Faire bientôt éclater la terre : Karl Marlantes

Titre : Faire bientôt éclater la terre

Auteur : Karl Marlantes
Édition : Calmann-Lévy Littérature étrangère (17/08/2022) – 866 pages
Édition Originale : Deep River (2020)
Traduction : Suzy Borello

Résumé :
Fuyant l’oppression russe du début du XXe siècle, trois jeunes Finlandais, Ilmari, Matti et leur sœur Aino, émigrent aux États-Unis, dans une colonie de bûcherons près de la Columbia River.

Abattre les arbres de la région se révèle une activité lucrative pour les patrons, d’autant qu’aucune loi ne protège les ouvriers. L’impétueuse Aino décide donc d’organiser un embryon de syndicat et lance une série de grèves violemment réprimées, tandis que ses frères tentent de bâtir leur nouvelle existence.

Au fil des ans, entre amours parfois tragiques, épreuves et rêves brisés, la fratrie va poursuivre sa quête d’une vie meilleure.

Saisissante de vérité, cette saga familiale raconte aussi bien les beautés de la forêt primaire et les ravages causés par son exploitation que les combats d’une génération entière en proie aux remous d’une Amérique qui se construit à toute vitesse.

Critique :
Ce livre n’est pas pour Idefix, le chien d’Obélix… Ça le ferait hurler à la mort de lire qu’on y abat tant et tant d’arbres…

Des arbres centenaires, millénaires, appartenant à des forêts primaires. Pas de tronçonneuses, juste des haches, des longues scies, de la sueur, du sang, des salaires de misère et l’exploitation de nombreux hommes par quelques hommes.

Ce pavé comprend assez bien d’ingrédients, notamment sur l’abatage des arbres, le syndicalisme naissant, le socialisme, le communisme, la lutte des classes, l’esclavage moderne, le travail des sages-femmes, les droits des femmes (heu, elles n’en en avaient pas), la Russie qui tenait la Finlande sous sa coupe, l’immigration aux États-Unis, soi-disant terre des libertés, les religions, l’effort de guerre pour la Première Guerre Mondiale, l’Espionage Act (*)…

Oui, ça fait beaucoup de matières à ingérer, à intégrer dans le texte pour en faire un récit qui doit tenir debout… Rome ne s’est pas faite en un jour, les États-Unis non plus et ce pavé de 850 pages mettra lui aussi du temps pour en venir à bout. Peut-être un peu trop…

Avec 200 pages de moins, cela aurait été mieux. Il y a trop de détails techniques, dans ce roman qui pèse une tonne. Le travail documentaire a été fastidieux pour l’auteur, sans aucun doute, il est précieux, je ne le nierai pas, mais purée, trop c’est trop.

Aino Koski est le personnage principal. Cette jeune finlandaise qui a fuit aux États-Unis est une syndicaliste convaincue, une Rouge, comme on dit, et à cette époque, c’est une insulte. Elle ne veut rien lâcher, elle harangue les bûcherons, leur parle de salaires équitables, de sécurité, de conditions de travail décentes, de capitalistes…

Raison elle a. Tout à fait raison, même. Hélas, face à des gens qui gagnent des misères en bossant dur et qui ne peuvent se permettre de faire grève ou de perdre leur emploi, elle frise parfois l’idéalisme, la folie pure (elle se fout souvent des conséquences pour les autres, ses proches).

Son caractère est fort, elle aime la liberté, ne croit pas à l’utilité des mariages (vive les unions libres), mais il m’a été impossible de l’apprécier, comme j’ai pu chérir d’autres femmes (filles) fortes de caractère dans d’autres romans.

Pour tout dire, elle m’a énervée bien souvent et fait lever les yeux au ciel. Malgré tout, je respecterai son engagement, car c’est grâce à ce genre de personne entêtée que nous avons des syndicats, l’inspection sécurité et hygiène,…

Les bémols posés, passons à ce qui est intéressant dans ce pavé ultra détaillé : c’est tout de même une page importante de l’Histoire des États-Unis qui se trouvent mises en scène dans ce pavé, notamment dans des secteurs que nous connaissons peu tels que l’abattage d’arbres, la pêche aux saumons, mais surtout, sur la naissance du syndicalisme. Il faut garder en mémoire que certains (certaines) ont risqué leur vie, se sont battus, ont pris des coups, affrontés des dangers, pour faire progresser les droits des travailleurs.

Lors de ma lecture de la saga Blackwater (1919 et après), avec la famille Caskey, j’étais chez les propriétaires de scierie, les capitalistes et je ne me suis jamais demandée si leurs ouvriers étaient bien payés, s’ils avaient des conditions de travail décentes, humaines. Avec le roman de Karl Marlantes, je me suis trouvée du côté des damnés de la forêt et ça changeait tout.

Les personnages sont nombreux, mais il est difficile de les confondre, tant ils sont différents les uns des autres, certains étant même plus intéressants que d’autres (Matti Koski, le petit frère d’Aino, Aksel Långström, Kullerrikki et Jouka Kaukonen). Ils ne manquent jamais de profondeur et sont tous bien travaillés, même le Kullerrikki, le voyou siffleur, qui n’a pas un grand rôle, mais est attachant.

Malgré mes bémols dû à l’abus de détails, ce pavé met tout de même en récit tout un pan de l’histoire du Nord-Ouest des États-Unis (de 1901 à 1950) et on se dit que bosser à cette époque n’avait rien d’une sinécure, que l’on mourrait souvent, que l’on se blessait tout autant, qu’il n’y avait aucune sécurité sociale, aucun syndicat et que les patrons étaient les rois…

Une grande fresque historique, familiale, un pavé énorme, qui est mieux passé chez les autres que chez moi, à cause des longueurs et du fait que je ne me sois pas vraiment attachée à Aino Koski (mais j’ai adoré les autres).

Ce roman, c’est une partie de la construction de l’Amérique, loin des rêves promis, vendus, attendus… C’est aussi une grande fresque familiale sur l’apprentissage, l’exil, l’amour, l’amitié, la solidarité et l’envie de s’élever, de réussir, de gagner sa vie, de nourrir les siens, de garder la tête haute.

(*) L’Espionage Act of 1917 est une loi fédérale des États-Unis adoptée le 15 juin 1917, peu après l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. Elle a été modifiée à maintes reprises au fil des ans. Elle était destinée à empêcher toute tentative de gêne avec les opérations militaires américaines comme le soutien d’ennemis du pays pendant la guerre, la promotion de l’insubordination dans l’armée américaine ou l’interférence du recrutement militaire américain.

#Pavés de l’été – 15

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°035], Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023, Le Challenge « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et « Pavés de l’été 2023 » chez La Petite Liste. 

Mascarade – Michael Talbot et Ida Davies 02 : Ray Celestin

Titre : Mascarade – Michael Talbot et Ida Davies 02

Auteur : Ray Celestin
Édition : 10/18 (2018) – 624 pages
Édition Originale : Dead Man’s Blues (2016)
Traduction : Jean Szlamowicz

Résumé :
1928. Chicago est la cité de tous les contrastes. Du ghetto noir aux riches familles blanches, en passant par la mafia italienne tenue par Al Capone, la ville vit au rythme du jazz, de la prohibition et surtout du crime, que la police a du mal à endiguer.

C’est dans ce contexte trouble qu’une femme appartenant à l’une des plus riches dynasties de la ville fait appel à l’agence Pinkerton. Sa fille et le fiancé de celle-ci ont mystérieusement disparu la veille de leur mariage.

Les détectives Michael Talbot et Ida Davies, aidés par un jeune jazzman, Louis Armstrong, vont se charger des investigations.

Au même moment, le corps d’un homme blanc est retrouvé dans une ruelle du quartier noir. Le meurtre en rappelle un autre à Jacob Russo, photographe de scènes de crime, qui décide de mener son enquête.

Quel est le lien entre ces deux affaires ? Y a-t-il un rapport avec le crime organisé ? Car la vieille école d’Al Capone et de la contrebande d’alcool est menacée par de jeunes loups aux dents longues qui, tels Lucky Luciano ou Meyer Lansky, n’hésitent pas à se lancer dans le trafic de drogue.

Jazz, mafia, tensions raciales et meurtres inexpliqués, après Carnaval, nous retrouvons dans ce thriller passionnant, inspiré de faits réels, le cocktail explosif qui fait la signature de Ray Celestin.

Critique :
Bien que je n’aime pas le jazz, lire un roman noir qui en parle n’est pas un problème pour moi, puisque je n’entendrai pas la musique (désolée pour celles et ceux qui adorent le jazz).

Et quand un roman noir se passe en 1928, à Chicago, durant le prohibition, une partie du récit dans l’organisation d’Al Capone et l’autre en compagnie d’un duo de détective de la Pinkerton, je suis pour.

Comme j’avais bien aimé le premier tome, il était plus que temps de lire la suite ! J’ai mis 8 ans avant de le sortir, je sais, c’est long (trop à lire dans mes biblios).

Nos deux détectives ont quitté La Nouvelle-Orléans pour Chicago. Une décennie est passée aussi. Les voilà chargé par une mère très riche de retrouver sa fille qui a disparu mystérieusement, en même temps que son fiancé.

Ce roman est polyphonique, parce qu’à côté de notre duo d’enquêteurs, nous auront aussi un certain Dante qui sera chargé par Al Capone de retrouver ceux qui ont tenté d’empoisonner une réception, réussissant à tuer des invités et à en envoyer d’autres à l’hosto et de l’autre, Jacob, un photographe, qui tente d’aider la police pour un crime sordide.

Ce roman noir est truffé d’anecdotes, qui vous plongeront dans le Chicago de ces années-là, comme si vous y étiez. C’est fort documenté et j’ai aimé ces extraits de journaux qui parlaient des événements qui avaient lieu à ce moment-là. L’auteur a parfois changé des faits historiques, mais il explique ses choix à la fin, expliquant le pourquoi du comment.

Les ambiances sont d’époque, chaudes, violentes, saturées d’alcool de contrebande et de mafiosi qui arrosent policiers, douaniers et politiciens. Le tout sur des airs de jazz puisque nous suivrons aussi le jeune Louis Armstrong (non, il n’a pas aussi marché sur la lune, ni gagné 7 fois le Tour de France) dans son ascension, le tour sur fond de ségrégation raciale (même si elle n’existe pas à Chicago, contrairement aux villes sudistes, elle est souvent appliquée).

Contrairement à ce qu’annonce le 4è de couverture, Armstrong n’enquêtera pas aux côtés de notre duo, même s’il donnera quelques renseignements à Ida. Dommage, j’aurais aimé le voir vraiment investiguer avec nos deux enquêteurs. Au moins, je l’ai suivi durant des enregistrements. Bien que je n’aime pas le jazz…

Les personnages sont bien travaillés et si leurs investigations ne se déroulent pas au pas de course, le rythme était là et le pavé s’est lu tout seul. L’intrigue n’est en rien simpliste et elle réservera des surprises à tout le monde. Et puis, avec la ville de Chicago dans les personnages et en décor, cela ajoute du piquant à l’enquête. Du poisseux aussi, nous sommes tout de même dans la ville du crime.

Si pendant la prohibition, il y avait du danger d’avoir de l’alcool frelaté et de finir à l’hôpital, avec des blessures graves (y’a des clients qui devenaient aveugles), vous ne prendrez aucun risque à lire ce roman noir aux accents de jazz. Que du contraire, vous pourriez même apprécier le voyage… Comme moi.

Et avoir envie de chanter : ♪ Armstrong, je ne suis pas noir ♫ Je suis blanc de peau ♪ Quand on veut chanter l’espoir ♫ Quel manque de pot… ♪ (Nougaro – Armstrong ©).

PS : L’auteur a écrit 4 romans avec ce duo de personnages (3 traduits en V.F). Il s’agit en fait d’une série de quatre ouvrages qui retracent l’histoire du jazz et de la mafia pendant cinquante ans au XXe siècle. Selon un procédé inspiré par l’Oulipo, chacune des quatre parties présente une ville, une décennie, un morceau, une saison, un thème et des conditions météorologiques différentes. Le troisième roman sera situé dans les années 1940, à New York et à l’automne.

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°028], Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023, Le Challenge « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et « Pavés de l’été » chez La Petite Liste. 

Le livre des Terres Bannies – 02 – Bravoure : John Gwynne

Titre : Le livre des Terres Bannies – 02 – Bravoure

Auteur : John Gwynne
Édition : Leha (2023) – 664 pages
Édition Originale : The Faithful and the Fallen, book 2: Valour (2014)
Traduction : Thomas Bauduret

Résumé :
Après la chute de Dun Carreg, Corban, sa mère Gwenith, leurs amis et la princesse Edana sont en fuite. Les fuyards se rendent vers l’est, mais il n’y a plus de refuge alors que les troupes de la reine Rhin sont partout…

Nathair, champion du dieu Elyon dans la conflagration à venir, toujours accompagné de Veradis, son guerrier fidèle, se mêle à la guerre de conquête que mène Rhin. Mais ses idéaux le conduiront sur un chemin douloureux…

Maquin cherche à venger le jeune Kastell, qu’il était censé protéger, mais sa quête l’amènera à croiser la route des terribles Vin Thaluns, corsaires esclavagistes et adeptes des combats d’arène.

Sa soif de justice suffira-t-elle à le garder en vie ? Alors que la Guerre des Dieux devient une réalité, tous devront combattre, il faudra juste choisir son camp…

Critique :
Ce deuxième tome se dévore plus vite que le premier qui lui, avait la charge de présenter les personnages, de mettre un univers en place et de lancer l’intrigue, sans se précipiter, ce qui avait rendu son début assez long.

N’ayant pas attendu trop longtemps entre les deux tomes, les noms des multiples personnages étaient encore frais dans ma mémoire (hormis quelques uns, oubliés et des p’tits nouveaux que j’ai découvert, mais le récap en début de roman est là pour se remettre à jour), ce qui a donné une lecture bien plus rapide.

Nos amis sont toujours en fuite… Et ce ne sera pas une promenade de santé. Ils affronteront des dangers, des guerriers et perdront des membres de leur troupe (snif).

Comme dans le premier tome, l’auteur donnera le point de vue de beaucoup de personnages, à la manière de G.R.R Martin dans « Le Trône De Fer ». L’avantage est que l’on suit l’action de manière linéaire et que l’on peut se faire une meilleure idée sur les nombreux personnages. Last but not least, aucun personnage n’est chiant à suivre !

Même les personnages secondaires peuvent avoir un grand rôle et être mis dans des situations très difficiles, notamment Maquin, à tel point que j’avais grande envie de retrouver son récit. L’auteur a donné de la profondeur à Maquin et des belles réflexions.

Dans ce tome qui est un peu celui de la transition, Corban apprend la vérité à son sujet et comme un Garion en son temps, dans une autre saga, il s’est demandé « Pourquoi moi ? ». Je peux le comprendre, il a pensé que ceux qui le désignaient comme étant l’avatar d’Elyon, le dieu du côté du bien, étaient fous à lier.

Ce qui est intelligent, pour le moment, c’est que tout le monde a l’impression d’œuvrer pour le bien, pour Elyon, et non pour Asroth, le Porteur de Lumière (Lucifer), la version du Diable et du Mal dans cette saga. Pourtant, il ne peut y avoir qu’un seul avatar pour représenter le bien, ce qui fait que Nathair, l’auteur avatar, ne sait pas encore qu’il est celui du mal.

Faire le bien n’est pas évident et dans cette saga, personne ne se comporte en Gandhi, chantre de la non-violence. Tout le monde sort les épées, les haches, se massacrent, se mutilent, au nom de leurs rois respectifs (ou de leur reine)…

Drôle de manière de faire le bien, mais quand on est persuadé de lutter pour éradiquer le mal, fatalement, on se pose moins de question (on le voit dans l’actualité avec la guerre, heu, les manœuvres militaires en Ukraine). Tiens, à la place de Nathair, je me serais posée des questions quant au bienfait d’un parricide pour faire le Bien.

Dans ce deuxième tome, on a avancé, mais il a tout de même fallu plus de 600 pages pour déplacer les personnages d’un côté à l’autre, les rassembler, les mettre en place, leur faire vivre des aventures…

Les chapitres sont nombreux, mais très courts, ce qui donne du rythme, mais coupe trop souvent l’action et fait parfois perdre pied, en raison de tous les personnages qui gravitent dans le récit. Il m’a parfois fallu faire appel à ma mémoire pour me remémorer ce que faisait tel personnage avant que le chapitre ne se termine sur un cliffhanger et qu’un autre ne commence avec un autre.

Oui, 664 pages, ça pourrait faire long, mais je n’ai pas vraiment ressentit le pavé. C’est assez rythmé, on a de l’action, des combats, des batailles, des jeux de pouvoirs, des ruses…

Par contre, il m’a semblé que les personnages s’affadissaient, devenaient plus transparents, sans consistance, comme si entre deux tomes, ils avaient perdu leur essence (hormis Maquin, Rhin et Veradis). J’espère que dans le tome 3, ils retrouveront leur étoffe et tout ce qui faisait leur profondeur, méchants ou gentils.

C’est bien de donner de la visibilité à des personnages secondaires, mais il ne faudrait pas en oublier les principaux. Ils doivent continuer d’évoluer et ne pas perdre de l’épaisseur en route.

Un bon deuxième tome, qui est celui des transitions, qui posent les fondations, avant, j’imagine, que les romains ne s’empoignent dans les tomes suivants (pas encore traduits, merde).

Un roman qu’il vaut mieux lire de manière soutenue, afin de bien restée immergée dedans (ce que j’ai fait en trois jours).

PS : dans ce deuxième tome, l’auteur a encore abusé du verbe « Feuler ». Tout le monde a feulé, les femmes, les hommes, les guerriers, les vieux, les chiens, les lupens… J’ai été étonnée que les chevaux ne le fissent pas (MDR). C’est lourd, surtout que ce verbe est parfois présent à tous les paragraphes. Un dictionnaire de synonymes aurait fait du bien pour ce verbe mis à toutes les sauces.

#Pavés de l’été

Challenge « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Brasier noir – Trilogie du Mississippi 01 : Greg Iles

Titre : Brasier noir – Trilogie du Mississippi 01

Auteur : Greg Iles
Édition : Actes Sud Noirs (2018) / Babel Noir (2020) – 1194 pages
Édition Originale : Natchez Burning (2014)
Traduction : Aurélie Tronchet

Résumé :
Ancien procureur devenu maire de Natchez, Mississippi, sa ville natale, Penn Cage a appris tout ce qu’il sait de l’honneur et du devoir de son père, le Dr Tom Cage. Mais aujourd’hui, le médecin de famille respecté de tous et pilier de sa communauté est accusé du meurtre de Viola Turner, l’infirmière noire avec laquelle il travaillait dans les années 1960.

Penn est déterminé à sauver son père, mais Tom invoque obstinément le secret professionnel et refuse de se défendre. Son fils n’a alors d’autre choix que d’aller fouiller dans le passé du médecin.

Lorsqu’il comprend que celui-ci a eu maille à partir avec les Aigles Bicéphales, un groupuscule raciste et ultra-violent issu du Ku Klux Klan, Penn est confronté au plus grand dilemme de sa vie : choisir entre la loyauté envers son père et la poursuite de la vérité. Imprégnées de l’atmosphère poisseuse du Sud, tendues par une écriture au cordeau et un sens absolu du suspense, les mille pages de ce Brasier noir éclairent avec maestria la question raciale qui continue de hanter les États-Unis.

Dans ce volume inaugural d’une saga qui s’annonce comme l’un des projets les plus ambitieux du polar US, Greg Iles met à nu rien de moins que l’âme torturée de l’Amérique.

Critique :
Voilà un roman noir sombre, épais, glauque, comme je les aime… Le genre de roman dont on sait qu’on ne ressortira pas indemne, à force d’avoir vu du racisme, de la ségrégation, des violences, des injustices et des meurtres raciaux.

Non, il n’y a pas vraiment de lumière, dans ce roman glauque où les Méchants sont cruels, sadiques, racistes et j’en passe. À côté des Aigles Bicéphales, les membre du cucul… heu, du Ku Klux Klan font office d’enfants de chœur.

Bienvenue à Natchez, en plein cœur du Mississippi profond où la ségrégation est toujours présente, même si elle se voit moins. La cohabitation a lieu, mais une séparation entre les deux couleurs existe encore et toujours. Nous sommes en 2005 et rien ne change vraiment.

Ce roman noir, qui prend son temps, qui est fort bavard et qui se lit lentement, pourrait porter, en bandeau titre, la même inscription que celle sur le fronton des Enfers : Lasciate ogni speranza, voi ch’entrate (Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance), tant il est noir de chez noir.

À la manière d’un Don Winslow et de sa trilogie consacrée aux cartels de la drogue (Art Keller), Greg Iles s’attaque aux groupuscules secrets des États-Unis, parle de corruption, à tous les étages et des meurtres retentissants, tels ceux des frères Kennedy et de Martin Luther King. JFK, RFK, MLK et KKK… Oui, ce roman est un K intéressant. Très détaillé, aussi. Notamment dans ses personnages, ses lieux, leurs actions.

Ce roman noir est dense, touffu, on parle beaucoup et on n’avance pas très vite. L’enquête est pliée sur trois journées, mais ce sont des longues journées. À la page 73, le titre nous dit que nous sommes lundi et il faudra passer la page 500 pour arriver au mardi. Lire cent pages chez Greg Iles équivaut à deux cent pages chez David Gemmell ou Kent Follet. Une fois passé la moitié (600 pages), le rythme augmente et ça se lit plus vite.

Si l’auteur n’avait pas été aussi prolixe, on aurait pu avoir un roman plus ramassé, sur 800 pages. Est-ce que le récit aurait gagné à être moins détaillé ? Oui, il aurait été plus rythmé, mais avec moins de détails, il n’aurait pas été aussi réaliste, aussi prenant et aurait donné l’impression que l’auteur recoupait ses angles droits pour aller plus vite. Comme quoi il n’est pas facile d’avoir un bon équilibre entre réalisme, profondeur et rythme.

Pour les personnages, par contre, ils ne m’ont pas vraiment touché. Caitlin, la journaliste, pense un peu trop à un scoop (réaliste, hélas), le docteur Tom Cage ne veut rien dire, Penn Cage, son fils veut l’aider contre vents et marrées (réaliste aussi) et les méchants sont terriblement sadiques. Des Bisounours n’auraient pas été réalistes non plus, vu le contexte dans lequel ces hommes évoluent.

Finalement, ce roman résume bien les êtres humains : nous sommes des égoïstes ! Les crimes qui ont eu lieu il y a 40 ans (1964), tout le monde s’en fout, tout le monde a oublié les noms des disparus, des assassinés et personne ne veut vraiment rendre justice à ces pauvres gens, assassinés pour leur couleur de peau ou parce qu’ils avaient mis leur petits oiseaux dans la chatte d’une jeune fille blanche (avec son consentement et parce qu’ils s’aimaient !!), qu’ils militaient pour leurs droits civiques, qu’ils étaient bien intégrés.

Ni les Blancs, ni les Noirs ne veulent s’en occuper, et ceux qui le font ont tous un motif personnel. 1964, c’est loin et personne n’en a rien à foutre, tant qu’il n’est pas concerné.

Le plus gros bémol de ce premier tome, c’est qu’une fois arrivé au bout des 1194 pages, il reste encore des questions dont nous n’avons pas les réponses, alors que l’auteur aurait pu les résoudre dans ce premier volume. Je ne voudrais pas que l’on en arrive à une certaine série télé (LOST) qui avait ouvert bien des mystères et ne les a jamais résolus… J’adore les cold case, mais il faut au moins apporter des réponses sans obliger les lecteurs à lire l’intégrale de la trilogie.

Brasier Noir est un roman très sombre, qui fait quelques retours en arrière, dans les années 60, afin de nous faire comprendre ce qu’il se passait à l’époque de la ségrégation et de la lutte pour les droits civiques, même si la partie « passé » n’est pas aussi importante que je l’aurais souhaitée.

C’est aussi une fresque historique, qui nous montre la part sombre des États-Unis, ces terres de liberté, comme le voulaient les premiers colons… Oui, mon cul ! En 2005, ça n’avait pas changé beaucoup dans les états sudistes et de nos jours, il vaut toujours mieux être Blanc que Noir, au pays de Trump.

Brasier Noir est un roman fort, percutant, dommage que ces personnages n’aient pas réussi à me donner des émotions, ni à m’attacher vraiment à eux. Cela ne m’a pas empêché de vibrer durant ma lecture, avec ce récit sombre et violent.

Oui, je continuerai l’aventure avec l’arbre aux morts…

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°020], « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Tout est fatal : Stephen King

Titre : Tout est fatal

Auteur : Stephen King
Édition : Livre de Poche (2005) – 701 pages
Édition Originale : Everything’s eventual (2002)
Traduction : William Olivier Desmond

Résumé :
Ça vous dirait de vivre votre propre autopsie ? De rencontrer le Diable ? De vous suicider de désespoir dans les plaines enneigées du Minnesota ? De fuir la police en compagnie de Dillinger ? De devenir assassin via Internet ou de trouver la petite pièce porte-bonheur qui vous fera décrocher le jackpot ?

Critique :
S’il est un auteur de nouvelles que j’apprécie toujours autant, c’est Stephen King ! Il me le prouve, une fois encore, avec ce recueil de 14 nouvelles, toutes différentes les unes des autres. Bien que les frissons soient un peu leur fil rouge.

Le petit plus est que chaque nouvelle est accompagnée d’un petit mot de l’auteur qui explique la genèse de chacune de ses nouvelles. C’est vraiment appréciable, j’ai eu l’impression que l’auteur s’adressait à moi.

Bon, les 14 nouvelles ne sont pas du même niveau et si certaines sont excellentes, d’autres sont un peu en dessous. Attention, aucune n’est à jeter, aucune n’est merdique ou mal écrite. C’est aussi, avant tout, une question d’appréciation personnelle.

Salle d’autopsie quatre : magnifique et excellente ! Elle fait peur, parce qu’il est une peur tenace pour quasi tout le monde : se retrouver sur une table d’autopsie et de tout entendre, sans être capable de faire entendre que l’on est vivant. Ou pas ? Mystère.

L’Homme au costume noir : flippante à mort ! Une ambiance qui sentait bon la campagne, la jeunesse… Mais nous sommes dans une nouvelle du King, on ne va pas à la pêche sans qu’il ne se passe une rencontre dérangeante et horrifiante.

Tout ce que vous aimez sera emporté : j’ai eu un peu de mal avec celle-là, au départ, avant que le personnage ne m’emporte dans sa vie déprimante. J’ai aimé l’idée du carnet. Malgré tout, pour moi, c’est la moins bonne du recueil.

La Mort de Jack Hamilton : elle fait partie de mes préférées ! Vous serez en compagnie de John Dillinger et de deux de ses comparses. Jack, blessé et de Homer Van Meter, le narrateur. On s’y serait cru ! Il y avait de la sensibilité dans cette histoire.

Salle d’exécution : est une nouvelle qui se passe dans un pays d’Amérique du Sud, dans une salle d’interrogatoire. Sombre, violente, sans jamais aller dans l’excès. Bravo !

Les Petites Soeurs d’Eluria : une nouvelle un peu plus longue et qui m’a déstabilisée puisqu’elle se rattache à l’univers de La Tour Sombre, que je ne connais pas. Heureusement, pas besoin de connaître Roland Deschain de Gilead pour frémir devant son aventure pas banale du tout. Le rythme est lent, mais il est angoissant ! Yes !

Tout est fatal : dans cette nouvelle qui donne le titre au recueil, Dink Earnshaw, le narrateur, est énigmatique au possible. Il faut avoir bien progressé dans son histoire pour comprendre ce qu’il se passe et ce qu’il fait. J’ai adoré cette nouvelle aussi qui parle de prise de conscience de ses actes.

L.T. et sa théorie des A.F. : voilà une nouvelle qui parle d’animaux, qui n’est pas dénuée d’humour, qui met de bonne humeur, avant que le final ne vous propulse dans un tout autre état d’esprit. Après l’humour, le tragique. Le seul bémol est que la fin est trop ouverte et qu’il reste beaucoup de questions sans réponses. Comme dans I.R.L…

Quand l’auto-virus met cap au nord : est le genre de nouvelle à vous faire dresser les poils sur les bras. Le tableau, acheté dans un vide-garage, semble avoir une vie propre, qui change chaque fois que son acheteur pose les yeux dessus. Frissons garantis ! Nouvelle palpitante.

Déjeuner au Gotham Café : semble n’être qu’une nouvelle qui parlera de la séparation d’un couple. Mais avec le King, il faut s’attendre à tout et le déjeuner ne se passera pas comme prévu. Adrénaline et suspense au menu. Plus de l’humour noir.

Cette impression qui n’a de nom qu’en français : est une nouvelle intrigante, dont on ne sait où elle va nous emmener, jusqu’à ce que l’on comprenne… Oh my god, les pauvres !

1408 : encore une histoire flippante à souhait. Là, j’ai trouillé grave, dans cette chambre d’hôtel. Excellente nouvelle aussi.

Un tour sur le Bolid’ : allez, on commence gentiment et ensuite, on flippe, on angoisse et on sent les sueurs froides couler dans le dos.

Petite Chansseuse : elle termine le recueil de façon un peu plus douce, plus gentille, même si, dans le fond, on a la misère sociale, celle d’une femme qui élève seule ses deux gosses et qui malgré qu’elle travaille, n’a pas assez d’argent pour joindre les deux bouts et offrir à ses enfants des soins de santé. Jolie petite histoire.

Ce recueil de nouvelles est une belle découverte, puisqu’il regroupe des nouvelles différentes, qui ne surfent pas toutes sur l’élément fantastique, ni sur l’horreur. C’est sombre, angoissant, divertissant, addictif et on se surprend à les enchaîner.

Si certaines manquaient de détails pour être mieux finies, dans l’ensemble, c’est tout de même un bon recueil, puisque les nouvelles sont d’un bon niveau, certaines étant meilleures que d’autres.

Il me reste encore des oeuvres du King que je n’ai pas lues et tout doucement, je me mets à jour, sachant que maintenant, j’ai lu les plus emblématiques !

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°018] et « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

 

Les épées de la nuit et du jour – Drenaï 11 : David Gemmell

Titre : Les épées de la nuit et du jour – Drenaï 11

Auteur : David Gemmell
Édition : Milady (2013) / Bragelonne Fantasy (2019) – 600 pages
Édition Originale : The Swords Of Night And Day (2004)
Traduction : Rosalie Guillaume

Résumé :
Mille ans après leur mort, Druss et Skilgannon le Damné sont vénérés comme des héros par le peuple drenaï, frappé par la guerre et les maléfices de l’Éternelle.

Or, une ancienne prophétie annonçait le retour d’un héros de légende vers son peuple en son heure la plus sombre, et le sorcier Landis Khan a décidé de la réaliser. Il a trouvé la tombe de Skilgannon et l’a ressuscité.

Mais cet homme est perdu dans ce monde étrange, séparé de tout ce qu’il connaissait. Enfin, de presque tout. Car Khan avait tenté un premier rituel et ramené un grand gars taciturne qui fait office de simple bûcheron dans la forêt. Un gars qui ressemble étrangement à un certain porteur de hache que Skilgannon connut autrefois…

Critique :
Fin du cycle Drenaï, avec ce dernier roman qu’il me restait à lire. Honte à moi d’avoir mis si longtemps à terminer cette formidable saga.

Druss La Légende et Skilgannon le Damné sont morts depuis mille ans… Oui, ça fait un sacré bail !

Après le Club des Cinq, voici donc les aventures du Club des Ressuscités ! Non pas trois jours après, conformément aux écritures, non pas après trois années de Grand Hiatus, mais après un millénaire. J-C et Holmes peuvent aller se rhabiller !

Tu étais décédé et te revoilà revenu dans le monde, 1000 ans après. Heureusement, pas de nouvelles technologies, juste des peuples qui se sont éteints, le pouvoir qui a changé de main et toujours de la haine, des guerres, de la jalousie, de l’envie… ♫ Non, non, rien n’a changé ♪

Dans ce dernier tome, la science sans conscience est de sortie, certains ont joué aux apprentis sorciers, au docteur Frankenstein (non conventionné) et à l’aide des os des morts, leur ont offert une nouvelle vie. Bon, après, faut pas oublier d’aller récupérer l’âme du décédé et là, c’est un autre problème.

David Gemmel reprend sa recette qui fonctionne toujours, utilise ses ingrédients habituels et offre à ses lecteurs une fin de cycle superbe, avec des émotions, du rire, des combats, de la bravoure et du sang. Ça pourrait sembler un peu bourrin, mais ça ne l’est pas (j’vous jure !) et j’ai kiffé ma lecture.

Dans les univers de l’auteur, comme souvent, un des personnages, un petit être insignifiant, peureux et couillon (il a dû faire de nombreuses traces de freinage quand il était poursuivis par des Jiamads), a réussi à se trouver du courage. Mis au pied du mur, il a eu ce grain de folie qui a changé sa vie.

Ce sont ces personnages insignifiants qui apportent toujours un truc en plus au récit, notamment des émotions. Un couillon qui se dresse devant plus fort que lui ou devant l’injustice, c’est toujours beau à voir.

L’auteur évite le manichéisme dans la construction de ses personnages. Les Méchants sont ambivalents, L’Éternelle n’est pas devenue dictatrice du jour au lendemain et les autres ne sont pas nés méchants. Les Gentils ont leur défauts, Skilgannon a massacré une cité.

Quant aux sans grade, ils ne sont pas là pour faire mumuse et occuper de l’espace. Ils auront un rôle à jouer et pourront être des héros eux aussi. Les Bêtes, elles, seront parfois plus humaines que l’Homme (qui les a asservies), devenu une bête sanguinaire avec son épée. Une scène forte que celle-là.

Dans ce dernier roman (il vaut mieux avoir lu les précédents et dans l’ordre), pas de rythme endiablé, pas de combats toutes les dix pages. L’auteur prend le temps de mettre en place son univers, ses personnages, de leur donner de la profondeur, de nous exposer leurs motivations, tout en faisant circuler tout le monde et en donnant la parole à plusieurs d’entre eux. Et aucun ne sera ennuyeux !

Le combat final est monumental, sans l’être trop, l’équilibre étant atteint puisque cela ne devient jamais grotesque ou surjoué. Gemmell évite aussi l’écueil du final foiré parce que trop long ou trop court. Juste la bonne longueur, avec quelques surprises et une fin digne d’un long cycle peuplé de batailles et de guerres. Dans ses univers, l’Homme ne vaut pas mieux que ceux peuplant la Terre.

Un excellent tome, un dernier coup pour la route, un dernier roman pour clore cette saga monumentale qui sera intéressante de relire un jour (notamment les tomes consacrés à Druss la Légende). De la toute bonne fantasy !

Il ne me reste plus que 4 romans à lire de cet auteur que j’aimais bien et qui nous a quitté trop tôt.

#Pavés de l’été

« Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Je suis Pilgrim : Terry Hayes

Titre : Je suis Pilgrim

Auteur : Terry Hayes
Édition : Livre de Poche Thriller (2015) – 906 pages
Édition Originale : I am pilgrim (2013)
Traduction : Sophie Bastide-Foltz

Résumé :
Pilgrim est le nom de code d’un homme qui n’existe pas. Il a autrefois dirigé une unité spéciale du Renseignement américain.

Avant de prendre une retraite dans l’anonymat le plus total, il a écrit le livre de référence sur la criminologie et la médecine légale. Mais son passsé d’agent secret va bientôt le rattraper…

Une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan.
Un père décapité en public sous le soleil cuisant d’Arabie saoudite.
Un chercheur torturé devant un laboratoire de recherche syrien ultrasecret.
Des cadavres encore fumants trouvés dans les montagnes de l’Hindu Kush.
Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l’humanité.

Et un fil rouge, reliant tous ces événements, qu’un homme est résolu à suivre jusqu’au bout.

Critique :
Pilgrim pourra se vanter d’avoir pris la poussière dans mes étagères… Voilà un thriller que je voulais déjà lire en 2017, pour le Mois Anglais (en Juin).

J’étais tellement sûre et certaine que j’allais le lire, que j’avais déjà monté sa fiche sur mon blog (couverture, étiquettes, références du livre, challenges,…).

Bravo ! Mais je ne l’ai pas lu, j’ai toujours reporté (procrastination, quand tu nous tiens) et cela faisait donc 6 ans que cette foutue pré-fiche brouillon était dans la mémoire de mon blog…

Il était dit, sur le quatrième de couverture, que ce thriller devait être le seul à lire de l’année. Effectivement, il est bon, il fait le job, il est addcitif et promène ses lecteurs dans plusieurs endroits du globe.

Le récit commence avec un crime étrange commis dans un petit hôtel de Manhattan et ensuite, un homme va nous raconter son passé, son parcours au Renseignement américain, son job qui ressemble à celui d’un espion, sorte de James Bond sans les gadgets, sans Miss Moneypenny, sans Q, sans M.

Notre homme est une sorte de croisement entre James Bond et Jason Bourne. Sa véritable identité ne doit pas être connue, il bosse sous couverture, avec une nouvelle légende à chaque fois.

Le narrateur, ce sera lui (en partie, avec un narrateur omniscient pour d’autres chapitres). Il va tout nous raconter et il fera de nombreuses digressions dans son récit, en nous expliquant, par les détails, des moments de son passé, ce qui pourrait, si l’on n’est pas attentif à cent pour cent, être déstabilisant.

Par exemple, dans un récit au passé, se déroulant dans une banque suisse à Genève, où il accomplissait une mission, il sautera à un autre récit qui parlera d’une exécution dans un restaurant à Santorin (toujours dans le cadre de sa mission), avant de nous rebalancer dans son hôtel suisse où il assistera à l’attaque sur le WTC : nous étions le 11/09/2001.

Ces récits incorporés dans le récit principal, sont importants, ils nous éclairent sur sa vie, sur son personnage, ses légendes et en effet, tout se tient. Mais il faudra 200 pages de papotages pour en revenir à cette chambre d’hôtel, au meurtre et comprendre ce qu’il foutait là. Pas de panique, on comprendra plus tard l’importance de tout cela.

Si durant une bonne moitié du roman, le récit est rapide, addictif, passé la page 500, le scénario, toujours très bavard, le devient un peu trop, notamment avec notre Pilgrim (on prononce son nom de code 3 fois dans le roman) qui revient encore et toujours avec les flash-back de ses missions antérieures et qui me donnera l’impression que l’auteur a brodé pour ajouter des pages. Impression vite disparue. Le bât qui blesse ne se trouvant pas là.

La chose que je reprocherai à ce thriller, c’est son manichéisme poussif. On pourrait synthétiser en chantant à la manière de Fugain : ♪ Qui c’est qui est très gentil ? Les z’États-Unis ♫ Qui c’est qui est très méchant ? L’Moyen-Orient ♪

Ou, à la manière de Pierre Brochand (Le diner de cons) : il est méchant l’Moyen-Orient, il est gentil, l’z’États-Unis. Oui, vous allez les avoir dans la tête durant quelques heures.

Certes, lorsque l’on se trouve en compagnie des moudjahid en Afghanistan ou en Arabie saoudite, avec sa police secrète (la Mabahith), il est un fait que l’on va côtoyer des salopards, des sadiques, des hypocrites, des liberticides, des phallocrates, des misogynes et autres joyeusetés (on décapite sur la place publique).

Oui, dans la réalité, il y a aussi de salopards aux États-Unis et des prisons où l’on torture, l’auteur en parlera, mais l’équilibre entre les deux axes (le Bien et le Mal) ne sera jamais présent et à lire l’auteur, on pourrait croire que les États-Unis sont blancs comme neige… Un peu d’équilibre n’aurait pas été du luxe.

À certains moments, j’avais l’impression d’être dans un vieux film de James Bond (ceux avec Sean Connery ou Roger Morre) où l’Angleterre serait remplacée par les États-Unis, mais, comme dans ces vieux films, avec des méchants tous en provenance du Moyen-Orient. Nous n’en sommes plus là.

Si l’auteur n’a pas tort sur toute la ligne, un peu de nuance aurait rendu le récit moins manichéen… Et le Sarrasin aussi (le méchant de l’histoire) ! Sa vengeance est un peu tarabiscotée et capillotractée.

Si l’on ne prend pas trop attention à ce manichéisme présent, suite aux enjeux en cours (le Bien contre le Mal) et au vu du C.V de certains gars du Moyen-Orient (qui ne sont pas des enfants de coeur), si on n’est pas trop regardant sur les bords pour certaines choses invraisemblables (fabrication dans un labo d’un truc de ouf, grâce au Net, la chance insolente de Pilgrim, un président des États-Unis intelligent et raisonnable, des partenaires fiables, le truc avec les miroirs) on se retrouve avec un bon gros thriller qui se lit assez vite (3 jours pour ma part) en raison de son rythme et de l’addiction qu’il entraîne.

Sans être le thriller de l’année, sans jamais atteindre la profondeur de certains romans (ceux qui vous marquent), tout en étant un peu trop orienté, avec un super espion qui a tout d’un un super héros (sans la cape et le slip sur les collants), il fait le job de vous divertir, de vous faire voyager, de vous foutre les chocottes (le terrorisme, le fanatisme religieux).

De plus, il comporte aussi une grosse dose de suspense, une super enquête policière (il a tout d’un Holmes, d’un Horatio Caine et de Gill Grissom, ce Pilgrim), un espion sympa qu’on apprécie assez vite et finalement, c’est un thriller parfait pour lire en vacances. Sans prise de tête. Dommage que tout soit si prévisible…

Une fois lu, il sera oublié. Dommage, parce qu’il y avait moyen de faire mieux, beaucoup mieux, surtout après un début aussi prometteur. Avec un peu plus de profondeur, moins de manichéisme et 200 pages de moins, ça aurait un roman plus percutant et moins voué à la case de l’oubli.

Malgré tout, restons positive, ce thriller m’a bien diverti ! Faut pas lui en demander plus.

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°015] et « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Salem : Stephen King

Titre : Salem

Auteur : Stephen King
Édition : Livre de Poche (2009/2015/2021) – 820 pages
Édition Originale : Salem’s Lot (1975)
Traduction : Christiane Thiollier, Joan Bernard et Dominique Defert

Résumé :
Comment une petite bourgade du Maine peut elle, du jour au lendemain, devenir une ville fantôme ? Jerusalem’s Lot – Salem – n’avait pourtant pas de caractéristiques particulières sinon, sur la colline, la présence de cette grande demeure – Marsten House – inhabitée depuis la mort tragique de ses propriétaires, vingt ans auparavant.

Et lorsque Ben mears y revient, c’est seulement pour y retrouver ses souvenirs d’enfance. Mais très vite, il devrait se rendre à l’évidence : il se passe des choses très étrange à Salem.

Un chien est immolé, un enfant disparaît et l’horreur s’infiltre, s’étend, se répand, aussi inéluctable que la nuit qui descend sur Salem …

Critique :
Salem fait partie des monuments du King et pourtant, je n’y avais jamais posé mes valises… Pourquoi ai-je laissé traîner ce roman monumental du King ? La trouille, sans doute…

Quant bien même, avec le King, j’ai visité un Simetierre, chassé le clown dans des égouts avec une bande de jeunes, vécu dans l’Overlock Hotel, affronté une voiture douée de vie, un fléau, un tueur à la Mercedes, un Outsider,…

Maintenant, mon erreur est réparée, j’ai enfin lu ce roman qui date d’une époque où je n’étais panée… Heu, pas née !

Qu’on ne s’y trompe pas, Salem ne parle pas des sorcières, mais de créatures horribles qui vous pomperont jusqu’à la dernière goutte de liquide… Rhôô, mais non, je ne parle pas du terrible FISC (lui, il en laisse un peu), mais des vampires !

Comme toujours, Stephen King ne nous balance pas dans un univers sans nous avoir préparé, c’est pourquoi, avant d’arriver aux premières horreurs, l’auteur prendra la peine de faire vivre ses personnages, de nous présenter la ville de Jerusalem’s Lot, dite Salem, de nous faire entrer au plus profond des secrets de ses habitants, comme si vous étiez omniscient. Big Brother, c’est vous !

Non, non, pas d’ennui durant la grosse centaine de pages qu’il lui faut pour faire monter le bouillon à température. Hé, c’est le King et en 1975, il était déjà un excellent conteur. Et ça marche, on s’attache à certains personnages, on tremble pour d’autres, l’horreur monte peu à peu et la peur s’installe.

Oui, à un moment donné, j’ai sursauté d’entendre le plancher craquer, oui, à un moment donné, je me suis demandée s’il y avait un crucifix dans cette foutue barraque (au pire, j’ai encore des médailles bénies) et mon visage s’est illuminé en pensant à la tresse d’ail ramenée des vacances dans le Sud. Alléluia, sauvée !

Oui, on peut dire que Salem vaut bien le Dracula de Bram Stoker, bien que différent, puisque celui du King n’est pas épistolaire (et sans carnet intime, sans enregistrements sur rouleaux de cire, sans coupures de journaux), comme l’était celui de Stoker et que les vampires sont dans les années 70 et non dans l’Angleterre victorienne.

Sans oublier d’incorporer des émotions en tout genre et une critique de l’Amérique post guerre du Vietnam et de Corée. Une société où les riches qui vivent dans de belles demeures seront toujours riches et où les pauvres gens continueront de vivre dans des caravanes. Avoir du pognon ou ne pas en avoir, cela change toute une vie.

C’est déjà l’Amérique fracturée, celle du grand écart entre les classes sociales, qui seront toutes représentées dans ces pages. Stephen King n’oublie pas d’autres ingrédients importants, que l’on retrouvera souvent dans ses romans : un écrivain qui cherche l’inspiration, qui la trouve, un enfant qui sera plus clairvoyant que les adultes, un lieu maudit depuis des années, le Bien qui s’oppose au Mal.

Après un aussi gros pavé, j’avais peur que le final soit bâclé (comme dans Le Fléau) et non, il ne l’est pas. Le Méchant est orgueilleux, il est réussi et oui, il fout les chocottes. C’est un vampire à l’ancienne, pas un qui sent bon et qui tombe amoureux. Le duel entre le prêtre et le vampire est une scène réussie, une scène forte, que ce soit celle du roman ou la scène coupée.

De plus, l’équipe qui va tenter d’éradiquer le Mal n’a rien d’une équipe de super-héros. Ils auront la trouille, douteront de leur foi, de leur force et comme toute personne normalement constituée, ils auront tous envie de prendre leur jambes à leur coup. Nous avons beau être dans du fantastique, le tout est hyper réaliste !

Les scènes coupées, rajoutées en fin d’ouvrage, enfonceront le pieu dans le cœur (si je puis me permettre cette métaphore), car elles rajoutent une touche d’épouvante au roman. Quant au chapitre « Un dernier verre pour la route » et ceux consacrés à l’origine du Mal dans la région de Salem, ils m’ont fait délicieusement frissonner d’effroi.

Bon, je vais vous laisser… Ma chronique est terminée, tout comme le roman monumental du King. En réfléchissant un peu, je me suis souvenue que je possédais le chapelet de ma grand-mère (il pend à mon cou) et j’ai retrouvé la chaîne avec le crucifix de ma belle-mère (bénies soient ces femmes).

Le chat a déserté mes genoux, sans doute incommodé par l’odeur d’ail écrasé qui émane de mes mains (sur sa fourrure, le goût d’ail, ça le fait moins, quand il se lèche) et mon mari m’a dit qu’il aimait mieux les sachets de lavande que ceux d’ail… Ils ne comprennent pas, ces mâles obtus !

Ou alors… Oh Mon Dieu, mon chat et mon homme sont des vampires ! Ce qui expliquerait que le chat dorme toute la journée et vive la nuit… ARGH !

Lecture commencée le 4 août au matin et terminée le 6 août au matin aussi… Oui, pour moi, cette lecture était addictive ! Un King qui va aller dans ma liste de mes King préférés ❤ Et j’en ai encore assez bien à découvrir… Chouette.

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°014] et « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

W3 – 03 – Le calice jusqu’à la lie : Jérôme Camut et Nathalie Hug

Titre : W3 – 03 – Le calice jusqu’à la lie

Auteurs : Jérôme Camut et Nathalie Hug
Édition : Télémaque (2016) / LP (2017) – 992 pages

Résumé :
Les locaux de W3 ont été soufflés par une terrible explosion.
Qui est responsable de ce massacre ?
Ceux qui ont échappé à la mort vont très vite comprendre qu’ils ne sont pas sortis d’affaire.
Sur les décombres encore fumants de l’immeuble, les drames se nouent et les destins s’entrelacent une dernière fois.
La plus unie des familles peut-elle résister à tant d’horreur ?

Critique :
Avec les sagas, c’est toujours la même chose : on est enchanté par le premier tome, on attend la suite avec impatience et puis, quand les suites sont publiées, on les achète, on se promet de les lire très vite et puis on les oublie, parce qu’on a tellement d’autres livres à lire… Et 7 ans après sa sortie, le dernier tome n’était toujours pas lu !!!

L’été est la période propice pour terminer mes sagas entamées ! En voilà encore une saga que je peux classer et archiver.

Le tome 2, que j’avais enfin lu l’année dernière, se terminait sur un cliffhanger de dingue et maintenant, j’allais enfin savoir qui allait continuer l’aventure.

Les auteurs sont des pros pour jouer avec les nerfs des lecteurs et faire monter le suspense, parce qu’avant d’avoir le décompte complet des morts et des survivants, les auteurs sont revenus un peu en arrière, montrant tout ce qu’il s’était passé, alternant ces chapitres avec d’autres, ce qui fait que ça a pris du temps avant de savoir qui vivrait et qui mourrait.

Ce troisième et dernier tome est dans la lignée des précédents, tout en étant différent. Les auteurs, bien que reprenant la recette gagnante qui donne un récit addictif, composé de chapitres assez courts, où l’on suivra bien des personnages, ont réussi à éviter que l’on ne tourne en rond. Le récit est différent des précédents, tout en conservant une partie des ingrédients clés.

C’est un pavé énorme (830 pages dans sa grande édition, 992 dans sa version poche), mais je vous garantis qu’il se lit très vite et que l’on atteint la page 100 sans l’avoir remarqué. Commencé le 31 juillet au soir, le 2 août au matin, le roman était lu en entier.

Si ce thriller est addictif, c’est aussi grâce à ses personnages, qui sont réalistes, sympathiques et avec qui on a envie de devenir copains. Même le terrible Ilya Kalinine semble sympathique…

Stop, c’est un tueur et un proxénète ! Je ne peux pas l’apprécier ! Oui, mais il sauve des filles des containers et si elles se prostituent, c’est de leur plein gré, elles peuvent garder une partie de leurs gains et ensuite, aller vivre où elles veulent…

Rien n’est tout à fait noir, ni tout à fait blanc, dans ce roman, je l’apprendrai à mes dépends. Nuances de gris, du réalisme, des parallèles avec l’actualité et les attentats, la traite des jeunes filles (des gamines), l’espionnage, la politique, la mafia russe, les magouilles et compagnies, les chapes de plombs pour ne pas révéler la vérité, les mensonges, les demi-vérités… Et une romance dans tout ça.

Il y a beaucoup de choses, dans ce thriller. Il est bavard, il est rempli de dialogues, d’action et de violence et je pense qu’on aurait pu se passer de certains chapitres, de certains actes, qui, pour moi, n’ajoutaient rien à l’histoire. Si ce n’est des pages et des pages (et de l’action).

Le plus gros reproche que je ferai à ce dernier tome c’est qu’il y a trop de morts, trop de personnages qui m’étaient chers qui vont disparaître, comme dans Game Of Thrones. Et trop, c’est trop, parce que ces morts m’ont semblées inutiles, gratuites. Merde, j’ai eu l’impression de perdre des êtres chers ! Ma foi, j’ai eu plus de peine que Lara Mendes, qui a bien changée, elle, au fil des tomes.

Pour moi, les auteurs ont assassinés trop de personnages, mon petit cœur a saigné et je suis en colère contre eux. Malgré tout, cela ne m’a pas empêché de dévorer leur pavé en me consolant du fait qu’ils n’aient pas fait dans la répétition afin de nous offrir un dernier tome dans la continuité des deux premiers, tout en étant différent.

Ce dernier tome, c’est une hécatombe de personnages, c’est de la violence, de l’horreur, des vengeances qui datent de mathusalem et qui feront bien des victimes collatérales et qui n’avaient rien demandé…

C’est aussi un sacré page-turner qui ne m’a pas laissée indifférente, des personnages emblématiques qui sont bien détaillés, qui ne manquent pas de profondeur (sauf pour le méchant) et qu’on ne sait pas confondre avec d’autres.

Le tout avec une écriture fort descriptive, ce qui donne l’impression de tout vivre en direct, comme si l’on était avec eux. Une fois commencé, difficile de lâcher le roman, même s’il aurait pu être bien plus court en retirant l’inutile.

Une fin de saga fort sombre, triste… Beaucoup de rebondissements (trop ?), trop de morts (oui, trop), une romance qui ne m’a pas convaincue (inutile, même) et  comme une impression que les auteurs ont ajouté des faits juste pour en ajouter.

Alors oui, j’ai aimé cette lecture et oui, je suis mitigée pour certains points. Comme quoi, rien n’est facile, rien n’est aisé, rien n’est assuré. J’ai le cul entre deux chaises (et je basculerai plus du côté « aimé » que « pas aimé »).

À vous de vous faire votre propre avis.

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°000] et « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Le livre des Terres Bannies – 01 – Malice : John Gwynne

Titre : Le livre des Terres Bannies – 01 – Malice

Auteur : John Gwynne
Édition : Leha (26/08/2022) – 639 pages
Édition Originale : The Faithful and the Fallen, book 1: Malice (2012)
Traduction : Thomas Bauduret

Résumé :
Il y a bien longtemps que les humains sont arrivés sur les Terres Bannies, qu’ils ont disputées victorieusement aux clans de géants qui les peuplaient. Des terres que l’affrontement entre les dieux antagonistes Asroth et Elyon a bien failli détruire.

Aussi, quand cette guerre larvée menace d’éclater à nouveau, bien des destins vont se trouver bouleversés. A commencer par celui du jeune Corban, qui aspire à manier l’épée et la lance pour protéger son royaume et va devoir mettre son courage à l’épreuve bien plus vite que prévu.

Mais la prophétie indique que l’obscurité et la lumière exigeront deux champions, le Soleil Noir et l’Etoile Vive. Il serait sage de rechercher les deux, car si le Soleil Noir prend l’ascendant, les espoirs et les rêves de l’humanité tomberont en poussière. Sauf que personne ne sait qui ils sont, à commencer par eux-mêmes.

Alors que les géants s’agitent de nouveau et que le chaos semble sur le point de s’abattre sur les Terres Bannies, le Haut Roi Aquilus tente de former une alliance avec les autres souverains pour sauver le monde des humains.

Mais tous ses alliés n’ont pas la même vision de l’avenir…

Critique :
La superbe couverture m’avait fait de l’œil dans un article chez L’ours Inculte et cela m’a donné envie de découvrir ce roman de fantasy (et de commencer une nouvelle saga alors que je n’ai pas terminé les autres).

Effectivement, comme souligné dans son article (chez L’ours), nous sommes dans de la fantasy classique de chez classique avec une prophétie apocalyptique, un ennemi commun qui va pousser des rois à s’unir pour sans doute aller vers un combat du Bien contre le Mal, puisqu’un dieu déchu, Asroth, veut tout casser.

Et comme dans toute bonne fantasy qui se respecte, le champion du Bien sera sans aucun doute un jeune garçon qui pourra, à l’instar de Garion dans la Belgariade, répéter « Pourquoi moi ? ».

Loupé, Corban, un jeune garçon qui, comme Harry Potter, se fait emmerder par son Drago Malfoy personnel (Rafe), accompagné de ses Crabb et Goyle, ne nous baratinera pas avec cette question, mais d’après Brina, la guérisseuse, il pose sans arrêt des questions… Corban est un personnage que j’ai apprécié.

Au début, j’ai eu un peu de mal : l’univers était fort riche, il ne se passait pas grand-chose, mais je me suis accrochée, me disant qu’en étant patiente, ça allait arriver. Et, sans même que je m’en rende compte, je me suis coulée aisément dans ce nouvel univers, découvrant ses multiples personnages au travers de leur point de vue.

Oui, comme dans les romans de George R.R. Martin (Game of thrones), chaque personnage aura des chapitres qui lui sont consacrés, ce qui permettra de donner une meilleure vue d’ensemble de tout ce qui se passe dans le royaume.

A contrario, cela m’a parfois fait perdre les pédales quand des chapitres, se terminant sur un cliffhanger (comme souvent !), revenait a la chute plusieurs chapitres après afin de nous donner la suite (j’ai parfois dû mouliner pour retrouver le contexte). Mais au moins, pas de narrateur moins intéressant dans tout ce petit lot ! Et ça, c’est super !

On pourrait se demander quel est l’intérêt d’écrire un roman de fantasy à l’univers aussi classique, aussi déjà-vu (et déjà-lu), aussi éculé et encore plus, quel est l’intérêt de le lire, surtout si on n’est pas vierge de fantasy ou d’heroic fantasy, et que, ce de fait, on sait que l’on ne trouvera rien de neuf sous le soleil ?

Tout d’abord, parce que tout, quasi, a déjà été écrit… De plus, je dirais que ce premier tome de cette saga (qui en comportera 4) vaut par la richesse de ses personnages, dont les portraits sont bien esquissés, riches et que, malgré cette profusion de personnages, il est difficile de les mélanger ou d’y perdre son latin.

L’auteur a donné de la profondeur à ses personnages, même les méchants, hormis pour ces crétins de Malfoy et compagnie. Oups, ce crétin de Rafe et de ses potes, sauf deux qui après, auront un sursaut d’intelligence et comprendrons que le harcèlement envers Corban va trop loin. Pas trop de manichéisme, mais des belles nuances de gris. Bien souvent, on fait le mal en pensant faire le bien.

Sinon, j’ai tout de même eu quelques petites surprises avec des personnages qui sont allés là où je ne les attendais pas, même si, pour certains, j’avais compris qu’ils nous cachaient des choses.

Dans son univers, l’auteur a réussi à ne pas mettre tout les ingrédients de la fantasy, ce qui fait que vous ne trouverez pas d’elfes, d’orcs ou de dragons. Mais bien des draigs, des vurm et des lupens. Autrement dit, des lézards, des serpents et des loups assez grands.

Son monde est bien construit, sans qu’il en fasse des tonnes dans des descriptions qui deviendraient vite barbantes. Les décors sont juste là pour servir les personnages, parce que dans le fond, ce sont eux les plus importants, même si l’univers entre lui aussi en ligne de compte (mais moins).

Les seconds rôles ne seront pas oubliés, même les plus insignifiants, tous auront, à un moment ou à un autre, un rôle à jouer. Les personnages évoluent, mais jamais trop vite. Faut passer par les cases apprentissage, mal partout, difficultés, déception, envie de tout envoyer balader, comme IRL.

On a du rythme dans le récit, sans pour autant mettre le turbo. Un bel équilibre entre scènes de vie et les batailles, les escarmouches, les combats, bien que les 640 pages se lisent moins vite qu’un 700 pages chez Gemmell.

Non, je ne ferai pas trop la fine bouche parce que j’ai apprécié cette lecture, même si j’aurais aimé un peu plus d’émotions ou de belles phrases dites par les personnages (sorry, je sors de deux pavés de David Gemmell, je suis conditionnée).

Puisque j’ai aimé cette lecture, je poursuivrai avec le deuxième tome traduit (croisons les doigts qu’ils traduisent les autres) et ce, avec plaisir, même si l’on est dans de l’ultra classique.

De toute façon, l’univers fantasy ne fait qu’utiliser les codes médiévaux (ou des vikings, des celtes,…) et dans tous les univers, les êtres humains ne changent pas, ils sont toujours gouvernés par l’envie, la jalousie, la colère, la haine, le dépit, la vengeance, l’envie d’être calife à la place du calife…

Le genre humain ne change pas et les auteurs de fantasy savent très bien jouer avec nos défauts et nos qualités.

De la fantasy classique, qui ne révolutionnera pas le genre, mais qui est de la bonne fantasy, sans aucun doute, malgré un début un peu poussif.

PS1 : dans ce récit, les Hommes ne crient pas, ne hurlent pas, ne gueulent pas, non, ils feulent ! Si j’avais eu 5€ à chaque fois que le verbe est utilisé, je serais riche ! Dommage que de ce point de vue là, il n’y ait pas eu une plus belle richesse de verbes.

PS2 : bizarrement, j’ai imaginé le prince Nathair avec la tête d’Arthur (Bradley James), le personnage du roi Arthur de la série Merlin. Même en sachant que Nathair était noir de cheveux, avec des boucles, pas moyen de le voir autrement qu’avec ce visage ! Je l’ai donc laissé ainsi et ça lui allait bien.

#Pavés de l’été

« Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.