Titre : Le lac de nulle part
Auteur : Pete Fromm
Édition : Gallmeister (06/01/2022)
Édition Originale : Lake Nowhere (2022)
Traduction : Juliane Nivelt
Résumé :
Cela fait bientôt deux ans que Trig et Al, frère et sœur jumeaux, n’ont plus de contact avec leur père. Et voilà qu’il réapparaît dans leur vie et réclame « une dernière aventure » : un mois à sillonner ensemble en canoë les lacs du Canada.
À la fois excités à l’idée de retrouver la complicité de leur enfance et intrigués par ces retrouvailles soudaines, les jumeaux acceptent le défi de partir au milieu de nulle part.
Mais dès leur arrivée, quelque chose ne tourne pas rond, les tensions s’installent.
Contrairement à ses habitudes, leur père paraît mal préparé à l’expédition, qui s’annonce pourtant périlleuse par ce mois de novembre froid et venteux.
Tous les trois devront naviguer avec la plus grande prudence entre leurs souvenirs et la réalité qui semble de plus en plus leur échapper.
Critique :
Qui a eu cette idée folle, non pas d’inventer l’école, mais d’emmener ses enfants pagayer en canoë sur des lacs canadiens, fin octobre, et ce, durant un mois ? C’est leur papa Bill !
Bill, grand aventurier à l’ancienne, a proposé à ses jumeaux de plus de 25 ans, de vivre une dernière aventure ensemble, comme au bon vieux temps (sans maman, puisque divorcés).
Al et Trig sont des faux jumeaux, Al étant la fille et Trig le gamin. Vous comprendrez dans le récit, pourquoi leur père a décidé de les affubler de ces prénoms horribles. Le père est un hurluberlu, un peu fou, un peu zinzin, fantasque, autoritaire, avec des certitudes bien ancrées…
Qu’allaient-ils faire dans cette galère, aux portes de l’hiver (oh, je vais des vers) ? Parce que sérieusement, faut déjà être un peu folle pour lire un récit qui se déroule dans des grands froids alors que dehors, il fait 2° (et dedans, pas plus de 19°), mais rester dans un parc composés de grands lacs, en hiver, seuls comme des cons, faut être chtarbé !
Pete Fromm est un auteur que j’apprécie beaucoup, certains de ses romans m’ont fait vibrer et là, j’ai eu un peu de mal avec le début de son roman, notamment avec les redondances des gestes de notre trio : portage des canoës, monter le camp, préparer la bouffe, dormir dans les duvets, se lever, s’habiller, pisser un coup, préparer le café, démonter le campement, pagayer… Ça devenait long et laborieux !
Mêmes les décors n’étaient pas vraiment au rendez-vous… Quant à l’attachement aux personnages, il était aux abonnés absents. Il aurait peut-être fallu avoir un narrateur omniscient au lieu de Trig. Ou alors, passer de l’un à l’autre…
Si je me suis accrochée à ma pagaye et remonté le plaid sur moi pour ne pas frissonner plus, c’est parce que je sentais que là, sous la glace qui n’était pas encore arrivée, se cachait un Nessie, un monstre du Loch Ness qui allait surgir et engloutir tout le monde, au sens figuré, bien entendu.
Chacun porte sa croix, a ses blessures, ses secrets qu’il ne dit pas, qu’il garde pour lui. Le père a un comportement bizarre, ça sentait la merde à plein nez. Trig, le fils, allait se réfugier dans son vortex et les tensions montaient entre les protagonistes de ce canoë dangereux, vu la saison froide qui arrive à grand pas.
Quant à Al, elle était distante de son père, pas trop contente d’être là. La bomba allait exploser… Et ça n’a pas loupé ! Il a tout de même fallu plus de 150 pages pour que le récit commence à bouger.
À partir de ce moment-là, le récit est devenu addictif, car récit de survie pure et dure, dans le froid, avec les glaces qui se forment. Impossible de lâche le roman, je l’ai terminé sur ma soirée, alors qu’auparavant, je ne pagayais plus, heu, pardon, je n’avançais plus.
Là, tout le talent de Pete Fromm entre en jeu pour nous décrire, avec brio (avec qui ?), un récit de survie, un récit dans un froid de -20°, avec les provisions qui diminuent, la trouille de ne pas arriver au point de départ et les paysages qui changent, en raison de la neige, sans compter que pas de cartes, de GPS, pas de réchaud (allumettes seulement), bref, à l’ancienne…
Le récit m’a donc donné ma dose d’adrénaline, même si je n’ai jamais eu d’empathie pour les personnages, ce qui aurait été un plus. Déjà que j’avais hésité à poursuivre ce roman qui m’avait un peu endormi au départ. Comme quoi, persévérer, parfois, ça paie.
Un roman d’aventure extrême, de survie dans la nature et le froid, où la moindre erreur, la mauvaise décision, se paie cash. Ce roman met aussi en scène des jumeaux fusionnels, issu d’une famille un peu bizarre, où il faudra une expédition mal préparée, à la mauvaise saison, pour faire sortir le pus des blessures. Une thérapie de groupe aurait été moins dangereuse.
Le final, lui, m’a estomaqué… Il n’aura manqué, à ce roman, qu’un début moins soporifique, des décors mieux décrits et des personnages attachants. En ce qui concerne l’adrénaline, elle, elle fut au rendez-vous, j’ai eu ma dose.