Titre : Lady Sherlock – 02 – Conspiration à Belgravia
Auteur : Sherry Thomas
Édition : J’ai Lu – Pour elle – Aventures & passions (07/07/2021)
Édition Originale : Lady Sherlock, book 2 : A conspiracy in Belgravia
Traduction : Maud Godoc
Résumé :
Quel est le secret le mieux gardé de Londres ? Une femme qui se cache derrière la figure du légendaire Sherlock Holmes !
Bannie de la haute société, Charlotte a tout le temps de se consacrer à ses enquêtes. Cette fois, il lui faut résoudre une épineuse affaire de disparition.
Lady Ingram a perdu la trace de son premier amour, qui ne s’est pas présenté à leur rendez-vous annuel. Folle d’angoisse, elle fait appel au grand Sherlock pour l’aider en toute discrétion.
Épaulée par son amie, Mme Watson, notre détective en jupon se lance dans une nouvelle aventure…
Critique :
En 2021, j’avais lu « Une étude en rose bonbon », premier tome de cette série étiquetée « Romance », dans le but de ricaner durant ma lecture et de pondre une critique cinglante sur un roman qui mettait en scène une certaine Charlotte Holmes et qui me semblait avoir tout de la littérature guimauve (vu la collection)…
J’en avais été pour mes frais en découvrant un roman qui aurait pu être publié aux éditions 10/18 dans la catégorie Grands Détectives, tant ce roman avait plus du polar historique que du roman d’amûûr à l’eau de rose.
Oubliez la guimauve, les dialogues énamourés, les regards brûlants, nous sommes dans un polar historique avec quelques odeurs d’amour, mais si ténues que l’on en trouverait bien plus dans un Thomas Pitt ou un Lizzie Martin !
Charlotte Holmes a tout d’un Sherlock Holmes, personnage qu’elle a inventé, dans le but d’enquêter. Elle est intelligente, sait faire des déductions et est aussi froide que le détective que nous connaissons.
Oui, elle a un faible pour Lord Ingram, sans pour autant se languir de lui ou de chanter les vertus de l’amour. Elle est réaliste, elle sait que l’amour ne dure pas longtemps et que les hommes sont des imbéciles à chercher la femme parfaite.
Elle n’en veut pas à celle qui a épousé l’homme qu’elle appréciait à sa juste valeur, elle est lucide et comprend très bien que la jeune fille ait dû sauver sa famille de la ruine en épousant un homme pour son argent. N’étant pas à court de jugement, notre jeune demoiselle porte des regards plus que lucides sur la société victorienne, ses codes et sa rigidité.
Dans ce nouvel opus, notre détective en jupons va justement devoir aider Lady Ingram à retrouver une personne et, ce qui au départ semblait être une affaire facile, se révèlera bien plus complexe, pour mon plus grand plaisir.
Le rythme n’est pas trépidant, personne ne court dans tous les sens, et pourtant, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde durant ma lecture. J’ai apprécié que l’autrice parle de la société victorienne, de ses manies, de ses travers, de ses codes, de la période où les familles nobles passaient à Londres, organisant des bals, avant de repartir à la campagne, durant 8 mois…
J’en connaissais une partie, mais c’est toujours plaisant, lorsque que l’on est attirée par l’époque victorienne, de lire sur le sujet (attention, je n’aurais pas aimé y vivre). Londres fait partie des personnages à part entière, ainsi que les droits des uns et des autres, les coutumes, les codes de la société, les moeurs, les pensées…
Les femmes n’ont rien à dire, les hommes sont tout, ne supportent pas qu’une femme puisse être plus intelligente qu’eux, plus perspicace ou tout simplement, qu’elle ait un niveau social plus haut que môssieur. Le mariage et la paternité (ou maternité) sont tout et certains s’y réfugient dans le but de trouver un équilibre, qui n’est pas toujours au rendez-vous…
Anybref, vous l’aurez compris (ou alors, vous n’avez pas suivi), ce roman n’est pas une romance à la guimauve, ni même une romance tout court. Les sentiments amoureux sont proscrits chez Charlotte, elle est bien trop lucide et si la société victorienne avait des jeunes filles de bonne famille rêvant du mariage d’amour, la plupart étaient des mariages de raison ou de pognon.
Véritable polar historique, qui, avec une autre couverture, pourrait se faire publier dans n’importe quelle collection « Policier » d’une maison d’édition, c’est aussi une transposition intelligente et bien réalisée du canon holmésien en version féminine. Moi, quand c’est bien foutu, je ferme ma gueule et je croise les doigts pour en avoir encore.
Certes, ce roman ne révolutionnera pas l’univers du polar, mais au moins, il m’a surpris dans son dénouement final. Les personnages sont bien travaillés, réalistes et l’écriture n’est pas neuneu, que du contraire. Elle est simple, sans être simpliste.
Alors, hein, what’else ?
Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°235] et Le Mois Anglais – Juin 2022 (Chez Titine et My Lou Book).