La disparition de Josef Mengele : Matz, Jörg Mailliet et Olivier Guez

Titre : La disparition de Josef Mengele

Scénariste : Matz (d’après le roman d’Olivier Guez)
Dessinateur : Jörg Mailliet

Édition : Les Arènes (06/10/2022)

Résumé :
1949 : Josef Mengele débarque à Buenos Aires (🇦🇷). Caché sous divers pseudonymes, l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie.

L’Argentine de Perón est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et il doit s’enfuir au Paraguay (🇵🇾) puis au Brésil (🇧🇷).

Critique :
Josef Mengele, de sinistre mémoire, s’est carapaté à la fin de la seconde Guerre Mondiale, fuyant en Amérique du Sud (Argentine tout d’abord), afin de ne pas se faire arrêter.

Pour rappel, Mengel fut l’un des médecins tortionnaires d’Auschwitz-Birkenau. Parce que non, il n’était pas le seul à pratiquer des horreurs médicales sur les déportés dans le camp de concentration.

Ils étaient plusieurs, mais les autres n’ont pas été inquiété, pourtant, ils avaient, eux aussi, pratiqué des expériences sordides. Mengele nous en fera un petit topo des plus glaçants…

Cet album est très bien fait, que ce soit pour les dessins, que j’ai apprécié, ou pour l’adaptation du roman d’Olivier Guez. Historiquement, c’est édifiant, glaçant et je suis allée me coucher un peu moins bête. Non, on ne dort pas sur ses deux oreilles après pareille lecture…

Mengele a une nouvelle identité, mais il est resté aussi arrogant qu’au départ, imbu de sa personne, de ses diplômes, des actes qu’il a commis dans le camp, persuadé qu’il est toujours d’avoir œuvré pour la grandeur de l’Allemagne, du nazisme, du moustachu, et gnagnagni et gnagnagna… Ben voyons ! Impossible d’avoir une once de compassion pour cet assassin !

Deux parties dans ce roman graphique : le pacha et le rat. Pas besoin de vous faire un dessin ! Dans la première partie, le Mengele vit comme un pacha, se lamentant de la décadence de l’Allemagne, critiquant les autochtones argentins, les américains, ne rêvant que de retrouver sa grandeur et de recevoir les honneurs pour ce qu’il a réalisé en tant que « médecin ».

Dans la seconde, Mengele vit comme un rat (bien fait, tiens !), se lamentant de vivre au milieu des métèques, dans un trou perdu et il commence à virer parano. J’ai aimé voir sa déchéance, je vous l’avoue. Après toutes ses fiestas, vient le temps de la vie de mierda et ce n’est que justice.

C’est une bédé choquante, notamment parce que l’on apprend que Mengele n’a jamais eu à répondre de ses crimes, des ses expériences horribles, tout comme bon nombre de tortionnaires et dignitaires nazis.

Non seulement ils ne furent pas poursuivis, mais certains retrouvèrent leur famille et des postes un peu partout. Comme si leurs crimes n’avaient pas existés ou comme s’il était plus important qu’ils bossent sur des projets scientifiques au lieu de les faire croupir en prison ou que de les pendre haut et court. Effarant !

Une bédé édifiante, une bédé coup de poing, une bédé qui se lit comme un thriller…

On nous dit qu’il ne faut pas oublier, mais vu que certains l’ont fait, on se demande dans combien de temps tout ça ne comptera plus et recommencera… Ah, ça a déjà recommencé, ailleurs, autrement, et tout le monde a fermé les yeux.

Une bédé à lire !

 

Verdun – 03 – Les fusillés de Fleury : Jean-Yves Le Naour, Marko et Iñaki Holgado

Titre : Verdun – 03 – Les fusillés de Fleury

Scénaristes : Jean-Yves Le Naour & Marko
Dessinateur : Iñaki Holgado 🇪🇸

Édition : Bamboo – Grand angle (01/02/2018)

Résumé :
« Je t’embrasse pour la dernière fois, comme un fou. Crie après ma mort contre la justice militaire. »

Dans sa dernière lettre à sa femme, le 11 juin 1916, le sous-lieutenant Gustave Herduin, fusillé sans jugement sur le champ de bataille de Verdun, clame son innocence.

Pour Fernande, son épouse, commence alors une bataille judiciaire de longue haleine pour obtenir sa réhabilitation. Plainte contre les chefs qui ont condamné arbitrairement son mari, polémique de presse, scandale parlementaire, tout est bon pour alerter l’opinion et forcer la main au ministre de la Guerre qui ne veut pas rouvrir le dossier.

Voici l’histoire de dix ans de combat, une histoire d’amour et de fidélité, au nom de la justice et de l’honneur.

Critique :
Fernande Herduin aurait pu être surnommée « Poing dressé devant la justice », justice qui faisait la sourde oreille, députés qui faisaient semblant de ne pas entendre son cri de révolte, sa demande en réhabilitation de son mari, fusillé sans procès.

Mais comment réviser une décision de justice lorsqu’il n’y a pas eu de procès, lorsqu’il n’y a pas eu de justice, mais juste une injustice profonde, un crime véritable ? Mission impossible.

Pas pour Fernande qui va se démener pour faire entendre sa voix, pour que les assassins de son mari, ces hauts gradés planqués qui n’ont jamais pris de risques dans les tranchées, qui n’ont jamais été vraiment au feu, soient condamnés.

Les deux premiers tomes de cette série étaient déjà rempli d’émotions et le troisième n’a pas dérogé à la règle. À l’aide de flash-back sur ce qu’il s’est passé en juin 1916, cet album va nous montrer ce qu’il se passe lorsque l’injustice frappe des hommes qui ont tout donné pour la patrie, mais qui n’ont pas voulu mourir bêtement, pour rien.

Le crime de ces deux hommes ? Alors que leur bataillon était cerné par les allemands sur le champ de bataille de Verdun, le sous-lieutenant Gustave Herduin et le deuxième sous-lieutenant Millant ont pris la décision de fuir le champ de bataille pour sauver la trentaine de soldats français qui restaient. Ils auraient mérité une médaille…

Mais vous savez comme moi que les gradés n’aiment pas que l’on accomplissent pas leurs ordres, même s’ils sont suicidaires, bêtes, impossibles, et j’en passe. Alors, ils ont eu du plomb dans le corps, tués par des balles françaises. Pour l’exemple !

Une fois de plus, la rage m’a saisie et j’ai eu les tripes tordues en lisant ce récit véritable de cet assassinat de deux hommes qui ne méritaient pas un tel traitement.

Un magnifique récit sur une femme qui voulait que l’honneur soit rendu à son défunt mari et qui s’est battue pour y arriver. Une histoire vraie, une histoire triste, une histoire pleine d’émotions, le tout servi par de beaux dessins.

Juarez : Nathalie Sergeef et Corentin Rouge

Titre : Juarez

Scénariste : Nathalie Sergeef
Dessinateur : Corentin Rouge

Édition : Glénat (2012)

Résumé :
Depuis 1993, dans la petite ville frontière de Ciudad Juarez (🇲🇽), près de 2000 cadavres de femmes ont été retrouvés, et plus de 2000 sont portées disparues. Sûr que ça crée des vocations.

Gael Garcia Morales se rend dans la petite ville frontière pour y retrouver la trace de sa soeur, dont le visage figure parmi ceux des milliers de disparues pour lesquelles les familles désespérées collent des affichettes.

Celle-ci avait rejoint Esperanza, une association qui s’oppose aux trafiquants de drogue, aux policiers complaisants et aux avocats véreux pour faire la lumière sur ce qui se passe à Juarez…

Mais Juarez n’aime pas les fouineurs. Certains ont tenté de mener leur propre enquête, on ne les a jamais revus…

Dans le domaine de l’horreur, la réalité dépasse malheureusement souvent la fiction, et les auteurs se sont inspirés de faits réels pour ce one shot racontant l’enquête d’un personnage, menée au cœur des vérités obscures de cette cité mexicaine gouvernée par le crime et l’impunité.

Critique :
En tant que femme, je n’ai pas du tout envie de vivre à Cuidad Juarez, ni même d’aller y faire du tourisme. Le récit se situe en 1993 et les assassinats, disparitions de femmes, jeunes filles et féminicides, étaient déjà légion.

Bon, on ne va pas se mentir, cette bédé n’est pas faite pour laisser traîner devant des enfants… Pourquoi ? Parce que c’est violent, extrêmement violent.

Les premières pages ne laissent planer aucun doute sur la violence qui règne dans cette ville, ni sur ce qui arrive aux jeunes filles, aux femmes. Et personne n’enquête vraiment. Et l’association de femmes qui cherche la vérité reçoit des menaces, on frappe ses membres.

Arrive Gael Garcia Morales, qui recherche sa soeur, dont il est sans nouvelles depuis quelques temps. On lui annonce qu’elle a disparu et que s’il veut enquêter, il a intérêt à le faire de manière discrète.

Ici, l’impunité règne en maître, les narcos sont les chefs, la corruption a gangrené tout l’appareil administratif, judiciaire, répressif (les flics) et personne ne lève le petit doigts contre les enlèvements, les exécutions, les assassinats, les féminicides…

Ce récit est sans concession ! Il est violent, mais toujours à bon escient, si je puis dire, autrement dit, il ne cherche pas à faire du glauque ou du violent juste pour le plaisir. Non, il se contente de raconter ce qu’il se passe, là-bas, sans mettre des œillères, mais sans rentrer dans tous les détails.

Les dessins sont très agréables, réalistes, les couleurs assez chaudes, sans être criardes, bref, rien à redire. Quant au scénario, il m’a entraîné dans ce suspense, cette enquête, sans que je relève la tête de cette bédé et le final m’a coupé le souffle.

Une bédé que je suis contente d’avoir découverte et qui mérite le détour !

Jamais je n’aurai 20 ans : Jaime Martin

Titre : Jamais je n’aurai 20 ans

Scénariste : Jaime Martin 🇪🇸
Dessinateur : Jaime Martin

Édition : Dupuis – Aire libre (2016)
Édition Originale :Jamas tendré veinte anos (2016)
Traduction : Elisa Renouil

Résumé :
Ils se rencontrent en 1936 dans le chaos autodestructeur de la guerre d’Espagne : Isabel est couturière, Jaime est artilleur dans l’armée républicaine. Ils s’aiment. Ils combattent. Ils échappent à la mort.

Mais à la chute de le République, Isabel et Jaime sont dans le camp des vaincu et il est parfois plus difficile de survivre dans la paix que dans la guerre.

Après avoir cru en des lendemains qui chantent, comment garder le silence sous une dictature? « Jamais je n’aurai vingt ans » est une histoire d’amour où le courage et la dignité le disputent à la tendresse et à l’humour, à la joie et à la rage. « Jamais je n’aurai vingt ans » est une histoire vraie, celle des grands-parents de Jaime Martin.

Pour son quatrième ouvrage chez Aire Libre, l’auteur espagnol livre avec émotion et pudeur le récit secret d’une famille au destin intimement lié à celui de son pays, pour le meilleur et pour le pire.

Critique :
L’auteur (et dessinateur) Jaime Martín s’est inspiré de son histoire familiale afin de nous raconter ce que ses grands-parents avaient vécu pendant et après la guerre civile espagnole.

Melilla (partie hispanique au Maroc), 1936. Nous faisons connaissance d’Isabel, couturière de son état et future grand-mère de l’auteur (bon, là, elle était jeune, elle ne le savais pas encore).

Lorsqu’à lieu de coup d’état, les représailles qui suivent l’oblige à fuir à Barcelone, car elle avait fréquenté des jeunes militants anarchistes, apprenant à lire et écrire auprès d’eux. Ensuite, elle rencontrera Jaime, un artilleur dans l’armée républicaine…

L’Espagne est coupée en deux : d’un côté les nationalistes soutenus par l’Allemagne du moustachu et dirigés par Franco, et de l’autre les républicains qui tentent de combattre le fascisme. Ils lutteront durant 3 ans et ensuite, les nationalistes gagneront et Franco prendra le pouvoir.

Et là, il ne fera pas bon se retrouver dans le camp des vaincus, dans le camp de celles et ceux qui ont lutté contre le régime fasciste et qui espéraient un retour à un régime démocratique.

Le récit prendra son temps, nous livrant au compte-goutte les souvenirs de Isabel et de toutes les horreurs qu’elle a vu et vécu (ses amis abattus, notamment), expliquant ensuite tout ce qu’elle fit afin de faire vivre sa famille et tenter de sortir de la misère.

Commence alors le règne de la débrouillardise, dans une société où les femmes n’ont rien à dire et où les hommes n’aiment pas discuter avec les femmes, préférant parler avec les maris et comme Isabel a du caractère, elle préfère négocier elle-même, son époux étant un peu plus mou qu’elle.

L’auteur, tout en finesse, nous montrera combien il est difficile de vivre sous un régime dictatorial (sauf si vous êtes copain avec le dictateur ou ses sbires), combien les conditions de vies sont médiocres, que l’on vit dans la précarité, dans la peur de se faire arrêter par les flics, de se faire racketter par eux,…

C’est glaçant ! Je ne comprends toujours pas les gens qui souhaiteraient vivre dans une dictature !

J’ai apprécié les dessins, les couleurs douces et le personnage d’Isabel, qui a réussi à tirer tout le monde vers le haut, mais sans jamais regarder les autres d’en haut. Et puis, tout n’est pas que misère, dans ces pages, il y a aussi des petites joies, les plaisirs de la vie de famille, les enfants qui grandissent… Et Isabel est un personnage attachant, fort débrouillarde et je l’ai adorée.

Un roman graphique qui parle de la guerre d’Espagne, de toutes ses horreurs (sans forcer le trait, sans être glauque), de la vie des gens dans l’après-guerre, sous le régime franquiste et un bel hommage rendu par l’auteur à ses grands-parents.

Le match de la mort – Kiev, 1942 – Rien ne se passera comme prévu : Guillem Escriche et Pepe Galvez

Titre : Le match de la mort

Scénariste : Pepe Galvez 🇪🇸
Dessinateur : Guillem Escriche 🇪🇸

Édition : Les Arènes (20/10/2022)
Édition Originale : The death match (2022)
Traduction : Alexandra Carrasco

Résumé :
Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans l’Ukraine occupée par les nazis, quatre joueurs du Dynamo Kiev se retrouvent. Pris dans la tourmente, ils survivent entre camps de concentration et travail dans une boulangerie.

À l’été 1942, ils sont sollicités par l’Occupant pour participer à une compétition de football opposant les différentes armées en présence
à Kiev : allemande, roumaine, hongroise.

Ils acceptent, à condition de jouer sous les couleurs (rouges) de l’Ukraine. Avec un nouveau nom qu’ils espèrent prometteur : START.

Critique :
Si j’aime le foot ? Non, pas du tout, mais j’aime l’Histoire et les petites histoires dans la grande.

Et cette histoire, elle se passe durant la Seconde Guerre Mondiale, lors du début de l’opération Barbarossa et de l’invasion de l’Ukraine et de la Russie.

Mais ce sera en Ukraine que nous allons aller voir ces joueurs de foot qui possédaient une autre étoffe que les crésus en short de maintenant.

Une partie des membres du club de foot du Dynamo Kiev se sont retrouvés emprisonnés dans des camps de détention, puis libéré, affamé, amaigri, sans un sous. Ils sont quatre à se retrouver à bosser dans la boulangerie N°1, tenue par un fan de leur équipe et qui tente d’aider le plus de gens possible.

De l’autre côté, le moustachu assassin et mégalo, a envie de transformer les riches plaines fertiles d’Ukraine en terres pour son peuple, qui apparemment, est trop à l’étroit dans l’Allemagne. Pourquoi ne pas faire comme les colons au far-west et passer tout le monde par les armes ?

Pour lui et ses sbires, tout ce qui n’est pas allemand est inférieur et dont, les ukrainiens sont des êtres barbares, sans culture, juste bon à… Bref, pour les nazis, il faut les éradiquer et surtout, ne pas leur donner de quoi être fier d’eux.

Alors, quand les anciens du Dynamo et du Lokomotiv, jouent au foot avec leur maillot d’équipe nationale, rouge, sous le nom de START et mettent une branlée aux autres équipes, dont des allemandes, ça passe mal chez les nazillons.

Ils auraient pu s’incliner devant les allemands, nos ukrainiens qui jouaient comme des dieux, c’était le match retour et ils leur avaient déjà mis la pâtée à l’aller, alors, pourquoi ne pas se coucher ?

Parce que cela faisait trop longtemps qu’ils courbaient l’échine, qu’ils baissaient les yeux, qu’ils subissaient le joug de l’oppresseur, les fusillades, les assassinats, les emprisonnements, les privations, alors, basta, ils y sont allés à fond, ne leur ont pas laissé la victoire, n’ont pas baissé les yeux et ils ont même redonné de la fierté au peuple ukrainien.

Hélas, les allemands sont mauvais perdants…

Une bédé dont je n’ai pas aimé les dessins, mais où j’ai vibré avec le scénario et les match de foot, parce que les enjeux n’étaient pas de l’argent, mais une forme de liberté, l’occasion de montrer que les ukrainiens ne sont pas des êtres inférieurs. Ils l’ont payés chers, trop cher.

Une petite histoire dans la grande que j’ai été contente d’apprendre. Celle de l’histoire de l’équipe qui a défié les nazis.

Le serpent et la lance – 03 – Cinq fleurs : Hub

Titre : Le serpent et la lance – 03 – Cinq fleurs 🇲🇽

Scénariste : Hub
Dessinateur : Hub

Édition : Delcourt -Terres de légendes (15/11/2023)

Résumé :
Empire aztèque (🇲🇽), 1454. Sur son lit de mort, le conseiller du souverain informe son fils qu’il doit reprendre cette fonction honorifique.

Cependant, ce dernier cherche sa fille disparue.

Plus de quarante momies ont été retrouvées dans le royaume, le tueur de jeunes filles court toujours.

Critique :
Enfer et damnation, ce n’est pas encore dans ce tome-ci que nous aurons le fin mot de cette enquête sur les momies de jeunes filles retrouvées…

Il y a un serial-killer dans l’empire Aztèque et Serpent et Oeil-Lance sont toujours en train de tenter de retrouver qui assassine et momifie des jeunes filles.

Peut-être que la solution est dans les souvenirs de jeunesse d’Oeil-Lance ? Lorsqu’il était à l’école avec Serpent et d’autres jeunes garçons issus de classes sociales différentes…

Si au départ, j’avais détesté le personnage de Serpent, au fil des trois tomes, l’auteur nous l’a montré sous un autre jour et j’en suis arrivée à moins de détester, pire, à commencer à l’apprécier, même. La profondeur des personnages est soignée et on s’attache même à des personnages qui n’ont pas de parole ou si peu.

Les rivalités qui opposent le Serpent et la Lance datent de leur scolarité, mais on n’en est plus là, il faut retrouver le coupable et depuis que Cinq-Fleurs, la nièce préférée de Serpent, a disparu, ce dernier flippe grave sa race.

C’est presque un tome de transition, même si l’enquête avance un peu et que l’action est présente à certains moments, comme une course-poursuite contre un assassin, mais ce n’est pas avec ce troisième tome que nous pourrons nous faire une idée sur l’identité du serial-killer (même si j’ai un soupçon).

En tout cas, nos deux hommes utilisent toutes les données pour trouver le coupable, comme reproduire, avec de la terre, la carte de la région et de répertorier, avec des ficelles et des plumes, tous les lieux où des momies furent retrouvées et selon leur ancienneté. Et s’il faut consommer des drogues pour se remémorer son passé, la Lance n’hésitera pas à le faire…

Les dessins font toujours mouche et les couleurs sont chaudes et chatoyantes. Bref, c’est un bel album.

Une excellente série, même si j’avais eu un peu de mal avec les premières pages du tome 1, mais ensuite, malgré le côté qui pourrait paraître alambiqué, c’est clair et limpide, une fois qu’on est bien dans le récit.

Les résumés des deux premiers tomes évitent aussi de laisser les lecteurs avec une mémoire défaillante au moment d’entamer ce nouvel album.

Je suis au taquet et j’ai hâte de lire le quatrième tome, de tout savoir et de relire cette série, juste pour le plaisir, comme le chantait un chanteur bien connu.

Guerres d’Arran – 03 – La bataille de Torunn : Nicolas Jarry, Alina Yerofieieva et Kyko Duarte

Titre : Guerres d’Arran – 03 – La bataille de Torunn

Scénaristes : Nicolas Jarry & Kyko Duarte 🇪🇸
Dessinateur : Alina Yerofieieva

Édition : Soleil (07/02/2024)

Résumé :
Face à l’immense horde assanide, Kronan hésite entre l’honneur ou la raison, le combat ou la fuite.

Tandis que les elfes Bleus de Port-Vogue, jusqu’alors préservés, se retrouvent assiégés par une immense flotte de navires yrlanais, à l’Ouest, une nouvelle légion d’hommes et de Golems assiègent les Elfes de la forêt de Torunn, repoussant toujours plus loin les Sylvains menés par la reine Ora…

Critique :
Voilà un nouveau tome que ne manque ni de dynamisme, ni d’action, ni de scènes d’escarmouche ou de batailles !

Plusieurs arcs narratifs vont se rejoindre, dans cet album et c’est le gobelin Myth, un voleur bien connu (Orcs, tome 2), qui va nous raconter tout cela, tout en ayant envie de foutre son camp.

Myth est avec le chef de guerre Kronan, un Orc bien connu, lui aussi (orcs, tome 11). Recevant un message énigmatique, toute la troupe va se mettre en route pour arriver au point d’un rendez-vous mystérieux.

La résistance s’organise, les Humains ont décidé de s’associer pour éradiquer les vieilles races et lorsqu’on les entend parler, on se dit que bien des génocidaires ont pensé comme eux : déshumaniser celles et ceux que l’on veut exterminer, mais aussi les faire bosser comme des bêtes.

Dans les autres arcs narratifs, on retrouvera l’elfe Bleu Athé’non (Elfes, tome 26) et Ora, l’elfe des Sylvains (Elfes, tome 22) et leur difficultés pour que les autres peuples Elfes les suivent à la guerre, afin de défendre leurs terres et les vies de leurs semblables. Mais c’est difficile, peu se sentent concernés, pensent que tout va s’arranger, bref, comme dans la vie réelle à l’orée d’un conflit mondial.

Chaque personnage a son importance, dans ce tome et tout le monde jouera son rôle dans les batailles qui se dérouleront au cœur de ces pages. Le but étant toujours de rallier les forces de Redwin de la Forge, notre Nain iconique et mythique !

Mon seul bémol sera que, une fois encore, on se retrouve avec un arc narratif avec des guerres, comme celui avec les goules. Je sais que l’on est dans un monde d’heroïc fantasy, qu’il ne saurait y avoir de l’entente cordiale entre les différentes races (il n’y en a déjà presque pas dans celles des Elfes), mais j’espère que le prochain arc narratif ne sera pas encore une guerre totale…

Bouncer – Tome 12 – Hécatombe : Alejandro Jodorowsky et François Boucq

Titre : Bouncer – Tome 12 – Hécatombe

Scénaristes :  François Boucq & Alejandro Jodorowsky 🇨🇱
Dessinateur : François Boucq

Édition : Glénat (02/11/2023)

Résumé :
Une pluie diluvienne s’abat sur Barro-City depuis des jours. Les chemins qui mènent à la banque ne sont que boue.

C’est là que Bouncer et ses amis ont déposé l’or mexicain qu’ils ont ramené des confins du désert de Sonora. Mais les lingots entreposés là attisent la convoitise.

La ville est non seulement inondée, mais toutes sortes de malfrats et de crapules de la pire espèce déboulent de toutes parts, prêts à tout pour s’approprier cet or.

Parmi eux, un groupe de voleurs aussi malins qu’impitoyables, ont mis en place un ingénieux projet de cambriolage pour s’emparer du butin.

Quand le colonel Carter arrive avec ses hommes pour sécuriser l’or, le maire espère un retour au calme mais la situation dégénère lorsque les lingots se volatilisent comme par magie. Pourtant, le coffre-fort vidé est intact ! La tension est à son comble.

Critique :
Chouette, mon manchot préféré est de retour ! Pour un album de 140 pages, en plus… Et le retour d’Alejandro Jodorowsky au scénario.

Non, je ne pouvais pas laisser passer l’occasion de l’acheter (puisque je ne l’ai pas trouvé en prêt), surtout qu’il allait très bien pour le Mois Espagnol & Sud-Américain. Vamos !

L’avantage, avec 140 pages, c’est que l’on peut avoir le fin mot de cette aventure et que l’on ne doit pas attendre la publication du tome suivant.

Bouncer n’est pas une série western pour les enfants, elle est plus violente que Blueberry, en prime. Parce que dans Blueberry, j’avais l’assurance que ses deux compères, Jimmy Mc Clure et Red Neck, n’allaient pas trépasser dans un album. Ils en prenaient plein la gueule, mais ils s’en sortaient toujours.

Las, ce n’est pas le cas dans Bouncer et mon cœur a saigné lorsque des personnages que j’appréciais sont passés en pertes et profits. Le scénariste n’a jamais épargné aucun de ses personnages et le Bouncer en a pris plein la gueule aussi. Sadique scénariste.

Ce nouveau tome fait suite au trésor qui a été découvert et que Bouncer a rapporté et qui, pour le moment, est entreposé à la banque, sous bonne garde, des fois que vous voudriez le voler…

L’or attire toujours les voleurs, le tout est de savoir comment ils vont s’y prendre et s’il y arriveront. Pour le moment, avec le déluge qui s’abat sur Barro-City, ils sont tranquilles, les bandits sortent moins quand des rivières de boue coulent dans la ville et que les cercueils se font la male à cause de toute cette flotte qui tombe (oups).

Une nouvelle fois, c’est un récit qui n’est pas exempt de violences et de justice expéditive, les habitants de Barro-City n’étant jamais contre une bonne pendaison, se foutant de la justice comme de leur première chaussette.

Et vous savez comme moi que quand la foule rugit, quand la foule réclame du sang, il faudrait être fou pour tenter d’intervenir et de faire entendre raison à la foule. Oui, nous sommes dans l’Ouest, sauvage, mais de nos jours, ça serait pareil, les réseaux sociaux servant de chambre d’amplification.

Anybref, dans ce magnifique tome aux dessins réalistes (comme toujours), j’ai senti venir la couille dans le potage, parce que ce n’est pas à un vieux singe que l’on apprend à faire des grimaces. Oui, j’étais contente d’avoir vu venir certaines choses, mais je n’avais pas tout vu, la preuve que je ne suis pas un vieux singe.

Par contre, il y a une chose qui me turlupine, qui est presque capillotractée, dans le truc qui se passe avec le coffre : impossible que ce truc n’ait pas fait du bruit, des lingots, c’est lourd, ce ne sont pas des plumes. Donc, il y aurait dû avoir du boucan et cela aurait dû attirer l’attention des gardiens. Un peu limite sur ce coup-là.

Par contre, aucun soucis avec le petit côté fantastique, non loin d’une sépulture indienne, ça passe crème dans le scénario. D’ailleurs, même le truc avec le coffre n’est pas vraiment un problème, tant ce scénario est abouti, profond, riche, sombre, violent, bref, du grand Bouncer !

An American Year

Six – 01 – Le massacre de Tanque Verde : Philippe Pelaez et Javier Sánchez Casado

Titre : Six – 01 – Le massacre de Tanque Verde

Scénariste : Philippe Pelaez
Dessinateur : Javier Sánchez Casado 🇪🇸

Édition : Dargaud (05/05/2023)

Résumé :
Quel point commun y a-t-il entre un garçon borgne, une jeune prostituée, un déserteur, un esclave en fuite, une nonne défroquée et un Indien renégat ? En apparence, aucun. Rien ne les rapproche.

C’est le hasard – et la chance – qui les ont amenés à se rencontrer, car rien ne les rapproche .Rien, sauf peut-être la quête de l’or, promesse d’une vie meilleure et d’un avenir digne de ce nom dans l’Ouest américain, violent et sauvage, des années 1850.

Kid, le jeune garçon éborgné durant une agression qui a décimé sa famille, leur a promis « une montagne d’or » s’ils l’accompagnent dans les Black Hills, où il doit récupérer un document de la plus haute importance.

Critique :
Le western doit surtout son mythe à Hollywood, parce que l’Ouest, ça n’a rien d’épique ou de romantique. Laissez les personnages joués par John Wayne là où ils sont, car ils ne sont pas vrais…

Cette bédé commence par démystifier le western, expliquant que c’est une jungle, peuplée d’ivrognes, d’escrocs, de voleurs et de types qui se flinguent en arrivant par derrière.

Et en effet, dans ce premier tome, on est dans l’Ouest sale, dégueulasse, peuplé de types que l’on n’a pas envie de croiser et qui pensent que toutes les femmes sont bonnes à baiser, qu’elles le veuillent ou non.

Les dessins sont agréables, dans des tons assez chauds, cinématographique et j’ai apprécié le petit côté « 7 mercenaires » avec la réunion, assez improbable, d’un déserteur, d’un Chiricahuas, d’un esclave en fuite, d’une nonne, d’une prostituée et d’un jeune garçon borgne…

Certes, le compte n’est pas bon, il en manque un (ou une) pour faire 7, mais on ne va pas chipoter. Et puis, le titre de la série, c’est Six et pas Sept.

Ce premier tome met les différents protagonistes en place, nous les montrant au moment X, avant que tous les chemins ne les mènent au même endroit et ne les fasse se rencontrer (bon, pas en même temps).

De l’autre côté, nous avons une jeune garçon qui a assisté au massacre de toute sa famille, qui a été éborgné et qui a sympathisé avec une prostituée…

Le récit m’a tout de même surprise, à un moment donné, parce que je n’avais rien suspecté. J’en suis tombée des nues. Mais c’était logique, nous sommes dans l’Ouest et il est impitoyable, cet univers !

Tout en gardant les codes du western traditionnel, avec tous les ingrédients originaux, l’auteur arrive tout de même à nous proposer quelque chose de différent (cette association), tout en étant d’un classique absolu avec le reste (saloons, sales types, massacres, attaques d’Indiens, cupidité, violences, racisme,…).

Une très bonne bédé dont il me tarde de découvrir la suite (apparemment, ce serait en 4 volumes). L’attente va être longue…

An American Year

Wild West – 04 – La boue et le sang : Thierry Gloris et Jacques Lamontagne

Titre : Wild West – 04 – La boue et le sang

Scénariste : Thierry Gloris
Dessinateur : Jacques Lamontagne

Édition : Dupuis – Grand public (05/01/2024)

Résumé :
Toujours sur la piste du « tueur-scalpeur », Wild Bill, Calamity Jane et Charlie Utter découvrent que le mystérieux meurtrier, enfant, a probablement été lui-même scalpé par des Indiens qui ont en outre assassiné ses parents…

Pendant ce temps, Graham, employeur du trio et chef de l’Union Pacific, accueille les Buffalo Soldiers, soldats noirs qu’il a engagés pour protéger le chantier ferroviaire des raids indiens.

Une minorité opprimée pour mater des Natives spoliés ? L’Amérique, terre de toutes les libertés, ne traite pas tous ses enfants de la même manière…

Mais la situation va encore se complexifier lorsque les ouvriers du chemin de fer vont dynamiter un cimetière indien sacré…

Entre fiction, Histoire et exploration sans concession du mythe américain, la conclusion de l’incroyable nouveau diptyque de Wild West, porté par un trio de personnages de légende.

Critique :
Le western a le vent en poupe quand les séries sont de grande qualité, comme celle-ci, ce n’est que du bonheur.

Oui, bon, ne vous imaginez pas que l’on se balade au pays de Candy ou des Bisounours, loin de là ! Dans les bédés westerns réalistes, il y a du sang, de la violence, des morts, des attaques…

D’un côté, notre trio composé de Calamity Jane, Wild Bill et de Charlie Utter, sont toujours sur la piste d’un tueur en série particulièrement violent.

De l’autre, les Buffalo Soldiers, menés par Graham, sont chargés de protéger le chantier du chemin de fer, car les Indiens sont en colère après que les visages pâles aient profané un cimetière indien à coup de bâtons de dynamite.

Dans les Buffalo Soldiers, la plupart des hommes sont Noirs, ce qui fera dire à Bass (oui, le marshal Bass !) que les Blancs utilisent des Noirs pour régler leurs problèmes avec les Rouges…

— Faire combattre des noirs contre des rouges pour les intérêts d’une minorité de blancs. Brillante idée.

Entre nous, le Bass de cette série est bien plus sexy que celui de la série « Marshal Bass » de Igor Kordey & Darko Macan… On aurait envie d’aller se rouler dans la poussière avec lui.

Bref ! C’est bourré d’adrénaline, de suspense, d’Indiens pas contents, menés par Cheval Fou et tous les bons ingrédients pour faire un excellent western se trouvent réunis dans cet album, qui, comme les autres de la série, est de bonne facture.

Lamontagne, le dessinateur, a des dessins bien plus réalistes que lorsqu’il est au manettes des séries « ASPIC : Détectives de l’étrange » ou « Shelton & Felter », mais, dans les expressions de certains personnages, notamment dans ceux de Charlie Utter, j’ai retrouvé des similitudes avec deux autres personnages de ces autres séries.

Un tome 4 qui clôture l’enquête du serial killer scalpeur tueur, un tome tout en profondeur, ultra réaliste et qui nous montrera, une fois de plus, ce que l’Homme est capable d’infliger à d’autres Hommes, notamment en les considérant comme des sous-Hommes ou pire, comme n’appartenant pas au genre humain…

Non, la Conquête de l’Ouest n’est pas une aventure magnifique, belle et tranquille, mais plutôt un bain de sang, un génocide, des massacres, des vols, des appropriations, le tout pour obtenir toujours plus de fric, plus de pognon, de métal jaune, bref, le pouvoir et l’argent.

Une série à découvrir, si vous ne l’avez pas encore fait. À réserver aux adultes, tout de même et à celles et ceux qui aiment les western ! (si vous n’aimez que les licornes, oubliez cette série).

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°167]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°53.