Bouncer – Tome 12 – Hécatombe : Alejandro Jodorowsky et François Boucq

Titre : Bouncer – Tome 12 – Hécatombe

Scénaristes :  François Boucq & Alejandro Jodorowsky 🇨🇱
Dessinateur : François Boucq

Édition : Glénat (02/11/2023)

Résumé :
Une pluie diluvienne s’abat sur Barro-City depuis des jours. Les chemins qui mènent à la banque ne sont que boue.

C’est là que Bouncer et ses amis ont déposé l’or mexicain qu’ils ont ramené des confins du désert de Sonora. Mais les lingots entreposés là attisent la convoitise.

La ville est non seulement inondée, mais toutes sortes de malfrats et de crapules de la pire espèce déboulent de toutes parts, prêts à tout pour s’approprier cet or.

Parmi eux, un groupe de voleurs aussi malins qu’impitoyables, ont mis en place un ingénieux projet de cambriolage pour s’emparer du butin.

Quand le colonel Carter arrive avec ses hommes pour sécuriser l’or, le maire espère un retour au calme mais la situation dégénère lorsque les lingots se volatilisent comme par magie. Pourtant, le coffre-fort vidé est intact ! La tension est à son comble.

Critique :
Chouette, mon manchot préféré est de retour ! Pour un album de 140 pages, en plus… Et le retour d’Alejandro Jodorowsky au scénario.

Non, je ne pouvais pas laisser passer l’occasion de l’acheter (puisque je ne l’ai pas trouvé en prêt), surtout qu’il allait très bien pour le Mois Espagnol & Sud-Américain. Vamos !

L’avantage, avec 140 pages, c’est que l’on peut avoir le fin mot de cette aventure et que l’on ne doit pas attendre la publication du tome suivant.

Bouncer n’est pas une série western pour les enfants, elle est plus violente que Blueberry, en prime. Parce que dans Blueberry, j’avais l’assurance que ses deux compères, Jimmy Mc Clure et Red Neck, n’allaient pas trépasser dans un album. Ils en prenaient plein la gueule, mais ils s’en sortaient toujours.

Las, ce n’est pas le cas dans Bouncer et mon cœur a saigné lorsque des personnages que j’appréciais sont passés en pertes et profits. Le scénariste n’a jamais épargné aucun de ses personnages et le Bouncer en a pris plein la gueule aussi. Sadique scénariste.

Ce nouveau tome fait suite au trésor qui a été découvert et que Bouncer a rapporté et qui, pour le moment, est entreposé à la banque, sous bonne garde, des fois que vous voudriez le voler…

L’or attire toujours les voleurs, le tout est de savoir comment ils vont s’y prendre et s’il y arriveront. Pour le moment, avec le déluge qui s’abat sur Barro-City, ils sont tranquilles, les bandits sortent moins quand des rivières de boue coulent dans la ville et que les cercueils se font la male à cause de toute cette flotte qui tombe (oups).

Une nouvelle fois, c’est un récit qui n’est pas exempt de violences et de justice expéditive, les habitants de Barro-City n’étant jamais contre une bonne pendaison, se foutant de la justice comme de leur première chaussette.

Et vous savez comme moi que quand la foule rugit, quand la foule réclame du sang, il faudrait être fou pour tenter d’intervenir et de faire entendre raison à la foule. Oui, nous sommes dans l’Ouest, sauvage, mais de nos jours, ça serait pareil, les réseaux sociaux servant de chambre d’amplification.

Anybref, dans ce magnifique tome aux dessins réalistes (comme toujours), j’ai senti venir la couille dans le potage, parce que ce n’est pas à un vieux singe que l’on apprend à faire des grimaces. Oui, j’étais contente d’avoir vu venir certaines choses, mais je n’avais pas tout vu, la preuve que je ne suis pas un vieux singe.

Par contre, il y a une chose qui me turlupine, qui est presque capillotractée, dans le truc qui se passe avec le coffre : impossible que ce truc n’ait pas fait du bruit, des lingots, c’est lourd, ce ne sont pas des plumes. Donc, il y aurait dû avoir du boucan et cela aurait dû attirer l’attention des gardiens. Un peu limite sur ce coup-là.

Par contre, aucun soucis avec le petit côté fantastique, non loin d’une sépulture indienne, ça passe crème dans le scénario. D’ailleurs, même le truc avec le coffre n’est pas vraiment un problème, tant ce scénario est abouti, profond, riche, sombre, violent, bref, du grand Bouncer !

An American Year

Six – 01 – Le massacre de Tanque Verde : Philippe Pelaez et Javier Sánchez Casado

Titre : Six – 01 – Le massacre de Tanque Verde

Scénariste : Philippe Pelaez
Dessinateur : Javier Sánchez Casado 🇪🇸

Édition : Dargaud (05/05/2023)

Résumé :
Quel point commun y a-t-il entre un garçon borgne, une jeune prostituée, un déserteur, un esclave en fuite, une nonne défroquée et un Indien renégat ? En apparence, aucun. Rien ne les rapproche.

C’est le hasard – et la chance – qui les ont amenés à se rencontrer, car rien ne les rapproche .Rien, sauf peut-être la quête de l’or, promesse d’une vie meilleure et d’un avenir digne de ce nom dans l’Ouest américain, violent et sauvage, des années 1850.

Kid, le jeune garçon éborgné durant une agression qui a décimé sa famille, leur a promis « une montagne d’or » s’ils l’accompagnent dans les Black Hills, où il doit récupérer un document de la plus haute importance.

Critique :
Le western doit surtout son mythe à Hollywood, parce que l’Ouest, ça n’a rien d’épique ou de romantique. Laissez les personnages joués par John Wayne là où ils sont, car ils ne sont pas vrais…

Cette bédé commence par démystifier le western, expliquant que c’est une jungle, peuplée d’ivrognes, d’escrocs, de voleurs et de types qui se flinguent en arrivant par derrière.

Et en effet, dans ce premier tome, on est dans l’Ouest sale, dégueulasse, peuplé de types que l’on n’a pas envie de croiser et qui pensent que toutes les femmes sont bonnes à baiser, qu’elles le veuillent ou non.

Les dessins sont agréables, dans des tons assez chauds, cinématographique et j’ai apprécié le petit côté « 7 mercenaires » avec la réunion, assez improbable, d’un déserteur, d’un Chiricahuas, d’un esclave en fuite, d’une nonne, d’une prostituée et d’un jeune garçon borgne…

Certes, le compte n’est pas bon, il en manque un (ou une) pour faire 7, mais on ne va pas chipoter. Et puis, le titre de la série, c’est Six et pas Sept.

Ce premier tome met les différents protagonistes en place, nous les montrant au moment X, avant que tous les chemins ne les mènent au même endroit et ne les fasse se rencontrer (bon, pas en même temps).

De l’autre côté, nous avons une jeune garçon qui a assisté au massacre de toute sa famille, qui a été éborgné et qui a sympathisé avec une prostituée…

Le récit m’a tout de même surprise, à un moment donné, parce que je n’avais rien suspecté. J’en suis tombée des nues. Mais c’était logique, nous sommes dans l’Ouest et il est impitoyable, cet univers !

Tout en gardant les codes du western traditionnel, avec tous les ingrédients originaux, l’auteur arrive tout de même à nous proposer quelque chose de différent (cette association), tout en étant d’un classique absolu avec le reste (saloons, sales types, massacres, attaques d’Indiens, cupidité, violences, racisme,…).

Une très bonne bédé dont il me tarde de découvrir la suite (apparemment, ce serait en 4 volumes). L’attente va être longue…

An American Year

Wild West – 04 – La boue et le sang : Thierry Gloris et Jacques Lamontagne

Titre : Wild West – 04 – La boue et le sang

Scénariste : Thierry Gloris
Dessinateur : Jacques Lamontagne

Édition : Dupuis – Grand public (05/01/2024)

Résumé :
Toujours sur la piste du « tueur-scalpeur », Wild Bill, Calamity Jane et Charlie Utter découvrent que le mystérieux meurtrier, enfant, a probablement été lui-même scalpé par des Indiens qui ont en outre assassiné ses parents…

Pendant ce temps, Graham, employeur du trio et chef de l’Union Pacific, accueille les Buffalo Soldiers, soldats noirs qu’il a engagés pour protéger le chantier ferroviaire des raids indiens.

Une minorité opprimée pour mater des Natives spoliés ? L’Amérique, terre de toutes les libertés, ne traite pas tous ses enfants de la même manière…

Mais la situation va encore se complexifier lorsque les ouvriers du chemin de fer vont dynamiter un cimetière indien sacré…

Entre fiction, Histoire et exploration sans concession du mythe américain, la conclusion de l’incroyable nouveau diptyque de Wild West, porté par un trio de personnages de légende.

Critique :
Le western a le vent en poupe quand les séries sont de grande qualité, comme celle-ci, ce n’est que du bonheur.

Oui, bon, ne vous imaginez pas que l’on se balade au pays de Candy ou des Bisounours, loin de là ! Dans les bédés westerns réalistes, il y a du sang, de la violence, des morts, des attaques…

D’un côté, notre trio composé de Calamity Jane, Wild Bill et de Charlie Utter, sont toujours sur la piste d’un tueur en série particulièrement violent.

De l’autre, les Buffalo Soldiers, menés par Graham, sont chargés de protéger le chantier du chemin de fer, car les Indiens sont en colère après que les visages pâles aient profané un cimetière indien à coup de bâtons de dynamite.

Dans les Buffalo Soldiers, la plupart des hommes sont Noirs, ce qui fera dire à Bass (oui, le marshal Bass !) que les Blancs utilisent des Noirs pour régler leurs problèmes avec les Rouges…

— Faire combattre des noirs contre des rouges pour les intérêts d’une minorité de blancs. Brillante idée.

Entre nous, le Bass de cette série est bien plus sexy que celui de la série « Marshal Bass » de Igor Kordey & Darko Macan… On aurait envie d’aller se rouler dans la poussière avec lui.

Bref ! C’est bourré d’adrénaline, de suspense, d’Indiens pas contents, menés par Cheval Fou et tous les bons ingrédients pour faire un excellent western se trouvent réunis dans cet album, qui, comme les autres de la série, est de bonne facture.

Lamontagne, le dessinateur, a des dessins bien plus réalistes que lorsqu’il est au manettes des séries « ASPIC : Détectives de l’étrange » ou « Shelton & Felter », mais, dans les expressions de certains personnages, notamment dans ceux de Charlie Utter, j’ai retrouvé des similitudes avec deux autres personnages de ces autres séries.

Un tome 4 qui clôture l’enquête du serial killer scalpeur tueur, un tome tout en profondeur, ultra réaliste et qui nous montrera, une fois de plus, ce que l’Homme est capable d’infliger à d’autres Hommes, notamment en les considérant comme des sous-Hommes ou pire, comme n’appartenant pas au genre humain…

Non, la Conquête de l’Ouest n’est pas une aventure magnifique, belle et tranquille, mais plutôt un bain de sang, un génocide, des massacres, des vols, des appropriations, le tout pour obtenir toujours plus de fric, plus de pognon, de métal jaune, bref, le pouvoir et l’argent.

Une série à découvrir, si vous ne l’avez pas encore fait. À réserver aux adultes, tout de même et à celles et ceux qui aiment les western ! (si vous n’aimez que les licornes, oubliez cette série).

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°167]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°53.

La Véritable histoire du Far-West – 05 – Chef Joseph : François Corteggiani, Gabriel Andrade Jr. et Farid Ameur

Titre : La Véritable histoire du Far-West – 05 – Chef Joseph

Scénariste : François Corteggiani
Dessinateur : Gabriel Andrade Jr.

Édition : Glénat (11/10/2023)

Résumé :
La longue marche des Nez-Percés… Vers la fin du XIXe siècle, la magnifique vallée de la Wallowa, territoire ancestral des Nez-Percés, est convoitée par les colons américains, appâtés par ces terres réputées aurifères et propices à l’élevage.

Après l’échec de longs pourparlers, la tribu doit se résoudre, la rage au cœur, à quitter ses terres situées dans l’est de l’Oregon pour échapper au joug des autorités fédérales et à l’enfer d’une vie dans les réserves.

Sous l’autorité de Chef Joseph, elle décide d’entreprendre le plus périlleux des exodes en tentant de rejoindre la frontière canadienne, avec près de 800 âmes, dont femmes, enfants et vieillards ainsi que des milliers de chevaux. Animés d’un courage à nul autre pareil, les Indiens se fondent dans le paysage et progressent à marches forcées à travers la chaîne vertigineuse des Bitteroot Mountains, telle une tribu fantôme.

C’est le début d’une traque acharnée à travers l’Idaho, le Wyoming et le Montana avec à leurs trousses l’armée américaine, marquée par le désastre de Little Big Horn.

Critique :
Une fois de plus, c’est un excellent album que nous propose la série « La Véritable histoire du Far-West » avec cet album consacré à la longue marche que firent les Nez-Percés pour tenter d’échapper aux Tuniques Bleues et éviter de se retrouver parqué dans la réserve de Lapwai, en Idaho.

Eux qui étaient si bien dans magnifique vallée de la Wallowa (nord-est de l’Oregon)… Mais voilà, faut dégager les Nez-Percés pour faire face à l’arrivée des colons qui voudraient bien s’installer sur ces terres luxuriantes, riches et fertiles, alors, comme toujours, c’est « bougez-vous, les peaux-rouges ». Le colon est comme un virus, il se déploie sans cesse.

Les dessins sont magnifiques, très réalistes et les dialogues sont riches. Autrement dit, dans les phylactères, vous aurez beaucoup de données, notamment les interrogations de chef Joseph, qui lui, voulait la paix et ne pas se battre, là où d’autres en avaient marre de se faire sans cesse dégager par les Hommes Blancs qui ne respectaient jamais leur parole.

À leur place, je l’aurais eu mauvaise si on avait voulu me faire quitter les terres de mes ancêtres. Surtout pour ensuite parquer les Indiens dans des endroits affreux, arides, sales, sans armes, voulant transformer des chasseurs-cueilleurs en agriculteurs, et ce, rapidement. Hé oh, faut pas pousser mémé dans les orties !

Un album remplit de courage, celui des Indiens, bien entendu, qui n’ont pas hésité à grimper sur des sentiers escarpés pour échapper aux Tuniques Bleues, qui ont perdu bien des braves, bien des femmes et des enfants, dans leur fuite en avant, les militaires possédant des canons et n’hésitant pas à s’en servir…

Un album tout en émotion, une page d’Histoire des États-Unis importante et une belle réhabilitation des peuples Amérindiens, eux qui ont souffert atrocement du virus Colon Blanc, qui dévasta tout sur son passage…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°163]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°50.

Lonesome – 04 – Le territoire du sorcier : Yves Swolfs

Titre : Lonesome – 04 – Le territoire du sorcier

Scénariste : Yves Swolfs
Dessinateur : Yves Swolfs

Édition : Le Lombard (23/02/2024)

Résumé :
Elijah était venu à New York pour régler ses comptes, il en est reparti avec une famille exhumée des sables du temps et de la mémoire.

Mais ni lui ni sa soeur, Miss Lyle, agente des Pinkerton, n’ont pu confronter le responsable de toutes leurs infortunes : leur père, le sénateur Dawson.

Et ce dernier a trouvé refuge au beau milieu des bois sur les terres de Cromley, un cultiste redouté. Pour avoir enfin droit à leur réunion de famille, il leur faudra défier le diable en personne !

Critique :
♫ I’m a poor lonesome cow-boy ♪ Oups, pardon, ce n’est pas le bon générique ! Lonesome est un pauvre solitaire, mais il n’a rien du débonnaire Lucky Luke. Lui, il ne tire pas dans les armes, mais dans les gens, le sang coule et il les tue. Bref, c’est violent, mais c’est la triste réalité du far-west.

Ce quatrième album signe la fin du premier cycle. Avec celui-ci, vous saurez tout, vous savez tout et tout est accompli.

Mais j’espère qu’il y aura une suite, parce que si je fais la moyenne des quatre albums, on a tout de même une bonne série western, classique, certes, un cran en-dessous de la saga Durango, mais dans l’ensemble, les scénarios étaient bons, recherchés et comme l’action se situe avant la guerre de Sécession (que tout le monde sent venir), cela a permis de jouer avec les complots politiques et bancaires (on sait que des banques européenne ont financé autant le Nord que le Sud).

Si votre mémoire vous fait défaut, l’auteur, en début de récit, nous fait un rappel des faits les plus importants de sa nouvelle série, ce qui permet de repartir avec tout en tête (attention, il vaut mieux lire les albums précédents avant de commencer celui-ci !).

Le sénateur Dawson a vu son portrait s’adoucir, dans ce tome-ci, vu qu’il y avait encore pire que cette crapule, le sataniste Crowley, que vous n’avez pas envie de rencontrer, croyez-moi. Et sa troupe de manteaux noirs, vous n’avez pas envie de croiser leur route non plus, et si c’est le cas, planquez vous.

Un bon western, bien bourrin, bourré de violences, de morts, de scènes de tirs, d’embuscades, de gros salopards qui ne reculeront devant rien pour obtenir ce qu’ils veulent et un Lonesome, qui, tel un Durango, fait mouche à chaque tir, même s’il n’utilise pas le flingue mythique du fumeur de cigare.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°162]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°49.

Red Gun – 01 – La Voie du sang : Jean-Charles Gaudin et Giulia Francesca Massaglia

Titre : Red Gun – 01 – La Voie du sang

Scénariste : Jean-Charles Gaudin
Dessinateur : Giulia Francesca Massaglia

Édition : Soleil (06/03/2024)

Résumé :
1866, sur le chantier du Transcontinental, plus grand tracé ferroviaire des États-Unis, est à nouveau découvert le corps d’une prostituée.

Décision est prise de faire appel à Terence Nichols, surnommé Red Gun, pour la couleur de son colt, persuadé que ces meurtres sont liés à la guerre de Sécession.

Il va mener l’enquête et se confronter aux fantômes de son passé.

Critique :
Des rails sur la prairie… En version moins drôle et gentillette que celle de Morris, bien entendu. Nous sommes dans un western noir, sombre, violent, bref, dans la réalité de l’époque.

On a retrouvé des femmes éventrées et en 1866, même à Londres, Jack n’avait pas encore commencé à s’en prendre à des femmes.

Ici, ce ne sont pas des prostituées, du moins, pas des professionnelles, mais de temps en temps, elles monnaient leurs charmes à ceux qui construisent la ligne de chemin de fer.

C’est un western violent, aux couleurs assez sombres, mais lorsque je l’avais feuilleté en librairie, j’ai su qu’il était fait pour moi. Et je ne m’étais pas trompée !

Si on a surnommé le major Terence Nichols « Red Gun », c’est à cause de son révolver, qui a des tons rouges. Nichols a servi autrefois sous les ordres du général Dodge durant la Guerre de Sécession et en est revenu avec ses propres démons, ses traumatismes, ses voix qui crient dans sa tête.

Nichols est un enquêteur, un chasseur de primes et c’est lui qui va être chargé de faire toute la lumière sur ces crimes atroces, tout en séparant le bon grain de l’ivraie, notamment avec les trafics de marchandises ou les hommes violents, mais pas assassins.

Western ultra réaliste, mais ultra violent, il n’est pas fait pour tout le monde… La construction du premier chemin de fer transcontinental américain n’était pas un chantier de Bisounours, que du contraire. Les ouvriers étaient exploités, mal payés et ils cherchaient par tous les moyens à arrondir leurs fins de mois. La sanction était expéditive : pendu haut et court !

Le major Nichols est un personnage que j’ai apprécié, torturé, traumatisé, taiseux, ne nous livrant ses petits secrets qu’au fur et à mesure de l’album. En plus, il a de beaux yeux…

Une bédé western qui valait la peine que je l’achète et que je la dévore, parce que même si c’est encore une bédé western, même si l’on n’échappe pas aux ingrédients habituels du genre, cet album se démarque tout de même par sa construction et son personnage d’enquêteur chasseur de primes.

Et puis, quand on aime le western, on est content de voir qu’il revient en force !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°159]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°46X.

Golden West : Christian Rossi

Titre : Golden West

Scénariste : Christian Rossi
Dessinateur : Christian Rossi

Édition : Casterman (04/10/2023)

Résumé :
Banni de son peuple pour conjurer une malédiction, le novice apache Woan doit apprendre à survivre.

Après avoir affronté, seul, à la frontière nord-ouest du Mexique, les épreuves des éléments naturels et des passions humaines, le jeune homme croise la route d’un guerrier dont les faits d’armes et la spiritualité ont marqué l’Histoire des Etats-Unis et la légende dorée de l’Ouest : Geronimo !

Critique :
Cette bédé western, c’est 170 pages de pur bonheur, de plaisir pour les yeux, notamment grâce aux dessins et aux couleurs, sans oublier du plaisir tout court grâce au scénario qui ne manque pas de profondeur.

La construction n’est pas linéaire, l’auteur faisant des bons sur la ligne du temps et en passant d’un personnage bien connu qui est Go Khla Yeh, connu ensuite sous le nom de Geronimo.

Après avoir expliqué pourquoi cet apache Bedonkohe a changé de nom, l’auteur passera à l’autre personnage de cette bédé, Woan.

Woan est un gamin Apache qui aime chasser avec son ami Chatto, jusqu’au jour où ils chasseront ce qu’ils ne pouvaient chasser et que Woan sera puni par le bannissement, puisqu’il portera la poisse à partir de ce jour, puisque les esprits le suivront.

Ce western n’est pas que le récit d’une vie d’errance d’un jeune gamin qui deviendra adulte. C’est bien plus que cela. C’est un récit de résistance, celle des Amérindiens face aux visages pâles à la langue fourchue, c’est une histoire de guerre, de spoliation des terres, sur l’amitié qui pouvait naître entre un Natif et un visage pâle quand le respect était là.

C’est aussi le récit d’une assimilation forcée, puisque les Amérindiens n’ont pas su résister à la vague de Blancs qui est arrivée sur le continent. Les Blancs arrivaient comme des volées de sauterelles, comment auraient-ils pu résister ? Pas le choix, certains se sont inclinés, d’autres ont continué de résister, jusqu’à ce qu’ils baissent les armes aussi et se laissent enfermer dans des réserves qui avaient tout de camps…

Une superbe bédé, à découvrir, si vous aimez les récits qui parlent de résistance, de lutte, d’injustices, d’Amérindiens, de courage, d’héroïsme, mais aussi de tueries… Une bédé avec de la profondeur et des dessins superbes.

C’était mon dernier coup de cœur bédés de l’année 2023. Ou comment terminer avec des émotions tout plein et des yeux qui brillent…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°095], Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°17.

Undertaker – 07 – Mister Prairie : Xavier Dorison et Ralph Meyer

Titre : Undertaker – 07 – Mister Prairie

Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Ralph Meyer

Édition : Dargaud (10/11/2023)

Résumé :
Jonas Crow a reçu une lettre signée « R. Prairie ». « R », comme Rose…

Persuadé que celle avec laquelle il a vécu tant d’aventures souhaite le revoir et partage ses sentiments, il se présente à son domicile d’Eaden, une petite ville du Texas.

Malheureusement, ce n’est pas elle qui est l’auteure de la missive mais un rival, lui aussi amoureux de Rose, et avec lequel Jonas aura fort à faire.

Il s’engage néanmoins à s’occuper de deux enterrements : un prêtre mort mystérieusement et un enfant à naître que sa mère, pourtant très pieuse, ne souhaite pas garder. Si le premier ne devrait pas poser de problème, le second risque d’être plus compliqué. En effet, la célèbre « Sister Oz », représentante fanatique de la Ligue pour la suppression du vice, est arrivée en ville.

Soufflant sur les braises de la colère et de la rancœur née de la défaite face aux « Yankees », elle soulève la population afin d’empêcher l’avortement…

Dans ce septième volet de la saga d’Undertaker, le croque-mort le plus célèbre de la bande dessinée est confronté à un extrémisme religieux d’un autre temps… Mais qui n’a jamais semblé aussi actuel.

Critique :
Mon croque-mort préféré, Jonas Crow, est de retour ! Mal en point, il va tout de même mettre le turbo pour mettre le cap sur Eaden City, petit bled du Texas, après avoir reçu un mot de celle qu’il aime, Rose Prairie.

Il va vite déchanter et pendant qu’il sera en train de ronchonner, Sister Oz va entre en scène !

Oubliez Sister Act, oubliez le magicien d’Oz, mettez de côté la soeur dans la série des films « Les Gendarmes » et fuyez ventre à terre, parce que la Sister Oz, elle est terrible.

Une fois de plus, les personnages sont bien travaillés, notamment notre fanatique religieuse. Mais pas que. Le médecin, mari de Rose est lui aussi un personnage complexe, tout comme le shérif et d’autres quidams qui se retrouvent à hurler avec la louve religieuse, car elle a su comment leur parler.

Dans ce nouvel album (à suivre), le fanatisme religieux, l’avortement et l’homosexualité sont mis à l’honneur, déclenchant des comportements les plus extrêmes, puisque les deux derniers sont condamnés par l’église, dieu le père, jésus et la sainte trinité, ainsi que par la société. À cette époque lointaine et, pire encore, toujours de nos jours. par contre, le fanatisme religieux, lui, a de beaux jours devant lui.

Les dessins sont toujours aussi détaillés, agréables pour les yeux, bref, un régal, quant au scénario, il n’a pas laissé sa part au chien. Le tout est plus complexe qu’il n’y paraît et l’histoire réservera quelques surprises.

Zut, l’histoire est à suivre dans un prochain épisode, ce qui fait qu’il faut attendre et que je n’aime pas attendre mon croque-mort préféré.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°086], Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°16.

Marshal Bass – 09 – Texas Ranger : Darko Macan et Igor Kordey

Titre : Marshal Bass – 09 – Texas Ranger

Scénariste : Darko Macan
Dessinateur : Igor Kordey

Édition : Delcourt Néopolis (24/05/2023)

Résumé :
Le Marshal, rejoint par sept Texas Rangers sans foi ni loi, traque une bande de Comanches.

Mais certains secrets, qu’il aimerait ne jamais découvrir, refont surface…

Critique :
Nous sommes en janvier 1878, Doc Moon est appelée dans la ferme des Abott pour « régler un petit souci »…

Plus à l’ouest, Bass passe les menottes à un vieux brigand qui a une descendance bien hargneuse et notre marshal préféré se fait rejoindre par des Texas Ranger qui traquent une bande de Comanches.

Le rapport entre les deux récits ? Comment vont-ils se télescoper et à quel moment ?

Je ne le sais pas, vu que c’est un diptyque et que la suite est pour le prochain épisode (album déjà paru, j’ai du retard dans ma lecture des Bass).

Voilà un étrange neuvième album de Marshal Bass et qui m’a laissé dubitative, tant je n’ai pas compris où les auteurs voulaient en venir. La compréhension se fera, je l’espère, lors de la lecture du tome 10…

Les ingrédients habituels sont bien présents : nous sommes dans un western noir, au sens figuré du terme. La violence est omniprésente et lorsqu’un malade met un peu trop de temps à partir, on appelle Doc Moon pour abréger ses souffrances. Que ce soit un vieux croulant ou un enfant en bas-âge parce que la mère ne sait plus le nourrir.

Il y a beaucoup de scènes de fusillades, dans ce neuvième tome et elles prennent le pas sur tout le reste. Les dessins sont toujours ultra détaillés et bien précis. Rien n’est oublié. C’est aussi ce que j’apprécie dans cette série, même si je ne suis pas fan des dessins. Comme quoi, tout est possible.

Un album étrange, qui pose les jalons pour la suite, que j’aimerais lire sans plus tarder… Peut-être que cet album se retrouvera dans mes petits souliers, le matin du 25 décembre… Si, si, j’ai été très sage !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°083], Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur.  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).

Marshal Bass – 07 – Maître Bryce : Darko Macan et Igor Kordey

Titre : Marshal Bass – 07 – Maître Bryce

Scénariste : Darko Macan
Dessinateur : Igor Kordey

Édition : Delcourt Néopolis (05/01/2022)

Résumé :
C’est un temps d’allégresse pour la famille Bass. La fête bat son plein. L’après-midi est douce, les souvenirs vont bon train…

Mais l’histoire que tout le monde a envie d’entendre est celle de Marshal Bass, lorsqu’il était sous les ordres terribles de Maître Bryce.

C’est l’histoire du jour où tout à basculé, où River Bass est devenu l’homme que l’on connaît.

Critique :
Le Bryce de cette histoire n’est pas celui de Nice et avec un tel maître, on ne peut pas dire que ça fartait.

La jeunesse de River et l’origine de son prénom, assez spécial, se retrouve expliqué dans ce septième album, toujours aux couleurs sombres et aux dessins assez spéciaux (que je n’aime pas trop, mais je m’en fous, le scénario est le plus important).

Parlons-en, du scénario : sombre, classique, violent, mais ne manquant pas de profondeur, notamment dans les personnages.

Non, maître Bryce n’est pas un type fréquentable, c’était le propriétaire du jeune River et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il lui a forgé le caractère et fait de lui ce qu’il est maintenant. Malgré tout, Bryce, malgré ses travers, n’était pas le pire propriétaire. Mais il faut tout de même préciser que pour lui, les esclaves n’étaient pas des êtres humains.

Violent ? Oui, je le conçois. Et les auteurs ont réussi à nous montrer toute la bassesse des Hommes Blancs, envers les autres, qu’ils soient esclaves Noirs ou chair à canon sur un champ de bataille. Mais faut pas croire non plus que c’était mieux au Nord…

La preuve en quelques planches : un homme du Nord, chez qui l’esclavage n’a pas lieu (mais la ségrégation, oui) gagne River au poker. Mal à l’aise, ne voulant pas posséder d’esclave, l’homme lui signe un papier, pour l’affranchir et lui rendre sa liberté. Tout content de sa bonne action, l’homme Blanc s’en va.

Bonne action ? Pas vraiment, non ! Les esclaves libres n’avaient aucun endroit ou aller et sans argent, comment acheter de la nourriture ? River est perdu et ne devra son salut qu’au fait de retrouver son propriétaire initial… Un comble. La vie est ironique.

Comme toujours, comme souvent, la position sociale de chacun fait qu’il se doit de se conformer à son rôle, imposé par la société et par sa place au sein de celle-ci : dominant ou dominé. Humain ou pas humain… Terrible.

Si je n’aime pas les dessins, j’apprécie les détails, notamment dans les regards, dans les expressions des visages, lorsqu’il n’y a pas de dialogues ou qu’il y en a un, mais que l’autre personnage regarde ailleurs, faisant passer ses émotions ou ses pensées dans un regard ou dans la direction de son regard…

Une fois de plus, c’est un album qui ne ressemble pas aux autres, qui s’en éloigne tout en restant proche, mais qui surprend les lecteurs, même si l’univers est familier. Dans un album de River Bass, tout est possible, on ne sait jamais à quoi s’attendre.

C’est un tome très sombre, très violent, rempli de noirceur humaine, qui est la plus pire. C’est sobre, tout en étant efficace, c’est noir tout en étant lumineux. C’est aussi une page de l’Histoire, une histoire sanglante, perverse, honteuse, horrible, mais qu’il convient de ne jamais oublier.

Parce que les esclaves sont toujours présents, partout, chez nous ou dans les pays pauvres qui s’occupent de confectionner, fabriquer, à vil prix, ce que nous achetons comme marchandise. Ce sont les esclaves modernes et nous n’avons pas les mains propres.

Marshal Bass, une série western à découvrir, mais pas pour les petits enfants !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°081], Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).