Un chant de Noël – Une histoire de fantômes : José Luis Munuera

Titre : Un chant de Noël – Une histoire de fantômes

Scénariste : José Luis Munuera (d’après le roman de Charles Dickens)
Dessinateur : José Luis Munuera

Édition : Dargaud (10/11/2022)

Résumé :
Londres, 1843.
Tous les habitants, les mieux lotis comme les plus démunis, s’apprêtent à fêter Noël.

Tous, à l’exception de Scrooge. Aux yeux de cette riche commerçante, insensible au malheur des autres comme à l’atmosphère de liesse qui baigne la cité, seuls le travail et l’argent ont de l’importance.

On la dit radine, égoïste et mesquine. Elle préfère considérer qu’elle a l’esprit pratique.

Et tandis que les festivités illuminent la ville et le coeur de ses habitants, Scrooge rumine sa misanthropie…

Une nuit, des esprits viennent lui rendre visite. Ils l’emmènent avec eux, à la rencontre de la jeune fille qu’elle était, quelques années plus tôt, lorsque la cupidité n’avait pas encore rongé son coeur. Mais aussi à la découverte de celle qu’elle aurait pu devenir si elle avait choisi la voie de la bonté…

Critique :
Ebenezer Scrooge est une femme ! Et quelle femme ! Capitaliste, sèche, froide, insensible, mesquine, radine, jolie, bien habillée, cynique, voilà le portrait de son pendant féminin : Elizabeth Scrooge.

Si je ne suis pas fan des récits ou romans ayant pour thème Noël, j’ai toujours adoré les ambiances miséreuses dans le roman de Charles Dickens (Un chant de Noël) ou à sa version animée, avec Picsou dans le rôle de Scrooge.

Là, au moins, nous étions avec les sans-dents, les miséreux, ceux qui n’ont pas d’argent pour fêter Noël, pour manger à leur faim, pour se chauffer… Ceux qui auraient voulu fêter dignement Noël, mais qui n’en avait pas les moyens. Les derniers de cordée, ceux qui n’ont rien trouvé en traversant la route. Comme il en existe toujours…

J’avais donc hâte de découvrir la version féminisée de Munuera. Mes premières impression sont bonnes, notamment avec les dessins, que j’apprécie. Le style de Munuera est reconnaissable, je le connais bien. Quant au personnage d’Elizabeth Scrooge, elle est magnifique de cynisme, d’égoïsme et ses réparties sont cinglantes.

Pour elle, les pauvres sont responsables de leur état, ils devraient faire moins de gosses et travailler. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que la plupart travailler, mais ne gagnent pas assez pour faire vivre leur famille, tel Cratchit, son employé qui a 6 enfants.

Quelle est l’utilité de changer le vieux Scrooge en une jolie jeune femme ? Mais ça change tout, notamment en raison de la place des femmes dans la société anglaise des années 1830/1840. On le comprendra bien en voyant l’enfance d’Elizabeth, lorsqu’elle sera accompagnée de l’esprit des Noël passés.

Pour sortir du chemin tout tracé, elle a dû travailler plus dur, plus fort, avoir ce don avec les chiffres et ne rien laisser passer, alors qu’un homme, lui, aurait eu bien plus facile, juste parce qu’il a un truc qui pendouille entre les jambes.

Les femmes, elles, se devaient d’être des mères, des épouses dévouées, de prendre soin de leur mari, ou de leur père. Une femme soumise, rien de plus. Elle s’est battue et le résultat est cette personnalité aigrie. Elle avait le choix entre être une sainte ou une sorcière.

L’auteur fustige aussi la société anglaise, capitaliste, l’exploitation de l’Homme par l’Homme : quelque uns, super riches, sont responsables d’une multitude d’autres. Le pouvoir est détenu par les riches industriels et ils font la pluie et le beau temps, cherchant à engranger toujours plus de profit.

Scrooge aussi ne cherche qu’à augmenter sa fortune, mais ce n’est ni pour le bien d’autrui, ni pour son bien-être à elle.

La revisite de ce conte de Noël était une riche idée et elle est plus que réussie, parce que notre Elizabeth est bien plus cynique, plus têtue que le Scrooge masculin de Dickens. Elle n’a pas peur de dire qu’elle n’est pas responsable de la mort du petit Tiny Tim et d’accuser le Dieu auquel les gens croient.

Je ne spolierai pas la fin, qui n’est pas celle du roman, on ne change pas une telle personne aussi vite… ou alors juste un peu ?

Que l’on ne s’y trompe pas, dans cette magnifique histoire, il n’y a pas que les graphismes qui soient réussis !

Le scénario de Munuera est très bien trouvé et il a le mérite de nous faire réfléchir sur nous même, qui ne sommes guère différents de cette Elizabeth, qui porte des œillères et qui ne se préoccupe que d’elle-même, comme nous le faisons souvent.

Cet album dépasse le roman original, nous apportant un autre enseignement que celui de Dickens, où son Scrooge devenait un homme bon, en une seule nuit. La version de Munuera est plus réaliste, plus crédible, plus dans l’air du temps et son message n’est pas si misanthrope que cela.

Brillant !

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 80 pages).

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Le dernier paradis : Antonio Garrido

Titre : Le dernier paradis

Auteur : Antonio Garrido
Édition : Grasset (2016) / LP Policier (2017) – 672 pages
Édition Originale : El Último Paraíso (2015)
Traduction : Nelly et Alex Lhermillier

Résumé :
Jack, comme tant d’autres travailleurs, est une victime de la crise des années 30. Renvoyé parce qu’il est juif de l’usine Ford où il travaillait à Détroit, il retourne habiter chez son père, à New York.

L’homme, vieux, colérique, sombre, à l’instar du pays, dans la dépression. Jack, sans travail, sans argent, a bien du mal à s’occuper de ce père devenu alcoolique, et à payer le loyer que le propriétaire, Kowalski, leur réclame chaque semaine de façon toujours plus insistante.

Un soir que Kowalski débarque avec deux hommes de main, un coup de feu part.

Persuadé qu’il va être accusé de meurtre, Jack n’a d’autre choix que de fuir le pays. Il s’embarque alors avec son ami Andrew, un idéaliste et militant communiste de la première heure, pour l’Union soviétique car cette nation nouvelle, paradis des travailleurs, cherche des ouvriers qualifiés pour développer son industrie automobile.

Pourtant, une fois en URSS, les promesses s’évanouissent et les illusions laissent la place au désenchantement. Jack découvre un monde où tout est respect de l’ordre, répression et corruption.

Devenu agent double bien malgré lui, il se laisse entraîner par les événements, mais il va bientôt devoir chercher à comprendre qui tire réellement les ficelles de son destin et choisir son camp, en politique comme en amour.

Critique :
États-Unis, années 30, la crise a frappé de plein fouet tout un tas d’entreprises, des chômeurs font la file pour tenter de trouver un emploi, de la nourriture. Jack, qui bossait chez Ford, a été mis à la porte parce qu’il était Juif. Sympa, monsieur Ford (ironie).

En URSS, on offre des tas d’emplois dans les usines, des logements gratuits, des bons salaires, des congés payés… Chez eux, on prêche l’égalité, le plein-emploi, limite si demain, on ne va pas raser gratis. Le communisme semble si tentant, de loin, avec ses belles paroles.

♫ Caramels, bonbons et chocolats ♪ comme le chantait si bien Dalida à Alain Delon.

Puisque Jack crève la dalle, puisqu’il vient de tirer sur son usurier de propriétaire, puisque plus rien ne le retient dans le pays qui n’est pas encore celui de Donals Trump, il cède aux sirènes prêchées par son ami d’enfance, Andrew Scott, syndicaliste et communiste fervent. L’U.R.S.S est le dernier paradis, là où ils pourront refaire leur vie, avoir du travail, vivre mieux.

Mon cul… Si j’avais pu leur parler, voilà ce que j’aurais dit à Jack. Je lui aurais conseillé de ne pas partir, que l’herbe n’était pas plus verte ailleurs, que là-bas, elle serait même jaune, amère, pire que celle d’Amérique.

Mais pour lui, là-bas, tout est neuf et tout est sauvage. Libre continent sans grillage… Faut du cœur et faut du courage, mais tout est possible à son âge. C’est pour ça que j’irais là-bas, a dit Jack. Merci à JJG pour ses paroles qui allaient bien à ce passage.

Le communisme et son illogisme, il se le prendra en plein dans la gueule. Égalité ? Mon cul (oui, encore lui). Toi, petit ouvrier, tu ne peux avoir accès à la propriété, mais les dignitaires du parti, eux, ne se privent pas d’avoir des propriétés, du fric, de magouiller, de faire trimer les paysans pour s’enrichir encore plus, plus vite.

L’auteur a fait des recherches, cela se sent dans son récit, qui colle au plus près à ces années noires du communisme, à son hypocrisie. C’est très intéressant à lire, à découvrir. On est immergé dans le récit, dans son époque trouble. J’ai toujours eu un faible pour la Russie (le pays, pas ses dirigeants, ni le communisme), j’étais donc dans mon élément, aux pays des Soviets.

Là où cela a coincé, c’est avec certains personnages, à la limite du manichéisme. Jack est le gentil, celui qui magouille sans trop arnaquer les autres, juste pou avoir de quoi s’en sortir, qui les aide, aussi. Il ne manque pas de réalisme, son pote Andrew non plus, lui qui ne voit que le bon côté du communisme et qui en a après tous les sales capitalistes.

L’inconvénient, c’est qu’ils manquent de subtilités, ça fait trop « gentil opposé au méchant ». Manque de finesses dans ces deux personnages, d’épaisseurs, de relief, de charisme. Pour peu, on se retrouverait avec un Tintin « Jack », le gentil qui aide tout le monde, même s’il rechigne un peu au début et qui va tout résoudre après.

De plus, Jack vire un peu trop à l’obsession avec son envie de se faire aimer par Elizabeth, une fille superficielle qui n’aime que les mecs riches. Jack, ouvre les yeux, nom de Dieu ! Un peu, ça va, mais à la fin, il devient lourd, le Jack.

Par contre, l’intrigue est très bien faite. Des sabotages ont lieu dans l’usine de la Zavod, à Gorki et notre Jack ne saura plus trop à quel saint se vouer. Qui joue avec ses couilles ? Qui lui ment ? Qui magouille et pourquoi ?

Dans ce système qui parle d’égalités, des ouvriers américains disparaissent, accusés de contre-révolution, la famine commence, on manque de tout, la répression frappe aveuglément et la corruption est la base de tout. Jack devra exécuter un sacré numéro d’équilibriste pour s’en sortir, tout en menant l’enquête sans savoir qui est dans son camp ou contre lui.

Hormis les quelques points d’achoppement avec les portraits trop manichéens de Jack et d’Andrew, j’ai apprécié le récit, cette plongée dans l’URSS des années 30, avec le moustachu Staline qui commençait déjà ses purges, qui menait tout le monde à la baguette, qui réprimait la population, tout en disant l’aider, tout en disant qu’il avait sorti les paysans de leur misère. Tu parles… Un génocidaire, voilà tout ce qu’il fut, tout ce qu’il était, le Joseph.

Un bon thriller que j’ai dévoré en peu de temps, tant je me sentais bien dans ses pages, bien qu’il ne fasse pas trop bon de traîner au pays des Soviets… Au moins, avec la littérature, on risque moins de se retrouver emprisonné.

Avec des personnages plus travaillés, plus profonds et moins superficiels, on aurait eu un très bon thriller. Là, ce qui sauve les meubles, c’est l’intrigue, le côté politique, le côté agent double qui ne sait plus à qui il peut faire confiance et l’immersion dans une époque terrible. Là, au moins, c’était bien travaillé !

#Challenge Halloween 2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°70] et et Le Challenge Halloween 2022 chez Lou & Hilde (Du 26 septembre au 31 octobre) – Thriller.

Le photographe de Mauthausen : Salva Rubio, Pedro J. Colombo et Landa Aintzane

Titre : Le photographe de Mauthausen

Scénariste : Salva Rubio
Dessinateur : Pedro J. Colombo

Édition : Le Lombard (29/09/2017)

Résumé :
Et si le vol du siècle avait eu lieu… dans un camp de concentration nazi ?

En 1941, Francisco Boix, matricule 5185 du camp de concentration de Mauthausen, échafaude avec ses camarades un plan pour voler des photographies témoignant des crimes commis dans le camp et incriminant les plus hauts dignitaires nazis.

Ce plan risqué n’est que le début de son périple pour révéler la vérité… Une histoire vraie, basée sur des faits réels.

Critique :
Voilà un sujet dont on nous parle peu : les espagnols dans les camps de concentration, notamment dans celui de Mauthausen qui était un camp de catégorie III (Aushwitz était de catégorie I), ce qui veut dire qu’on y envoyait les irrécupérables, ceux qu’il fallait tuer par le travail.

Les prisonniers devaient monter 186 marches avec une pierre de 8 kilos sur le dos, extraite de la carrière.

À Mauthausen, on vous disait que vous étiez entré par une porte mais que vous sortiriez par la cheminée et les nazis se ventaient d’avoir 40 manières différentes de vous assassiner (*). Personne ne devait en sortir vivant.

Les Espagnols fuyant la guerre civile ont trouvé refuge en France, qui les parqua dans ces camps de concentration eux aussi (près de 15.000 morts), comme quoi, les idées barbares d’exportent bien, même au pays des droits de l’Homme.

Puis, les Espagnols se retrouveront aux mains des soldats de la Wehrmacht avant de passer dans celles des SS où ils furent déportés à Mauthausen. Francisco Boix, jeune communiste, fait partie des déportés.

Inspirée d’une histoire vraie, cette bédé raconte la vie de Francisco dans le camp, ainsi que son envie de faire sortir les clichés pris par un haut dignitaire nazi, Paul Ricken (un ancien prof). Ce dernier aimait photographier les morts, les mettant en scène pour en faire de l’art. Mais voler les négatifs, les reproduire, les cacher et les faire sortir ensuite du camp ne sera pas facile.

Francisco voulait dénoncer les atrocités qui eurent lieu dans ce camp, apporter des preuves, montrer à la gueule du monde, notamment au procès de Nuremberg, ce que ces salopards de nazis avaient fait subir à d’autres humains. Hélas, ceux qui ne l’ont pas vécu ne peuvent pas le comprendre…

C’est horriblement réaliste, le dessinateur ayant repris, tels quels, les véritables clichés pris par Paul Ricken, et sorti du camp ensuite. Bien que le scénariste ait romancé quelques faits, le reste est Historique et terriblement dramatique, horrible et inhumain.

Et encore, les auteurs auraient pu aller plus loin dans l’horreur, mais ils n’ont pas choisi cette voie-là. Ce qu’ils nous montrent suffit à nous faire comprendre les conditions effroyables d’une déportation à Mauthausen d’où l’on ne devait pas en sortir autrement qu’en cadavre.

À la fin, il y a un cahier historique, fort complet, qui expliquera plus en détail la destinée des espagnols dans les camps, ainsi que leur difficile retour à la vie civile puisqu’on les considérait comme apatride. Ils ne peuvent rentrer en Espagne, leur cher Parti Communiste les considère comme des traites car ils ont survécu (elle est forte, celle-là).

Une bédé à lire, pour en apprendre plus sur des sujets dont on parle peu : les Espagnols qui se sont battus contre le fascisme dans leur pays et dans le reste de l’Europe, leur emprisonnement dans des camps en France, leur déportation dans les camps ensuite et leur difficile retour à la vie ensuite.

Une bédé qui est faite avec beaucoup d’humanisme, malgré l’horrible sujet qu’elle traite et qu’il faut lire.

(*) Wikiki me signale que « Après la guerre, l’un des survivants, Antoni Gościński rapporta 62 méthodes d’exécution des prisonniers ». Encore pire que je ne le pensais.


 

Maudit sois-tu – Tome 2 – Moreau : Philippe Pelaez et Carlos Puerta

Titre : Maudit sois-tu – Tome 2 – Moreau

Scénariste : Philippe Pelaez
Dessinateur : Carlos Puerta

Édition : Ankama (15/01/2021)

Résumé :
En 1848, l’étrange docteur Moreau invite dans son manoir du Yorkshire quatre hommes et femmes illustres du siècle victorien : Mary Shelley, Charles Darwin, Richard Burton et Emily Brontë.

Son but : leur présenter les résultats de ses extraordinaires expériences. Mais grande est la frustration du docteur lorsqu’il constate que c’est le dégoût et l’horreur qu’il a suscités chez ses hôtes, en particulier chez Mary Shelley, qui semble l’avoir reconnu…

Critique :
Le premier tome, intitulé « Zaroff«  (juin 2020) ne m’avait pas plus emballé que ça, hormis son final, qui me donnait envie de découvrir la suite.

Il avait du rythme, ça pulsait, toutes les révélations se faisaient, les filiations étaient établies et le mobile dévoilé aux victimes.

Ce que je reprochait au premier tome, et qui se renouvelle dans le deuxième, c’est le graphisme !

De loin, les visages ne sont pas vraiment détaillés, les couleurs sont fort sombres, dans des tons gris-vert (sur le port, ensuite, les tons changent).

Bref, entre les dessins et moi, au départ, ce n’était pas une histoire d’amour. Ensuite, les visages ont acquis beaucoup plus de détails et je m’y suis habituée. Au moins, dans celui-ci, les personnages sont parfaitement reconnaissables et certains cases avaient des airs de roman photo tant elles étaient détaillées.

Le docteur Moreau est de retour en Angleterre, déchargeant des grosses caisses et le capitaine du port veut inspecter ce qu’il y a dedans… L’aurait mieux fait de passer son chemin.

Le fantastique est présent dans cette bédé, comme pour le premier tome, mais il s’intègre bien au récit.

Dans le train qui l’emmène chez le docteur Moreau, Mary Shelley croise un certain Charles Darwin. S’ajouteront aux invités du docteur Moreau : Emily Brontë et Richard Francis Burton, sans oublier le fameux comte Zaroff.

Les ambiances sont très gothiques, sombres, lugubres. Les alentours du manoir foutent la trouille, la nuit, surtout qu’il y a des ombres qui rôde.

Fatalement, lorsque le docteur Moreau présentera les horribles chipotages qu’il a fait sur des animaux, les transformant en humains, ce ne sera pas au goût des invités. Même si les créations de Moreau lui font dire que l’évolution n’est pas d’essence divine… C’est l’horreur qui se reflète dans les yeux des invités qui ne cautionne pas du tout ces aberrations.

Le final fait monter l’adrénaline, l’action est présente et lorsqu’on a derrière sois un malade de la chasse et un savant fou, la seule à faire, c’est de courir de façon intelligente.

Un deuxième tome qui éclaire le premier (que je devrais relire), puisqu’il se déroule dans les années 1850 et qu’il éclaire le destin des descendants qui nous avions croisé dans le premier tome (et qui nous étaient contemporains).

Maintenant, on comprend pourquoi l’un des protagoniste voulait se venger des descendants qui avaient causé la perte de son aïeul.

Ok, je rempile pour le troisième et dernier tome afin de découvrir la fin de cette histoire, qui sera en fait le début, puisque tout se déroule à rebours.

C’était une bonne idée de commencer par la période contemporaine avant de revenir en arrière afin d’expliquer le pourquoi du comment. Cela le scénario plus complexe, il faudra relire tout ensuite, mais au moins, cela change des narrations linéaires et garde intact une partie des mystères.

#MoisAnglais2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°247] Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 64 pages) et Le Mois Anglais – Juin 2022 (Chez Titine et My Lou Book).

Le choix du Roi – T02 – Manipulation de boudoir : Jean-Claude Bartoll et Aurélien Morinière

Titre : Le choix du Roi – T02 – Manipulation de boudoir

Scénariste : Jean-Claude Bartoll
Dessinateur : Aurélien Morinière

Édition : Glénat Grafica (06/02/2019)

Résumé :
La suite de ce thriller d’espionnage qui dévoile les coulisses de l’histoire d’Edouard, le fils de George V d’Angleterre, grâce au personnage de Nadège, une domestique au service de Wallis Simpson, l’épouse du prince pour l’amour de laquelle il renonçât au trône.

1936. Édouard, prince de Galles, devient roi d’Angleterre. 8 mois plus tard, il abdique pour épouser sa maîtresse, Wallis Simpson, laissant derrière lui le règne le plus court et le plus controversé de l’histoire du trône d’Angleterre.

Que cache cette abdication soudaine ? À travers les yeux de la jeune Nadège, domestique au service de Wallis Simpson, Jean-Claude Bartoll et Aurélien Morinière nous plongent dans les coulisses du pouvoir, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale.

Un thriller d’espionnage, historique et politique, qui nous fait découvrir un pan méconnu de l’histoire et révèle l’intimité du roi Édouard VIII, oncle de l’actuelle reine d’Angleterre.

Critique :
Tout le monde a encore en tête la belle histoire d’amûûûr entre Édourad VIII, abdiquant par amour pour Wallis Simpson, que les télés et le magazine « Point de Vue Images du Monde » nous avaient vendu, faisant presque pleurer de joie dans les chaumières, faisant rêver la ménagère de moins (et de plus) de 50 ans.

Toutes les femmes se demandant si leur futurs époux auraient été capable d’abdiquer par amour pour elles… Et se disant sans doute que non, en voyant leur Jules devant un match de foot qu’il n’aurait raté pour rien au monde, même pas les beaux yeux de leur amoureuse.

Ben on a rêvé pour rien, mesdames ! Cette guimauve était de la merde en boîte que l’on nous a vendu et nous l’avons gobée.

Ni la Wallis, ni l’Édouard ne sortiront grandis de cette adaptation bédé d’une partie de leur vie et notamment de leurs choix discutables, en 1936, lorsque l’Allemagne remilitarisé la Rhénanie.

Non, je ne jugerai pas, l’Histoire et nos descendants se chargeront de nous juger, nous… Nous sommes restés silencieux bien des fois aussi (je parle de nos gouvernements).

Ici, le roi d’Angleterre, Édouard VIII, a demandé aux Français de ne pas bouger lorsque Hitler a remilitarisé la Rhénanie. Et le moustachu aimerait que la Wallis continue de leur fournir des renseignements, vu qu’elle est dans les petits papiers du roi, qui se comporte comme un enfant, face à elle. Glauque, comme relation.

Glauque, comme relation. Le roi se comporte comme un gamin, il est sous l’emprise de Wallis qui en fait ce qu’elle veut, comme s’il était sa marionnette. Ce qu’il est, d’ailleurs. Et il boit, il boit, pire qu’un vieux moteur, à tel point que Churchill fait sobre, à ses côtés.

Dans la bédé, la Wallis Simpson est la maîtresse de Joaquim von Ribbentrop (le roi ne passe plus les portes), qui est un proche du moustachu allemand et le roi est entouré de types qui adhèrent aux idées du national-socialisme. Hormis Churchill… que personne n’écoute.

Le graphisme est toujours bien fait, dans un style très réaliste et les couleurs sont dans des tons gris, pour les cases se déroulant en extérieur et dans des tons plus chauds pour certaines scènes se déroulant à l’intérieur. Sinon, c’est la pluie qui tombe…

Intéressant, cette adaptation bédé d’une partie de la vie et du court règne d’Édouard VIII ! Édifiant, même.

Nous avons beau connaître la fin de l’histoire (il quitte le trône pour l’épouser), avec cet éclairage, l’abdication prend un autre sens et on est heureux qu’elle ait eu lieu. Oublions la guimauve qu’on nous a servi durant des années, nous en sommes loin.

Un diptyque que je suis contente d’avoir découverte !

#MoisAnglais2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°222], Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 64 pages) et Le Mois Anglais – Juin 2022 (Chez Titine et My Lou Book).

Le Méridien des brumes – T02 – Saba : Antonio Parras et Erik Juszezak

Titre : Le Méridien des brumes – T02 – Saba

Scénariste : Erik Juszezak
Dessinateur : Antonio Parras

Édition : Dargaud (2007)

Résumé :
Avec la mort de l’équarrisseur, le serial killer qui sévissait depuis des mois, Londres croyait à nouveau pouvoir vivre en paix. Malheureusement, tous ces meurtres ne devaient rien à la folie mais plutôt à une terrible machination dont l’effrayant assassin n’était que l’instrument.

John Coleridge, le grand chasseur blanc, Harriet Butten, l’aliéniste et Idriss, le guide indigène vont remonter la piste qui les mènera jusqu’au trésor de la reine de Sabbat.

Critique :
Le second et dernier tome commence avec une planche en Afrique, face au massacre de tous les habitants d’un petit village et nous retrouvons Idriss, le copain de notre John Coleridge.

Le tome 1 s’était terminé sur la mise hors d’état de nuire de l’équarrisseur. Je me doutais que ce n’était pas fini puisque ma lecture m’avait appris un truc que je ne dirai pas ici (sauf si on me paie, bien entendu, alors je dirai tout).

Les dessins, je les ai trouvé moins bons que dans le premier tome. Ici, certains visages semblaient difformes et leur teint était des plus horribles (chez un médecin, on ne vous laisse plus sortir, si vous vous présentez avec une aussi vilaine teinte de peau, limite momie).

Le côté steampunk est toujours bien présent, sans que cela ne choque, puisque il s’intègre bien dans ce Londres Victorien.

Puisque l’époque s’y prête, à partir du moment où le collègue de John Coleridge, Idriss, africain de son état, va arriver à Londres, le racisme et les préjugés vont être de sortie.

Quand on ne demande pas à John si son domestique comprend notre langue, c’est un aubergiste qui dit que la clientèle à peur de leur cannibale, qu’il en a vu à une exposition, mais que ces derniers étaient en cage… Ne hurlez pas, il n’y a pas si longtemps de ça, en France, en 1994, il y avait encore un zoo humain.

Au moins, Idriss pour utiliser les préjugés des gens pour arriver à ses fins, ce qui est intelligent.

Il restait plusieurs mystères à éclaircir dans cet album et notre aliéniste, miss Harriet Butten, va nous les résumer : comment l’équarrisseur a-t-il pu établir un lien entre John et Mary (une victime, ancienne fiancée de John) ; qu’est-ce que cette pauvre fille a pu raconter sous la torture pour que le tueur modifie ses exigences et pourquoi provoquer un duel avec John au travers de la personne qu’était l’équarrisseur ??

Et j’oubliais : pourquoi l’époux de Mary a-t-il caché que son épouse avait été torturée d’une aussi horrible manière ?

L’album possède quelques belles réparties, un peu en décalage, notamment lorsque John parle à Miss Harriet et que Mr Drury, le conseiller de la reine, une sorte de punk, se fait agresser et se défait des types assez facilement, sans que les deux autres ne s’en aperçoivent.

Par contre, ce tome m’a semblé un peu foutraque, avec trop d’événements qui se passaient et le tout m’a semblé brouillon, suite à ce trop plein d’informations.

À la moitié du récit, on a une sacré révélation qui nous est faite (que je n’avais pas vu venir) et ensuite, on nous parle d’un gigantesque trésor en Afrique et là, on comprend pourquoi on a tenté de faire revenir Coleridge du continent africain.

Si le premier tome laissait présager du bon, le second ne confirmera pas cette impression, que du contraire, il donnera l’impression de se vautrer par terre tant le scénario est parti dans tous les sens.

Au moins, une fois lu le second tome, on comprend les assassinats qui se sont passés en Angleterre, en Afrique, pourquoi on tuait les vieux sages des tribus, mémoires orales de l’Histoire et pourquoi il fallait que Coleridge revienne en Angleterre.

Un second tome bien en deçà du premier.

#MoisAnglais2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°219], Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 46 pages) et Le Mois Anglais – Juin 2022 (Chez Titine et My Lou Book).

Le choix du Roi – T01 – Première trahison : Jean-Claude Bartoll et Aurélien Morinière

Titre : Le choix du Roi – T01 – Première trahison

Scénariste : Jean-Claude Bartoll 🇪🇸
Dessinateur : Aurélien Morinière

Édition : Glénat (2017)

Résumé :
Janvier 1936. Alors que Georges V vient de mourir, son fils Édouard, prince de Galles, s’apprête à devenir le prochain roi d’Angleterre.

Le premier réflexe, inattendu, du futur souverain est d’appeler sa maîtresse : Wallis Simpson, une nord-américaine à la réputation sulfureuse qui ne cache pas sa sympathie pour le régime nazi en Allemagne…

Après seulement 8 mois, Édouard abdiquera pour épouser Wallis, laissant derrière lui le règne le plus court et le plus controversé de l’histoire du trône d’Angleterre.

Wallis Simpson était-elle une espionne à la solde des Allemands ? Édouard VIII a-t-il trahi des secrets d’état ? Que cache cette abdication soudaine ?

À travers les yeux de la jeune Nadège, domestique au service de Wallis Simpson, Jean-Claude Bartoll et Aurélien Morinière nous plongent dans les coulisses du pouvoir, à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale.

Un thriller d’espionnage, historique et politique, qui nous fait découvrir un pan méconnu de l’histoire et révèle l’intimité du roi Édouard VIII, oncle de l’actuelle reine d’Angleterre.

Critique :
Édouard VIII qui abdiqua pour épouser la femme qu’il aime, Wallis Simpson…

Bon sang, lorsque j’étais gamine, je trouvais ça tellement beau. Magnifique !

Une bêêêlle histoire d’amoûûûr, en quelques sorte. Allez, laissons couler une larmiche d’émotion.

Il faut dire que, comme pour JFK, les émissions de télés des années 80 avaient l’art et la manière de nous présenter la chose sous le côté glamour, sans jamais parler des squelettes dans les placards ou des casseroles au cul.

Ben non, fallait faire rêver les ménagères de moins de 50 ans (et celle de plus de 50 ans) dans le magazine Point de Vue, ainsi que les petites filles rêveuses devant l’écran bombé de la téloche (durant ma jeunesse, pas d’écran plat !). Vite, des sels pour réanimer les plus jeunes !

Les temps changent, on sort les poubelles, on fouille dedans, on creuse pour chercher les cadavres enterrés sous les tapis et une fois que la merde est de sortie, fini les présentations sous les plus beaux atours : on nous balance l’horrible vérité et terminé les rêves d’amûûûr pur et dur.

Ayant envie d’en savoir un peu plus sur ce couple détonnant, et à mon rythme (dans les émissions de télés, ça va trop vite), j’ai attaqué ce diptyque. Bien sûr, nous ne savons pas tout sur cette affaire, on ne nous a pas tout dit, on ne nous dit pas tout, donc, la bédé pouvait prendre certaines libertés avec le récit.

Premières impressions ? Les dessins ne sont pas géniaux, les traits sont épais, les regards un peu bizarre. Les couleurs, dans des tons sombres, vont bien avec les ambiances de cet album.

Les squelettes sont sortis des placards et tout ce que je pourrai vous dire, sans rien divulgâcher, c’est qu’il y a beaucoup de casseroles dans la famille de Saxe-Cobourg-Gotha (la reine Victoria avait épousée Albert et portait donc son nom).

Août 1945… Deux espions anglais interrogent un officier SS, qui n’est rien de moins qu’un petit-fils de la reine Victoria : Charles-Édouard qui avait un duché en Bavière.

Flash-back sur la vie d’Édouard, le Prince de Galles… 10 ans auparavant, lorsque son père décède et qu’il peut accéder au trône.

Édouard VIII était germanophile. Non, non, ce n’est pas une pratique sexuelle douteuse, mais dans les années 30, on peut dire que c’est une maladie grave.

Une chose ressort de ce premier tome : la personnalité d’Édouard n’est pas jolie jolie. On dirait plus un gamin capricieux qui fait la gueule parce qu’il n’a pas eu son camion de pognon au décès de son père, alors qu’il a des revenus de ses différents duchés, plus tous les domaines…

Purée, on pourrait vivre plus que décemment avec le simple revenu du duché de Cornouailles, même à l’heure actuelle. Le nouveau roi est capricieux, ne pense qu’à sa Wallis, bref, il semble plus guidé par son zob que par son cerveau.

Le portrait de Wallis n’est guère flatteur non plus : caractère exécrable, odieuse, sans éducation et, en plus de cocufier son mari, monsieur Simpson, à l’insu de son plein gré (avec son consentement, donc), elle ne se prive pas de faire pousser les cornes à son Édouard en s’envoyant en l’air avec Joachim Von Ribbentrop, un bon à rien, heu, un bon aryen (un S.A, l’ambassadeur d’Allemagne au Royaume-Uni).

Oufti, on est loin du glamour que l’on nous lançait à la gueule, dans les années 80. Très très loin ! Un type pareil à la tête du pays et vous me verrez crier vive la république !

Ça manipule sec, dans les boudoirs et les nursery, quand les lumières s’éteignent… La Wallis devient une agent du renseignements allemand et le Édouard se fait entuber purement et simplement, sans avoir le moindre soupçon à l’égard de celle qu’il culbute.

Nadège de Pontlevoy, la dame de compagnie de Wallis va devenir, quant à elle, agent de renseignement pour la couronne.

C’est instructif, cette bédé, mais je ne sais pas si tout ce que j’y ai lu et vu, était la vérité vraie, ou romancée, imaginée… Il y a sans doute eu des libertés prises avec l’Histoire.

Pour certains faits, il y a des certitudes, mais pour d’autres… Je ne le sais pas. Il ne faudra donc pas pour argent comptant tout ce qui est raconté dans ce premier tome.

Adios le glamour de ce couple mythique, de ce roi qui abdiqua par amour (mon cul, oui!) pour sa belle divorcée (dont son mari, Simpson, était juif, ce qu’elle n’hésitera pas à confirmer à l’ambassadeur Joachim, celui qui joue à la bête à deux dos avec elle).

Instructif, cette bédé et je m’en vais lire la suite, afin de me coucher moins bête.

#MoisAnglais2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°216], Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 46 pages), Le Mois Espagnol (et Sud-Américain) chez Sharon – Mai 2022 (Fiche N°40) et Le Mois Anglais – Juin 2022.

Le Méridien des brumes – T01 – Aubes pourpres : Antonio Parras et Erik Juszezak

Titre : Le Méridien des brumes – T01 – Aubes pourpres

Scénariste : Erik Juszezak 🇨🇲
Dessinateur : Antonio Parras 🇪🇸

Édition : Dargaud (2003)

Résumé :
Fin du XIXe, Londres, un tueur sanguinaire terrorise la ville. Afrique Noire, même époque, un chasseur anglais devient un héros en sauvant un photographe, et se voit proposer de traquer le meurtrier.

Sur ce canevas classique, Juszezak, pour son premier scénario, tisse sa toile et multiplie les fausses pistes.

Antonio Parras, quant à lui, démontre une fois de plus son immense génie dans un diptyque qui s’annonce somptueux. Tout commence à Londres, un homme est retrouvé égorgé de façon sordide sur les docks.

La Police est sur les dents. Qui est ce serial-killer qui les nargue, signe “L’Équarrisseur” et demande une énorme rançon à la ville ?

Critique :
Londres, mais un Londres qui n’existe pas, puisqu’il est uchronique et steampunk. Malgré tout, les codes sont bien là, pas de doute, nous sommes à Londres. Et nous avons déjà un type pendu par tous les membres de son corps (assassiné sans aucun doute).

L’Équarrisseur a encore frappé. Il demande une rançon pour s’arrêter. Dans le but de le traquer, on fait appel à un chasseur anglais, expatrié en Afrique.

Les dessins d’Antonio Parras ont un petit air de famille avec ceux de Jean Giraud, pour peu, je me serais crue dans une sorte de planche de Blueberry ! Même si certains personnages ont des sales gueules…

Et le steampunk, dans tout cela ? Je vais le signaler pour les allergiques au genre ou pour les débutant(e)s qui auraient peur que ce genre ne leur saute à la figure, sans prévenir. Normal, on parle de machines à vapeur et d’un monde où ce n’est pas la fée électricité qui fait la loi.

Pas de stress, hormis quelques machines (comme dans des grandes cases montrant la ville de Londres), un superbe dirigeable, des fiacres à vapeur, bref, rien de rébarbatif pour un/une novice/allergique en la matière. Le genre permet de s’exonérer d’une partie de ce qui était l’époque victorienne, sans faire d’anachronisme.

John Cole, le chasseur, est aussi un bon enquêteur, à la Sherlock Holmes, faisant des déductions, d’après une chaussure (et son pied dedans), montant des pièges.

Cette bédé ne va pas révolutionner le genre, mais elle possède quelques mystères non encore résolus après ce premier tome, des fausses-pistes, du suspense, de l’action et un duo qui marche bien entre John Cole et la jolie aliéniste, miss Harriet Butten, puisqu’ils enquêtent à deux et que la dame n’est pas une imbécile.

Cette bédé n’est pas une mauvaise découverte et j’ai hâte d’aller lire la suite afin de comprendre les tenants et aboutissants de tous ces meurtres.

#MoisAnglais2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°215] Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 46 pages), et Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres chez Bidb » (Cameroun), Le Mois Espagnol (et Sud-Américain) chez Sharon – Mai 2022 (Fiche N°39) et Le Mois Anglais – Juin 2022 (Chez Titine et My Lou Book).

À l’ombre du convoi – Tome 2 – L’espoir d’un lendemain : Kid Toussaint et José-Maria Beroy

Titre : À l’ombre du convoi – Tome 2 – L’espoir d’un lendemain

Scénariste : Kid Toussaint
Dessinateur : José-Maria Beroy

Édition : Casterman – Univers d’auteurs (2013)

Résumé :
Destins croisés d’un membre de la Schutzpolizei, de la résistance belge et d’une déportée juive allemande qui se retrouvent tous les trois au même endroit la nuit du 12 au 13 novembre 1943 : une voie ferrée entre Malines et Louvain sur laquelle se trouve un convoi de déportés bientôt attaqué par trois jeunes audacieux.

Critique :
Dans ce dernier album, on va en apprendre un peu plus sur Théo, celui qui avait séduit Olya dans le premier tome.

Il ne m’avait pas laissé une bonne impression, en apprendre un peu plus sur sa jeunesse et sur la participation de son père à la Première Guerre Mondiale allait peut-être éclairer un peu plus ce personnage.

Effectivement, dans cet album, on comprend que tous les personnages ont leur destin lié, que ce soit dans les années 30 et 40, ou bien durant la Première Guerre Mondiale. Tout se tient, tout est relié.

Le scénariste continuera aussi de nous donner un cours accéléré sur ce qui précéda la Seconde Guerre Mondiale, notamment avec la guerre civile en Espagne, le bombardement de Guernica par des avions allemands (Hitler voulait tester ses nouvelles armes), ainsi que sur ce que fit le moustachu après son accession au trône, dont la Shoah par balle et ensuite, les camps…

Une fois de plus, c’est un bref résumé, juste les grandes lignes et, pour plagier le slogan d’un grand hebdomadaire français : « le poids des mots et le chocs des dessins ». Comme quoi, avec peu de mots et quelques dessins, on peut faire passer plus qu’avec de grands discours.

Cet album prend aux tripes aussi. On a beau ne donner que les grandes lignes, elles font mal au coeur, elles sont meurtrières, assassines, génocidaires, ces putains de grandes lignes… Hélas, elles ne toucheront jamais le coeur ou le cerveau de ceux qui pratiquent le négationnisme.

Lorsque je lis une bande dessinée, j’apprécie toujours de voir comment était Bruxelles dans le temps, mais ici, voir la Grand Place envahie de casques allemands et leurs drapeaux au mur de l’hôtel de ville, ça la fout mal. Bravo à Jean de Selys Longchamps qui mitrailla, avenue Louise, l’immeuble de la Gestapo (c’était l’oncle paternel de Sybille, la maman de Delphine – les Belges comprendront).

Je suis contente d’avoir découvert (tardivement), ce diptyque consacré à la Seconde Guerre Mondiale et aux déportations. Il y a toujours à apprendre, afin de ne pas refaire les mêmes horreurs (l’Homme apprend-t-il vraiment de ses erreurs ? J’ai un gros doute). Le personnage de Théo est vu sous un autre éclairage et je suis contente que les auteurs aient répondu aux questions muettes que je me posais.

C’est le coeur en vrac que je termine ce dernier album qui était d’une grande intensité et qui a bouclé la boucle de manière fort tragique.

Ce diptyque va directement dans mes coups de coeur.

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 48 pages) et Le Mois Espagnol (et Sud-Américain) chez Sharon – Mai 2022 (Fiche N°32).

À l’ombre du convoi – Tome 1 – Le poids du passé : Kid Toussaint et José-Maria Beroy

Titre : À l’ombre du convoi – Tome 1 – Le poids du passé

Scénariste : Kid Toussaint
Dessinateur : José-Maria Beroy 🇪🇸

Édition : Casterman – Univers d’auteurs (2012)

Résumé :
Belgique, nuit du 12 au 13 novembre 1943, quelque part entre Malines et Louvain. Un convoi de wagons plombés s’est immobilisé sur la voie ferrée. Il vient de quitter Bruxelles, direction Auschwitz.

À son bord, parmi des milliers d’autres, une jeune femme, Olya Van Horn, juive allemande jusqu’alors réfugiée en Belgique.

Elle se remémore la longue suite d’événements tragiques qui, depuis sa ville natale d’Hambourg, dix ans auparavant, l’a finalement conduite dans ce sinistre convoi…

Critique :
Bien des gens pensent encore que les bédés, ce ne sont que des petits Mickeys, du divertissement pour les enfants, mais en aucun cas des lectures pour adultes.

Si vous saviez le nombre de gens qui m’ont seriné cela, durant ma vie d’adulte (dans ma vie réelle, pas sur le Net)…

Heureusement, certains comprennent un jour que non, les bédés ne sont pas que des trucs avec des dessins pour divertir, mais qu’elles peuvent aussi instruire, parler de choses on ne peut plus sérieuses, comme l’Histoire et quelques unes de ses pages les plus sombres.

Ce premier tome du diptyque est horriblement sombre, non pas à cause de sa palette de couleurs (bien qu’aucune ne soit joyeuse), mais en raison du comportement inhumain de l’Homme.

L’histoire commence dans un train, un convoi de prisonniers, coincé entre Malines et Louvain (Leuven, pour parler correctement).

Ce train, muni de barbelés aux ouvertures d’aération, vient de quitter Bruxelles et sa direction est Auschwitz. Le genre de voyage que personne ne voudrait faire. Hélas, la plupart des occupants ne savent pas ce qu’il va se passer. Le lecteur oui et le cœur se serre.

Ensuite, délaissant le train sur ses rails, le scénariste va faire quelques bons en arrière, remontant le fil du temps, donnant à ses lecteurs les quelques grandes lignes de ce qui eut lieu après 1933, revenant un bref instant sur la Première Guerre Mondiale où bien des Allemands Juifs tombèrent pour la patrie et pour rien puisque ensuite, on effaça leur nom des monuments, on leur retira leurs droits de citoyens allemands, on les brima, on brisa leurs commerces, leurs familles, leurs vies…

L’antisémitisme monte chaque jour dans la population allemande, la répression devient de plus en plus terrible et la population allemande (non juive) a le droit de tout faire aux Juifs, rien n’est sanctionné.

L’État, lui, ne se privera pas de confisquer tous les biens, ainsi que l’argent, aux Juifs qu’il déporte. Comme l’Espagne l’avait déjà fait du temps de Torquemada, s’appauvrissant de la sorte, puisqu’elle envoyait ailleurs des travailleurs, des commerçants, des gens prospères qui enrichissait le trésor de la royauté.

La population change très vite de comportement et ne se prive pas de participer aux pogroms, de vandaliser les établissements juifs, leurs maisons… L’effet de meute est présent et même un modéré comme Wilhem, l’ami d’Olya, frappera son père, à terre.

Les dessins des visages sont fort expressifs. Le scénario prend déjà aux tripes, les dessins achèvent de nous les serrer.

Plusieurs personnages vont se croiser, dans ce premier tome, qu’ils soient juifs allemands, soldats ou sale type habillé de noir avec tête de mort sur le képi, ou gamin dans les jeunesses de qui vous savez.

Les destins se recoupent, se rejoignent, s’entremêlent et on se doute que dans le second album, nous connaîtrons le rôle que chacun jouera dans cette abjection génocidaire.

Un premier album qui m’a mise à terre. Et pourtant, je sais ce qu’il s’est passé, j’ai lu beaucoup, j’ai eu souvent mal au bide et malgré tout, ça me fait toujours le même effet : peine, tristesse, incompréhension.

Je respire un grand coup et je vais de suite lire le second…

Chronique du tome 2 publiée à 14h.

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 48 pages) et Le Mois Espagnol (et Sud-Américain) chez Sharon – Mai 2022 (Fiche N°31).