Frère Athelstan – 09 – L’auberge du Paradis : Paul C. Doherty

Titre : Frère Athelstan – 09 – L’auberge du Paradis

Auteur : Paul C. Doherty
Édition : 10/18 – Grands détectives (2006)
Édition Originale : The Field Of Blood (1999)
Traduction : Christiane Poussier et Nelly Markovic

Résumé :
À l’automne 1380, frère Athelstan espérait enfin pouvoir se consacrer à ses turbulents paroissiens de Southwark, mais sa fonction de secrétaire du coroner de Londres, sir John Cranston, l’oblige bien malgré lui à se plonger dans une nouvelle et ténébreuse affaire.

Trois corps dont celui d’un messager royal sont découverts dans une bâtisse en ruine. Le même jour, une jeune prostituée accuse son ancienne patronne, dame Kathryn Vestler, d’avoir commis plusieurs assassinats.

Avec sa virtuosité coutumière, Paul Harding nous entraîne, au cœur d’un Londres flamboyant et inquiétant, sur les pas de ses deux héros dans une aventure où les cadavres foisonnent, l’amour fait des siennes et un trésor suscite toutes les convoitises…

Critique :
Malgré la crasse et l’insalubrité des ruelles, des auberges, des tavernes, c’est toujours avec plaisir que je trouve frère Athelstan et le coroner Sir John Cranston, pour enquêter sur des meurtres mystérieux ou des petites énigmes qui semblent banales, au départ, mais qui se révèlent souvent plus profondes qu’il n’y paraissait.

Comme d’habitude, dans ce neuvième tome, nous nous trouvons face à trois affaires à résoudre : trois corps retrouvés dans une maison en ruine, plusieurs corps retrouvés enterrés dans un champ et deux jeunes amoureux qui ne peuvent se marier en raison de la parenté de leurs aïeules.

Pour une fois, la plus petite des énigmes ne cachait pas de profondeur insoupçonnée, elle était simple, sans être simpliste et il faudra aussi un coup de pouce du destin pour aider Athelstan dans cette tâche difficile puisque son prédécesseur a liquidé les registres paroissiaux.

Les deux plus grosses enquêtes, avec les meurtres, seront moins faciles à résoudre. Pourtant, Athelstan doit le faire, sinon, une femme sera pendue et pour l’autre, sa paroisse devra payer une amende faramineuse, puisque l’un des assassinés est un messager royal (selon la loi de l’époque, le village où l’on découvre le corps est frappé d’une lourde amende, à moins qu’on n’arrête le meurtrier). Inique, comme loi.

— Vous connaissez la loi, reprit-il. À moins que cette paroisse ne livre le meurtrier, tout le monde ici paiera une amende sur la moitié de ses biens. Les juges du roi, ajouta-t-il après avoir, d’un geste, apaisé la clameur grandissante, siègent au Guildhall. Je suis sûr qu’un édit sera émis. La taxe serait fort lourde.

Athelstan n’a pas beaucoup d’éléments pour résoudre toutes ces enquêtes, mais il est rempli de sagacité et bien souvent, un détail, viendra l’éclairer. Parfois, c’est le hasard qui lui fait voir ce détail, qui le met sur la piste. Malgré tout, il possède de petites cellules grises qui fonctionnent très bien.

Son duo improbable avec le ventripotent et soiffard coroner marche du tonnerre, parce qu’ils ont beau être diamétralement opposé de caractère et de méthode de vie, tous les deux cherchent à rendre justice, à emprisonner les coupables et laisser les innocents hors des prisons.

Non, on ne révolutionne pas le polar, les véritables coupables ne sont pas vraiment une surprise, je les avais repéré de suite et soupçonné, mais le tout était de prouver qu’ils étaient coupables et là, c’est moins facile. Heureusement que Athelstan a la ruse du serpent…

Un polar historique qui se lit tranquillement, sans se prendre la tête, mais qui fait du bien au moral, car, une fois de plus, je retrouve des vieux copains et on a éclusé quelques chopes de bières ensemble.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°151], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°34) et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°08).

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Nellie et Philéas, Détectives Globe-trotters – 01 – Le crime de Whitechapel : Roseline Pendule

Titre : Nellie et Philéas, Détectives Globe-trotters – 01 – Le crime de Whitechapel

Auteur : Roseline Pendule
Édition : Gulf Stream Editeur (07/04/2022)

Résumé :
Quand Nellie Bly, la célèbre reporter, rencontre Phileas Fogg, le héros de Jules Verne, les coupables n’ont qu’à bien se tenir !

Le Londres du XIXe siècle pour décor, les meurtres de Jack l’éventreur comme contexte : une aventure corsée aux rebondissements multiples et inattendus ! 1889, New York puis Londres.

Quoi de mieux qu’un tour du monde pour dénicher des scoops ? Elizabeth, journaliste en herbe surnommée Nellie, quitte New York pour Londres.

La capitale anglaise est en effervescence : Jack l’éventreur aurait encore frappé ! Persuadée que cette exclusivité lui vaudra l’article du siècle, Elizabeth mène l’enquête et rencontre Phileas, un jeune gentleman lui aussi fasciné par l’affaire.

Désormais en duo, les apprentis détectives cavalent après les indices dans les sombres ruelles de la ville. Et si l’assassin n’avait rien à voir avec l’insaisissable Jack ?

Critique :
Les auteurs adorent raconter sur la jeunesse de personnages, qu’ils soient de fiction (Holmes, Lupin) ou réels (Agatha Christie, Alfred Hitchcock).

Ici, l’autrice a mélangé la fiction (Phileas Fogg) avec la réalité (Elizabeth Cochrane devenue Nellie Bly).

En ouvrant ce roman jeunesse, je me demandais bien comme l’autrice allait pouvoir faire intervenir deux gamins face à un tueur tel que Jack The Ripper.

J’ai tiqué en voyant la date : 1889 ? Mais, les crimes se sont déroulés en 1888, en 1889, le Jack avait pris sa retraite ! Lui manquait-il des trimestres pour sa pension ? Bon sang, mais c’est bien sûr : Jack était une femme et on lui avait sucré des mois de cotisations !!

Pas de doute, nous sommes bien dans de la littérature jeunesse : notre Elizabeth, passagère clandestine sur un navire, tombe sur un gentil capitaine, qui ne la passe pas par dessus-bord (sinon, pas de roman) et qui ne lui demandera pas de jouer à la prostituée pour son équipage (sinon, le roman serait interdit au moins de 18 ans et réservé pour des pervers pédophiles).

Dans les romans jeunesse, tout se goupille assez facilement et deux enfants de 12/13 ans arrivent à enquêter, relever des indices, suivre des pistes, là où les flics de Scotland Yard n’y arrivent pas (l’inspecteur Fix n’est pas une lumière non plus). Bref, ils se démerdent mieux que des adultes !

Elizabeth et Phileas sont deux personnages sympathiques, des gamins dont on aimerait qu’ils soient nos amis, si nous avions leur âge. Phileas est un détective en herbe, se livrant à des déductions, comme un Sherlock Holmes, tandis que Elizabeth est plus débrouillarde, sait mentir et jouer la comédie.

Ce sont deux mondes qui se télescopent, puisque Elizabeth est tombée dans la pauvreté après le décès de son père, tandis que Phileas est issu de la bourgeoisie pétée de thunes dont le père est toujours en voyage. Le choc des cultures…

Le roman se lit très vite, sur une petite soirée, les 153 pages sont avalées et digérées. Rien d’exceptionnel dans l’enquête et la résolution. J’avais compris, avant l’heure, ce qu’il en était réellement de l’assassinat. Ce n’était pas la foire aux boyaux, aux tripes, donc…

Si j’ai bien aimé cette lecture détente, je ne peux pas dire qu’elle m’ait emportée ou que je l’ai adorée, comme la série des « Sherlock, Lupin & moi », dont l’écriture est un niveau au-dessus de ce roman.

Malgré tout, il est agréable à lire, sans prise de tête et après avoir lu quelques romans assez sombres, un peu de douceur ne faisait pas de tort. Je lirai sans doute les deux autres romans, juste pour la parenthèse qu’ils m’offriront lorsque j’en aurai besoin.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°147], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°30) et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°07).

Sherlock – Tome 5 – Un scandale à Buckingham (2/2) : Mark Gatiss, Steven Moffat et Jay

Titre : Sherlock – Tome 5 – Un scandale à Buckingham (2/2)

Scénaristes : Mark Gatiss et Steven Moffat
Dessinateur : Jay

Édition : Kurokawa Seinen (08/12/2022)
Édition Originale : Sherlock : Belgravia no Shûbun jp, Vol.2
Traduction : Fabien Nabhan

Résumé :
Sherlock tente de s’introduire dans le téléphone portable d’Irène qui contient des informations top secrètes susceptibles d’ébranler le pays tout entier. Mais la très intelligente Irène, qui ne manque pas de cran, continue de se jouer de Sherlock.

Personne autant que cette femme n’aura autant tenu tête à notre héros que cette femme. Comment cette formidable partie d’échecs se terminera-t-elle ?

Critique :
Nom de Zeus, qu’est-ce que l’attente fut longue ! Il a fallu 3 ans pour que la suite de l’adaptation en manga de « A scandal a Belgravia » arrive enfin.

Certes, je connais l’histoire, j’ai regardé plusieurs fois cet épisode qui met en scène Irene Adler, malgré tout, j’avais hâte de lire la suite de son adaptation en manga.

L’adaptation est fidèle et les dessins sont excellents : les visages sont fidèles aux originaux.

L’avantage de le lire en manga, c’est que cela va moins vite que l’épisode télé, ce qui fait que l’on peut prendre son temps pour tout bien assimiler et comprendre les tenants et aboutissants.

Dans la série, j’avais aimé leur interprétation d’Irene Adler, dominatrice qui savait jouer avec Sherlock, le déstabiliser, lui répliquer et lui damner le pion. Dans ce manga, c’est pareil : on ne sait jamais si Irene souffle le chaud ou le froid, si elle manipule habillement Sherlock ou si elle est sincère.

Leur duel, dans la série télé, était habillement mis en scène et comme ce manga respecte l’épisode, vous n’y trouverez rien de plus, si ce n’est leur tête-à-tête, leurs joutes, leurs piques… Un plaisir de fin gourmet !

Au moins, les concepteurs de la série n’étaient pas des manchots et ils ont réussi à mettre en scène des épisodes aux scénarios complexes où l’on ne savait pas comment cela allait se terminer, ni vers quelle direction ils allaient aller. Cet épisode ne dérogera pas à la règle et jusqu’au dernier moment, les surprises seront présentes.

Que Mark Gatiss et Steven Moffat soient remerciés pour avoir réussi à transposer Holmes dans notre siècle, à lui insuffler de la nouveauté tout en concevant les caractéristiques du détective et des personnages créés par Conan Doyle, mais en les réinventant à nouveau.

Pour les fans de la série Sherlock… (et des mangas, aussi).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°128], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°11) et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°02).

Les vieux cahiers de Sherlock Holmes : Martine Ruzé-Moens

Titre : Les vieux cahiers de Sherlock Holmes

Auteur : Martine Ruzé-Moens
Édition : du Net LEN (26/01/2021)

Résumé :
En 1945, après le décès de sa mère Mathilde et de son beau-père Sherlock Holmes, Harry d’Alencourt découvre, par hasard, de vieux cahiers dans leur demeure de Fulworth.

Le détective y a lui-même consigné le récit de quelques-unes de ses enquêtes, les plus insolites. Les ayant lus d’une traite, Harry ressent aussitôt le besoin de les faire publier.

Pour le plus grand plaisir des passionnés d’aventures holmésiennes, ces dix enquêtes inédites ont été rassemblées dans ce livre.

Critique :
Sherlock Holmes est un de mes péchés mignons, l’autrice de cet apocryphe n’est pas une découverte pour moi, cela fait un petit temps que je vais à la pêche, tentant de trouver tous ses pastiches.

Et la pêche fut bonne, dans tous les sens du termes.

Comme je l’ai souvent dit et répété, le format des nouvelles va comme un gant aux enquêtes de Holmes.

Le truc de la malle que l’on retrouve chez un banquier, dans un grenier est vieux comme le monde…

L’autrice le met un peu à jour avec Harry, le fils adoptif de Mathilde, qui, dans la biblio de Holmes, retrouve des vieux carnets où sont racontées des enquêtes qu’il n’a jamais lues, que personne n’a jamais lues !

Nom d’une pipe en bruyère, moi aussi j’ai envie de m’installer devant un bon feu de bois (au diable les 19°) afin de lire ces petites merveilles. C’est ce que j’ai fait, je me suis installée confortablement et j’ai lu avec les yeux pétillants ces enquêtes méconnues de Holmes.

Dix enquêtes… Toutes les 10 différentes, bien que la première, avec une héritière et un château hanté m’ait replongée dans ma dernière lecture (Sherlock Holmes et l’héritière de Lettox Castle de Pascal Malosse). Semblables toutes les deux, même si les coupables n’étaient pas tout à fait les mêmes, bien que leurs motifs fussent la copie conforme (mais dans ces affaires, c’est toujours le même mobile).

Comme je le disais, les 10 nouvelles sont différents les unes des autres, certaines enquêtes de Holmes étant plus simples que d’autres.

Pas de folie dans les résolutions, nous ne trouverons pas de beau-père machiavélique et son serpent tueur, pas de beau-père se déguisant en fiancé pour tromper la belle-fille, pas de photo à récupérer, par de type caché dans une pièce et faisant croire à sa disparition…

Toutes ces nouvelles sont correctes, agréables à suivre, bien pensées et elles sont aussi le reflet de ce que Holmes aurait pu avoir à résoudre comme petits mystères dans la vie courante. Tout le monde n’est pas un meurtrier retors, même si certains avaient imaginé un super plan pour s’évader.

Dans ces nouvelles, l’on croisera aussi la route de certains personnages canoniques, tel l’éleveuse d’oies de l’escarboucle bleue (mais pas qu’elle) ou madame Cubitt des hommes dansants. C’est habillement mélangé avec de nouvelles enquêtes et c’est toujours plaisant de retrouver de vieilles connaissances.

Dans le lot des personnages canoniques, il y aura aussi des personnages réels, tels Zola, Oscar Wilde et Robert Ross. Apporteront-ils quelque chose ? Pour Zola, c’est moins flagrant que pour Wilde et son ami Ross. En plus d’un mystère, ils permettront à Holmes et Watson d’avoir une discussion intéressante sur le procès de Wilde et de l’opinion publique qui s’était retournée contre lui.

L’écriture de madame Ruzé-Moens est sans fioritures, agréable à suivre, avec les mots qu’il faut pour nous plonger aussi dans une époque révolue. Pas de langage moderne pour l’époque victorienne !

Si dans un précédent tome, je me plaignais de ne pas voir assez son personnage, Mathidle d’Alencourt, dans celui-ci, je grognerai que je n’ai pas vu assez de Watson.

Oui, il est marié, il travaille dans son cabinet médical et il ne peut pas planter ses patients comme ça, ce n’est pas correct, mais j’aime Watson, il est un peu comme moi, il ne voit rien et sort de l’obscurité seulement lorsque Holmes explique la résolution.

Ceci étant dit, je n’ai rien à reprocher à ce recueil de petites enquêtes. Certes, rien d’exceptionnel, mais je m’en fous royalement parce que merde, j’étais bien dedans, j’ai pris du plaisir à le lire et à suivre son Holmes, moins froid que l’original, mais que j’apprécie tel quel.

Attention tout de même à ne pas le commencer au soir… Je m’étais jurée de lire une nouvelle et puis d’aller au lit et vous savez comment ça va « Encore un chapitre », puis on ne sait plus s’arrêter.

C’est un bâillement à m’en décrocher la mâchoire qui m’a fait comprendre qu’il était temps d’aller me pieuter. Le chat, endormi sur mes genoux, l’a bien compris aussi et il en est descendu pour aller se pieuter sur un de ses coussins.

Un très bon apocryphe holmésien, à lire sans se prendre la tête, juste pour le plaisir, comme le chantait Herbert Léonard, que l’on soit raide dingue de Holmes ou juste de petites nouvelles policières.

Attention que ces romans ne sont pas toujours facile à trouver en librairie. Il faut souvent les commander, chez votre dealer habituel ou bien il faudra enrichir un peu plus le Bezos…

Il m’en reste encore trois à lire de cette autrice… Chouette !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°XX].

Les Amants de Baker Street – 01 – Le détective et le soldat blessé : Isabelle Lesteplume [par Dame Ida, Prêtresse de la Pureté du Canon et alliée de la Communauté LGBTQIA+ complètement déchirée]

Titre : Les Amants de Baker Street – 01 – Le détective et le soldat blessé

Auteur : Isabelle Lesteplume
Édition : MxM Bookmark – Mystère (24/11/2021)

Résumé :
Découvrez, au cœur du Londres victorien, les secrets bien cachés d’une romance interdite.

Londres, 1881.
Médecin militaire, John Watson vient tout juste d’être rapatrié d’Afghanistan. La guerre lui a tout pris. Sa santé, sa raison de vivre, son premier amour.

Brillant et excentrique, Sherlock Holmes est fasciné par les crimes et les énigmes, mais rongé par l’ennui et la solitude.

Par un coup du sort, les deux hommes se retrouvent à partager un appartement au 221b Baker Street. Et lorsque Scotland Yard frappe à la porte, Holmes et Watson n’hésitent pas une seule seconde à y répondre.

Aventure et mystère s’invitent dans leur quotidien. Mais alors que le danger n’est jamais loin, les démons du passé, eux, menacent de les rattraper. Leur amour sera-t-il assez fort pour y faire face ?

Critique :
Voilà quelques années que je me chagrinais d’avoir vu fleurir sur le net de multiples adaptations, dessins ou fanfictions NSFW attribuant une liaison aux deux personnages principaux de la série Sherlock…

Je rongeais mon frein, mangeais mon chapeau et pestais dans ma barbe face à l’obsession nouvelle lancée par le succès de cette série qui, d’ailleurs, surfait allègrement sur une petite vaguelette homo érotique pleine de sous-entendus…

Ben oui… Doyle n’avait jamais voulu faire de Holmes et de Watson un crypto-couple gay et s’en était expliqué…

Deux hommes en colocation chez une veuve à l’époque victorienne ? Mais c’était d’une rare banalité !

La société puritaine de l’époque ne permettait pas la mixité entre hommes et femmes dans les lieux publics. Seul un couple marié pouvait cohabiter ensemble sous le même toit…

Et les loyers londoniens, centre du monde de l’époque, étaient déjà hors de prix, contraignant les jeunes célibataires qui n’avaient pas encore fait leur trou dans la société, à louer des chambres chez des veuves dont la maison restait le seul bien dont elle pouvait tirer quelques sous pour subsister.

Et ces messieurs, qui quittaient leur mère, sans avoir encore d’épouse et pas de domestiques, auraient été bien ennuyés pour se faire à manger ou faire leur lessive ! Prendre pension chez une veuve était le bon plan absolu.

Cette colocation était historiquement suffisamment explicable et répandue pour que Doyle puisse faire cohabiter ses héros sans que ça aille jusqu’à les faire cohabiter dans le même lit. N’en va-t-il pas de même de nos enfants étudiants lorsqu’ils prennent une colocation ?

Alors… faire de la cohabitation entre deux hommes un truc louche, laissant supposer une liaison sexuelle entre eux à l’époque victorienne, ni même aujourd’hui, vu le prix des loyers en zone urbaine, n’a rien de bien raisonnable et relève surtout des fantasmes de ceux qui y pensent.

Aussi, si je n’ai absolument rien contre le mariage pour tous et toussa toussa, et que le souvenir de ce que risquaient les homosexuels, il y a encore quelques décennies, en Occident, me révolte (et je ne parle même pas de leur sort actuel en Iran, dans les Émirats du Golfe, en Russie ou encore dans certains pays d’Afrique !

En fait ça mériterait qu’on en parle davantage, mais ce n’était pas l’objet de mon billet), mais voilà… je suis toujours crispée quand un pastiche ou prétendu pastiche trahit les intentions du créateur des personnages d’une œuvre.

Que l’on publie de belles œuvres, avec des personnages plus intéressés sentimentalement ou sexuellement, par les personnes de leur propre sexe si l’on veut…

Le principe ne me dérange pas (notons qu’on a curieusement très peu, voire quasiment pas de polars dont le personnage principal est gay ou lesbien, en rapport à la représentation LGBT dans la population générale – il faudrait que les auteurs se lancent, non ?). Mais quand un pastiche prête une romance homosexuelle à des personnages qui n’étaient pas supposés l’être, dans le projet de leur créateur, ça me dérange. J’ai toujours vu là une forme de trahison, comme quand on veut faire de Dracula un playboy romantique…

Bref, les pastiches holmésiens homoérotiques ne sont franchement pas ma tasse de thé. A priori.

Car… Oui… j’ai mes aprioris.

Et comme toujours… les aprioris sont faits pour être contrariés et vous rappeler que seuls les cons et les connes ne changent jamais d’avis.

Oui, moi, Dame Ida, Grande Prêtresse de la Pureté du Canon Holmésien, qui vomissais tripes et boyaux sur toute représentation homo érotique du couple Holmes / Watson… Je me suis faite retourner comme une crêpe par ce roman.

Qu’Isabelle Lesteplume (ah bon ? son nom est un pseudo ? ) me pardonne, mais j’ai ouvert le premier volet de son triptyque simplement dans l’idée de me faire plaisir en l’étrillant dans une fiche, de me moquer d’elle, de l’humilier, de réclamer qu’elle soit mise au bûcher sur les versions papier de ses livres etc…

Et oui, les Grandes Prêtresses de la Pureté virent toujours dans l’intégrisme meurtrier, quelle que soit leur religion en fait… On devrait les zigouiller ! L’intégrisme, c’est toujours mal et conduit aux guerres civiles !

Mais je dois m’avouer vaincue : Madame Lesteplume, je n’aime a priori pas ce que vous faites, mais je dois vous admettre que vous le faites bien et que vous m’avez bluffée, même si vous étiez rudement mal partie avec moi comme lectrice !

Et oui, je dois humblement reconnaître que cette auteure réalise ici un tour de force diabolique. Son Holmes et son Watson s’aiment, mais sans qu’autre chose vienne jamais vraiment lourdement trahir la psychologie que leur créateur leur a donnée en dehors de ce « détail ».

En outre, elle ne trahit rien des enquêtes du canon qui seront évoquées avec une rare précision. Elle offre une relecture plutôt fidèle du canon, tel qu’il aurait dû s’écrire, s’il n’avait pas dû cacher l’idylle entre Holmes et Watson pour leur éviter de finir en prison.

L’auteure déploie l’histoire d’amour entre les deux hommes en gardant leurs enquêtes marquantes en toile de fond, une toile de fond tracée avec une certaine rigueur. Une étude en rouge et le Signe des Quatre seront au programme.

On y évoquera quelques “untold cases” au passage, comme autant de clins d’œil. Même les personnages secondaires seront bien traités et respectés. Mme Hudson prendra peut-être davantage de place que dans le canon, mais d’une manière tout à fait crédible et sympathique.

La culture holmésienne de l’auteure est indéniable, ainsi que ses références historiques fournies et sourcées. Tout cela donne à ce pastiche une authenticité qu’on ne retrouve généralement pas dans les fanfictions diffusées sur le net par des personnes dont la culture holmésienne se réduit à la série Sherlock.

La psychologie des deux personnages est ici cohérente avec le canon. Elle s’en éloigne sensiblement évidemment, mais seulement pour que la relation amoureuse entre les deux hommes puisse être crédible.

Évidemment, cela suppose que Holmes soit capable d’amour, et de faire un petit forçage de la surface hermétique de ses émotions… Mais même les artifices de l’auteure pour y parvenir se révéleront relativement convaincant. Même pour une sceptique comme moi.

J’ai vu les personnages de Holmes et de Watson parfois bien plus maltraités par d’autres pastiches où ils restaient hétéros. Je me souviens par exemple d’un pastiche lamentable où Watson se prenait pour un playboy et lorgnait sur tous les décolletés, ce qui me semble bien plus éloigné du Watson original que celui que j’ai croisé ici… qui reste fidèle à lui-même, même si son admiration pour son ami va au-delà de ce que le canon nous en dit.

Concernant la façon dont leur liaison se développe, l’auteur échappe à l’écueil de la pornographie. Les rapprochements physiques entre les hommes seront fréquents, certes, mais évoqués malgré tout avec une relative pudeur malgré un ou deux petits détails triviaux.

Quand les deux hommes s’étendent, l’auteure ne le fait pas. Celles et ceux qui voudraient des descriptions cliniques d’emboîtements frénétiques resteront sur leur faim. La plume de Madame Lesteplume n’est pas si leste qu’annoncée (en tout cas dans le premier volume).

Après… pour ce qu’il en est des élans romantiques et de la façon dont les deux hommes découvrent, comprennent et expriment leurs sentiments… Je dirais que nous restons malgré tout dans une écriture très « féminine ».

Je ne suis pas certaine que deux hommes pourraient se parler ainsi, voire élaborer ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre à un tel degré de précision. Surtout un homme comme Holmes ! Mais… je fais peut-être un brin de sexisme en suggérant que les messieurs soient moins à l’aise que nous les fâmes, avec les mots, lorsqu’il s’agit de parler de ce que nous ressentons ?

C’est là, je trouve l’un des principaux écueils du genre. Les pastiches de romances entre Holmes et Watson sont souvent plus écrits à destination d’un public féminin, et par des femmes… Et si les hommes ne comprennent que rarement grand-chose à ce que nous voulons ou ressentons, je crois que nous ne sommes pas plus douées qu’eux pour deviner ce qu’ils ne comprennent pas eux-mêmes de leurs propres sentiments.

Bref, ce roman est venu bousculer des préjugés et mon refus de transiger avec le canon qui m’avaient toujours toujours tenue éloignée de telles histoires, d’autant qu’elles sont souvent fort mauvaises.

Mais là, vous l’aurez compris : je suis scotchée par ce premier opus. Je me l’étais imposé juste pour le plaisir de le descendre et… Vlan ! Je me fais avoir.

Si je n’avais pas passé un moment aussi surprenant et aussi agréable, j’en serais carrément dépitée !

Lirai-je le second ? Le troisième ? Honnêtement, je ne sais pas. L’été prochain peut-être ? Pour me détendre ?

Je suis curieuse de le faire assurément, pour voir si l’auteure parvient à poursuivre aussi bien qu’elle a commencé. Et puis l’épisode Irene Adler n’est pas évoqué ici… je suis très curieuse de savoir comment l’auteur s’en débrouillera…

Mais j’avoue avoir tout de même un peu peur de me lasser des déclarations que les deux hommes se font l’un à l’autre, ou des passages introspectifs romantiques qui émaillent les chapitres.

Comme je vous le disais… je n’y reconnais pas tant que cela la “psychologie” masculine… Car au risque de surprendre certains homophobes, les hommes qui aiment les hommes restent des hommes, même lorsqu’il s’agit de parler de leurs sentiments les uns pour les autres.

Mais la façon dont l’auteure propose sa relecture des affaires majeures du canon avec précision, tout en présentant une version où l’évolution de l’histoire du couple formé par les deux hommes vient s’imbriquer reste particulièrement habile.

L’auteure réussit cela d’une manière totalement inattendue et c’est là à mes yeux la qualité essentielle que je dois reconnaître à ce pastiche.

Préserver aussi bien le canon tout en le malmenant sur un point aussi important réclame un savant savoir faire. Et je suis carrément impressionnée.

Comment coter ce livre en Sherlocks ? Et bien, je dirais 4 pour le respect du canon, si on oublie la liaison entre les deux hommes. Mais comment l’oublier, puisqu’elle est l’argument même de la série de livres annoncée ? Je ne peux pas dire 4 d’un côté, 0 de l’autre et faire une moyenne entre les deux pour aboutir à 2/5. Ce livre mérite évidemment mieux.

Je préfère ne pas le noter, tout en reconnaissant que, dans le genre holmésien homoérotique, il tient certainement le haut du pavé.

 

 

Arthur Conan Doyle – Puis-je marier Sherlock Holmes ? : Isabelle Chevalier

Titre : Arthur Conan Doyle – Puis-je marier Sherlock Holmes ?

Auteur : Isabelle Chevalier
Édition : Lamiroy (01/03/2022)

Résumé :
Que sait-on généralement de Sherlock Holmes et de son auteur, Arthur Conan Doyle ? La résolution des énigmes par la logique, agrémentée d’un (inauthentique) « Élémentaire, mon cher Watson » [formule apocryphe.

En effet, on ne la trouve nulle part dans le canon de Conan Doyle et Sherlock Holmes ne l’a jamais prononcée dans aucune histoire originale], la tenue iconique et, pour les champions de culture générale, la tentative de l’auteur de se débarrasser de son héros.

Isabelle Chevalier nous emmène parcourir le paysage de ces grandes lignes que nous laissions se dessiner à l’horizon.

Parmi celles-ci, mon regard s’est arrêté sur l’aversion de l’auteur pour son personnage, mais surtout j’ai été frappé par le nombre considérable de personnes qui se sont passionnées pour Sherlock Holmes au point de le considérer comme une personne réelle.

Critique :
Le titre semblera racoleur pour un lecteur lambda, mais pour l’holmésien de base, il lui rappellera cette question posée par le comédien américain, Willaim Gilette, dans l’un de ses câbles à Arthur Conan Doyle :
— Puis-je marier Sherlock Holmes ?

Conan Doyle, fatigué de toute cette communication, répond à l’acteur :
—Vous pouvez tuer Holmes, ou le marier, ou tout ce que vous voulez.

J’avais été étonnée, le jour où j’avais appris que Doyle détestait son personnage de Sherlock Holmes, qui pourtant, lui apporta la richesse.

L’auteur aurait préféré être reconnu pour ses romans historiques. Comme bien d’autres personnes dans le monde qui ne sont pas satisfaites de leurs talents, de leurs dons et qui aurait aimé être mis à l’honneur pour autre chose.

Ce petit ouvrage de 36 pages ne m’a rien appris de nouveau (depuis l’avènement d’Internet et mon inscription à la SSHF, j’en sais bien plus qu’avant), mais il a au moins eu le mérite de me remettre des faits en place, des dates, des chiffres…

Oui, je sais, mais j’oublie ! Ma mémoire disjoncte et elle laisse partir des tas de détails et ensuite, c’est Tintin et Milou pour les retrouver dans mon petit grenier mémoriel en bordel. J’avais même réussi à oublier que « Une étude en rouge » avait été publiée pour la première fois dans le « Beeton’s Christmas Annual » de 1887.

Par contre, l’autrice ne parle à aucun moment du repas que firent Doyle et Oscar Wilde (en août 1889), avec l’éditeur américain Stoddart, du Lippincott’s Magazine. Ce dernier demanda aux deux auteurs d’écrire deux romans. Il laissa carte blanche à Wilde (qui écrivit « Le portrait de Dorian Gray ») et exigea de Doyle qu’il écrive une nouvelle aventure de Sherlock Holmes (Le signe des quatre qui parut en 1890).

Cette anecdote, je l’avais lue, en français, sur le site de la SSHF, mais impossible de le retrouver dans la langue de Molière, alors je vous l’inclus dans la langue d’Elisabeth II ou de Shakespeare :

In august 1889, during a dinner hosted by J. M. Stoddart, an American agent of the Lippincott’s Magazine, Conan Doyle and Oscar Wilde were hired to write two stories. Published in 1890, Wilde wrote The Picture of Dorian Gray and Conan Doyle The Sign of Four, the second adventure of the detective. The same year, the Conan Doyles stayed a few months in Vienna for Arthur to improve his medical knowledge. Back in England, they moved to London on Montague Place and the young doctor’s office opens at 2 Devonshire Place. Patients were scarce again, Conan Doyle took up the pen again.

Anybref, sans révolutionner l’affaire, ce petit opus est bien fait, puisqu’il vous donne un max d’informations sur Conan Doyle, sur sa haine de Sherlock Holmes, sur les sommes qu’il a touchées et sur son envie de le tuer.

Pour un holmésien ceinture noire (et robe de chambre gris souris), rien de neuf sous le soleil, pour une holmésienne avec des trous de mémoire, une bonne remise en selle des petits détails (avant que les oublis ne recommencent) et pour les néophytes, un peu de pages, ils en apprendront assez que pour épater la galerie au prochain repas de famille.

Notamment avec des petites anecdotes, comme cette banque (la Abbey National, installée aux numéros n°215-229) qui engagea une secrétaire pour spécialement répondre au courrier que des gens envoyaient au 221b, Baker Street. Et le musée, qui s’installa plus loin, se fit attribuer le numéro 221b et qui entama un procès avec la banque dans le but de récupérer le droit de répondre au courrier…

Holmes, c’est un personnage hors norme ! Hé, un personnage de fiction qui meurt et dont une partie de la population porte le deuil en Angleterre, c’est pas banal, avouez-le ! De plus, ce personnage de fiction est sorti de ses pages et a pris vie, puisque plein de gens pensent que Holmes a réellement vécu !

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 36 pages).

Sherlock Holmes et les protocoles des Sages de Sion : Nicholas Meyer

Titre : Sherlock Holmes et les protocoles des Sages de Sion

Auteur : Nicholas Meyer
Édition : L’Archipel Suspense (14/04/2022)
Édition Originale : The adventure of the Peculiar Protocols (2019)
Traduction : Sophie Guyon

Résumé :
6 janvier 1905. Sherlock Holmes – qui fête ses cinquante ans – et le Dr John Watson sont convoqués par Mycroft, le frère du célèbre détective, au club Diogène.

Sur place, ce dernier leur remet les documents retrouvés sur le corps d’une agente des Services secrets britanniques, repêché dans la Tamise : Les Protocoles des Sages de Sion.

Holmes et Watson prennent alors l’Orient-Express pour la Russie des tsars, d’où provient ce texte explosif, bien que sujet à caution. S’agit-il vraiment du procès-verbal d’une réunion tenue par des complotistes dont le but est la domination du monde ?

Mais à leurs trousses s’élancent des adversaires déterminés à les empêcher de découvrir la vérité. Par tous les moyens… Sans doute l’enquête la plus périlleuse du plus célèbre des détectives.

Critique :
Je suis toujours excitée comme un morbac au salon de l’échangisme, lorsque je tombe sur un apocryphe holmésien, mais celui-ci me faisait un peu peur (comme tous les apocryphes).

Non pas parce que Holmes allait encore être mis à la sauce fantastique, mais parce que son titre faisait référence à cet immonde torchon antisémite, complotiste et que je me demandais bien ce que Holmes allait pouvoir foutre dans cette galère.

Nicholas Meyer est un bon pasticheur holmésien, malgré tout, j’avais peur qu’il ne se prenne les pieds dans le tapis, ou dans ce pamphlet.

Les protocoles de sages de Sion, si on n’a rien d’un complotiste, on sait que c’est une bullshit, un faux qui se présente comme un plan de conquête du monde établi par les Juifs. Maintenant, si l’on remplace dans ce pamphlet, le mot « Juifs » par « Femmes », on pourrait accuser la moitié de l’humanité de comploter contre l’autre.

Pareil si vous le remplacez le bouc émissaire habituel par Asiatiques, Musulmans, Chrétiens, Américains, Banquiers, Politiciens, Assureurs… Cela donnera la même impression qu’une nation, corporation, sexe, s’est réunie pour établir un programme de domination mondiale à votre insu.

Pire, remplacez le terme « Juifs » par « Chats » et je parie que certains goberont tout de même que les félins préparent un sale coup pour dominer le monde (mais après leur sieste, hein). Même si Internet peut vous expliquer que ce texte a été inventé de toutes pièces par la police secrète du tsar (Okhrana) et publié pour la première fois en Russie en 1903.

Pas la peine de faire durer le suspense plus longtemps, l’auteur ne s’est pas pris les pieds dans le tapis et Holmes non plus. Peut-être a-t-il eu les doigts dans le corsage de Mme Walling, mais ça, l’histoire ne nous le dira pas.

Nicholas Meyer nous offre donc une bonne enquête de Holmes, même s’il ne devra pas démasquer un assassin. Une enquête différente, non teintée de danger, et où Holmes va comprendre les potentiels dangers que ces écrits subversifs pourraient avoir, avant de s’en rendre compte de visu, face à une jeune fille juive victime de la vindicte populaire.

Les personnages sont assez conformes aux originaux, mais ils suivent les trames que l’auteur avaient amorcées dans ses précédents romans, notamment en ce qui concerne Moriarty et Freud.

Commençant à Londres avant de s’étendre jusqu’à Odessa, l’enquête de Holmes et Watson ne sera pas de tout repos et ébranlera le détective durablement.

Ce polar historique mélange habillement la fiction et la réalité, sans la forcer, se basant tout simplement sur la bêtise humaine, sur cette propension au complot et que le fait que la vérité met toujours plus de temps que le mensonge à lacer ses chaussures, sans oublier que certains préfèrent croire des conneries, si ça les sert.

L’auteur expliquera ensuite dans son épilogue que les protocoles refont surface de temps, tel un serpent de mer et qu’ils ont été déclarés comme vrais, par Hitler, lorsqu’il parlera du complot juif. Le but d’un virus, c’est de contaminer le plus de monde possible et ce pamphlet antisémite est un virus dont il n’existe pas encore de vaccin, hélas.

Un bon pastique holmésien, différents de ceux que j’ai pu lire dernièrement, mais au moins, Holmes n’est pas cuisiné à la sauce fantastique, ce qui me fait plaisir, car je le préfère dans de bonnes vieilles enquêtes !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°36] et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Miss Endicott – Tome 2 : Jean-Christophe Derrien et Xavier Fourquemin

Titre : Miss Endicott – Tome 2

Scénariste : Jean-Christophe Derrien
Dessinateur : Xavier Fourquemin

Édition : Le Lombard – Signé (2007)

Résumé :
Prudence Endicott est officiellement une gouvernante tout ce qu’il y a de plus respectable. En réalité, elle est la Conciliatrice de Londres.

Sa mission : résoudre les problèmes des gens. Plus facile à dire qu’à faire, surtout quand il faut affronter le peuple des Oubliés qui règne sur les dessous de la ville…

Une ambiance très victorienne pour une histoire pleine de fantaisie, truffée de gnomes, de mutants des sous-sols et autres créatures qui mènent la vie dure aux habitants de la surface !

Critique :
La dernière case de Miss Endicott m’avait laissée la bouche ouverte et je ne voulais pas attendre trop longtemps avant de lire la suite et fin de ce diptyque.

La personne qui va aider Miss Endicott à endiguer le « Seigneur des Oubliés » le fera de manière assez violente, tirant d’abord, réfléchissant ensuite, tandis que notre Miss, elle, y va plus au feeeling, sans se presser, mais en sachant parfaitement ce qu’elle fait.

Ce nouveau personnage tirera même la couverture à elle, mettant Miss Prudence Endicott sur le côté, la pensant incapable de résoudre cette affaire épineuse. Ce n’est parce que notre Miss ne tire pas dans tous les sens qu’elle se fiche de l’affaire ou qu’elle ne sera pas capable de la prendre en charge.

Dans ce second album, vu l’action, il est difficile de s’ennuyer. On court sur les toits, on tire avec des gros flingues, Kevin a disparu, les portes des oubliés bientôt vont se fermer (♪)… Bref, ça bouge !

Les révélations seront importantes aussi et je suis tombée de haut, n’ayant pas vu venir l’identité de notre mystérieux Maître des Oubliés.

Comme tous les tyrans de la Terre, le Maître utilise les autres afin de s’arroger le pouvoir, se fichant pas mal ensuite du destin de ces pauvres gens qui vivent en bas, cachés à cause de leurs malformations, oubliés de tous.

Il leur a menti, leur a promis une vie heureuse, qu’ils auraient de meilleurs conditions de vie… En réalité, il les méprise, comme il méprise tout le monde. Comme certains politiciens méprisent aussi leurs électeurs…

L’album ne manque pas d’humour, tout comme le premier, même s’il y en a un peu moins.

Nous sommes au milieu des quartiers défavorisés de Londres, dans les bistrots rempli de types louches, sous terre, mais il ne faut pas oublier la bonne tenue british, of course. De la dignité.

Ce dernier album est un cran en-dessous du premier, je trouve. L’action prend trop le pas sur le reste, notamment avec notre va-t-en-guerre qui tire dans tous les sens, qui gueule, qui donne des ordres et qui dénigre Miss Endicott, lui répétant constamment qu’elle n’est pas capable.

Les mobiles du Méchant sont expliqués, mais je les ai trouvé un peu léger, même s’il n’est pas le premier à vouloir faire de sa ville, de son pays, un endroit pur, où le vice a été éradiqué, la violence aussi, oubliant que pour y arriver, il passe lui-même pas des actions des plus violentes.

Le final est assez nostalgique, triste…

Malgré mon petit bémol pour ce deuxième album, cela reste un diptyque que j’ai apprécié et que je suis contente d’avoir lu.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°004] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 76 pages).

Au service surnaturel de sa majesté – 02 – Agent double : Daniel O’Malley

Titre : Au service surnaturel de sa majesté – 02 – Agent double

Auteur : Daniel O’Malley
Édition : Pocket (2018) – 864 pages
Édition Originale : Stiletto (2016)
Traduction : Valérie Le Plouhinec

Résumé :
Quand, après des années de combats acharnés , deux organisations secrètes et rivales sont contraintes d’allier leurs forces, une seule personne semble en mesure de les aider à conclure cette paix nécessaire : Myfanwi Thomas, la très fantasque héroïne de The Rook.

D’un côté, la Checquy, organisation secrète chargée de combattre les forces surnaturelles qui menacent la Couronne britannique.

De l’autre, les Greffeurs, une société de peu recommandables alchimistes belges adeptes de manipulations génétiques en tous genres. Sans compter les mystérieux Antagonistes, qui tentent par tous les moyens de faire échouer les négociations.

Critique :
Imaginez un James Bond avec des pouvoirs surnaturels… Non, non, pas avec une baguette magique comme Harry Potter, oubliez la magie !

En Grande-Bretagne, des gens naissent avec des talents surnaturels, qui peuvent aller de dissoudre les os, ou d’avoir une ombre qui est un portail direct pour l’Espagne ou de voir au travers des choses…

Et tous ces talents sont discrètement escamotés à leur famille, sont formés et ensuite, ils travaillent pour le gouvernement et donc, pour Sa Majesté !

Le premier tome était étonnant, il m’avait bien plu, malheureusement, lorsqu’on a trop à lire, une majorité des romans croupissent dans les étagères, oubliés et il était plus que temps que je le dépoussière.

Ce thriller fantastique est un mélange de surnaturel, de SF, de fantastique (normal) et le tout est saupoudré d’humour british, de dialogues qui pulsent, de situations cocasses.

Sans oublier des références à notre monde tout ce qu’il y a de plus normal puisque l’auteur aborde aussi la peur de l’autre, la haine que l’on cultive, que l’on inculque aux plus jeunes, au pardon impossible.

Nos amis de la Checquy (ceux qui bossent pour Sa Majesté) veulent enterrer la hache de guerre avec les Greffeurs (les alchimistes belges adeptes de manipulations génétiques) et que leur deux organisations fusionnent, au lieu de se tirer dans les pattes. Ce qui ne plait pas à tout le monde, des deux côtés, et l’on sent la haine transpirer chez certains membres de la Checquy.

Après autant d’années, j’avais même oublié que les Greffeurs étaient belges ! Des belges du Nord, bien entendu, surtout avec des titres comme « Graaf » (comte), grootvader (grand-père) et puis, j’ai vu passer une insulte bien flamande (Klootzak). Pas de panique, pas besoin d’avoir fait néerlandais deuxième langue pour comprendre.

C’est burlesque, bien entendu, sans pour autant devenir du n’importe quoi. À partir du moment où vous acceptez les phénomènes surnaturels, les gens qui possèdent des dons anormaux et des autres qui se greffent des tas de trucs en plus dans le corps, devenant parfois des superman, il n’y aura pas de problème.

On pourrait croire qu’avec une brique pavesque de 860 pages, l’ennui poindrait le bout de son nez : ben non !

Le scénario est bien pensé, le récit est bien mis en page, on alterne les passages avec de l’action, des combats, un éclaircissement sur la provenance de la haine entre les Greffeurs et la Checquy, des scènes de la vie quotidienne pour les Greffeurs présent sur le sol anglais,…

Bon, il n’aurait pas fallu plus de pages, sinon, le risque aurait été grand de tourner en rond. Heureusement, on l’évite !

Ce thriller fantastique, qui ne se prend pas au sérieux, sans pour autant virer au grand n’importe quoi, m’a apporté des instants de détente, une pause rafraichissante, des moments où je n’ai pas pu m’empêcher de sourire, bref, un moment de lecture détente dans le sens le plus agréable du terme.

Nous ne sommes pas dans de la grande littérature, loin de là, mais parfois, tout ce que les lecteurs demandent, c’est un peu d’humour dans ce monde de brute, une bulle de tranquillité et des instants dédiés au burlesque, au loufoque, à l’absurde, à l’irréel.

Ce n’était peut-être pas une mauvaise chose de l’avoir laissé prendre les poussières durant 4 ans, à ce pavé… Il est tombé à point nommé quand j’avais besoin de me détendre l’esprit, les zygomatiques et de m’évader avec du fantastique.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°259] et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées).

WHITECHAPEL – Série Britannique en 4 saisons [par Dame Ida, publicitaire bénévole pour les séries qu’elle kiffe trop grave]

Produite par Carnival Films et Diffusée entre 2009 et 2013 sur ITV

Entrée en matière…

Londres, 2008, un copy-cat reproduit les crimes de Jack l’Eventreur dans le quartier de l’est end mondialement célèbre de Whitechapel…

Un jeune capitaine de police, Joseph Chandler, frais émoulu des publics schools et grandes universités, promis à une brillante carrière dans la police grâce à de hauts appuis familiaux se trouve nommé au poste de police un peu pourri de Whitechapel et plongé dans le bain sans attendre.

Évidemment, son physique de mannequin qui me rend folle, sa montre à dix milles boules, ses costumes sur mesure et ses troubles obsessionnels compulsifs qu’il parvient à cacher comme il le peut, ne plaident pas en sa faveur auprès de son équipe issue de la « working class » et qui est bien décidée à ne pas s’en laisser compter par un jeunot. Il pourra compter sur le soutien d’un historien du crime qui est forcément abonné au blog de Belette !

L’avis de Dame Ida :
Purée de sa mère qui fait du foot en talons aiguilles Loboutins et en string rose bonbon à paillettes au Stade de France en chantant la Marseillaise pendant un concert de Mylène Farmer !!!

La chaîne Arte Séries permet de voir toute la série, gratos et sans pub sur Youtube !!! C’est ici : Le retour de Jack l’éventreur | Whitechapel Episode 1 Saison 1 | MULTI | @ARTE Séries – YouTube

C’est avec un plaisir qui rendrait presque Toqué jaloux et dubitatif sur ses propres performances, que je me suis jetée sur la série avant de ne plus pouvoir la voir.

Je la recommande chaleureusement à celles et ceux qui ne l’auraient pas encore croisée et suis heureuse d’être contente d’avoir le plaisir de permettre aux autres fans de la série de la retrouver sur le net dans son intégralité.

Évidemment, seule la première saison permet de redécouvrir les détails de l’affaire de Jack l’Éventreur par le truchement de la chasse au copy-cat que ce magnifique flic blond et distingué s’efforce à réussir.

Mais les autres saisons sont aussi une occasion de redécouvrir de vieilles affaires certes moins célèbres, mais dont l’étude attentive pourra donner des pistes pour résoudre d’autres affaires actuelles.

Et puis que serait la vie d’un chef de poste de police sans les petites mesquineries de ses subordonnés, l’inertie des fonctionnaires, les rapports compliqués avec la pègre ou la presse et les magouilles de politique politicienne des supérieurs ?

On y retrouve des visages déjà croisés dans d’autres films ou séries… Des intrigues bien diaboliques, bien amenées, une atmosphère parfois anxiogène qui entretien le suspens… un style visuel bien particulier…

Et on appréciera de retrouver Londres, capitale cosmopolite, et son atmosphère so british…

Anybref, il y a deux séries policières britanniques qui m’ont marquée ces 15 dernières années (je ne parles pas du Sherlock Holmes de la Granada bien plus ancienne et des Enquêtes de Poirot qui ont commencé bien avant) : Le Sherlock de la BBC et Whitechapel d’ITV.

Or donc profitez vite d’aller voir et/ou revoir cette excellente série tant qu’elle est visible ! Vous m’en direz des nouvelles !