L’Elixir de Dieu – 01 – Spiritus sancti : Gihef et Christelle Galland

Titre : L’Elixir de Dieu – 01 – Spiritus sancti

Scénariste : Gihef
Dessinateur : Christelle Galland

Édition : Bamboo Édition (01/02/2023)

Résumé :
Armées de patience, de courage, d’ingéniosité et – qui sait – avec l’aide du Seigneur, elles élaborent un alcool unique en son genre !

En pleine prohibition, le couvent Saint-Patrick est en passe d’être exproprié par la banque. La découverte d’un vieil alambic servant autrefois à la fabrication du rhum change la donne.

Le trafic d’alcool est-il vraiment un péché quand il s’agit de sauver de la banqueroute la maison de Dieu ? Pour mère Agatha, sœur Holly et leurs comparses, la réponse ne fait aucun doute…

Mais face à un chef de la pègre prêt à tout pour maintenir son business et au Ku Klux Klan qui rôde, les bonnes sœurs au passé pas toujours très catholique vont avoir besoin de bien plus qu’une protection divine.

Critique :
Y’a pas à dire, la couverture attire l’œil tout de suite, à cause de la bonne sœur dans l’ombre, qui tient, d’un côté, ce qui semble être une bouteille de gnôle et de l’autre, une sulfateuse !

Le genre de truc qui m’a fait foncer vers cette bédé. Je me doutais que dans la bouteille, ce n’était pas du vin de messe et le résumé à achevé de me convaincre.

L’époque de la prohibition est une période que j’apprécie, en littérature (que ce soit en roman ou en bédé) et quand on mélange la mafia et les nonnes, moi, ça me fait pétiller les yeux.

Massachussets (pas la chanson de Bee Gees), dans un couvent, en 1930. Sœur Holly (pas la Holly de Stephen King) est une novice qui m’a semblé fort peu catholique et la suite confirmera qu’elle n’a rien d’une religieuse conventionnelle et je gage que les autres ne le sont pas non plus…

Dans les arbres, à cette époque, il y a des fruits étranges (strange fruits) : des personnes Noires lynchées par des mecs Blancs, portant des taies d’oreillers sur la tête et qui prêteraient vraiment à rire s’ils n’étaient pas des criminels en puissance (et des couillons, puisqu’ils n’attaquent qu’en bande).

De l’autre côté, il y a la mafia, le trafic d’alcool et un mafiosi pas content du tout et quand le mafiosi n’est pas content, il vaut mieux faire ce qu’il demande, sous peine de se voir offrir un aller-simple pour le boulevard des allongés… Voilà donc nos nonnes en train de distiller de l’alcool, de la goûter, d’endormir le prêtre et de voler des céréales… Bref, rien de catholique !

Les dessins sont très agréables à regarder et les personnages ont tous des petits secrets, même si nous ne les connaîtrons pas tous du premier coup. Le mélange de la prohibition, du racisme, du KKK, des lynchages et de la mafia est réussi et cela donne une petite gnôle pas piquée des hannetons.

D’ailleurs, j’ai connu une polonaise qui en buvait au petit-déjeuner ! Au moins, cette bédé là, elle ne vous rendra pas aveugle, mais elle vous fera sourire pour son côté Sister Act, vous fera frémir pour le racisme qui fait des ravages et le rythme, sans temps morts, vous fera passer un bon moment !

Vivement le tome 2, parce que ce premier tome est bien ficelé, bien distillé et qu’il se termine d’une manière qui ne donne envie que d’une chose : lire la suite, nom de Dieu !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°152]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°39.

Les sentiers de la perdition – 01 : Max Allan Collins et Richard Piers Rayner

Titre : Les sentiers de la perdition – 01

Scénariste : Max Allan Collins
Dessinateur : Richard Piers Rayner

Édition : Delcourt – Contrebande (2002)
Édition Originale : Road to perdition (1998)
Traduction : /

Résumé :
« Michael O’Sullivan, alias l’Ange de la mort, est entré de son vivant dans la légende du crime organisé.

Jamais un « soldat » n’avait été aussi loyal. Jamais un exécuteur n’avait été aussi efficace. Jamais un homme, victime d’une odieuse trahison, ne s’était montré aussi déterminé à aller au bout de sa vengeance. »

Cette Bd est le récit du fils de Michael O’Sullivan, il explique comment était son père, et son histoire. Lors de l’un de ses rendez-vous, son fils assiste à un carnage.

Il découvre alors, le genre de travail de son père, malheureusement vu par les « collègues » de son père, il éveille la méfiance et la colère de ces malfrats.

Critique :
La curiosité est un très vilain défaut et un jeune gamin va en faire l’amère expérience en suivant, en stoemelings (en cachette), son père, tueur pour John Looney, le boss de la pègre locale.

Le gamin ne savait pas ce que faisait son père, il ne pensait pas à mal, mais le voilà témoin d’un règlement de compte que commet Conner Looney, le fils du boss.

Ce qu’il se passe après sera la conséquence de la méfiance de Conner pour ce témoin court sur pattes, même si son père se portera garant pour lui.

Ce comics se dévore avec des pauses, tant il est sombre, noir, violent et qu’il fait tout de même plus de 200 pages ! Croyez-moi, les chemins de la perdition, vous allez les prendre tous avec Michael O’Sullivan, qui va y entraîner son gamin, parce qu’il n’a pas le choix, parce qu’il faut se venger, parce qu’il faut frapper là où ça fait le plus mal à la pègre.

Ah oui, petite précision, nous sommes en 1930, en pleine période faste de la prohibition, la Grande Dépression étant aussi passée par-là et toujours bien présente. L’avantage, c’est qu’il est plus facile d’entrer en clandestinité à cette époque-là, puisque pas de GPS pour vous pister, pas de carte bancaire, pas d’internet…

Dans des tons tout en noir et blanc, ce comics intrigue de par ses dessins, assez sombre, pas toujours très détaillés (parfois, j’ai hésité pour des visages), alors que d’autres semblent avoir été fait sur images réelles, comme avec les villes.

Nous sommes dans une histoire de vengeance, classique, basique, mais au moins, l’auteur a évité le manichéisme. Michael O’Sullivan, alias l’Ange de la mort, n’est pas un enfant de choeur, il sait ce qu’il fait et les cadavres vont se ramasser à la pelle.

Dans ce comics, c’est le crime organisé, la pègre, qui est mise en avant, sous les projecteurs et John Patrick Looney est un gangster qui a réellement existé. Mélangeant la fiction avec la réalité, l’auteur nous montre aussi une relation père-fils, même si le père entraînera son fils sur ces fameux sentiers de la perdition.

Un comics à découvrir, car il met en scène une vengeance bien huilée : celle d’un homme qui connaît les rouages de la pègre et qui sait comment les toucher là où ça fait le plus mal : le fric ! Le suspense est maitrisé, les tensions sont à leur comble et on a envie de savoir comment tout cela va se terminer… Mal, on s’en doute bien…

PS : Les deux autres tomes qui suivent (02 – Sur la route / 03 – Retour à perdition) ne sont pas une suite. Le tome 2 est composé de plusieurs épisodes qui s’intercalent dans le récit du premier tome, durant leur cavale. Il n’est pas mal, mais ne vaut pas le premier. Il permet, par contre, d’éclairer un peu plus le personnage de l’Ange de la mort (Michael O’Sullivan). Par contre, le tome 3 concerne le petit-fils de Michael O’Sullivan et pour moi, il est à oublier (dessins affreux, récit factuel, aucune émotions dans le personnage). Ils ne feront pas l’objet d’une critique.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°115],  Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°27 et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°07).

Mascarade – Michael Talbot et Ida Davies 02 : Ray Celestin

Titre : Mascarade – Michael Talbot et Ida Davies 02

Auteur : Ray Celestin
Édition : 10/18 (2018) – 624 pages
Édition Originale : Dead Man’s Blues (2016)
Traduction : Jean Szlamowicz

Résumé :
1928. Chicago est la cité de tous les contrastes. Du ghetto noir aux riches familles blanches, en passant par la mafia italienne tenue par Al Capone, la ville vit au rythme du jazz, de la prohibition et surtout du crime, que la police a du mal à endiguer.

C’est dans ce contexte trouble qu’une femme appartenant à l’une des plus riches dynasties de la ville fait appel à l’agence Pinkerton. Sa fille et le fiancé de celle-ci ont mystérieusement disparu la veille de leur mariage.

Les détectives Michael Talbot et Ida Davies, aidés par un jeune jazzman, Louis Armstrong, vont se charger des investigations.

Au même moment, le corps d’un homme blanc est retrouvé dans une ruelle du quartier noir. Le meurtre en rappelle un autre à Jacob Russo, photographe de scènes de crime, qui décide de mener son enquête.

Quel est le lien entre ces deux affaires ? Y a-t-il un rapport avec le crime organisé ? Car la vieille école d’Al Capone et de la contrebande d’alcool est menacée par de jeunes loups aux dents longues qui, tels Lucky Luciano ou Meyer Lansky, n’hésitent pas à se lancer dans le trafic de drogue.

Jazz, mafia, tensions raciales et meurtres inexpliqués, après Carnaval, nous retrouvons dans ce thriller passionnant, inspiré de faits réels, le cocktail explosif qui fait la signature de Ray Celestin.

Critique :
Bien que je n’aime pas le jazz, lire un roman noir qui en parle n’est pas un problème pour moi, puisque je n’entendrai pas la musique (désolée pour celles et ceux qui adorent le jazz).

Et quand un roman noir se passe en 1928, à Chicago, durant le prohibition, une partie du récit dans l’organisation d’Al Capone et l’autre en compagnie d’un duo de détective de la Pinkerton, je suis pour.

Comme j’avais bien aimé le premier tome, il était plus que temps de lire la suite ! J’ai mis 8 ans avant de le sortir, je sais, c’est long (trop à lire dans mes biblios).

Nos deux détectives ont quitté La Nouvelle-Orléans pour Chicago. Une décennie est passée aussi. Les voilà chargé par une mère très riche de retrouver sa fille qui a disparu mystérieusement, en même temps que son fiancé.

Ce roman est polyphonique, parce qu’à côté de notre duo d’enquêteurs, nous auront aussi un certain Dante qui sera chargé par Al Capone de retrouver ceux qui ont tenté d’empoisonner une réception, réussissant à tuer des invités et à en envoyer d’autres à l’hosto et de l’autre, Jacob, un photographe, qui tente d’aider la police pour un crime sordide.

Ce roman noir est truffé d’anecdotes, qui vous plongeront dans le Chicago de ces années-là, comme si vous y étiez. C’est fort documenté et j’ai aimé ces extraits de journaux qui parlaient des événements qui avaient lieu à ce moment-là. L’auteur a parfois changé des faits historiques, mais il explique ses choix à la fin, expliquant le pourquoi du comment.

Les ambiances sont d’époque, chaudes, violentes, saturées d’alcool de contrebande et de mafiosi qui arrosent policiers, douaniers et politiciens. Le tout sur des airs de jazz puisque nous suivrons aussi le jeune Louis Armstrong (non, il n’a pas aussi marché sur la lune, ni gagné 7 fois le Tour de France) dans son ascension, le tour sur fond de ségrégation raciale (même si elle n’existe pas à Chicago, contrairement aux villes sudistes, elle est souvent appliquée).

Contrairement à ce qu’annonce le 4è de couverture, Armstrong n’enquêtera pas aux côtés de notre duo, même s’il donnera quelques renseignements à Ida. Dommage, j’aurais aimé le voir vraiment investiguer avec nos deux enquêteurs. Au moins, je l’ai suivi durant des enregistrements. Bien que je n’aime pas le jazz…

Les personnages sont bien travaillés et si leurs investigations ne se déroulent pas au pas de course, le rythme était là et le pavé s’est lu tout seul. L’intrigue n’est en rien simpliste et elle réservera des surprises à tout le monde. Et puis, avec la ville de Chicago dans les personnages et en décor, cela ajoute du piquant à l’enquête. Du poisseux aussi, nous sommes tout de même dans la ville du crime.

Si pendant la prohibition, il y avait du danger d’avoir de l’alcool frelaté et de finir à l’hôpital, avec des blessures graves (y’a des clients qui devenaient aveugles), vous ne prendrez aucun risque à lire ce roman noir aux accents de jazz. Que du contraire, vous pourriez même apprécier le voyage… Comme moi.

Et avoir envie de chanter : ♪ Armstrong, je ne suis pas noir ♫ Je suis blanc de peau ♪ Quand on veut chanter l’espoir ♫ Quel manque de pot… ♪ (Nougaro – Armstrong ©).

PS : L’auteur a écrit 4 romans avec ce duo de personnages (3 traduits en V.F). Il s’agit en fait d’une série de quatre ouvrages qui retracent l’histoire du jazz et de la mafia pendant cinquante ans au XXe siècle. Selon un procédé inspiré par l’Oulipo, chacune des quatre parties présente une ville, une décennie, un morceau, une saison, un thème et des conditions météorologiques différentes. Le troisième roman sera situé dans les années 1940, à New York et à l’automne.

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°028], Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023, Le Challenge « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et « Pavés de l’été » chez La Petite Liste. 

Un seul parmi les vivants : Jon Sealy

Titre : Un seul parmi les vivants

Auteur : Jon Sealy
Éditions : Albin Michel Terres d’Amérique (2017) / 10/18 (2019)
Édition Originale : The whiskey baron (2014)
Traduction : Michel Lederer

Résumé :
Caroline du Sud, 1932. Par un soir d’été caniculaire, le vieux shérif Furman Chambers est tiré de son sommeil par un coup de téléphone : deux hommes ont été froidement abattus à la sortie d’une ancienne auberge qui sert désormais de couverture au trafic d’alcool de Larthan Tull, le « magnat du bourbon ».

Quand Chambers arrive sur les lieux, le nom du coupable circule déjà : Mary Jane Hopewell, un vétéran de la Grande Guerre, qui vit en marge de la société. Mais le shérif décide de mener l’enquête et se retrouve plongé dans une spirale de violence qui va bouleverser le destin de personnages inoubliables.

Critique :
1932, Caroline du Sud. La Grande Dépression est passée par là et la prohibition aussi. Alors, certains boivent pour oublier et d’autres produisent du bourbon de contrebande pour se faire des couilles en or.

Petites infos historiques, pour se coucher moins bête : le bourbon est fabriqué à partir de maïs alors que les autres whiskies sont conçus à partir d’autres céréales telles que l’orge, le seigle ou le blé. Et apparemment, le bourbon est aux États-Unis ce que le scotch est à l’Écosse.

Pas facile de distiller du bourbon sans se faire prendre. Certains ont essayé, ils ont eu des problèmes… Mais dans notre petite bourgade miséreuse, remplie de pauvres gens bossant dans les usines ou trimant sur leurs terres, l’un d’eux a une couverture géniale : il fabrique du soda ! C’est génial, la distillerie de bourbon est camouflée par le soda, tout comme les commandes d’ingrédients : maïs et sucre.

Le point de départ de ce roman noir qui parle de prohibition, c’est deux personnes assassinées par Mary Jane Hopewell, un vétéran de la Grande Guerre. Oui, Mary Jane est un homme, ce n’est pas son nom, mais son surnom.

Problème : personne ne croit que c’est lui, le chérif Chambers en premier. Il est vieux, ne pense qu’à sa pension et à siroter du bourbon de contrebande dans son bureau. No stress… Oui, mais, les hommes en noirs viennent de débarquer pour enquêter !

Ce roman noir est un roman social qui parle de l’Amérique blanche, celle d’en bas, celle qui travaille, qui peine, qui trime et qui a du mal à joindre les deux bouts. Comme la majorité sont pauvres, personne ne se rend compte qu’il est dans la dèche. Le seul qui a des thunes, c’est Larthan Tull, le « magnat du bourbon ».

Ceci n’est pas un thriller qui va à fond la caisse ! Tout le monde va à pied, hormis les livreurs de bourbon et les flics. C’est plus une partie de cache-cache que de 24h chrono. À pied, on va moins vite !

Le plus important, ce sont les ambiances : noires, sombres, sordides, parce que l’on se doute que à un moment, ça va exploser entre le magnat et celui qui a tenté de le doubler… Ou entre lui et le jeune garçon qui aime sa fille.

On ne sait pas où ça va péter, mais on sait que ce sera terrible. Effectivement, ce sera terrible et violent. L’autre chose importante, ce sont les portraits des personnages, tous bien esquissés, réalistes, profonds. Une belle galerie de personnages !

Un roman noir qui prend son temps, qui soigne ses personnages, ses ambiances, qui n’hésite pas à servir de l’alcool, dans des bocaux et à nous faire comprendre que les fermiers du coin gagent plus à vendre leur maïs au bootlegger (contrebandier d’alcool, pendant la prohibition) qu’à la coopérative des céréales. Un comble !

Un roman noir profond qui redonne vie à la prohibition, à la Grande Dépression et à un morceau des États-Unis à cette époque. Un roman noir qui possède une belle intensité dramatique.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°026] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

O’Boys – Intégrale Couleur : Steve Cuzor et Philippe Thirault

Titre : O’Boys – Intégrale (Le sang du Mississippi / Deux chats gais sur un train brûlant / Midnight Crossroad)

Scénariste : Philippe Thirault
Dessinateur : Steve Cuzor

Édition : Dargaud

Résumé :
Philippe Thirault, Stephan Colman et Steve Cuzor signent avec cette série une magnifique évocation de l’Amérique des années 1930, sur fond de racisme et de blues…

Cette intégrale d’O’Boys réunit les trois épisodes de l’histoire deux jeunes gens qui, ensemble, vont accomplir un fabuleux périple qui deviendra un véritable apprentissage de la vie…

Un récit puissant qui restitue l’ambiance dans le sud des États-Unis des années 1930 : l’univers de Mark Twain, John Steinbeck ou Jack London. Une Amérique sur fond de blues et de racisme…

Critique :
Cette série fut d’abord éditée en trois tomes, que je viens de lire. Afin de ne pas faire trois chroniques, je n’en ferai qu’une seule et ce sera avec l’intégrale.

Me voici, une fois de plus, dans l’Amérique sudiste des années 30 : la raciste, la ségrégationniste (le Nord ne vaut pas mieux), celle des hobos, de la crise de 29, de la violence, du chômage, de l’exil… Bienvenue au Mississipi !

Cette série met en scène un jeune garçon nommé Huck Finn et son frère, Tom… Heu, attendez un peu, là ! Ce sont les personnages emblématiques des romans de Mark Twain !

En fat, ces bédés, sont une sorte de réécriture plus moderne des aventures de Huckberry Finn, qui, dans le roman, s’enfuyait sur un radeau, en compagnie d’un esclave Noir. Dans ce récit, nous sommes dans les années 30 et c’est un terreau fertile pour développer un magnifique récit, fait de sang, de violence, de racisme et de musique.

J’ai vite oublié le roman original, tant cette bédé était riche, scénaristiquement et historiquement parlant. Sans compter les dessins, très bien faits, détaillés.

Huck a une bouille sympathique, même si son personnage n’appelle pas à la sympathie, ni à la compassion, malgré les malheurs qui le frappe. Élevé à la dure, il ferait n’importe quoi pour continuer sa vie de bohème, c’est un égoïste, même s’il évoluera au fil des trois albums.

Dans ces bédés, on y retrouve tous les ingrédients des années 30, avec les Noirs, toujours victimes de la ségrégation, qui jouent de la musique dans des bouges infâmes, avec les hobos qui voyagent clandestinement sur les trains, la misère, le chômage,…

Ce récit, c’est un voyage dans l’Amérique, sans payer son billet de train, mais attention, c’est un voyage violent : il y aura des morts, des accidents, et pas toujours de la solidarité entre les clandestins. N’oublions pas que Huck voyage avec Charley, un Noir et que ce n’est pas bien vu. Comme il n’est pas bien vu, dans les bouges Noirs, qu’un jeune Blanc y fasse son entrée.

Anybref, O’Boys n’est pas pour les enfants (évitez de laisser trainer, on aura une tête coupée et du sang), mais c’est parfait pour les adultes (sauf les trop sensibles).

C’est l’histoire d’un road movie initiatique totalement fou, mais réaliste, et qui permettra aux auteurs de nous parler de cette Amérique des années 30 où il fallait traverser tout le pays pour espérer trouver du boulot (maintenant, faut juste traverser la rue, c’est plus cool – ironie), une Amérique où les inégalités étaient importantes (zut, elles le sont toujours), le racisme omniprésent (décidemment, rien ne change), le tout sur le son des guitares et des chansons de blues.

De la grande bédé !

♫ Il y a longtemps sur des guitaresDes mains noires lui donnaient le jourPour chanter les peines et les espoirsPour chanter Dieu et puis l’amourLa musique vivraTant que vivra le blues ♪

(La Musique que j’aime – Johnny Hallyday)

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°173].

Balles perdues : Matz, Jef et Walter Hill

Titre : Balles perdues

Scénariste : Matz
Dessinateur : Jef
Adapté de : Walter Hill

Édition : Rue de Sèvres (2015)

Résumé :
1931. Arizona, période la Prohibition. Roy Nash sort de prison, à laquelle il était condamné à perpétuité.

Pour payer la dette de sa libération envers le boss de Chicago, Roy est à la poursuite de trois braqueurs qui ont filé avec le magot sans partager. L’un a de plus embarqué Lena, l’ex de Roy, dans l’aventure.

Roy parcourt les speakeasy et les bas-fonds de Los Angeles à la recherche des fuyards, fâche les mafieux locaux, un détective verreux et ses propres patrons…

De la vengeance, du magot ou de Lena, quel sera le vrai moteur de la quête de Roy ? Et surtout, comment survivre au milieu de ces gangsters à la gâchette facile ?

Critique :
Arizona 1932… Le désert, un trou paumé de chez paumé. Un homme descend de la voiture. Gros plan sur lui, sur la voiture, sur son chauffeur, un balafré.

Pas un mot durant plusieurs cases où notre homme, qui se nomme Roy Nash, commande un whisky au bar, en pleine prohibition. Déposant un billet sur le comptoir, on lui sert son verre.

Roy est un tueur, il a une gueule de tueur.

D’ailleurs, les dessins réalisés par Jeff n’étaient pas toujours de qualité égale.

Il y a des gros plans magnifiques et aussi des merdiques, où l’œil d’un personnage bouffe les cerises pendant que l’autre crache les noyaux. Dans une case, le personnage du policier avait un certain cousinage avec une trogne digne des Guignols de l’info.

Et je ne vous parle même pas des bouches, qui, de temps en temps, se tordent, donnant un rictus affreux aux personnages, les rendant moche, défigurés. Par contre, j’ai apprécié les tons sépias, même si cela donnait l’impression que les mecs portaient du rouge à lèvre.

Dommage pour les visages, parce que les décors et les bagnoles étaient des plus réussis.

Le scénario est classique : trois hommes ont réalisé un hold-up, empruntant de l’argent à un mec de la pègre, ainsi qu’un chauffeur et ensuite, on retrouve la bagnole vide, le chauffeur abattu et le fric envolé.

Non, pas de surprises au rendez-vous, juste un polar noir musclé, rythmé, sanglant, avec des femmes superbes qui se baladent les nichons à l’air (et la touffe aussi).

Du polar noir dans toute sa splendeur, un hard-boiled de derrière les fagots, réunissant tous les ingrédients du genre : des truands, des trafics, un bar Noir, les années 30, la prohibition, les filles faciles, des femmes fatales, les balles qui sifflent, les contrats sur les têtes, des chaussures de béton, un tueur à gage, des trahisons, des mitraillettes, des chapeaux, de l’amour…

Les cadrages de cette bédé étaient très bien fait, donnant l’impression de regarder un film. Normal, on apprend à la fin que Walter Hil, crédité dans cette bédé, est un réalisateur et scénariste de Hollywood et que cette bédé, au départ, c’était un scénario pour un film.

Et comme dans les films, des gars tirant avec des mitraillettes arrivent encore à louper le mec en face d’eux, qui lui, uniquement pourvu de flingues, arrivent à les dessouder !

Roy, c’est Lucky Luke version salopard.

Rien de nouveau sous le soleil avec ce scénario, mais au moins, il va à l’essentiel et nous plonge dans le monde de la pègre dans les années 30. Efficace et distrayant.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°51] et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Harlem : Mikaël

Titre : Harlem

Scénariste : Mikaël
Dessinateur : Mikaël

Édition : Dargaud (21/01/2022)

Résumé :
Harlem, 1931. Au cœur de la Grande Dépression, l’inventivité est mère de sureté pour joindre les deux bouts. Stéphanie St. Clair, dite Queenie, l’avait déjà bien compris en débarquant à New York il y a maintenant presque vingt ans. L’inventivité quand on est une femme et que l’on est noire, c’est bien plus qu’une nécessité. C’est une question de survie.

En quelques années, cette jeune servante antillaise immigrée s’est affranchie du poids de la servitude ancestrale. Mieux encore, elle a créé son propre rêve américain : la loterie clandestine d’Harlem.

Une ascension qui fait grincer des dents, tant du côté des autorités locales que de la mafia blanche. Dutch Schultz, dit le Hollandais, un mafieux sans scrupule, compte bien faire main basse sur le royaume de la « Frenchy ».

Mais c’est sans compter la détermination et l’impétuosité de Queenie, dont le lourd passé continue de guider les pas… Après Giant et Bootblack, Mikaël nous emmène dans le Harlem de la prohibition pour un nouveau diptyque new-yorkais en clair-obscur, à la rencontre d’une femme aussi forte qu’énigmatique.

Critique :
Harlem, 1931. En ce temps-là, en plus de la Grande Dépression et de la prohibition, règne la ségrégation raciale.

Quennie est une femme, Noire, une frenchie (Martinique) et elle a réussi dans la vie grâce à la loterie clandestine, ce qui fait grincer bien des dents à la mafia Blanche qui veut que soit Queenie travaille pour elle, soit qu’elle cède son territoire.

En plus d’avoir le Hollandais Dutch Schultz, mafiosi notoire, elle doit aussi se farcir la police, intégralement Blanche (les quelques Afro-américains qui la composent doivent se taire et obéir), qui n’aime pas qu’une « négresse » (comme ils disent) ait du pouvoir, de l’argent, de la répartie… Bref, elle dérange !

Stéphanie Saint. Clair, dite Quennie. Voilà une héroïne comme je les aime : déterminée, qui n’a pas froid aux yeux, dont les répliques fusent, sarcastiques, possédant du courage,… Ce n’est pas un ange, mais pas une démone non plus. Si son entreprise de loterie est illicite, que dire des mafias qui graissent les pattes des politiciens et ne sont jamais emmerdées ?

L’ambiance Harlem est bien rendue par les graphismes aux couleurs sombres, chaudes et fort détaillées. Certaines cases sont sans phylactères, les dessins se concentrant, à ce moment-là, sur des détails précis, des ambiances, des expressions, des flash-back, ménageant des pauses avant que le récit ne reprenne de plus belle ou nous offrant des éclairages sur le passage de Quennie.

Là, les couleurs s’absentent et l’on passe à un noir et blanc du plus bel effet, avec juste des touches de jaune. Ils datent de 1914 puisque sur la une d’un journal, on peut lire qu’un étudiant serbe a assassiné l’archiduc.

Dans cet album, envoûtant, c’est le rêve américain qui se trouve à portée de tout le monde : des miséreux parce qu’ils peuvent gagner à la loterie clandestine, les coursiers qui prennent les paris, parce qu’ils bossent pour Quennie, une partie de Harlem aussi puisqu’elle bosse pour cette même Quennie et pour les mafieux qui jouent avec l’alcool de contrebande avant de penser à la reconversion vers un autre produit bien plus dangereux.

Tout le monde peut réussir, s’il s’en donne la peine et s’il franchi la ligne blanche de la légalité. Attention aux jaloux, seulement.

#Harlem #NetGalleyFrance

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°112] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 64 pages).

La main de Dieu – Tome 3 – L’usurpateur : Marc Védrines

Titre : La main de Dieu – Tome 3 – L’usurpateur

Scénariste : Marc Védrines
Dessinateur : Marc Védrines

Édition : Glénat Grafica (2015)

Résumé :
La saga de l’homme le plus détesté et le plus admiré des États-Unis Alors qu’il est devenu l’homme le plus puissant des États-Unis, J. Edgar Hoover voit soudain sa souveraineté menacée…

Fraichement élu président, le jeune et fringant John Fitzgerald Kennedy espère bien mettre un terme à l’autorité despotique de Hoover, à la tête du FBI depuis près de 40 ans ! Mais ce dernier dispose de suffisamment d’informations compromettantes sur son adversaire pour se couvrir.

Un véritable jeu d’échecs s’engage entre la dynastie Kennedy et le président du Bureau. Tout comme Nixon après eux, ils essaieront de se débarrasser de Hoover sans y parvenir.

Car on ne licencie pas Dieu.Issue de deux ans de recherche, sur tous les ouvrages publiés sur le FBI et Hoover, Marc Védrines conclut une oeuvre unique en son genre.

La Main de Dieu raconte en trois tomes les secrets qui auraient dû ruiner la carrière et la vie de Hoover.

Critique :
Et bien voilà un vieux mystère de résolu ! Je connais maintenant les commanditaires de l’assassinat de JFK, les positions des tueurs, les magouilles pour étouffer l’affaire et faire porter le chapeau à Oswald.

Il ne me reste plus qu’à connaître l’identité de Jack The Ripper, de savoir si Marilyn, Clo-Clo, Mike Brant se sont suicidés, ont été assassinés ou juste victime d’un soucis électrique et je saurai tout sur tout !

Ce dernier tome continue d’explorer les placards à squelettes de Hoover, de l’Amérique, de ses présidents, des mafiosi et autres personnes possédant le pouvoir…

C’est en fouillant les placards de Hoover que l’on trouvera les casseroles attachées au cul des autres, bien entendu, tout en sachant que le Hoover n’est jamais sortit du placard, lui. Le directeur du FBI exigeait une vie irréprochable pour ses agents, mais lui participait à des partouzes entre hommes, déguisé en femme !

Chacun fait ce qu’il veut, mais au rayon de l’hypocrisie, Hoover avait tout raflé !

Mon seul bémol sera pour les dessins de JFK ! Sa tête ressemble à celle d’un frère Bogdanov ! On est loin de la gueule de play-boy des piscines de la réalité. Quant à son frère Bob, il n’est pas très bien réussi non plus…

 

 

Résumer en trois albums 40 ans du règne d’Hoover n’est pas chose facile, il faut aller à l’essentiel, équilibrer le portrait aussi, le montrer tel qu’il était vraiment, ce qui n’est pas flatteur, vous le conviendrez. JFK n’en sors pas grandi non plus.

JFK voulait se débarrasser de Hoover, comme d’autres présidents avant lui, mais l’histoire l’a rattrapé à Dallas (no spolier), quant à Nixon, l’histoire le chopera plus loin. Tout le monde n’était pas le roi de l’écoute comme Hoover… Mais même Hoover a été rattrapé un matin par la Faucheuse. Il n’y avait qu’elle pour en venir à bout.

C’est une série très instructive, documentée, qui nous explique l’envers des décors de l’Amérique et ces 40 années où un pouvoir immense fut concentré dans les mains d’un seul homme… Hoover avait le pouvoir d’un Dieu et il ne s’est pas privé pour en user et abuser, ce vieux salaud.

Gardons à l’esprit qu’il n’était pas le seul salaud de l’Histoire, qu’il y en a eu beaucoup avant lui et tout plein après lui.

Une saga dont j’avais apprécié la qualité scénaristique à l’époque et qui passe sans soucis l’épreuve de la relecture, rafraichissant ma mémoire par la même occasion.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°43] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages).

La main de Dieu (L’histoire secrète du FBI‭)‬ – Tome‭ ‬2‭ ‬-‭ ‬Promotion gangsters :‭ ‬Marc Védrines

Titre : La main de Dieu (L’histoire secrète du FBI‭)‬ – Tome‭ ‬2‭ ‬-‭ ‬Promotion gangsters

Scénariste : Marc Védrines
Dessinateur : Marc Védrines

Édition : Glénat Grafica (2014)

Résumé :
La saga de l’homme le plus détesté et le plus admiré des États-Unis Pendant trois ans, John Edgar Hoover n’a cessé de déployer toutes les ruses et les manœuvres politiques pour accéder au poste tant convoité de Directeur du F.B.I.

Ce deuxième tome illustre un tournant dans l’histoire du bureau et de la vie intime de son patron. Comment des agents inexpérimentés vont-ils rivaliser avec des gangsters à la gâchette facile tels que John Dillinger et le clan Barker ?

Quel stratagème Hoover va-t-il utiliser cette fois-ci pour asseoir définitivement son autorité ? Ses agents seront-ils à la hauteur de sa vision pour le bureau ? Sauront-ils le satisfaire ?

Enlèvement du fils de Charles Lindbergh, guerre des médias, lutte ouverte avec la police de New York, manipulations politiques, pressions en tous genres, Hoover montrera une fois encore tous ses talents de grand homme de l’ombre assoiffé de pouvoir, fût-ce au prix de l’illégalité.

Issu de deux ans de recherche, sur tous les ouvrages publier sur le F.B.I. et Hoover, Marc Védrines réalise une œuvre unique en son genre.

La Main de Dieu raconte en trois tomes les secrets qui auraient dû ruiner la carrière et la vie de Hoover, altérant à jamais l’image qu’il voulait donner du F.B.I. et de ses trois lettres qu’il désirait voir résonner comme : « Fidélité, Bravoure et Intégrité ».

Le dernier opus nous amènera dans les méandres de la dynastie Kennedy pour se conclure sous l’ère Nixon : autant de présidents qui voudront se débarrasser de Hoover sans y parvenir. Car on ne licencie pas Dieu.

Critique :
Ce n’est pas avec cet album que Hoover va remonter dans l’estime des gens ! Son portrait n’est pas flatteur mais il est réaliste.

L’auteur s’est bien documenté et c’est tout un pan de l’Histoire Américaine que l’on va explorer dans ce deuxième album, notamment avec les braquages de banques (Dillinger, Bonnie and Clyde, Barker) et l’enlèvement du petit Lindbergh, dont on connait l’issue tragique.

Le B.O.I, qui n’est pas encore devenu le F.B.I, a déjà bien étendu sa toile, notamment avec la création d’une police scientifique.

Malgré tout, les agents ne peuvent être armés, ni arrêter eux-mêmes les gens et ne peuvent intervenir dans ce qui n’est pas considéré comme crime fédéral, comme un enlèvement. L’affaire Lindbergh sera un véritable tremplin pour Hoover…

Un deuxième tome qui continue d’explorer la face sombre de Edgar Hoover, ses petits secrets, ses petites magouilles faites pour servir sa légende, sans oublier l’exploration de la face sombre de l’Amérique avec ses braqueurs de banque et la traque de l’ennemi public N°1, Dillinger.

Un album très instructif que j’ai pris plaisir à relire. Et maintenant, on sait qui est derrière le groupe qui enlève des personnes qui ont côtoyées Hoover et qui les interroge afin de tout savoir sur l’homme à la tête du F.B.I…

L’album se termine sur la promesse d’une révélation de la force d’une bombe… Vite, le suivant !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°29] Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages).

 

La main de Dieu‭ ‬(L’histoire secrète du FBI‭)‬ – Tome‭ ‬1‭ ‬-‭ ‬La peur rouge :‭ ‬Marc Védrines

Titre : La main de Dieu‭ ‬(L’histoire secrète du FBI‭)‬ – Tome‭ ‬1‭ ‬-‭ ‬La peur rouge

Scénariste : Marc Védrines
Dessinateur : Marc Védrines

Édition : Glénat (2012)

Résumé :
L’histoire commence en 1971. Depuis près de 50 ans, le directeur du F.B.I. est en place, et ce grâce aux rumeurs qu’il a engrangées dans ses fameux dossiers secrets. 50 ans de règne, 50 ans de vie de l’Amérique…

Pour ses nombreux ennemis, c’en est trop : l’heure est venue de se débarrasser de lui.

Une mystérieuse organisation décide ainsi de l’éliminer. Mais le risque est finalement jugé trop élevé. Les commanditaires ont alors une meilleure idée : employer la propre méthode d’Hoover, le discrédit, pour enfin l’obliger à partir.

C’est ainsi que s’engage une quête effrénée pour trouver les informations que personne n’a jusqu’ici réussi à rassembler sur ce personnage mystérieux et sombre. Mais arriveront-ils à trouver la faille ?

Critique :
Cela faisait longtemps que j’avais lu cette série. Ne me souvenant plus de rien, je l’ai relue en entier.

J’avais même réussi à oublier que je n’étais pas fan du graphisme et que j’avais déjà trouvé, à l’époque, que les personnages étaient tous un peu trop raide dans leur manière de se tenir, de bouger.

Les dessins manquaient de fluidité et cela nuisait au réalisme des mouvements.

J. Edgar Hoover ne se mouchait pas du coude. Il se disait le garant de la morale et dans l’intimité, il portait les vêtements de sa mère (on en a envoyé en consultation pour moins que ça), il en avait sur les homosexuels, les traitant de déviants, alors que lui même avait une relation homo avec son adjoint et en plus, c’était un grand parano qui espionnait tout le monde et collectionnait tout ce qu’il apprenait sur la vie des autres (Wiki avant l’heure).

Raciste, anticommuniste, bourré d’ambition, perfectionniste au possible (et à l’exagéré), Hoover était le genre d’homme que je n’aurais pas aimé connaître. Lui non plus, sans doute, étant donné que je suis une femme… Il n’aimait que sa mère avec laquelle il avait une relation de « petit garçon à sa môman ».

Franck Baughman, ancien copain de Hoover, va nous parler de lui. Il fut son premier collaborateur et à vu son ascension fulgurante, passant de simple archiviste à dirigeant de la sous-division du Bureau d’Investigation, qui deviendra plus tard, le célèbre F.B.I où Hoover sera le tout puissant directeur.

Hoover n’y est pas arrivé du jour au lendemain, mais progressivement, à coups de mensonges, de ruses, d’utilisation de l’actualité, de chantage, poussant les autres à abonder dans son sens avec les communistes qui étaient tous, pour lui, des anarchistes et des terroristes.

Cet album est glaçant. Hoover n’était pas un saint, nous le savions déjà, mais là, on le voit sous un jour encore plus sombre que ce que nous savions déjà.

Quant à la corruption dans la police ou au sein du Bureau d’Investigation, elle est monnaie courante et l’époque de la prohibition permet de s’enrichir encore plus au détriment des autres.

On pourrait reprocher à cette bédé un manque de rythme, de suspense. Normal, le but n’est pas de faire monter l’adrénaline des lecteur avec un récit où l’on court partout comme des poulets sans têtes, mais de nous montrer le côté obscur de la Force, le côté sombre de Hoover.

Sa montée en puissance s’est faite en écrasant des gens, bien souvent des petites gens, arrêtées sans raison, juste parce que ces personnes étaient originaires de Russie et que le parano d’Hoover voyait des communistes partout et que pour arriver à les chasser, il se torchait avec les Lois et la Constitution, bafouant les droits des autres.

Ça m’a fait du bien de relire ce premier tome, il remet les souvenirs en place.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°25] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages).