Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu : Karim Berrouka [Fiche par Dame Ida, Experte Mondialement reconnue en fiction Agathesques et Consultante en Délires Cthulesques]

Titre : Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu

Auteur : Karim Berrouka
Édition : ActuSF (15/03/2018) / J’ai Lu (04/09/2019)

Introduction Babélio
Qu’est-ce qui est vert, pèse 120 000 tonnes, pue la vase, n’a pas vu le ciel bleu depuis quarante siècles et s’apprête à dévaster le monde ? Ingrid n’en a aucune idée. Et elle s’en fout.

Autant dire que lorsque des hurluberlus lui annoncent qu’elle est le Centre du pentacle et que la résurrection de Cthulhu est proche, ça la laisse de marbre. Jusqu’à ce que les entités cosmiques frappent à sa porte…

Après avoir réalisé une étude sociologique des fées (Fées, weed et guillotines, prix Elbakin.net) et converti les zombies au pogo (Le Club des punks contre l’apocalypse zombie, prix Julia Verlanger), Karim Berrouka revient pour relever un terrible défi : convaincre Ingrid d’aller éclater du Grand Ancien pour sauver l’humanité.

Résumé :
Imaginez… Vous êtes une jeune femme au physique correct, sans être une bombe (perso, je m’en contenterai!), aimant la vie et pas trop le travail, vous contentant de petits jobs pas trop pénibles pour faire face à vos frais réduits…

Et un jour, tandis que vous êtes dans le métro un type se cachant derrière un journal qui connaît votre nom, commence à vous raconter des trucs insensés mystico-bizarres et vous annonce qu’il ne faudra rien dire aux flics qui viendront vous arrêter.

Et bien Ingrid ne s’en laisse pas conter ! C’est une vraie parisienne qui n’a pas peur des pervers allumés du métro ! Elle passe juste à autre chose sauf qu’au petit matin la DGSE débarque et l’embarque pour la cuisiner aux petits oignons, l’interrogeant sur son ex d’il y a trois mois et qui était franchement bizarre lui aussi.

Original au début de leur relation, et de plus en plus barré à la fin… Sauf que le type lui aurait menti sur son identité et serait un dangereux terroriste !

Quand les hommes en costumes comprennent qu’ils n’ont rien contre vous et vous relâchent pieds nus et en jogging dans la rue et que vous retombez sur le pervers du métro qui vous offre du caviar et des liasses de billets pour vos menus frais, vous expliquant que vous avez des pouvoirs et que vous êtes une sorte d’élue comme Harry Potter sauf que vous ne vous battez pas contre Voldemort mais contre des hordes de divinités exotiques et sinistres, vous êtes franchement partagée entre un désir irrépressible de hurler de rire, une envie de partir en courant…

Et une forme de curiosité car le discours du taré paraît pourtant authentique et semble vous parler de plus en plus.

Malheureuse êtes-vous, car vous vous trouvez alors  embarquée dans une histoire délirante mettant votre santé mentale en danger, et dont dépend accessoirement tout de même la survie de notre univers.

De rencontres surprenantes en découvertes surréalistes, de sectes baroques en théories carrément folles qui donnent la migraine, vous vous éloignez des mesquines préoccupations de l’humanité, recherchant de temps à autre, le soutien de votre meilleure amie elle-même artiste hypersensible qui se lance dans le nouveau volet de son grand œuvre inspiré d’on ne sait quelles sources étranges.

Ce que j’en ai pensé :
Eh bien, votre Dame Ida nationale traverse une passe un peu fatigante en ce moment, débordée qu’elle est par sa vie trépidante (le triptyque fatal : un mari, des mioches devenus ados et un job qui pourrait être sympa si elle n’était pas obligée de le faire dans un contexte de plus en plus pourri).

De fait, elle n’a plus beaucoup de cerveau disponible pour la lecture depuis plusieurs mois.

Qui d’autre qu’un grand comateux comme l’inénarrable Cthulhu pouvait essayer de me réveiller avec lui ?

Cthulhu ? Pour résumer, c’est une sorte de monstre extraterrestre immortel gigantesque qui chassé de sa galaxie s’est trouvé exilé sur Terre, où il est plongé dans un profond sommeil au fin fond des abysses du Pacifique (Il semble que Ron Hubbard ait un peu pompé sur le mythe de Cthulhu pour créer sa mythologie scientologue, mais il vous faut devenir cadre du 8ème niveau pour être autorisé à le savoir).

Mais dans son profond sommeil, il communique avec les humains les plus sensibles à son appel, à travers leurs rêves ou des flashs…

Au point que selon l’esprit dérangé de l’écrivain HP. Lovecraft, des sectes d’adorateurs de Cthulhu ont fleuri et luttent contre d’autres sectes d’autres divinités antagonistes.

Ces sectes luttent entre elles pour savoir s’il convient ou pas de réveiller celui qui dort dans R’lye sa cité engloutie.

C’est la trame de ce roman… Avoir une petite culture de l’œuvre de Lovecraft permettra de davantage apprécier les références pleines de déférence de l’auteur de ce court roman au Maître de Providence (c’est comme ça qu’on surnommait Lovecraft en référence à la ville où il a produit son oeuvre), mais ça n’est pas une obligation.

On appréciera le rythme enlevé du texte bourré d’humour, d’ironie, de situations absurdes, bien que certains passages plus axés sur le mythe cthulien puisse s’étirer un peu en longueur, notamment si on n’est pas licencié en lovecraftrie.

L’auteur sait nous rendre son personnage principal sympathique et nous permet de nous identifier à elle tant il la rend banale et extrêmement proche de ce que nous avons pu être à un moment donné de notre vie.

Evidemment, son sens de la répartie, et son courage (pour ne pas dire témérité) à tout épreuve, nous la rendent encore plus attractive. Elle traverse la vie librement avec insouciance et légèreté, et il lui faut bien ça pour s’arranger des personnages saugrenus et bizarres qui vont croiser sa route et l’entraîner dans des aventures rocambolesques pendant 250 pages.

Par ailleurs, l’auteur reprend la matrice habituelle dont Lovecraft lui-même usait et abusait.

On part d’une réalité bien banale et terre à terre, pour progressivement avancer dans l’incroyable, voire l’indicible, le personnage sceptique au départ, se laissant convaincre peu à peu que l’humanité, telle un troupeau de moutons prêt pour le Grand Sacrifice, ignore quel sera son sort et toutes les vérités cosmiques qui lui sont cachées.

Evidemment, je ne vous dirai pas si Ingrid va parvenir à sauver le monde. Il faudra lire le livre jusqu’au bout !

Cependant, j’avais été un peu craintive du fait d’une critique publiée par un lecteur sur un site internet… Il disait que la fin tombait un peu à plat, qu’elle était décevante…

Et pourtant, ça n’est pas du tout du tout du tout, le sentiment que la chute du livre m’a laissée. Au contraire. C’est une fin certes alternative à ce que les pastiches lovecraftiens proposent le plus souvent… mais elle est très cohérente avec son univers et parfaitement crédible…

Pour tant est que l’on puisse évidemment croire au fait qu’une créature anthropoïde grande comme trois gratte-ciels empilés, à la tête de pieuvre et aux ailes de chauves-souris, puisse exister et dormir au fond du Pacifique attendant que les humains exhument les rituels antédiluviens supposés la réveiller.

Note : ce n’est pas de la grande littérature, mais c’est vite lu et distrayant, voire drôle, tout en étant bien nourri de références à l’univers de Lovecraft alors… 

47 réflexions au sujet de « Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu : Karim Berrouka [Fiche par Dame Ida, Experte Mondialement reconnue en fiction Agathesques et Consultante en Délires Cthulesques] »

  1. Oh vraiment desolee pour ton boulot…vraiment pas cool…nop….et bin tout un livre pour passer du bon temps….pour changer les esprits….va falloir que je le lise, le Cthulhu de Lovecraft, car je n’ai pas aime ma premiere lecture de cet auteur…;)

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