La Traversée des Temps – 03 – Soleil Sombre : Eric-Emmanuel Schmitt

Titre : La Traversée des Temps – 03 – Soleil Sombre

Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
Édition : Albin Michel (02/11/2022)

Résumé :
Poursuivant sa traversée de l’histoire humaine, Noam s’éveille d’un long sommeil sur les rives du Nil, en 1650 av. J.-C. et se lance à la découverte de Memphis, capitale des deux royaumes d’Égypte. Les temps ont bien changé.

Des maisons de plaisir à la Maison des morts, des quartiers hébreux au palais de Pharaon se dévoile à lui une civilisation inouïe qui se transmet sur des rouleaux de papyrus, qui vénère le Nil, fleuve nourricier, momifie les morts, invente l’au-delà, érige des temples et des pyramides pour accéder à l’éternité.

Mais Noam, le coeur plein de rage, a une unique idée en tête : en découdre avec son ennemi pour connaître enfin l’immortalité heureuse auprès de Noura, son aimée.

Avec le troisième tome du cycle de La Traversée des Temps, Éric-Emmanuel Schmitt nous embarque en Égypte ancienne, une civilisation qui prospéra pendant plus de trois mille ans.

Fertile en surprises, Soleil sombre restitue ce monde en pleine effervescence dont notre modernité a conservé des traces, mais qui reste dans l’Histoire des hommes une parenthèse aussi sublime qu’énigmatique.

Critique :
Bienvenue à Memphis ! Non, pas dans le Tennessee, mais en Égypte !

Si on a tous en nous quelque chose de Tennessee, il est plus difficile d’avoir en nous une vie dans l’Égypte ancienne.

Puisque la littérature peut nous faire voyager dans l’espace, elle sait aussi nous faire voyager dans le temps. Après avoir arpenté le Néolithique et m’être pris un déluge sur la tronche (Paradis Perdus), après avoir assisté à la construction et la chute de la tour de Babel dans la Mésopotamie (La porte du ciel), place maintenant à l’Égypte des pharaons, celle qui vit l’exode des Hébreux sous l’égide d’un certain Moïse.

Avec brio, Eric-Emmanuel Schmitt continue de mettre en scène des petites histoires pour nous raconter l’Histoire (la grande), revisitant par la même occasion, les grands faits bibliques, les mettant à hauteur d’Homme, les expurgeant de leur côté fantastique.

Noam est un personnage attachant, même s’il peut aussi être exaspérant, par moment, mais dans le fond, je l’aime bien, il est réaliste, on prend plaisir à le retrouver. Noura, la femme qu’il aime et qui, comme lui, est atteinte d’immortalité, est plus calculatrice, plus manipulatrice et elle m’a exaspéré avec sa jalousie, alors qu’elle ne s’était pas privée pour aller avec d’autres hommes.

Dans ce troisième tome, c’est la société égyptienne qui est mise à l’honneur et elle est moins glamour que dans les reportages télés qui parlent de découvertes de tombeaux de pharaon ou de vestiges historiques.

Sans pour autant utiliser des esclaves, les pharaons avaient tout de même mis leurs sujets sous servitude. Il faudra toujours des petites mains pour construire des grands stades… heu, pyramides ! Rien n’a changé, tout, tout à continué ! Ah, non, on a inventé les casques de chantiers, au moins !

Dans ce roman, il n’y a pas que des aventures, de l’amour, de l’amitié, il y a aussi des réflexions sur le vieillissement, sur la médecin, le pouvoir, son hérédité, sur le fait que ceux en bas de la pyramide sont toujours les plus mal lotis, comparés à ceux qui se pavanent dans les hauteurs, les premiers de cordée qui, sans les petits du bas, ne seraient rien. Les seules choses qui ruissellent, ce sont les misères et les malheurs, pas les richesses (ou alors, entre riches).

Il me faudrait trop de place pour parler de tout ce qui m’a plu, dans les réflexions de l’auteur (au travers celles de Noam), mais sachez que je les ai trouvées intéressantes, intelligentes et non dénuées de fondement.

Mon premier bémol sera pour le fait que le Méchant soit le même à travers les âge : Derek. Un peu réducteur, je trouve, j’aurais aimé que nos personnages affrontent d’autres salopards, d’autres égoïstes, d’autres enfoirés. Le second pour les quelques longueurs de texte, à certains moments.

Oui, je cherche la petite bête, parce que dans le fond, le vrai fond, j’ai passé un bon moment de lecture, hors du temps, dans cette Égypte ancienne que j’aurais aimée arpenter. Les quelques longueurs n’ont pas réussi à entraver mon plaisir de lecture et mes retrouvailles avec cette grande fresque Historique.

Les intermezzo, entre deux parties, sont toujours le bienvenu, puisqu’ils nous montrent nos héros, à notre époque. Le suspense est bien mené, dans ces petits morceaux et on a toujours hâte d’en savoir plus.

Pour le prochain tome, on quitte l’Égypte (dommage !) pour se diriger vers la Grèce au IVe siècle avant J.C.

Une fois encore, l’auteur réussi à prouver qu’il est un grand conteur et qu’il y a moyen de mélanger des petits histoires dans la grande, sans pour autant lui porter préjudice. Le tout sans jamais être rébarbatif ou que l’Histoire devienne un cours magistral d’université.

Vivement la suite !

 

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La véritable Histoire vraie / Les méchants de l’Histoire – Tome 1 – Dracula : Bernard Swysen et Julien Solé

Titre : La véritable Histoire vraie / Les méchants de l’Histoire – Tome 1 – Dracula

Scénariste : Bernard Swysen
Dessinateur : Julien Solé

Édition : Dupuis (29/06/2018)

Résumé :
Si le personnage du comte Dracula parle à tout le monde, peut-être est-ce moins le cas de Vlad III Basarab, dit « l’Empaleur ».

Pourtant, le vampire de Bram Stoker s’inspire directement de ce prince de Valachie aux méthodes sanguinaires, qui régna durant le XVe siècle.

Bien qu’il soit resté célèbre pour avoir souvent eu recours à la torture dite du « pal », on méconnaît cependant sa véritable personnalité.

Critique :
Dracula… Pour certains, ce n’est qu’un personnage de romans, un vampire sorti de l’imagination de Bram Stoker.

Ce serait réducteur d’affirmer cela, puisque Stoker, pour son récit, s’est inspiré librement d’un personnage ayant réellement existé : Vlad III, dit aussi Vlad Drăculea (fils du dragon), Vlad Tepes, ou Vlad l’Empaleur (là, on comprend de suite son hobby), qui vécut en Roumanie au XVe siècle et était prince de Valachie.

La Valachie, pour ceux qui n’ont pas étudié leurs vieilles cartes de géographie, ça correspond aujourd’hui au sud de la Roumanie. C’était un des dernier rempart des chrétiens contre l’invasion ottomane.

Comme pour les autres tomes de cette série, les auteurs se sont attachés à nous faire découvrir le personnage, tout en y ajoutant des touches d’humour, des jeux de mots et des petites réflexions des personnes empalées. Il a empalé tellement de gens qu’on ne les compte plus… Des forêts de pal, qu’il a planté.

Bilan carbone de Vlad : ou il a fait une grosse déforestation, ou il a recyclé des bois qu’il possédait avant… L’Histoire n’est pas précise sur ce fait.

Je connaissais une partie de l’histoire de Vlad Tepes, ayant lu Histoire vraie du vampirisme (Johannes Van Aken), hélas, j’avais oublié les détails. Cette bédé lui étant exclusivement consacrée, les faits historiques sont plus nombreux et c’est moins rébarbatif à lire.

Dommage que ma mémoire ne soit pas bonne, au sinon, j’aurais eu de quoi alimenter les futurs repas de famille, avec quelques recettes de Vlad Tepes pour avoir de beaux écrevisses ou pour un ragoût peu ragoutant…

Une fois de plus, j’ai adoré l’album de cette série qui manie avec habilité les faits historiques, les horreurs commises par le personnage historique, le tout enrobé d’humour, sans pour autant que cela desserve l’histoire, avec un h minuscule ou majuscule.

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 64 pages).

 

Kill the indian in the child : Elise Fontenaille-N’Diaye

Titre : Kill the indian in the child

Auteur : Elise Fontenaille-N’Diaye
Édition : Oskar – Société (28/09/2017)

Résumé :
Comme tous les jeunes Indiens, Mukwa, 11 ans, est envoyé à Sainte-Cécilia, un pensionnat canadien dont l’éducation est confiée à des religieux. Malheureusement, cet établissement ne ressemble en rien à une école traditionnelle.

Pour tout apprentissage, le jeune Ojibwé découvre l’humiliation, la privation de nourriture, les mauvais traitements…

Car le mot d’ordre est Kill the Indian in the child : éliminer l’Indien dans l’enfant, lui faire oublier sa culture, sa religion, ses origines.

Mais Mukwa se rebelle, décide de fuir et de rejoindre son père trappeur, dans la forêt…

Critique :
L’Homme Blanc n’aime pas ceux qui ne lui ressemblent pas, ceux qui n’ont pas la même culture que Lui, ceux qui croient à un autre Dieu que Le Sien.

Donc, avec les Amérindiens, il fallait les transformer en Hommes Blancs, leur extirper leur culture, leurs croyances, leurs modes de vies, bref, commettre un génocide culturel.

Et un génocide tout court, parce que bien des enfants sont morts dans les pensionnats des bons Pères Blancs (et des bonnes sœurs).

Ces religieux qui n’ont de religieux que le nom, qui n’ont pas dû lire les préceptes enseignés par Jésus (ce que vous faites aux plus petits d’entre nous…) et qui aiment se vautrer dans la violence et l’asservissement des autres.

Il fallait tuer l’Indien dans l’enfant et en faire de bon petits canadiens chrétiens.

Ce roman s’adresse avant tout aux plus jeunes, le niveau de lecture est donc très facile pour l’adulte que je suis. Malgré tout, il m’a touché en plein cœur, même si je connaissais le sujet. Il m’écœure toujours, il me débectera toujours, surtout que les principaux coupables n’ont jamais été punis.

Mukwa est un jeune indien Ojibwé, contraint d’aller dans le pensionnat de Sainte-Cécilia où il y subira, comme les autres, des brimades, des coups, de la torture avec de l’électricité (qu’on y asseye les tortionnaires !), des attouchements, des privations, de la bouffe dégueu,…

On a beau être dans de la littérature jeunesse, les sévices ne seront pas édulcorés pour autant et le passage où le pauvre gamin doit remanger la nourriture qu’il a vomi m’a soulevé les tripes. Je ne comprendrai jamais comment l’on peut faire subir ça à des gosses.

Et nous ne sommes pas dans les années 1800, mais dans les 1900, dans le récit, inspiré d’une histoire vraie (avec les noms des protagonistes et du pensionnat changés), on vient de marcher sur la lune.

L’histoire réelle, s’est passée dans les années 1960, quant on n’avait pas encore foulé l’astre dans lequel je suis souvent, mais tout de même.

Une lecture bourrée d’émotions, d’eau dans les yeux et de rage envers ces hommes et ces femmes d’église, ces frustrés de je ne sais pas où, qui se sont permis de faire subir à des enfants des horreurs dignes des tortionnaires habillés de costard noirs, taillés par Hugo Boss, ceux qui avaient des raideurs dans le bras…

Un petit livre glaçant qui permettra aux plus jeunes, comme aux adultes, d’ouvrir les yeux sur un scandale peu connu et qui pourrait, ensuite, donner l’envie d’en apprendre un peu plus sur les traitements réservés aux enfants Amérindiens au Canada.

PS 1 : Les explications à la fin de l’ouvrage sont tout aussi glaçantes puisque l’on y apprend que le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1996 (putain, si tard ??), que plus de 150.000 enfants y ont été déportés, brimés et torturés (tiens, on n’avait dit « plus jamais ça », après la découverte des camps de concentration ??) et que 30.000 ont trouvé la mort.

PS 2 : j’ai toujours aimé les corbeaux, leur vouant une tendresse particulière, aimant les regarder voler, aimant même les entendre croasser. Maintenant, je les regarderai autrement, car je penserai à Mukwa et à son papa, ainsi qu’à tous les enfants morts dans ces pensionnats de la honte.

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 94 pages).

L’hibiscus pourpre : Chimamanda Ngozi Adichie

Titre : L’hibiscus pourpre

Auteur : Chimamanda Ngozi Adichie
Édition : Folio (2016)
Édition Originale : Purple Hibiscus (2003)
Traduction : Mona de Pracontal

Résumé :
Kambili a quinze ans. Elle vit à Enugu, au Nigeria, avec ses parents et son frère Jaja.

Son père, Eugene, est un riche notable qui régit son foyer selon des principes d’une rigueur implacable. Sa générosité et son courage politique en font un véritable héros de sa communauté.

Mais Eugene est aussi un fondamentaliste catholique, qui conçoit l’éducation de ses enfants comme une chasse au péché. Quand un coup d’Etat vient secouer le Nigeria, Eugene, très impliqué dans cette crise, est obligé d’envoyer Kambili et Jaja chez leur tante.

Les deux adolescents y découvrent un foyer bruyant, plein de rires et de musique. Ils prennent goût à une vie simple, et ouvrent les yeux sur la nature tyrannique de leur père. Lorsque Kambili et son frère reviennent sous le toit paternel, le conflit est inévitable…

Critique :
Kambili, 15 ans, est une jeune fille avec laquelle il est difficile de se lier d’amitié : elle parle peu, s’enfuit en courant une fois que la cloche de l’école à sonnée et semble être un fantôme, comme si elle n’existait pas.

Il me fut difficile de m’attacher à elle, alors que son frère, Jaja, est plus présent, bien que ce ne soit pas lui que l’on suive dans ce roman. Quant à leur Tatie Ifeoma, elle, c’est un personnage marquant, flamboyant.

L’intégrisme religieux chez les catho dans une société africaine… Voilà comment on aurait pu nommer ce roman.

Eugène, le père de nos deux personnages, est plus catholique que le pape, plus catholique que Saint-Antoine et d’une rigidité exacerbée. Benoît XVI est moins rigide que lui, je parie ! On aurait d’ailleurs plus de chance de croiser le Benoît en tutu rose, faisant des entrechats sur la place Saint-Pierre que de voir l’Eugène sourire (ou même rire).

Le péché est son cheval de bataille. Il le traque partout, surtout chez lui. Ils ont la parabole pour la télé, mais ne la regarde jamais. Sans doute n’était-ce pas la bonne parabole (oups, un péché, j’ai fait de l’humour).

La musique ? Oui, dans la voiture, on écoute l’Ave Maria. Et puis de temps en temps, l’Ave Maria et, coup de folie ultime, l’Ave Maria (et non Lavez Maria, oups, encore un péché). Les mecs, ne vous branlez pas, sinon, vous finirez avec les deux mains dans un bol d’eau trèèèès chaude.

Bref, le père de ces enfants est un homme intransigeant. Il a la main lourde et je peux vous assurer que certains passages sont plus glaçants qu’une nouvelle d’épouvante de Stephen King ! Et son épouse qui fait comme si de rien n’était. Terrible. Sans jamais sombrer dans le pathos.

Dans la patois wallon, il existe une expression pour désigner les gens tels que lui, qui d’un côté son pieu et de l’autre, violent. On dit que ce sont des mangeurs de Bon Dieu et des chieur de Diable (Mougneû d’bon Dieu èt dès tchiyeu d’jiale – impossible à écrire sans google et ce n’est pas vraiment le patois de mon bled).

Anybref, vous l’aurez compris, dans ce roman, il est beaucoup question de religion catholique, Eugène étant un peu produit du colonialisme, reniant même son père païen, baisant les pieds des missionnaires et s’étant fait tout seul. Il est riche.

Il est aussi question d’émancipation, d’ouverture d’esprit et de décalage entre Kambili et ses cousins, lorsqu’elle ira chez sa tante Ifeoma (pauvre), où l’on rit, sourit, où on écoute de la musique, où les prières avant de manger ne durent que quelques instants (et pas 30 minutes). Le décalage entre les deux mondes est énorme pour Kambili et son frère, qui s’adaptera plus vite qu’elle.

C’est aussi une page sur la culture nigériane, sur la cuisine, sur les mœurs et sur l’aspect politique. Le Nigéria est en pleine révolution estudiantine, il est aussi question des riches qui ont la possibilité de fuir le pays, laissant là les autres, les pauvres. De savoir s’il faut se battre et risquer de perdre le peu que l’on a, ou continuer de courber l’échine et de tenter de passer entre les gouttes.

N’allez pas croire que les choix sont faciles, que du contraire. Partir est aussi un acte difficile, car on abandonne sa culture, ses amis, sa famille.

Les points faibles de ce roman, ce sont l’écriture assez froide et la lenteur du récit qui va sans se presser. C’est plus réaliste, je sais, plus naturel que les choses prennent le temps de bouger, mais il n’aurait pas fallu 100 pages de plus, sinon, c’était l’enlisement.

Les quelques coups de fouet qui claquent (au sens figuré) ne sont pas assez nombreux pour donner du rythme à l’ensemble et le récit retombe ensuite dans l’apathie.

Dommage, parce qu’avec un peu plus de rythme et n style moins froid, ce roman aurait une claque plus forte. Il l’est déjà de par ce qu’il nous raconte, cette plongée dans un pays dont nous ne connaissons que peu de choses (si pas « rien ») et au cœur d’une famille où le père est un tyran qui lit la Bible (et vous frappe avec).

En fait, ce qui tire le récit vers le haut, c’est Tatie Ifeoma et ses enfants. Eux, ils m’ont marqué et je leur réserve une petite place dans ma mémoire.

Malgré ma mini déception, cette lecture n’est pas un foirage, que du contraire. C’est une réussite puisque je suis sortie de mes sentiers littéraires habituels, que j’ai découvert un autre pays, une autre culture et que cela m’a donné envie de lire d’autres romans de l’autrice.

Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres chez Bidb » (Nigéria).

Absolution par le Meurtre – Soeur Fidelma 01 : Peter Tremayne [Par Dame Ida, Pseudo-Historienne à seize heures]

Titre : Absolution par le Meurtre – Soeur Fidelma 01

Auteur : Peter Tremayne
Édition : 10/18 Grands détectives (2004 / 2011)
Édition Originale : Absolution by Murder
Traduction : Cécile Leclère

Résumé :
En l’an de grâce 664, tandis que les membres du haut clergé débattent en l’abbaye de Streoneshalh des mérites opposés des Églises romaine et celtique, les esprits s’échauffent.

C’est dans ce climat menaçant qu’une abbesse irlandaise est retrouvée assassinée.

Amie de la victime sœur Fidelma de Kildare va mettre tout sur talent et son obstination à débusquer le coupable. Jeune femme libre et volontaire, Fidelma n’est pas une religieuse tout à fait comme les autres…

Avocate irlandaise célèbre dans tous les royaumes saxons, elle sillonne l’Europe pour résoudre les énigmes les plus obscures en compagnie du moine Eadulf.

Dans cette première enquête, leur collaboration sera mise à rude épreuve tandis que les meurtres se multiplient à l’abbaye.

L’avis de Dame Ida :
Absolution par le Meurtre est un roman policier historique dont le personnage principal deviendra un personnage récurrent repris par l’auteur.

Sœur Fidelma de Kildare, éminente juriste de son époque est en outre douée d’un véritable talent pour résoudre les énigmes ; talent qui sera mis à l’œuvre pour retrouver l’assassin de l’Abbesse Etain trouvée assassinée au moment où débute une rencontre entre les différents courants du christianisme se développant sur les îles de ce qui deviendra plus tard le Royaume Uni.

Et oui, nous sommes au VIIe siècle. Le Royaume-Uni est loin d’être unifié, que ce soit d’un point de vue politique comme du point de vue religieux.

Il est composé d’une infinité de petits royaumes de cultures différentes et où le statut de la femme varie de manière étonnante, et le catholicisme romain est encore loin d’avoir la main mise sur le pays évangélisé par Saint Colomban (ou Colombus en latin), dont la légende veut qu’il soit le premier témoin des apparitions du monstre du Loch Ness… En effet, des églises locales se réclament de l’enseignement de ce saint qui différerait de celui de Rome.

Nous découvrons que si certains moines ou ascètes ont fait le choix de suivre la recommandation de Saint Paul et de rester célibataires et chastes, il ne s’agit pas encore d’une obligation pour les religieux qui peuvent vivre en couvant mixtes, et où les prêtres et les évêques peuvent se marier. Mais évidemment…

Être évêque ou abbesse à la tête d’une riche et influente communauté reste tout de même un privilège des personnes issues de la caste aristocratique.

Note de Dame Ida : En réalité l’obligation du célibat dans le clergé ne se mettra en place qu’entre le XIe et le XIIe siècle… Pour des questions économiques : le Vatican ne voulant pas entretenir les veuves et orphelins laissés par les prêtres, et au passage, rester le seul héritier de ce qu’ils laissaient. Et le mariage ne deviendra un sacrement de l’Eglise Catholique au XIIe siècle également !

Anybref, ce roman comportait un grand nombre d’ingrédients pour me faire kiffer grave la race de ma mémère :

De l’histoire et qui plus est de l’histoire religieuse (on ne se remet pas comme ça d’avoir été première en catéchisme en étant petite), des meurtres, une enquête… Un peu d’amour… Un contexte faisant évidemment penser, peut-être un peu trop, au fabuleux roman d’Umberto Ecco, le « Nom de la Rose »…

Ou aux enquêtes d’un autre moine anglais, Frère Athelstan, célèbre sur ce blog… Et qui pourrait être son grand frère spirituel pour ne pas dire son inspirateur (il est apparu en 1991 et elle en 2004), bien qu’il ait vécu cinq siècles plus tard.

Mais la magie n’a pas opéré sur moi malgré mes attentes.

Pourquoi ? Ah… Oui bonne question… Il faut que je me la pose, que j’analyse et que j’argumente.

Le haut moyen âge anglais est une période que je ne connaissais pas du tout. Aussi, bien que curieuse, je me suis retrouvée totalement perdue car sans références. Je devais compter intégralement sur l’auteur pour me guider. Pourquoi pas ? Après tout je ne demandais qu’à apprendre !

Mais voilà… Le roman est plutôt court. Beaucoup trop court en comparaison à son ambition de nous faire découvrir la face cachée de la lune. D’autant que le haut moyen âge anglais est une période éminemment complexe sur le plan religieux et politique, le pays étant divisé en de multiples petits royaumes plus ou moins antagonistes en fonction des périodes et ayant chacun leurs mœurs et où le paganisme cohabite encore avec le christianisme.

Entre les Saxons, les Pictes, les Irlandais, les celtes, les habitants des « Angles », et j’en oublie… Cela fait énormément d’informations à enregistrer et à intégrer.

Or quand elles tombent toutes en même temps comme une avalanche dès les premières dizaines pages (mention spéciale pour le passage où Fidelma se fait présenter TOUS les personnages forts nombreux présents pour le débat théologique qui s’annonce), un cerveau moyen est vite saturé.

L’auteur semble oublier ici, dans sa hâte de nous en dire le plus possible en un minimum de temps, que le lecteur n’est pas nécessairement historien et n’aborde pas son roman comme un livre de référence historique.

Et oui, le lecteur moyen qui ouvre un roman est d’abord là pour se distraire, même s’il n’est pas allergique quant à la perspective d’apprendre des choses.

Tout est question de dosage et d’équilibre dans un roman historique, et là pour un roman de moins de deux cents pages, allier action et une période aussi complexe de l’histoire relevait de la gageure.

Outre l’avalanche de données historiques, celles-ci étaient souvent amenées avec maladresse. Quand on rajoute tout un tas d’explications historiques dans les dialogues, ça peut rapidement avoir un aspect très artificiel soulignant que ledit dialogue n’a pas pour fonction de faire progresser l’action, mais de déployer les éléments culturels de contexte.

C’est un défaut que je repère assez souvent dans les premières pages de certains romans où les premiers dialogues sont là pour planter le décor, mais cherchent à en dire trop pour que cela puisse garder l’aspect d’un vrai dialogue naturel.

Cette maladresse est sans conteste liée à la petite taille du roman, et à certains moments les explications académiques qui nous sont exposées viennent briser le rythme de l’action et créer des longueurs m’amenant à me demander quelle place il restera à la résolution de l’intrigue.

Toutes ces informations auraient nécessité d’être davantage délayées dans l’action, de manière subtile pour ne pas assommer le lecteur. Mais pour ce faire, il aurait alors fallu que le roman soit plus long. Je doute que le « Nom de la Rose » ait été aussi plaisant à lire s’il avait été plus court.

En outre, que de personnages ! Ils sont fort nombreux ! Et si on ajoute toutes les informations historiques, religieuses, aux nombre de personnages à mémoriser là, c’est vraiment trop pour une mémoire déjà saturée.

D’autant que tous ces personnages ont des noms au sonorités barbares, exotiques ou originales, bien éloignées de nos habitudes, ce qui rend la mémorisation encore plus compliquée. Parfois j’étais complètement perdue et j’avais l’impression de lire un ouvrage de fantasy de l’ère hyperboréenne !

Et je passe sur les liens d’alliances, d’inimitiés ou familiaux complexes (les familles recomposées n’ont pas attendu le XXe siècle pour apparaître en Occident !!!) entre tous ces personnages qui sont évidemment à assimiler si l’on veut pouvoir comprendre les éventuels mobiles du meurtrier.

Effectivement, un meurtre a toujours un mobile… et débusquer tous les motifs pour lesquels on aurait pu vouloir la mort des victimes, et les liens possibles entre ces mobiles, c’est une nécessité incontournable de l’enquête.

Aussi le lecteur doit alors essayer de tous enregistrer… ou y renoncer et donc… renoncer à participer à l’enquête en essayant de devancer la sagacité de l’héroïne. Il est pourtant là le plaisir de la plupart des lecteurs de polars, non ?

Quand tout cela vous tombe sur la tronche en quelques dizaines de pages c’est tout de même beaucoup et une telle densité n’est pas forcément très heureuse.

Moi, ça m’a réduite d’emblée à une position passive et de renoncement à tout comprendre ou à essayer de mener l’enquête aux côtés de Fidelma. Je l’ai suivie passivement… En spectatrice peu certaine de comprendre ce qu’elle lisait. C’est une posture qui m’a été assez peu agréable, peu stimulante. Et comme j’ai tendance à m’endormir facilement quand je lis, j’avoue avoir régulièrement piqué du nez.

Par ailleurs, je suis parfois assez perplexe avec certaines approximations utilisées par les auteurs ou les traducteurs quand les romans sur fond historique.

La vulgarisation auprès du grand public encourage assez ce phénomène qui m’avait heurtée il y a quelques années quand dans un livre de Christian Jacq sur l’époque pharaonique j’ai lu qu’il faisait « prendre leur douche » à ses personnages là où un bain ou une toilette aurait été plus compréhensibles, ou faisait intervenir une « gynécologue » là où un médecin ou une sage-femme aurait été moins anachroniques.

Là, je ne sais trop quoi penser de la fonction « d’avocate » attribuée à Sœur Fidelma. Le mot « lawyer » en anglais peut se traduire de différentes manières, et dans le cas présent, le terme de « juriste » m’eut paru plus indiqué car le mot « avocat » peut nous renvoyer à des représentations très différentes de ce à quoi peut correspondre le parcours de Fidelma dans son contexte historique particulier.

La profession d’avocat ne s’est développée sous la forme que nous lui connaissons en France qu’aux alentours du XIIIe siècle… Peut-être existaient ils ailleurs avant ? Mais certainement pas tout à fait comme nous les voyons aujourd’hui.

Et quand on nous parlera du « divorce » d’un roi chrétien, on pourra être interloqués si nous restons sur l’idée que l’Eglise ne reconnaît pas le divorce. Le terme de « répudiation » (séparation demandée par le mari, et validé par les autorités) n’aurait-il pas été plus judicieux que le divorce (prononcé par une autorité tierce, extérieure au couple) ?

Alors oui, quand on sait qu’alors le mariage n’était pas encore un sacrement chrétien à l’époque, mais un simple arrangement financier entre familles, peut être comprend-on mieux… Mais ça n’est pas expliqué.

En fait tout au long du roman j’aurais l’impression que l’auteur soit va trop loin dans ses explications (trop lourdes ou maladroites au moment où il les donne), ou alors qu’il n’en donne pas assez pour que je puisse comprendre clairement de quoi il parle.

Sans oublier les mots moyenâgeux en langues anciennes locales, liés aux fonctions ou statuts parfois non expliqué, ou insuffisamment expliqués…

Je ne saurai trop à qui attribuer ces approximations (à l’auteur ? à la traductrice ?), mais quoi qu’il en soit, le résultat est que j’imagine que d’autres approximations ont pu m’échapper étant donné que je ne connais rien à cette époque particulière, et que je peux avoir été induite en erreur dans les subtilités de ce qui me sera expliqué sur le contexte historique.

De fait, je ne suis pas sûre de ce que je croirai avoir appris de ma lecture et n’en serait pas franchement satisfaite pour l’édification de ma culture générale. Et ça c’est un peu décevant.

L’intrigue est honorable mais n’a pu que souffrir dans son développement des défauts inhérents au trop faible nombre de pages et au déséquilibre entre son traitement et la présentation du contexte historique.

En outre, je me demande même si l’héroïne est si sympathique que cela. Elle est parfois un brin pète-sec et limite imbue d’elle-même face à certains personnages à qui elle va reprocher la même chose.

Comme elle a beaucoup investi le champ du savoir, la question de savoir qui a le plus grand savoir va revenir sur le tapis à chaque rencontre décisive et j’ai trouvé ça limite pénible. Je sais que c’est dur d’être reconnue en tant que femme de tête et encore plus à cette époque…

Mais les concours de quéquettes qui m’ennuient déjà quand ils opposent des hommes, me navrent carrément quand ils impliquent aussi des femmes qui acceptent de s’approprier les défauts des hommes. Mais l’auteur étant un homme, il a peut-être oublié que les femmes et qui plus est quand elles sont instruites, évitent de se vautrer dans leurs travers ?

Bon elle n’a pas que des mauvais côtés évidemment, mais en même temps l’auteur la rend tellement surhumaine que forcément ça n’en est pas totalement crédible parce que… je me sens jalouse.

Ce livre est la première aventure de Sœur Fidelma. Peut-être ne s’agit-il que d’un tour de chauffe et que l’auteur a pu poursuivre son œuvre en s’appesantissant moins sur le contexte ou du moins en équilibrant mieux l’intégration des éléments historiques au développement de l’intrigue ?

Anybref, avant de mettre ma note, je rappelle que celle-ci n’est jamais représentative que du plaisir que j’ai pu prendre (ou pas) à lire un livre, ce qui signifie que quelqu’un d’autre pourrait tout à fait avoir envie de donner une autre note que la mienne en fonction du plaisir qu’il ou elle aura pu y trouver.

Ne vous arrêtez pas à mon avis si le sujet peut vous intéresser. Au contraire, lisez le livre et venez me dire en quoi vous seriez d’accord ou non avec moi.

Mais moi vous l’aurez bien compris… je n’ai pas eu ici le plaisir escompté en me lançant dans cette lecture.

 

Ce qui vient après : JoAnne Tompkins

Titre : Ce qui vient après

Auteur : JoAnne Tompkins
Édition : Gallmeister (03/03/2022) – 576 pages
Édition Originale : What comes after (2021)
Traduction : Sophie Aslanides

Résumé :
Dans l’État brumeux de Washington, Isaac traverse seul le deuil de son fils adolescent, Daniel, assassiné par son meilleur ami Jonah. Ce dernier se suicide et le monde de sa mère Lorrie s’effondre à son tour.

Il n’y a aucune explication à ce drame. Isaac et Lorrie, autrefois amis, s’évitent telles des ombres séparées par leurs pertes incommensurables. Jusqu’à l’apparition soudaine d’une sans-abri de seize ans, enceinte.

Recueillie par Isaac, accompagnée par Lorrie, Evangeline devient un rai de lumière dans leur vie.

Mais une révélation éclate : la jeune fille avait croisé le chemin des garçons la semaine du meurtre. Tous trois devront confronter leurs souvenirs douloureux. Car comprendre le passé est leur seule chance de pouvoir se tourner vers l’avenir.

Critique :
Ce qui vient après la mort, c’est le deuil, mais avant de le commencer, il y a souvent des tas de questions que l’on se pose et dont personne n’a les réponses, ce qui vous plombe de l’intérieur.

Dans ce cas-ci, c’est Isaac, un père qui a perdu son fils Daniel, tué par Jonah, son meilleur ami, sans que l’on sache pourquoi, puisque quelques jours après le meurtre, ce dernier se donne la mort. La mère du meurtrier, Lorrie est la voisine d’Isaac…

Qu’est-ce qui peut venir après un tel drame ? C’est peut-être d’Evangeline, une jeune fille paumée qui a croisé la route des deux garçons, que les réponses viendront.

Si ce roman était Corse, je le qualifierait de polyphonique, mais c’est un roman, il sera donc choral puisque les différents points de vue des personnages principaux viendront nous éclairer, petit à petit, sur le drame et son origine.

Ce qui construira peu à peu les personnages principaux, nous les montrant sous d’autres éclairages, nous donnant des personnages finement décrit.

Hélas, il m’a parfois plusieurs lignes avant de comprendre quel personnage avait pris la parole, ce qui m’a déstabilisé durant plusieurs chapitres, ne sachant jamais trop qui parlait avant d’avoir confirmation d’une identité.

Si le style d’écriture est simple, sans être simpliste, j’ai trouvé, pour ma part, que le récit général était assez lourd. Oui, le processus de deuil est long et lent, je le sais pertinemment bien, mais dans le cas du roman, avec 100 pages de moins, on aurait obtenu une histoire plus ramassée, plus fluide et bien plus intéressante.

Gallmeister est une maison d’édition que j’adore, j’ai rarement des déceptions littéraires avec elle, et pourtant, de temps en temps, ça arrive. Comme si j’étais restée en surface, sans jamais vraiment entrer dans ce récit.

Un peu comme Isaac, Evangeline et Lorie qui ont évolués sous mes yeux durant 576 pages, en surface, eux aussi, comme si leur interactions étaient fausses, mal jouées. Comme si tout le récit tournait en rond, tel un chien après sa queue.

Voilà, c’est une lecture foirée dans les grandes lignes. Aucun des personnages n’est arrivé à me toucher, si ce n’est Jonah, l’assassin, justement. Et Rufus aussi, mais lui, c’est un chien.

Une fois de plus, je suis à contre-courant des autres critiques Babelio. C’est en modérant des citriques sur Livraddict que j’étais tombée sur la chroniques coup de coeur d’une blogueuse et que j’avais eu envie de le lire.

Tous les avis sont dans la littérature, ne tenez pas trop compte du mien, vous pourriez aimer ce roman, comme la majorité sur Babelio. Pour moi, ce récit manquait d’émotions, de profondeur, de dynamisme et était un peu trop sirupeux à certains moments, même si ça fait du bien dans ce monde de brutes.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°14] et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées).

La Traversée des Temps – 02 – La Porte du ciel : Eric-Emmanuel Schmitt

Titre : La Traversée des Temps – 02 – La Porte du ciel

Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
Édition : Albin Michel (03/11/2021) – 581 pages

Résumé :
L’éternité n’empêche pas l’impatience : Noam cherche fougueusement celle qu’il aime, enlevée dans de mystérieuses conditions.

L’enquête le mène au Pays des Eaux douces la Mésopotamie où se produisent des événements inouïs, rien de moins que la domestication des fleuves, l’irrigation des terres, la création des premières villes, l’invention de l’écriture, de l’astronomie.

Noam débarque à Babel où le tyran Nemrod, en recourant à l’esclavage, construit la plus haute tour jamais conçue. Tout en symbolisant la grandeur de la cité, cette Tour permettra de découvrir les astres et d’accéder aux Dieux, offrant une véritable « porte du ciel ».

Grâce à sa fonction de guérisseur, Noam s’introduit dans tous les milieux, auprès des ouvriers, chez la reine Kubaba, le roi Nemrod et son architecte, son astrologue, jusqu’aux pasteurs nomades qui dénoncent et fuient ce monde en train de s’édifier.

Que choisira Noam ? Son bonheur personnel ou les conquêtes de la civilisation ?

Dans ce deuxième tome de la saga La Traversée des Temps, Eric-Emmanuel Schmitt met en jeu les dernières découvertes historiques sur l’Orient ancien, pour nous plonger dans une époque bouillonnante, exaltante, prodigieuse, à laquelle nous devons tant.

Critique :
Le premier tome m’avait emporté au néolithique, m’avait fait vivre un déluge, devenu ensuite, au fil des récits, LE Déluge biblique.

J’avais fait la connaissance de Noam, devenu Noé pour les récits, de Noura, la femme qu’il aime plus que tout et de Derek, celui qui était devenu un sale type.

C’est donc avec grand plaisir que j’ai replongé dans cette folle aventure qui décortique l’Ancien Testament, qui nous fait vivre une partie de ses grands épisodes, nous le montrant sous un autre jour et qui nous fait vivre aussi les débuts de l’Humanité.

Le côté Historique est bien rendu, on sent le travail de l’auteur derrière son récit, qu’il nous conte avec une facilité déconcertante, même si, le début de ce deuxième tome est un peu long et répétitif.

Noam, toujours amoureux de sa Noura, la cherche partout, marche énormément, découvre le Monde après un long sommeil réparateur (dans le sens premier du terme) et à un moment donné, j’ai eu l’impression que l’on tournait un peu en rond, tel un chien après sa queue.

Heureusement, une fois arrivé à Babel, le récit va redevenir intéressant, bouger, nous apprendre des choses, nous présenter des personnages intéressants et hautement attachants, tel la reine Kubaba et Gawan le sorcier (qui n’en est pas vraiment un, vous connaîtrez son truc si vous lisez le roman).

La tour de Babel, celle qui va s’écrouler… Je ne divulgâche pas, tout le monde connaît l’Histoire, le récit, la légende (biffez les mentions que vous ne gardez pas), de plus, la tour est représentée sur la couverture.

Par contre, je resterai muette sur l’autre épisode important de l’Ancien Testament dans lequel Noura aura une importance capitale, bien que je n’aie pas aimé son comportement de manipulatrice.

Dans ce récit, une fois de plus, la fiction se mêle habillement et intelligemment avec l’Histoire de l’Humanité et l’Ancien Testament. L’imaginaire est au pouvoir, le fantastique aussi (immortalité), sans jamais que cela devienne trop lourd.

La politique est bien présente, avec ses jeux de pouvoirs, ses guerres, ses ruses pour en éviter une, les débuts de l’espionnage, de l’écriture et la mégalomanie d’un roi qui ne se sent plus péter et se fait construire un immense phallus pour causer avec les Dieux. Faut de viagra©, sa tour débandera…

Le reproche que je ferai à cet opus, c’est le Grand Méchant, Nemrod. Oui, je sais, il existe des dictateurs, des tyrans encore pire que lui, plus sadiques, plus meurtriers, plus mégalos, bref des salopards qui n’auront aucunes circonstances atténuantes. Dans le rôle de l’ordure de service, il est parfait : seul, parano, violent, toujours à la recherche de plus de richesses…

Ce n’est pas le personnage de Nemrod que je remets en question, c’est l’homme qui se cache derrière le roi. Ceux et celles qui l’ont lus savent de qui je veux parler.

S’il y a bien un truc que je n’aime pas, en littérature, ce sont les méchants récurrents. Si Joe Dalton me fait rire, j’apprécie quand l’auteur crée d’autres méchants, au lieu de prendre toujours le même. D’accord, le méchant de ce roman est immortel aussi, mais j’espère qu’il ne va pas s’introduire dans toutes les peaux de tous les salopards de l’Histoire, sinon, je vais faire un malheur. De la diversité, que diable !

Hormis ce bémol, le récit m’a captivé et j’ai dévoré les 580 pages sur deux jours. Le projet de l’auteur est ambitieux : raconter, en 8 volumes, l’Histoire de l’Humanité. Mais le raconter à la manière de Dumas, avec des aventures, de la flamboyance, des amitiés (et sans ghost writer j’espère).

À la fois récit initiatique, quête, roman d’aventure, d’amour, roman historique, biblique, politique, religieux, polar, ce deuxième tome confirme tout le plaisir ressenti dans le premier, malgré mes bémols. Schmitt est un formidable conteur et je serai au rendez-vous pour la partie Égyptienne.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°006] et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées).

Le Scorpion – Tome 14 – La tombe d’un dieu : Stephen Desberg et Luigi Critone

Titre : Le Scorpion – Tome 14 – La tombe d’un dieu

Scénariste : Stephen Desberg
Dessinateur : Luigi Critone

Édition : Dargaud (27/05/2022)

Résumé :
Au Caire, le Scorpion a retrouvé Méjaï. Mais elle lui a interdit de se mêler de sa vie et de celle de leur enfant… qui semble avoir disparu. A bord d’une felouque descendant les eaux du Nil, le Scorpion compte bien découvrir la vérité, mais il a besoin d’argent.

Ainsi se remet-il au service de la Sabbatéenne, une femme plus dangereuse encore, capable de percer les mystères du passé. La Sabbatéenne s’est lancée sur les traces du plus mystérieux des pharaons, Akhenaton, l’inventeur du dieu unique.

Elle est persuadée qu’en trouvant sa tombe, elle pourra faire le lien avec son grand prêtre Tamose, le Moïse de la Bible, et l’exode vers la Palestine, aujourd’hui revendiquée par les juifs, les musulmans et les chrétiens d’Occident. Mais la quête tourne mal. Des hommes armés les attaquent.

Le trésor de la tombe d’Akhenaton attire toutes les convoitises, et particulièrement celles du puissant Al Kabir, le maître de Méjaï qui possède la clé de ses secrets.

Critique :
Depuis que Marini n’est plus là, le Scorpion n’est plus tout à fait le même… Il est sans doute plus facile de copier certains dessins que d’autres.

Les dessins de Luigi Critone sont presque à l’identique de ceux de Marini, beaucoup mieux que dans le précédent tome, où ils ne m’avaient pas conquis, mais il leur manque toujours un petit truc : l’âme que possédaient les anciens.

Malgré tout, adorant les aventures du Scorpion, je ne pouvais manquer ce nouveau rendez-vous, en terre Égyptienne. Un petit résumé de l’album précédent se trouve au début de celui-ci, ce qui est une bonne idée, car deux années se sont écoulées entre le tome 13 et le 14.

Il est une fois de plus question de religions, ce qui est des plus normal, à cette époque. Trois religions se côtoient et vivent en harmonie.

Il y a, bien entendu, des fanatiques qui ne veulent pas que l’on remette certaines choses en question et qui sont prêt à tout pour empêcher le Scorpion et la Sabbatéenne d’arriver à leur fin.

Derrière ces fanatiques, il y a surtout des hommes qui les manipulent, qui tirent les ficelles, qui n’ont pour objectif que d’étendre leur empire, leur pouvoir, ou tout simplement le garder. Pour eux, la religion n’est qu’un prétexte et tout le reste est politique. L’empire Ottoman vacille et certains voudraient en tirer parti, quand d’autres voudrait qu’il reste encore.

La recherche de la tombe du pharaon hérétique apportera un autre éclairage sur un épisode archi-connu de l’Ancien Testament.

Nous sommes loin des premiers albums qui m’avaient emportés, qui avaient été des coups de coeur, malgré tout, je suis contente de retrouver mon Scorpion et ses quêtes.

Pourtant, s’il avait été moins attaché à sa quête de la vérité et moins égoïste, Méjaï n’aurait pas perdu ce qu’elle a perdu…

Un bon album, correct, qui remonte d’un cran par rapport au précédent et qui laisse présager, je l’espère, que les suivants ne nous décevrons pas.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°258] Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 46 pages).

 

Poumon vert : Ian R. MacLeod

Titre : Poumon vert

Auteur : Ian R. MacLeod
Édition : Le Bélial’Une Heure Lumière (21/04/2017)
Édition Originale : Breathmoss (2002)
Traduction : Michelle Charrier

Résumé :
Lors de sa douzième année standard, pendant la saison des Pluies Douces habarienne, Jalila quitte les hautes plaines de Tabuthal.

Un voyage sans retour — le premier. Elle et ses trois mères s’installent à Al Janb, une ville côtière bien différente des terres hautes qui ont vu grandir la jeune fille.

Jalila doute du bien-fondé de son déménagement. Ici, tout est étrange. Il y a d’abord ces vaisseaux, qui percent le ciel tels des missiles. Et puis ces créatures d’outre-monde inquiétantes, qu’on rencontre parfois dans les rues bondées.

Et enfin, surtout, la plus étrange des choses étranges, cet homme croisé par le plus pur des hasards — oui, un… mâle. Une révélation qui ne signifie qu’une chose : Jalila va devoir grandir, et vite ; jusqu’à percer à jour le plus extraordinaire secret des Dix Mille et Un Mondes…

Critique :
De temps en temps, je sors de mes sentiers battus et je m’en vais explorer d’autres Mondes, d’autres Univers, qu’ils soient au sens premier du terme ou tout simplement littéraires.

La collection Le Bélial est géniale puisqu’elle me permet de m’encanailler dans de la SF, sans pour autant entamer des sagas sans fins ou des très longues que l’on n’a jamais le temps de finir (ou alors, on met des années à tout lire).

Puisque l’auteur était anglais, cela tombait bien avec le Mois Anglais. Après mon échec de lecture de « Sur la route d’Aldébaran », je me suis remise de suite en selle avec une autre novella de cette maison d’édition.

Bardaf, je suis retombée !

Pourquoi ? Déjà, l’auteur invente des mots, parlant d’objets qui existent sur ce monde, mais sans les expliquer. À vous de faire bosser votre imagination pour tenter de savoir ce que c’est et à quoi ça sert (tentexplo, haremlek, tariqa, hayawans, qasr,…).

Je n’ai rien contre le fait de faire bosser mes petites cellules grises, mais si je me plante dans mon interprétation de ces mots, ça la fout mal, non ?

Dommage, parce que ce monde était intéressant à explorer. Imaginez un monde uniquement peuplé de femmes, la violence abolie, où les hommes sont plus que minoritaires et qu’on suspecte toujours d’être violents.

Non pas que je sois en accord avec ces préjugés, mais j’étais curieuse de lire ce que l’auteur allait inventer, développer, mettre en lumière. La société développée a des airs orientales, certains mots ou phrase m’ont fait penser à des bien connues, pour peu que l’on ait quelques notions culturelles.

Hélas, je me suis perdue dans ce monde, dans les personnages, dont aucun ne m’a vraiment touché.

J’ai juste été intriguée par sa rencontre de Jalila (personnage principal) avec Kalal, le premier garçon qu’elle croise sur cette planète où les hommes sont archi minoritaire (même Greenpeace ne pourrait plus rien pour cette espèce en voie d’extinction).

Sinon, aucun autre moment de la vie de Jalila, qui vit avec ses trois mères, ne m’a emballé, emporté.

Pire, j’ai même une impression fugace que le tout manquait de cohérence, de liant, et je me suis grave emmerdée durant ma lecture (mais je n’ai pas sauté de pages, sauf si je me suis endormie et que je n’ai rien remarqué en reprenant ensuite la lecture de la novella).

Peu de description de la ville, du monde dans lequel ces femmes vivent… Tout est évasif (oui, je sais, 144 pages, c’est peu), je ne me suis accrochée à rien et si je suis allée jusqu’au bout de cette lecture, c’est justement parce qu’elle était courte.

La seule chose que j’ai apprécié, ce sont les petits piques de l’auteur sur ce monde non mixte, composé à 99 % de femmes. Ce n’est pas un monde meilleur qu’un mixte, que du contraire. On pense avoir aboli les vieux travers, mais chassez le naturel…

Un rendez-vous manqué de plus, ce n’est pas la fin du monde, je vais passer à autre chose et oublier ces deux novellas avec lesquelles ne n’ai pas accroché (mais je n’ai pas dis mon dernier mot, je reviendrai vers les novellas de chez Le Bélial).

#MoisAnglais2022

Le Mois Anglais – Juin 2022 (Chez Titine et My Lou Book).

Helldorado – Tome 01 – Santa Maladria : Jean-David Morvan, Ignacio Noé et Miroslav Dragan

Titre : Helldorado – Tome 01 – Santa Maladria

Scénariste : Jean-David Morvan & Miroslav Dragan
Dessinateur : Ignacio Noé 🇦🇷

Édition : Casterman Ligne d’horizon (2006)

Résumé :
Quelque part sur une île tropicale, un village indien s’éveille dans la douceur de l’aube.

Mais l’enfer se déchaîne bientôt : un escadron de conquistadors a cerné les lieux, et massacre jusqu’au dernier tous les habitants, femmes et enfants compris. Toutes les apparences d’un crime gratuit, impardonnable.

Mais peut-être la réalité est-elle plus complexe qu’il n’y paraît. Car ce n’est pas une « simple » guerre conventionnelle qui oppose les Espagnols aux indigènes, les Indiens Syyanas.

Un troisième belligérant parcourt le théâtre des opérations, frappant indistinctement dans les deux camps sans jamais faire de quartier : une maladie mortelle foudroyante, si effrayante qu’on s’est même refusé à la nommer.

Critique :
Les premières pages sont sans paroles, mais le poids des images donne le ton : une femme découvre les soldats espagnols dans son village, ils vont charger… Ils chargent…

Pleurs, cris muets, fosses communes creusées, habitants du village entassé dans les tranchées creusées et abattus par balles puis on incendiera les cadavres.

Il faut attendre la page 10 pour avoir du dialogue. Le récit commence dans la violence gratuite et le sang.

Les Conquistadors tuent ainsi chaque fois, mais ils ne pillent rien, ne volent rien (si ce n’est la vie des habitants), n’emportent rien. Bizarre.

Hutatsu et Dathcino sont 2 jeunes Syyanas qui passent après les massacres et ne se privent pas pour prendre les affaires ou la nourriture des assassinés. Vous me direz qu’elle ne servira à personne et qu’ils n’ont pas de sang sur les mains, ces deux gamins.

De plus, si les autochtones de l’île se serrent les coudes, c’est depuis que l’Homme Blanc massacre des villages entiers, avant, durant l’épidémie, les riches se soignaient et laissaient crever les pauvres.

Les Conquistadors sont bien entendu guidés par la main de Dieu, qui leur donne une mission, comme une rédemption, et blablabla…

Le capitaine des Conquistadors a une sale gueule (on comprendra ensuite pourquoi) et est très croyant (sa casa est remplie de crucifix de toutes tailles), comme tout le monde à cette époque, pensant que la maladie qui a touché les Indiens a été envoyée par le Diable.

Si les dessins ne m’ont pas trop emballés, ils ne m’ont pas trop perturbés non plus. Les couleurs sont dans des tons pastels, douces, lumineuses. Agréables pour les yeux.

Pour l’instant, je ne sais pas trop où cette série va m’emmener. Les thèmes abordés sont connus, on sait que les Espagnols n’ont pas été des gentils lors de leur conquête des Amériques, que ce furent des bains de sang, des massacres, des génocides…

Nous avons beau le savoir, les 7 premières planches, muettes et extrêmement violentes, mettent déjà au tapis le pauvre lecteur qui ne s’attendait pas à un tel déchaînement de violence dès le départ.

D’habitude, les auteurs prennent le temps de présenter leur univers, là, on envoie du lourd directement. Ça déstabilise, mais ça remet les idées en place.

Du côté des Indiens Syyanas, ce n’est pas mieux. Les gens accusés sont divisés en trois catégories et seule l’une d’entre elles est passable (défendre la cité), les autres, ont les plaint, dont nos deux gamins pilleurs du début.

Ce premier tome me laisse un peu sur ma faim, mais j’ai au moins l’envie de poursuivre la série afin de savoir où les auteurs veulent en venir. Sur des scénarios convenus ou intéressants ? Je ne le saurai qu’en découvrant les deux tomes suivants.

Contrairement à d’autres séries, je vais poursuivre.

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 48 pages) et Le Mois Espagnol (et Sud-Américain) chez Sharon – Mai 2022 (Fiche N°35).