L’or des Incas : Jacques Seyr

Titre : L’or des Incas

Auteur : Jacques Seyr (pseudo de Henri Vernes)
Édition : Marabout Junior (1956)

Résumé :
En 1524, au Panama, trois hommes, François Pizarre, Diego de Almagro et le Père de Luque, forment une étrange association. Tous trois sont presque des vieillards et, pourtant, ils ont formé un projet qui parait insensé à tous leurs contemporains : reconnaitre les terres inconnues du Sud pour offrir au Roi d’Espagne le mirifique et légendaire empire du Pérou.

Pendant sept ans, à la tête d’une poignée d’aventuriers, Pizarre luttera, à la fois contre les intrigues qui se formeront pour le perdre, et contre la jungle inexplorée, hantée par les Indiens anthropophages.

Pourtant, quand le Pérou sera enfin atteint, de nouvelles difficultés se dresseront devant les audacieux conquistadors.

Comme tous les bâtisseurs d’empires, Pizarre ne reculera devant aucun crime, aucun sacrilège, aucun pillage pour atteindre son but, afin que le nom de François Pizarre soit définitivement lié à l’histoire du Nouveau Monde, aux côtés de Christophe Colomb et de Cortès.

Critique :
Lorsque j’arpente une brocante ou que je suis en bouquinerie, je farfouille toujours dans les Marabout, parce que je trouve souvent des petits trésors cachés, dans la collection Junior.

Le petit livre sur les tribus peaux-rouges qui se levèrent et déterrèrent la hache de guerre m’avait bien plu, notamment en raison du fait que l’auteur ne transformait pas les Blancs en gentils colons…

Ce fut la même chose dans celui-ci, consacré au voyage de Pizarre vers les terres inconnues du Sud, dans la but de trouver le Pérou et ses richesses. L’auteur a taillé des costumes pour tous les hivers à venir et Pizarre n’en ressort pas glorifié, que du contraire !

Dans ce petit livre de 150 pages, qui se lit très vite, presque comme une aventure, mais sanglante, horrible et remplie de vols, de meurtres, de pillages, puisque nous suivrons, pas à pas, Pizarre et ses hommes, qui, au départ, auront bien des déboires et devront rentrer la queue entre les jambes, avant de repartir et de se retrouver couvert d’or, qui, bien entendu, ne leur appartenaient pas…

La politique de Pizarre et de ceux qui l’accompagnaient, était de voler l’or aux paysans, puisque de toute façon, ils n’en avaient pas besoin… Certes, dans ces contrées, l’or n’avait de valeur pour les autochtones, puisqu’ils troquaient (ils n’utilisaient pas l’argent comme au royaume d’Espagne), mais il n’empêche que c’était leur possession.

La soif de l’or fera des ravages, les colons en perdront au jeu et anéantiront le patrimoine culturel du Pérou, comme Cortes avait fait avec celui du Mexique (là où vivaient les aztèques) et feront couler le sang sur leur passage.

Un petit livre très instructif, qui va à l’essentiel, tout en donnant des détails, sans jamais être trop moralisateur, mais caustique vis-à-vis des envahisseurs et de leur foi (qui était à géométrie variable), se cachant derrière la croix du Christ pour commettre leur forfaiture ou le faisant au nom du Christ (il a du en tomber de sa croix en entendant ça).

C’est édifiant et glaçant, sans pour autant virer au gore. Mais les faits importants sont relatés et ils ne sont guère reluisant pour les colonisateurs envahisseurs que furent les Espagnols (c’est à eux que je taille des costards aujourd’hui).

Un petit livre que je ne regrette pas d’avoir lu, ne fut-ce que pour enrichir ma culture historique. Et puis, ils ne faut jamais laisser les squelettes dormir dans leurs placards.

Des larmes de crocodiles – Úrsula López 02 : Mercedes Rosende

Titre : Des larmes de crocodiles – Úrsula López 02

Auteur : Mercedes Rosende (Uruguay) 🇺🇾
Édition : Quidam (01/03/2024)
Édition Originale : Miserere de los cocodrilos (2016)
Traduction : Marianne Millon

Résumé :
En proie à une boulimie depuis l’enfance, célibataire et prête à tout pour sortir des clous d’une vie solitaire, où son unique plaisir est d’épier ses voisins, Úrsula López accepte de s’allier avec Germán, un détenu qui sort de prison avec une commande de l’avocat véreux Antinucci : le braquage d’un transport de fonds blindé.

Plongeant dans la délinquance avec gourmandise, Úrsula tisse sa toile et s’affirme, car « Dieu vomit les tièdes ». Reste toutefois à affronter Antinucci et son tueur psychopathe…

Aussi acerbe qu’hilarant, Des larmes de crocodile donne libre cours à une magnifique antihéroïne pleine d’autodérision et à l’humour carnassier. Sous-estimer une femme qui verse dans la criminalité est toujours un tort.

Critique :
Voilà un roman noir qui n’est pas facile à appréhender, ni à résumer. Déjà, j’ai fait l’erreur de commencer par le tome 2, qui fait suite aux événements qui se sont déroulés dans le premier…

Pas encore trop grave, dans ce second tome, on a un résumé rapide du premier et on comprend assez vite ce qu’il en est.

Si j’ai décidé de lire cette autrice uruguayenne, c’est un peu à cause de la chronique de Actu du Noir et je ne le regrette pas, même si j’ai eu du mal au commencement, avec ce polar noir.

L’action se déroule à Montevideo, la capitale de l’Uruguay, le genre d’endroit où je n’irai qu’avec la littérature (moins cher, moins loin, moins polluant). Bon, je ne suis pas allée chez les calmes et les gentils, mais plutôt chez les tordus, les psychopathes, les truands et les anti-héros.

Úrsula López, le personnage centrale, n’a rien d’une héroïne belle, mince, élégante, sympa, mais elle est tout le contraire : boulimique, solitaire, avec la haine chevillée au corps (rancunière), imprévisible et avec des envies de vengeance.

Bref, Úrsula n’a rien à voir avec le corps splendide de sa frangine ou de Ursula Andress (James Bond contre Dr. No). Elle n’est même pas sympathique et dans ce roman noir, cela ne m’a pas dérangé, car vu les ambiances, Úrsula avait toute sa place dans ces pages sombres et violentes. Son personnage, tourmentée, en proie à une colère froide, était LE personnage qu’il fallait.

Les autres portraits qui gravitent dans ce roman noir n’étaient pas en reste et on aurait pu rebaptiser ce roman « L’avocat, le déserteur, le violent et le déprimé ». Oui, on a des bras cassé dans la troupe, mais il y avait aussi un fameux psychopathe et un personnage qui s’est révélé être plus machiavélique, plus meurtrier qu’on n’aurait pu le croire. J’en suis tombée de ma chaise, c’était un serial-killer que personne n’a vu.

Anybref, ce roman est violent, mais pas trop, à l’écriture assez cinématographique, comme si le narrateur s’adressait à nous, personnellement (en personne), nous présentant les personnages de manière séparée, avant que tout ce petit monde ne se rencontre pour un final qui était assez violent, chaud (explosifs) et bourré de suspense et de bons dialogues.

Le rythme général est assez lent, mais je ne me suis pas ennuyée durant ma lecture (250 pages), même si j’ai eu un peu de mal à y entrer, tant la trame de départ était complexe. Il vaut mieux être concentré sur sa lecture.

Un roman noir, serré comme un petit café, à l’humour assez grinçant dans les dialogues ou la narration. Le tout servi par une écriture que j’ai trouvée très belle. En tout cas, j »ai bien envie de lire le premier tome afin de découvrir comment tout à commencé.

Le match de la mort – Kiev, 1942 – Rien ne se passera comme prévu : Guillem Escriche et Pepe Galvez

Titre : Le match de la mort

Scénariste : Pepe Galvez 🇪🇸
Dessinateur : Guillem Escriche 🇪🇸

Édition : Les Arènes (20/10/2022)
Édition Originale : The death match (2022)
Traduction : Alexandra Carrasco

Résumé :
Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans l’Ukraine occupée par les nazis, quatre joueurs du Dynamo Kiev se retrouvent. Pris dans la tourmente, ils survivent entre camps de concentration et travail dans une boulangerie.

À l’été 1942, ils sont sollicités par l’Occupant pour participer à une compétition de football opposant les différentes armées en présence
à Kiev : allemande, roumaine, hongroise.

Ils acceptent, à condition de jouer sous les couleurs (rouges) de l’Ukraine. Avec un nouveau nom qu’ils espèrent prometteur : START.

Critique :
Si j’aime le foot ? Non, pas du tout, mais j’aime l’Histoire et les petites histoires dans la grande.

Et cette histoire, elle se passe durant la Seconde Guerre Mondiale, lors du début de l’opération Barbarossa et de l’invasion de l’Ukraine et de la Russie.

Mais ce sera en Ukraine que nous allons aller voir ces joueurs de foot qui possédaient une autre étoffe que les crésus en short de maintenant.

Une partie des membres du club de foot du Dynamo Kiev se sont retrouvés emprisonnés dans des camps de détention, puis libéré, affamé, amaigri, sans un sous. Ils sont quatre à se retrouver à bosser dans la boulangerie N°1, tenue par un fan de leur équipe et qui tente d’aider le plus de gens possible.

De l’autre côté, le moustachu assassin et mégalo, a envie de transformer les riches plaines fertiles d’Ukraine en terres pour son peuple, qui apparemment, est trop à l’étroit dans l’Allemagne. Pourquoi ne pas faire comme les colons au far-west et passer tout le monde par les armes ?

Pour lui et ses sbires, tout ce qui n’est pas allemand est inférieur et dont, les ukrainiens sont des êtres barbares, sans culture, juste bon à… Bref, pour les nazis, il faut les éradiquer et surtout, ne pas leur donner de quoi être fier d’eux.

Alors, quand les anciens du Dynamo et du Lokomotiv, jouent au foot avec leur maillot d’équipe nationale, rouge, sous le nom de START et mettent une branlée aux autres équipes, dont des allemandes, ça passe mal chez les nazillons.

Ils auraient pu s’incliner devant les allemands, nos ukrainiens qui jouaient comme des dieux, c’était le match retour et ils leur avaient déjà mis la pâtée à l’aller, alors, pourquoi ne pas se coucher ?

Parce que cela faisait trop longtemps qu’ils courbaient l’échine, qu’ils baissaient les yeux, qu’ils subissaient le joug de l’oppresseur, les fusillades, les assassinats, les emprisonnements, les privations, alors, basta, ils y sont allés à fond, ne leur ont pas laissé la victoire, n’ont pas baissé les yeux et ils ont même redonné de la fierté au peuple ukrainien.

Hélas, les allemands sont mauvais perdants…

Une bédé dont je n’ai pas aimé les dessins, mais où j’ai vibré avec le scénario et les match de foot, parce que les enjeux n’étaient pas de l’argent, mais une forme de liberté, l’occasion de montrer que les ukrainiens ne sont pas des êtres inférieurs. Ils l’ont payés chers, trop cher.

Une petite histoire dans la grande que j’ai été contente d’apprendre. Celle de l’histoire de l’équipe qui a défié les nazis.

Les mystères de soeur Juana – 02 – Sang d’encre : Oscar De Muriel

Titre : Les mystères de soeur Juana – 02 – Sang d’encre

Auteur : Oscar De Muriel 🇲🇽
Édition : Presses de la Cité (08/06/2023)
Édition Originale : La sangre es tinta (2019)
Traduction : Vanessa Canavesi

Résumé :
Ma plume rouge est sang. Prends garde, impie…

Don Carlos Sigüenza y Góngora a disparu. Il ne reste de lui qu’un chapeau couvert de sang retrouvé dans la cour du palais royal. Aidée de la novice Alina et de Matea, sa fidèle servante, soeur Juana mène à nouveau l’enquête. Retrouver Góngora lui permettra peut-être d’expier d’anciens péchés…

Mais quelqu’un semble décidé à ne pas laisser le génial astronome reparaître. Est-ce à cause de cette comète maléfique surgie dans le ciel il y a peu, et qui a causé une terreur sans nom dans les Amériques ? Ou des manuscrits hérétiques controversés que l’érudit était enfin parvenu à faire publier ?

À trop vouloir se mêler d’affaires qui les dépassent, les religieuses de San Jerónimo risquent de s’attirer les foudres des puissants… Qui a dit que la vie cléricale manquait de piquant ?

Critique :
C’est avec un grand plaisir que je suis retournée m’enfermer au couvent de San Jerónimo, chez les soeurs hiéronymites. Prenant une tasse de chocolat chaud, j’ai savouré mes retrouvailles avec soeur Juana.

Si dans le premier tome, il y avait des assassinats à la pelle (non, pas avec une pelle) et du sang à foison, dans ce deuxième tome, pas de corps, donc, pas de mort !

Hé oui, deux disparitions louches, mais sans corps retrouvé, on ne sait pas s’ils sont morts ou vivants, ils pourraient même être à la fois morts et vivants, tel le chat de Schrödinger…

Le mystère est donc entier et soeur Juana va enquêter comme elle peut, puisqu’elle est cloîtrée. Heureusement qu’il y a la servante de la novice Alina, une indienne (du Mexique, pas amérindienne) qui elle, peut aller un peu partout. D’ailleurs, son rôle sera plus important et c’est une bonne chose, car c’est un personnage sympathique que j’apprécie énormément.

Ce polar historique est la preuve qu’il y a moyen de tenir son lectorat en haleine sans avoir recours à de l’hémoglobine ou à des mises en scènes gores et innovantes des cadavres (même si je n’ai rien contre). L’auteur avait assez de matière que pour nous donner envie de tourner les pages et c’est ce que j’ai fait, sans voir le temps passer.

Comme dans le premier tome, le récit incorpore bien la vie à Mexico, en Nouvelle-Espagne, en 1690, que ce soit pour la place, importante, de la religion, mais aussi en ce qui concerne les droits que les femmes n’ont pas, que les Indiens n’ont pas (on dit même d’eux qu’ils n’ont pas d’âme) et sur les pleins pouvoirs des colons espagnols, mâles, bien entendu, riches, comme vous l’aviez deviné et nobles (ou religieux).

Sœur Juana entrelaça les doigts.
— Je vous l’accorde. Mais cette affaire est particulièrement épineuse pour deux raisons. Tout d’abord, parce que celle qui passe pour l’aguicheuse est doña Elvira, et son mari s’en lave les mains. C’est typique des aristocrates : ils versent tous dans le péché et la débauche, s’incitent même mutuellement au mal, mais ce sont toujours les femmes qui sont perfides et coupables…

— Mon frère aussi a disparu. Je ne vais pas commencer à écarter des hypothèses à cause du rang ou du titre de certains. Les pires crimes ont toujours été commis par des aristocrates. Ouvrez n’importe quel livre d’histoire, vous verrez.

Pas d’action comme dans un thriller, presque tout à huis clos, hormis quelques incursions dehors, mais deux disparitions, un message énigmatique et des femmes qui ont des cerveaux et qui savent s’en servir ! Et puis, il y a la langue acérée de soeur Juana, qui ne manque jamais de répliques piquantes. Son duel avec l’autre connard (je ne citerai pas de nom) était de toute beauté.

Un chouette polar historique à découvrir, si vous ne l’avez pas encore fait ! Il n’est pas nécessaire d’entrer dans les ordres et de faire vœu de chasteté, obéissance, pauvreté et de réclusion pour passer un très bon moment de lecture.

3,8/5

Deadpool – 02 – La vie en noir : Kelly Thompson, Gerardo Sandoval et Kevin Libranda

Titre : Deadpool – 02 – La vie en noir

Scénariste : Kelly Thompson
Dessinateurs : Gerardo Sandoval et Kevin Libranda

Édition : Panini – 100% Marvel (2021)

Résumé :
Elsa Bloodstone est en train de mourir et seul Deadpool peut la sauver ! À moins que ce soit un piège ? La plus belle histoire d’amour de Wade Wilson va-t-elle s’achever dans la trahison ? Deadpool s’oppose également à Knull dans le cadre du crossover King in Black. Eh oui ! Le Mercenaire Disert affronte seul celui qui massacre tous les héros Marvel !

Contient: – Deadpool (VI) 07 « La vie en noir (1) » (Deadpool (VI) 07 12/2020). – Deadpool (VI) 08 « La vie en noir (2) » (Deadpool (VI) 08 01/2021). – Deadpool (VI) 09 « La vie en noir (3) » (Deadpool (VI) 09 02/2021). – Deadpool (VI) 10 « La vie en noir (4) » (Deadpool (VI) 10 03/2021). – Deadpool Nerdy 30 (I) 01 « Joyeux trentenerd » (Deadpool Nerdy 30 (I) 01 05/2021).

Critique :
Cet album est la suite (et la fin) de « Longue vie au roi » et nous retrouvons notre mercenaire dissert au prise avec une créature qui est moche comme tout et visqueuse comme du goudron.

D’ailleurs, ne la touchez pas avec autre chose que votre arme, vous seriez contaminé !

Ce que je ne savais pas, c’est que ce second album était aussi un crossover de la série « King in Black » et que Deadpool allait devoir combattre les sujets du Roi en Noir, Knull, qui a envahit la Terre. Le moche méchant, c’est un sujet de Knull… Mais je parie que vous en battez les miches !

Bon, ne rien connaître de l’autre saga n’empêche pas la compréhension de ce récit qui se résume à de la castagne, des bagarres, des combats, une touche d’amour, des grosses louches d’humour et un Deadpool dont il ne restera plus que la tête (pas de panique, ça repousse).

En fait, c’est parce que Deadpool a dit qu’il faisait partie d’un crossover que je l’ai appris… Ça sert aussi à ça, un mercenaire qui cause tout le temps !

Bien entendu, c’est un album pour les fans de Deadpool, si vous n’aimez pas le personnage, que vous le trouvez trop bavard, trop fou, trop m’en-foutiste, trop vulgaire, ou tout ce que vous voulez, conseil d’amie, passez votre chemin !!

J’ai apprécié cette suite où l’on sent que Deadpool a un petit cruch pour Elsa Bloodstone et qu’il va tout faire pour la sauver de cette terrible maladie, tout en protégeant aussi ses sujets et en tentant d’annihiler l’ignoble créature goudronneuse et mauvaise comme la teigne. Le tout, aidé par ses monstres dont il est le roi et avec quelques bons mots et des beaux dessins (oui, j’ai aimé le travail des dessinateurs de cet arc narratif).

Par contre, j’ai moins bien aimé les épisodes avec les 30 ans de Deadpool, certains dessins, réalisés par d’autres que sur l’épisode général, n’étaient pas jolis à regarder et j’ai zappé assez bien de ces petites histoires.

An American Year

Le serpent et la lance – 03 – Cinq fleurs : Hub

Titre : Le serpent et la lance – 03 – Cinq fleurs 🇲🇽

Scénariste : Hub
Dessinateur : Hub

Édition : Delcourt -Terres de légendes (15/11/2023)

Résumé :
Empire aztèque (🇲🇽), 1454. Sur son lit de mort, le conseiller du souverain informe son fils qu’il doit reprendre cette fonction honorifique.

Cependant, ce dernier cherche sa fille disparue.

Plus de quarante momies ont été retrouvées dans le royaume, le tueur de jeunes filles court toujours.

Critique :
Enfer et damnation, ce n’est pas encore dans ce tome-ci que nous aurons le fin mot de cette enquête sur les momies de jeunes filles retrouvées…

Il y a un serial-killer dans l’empire Aztèque et Serpent et Oeil-Lance sont toujours en train de tenter de retrouver qui assassine et momifie des jeunes filles.

Peut-être que la solution est dans les souvenirs de jeunesse d’Oeil-Lance ? Lorsqu’il était à l’école avec Serpent et d’autres jeunes garçons issus de classes sociales différentes…

Si au départ, j’avais détesté le personnage de Serpent, au fil des trois tomes, l’auteur nous l’a montré sous un autre jour et j’en suis arrivée à moins de détester, pire, à commencer à l’apprécier, même. La profondeur des personnages est soignée et on s’attache même à des personnages qui n’ont pas de parole ou si peu.

Les rivalités qui opposent le Serpent et la Lance datent de leur scolarité, mais on n’en est plus là, il faut retrouver le coupable et depuis que Cinq-Fleurs, la nièce préférée de Serpent, a disparu, ce dernier flippe grave sa race.

C’est presque un tome de transition, même si l’enquête avance un peu et que l’action est présente à certains moments, comme une course-poursuite contre un assassin, mais ce n’est pas avec ce troisième tome que nous pourrons nous faire une idée sur l’identité du serial-killer (même si j’ai un soupçon).

En tout cas, nos deux hommes utilisent toutes les données pour trouver le coupable, comme reproduire, avec de la terre, la carte de la région et de répertorier, avec des ficelles et des plumes, tous les lieux où des momies furent retrouvées et selon leur ancienneté. Et s’il faut consommer des drogues pour se remémorer son passé, la Lance n’hésitera pas à le faire…

Les dessins font toujours mouche et les couleurs sont chaudes et chatoyantes. Bref, c’est un bel album.

Une excellente série, même si j’avais eu un peu de mal avec les premières pages du tome 1, mais ensuite, malgré le côté qui pourrait paraître alambiqué, c’est clair et limpide, une fois qu’on est bien dans le récit.

Les résumés des deux premiers tomes évitent aussi de laisser les lecteurs avec une mémoire défaillante au moment d’entamer ce nouvel album.

Je suis au taquet et j’ai hâte de lire le quatrième tome, de tout savoir et de relire cette série, juste pour le plaisir, comme le chantait un chanteur bien connu.

Serviteur des Enfer – Chroniques Aztèques 01 : Aliette de Bodard

Titre : Serviteur des Enfer – Chroniques Aztèques 01

Auteur : Aliette de Bodard 🇺🇸/ 🇫🇷
Édition : Mnémos (13/03/2024)
Édition Originale : Servant of the Underworld (2010)
Traduction : Laurent Philibert-Caillat

Résumé :
Au cœur de la majestueuse Tenochtitlan (🇲🇽), capitale de l’empire aztèque, Acatl est un grand prêtre des morts respecté. Son rôle est de s’assurer que les défunts reçoivent les bons rituels et que les rites de passage soient observés pour pénétrer dans le monde des esprits.

Mais lorsqu’une ambitieuse prêtresse est retrouvée morte, Acatl va devoir trouver le coupable, pendant que les hauts dignitaires préparent la succession de l’empereur mourant.

Au fil de son enquête, Acatl découvre un complot bien plus vaste que la simple mort d’une prêtresse, susceptible de menacer l’avenir de l’empire tout entier.

Critique :
Un polar historique qui se déroule à l’époque des aztèques ? J’étais curieuse de le découvrir.

J’ai eu du mal avec les 80 premières pages du roman et j’avais l’impression de pédaler dans la semoule, ce qui m’a fait hésiter à poursuivre ma lecture.

Heureusement que je me suis accrochée, parce qu’ensuite, le récit est devenu plus facile à suivre, plus intéressant et là, je ne l’ai plus lâché.

Qu’est-ce qui a bloqué au départ ? Les noms à rallonge et imprononçables des divinités aztèques (Mictecacihuatl, Mictlantecuhtli, Tezcatlipoca, Huitzilopochtli, …) et de certains personnages, que j’ai parfois rebaptisé dans ma tête : Mihmatini (soeur d’Acatl) est devenue Mimimathy (ce qui a posé un problème de cohérence lorsque j’imaginais cette jeune fille avec la tête de Joséphine ange gardien, en train de claquer des doigts).

Le glossaire des personnages aurait dû se trouver au début du roman et non à la fin pour faciliter les lecteurs à s’y retrouver dans la multitude des personnages.

Ce polar historique est aussi un polar qui lorgne du côté de la fantasy et du fantastique, ce qui fait que les personnages peuvent parler avec leurs dieux, qui existent dans l’autre-monde, ce qui fait que certaines créatures sont, elles aussi, tout à fait réelles et non issues d’un esprit ayant trop fumé du peyolt ou la moquette.

Au départ, cela m’a un peu déstabilisé, mais ensuite, plus aucun souci avec la magie et cet univers particulier de la mythologie aztèque.

L’atout de ce roman, ce sont ses personnages, assez marquants, notamment Acatl, le grand prêtre des morts, qui enquête afin de disculper son frère (même s’ils sont en froid) et tous les autres qui vont graviter autour d’eux. Malgré leurs noms à se faire une torsion de la langue, on arrive à retrouver qui est qui, chacun ayant ses caractéristiques propres.

L’autre atout du roman, et non des moindres, c’est que l’autrice a parfaitement intégré les mœurs de vie de la société aztèque. Au lieu de nous servir des plâtrées de faits de la vie quotidienne des Aztèques, elle a incorporée le tout dans son récit, ce qui fait que, eu fur et à mesure de notre lecture, on en apprend plus, sans que cela soit lourd et indigeste. L’univers mis en place est riche, on est immergé au coeur de l’empire tout de suite.

Ce n’est pas un roman policier qui va trop vite non plus, Acatl n’aura pas une enquête facile et c’est petit à petit qu’il va remonter la piste et trouver qui est coupable, sans pour autant qu’un dieu lui ai soufflé la réponse.

Mais, vu que nous sommes dans un univers de fantasy et de magie, il faut plus s’attendre à un colonel Chimichurri avec le poignard d’obsidienne, dans le temple d’un dieu qu’une résolution traditionnelle d’enquête. Au moins, l’autrice a réussi son grand final, qui n’était ni trop rapide, ni trop long, ni trop facile. Il m’a tenu en haleine !

C’est un polar historique dans un univers de fantasy et de magie qui est réussi, même si j’ai eu du mal avec le début, ce qui m’a donné envie de tout arrêter, mais ma récompense est venue en m’accrochant et en poursuivant ma lecture, car ça en valait la peine, vu l’univers mis en place par l’autrice, qui est tout à fait réaliste et bien détaillé.

Un roman de fantasy que je suis contente d’avoir lu et d’avoir découvert cet univers riche, même s’il est déstabilisant au départ.

PS : ce roman est déjà paru, en 2011, sous le titre de « D’Obsidienne et de sang ».

Guerres d’Arran – 03 – La bataille de Torunn : Nicolas Jarry, Alina Yerofieieva et Kyko Duarte

Titre : Guerres d’Arran – 03 – La bataille de Torunn

Scénaristes : Nicolas Jarry & Kyko Duarte 🇪🇸
Dessinateur : Alina Yerofieieva

Édition : Soleil (07/02/2024)

Résumé :
Face à l’immense horde assanide, Kronan hésite entre l’honneur ou la raison, le combat ou la fuite.

Tandis que les elfes Bleus de Port-Vogue, jusqu’alors préservés, se retrouvent assiégés par une immense flotte de navires yrlanais, à l’Ouest, une nouvelle légion d’hommes et de Golems assiègent les Elfes de la forêt de Torunn, repoussant toujours plus loin les Sylvains menés par la reine Ora…

Critique :
Voilà un nouveau tome que ne manque ni de dynamisme, ni d’action, ni de scènes d’escarmouche ou de batailles !

Plusieurs arcs narratifs vont se rejoindre, dans cet album et c’est le gobelin Myth, un voleur bien connu (Orcs, tome 2), qui va nous raconter tout cela, tout en ayant envie de foutre son camp.

Myth est avec le chef de guerre Kronan, un Orc bien connu, lui aussi (orcs, tome 11). Recevant un message énigmatique, toute la troupe va se mettre en route pour arriver au point d’un rendez-vous mystérieux.

La résistance s’organise, les Humains ont décidé de s’associer pour éradiquer les vieilles races et lorsqu’on les entend parler, on se dit que bien des génocidaires ont pensé comme eux : déshumaniser celles et ceux que l’on veut exterminer, mais aussi les faire bosser comme des bêtes.

Dans les autres arcs narratifs, on retrouvera l’elfe Bleu Athé’non (Elfes, tome 26) et Ora, l’elfe des Sylvains (Elfes, tome 22) et leur difficultés pour que les autres peuples Elfes les suivent à la guerre, afin de défendre leurs terres et les vies de leurs semblables. Mais c’est difficile, peu se sentent concernés, pensent que tout va s’arranger, bref, comme dans la vie réelle à l’orée d’un conflit mondial.

Chaque personnage a son importance, dans ce tome et tout le monde jouera son rôle dans les batailles qui se dérouleront au cœur de ces pages. Le but étant toujours de rallier les forces de Redwin de la Forge, notre Nain iconique et mythique !

Mon seul bémol sera que, une fois encore, on se retrouve avec un arc narratif avec des guerres, comme celui avec les goules. Je sais que l’on est dans un monde d’heroïc fantasy, qu’il ne saurait y avoir de l’entente cordiale entre les différentes races (il n’y en a déjà presque pas dans celles des Elfes), mais j’espère que le prochain arc narratif ne sera pas encore une guerre totale…

Bouncer – Tome 12 – Hécatombe : Alejandro Jodorowsky et François Boucq

Titre : Bouncer – Tome 12 – Hécatombe

Scénaristes :  François Boucq & Alejandro Jodorowsky 🇨🇱
Dessinateur : François Boucq

Édition : Glénat (02/11/2023)

Résumé :
Une pluie diluvienne s’abat sur Barro-City depuis des jours. Les chemins qui mènent à la banque ne sont que boue.

C’est là que Bouncer et ses amis ont déposé l’or mexicain qu’ils ont ramené des confins du désert de Sonora. Mais les lingots entreposés là attisent la convoitise.

La ville est non seulement inondée, mais toutes sortes de malfrats et de crapules de la pire espèce déboulent de toutes parts, prêts à tout pour s’approprier cet or.

Parmi eux, un groupe de voleurs aussi malins qu’impitoyables, ont mis en place un ingénieux projet de cambriolage pour s’emparer du butin.

Quand le colonel Carter arrive avec ses hommes pour sécuriser l’or, le maire espère un retour au calme mais la situation dégénère lorsque les lingots se volatilisent comme par magie. Pourtant, le coffre-fort vidé est intact ! La tension est à son comble.

Critique :
Chouette, mon manchot préféré est de retour ! Pour un album de 140 pages, en plus… Et le retour d’Alejandro Jodorowsky au scénario.

Non, je ne pouvais pas laisser passer l’occasion de l’acheter (puisque je ne l’ai pas trouvé en prêt), surtout qu’il allait très bien pour le Mois Espagnol & Sud-Américain. Vamos !

L’avantage, avec 140 pages, c’est que l’on peut avoir le fin mot de cette aventure et que l’on ne doit pas attendre la publication du tome suivant.

Bouncer n’est pas une série western pour les enfants, elle est plus violente que Blueberry, en prime. Parce que dans Blueberry, j’avais l’assurance que ses deux compères, Jimmy Mc Clure et Red Neck, n’allaient pas trépasser dans un album. Ils en prenaient plein la gueule, mais ils s’en sortaient toujours.

Las, ce n’est pas le cas dans Bouncer et mon cœur a saigné lorsque des personnages que j’appréciais sont passés en pertes et profits. Le scénariste n’a jamais épargné aucun de ses personnages et le Bouncer en a pris plein la gueule aussi. Sadique scénariste.

Ce nouveau tome fait suite au trésor qui a été découvert et que Bouncer a rapporté et qui, pour le moment, est entreposé à la banque, sous bonne garde, des fois que vous voudriez le voler…

L’or attire toujours les voleurs, le tout est de savoir comment ils vont s’y prendre et s’il y arriveront. Pour le moment, avec le déluge qui s’abat sur Barro-City, ils sont tranquilles, les bandits sortent moins quand des rivières de boue coulent dans la ville et que les cercueils se font la male à cause de toute cette flotte qui tombe (oups).

Une nouvelle fois, c’est un récit qui n’est pas exempt de violences et de justice expéditive, les habitants de Barro-City n’étant jamais contre une bonne pendaison, se foutant de la justice comme de leur première chaussette.

Et vous savez comme moi que quand la foule rugit, quand la foule réclame du sang, il faudrait être fou pour tenter d’intervenir et de faire entendre raison à la foule. Oui, nous sommes dans l’Ouest, sauvage, mais de nos jours, ça serait pareil, les réseaux sociaux servant de chambre d’amplification.

Anybref, dans ce magnifique tome aux dessins réalistes (comme toujours), j’ai senti venir la couille dans le potage, parce que ce n’est pas à un vieux singe que l’on apprend à faire des grimaces. Oui, j’étais contente d’avoir vu venir certaines choses, mais je n’avais pas tout vu, la preuve que je ne suis pas un vieux singe.

Par contre, il y a une chose qui me turlupine, qui est presque capillotractée, dans le truc qui se passe avec le coffre : impossible que ce truc n’ait pas fait du bruit, des lingots, c’est lourd, ce ne sont pas des plumes. Donc, il y aurait dû avoir du boucan et cela aurait dû attirer l’attention des gardiens. Un peu limite sur ce coup-là.

Par contre, aucun soucis avec le petit côté fantastique, non loin d’une sépulture indienne, ça passe crème dans le scénario. D’ailleurs, même le truc avec le coffre n’est pas vraiment un problème, tant ce scénario est abouti, profond, riche, sombre, violent, bref, du grand Bouncer !

An American Year

Le Diable sur mon épaule : Gabino Iglesias

Titre : Le Diable sur mon épaule

Auteur : Gabino Iglesias 🇵🇷
Édition : Sonatine – Thriller/Policier (01/02/2024)
Édition Originale : The Devil Takes You Home (2022)
Traduction : Pierre Szczeciner

Résumé :
Austin, Texas (🇺🇸). Lorsqu’on diagnostique une maladie foudroyante à sa fille, le monde de Mario s’écroule. Il se met à négliger son travail, se fait virer sans ménagement, les factures d’hospitalisation s’accumulent et sa femme cède lentement au désespoir.

Décidé à relever la tête, Mario contacte Brian, un ancien collègue devenu dealer de meth. Celui-ci lui propose un marché d’une effroyable simplicité : la vie d’un homme, contre 6 000 dollars. Sans une once d’hésitation, Mario accepte. Et découvre que la violence est un excellent remède à la colère qui l’habite.

Mais La Huesuda, la déesse de la mort, plane sur son existence. Et la tragédie le frappe à nouveau.

Lorsqu’il accepte une ultime mission pour un cartel de Juarez, la spirale de violence qui se déchaine alors finit de le convaincre qu’il n’aurait jamais dû ouvrir la porte au diable.

Critique :
Le nouveau barrio noir (mélange de thriller baroque, d’hyperréalisme percutant, de syncrétisme latino et de douleur du déracinement) de l’auteur commence gentiment, avant de nous entraîner dans des eaux sombres et puantes, à tel point qu’on se demande si cette aventure sera sans risques pour nous, pauvres lecteurs.

La vie de Mario s’est effondrée lorsque l’on a diagnostiqué une leucémie à sa gamine, qu’il a perdu son boulot, sa couverture de mutuelle, que les factures se sont accumulées et qu’il a mis un pied dans l’engrenage qu’il ne fallait pas.

Lorsque l’on dîne à la table du diable, il faut une longue cuillère et notre Mario l’a oublié. Lorsqu’il s’associe avec Brian, il a déjà franchi une ligne rouge, mais lorsque Juanca leur proposera de s’associer à lui afin de braquer un transport de fond d’un cartel, là, ni Mario, ni les lecteurs, ne pouvaient s’imaginer s’être assis à la table du diable, pour de vrai.

Ce barrio noir est sombre et certaines scènes sont assez gore, très violentes, notamment avec les dinosaures de Louisiane (quand vous le lirez, vous saurez de quoi je parle), la scène dans une petite maison pour récupérer une sorte de relique, ainsi que la scène du braquage en elle-même.

L’auteur connait son sujet, mais il ne se contente pas de donner du rythme à son récit, de proposer des personnages sombres, tourmentés (mais réussis) et de faire de la violence pour le plaisir.

Non, son récit, c’est aussi une manière de tacler les États-Unis, son racisme général, de critiquer le fait qu’une personne d’origine latine ne trouvera jamais que des sales boulots, mal rémunérés, contrairement à un blanc, quand bien même le blanc serait moins qualifié.

J’aurais voulu lui expliquer que des boulots pour lesquels j’étais largement assez qualifié m’étaient passés sous le nez. J’aurais voulu lui raconter que j’avais été viré plusieurs fois par des types qui étaient beaucoup moins compétents que moi. Au lieu de quoi je restai silencieux, parce que le monstre du racisme a plusieurs têtes et que je ne savais pas par laquelle Juanca avait été mordu. Et, surtout, parce qu’il avait raison.

Sans oublier le fait que les américains WASP considèrent les mexicains comme des envahisseurs, oubliant un peu vite que lorsque les premiers colonisateurs mirent le pied au Mexique, celui-ci était déjà habité (tout comme les États-Unis) et que les envahisseurs, ce sont ces descendants de colons…

Il fustige aussi ce pays où l’on peut acheter des armes facilement, armes que les trafiquants revendent ensuite aux membres des cartels mexicains (en fraude, bien entendu) et qu’ils alimentent, de ce fait, les tueries et fusillades au Mexique.

Je manquai m’étrangler. Ces deux « patriotes » faisaient partie intégrante du problème. Si la situation au Mexique était aussi catastrophique, c’était en grande partie à cause des fusillades constantes. Or, les armes impliquées dans ces fusillades provenaient de gens comme Kevin et Stevie.

On était venus pour récupérer un véhicule rempli d’armes, et Brian se voyait proposer un boulot tandis que je me faisais traiter d’immigré clandestin. Une belle illustration du racisme systémique. C’était tellement absurde que c’en était presque amusant. Et, en même temps, j’avais connu ça toute ma vie : à côté d’un Blanc en costar, mon niveau d’études et mon CV ne valaient rien. Sauf que là, le Blanc en question était quand même un toxico transpirant aux yeux écarlates qui avait passé la journée à gober des cachetons.

Si son trio de personnages est réussi, un autre qui est magistral, c’est Don Vázquez, le boss du cartel de Juárez. Un homme élégant, souriant, amical, qui parle sans élever la voix, tout en douceur et qui, sans faire d’effort, arrive à vous glacer d’effroi, tel un Poutine entrant dans la pièce où vous vous trouveriez. Les méchants calmes sont toujours plus angoissants que les p’tits nerveux.

Dans ce roman noir serré et violent, il est amusant aussi de constater combien les membres des cartels sont plus croyants que le pape lui-même et superstitieux comme pas possible. On est au-delà de la patte de lapin ou du bulletin de Lotto rempli un vendredi 13. On entre dans des croyances limites moyenâgeuse ! Mais comme l’auteur ajoute une louche de fantastique et d’horreur, on se dit ensuite qu’il est normal que tout ce petit monde soit croyant !

Un roman noir oppressant, qui sent la sueur, les corps pas lavés, les drogues qui suintent de tous les pores, le sang, les tripes, l’eau croupie, les armes à feu, les balles, les consciences que l’on lave à grand renfort d’excuses bidons, les croyances et les gris-gris dont vous n’avez pas envie de connaître la provenance.

Un roman noir qui, malgré ses éléments fantastiques, reste tout de même terriblement ancré dans le réel et qui nous montre la face cachée des trafics de drogues et d’armes, sans oublier la misère des gens lorsqu’ils perdent leur mutuelle ou leur assurance santé.

An American Year