et voilà, c’est fini… La saga de la famille Caskey est terminée. Je voulais attendre un peu plus avant d’entamer le dernier tome, mais je n’ai pas su résister longtemps : je voulais savoir ! Tout en ayant peur d’être déçue par le final.

Mettons fin au suspense tout de suite, le final était à la hauteur et il ne pouvait se dérouler autrement. La boucle est bouclée…

Une fois de plus, nous suivons l’évolution de la famille Caskey qui devient encore plus riche que riche, sans que pour autant ils ne développent des choses bien avec leurs fortunes. Malgré tout, certains personnages évoluent.

Sister continue de s’enfoncer dans l’imbécilité, à se transformer en Mary-Love (sa mère acariâtre qui faisait marcher tout le monde à la baguette) et Lilah, la fille de Frances, devient pire que Miriam au même âge, tandis que Miriam, elle, s’est assagie un peu.

Plus d’horreur et de fantastique, dans ce dernier tome et ce qui était dans la rivière, mort, n’était pas sans doute assez mort puisque ces esprits sortiront de l’eau et pas que pour chatouiller les pieds des dormeurs.

Ce sont des passages d’épouvante, mais je n’ai pas compris pourquoi les morts dans la rivière sortaient maintenant pour demander des comptes. Parce qu’ils sentaient qu’Elinor vieillissait et qu’elle perdait de son pouvoir de transformation ? Dans la scène finale, je l’ai compris, mais pas avant… Sauf si c’est pour dire qu’un jour, tout se paie, surtout les crimes.

Anybref, ce n’est pas le plus important ! La saga est finie… L’histoire a commencée en 1919, lors de la crue et nous terminons ce sixième tome en 1969 : les personnages ont pris un coup de vieux, d’autres sont mort, des enfants sont nés, des petits-enfants aussi.

Cette saga, c’est 50 ans d’histoire américaine, même si nous n’aurons que peu d’échos de ce qu’il se passe ailleurs, puisque c’est aussi un huis-clos dans la ville de Perdido, une ville du Sud, en Alabama…

Au moins, chez les Caskey, le personnel Noir est bien traité et bien payé. Mais on sent tout de même, chez les plus anciens, une sorte de déférence envers les maîtres Blancs.

Les Caskey m’ont marqué, notamment dans le fait que les femmes aient toujours eu leur mot à dire, qu’elles soient les plus fortes, que l’homosexualité féminine ne soit pas fustigée et dans le fait que chez eux, on se « vole » les bébés ou les enfants…

Mary-Love avait pris Miriam, le nouveau-né de son fils, Elinor prendra Lilah, sa petite-fille, qui se fera ensuite voler par Miriam, tandis que Quennie empruntera son petit-fils durant 7 ans… Et si Lilah avait voulu des enfants, Miriam (sa tante) lui en aurait pris un, elle le dira elle même. Heu, les gars, c’est pas normal de voler les enfants des autres !

S’il ne pouvait en être autrement du final, ne vous attendez pas à recevoir toutes les réponses à vos questions sur Elinor et sa race. Il restera des questions sans réponses, à nous d’y répondre, ou de laisser planer les mystères. Cela ne m’a pas dérangé.

Cette saga en 6 volumes, en plus d’en jeter dans la biblio grâce à ses magnifiques couvertures, est une saga que j’ai adoré, sans pour autant que ce soit des coups de cœur, mais j’ai aimé les ambiances, les atmosphères, les auras de mystères, l’Histoire de l’Amérique, vue au travers du prisme de cette famille étonnante, où j’ai aimé des personnages plus que tout et détesté d’autres (et aimé les détester).

Une saga qui m’a attrapée et qui ne m’a plus lâchée, même si j’ai espacé dans le temps la lecture des 6 tomes. Une saga qui m’a tenue en haleine avec peu de choses, sans que jamais je ne m’ennuie une seule seconde. Un mystère ! Une belle découverte.

Blackwater – 05 – La Fortune : Michael McDowell

Titre : Blackwater – 05 – La Fortune

Auteur : Michael McDowell
Édition : Monsieur Toussaint Louverture (03/06/2022)
Édition Originale : Blackwater, book 5: The Fortune (1983)
Traduction : Yoko Lacour et Hélène Charrier

Résumé :
Le clan Caskey se développe et se transforme. Certaines branches font face à la mort, d’autres accueillent la vie.

Entre rapprochements inattendus, haines sourdes et séparations inévitables, les relations évoluent. ­Miriam, ­désormais à la tête de la scierie et noyau dur de la famille, continue à faire grandir la richesse.

Suite à une découverte surprenante et miraculeuse – excepté pour une personne –, c’est la ville entière qui va bientôt prospérer. Mais la soudaine fortune suffira-t-elle alors que la nature commence à ­réclamer son dû ?

Critique :
Une fois de plus, j’ai adoré ce cinquième et avant-dernier tome de la saga consacrée au clan Caskey.

La fortune sourit aux audacieux, mais surtout à ceux qui ont un don pour renifler du pétrole (sans avions renifleurs). Elinor en a la capacité et son don va permettre à la famille de devenir encore plus riche qu’ils n’étaient.

Oui, mais, cela à un coût, non ?

Comme d’habitude, on ne peut pas dire que ce récit est trépidant et pourtant, j’y étais accrochée, impossible de le lâcher, j’aurais bien poursuivi mon voyage pour avoir encore du temps de lecture.

Le côté fantastique a toujours été ténu, dans la saga, même si l’on sait, depuis le départ, que Elinor n’est pas comme tout le monde. Dans ce cinquième tome, le fantastique est plus présent, sans pour autant que cela dérange, on s’y est habitué depuis le début, à la créature.

Dans le final, on a à nouveau un gros truc important qui se passe, d’ailleurs, on l’avait senti venir. Un personnage, un des importants, change totalement, se retirant de plus en plus à l’intérieur d’iel-même (no spolier, même sur le sexe), alors qu’un autre dépasse les bornes en décidant de ne plus bouger son cul et de transformer un membre de sa famille en esclave.

Le tome 6, le dernier, m’attend sur la table, j’ai envie de sauter dessus et d’un autre côté, je repousse ce moment, parce qu’ensuite, je devrais dire bye-bye à la famille Caskey et depuis le premier tome, je l’adore.

Surtout que dans cette famille, les femmes ont leur mot à dire et leur rôle à jouer et pas que dans une cuisine !

Un excellent tome qui nous apprend un peu plus sur les créatures, sans pour autant apporter toutes les réponses, Elinor ne les connaissant pas toutes non plus.

Wake up America – Tome 1 – 1940-1960 : John Lewis, Andrew Aydin et Nate Powell

Titre : Wake up America – Tome 1 – 1940-1960

Scénaristes : John Lewis & Andrew Aydin
Dessinateur : Nate Powell

Édition : Rue de Sèvres (08/01/2014)
Édition Originale : Wake Up America
Traduction : Basile Béguerie

Résumé :
Une peinture de la société américaine des années 60, racontée à partir de la vie de John Lewis, démocrate, icône américaine, le seul encore vivant du groupe des Big Six dont faisait partie Martin Luther King.

Ce premier tome retrace le début des sits in et la mise en pratique de la politique de non violence.

Critique :
Cette série, en 3 albums, est l’autobiographie romancée du militant et député noir américain John Lewis.

Le premier volume est consacré à sa jeunesse dans l’Alabama. La ségrégation n’a plus lieu d’être, mais dans les états du Sud, c’est une seconde nature et les Blancs la pratiquent encore et toujours.

Le récit commence avec l’arrivée au pouvoir de Barak Obama et le sénateur John Lewis qui reçoit des jeunes enfants dans son bureau. Il va alors replonger dans ses souvenirs.

Au départ, l’histoire ne manque pas d’humour, avec le jeune John qui, voulant être prédicateur, se livrait à des sermons devant une congrégation des plus improbable : les poulets de la famille.

Cet album retrace une partie des combats livrés par les Afro-américains pour tenter de faire respecter leurs droits, notamment en faisant des sitin dans des cafés où l’on refusait de les servir, en boudant les bus et les commerces.

Les dessins, noir et blanc, sont réalistes et vont droit au but. Il y a une belle maîtrise graphique et j’ai adoré.

Alors non, je n’ai rien appris de neuf sur la lutte des Noirs pour obtenir des droits. J’avais déjà appris bien des choses dans le roman Power de Michaël Mention et dans Harlem Shuffle de Colson Whitehead.

Malgré tout, il n’est jamais mauvais de se les remettre en mémoire, afin de ne pas oublier les saloperies de l’Histoire (enfin, des Hommes, l’Histoire, elle, elle se laisse écrire) et de se dire que rien n’est jamais gagné pour les minorités, quand bien même une minorité est la moitié de l’humanité (les femmes), qu’il faut toujours se battre, être vigilant et que oui, à la fin, on s’épuise…

Si les droits civiques des Afro-Américains ont changé ensuite, eux aussi doivent rester éveillés et sur le qui-vive, car l’Amérique fait des bonds en arrière en matière de droits et de libertés, tout comme chez nous, en Europe.

Un comics riche en émotions, en Histoire, en combats. Un récit qu’il faudrait faire lire aux plus jeunes, qui ne savent pas ou à toutes celles et ceux qui ont la mémoire courte, sélective, qui sont dans le déni, le négationnisme, la ségrégation, la suprématie. Bien que je me demande si un jour ils changeront, ces racistes… Pas sûr, malgré tous les récits du monde.

Un comics dont j’ai hâte de lire la suite.

 

Hunger Games – HS – La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur : Suzanne Collins

Titre : Hunger Games – HS – La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur

Auteur : Suzanne Collins
Édition : Pocket Jeunesse (20/05/2020)
Édition Originale : Hunger Games, book 0: The Ballad of Songbirds and Snakes (2020)
Traduction : Guillaume Fournier

Résumé :
C’est le matin de la Moisson qui doit ouvrir la dixième édition annuelle des Hunger Games. Au Capitole, Coriolanus Snow, dix-huit ans, se prépare à devenir pour la première fois mentor aux Jeux.

L’avenir de la maison Snow, qui a connu des jours meilleurs, est désormais suspendu aux maigres chances de Coriolanus. Il devra faire preuve de charme, d’astuce et d’inventivité pour faire gagner sa candidate.

Mais le sort s’acharne. Honte suprême, on lui a confié le plus misérable des tributs : une fille du district Douze. Leurs destins sont désormais liés. Chaque décision peut les conduire à la réussite ou à l’échec, au triomphe ou à la ruine.

Dans l’arène, ce sera un combat à mort.

Critique :
De la saga Hunger Games, on peut dire que je connaissais quasi rien, si ce n’est les grandes lignes.

Des films, je pense n’avoir pas vu plus de 15 minutes, toutes diffusions confondues.

Qu’est-ce que je suis allée foutre dans cette saga, alors ? La faute à la super chronique de l’ami Yvan (du blog ÉMotions)…

Oui, j’ai mis du temps avant de lire ce roman, qui est en fait un préquel, sorti plusieurs années après la saga éponyme, mais qui se déroule avant (vous suivez toujours ?)…

Puisque je ne savais rien, je suis entrée dans ce récit, vierge de toutes informations, vierge de tous préjugés, puisque je ne connaissais pas les personnages.

C’est en rédigeant ma chronique et en cherchant les infos pour ma fiche que j’ai appris que ce récit se déroulait 60 ans avant l’action des premiers livres. C’est là aussi que j’ai découvert qui était Coriolanus Snow et que son comportement bizarre, envers l’un de ses camarades, a pris tout son sens.

Moi qui m’était demandée, à ce moment-là, pourquoi Coriolanus agissait de la sorte… Là, maintenant que je sais qui il est ensuite, tout s’éclaire !

Être vierge de toute l’histoire était une bonne chose, puisque au départ, je me suis attachée sans peine à ce Coriolanus (et non Coronavirus), jeune garçon de 18 ans, dont le père fut riche, mais qui a tout perdu lors des bombardements du district 13. Il en bave, ne possède que peu de choses, vit avec sa grand-mère (je l’adore) et sa cousine, qui est la reine de la débrouillardise. J’étais sans préjugés envers lui, pas comme celles et ceux qui avaient lu la saga…

Cela a beau être de la littérature pour adolescent, je n’ai jamais eu l’impression que l’autrice sombrait dans la facilité ou le simplisme. Elle n’a pas peur de donner de la profondeur à ces personnages, des ambivalences, des défauts, des qualités et de faire s’interroger certains personnages sur le bien fondé de ces jeux cruels, destinés à rappeler aux districts qu’ils ont commencé la guerre et qu’ils l’ont perdue.

Oui, mais les ados que l’on envoie dans l’arène n’étaient même pas nés quand la guerre à pris fin, ou alors, c’était des bambins, des enfants. Comme si nous obligions des jeunes allemands à se battre jusqu’à la mort dans une arène, pour continuer de les rabaisser et de leur rappeler qu’ils nous ont fait la guerre. Je ne serais pas pour.

Même si la saga ne m’avait jamais intéressée et que je ne savais que peu de choses, j’ai eu très facile de me couler dans cet univers dystopique très glaçant, je dois dire.

Non, ceci n’est pas de la SF, cela pourrait arriver à un pays comme les États-Unis ou à un pays européen. Tout est possible et quand les gens sont prêts à sacrifier un peu de liberté pour un peu plus de sécurité, on se rapproche un peu plus du gouffre.

Si cette lecture n’est pas un coup de coeur (il ne saurait y en avoir à chaque fois), elle reste néanmoins un lecture qui m’a fait réfléchir.

Le récit m’a touché, notamment avec les personnages des districts, obligés de se battre jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un/une et ces habitants du Capitole, même plus capable de penser par eux-mêmes, qui reproduisent des actes barbares, sans penser aux conséquences, qui vivent dans une société dictatoriale, totalitaire et en sont fiers, heureux.

Les grenouilles qui se complaisent dans la marmite d’eau que l’on fait chauffer lentement…