
Titre : Le rat géant de Sumatra
Auteur : Rick Boyer
Édition : Mycroft’s Brother (2003)
Résumé :
Selon les holmésiens du monde entier, il s’agit de l’un des meilleurs pastiches de Sherlock Holmes publié, depuis les histoires que sir Arthur Conan Doyle nous a livrées. On y retrouve le détective et son fidèle Watson opposés au rat géant de Sumatra, débarqué en Angleterre par un mystérieux personnage qui se révèle être une vieille connaissance de Sherlock Holmes.
Publié aux Etats-Unis en 1976, ce livre a été réédité aux Etats-Unis en 1998 dans un recueil de quatre aventures intitulé A Sherlockian Quartet.
La traduction, par un spécialiste holmésien, restitue parfaitement le style du docteur Watson, biographe officiel de Holmes. Une qualité rare en la matière.
Critique :
Tout ceux et celles qui ont lu « Le vampire du Sussex » connaissent cette phrase célèbre de Sherlock Holmes au sujet d’une certaine Matilda Briggs…
« Matilda Briggs n’est pas le nom d’une jeune fille, Watson, dit Holmes d’une voix lointaine. C’est le nom d’un navire dont le destin est associé à celui du Rat géant de Sumatra. Une histoire à laquelle le monde n’est pas encore préparé ».
Et on la trouve où, cette fameuse histoire du rat géant ? me demandez-vous.
Nulle part dans le canon holmésien car elle n’existe pas, elle fait partie de ce que les holmésiens ont nommé les Untold Stories, c’est à dire les histoires citées par Watson dans le canon holmésien, mais jamais écrites par Conan Doyle.
Lorsque j’avais acquis ce petit roman (175 pages, texte sur deux colonnes), j’avais eu une petite appréhension que les louanges faites à ce pastiche n’étaient pas parvenues à éteindre, échaudée que j’étais après avoir lu du grand n’importe quoi réalisé par d’autres auteurs qui avaient eu aussi brodé sur ce fameux rat géant.
Ma lecture initiale m’avait presque faite pleurer de plaisir tant le roman était fin, tant il n’avait pas sombré dans un gouffre abyssal de conneries ou de rats ayant la taille d’un poney.
Cette relecture fut tout aussi plaisante que la première fois, preuve qu’il était bon, ce petit pastiche, même s’il était cher (>20€).
L’auteur respecte tous les codes du canon holmésien et une fois de plus, cette untold stories pourrait très bien être intégrée aux véritables récits du Watson de Conan Doyle tant on s’en approche.
Richard Boyer, l’auteur, joue avec les codes, les utilise à bon escient, fait des références à des autres affaires, nous offrant un Sherlock Holmes et un Dr Watson proche des véritables, tout en ajoutant son style à lui.
Cherchez pas la petite bête, tout y est ! Et pour les lecteurs des aventures de Sherlock Holmes, il ne leur sera pas difficile d’éventer une ruse du détective puisqu’il l’avait déjà faite dans une certains histoire de malédiction canine (et rien à voir avoir avec un dentiste maudit).
Et bien justement, Le Rat Géant, c’est un peu comme avec Le Chien des Baskerville qui contentait une partie fantastique avec malédiction et chien géant sorti des Enfers, et qui se terminait par une explication rationnelle et logique.
L’auteur a bien manié son récit, mêlant habillement le caractère fantastique et mystérieux de l’enquête, tout en lui donnant un final réaliste et sans rien emprunter au fantastique, ce qui aurait été un peu trop facile.
Et si au départ on se demande où est l’histoire avec le rat, Holmes ayant une histoire d’enlèvement à résoudre, pas de panique, il arrivera bientôt, le mélange des deux enquêtes étant harmonieux et bien réalisé.
Du suspense, des rebondissements et un méchant bien travaillé et qui, comme tous les méchants de la terre, ne peut résister à l’envie de se vanter et d’exposer tous ses griefs à l’encontre de Holmes. Comme tous les méchants, en fait… Faudrait faire une étude psychologique sur cette propension qu’ont les Méchants à un peu trop causer.
Anybref, notre détective de Baker Street n’est pas tombé de la dernière pluie, il est loin d’être un imbécile et à plus du rusé renard que d’un lapereau de deux semaines.
L’auteur a aussi brillamment mit en avant la formidable amitié qui lie Holmes et Watson (et rien de plus, on se calme les filles !) et, tel dans l’aventure des « Trois Garrideb », nous avons un Holmes un peu ému à l’idée d’avoir fait prendre de grands risques à son ami. Un grand moment.
Le récit est digne d’un grand cru, vieilli en fût de chêne, il est A.H.O.C (Appelation Holmésienne d’Origine Contrôlée) et ne contient pas de sulfites.
A consommer sans modération parce qu’un pastiche écrit avec un tel savoir, se déguste avec sagesse.

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Sherlock Holmes » de Lavinia sur Livraddict, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et Le Mois Anglais (Juin 2017 – Saison 6) chez Lou et Cryssilda.

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