Verdun – Tome 01 – Avant l’orage : Jean-Yves Le Naour et Iñaki Holgado

Titre : Verdun – Tome 01 – Avant l’orage

Scénariste : Jean-Yves Le Naour
Dessinateur : Iñaki Holgado

Édition : Bamboo Grand angle (2016)

Résumé :
Décembre 1915 : les Allemands semblent préparer une attaque d’envergure sur l’un des points stratégiques de la ligne de défense française. Si Verdun tombe, la guerre pourrait définitivement basculer en faveur de l’Allemagne.

Malgré les nombreuses mises en garde, le général Joffre, commandant en chef des forces françaises, se refuse à renforcer la zone, persuadé que la vraie bataille se jouera en Champagne.

Quand en janvier 1916 l’attaque ne fait plus le moindre doute, il semble bien tard pour réagir. Seul un miracle pourrait sauver Verdun.

Critique :
Verdun, 1916. La grande boucherie n’a pas encore commencé, mais elle se prépare, dans les rangs allemands et le grand général Joffre ne veut pas écouter les alarmistes qui lui certifient que l’offensive va se faire à Verdun.

Le grand général, bien au chaud et à l’abri dans une belle maison, se bâfrant, se croit le plus intelligent et lorsqu’il se rend compte que les autres ont raison, il est trop tard.

Joffre est rhabillé pour l’hiver, dans cette bédé. Fini d’aduler les généraux s’ils ne le méritent pas. Rendons à César ce qui est à César.

Dire au général qui se trouve à Verdun, que les renforts arriveront d’ici trois ou quatre jour, quand les obus comme une pluie drue, c’est culotté de la part du généralissime. Si Joffre avait été dans les tranchées, il aurait compris l’imbécilité d’une telle déclaration.

Avec des dessins réalistes, bien esquissés et différents arcs narratifs, le scénariste nous fait vivre Verdun au cœur de la bataille.

21 février 1916, Bois des Caures, 07:15, le bombardement commence tout proche de Verdun.

Si vous ne vous prendrez pas le million d’obus sur la tronche, comme les soldats français de l’époque, croyez-moi, en peu d’images, le dessinateur arrivera très bien à vous montrer l’enfer que ce fut. Personne n’a envie de se trouver sous ce déluge de bombes. Ni après, sous les balles ennemies.

De l’autre côté, chez les allemands, on a envoyé un million d’obus, on pense arriver les mains dans les poches, dans les tranchées française, sans tirer un coup de feu… Il y en a qui vont être surpris : les soldats français sont encore vivants et ils ripostent !

Dans cette bédé, nous sommes au cœur de la Première Guerre Mondiale, dans les tranchées, mais surtout dans les salons feutrés, là où se prennent les décisions (se prennent mal ?), là où des généraux qui ne sont pas sur le champ de bataille, décident ou pas, d’envoyer des renforts, ce ne sont pas eux qui mourront, de toute façon.

Là où des gens du gouvernement ont peur d’une catastrophe parlementaire, si Verdun est prise par les allemands. Les députés font sans aucun plus peur que l’ennemi Teuton… Une guerre d’égo, en quelque sorte. Facile quand on ne risque pas sa peau dans une tranchée.

Une bédé qui touche en plein coeur, qui vous souffle, qui vous glace les sangs. Et Pétain, appelé en renfort, pour sauver le bazar, et qui, malade, doit garder le lit pendant que son aide de camp fait tout le boulot. Mais qui a eu les lauriers, au fait ?

Une bédé à découvrir, pour en savoir plus sur Verdun.

Ils étaient 1200 sacrifiés au bois des Caures sous les ordres de Driant.
Ils étaient 1200. Ils se sont battus sans manger ni boire, avec juste un peu de neige à sucer pour étancher leur soif.
Ils étaient 1200.
Ils ont tenu face à 10.000 Allemands et sont morts les uns après les autres.

Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°50].

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La part de l’ombre – T02 – Rendre justice‭ : ‬Patrice Perna et Francisco Ruizgé

Titres : La part de l’ombre – T02 – Rendre justice

Scénariste : Patrice Perna
Dessinateur : Francisco Ruizgé 🇪🇸

Édition : Glénat (06/01/2021)

Résumé :
Doit-on être puni pour avoir tenté de tuer Hitler ?

Avril 1955. Le tribunal de première instance de Berlin a confirmé en appel la condamnation de Maurice Bavaud, exécuté quatorze ans plus tôt pour sa tentative d’assassinat d’Adolf Hitler.

Bien décidé à ne pas en rester là, l’ancien agent de la Kriminalpolizeï Guntram Muller fait de l’annulation de ce verdict une affaire personnelle. Mieux, il veut voir Bavaud honoré en héros national.

Pris en étau entre des services secrets américains intrusifs et des autorités soviétiques méfiantes, il se voit confier la responsabilité d’interviewer rien de moins que Nikita Khrouchtchev, Premier secrétaire du parti communiste qui s’apprête à renier officiellement la politique de Staline dans les semaines à venir.

Dans le final haletant de La Part de l’Ombre, Patrice Perna s’interroge sur l’importance du travail bibliographique et du devoir de mémoire.

Le flegmatique Guntram, en explorant le passé, est sur le point de mettre au jour les enjeux réels de cette affaire. Quand une injustice passé finit-elle d’avoir des répercussions sur le présent ?

Critique :
Nous retrouvons Muller, poursuivant son enquête sur Bavaud, notamment auprès de l’ambassade Suisse en Allemagne (de l’Est).

La Suisse, par le biais de son ambassadeur, se retranche derrière la décision de la justice et les codes de la loi, ajoutant que durant la Seconde Guerre Mondiale, ils étaient neutres et que c’est donc pour cela qu’ils n’ont jamais proposer, aux nazis, d’échanger des espions nazis contre Bavaud, ressortissant suisse.

Oui, mais… On peut aussi être neutre et avoir des relations cordiales avec les différents belligérants, tirer son épingle du jeu. Les relations bienveillantes, même avec les allemands, ça peut aider, durant une guerre. Mais il ne faudrait pas que l’on ressorte ce passé peu glorieux de sous les tapis…

Et maintenant, 15 ans après, les suisses ne font rien pour réhabiliter Bavaud ? Refusant même de faire appel de la décision de justice qui condamne, à nouveau, Bavaud, à l’emprisonnement (alors qu’il a été guillotiné en 1941!).

Dès les premières pages, la Suisse est rhabillée pour 36 hivers, Muller ne se privant pas pour mettre le nez de l’ambassadeur dans leur merde, notamment avec l’or des Juifs, volé par les nazis et dormant gentiment dans les banques suisse. Oh, il est shocking, monsieur l’ambassadeur, quand Guntram Muller lui balance tout à la figure.

Dans ce second tome, le côté espionnage prend le dessus (services secrets américains, Stasi, politburo), on en apprend plus sur les différents personnages, on a quelques surprises (que j’avais deviné, la ficelle était un peu grosse) et ça complote un peu partout.

Plus d’action dans ce second tome, là où le premier prenait son temps. On bouge plus, l’histoire est assez dense, complexe et se consacre plus à Guntram Muller et sa part d’ombre (on le verra en découvrant son passé et son implication) qu’a Bavaud, même si tout est lié.

Guntram Muller est un personnage complexe, tout en nuances, pas facile à cerner. D’ailleurs, les autres personnages sont, eux aussi, complexes, réalistes et terriblement humains.

Le final est explosif… et à la hauteur !

Une bédé qui mélange habillement l’espionnage, la guerre froide, les dialogues percutants, la politique, la justice, l’Histoire, les faits réels et fictionnels, le tout dans des ambiances pesantes de l’après guerre et d’un Berlin coupé en deux.

Les dessins sont bien faits, ce qui ne gâche rien.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°202] et Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°45].

La part de l’ombre – T01 Tuer Hitler : Patrice Perna et Francisco Ruizgé

Titres : La part de l’ombre – T01 – Tuer Hitler

Scénariste : Patrice Perna
Dessinateur : Francisco Ruizgé 🇪🇸

Édition : Glénat (06/01/2021)

Résumé :
Berlin, décembre 1955. Nous sommes à l’aune de la guerre froide. Guntram Muller est journaliste pour un des plus grand quotidien, le Berliner Zeitung. Il s’intéresse à une affaire assez singulière et très éloignée des préoccupations du Rédacteur en chef : le procès en révision de Maurice Bavaud, un jeune Suisse que l’on dit « illuminé » exécuté par les nazis en 1941 pour avoir tenté d’assassiner Adolf Hitler.

Ce procès, réclamé par la Confédération Suisse se soldera finalement par un jugement pour le moins étonnant : le jeune « terroriste », décapité en 1941, est condamné à cinq ans de détention et cinq ans de perte des droits civiques. Guntram, ancien inspecteur de la célèbre Kripo (Kriminalpolizei), enrôlé dans l’Abwehr en 1939, s’intéresse de près à cette histoire.

Et pour cause. Il a été mandaté, à l’époque des faits, par un proche de Himmler, pour enquêter sur les éventuels complices qui auraient pu aider le jeune Suisse a approcher aussi facilement le Führer dans le lieu le plus sécurisé, le fameux Nid d’Aigle.

En 1955, toujours tourmenté par son passé, Guntram tente de réhabiliter la mémoire de Maurice Bavaud et se lance dans une vaste enquête, journalistique cette fois. Il est aidé en cela par un jeune homme, garçon de bureau au journal, pour lequel il s’est pris d’affection. Wolf Fiala rêve de devenir reporter comme son idole, le célèbre Albert Londres. Il va aider Guntram à dérouler le fil complexe de l’histoire de Bavaud.

On découvrira toutes les hypothèses échafaudées au cours de cette étrange affaire : Bavaud était-il un fou de Dieu, tueur solitaire ?

Etait-il un espion agissant pour le compte d’une organisation secrète, A-t’il été mandaté par les alliés ou par un proche d’Hitler ? Comment a-t’il pu approcher le dictateur d’aussi près et à plusieurs reprises ? Pourquoi la Suisse a-t’elle refusé de l’aider en l’échangeant contre un espion Allemand ? Mais les apparences sont rarement fidèles à ce que sont les Hommes en réalité…

Critique :
En 1938, Maurice Bavaud, un jeune Suisse, a tenté de tuer Hitler. Il a été condamné et décapité. 15 ans plus tard, on le recondamne à nouveau !

Pourquoi ? Parce que : « Attendu qu’en vertu de l’article 211 du code pénal, la vie d’Adolphe Hitler mérite une protection juridique au même titre que n’importe quel être humain ».

Qu’en 1938, on condamne cette tentative assassinat, c’est compréhensible, Hitler est au sommet, et ce, jusqu’à son suicide et la capitulation de l’Allemagne.

Mais après, en sachant ce qu’Hitler a commis, avec l’aide de sa clique de nazis, on aurait dû décorer Maurice Bavaud, ou, au pire, le condamner pour avoir raté son coup !

Ben non, lors de la révision de son procès demandée par son père, 15 ans après, on recondamne cet homme qui est mort ! Sérieusement ? Oui, sérieusement, on condamne Maurice Bavaud, mort par décapitation en 1941, à cinq ans de détention et cinq ans de perte des droits civiques ! Heu ?? Ubuesque, non ?

Ok, je vais éviter de voir les choses par le petit bout de la lorgnette, comme le suggère Guntram Muller, journaliste, à son jeune padawan.

Alors, tentons de comprendre comme Bavaud en est arrivé à vouloir tuer le moustachu (je lui en veux de ne pas avoir réussi)… Enquêtons aux côtés de nos deux journalistes, dans le Berlin de l’Est.

Une tentative d’homicide est condamnable, quelque soit la personne que l’on souhaitait envoyer au boulevard des allongés, quand bien même c’était Hitler, quand bien même c’était assassiner un tyran. Ôter la vie est un crime.

Le récit est assez lent et à la fin de ce premier tome, on ne sait toujours pas qui était vraiment Bavaud, ni si ce qu’on a dit de lui est véridique ou si certains voulaient juste le faire passer pour un fou, un illuminé de la religion.

Il n’en reste pas moins que cet homme a réussi à se retrouver, par deux fois, dans l’entourage proche du moustachu et armé, qui plus est !

Ce premier album va mettre en images les hypothèses échafaudées au cours de cette étrange affaire, ainsi que l’enquête menée par Guntram Muller, journaliste au Berliner Zeitung et le jeune Wolf Fiala, qui rêve de devenir reporter comme son idole, Albert Londres.

Les mystères sont présents et à la fin de ce premier album, il est difficile d’échafauder des hypothèses, de tirer des conclusions, de faire des déductions. Je dois même avouer que je n’avais pas connaissance de cette tentative d’assassinat du moustachu. Les autres, oui, mais pas celle-ci. Cette bédé m’enverra au lit moins bête, tiens !

Les dessins sont réalistes, très agréables et les décors des années 50, dans Berlin divisée, sont très bien faits aussi. Des bâtiments sont en ruine, des murs effondrés, on voit que tout n’a pas encore été reconstruit.

Fin du suspense, je me lance sur le second tome ! Et la critique du second volet est pour demain après-midi

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°201] et Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°43].

Inca – 01 – L’Empire des Quatre Quartiers : Laurent-Frédéric Bollée et Laurent Granier

Titre : Inca – 01 – L’Empire des Quatre Quartiers

Scénaristes : Laurent-Frédéric Bollée et Laurent Granier
Dessinateur : Lionel Marty

Édition : Glénat (2013)

Résumé :
Pour unifier le peuple inca : un enfant élu… Tel Moïse, Amaru fut trouvé nourrisson, flottant dans un panier sur le lac Titicaca. Il portait derrière l’oreille un tatouage de serpent, et dans ses langes était caché une statuette.

S’il parvient à réunir les trois autres statuettes de l’Antisuyo, Amaru réalisera son destin de Fils du Soleil : c’est ce qu’un chamane lui a prédit dans les montagnes… Mais pour l’heure, il a été choisi pour être sacrifié pour la splendeur de l’Empire inca…

Laurent Granier, auteur de films et d’ouvrages sur le sujet, s’associe au scénario à LF Bollée pour créer cette nouvelle série : une fresque authentique et cruelle sur le sort trop peu connu du peuple inca. Lionel Marty y ajoute sa patte réaliste et spectaculaire.

Critique :
Sur le lac Titicaca, un panier contenant un nourrisson à l’étrange tatouage de serpent, est déposé. Il est recueilli par une femme.

C’est l’Élu, on veut le tuer, alors, pour le protéger, on l’a balancé à la flotte. Tiens, un air de déjà-vu…

Moïse sauvé des eaux ! Non, c’est Amaru. Il avait une statuette avec lui et d’après le résumé, s’il retrouve les autres, il pourra les assembler et devenir le Fils du Soleil !

♫… Les cités d’or ♪… Enfant du soleil ♪ Ton destin est sans pareil ♪ L’aventure t’appelle ♪ N’attends pas et cours vers elle ♫

Franchement, je ne sais pas trop ce que je vais bien pouvoir raconter dans cette chronique, parce que ma lecture m’a laissé dubitative pour plein de raisons.

Premièrement, le récit ressemble à un fouillis où il est difficile de s’y retrouver. Si les dessins au départ, laissent présager de belles promesses, ensuite, ils sont assez moches, notamment dans les gros plans d’Amaru, notre appelé à être l’élu. Dont on ne sait pas grand-chose et à qui il est difficile de s’attacher.

Bon, sans compter qu’un élu, des gens qui veulent le tuer, ça sent l’archi connu ! Lorsque l’on s’attaque à des trucs vieux comme le monde, il faut le sublimer, le cuisiner autrement et offrir aux lecteurs un récit qui fait « waw ».

Là, pour le moment, ça fait juste « Pchittt »…

À voir si le tome 2 (et dernier tome) apportera des réponses ou un peu plus d’émotions, parce que tout cela est absent de ce premier tome (qui ne donne même pas envie de lire la suite).

Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°30].

Tango – 06 – Le fleuve aux trois frontières : Matz et Philippe Xavier

Titre : Tango – 06 – Le fleuve aux trois frontières

Scénaristes : Matz et Philippe Xavier
Dessinateur : Philippe Xavier

Édition : Le Lombard (08/10/2021)

Résumé :
La triple frontière, entre l’Argentine, le Paraguay et le Brésil. Les spectaculaires chutes d’Iguazú ne suffisent pas à en faire un paradis terrestre : la jungle est pleine de contrebandiers, de trafiquants et de tueurs.

Tango et Mario croient donner un coup de main à Mike, mais ce dernier leur a caché les vraies raisons de sa présence.

Les mauvaises surprises s’accumulent, et l’heure de régler les vieux comptes a sonner pour Tango…

Critique :
Impossible pour John Tango de faire du cheval tranquillement, dans la cordillère des Andes ! Un coup de fil et hop, faut revenir pour aller sortir d’un mauvais pas un pote, Mike.

Les voici parti aux spectaculaires chutes d’Iguazú, qu’on aurait envie d’aller voir aussi, si ce n’était pas aussi dangereux dans le coin.

Non, il ne fait pas bon vivre à la triple frontière, entre l’Argentine, le Paraguay et le Brésil. Et si j’en doutais un peu, cet album va me l’expliquer violement, me donnant juste envie de rester dans mon canapé.

Une fois de plus, nous voici dans un road trip violent, où les balles vont fuser, le sang couler, les vengeances s’accomplir. Mike leur expliquera pourquoi il en veut à un type en particulier.

Les dessins sont toujours très bien exécutés, les scènes de combats aussi et rien ne change en ce bas monde : corruption, vols, assassinats, expulsions, gangs, mafias et autres joyeusetés. Un mec blindé de fric et avec des hommes armés à sa solde, s’il veut votre bout de terrain, il le prendra, vous laissant le choix entre le fric et la balle (si on vous laisse le choix).

Si on creuse un peu, cet album n’est pas exceptionnel, il est dans la veine des précédents : de l’action, des combats, des armes à feu, des gens à sauver, des méchants super méchants, bref, Tango et Mario, c’est un une sorte d’Agence Tous Risques, à deux et en plus violent que la série bon enfant.

On a un album qui parle de vengeance et qui comporte tout ce qu’il faut pour faire un album rempli d’action, mais avec peu de réflexion : c’est le plus fort ou le plus rusé qui gagne, ou du moins, celui qui tire le premier. Bref, plus de muscles que de cervelles.

Mais dans l’ensemble, ça se laisse lire, ça dépayse, on prend son pied parce que les méchants sont punis et que les gentils gagnent. Même si les gentils ont un tas de cadavres qui leur collent à leurs basques, vu tous ceux qu’ils ont dégommé.

Une série à lire pour le côté action, pas le côté réflexion (sauf le premier album qui était excellent). Une série qui vaut pour le dépaysement et le duo, qui fonctionne très bien. et parce que, de temps en temps, juste de l’action, ça ne fait pas de mal au cerveau…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°195] et Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°28].

La terre des vampires – Intégrale (3 Tomes) : David Muñoz et Manuel Garcia

Titre : La terre des vampires – Intégrale (3 Tomes)

  • Tome 1 – Exode
  • Tome 2 – Requiem
  • Tome 3 – Résurrection

Scénariste : David Muñoz
Dessinateur : Manuel Garcia

Édition : Les Humanoïdes Associés (2013)

Résumé :
Un cataclysme a recouvert l’atmosphère de la terre d’une couche de poussières qui filtre les rayons UV : résultat, les vampires qui se cachaient le jour règnent à présent en maîtres et font de la planète leur terrain de chasse…

La survie de l’espèce humaine est menacée. Seuls et dissimulés au milieu des décombres d’une ville ravagée, deux adultes et une poignée d’enfants tentent de s’en sortir. Affamés, ils n’ont pas d’autre issue qu’affronter les dangers de l’extérieur.

Sous l’influence d’un mystérieux sauveur qui se joint à eux, ils font le pari désespéré de traverser l’Europe, à la recherche d’un refuge où les derniers hommes se seraient regroupés…

Critique :
Cette série sur les vampires a été d’abord publiée en trois albums (que je viens de lire) et après avoir rédigé mes chroniques au brouillon, je me suis rendue compte qu’il existait une intégrale. Alors, j’ai décidé de groupir les chroniques en une seule.

Tome 1 – Exode [Babelio] : Un cataclysme a eu lieu, pire que le recul de l’âge de la pension : il n’y a plus de soleil ! Un espère de nuage de poussières bloque ses rayons, ce qui fait que pour les vampires, c’est la fête du slip : ils peuvent se balader comme ils veulent, H24. Pour eux, maintenant, c’est open bar !

Les humains, qui n’ont pas envie de servir de garde-manger aux vampires (ou d’être sucé par eux), se planquent. Ils sont de moins en moins nombreux. Les conditions de vie sont dures, sans soleil. On se caille les miches.

Je ne me plaindrai pas des dessins, qui sont très beaux et réalistes. Les tons accentuent le fait qu’il n’y a plus de soleil et que tout est brumeux.

Par contre, en ce qui concerne le scénario de ce premier tome, il est basique de chez basique ! Il m’a d’ailleurs fait penser au film « Blade », vous savez, le vampire qui ne voulait pas en être un et qui chassait ses semblables… De l’autre, on a une femme et des enfants (qui ne sont pas les siens) qui tentent de survivre et qui vont croiser la route de Nil le vampire (Blade).

Alors oui, ce premier album n’est pas mauvais en soi, j’ai apprécié cette lecture, mais il n’y avait rien de neuf sous le soleil (qui ne brillent plus sur nos têtes, dans cette bédé), rien qui ne sortait de l’ordinaire, rien qui « pepsait », rien d’original, même dans les vampires, puisque nous avons un bon et des méchants…

Ça se laisse lire, mais ne vous attendez pas à des surprises. Malgré tout, je vais lire la suite, puisqu’on me l’a gentiment prêtée, afin de savoir ce qu’il va se passer. On ne sait jamais, le scénario pourrait casser la baraque ensuite…

Tome 2 – Requiem [Babelio] : Ah ben voilà qui est mieux ! Sans révolutionner le monde, le scénario est plus intéressant, on en apprend un petit peu plus sur le passé de Nil. Notre petite troupe hétéroclite, composée d’enfants et de leur accompagnatrice, vont croiser la route d’un groupe d’humains qui semblent avoir un grand intérêt pour Nil le gentil vampire…

Les dessins sont toujours supers, le côté fantastique horreur, bien représenté et puisque ce tome 2 était plus intéressant que le 3, je n’ai pas attendu longtemps avant de me jeter dessus avec la voracité d’un vampire affamé sur une poche de sang.

Tome 3 – Résurrection [Babelio] : Ce dernier tome me laissera sur ma faim et le cul entre deux chaises. Sur ma faim parce que la fin est ouverte, que l’on n’aura pas toutes les réponses à nos questions et le cul entre deux chaises parce qu’après avoir commencé sur les chapeaux de roues, on a du mou dans la corde dans le final.

Le côté horrifique est renforcé dans ce dernier album, notamment lorsque un jeune personnage devient vampire et suce le sang… Oui, j’ai été horrifiée par la transformation, dans tous les sens du terme, de cette petite fille.

Les quelques scènes de flash-back répondent à des questions, mais d’autres resterons sans réponses, la fin étant trop ouverte. Les scènes d’action sont dynamiques, bien faites et le suspense est à son comble durant une bonne partie de ce dernier album.

Pour bien faire, cette série aurait mérité un scénario plus approfondi. Pour cela, un album de plus aurait été nécessaire (ou une pagination plus importante par album). À cause du scénario un peu faiblard, on a une série B qui se laisse lire, mais qui se fera oublier très vite. Une sorte d’hommage au film Blade, sans pour autant y arriver vraiment.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°191] et le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°20].

 

 

 

 

 

 

 

 

L’homme qui corrompit Hadleyburg : Wander Antunes et Mark Twain

Titre : L’homme qui corrompit Hadleyburg

Scénariste : Wander Antunes 🇧🇷 (d’après Mark Twain)
Dessinateur : Wander Antunes

Édition : La boîte à bulles (17/08/2022)

Résumé :
Hadleyburg, ville dont la réputation est d’être la plus intègre d’Amérique, reçoit un jour la visite d’un homme mystérieux. Ce dernier est venu pour laver l’offense qui lui a, jadis, été faite par ses habitants : trop imbus d’eux-mêmes, ils en avaient oublié les règles de base de l’hospitalité.

Cet étranger a décidé de porter le fer là où cela leur ferait le plus mal : en faisant voler en éclat leur réputation de probité…

Critique :
De Mark Twain, je ne connaissais que Tom Sawyer et Huckleberry Finn, que l’on retrouvera justement dans cette adaptation, alors qu’ils ne s’y trouvent pas dans le roman original.

Hadleyburg est une petite ville qui a une réputation de probité. Oui, mais, jamais personne ne les a soumis à la tentation !

« Il est hasardeux de se prétendre honnête quand on n’a jamais vraiment fait face à la tentation »

Alors un homme, désireux de se venger, va foutre le renard dans les poules. S’il a eu, à un moment donné, le désir de se venger en tuant ceux qui l’avaient offensé, il a trouvé que c’était trop simple, il fallait que les coupables souffrent.

Si je n’ai pas vraiment les dessins, le scénario, lui, m’a plu ! Le plan de l’homme en noir est audacieux, ne demandant que peu de travail, puisque ce seront les habitants de la ville qui feront tout à sa place.

Une fois le ver dans le fruit, le renard dans les poules, il suffit de s’asseoir, de prendre du pop-corn et de regarder l’âme humaine se corrompre, faire des plans sur la comète, parce qu’avec 40.000$ proposé, tout le monde se sent pousser des ailes et s’imagine être l’élu. Y en aura-t-il pour rester honnête et ne pas avoir le tournis ??

Une bédé qui se lit avec délice, le sourire aux lèvres devant ses personnes qui se vantaient de leur probité, de leur honnêteté et qui vont se déchirer devant un sac d’or, le tout sous le regard amusé et cynique d’un balayeur, de Tom Sawyer et d’Huckleberry Finn et sous les yeux du pasteur qui ne sait plus à quel saint se vouer.

Les dialogues sont excellents, surtout lorsqu’on ne voit pas les personnages mais que l’on assiste à l’orage qui a lieu dans le ciel, parfaite illustration de ce qui se passe à l’intérieur, avec les notables.

Une excellente bédé.

Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°18].

Toute la poussière du chemin : Wander Antunes et Jaime Martin

Titre : Toute la poussière du chemin

Scénariste : Wander Antunes 🇧🇷
Dessinateur : Jaime Martin 🇪🇸

Édition : Dupuis Aire libre (2010)

Résumé :
Bien loin du rêve américain, Wander Antunes et Jaime Martin nous entraînent sur les routes poussiéreuses du sud des États-Unis, à la suite de milliers d’hommes chassés de chez eux par la crise de 1929.

L’un d’entre eux, Tom, fuit l’ombre d’un passé que l’on devine douloureux. Misanthrope muré dans le silence et la solitude, il va pourtant accepter de partir à la recherche d’un enfant disparu.

Le visage de l’Amérique qu’il va rencontrer, au gré de ses pérégrinations, va être celui de la violence, du racisme et de l’injustice, exacerbés par la crise que traverse le pays.

Un récit âpre, qui raconte la quête d’un homme seul face à l’iniquité des représentants de l’ordre et à la brutalité d’hommes sans foi ni loi, dont la force évocatrice n’est pas sans rappeler les écrits réalistes et politiques de Georges Orwell.

Critique :
La crise économique de 1929 a jeté des gens sur les routes, sans oublier le Dust Bowl. Les banques ont tout pris aux fermiers, aux pauvres gens et ensuite, elles ont fait faillite (les hauts placés sont sans doute foutu le camp avec le fric des autres).

Tom fait partie de ces hobboes qui voyagent en train, dans cette Amérique exsangue, dans ce Sud ségrégationniste, raciste, méchant, violent, meurtrier, où les gens n’ont que les mots « nègres » et « lynchage » à la bouche.

Le road-trip de Tom n’est pas de tout repos. Lorsqu’un pays est en crise, la solidarité fout souvent le camp la première et on a l’impression que le cerveau reptilien est seul aux commandes, tant les gens deviennent agressifs, violents, avec des tendance meurtrière. C’est le replis sur soi. L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine à la violence.

J’ai apprécié les dessins dans des tons lavés, jaunâtre, ces visages pas toujours détaillé. Bizarrement, ça a passé comme une lettre à la poste. Idem avec le scénario, qui est simple, mais très fort, très profond.

Si le récit semble saccadé, il se lit pourtant très facilement et trouve son rythme assez vite, nous emportant dans cette Amérique de 1929 où l’on voyage en schmet dans les wagons de trains de marchandises.

Tom est un personnage tourmenté, mais attachant, on apprendra plus tard ce qui le tourmente ainsi. Au moins, lui, ne perd pas son humanité, alors qu’il était si facile de la paumer sur les chemins poussiéreux et semés d’embûches (et des types armés), de devenir égoïste et de bouffer les autres pour ne pas être bouffé aussi.

Une bédé forte, âpre, qui ne fait pas dans le sentimentalisme, même si elle laisse la porte entrouverte pour apporter un peu de lumière dans ce monde sombre, rempli de brutes armées de gourdins, de flingues et qui n’hésite pas à tirer sur tout ce qui n’appartient pas à leur ville, village… Les flics n’étant pas mieux.

Ce petit côté manichéen ne m’a pas empêché de savourer cette bédé, car tout le monde n’était pas mauvais dans l’affaire et la solidarité, même en voie de disparition, se débattait encore pour exister.

Une bédé à découvrir, assurément !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°187] et Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°13].

HMS Beagle, Aux origines de Darwin : Fabien Grolleau et Jérémie Royer

Titre : HMS Beagle, Aux origines de Darwin

Scénariste : Fabien Grolleau
Dessinateur : Jérémie Royer

Édition : Dargaud (31/08/2018)

Résumé :
Londres, 1831. Le jeune Charles Darwin, impatient d’embarquer pour le périple de sa vie, prend place sur le HMS Beagle. Le voyage vers des contrées lointaines pleines de promesses sera aussi fait de multiples épreuves.

Tandis que ses découvertes sur la faune et la flore le comblent d’admiration et de confusion, la fréquentation d’esclavagistes va le pousser à questionner les principes humanistes de ses contemporains.

Un voyage formateur pour l’homme et révolutionnaire pour la science.

Critique :
De Darwin, je connaissais peu de choses, si ce n’est sa théorie de l’évolution, qui a fait couler beaucoup d’encre (hérésie ! blasphème) et qui en fait encore couler de nos jours.

Ce que je ne savais pas, c’est qu’il avait fait un périple en Amérique du Sud, et ça, c’était parfait pour le Mois Espagnol et Sud Américain…

Partant de Plymouth et faisant une escale à Cape Verde, le HMS Beagle (qui va faire souvent vomir Darwin), va accomplir un périple de 5 années et ce que Darwin découvrira comme espèces et plantes, seront primordiales pour sa théorie de l’évolution.

De ses recherches et ses accumulations d’insectes et d’espèces animales, il va mettre au point ses théories.

Cette bédé, aux dessins spéciaux qui ne m’ont pas rebutés (ils lui allaient bien, je trouve), est un récit succinct du voyage de Darwin, malgré tout, je pense que le plus important s’y trouve. Les éléments clés, je veux dire.

Charles Darwin est un homme spécial, en cela qu’il est avide de découverte, mais surtout, qu’il était pour l’égalité des Hommes, ce qui, à cette époque, était plus que révolutionnaire !

Malgré tout, en découvrant le peuple habitant la Terre de Feu, il les trouvera sauvages et non civilisés… Je ne lui en voudrai pas, nous penserions sans doute la même chose, malgré notre plus grande ouverture d’esprit.

Une bande dessinée des plus intéressantes, un scénario qui entraîne les lecteurs (et lectrices) dans un voyage fabuleux, où Darwin va émettre des théories blasphématoires, comme le fait que la Terre ait bien plus que les 6.000 années qu’on lui donnait (bible).

Un scénario qui ne devient jamais indigeste, car les auteurs ont été assez intelligents que pour aller à l’essentiel. Un récit qui fait que l’on va se coucher moins bête, après avoir dévoré, d’une traite, cette bédé de 176 pages.

Encore une preuve que les bédés ne sont pas constituées QUE des p’tits Mickeys, ni QUE pour les enfants… Ceci est une bédé adulte, mais qu’un enfant de 10 ans pourrait lire sans problème.

Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°10].

Les ombres de la Sierra Madre – Tome 3 – El Dedo de Dios : Philippe Nihoul et Daniel Brecht

Titre : Les ombres de la Sierra Madre – Tome 3 – El Dedo de Dios

Scénariste : Philippe Nihoul
Dessinateur : Daniel Brecht

Édition : BD must (20/10/2020)

Résumé :
Mexique, années 1920, 40 ans après la reddition de Geronimo, alors qu’Hollywood tournait ses premiers films parlants, les Apaches poursuivaient une guerre perdue pour défendre un mode de vie condamné à disparaître…

Âpre, violente, désabusée et teintée d’humour noir, Les Ombres de la Sierra Madre renouvelle le genre.

Western atypique, par son ton, son rythme et sa chronologie, c’est aussi une tragédie en 3 actes, inspirée d’évènements authentiques et méconnus.

Critique :
En Afrique, les chasseurs yankees chassaient les lions, en Inde, ils flinguaient des tigres et dans la sierra du Mexique, ils vont pouvoir chasser l’Homme, même si pour eux, les Apaches n’en sont pas.

Gaffe quand même, contrairement aux fauves, les Apache sont armés et peuvent riposter. Et puis, la Sierra Madre, ce n’est pas l’Afrique…

Gaffe aussi que les mexicains n’apprécient pas trop que des yankis excités de la gâchette et armés jusqu’aux dents, franchissent leur frontière.

Suite du deuxième tome, nous retrouvons nos personnages cherchant à retrouver le petit James. Moroni est prêt à tout, même à déclencher une seconde guerre mondiale, afin de retrouver son fils (nous sommes en 1927).

Sa troupe de chasseurs regroupant des pros de la chasse aux fauves en Afrique, en Inde, ainsi qu’un ancien acteur de cinéma muet, a tout d’une bande de guignols incapables de comprendre que le terrain n’est pas celui de l’Afrique et que les Apaches ne sont pas des animaux, mais des guerriers féroces, sachant combattre, se cacher, feinter…

Moroni a bien changé, au fil des albums, et pas dans le bon sens. Merejildo est un salaud, mais au moins, il reste constant, là où Moroni rend responsable la petite Bui de la perte de son fils, lui rappelant que ses origines sont Apache, alors qu’elle n’est en rien responsable de ce qui leur est arrivé.

Une fois de plus, c’est un album violent, sans concessions et au final glaçant, alors qu’on aurait pu avoir quelque chose de plus doux… Ou du moins, pas aussi terrible.

J’avais aimé le premier album, le deuxième aussi, mais ce troisième, là, il m’a foutu en l’air avec son final meurtrier.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°185] et Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°06].