Les sentiers de la perdition – 01 : Max Allan Collins et Richard Piers Rayner

Titre : Les sentiers de la perdition – 01

Scénariste : Max Allan Collins
Dessinateur : Richard Piers Rayner

Édition : Delcourt – Contrebande (2002)
Édition Originale : Road to perdition (1998)
Traduction : /

Résumé :
« Michael O’Sullivan, alias l’Ange de la mort, est entré de son vivant dans la légende du crime organisé.

Jamais un « soldat » n’avait été aussi loyal. Jamais un exécuteur n’avait été aussi efficace. Jamais un homme, victime d’une odieuse trahison, ne s’était montré aussi déterminé à aller au bout de sa vengeance. »

Cette Bd est le récit du fils de Michael O’Sullivan, il explique comment était son père, et son histoire. Lors de l’un de ses rendez-vous, son fils assiste à un carnage.

Il découvre alors, le genre de travail de son père, malheureusement vu par les « collègues » de son père, il éveille la méfiance et la colère de ces malfrats.

Critique :
La curiosité est un très vilain défaut et un jeune gamin va en faire l’amère expérience en suivant, en stoemelings (en cachette), son père, tueur pour John Looney, le boss de la pègre locale.

Le gamin ne savait pas ce que faisait son père, il ne pensait pas à mal, mais le voilà témoin d’un règlement de compte que commet Conner Looney, le fils du boss.

Ce qu’il se passe après sera la conséquence de la méfiance de Conner pour ce témoin court sur pattes, même si son père se portera garant pour lui.

Ce comics se dévore avec des pauses, tant il est sombre, noir, violent et qu’il fait tout de même plus de 200 pages ! Croyez-moi, les chemins de la perdition, vous allez les prendre tous avec Michael O’Sullivan, qui va y entraîner son gamin, parce qu’il n’a pas le choix, parce qu’il faut se venger, parce qu’il faut frapper là où ça fait le plus mal à la pègre.

Ah oui, petite précision, nous sommes en 1930, en pleine période faste de la prohibition, la Grande Dépression étant aussi passée par-là et toujours bien présente. L’avantage, c’est qu’il est plus facile d’entrer en clandestinité à cette époque-là, puisque pas de GPS pour vous pister, pas de carte bancaire, pas d’internet…

Dans des tons tout en noir et blanc, ce comics intrigue de par ses dessins, assez sombre, pas toujours très détaillés (parfois, j’ai hésité pour des visages), alors que d’autres semblent avoir été fait sur images réelles, comme avec les villes.

Nous sommes dans une histoire de vengeance, classique, basique, mais au moins, l’auteur a évité le manichéisme. Michael O’Sullivan, alias l’Ange de la mort, n’est pas un enfant de choeur, il sait ce qu’il fait et les cadavres vont se ramasser à la pelle.

Dans ce comics, c’est le crime organisé, la pègre, qui est mise en avant, sous les projecteurs et John Patrick Looney est un gangster qui a réellement existé. Mélangeant la fiction avec la réalité, l’auteur nous montre aussi une relation père-fils, même si le père entraînera son fils sur ces fameux sentiers de la perdition.

Un comics à découvrir, car il met en scène une vengeance bien huilée : celle d’un homme qui connaît les rouages de la pègre et qui sait comment les toucher là où ça fait le plus mal : le fric ! Le suspense est maitrisé, les tensions sont à leur comble et on a envie de savoir comment tout cela va se terminer… Mal, on s’en doute bien…

PS : Les deux autres tomes qui suivent (02 – Sur la route / 03 – Retour à perdition) ne sont pas une suite. Le tome 2 est composé de plusieurs épisodes qui s’intercalent dans le récit du premier tome, durant leur cavale. Il n’est pas mal, mais ne vaut pas le premier. Il permet, par contre, d’éclairer un peu plus le personnage de l’Ange de la mort (Michael O’Sullivan). Par contre, le tome 3 concerne le petit-fils de Michael O’Sullivan et pour moi, il est à oublier (dessins affreux, récit factuel, aucune émotions dans le personnage). Ils ne feront pas l’objet d’une critique.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°115],  Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°27 et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°07).

Lucky Luke (Vu par…) – Tome 03 – Les Indomptés : Blutch

Titre : Lucky Luke (Vu par…) – Tome 03 – Les Indomptés

Scénariste : Blutch
Dessinateur : Blutch

Édition : Lucky Comics (01/12/2023)

Résumé :
Pour Lucky Luke, c’est le repos. Une dernière mission et enfin le calme… C’est du moins ce qu’il croit, avant qu’une petite fille au caractère bien trempé ne le menace d’une arme en criant « Les bras en l’air, coyote ! » !

Lucky Luke reprend vite la situation en main et découvre que cette petite fille, Rose, vit seule avec son frère, Casper, dans une cabane isolée, leurs parents ayant disparu. Lucky Luke décide de les ramener au shérif, en ville…

Mais il réalise vite qu’il devra, jusque-là, jouer à « la nounou » avec ces enfants particulièrement turbulents ! Un rôle totalement inattendu pour lui…

Critique :
Reprendre les personnages d’un auteur n’est pas toujours chose aisée, ni toujours bien reçue.

Pourtant, je suis contente que certains personnages de la littérature ne soient pas « morts » avec leurs parents littéraires.

C’est donc avec plaisir que je continue de suivre les aventures de Lucky Luke, Gaston, Astérix, et autres.

Après, certains albums étaient médiocres, pas à la hauteur, j’ai été souvent déçue, mais ça ne change rien à mon envie de continuer de les lire.

Dans ce nouvel album, l’homme qui tire plus vite que son ombre et qui fait des trous dans les palissades, se retrouve à jouer les nounous pour Rose et Casper, deux chenapans dont on se demande si on ne va pas en prendre un pour taper sur l’autre, tant l’un et l’autre sont insupportables, pire que Billy The Kid !

Rose est une petite fille exaspérante, qui manie les armes à feu, qui crie fort, qui n’en fait qu’à sa tête, quant à Casper, son frère, il a l’air de ne pas avoir toutes ses balles dans le barillet. Leur frère aîné, lui, est en prison, leur père est mort en traversant le Rio Grande et la mère a disparu. Mais que font les services sociaux ?

Tous les ingrédients qui font un bon Lucky Luke sont réunis par Blutch, scénariste et dessinateur de ce nouveau récit du cow-boy (qui va être dépassé par ces deux gosses chiants) : Jolly Jumper et ses bons mots, des bandits, un shérif bordélique et lymphatique, des mystères, le fric de l’attaque de banque qui a disparu, un Indien, des chevauchées, des gens en colère, des danseuses de saloon, des armes à feu, des balles qui fusent, sans tuer personne, un Texas Ranger, de la justice expéditive et une enquête pour tirer tout ça au clair.

Si je ne suis pas fan des dessins de Blutch, cela ne m’a pas empêché de m’amuser avec ce nouvel album de Lucky Luke, de le voir perdre les pédales avec ces jeunes gosses indisciplinés, là où il n’aurait jamais perdu pied face à des desperados. Entre nous, je ne sais pas qui aurait pu s’en sortir avec ces deux petits monstres…

Un bon album, classique, comme je les aime (et ça fait du bien), où je retrouve mon cow-boy solitaire, loin de chez lui et dans une situation inhabituelle ! Une bonne idée.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°076] et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).

Les Dalton – Tomes 01 / 02 : Olivier Visonneau et Jesùs Alonso

Titre : Les Dalton – 01 – Le premier mort / 02 – Le dernier jour

Scénariste : Olivier Visonneau
Dessinateur : Jesùs Alonso

Édition : EP Media Wanted Collection (2016 / 2017)

Résumé :
Coffeyville, Kansas, est le théâtre du dernier braquage du gang des Dalton. Traqués par toutes les polices du pays, les trois frères décident de dévaliser simultanément les deux banques de la ville avant de fuir vers l’Argentine.

Le hold-up tourne court. Bob et Grattan sont cernés par les citoyens de Coffeyville armés jusqu’aux dents.

Emmet, le cadet, timide et introverti, assiste de loin au terrible guet-apens. Le poltron de la fratrie trouvera-t-il le courage de sauver ses frères du déluge de feu qui va s’abattre sur leur tête ?

Critique :
Tout le monde connaît les Dalton… Oui, mais, les connaissons-nous vraiment ?

Je veux dire, autrement que par Lucky Luke où les vrais Dalton (pas leurs cousins bêtes et méchants) avaient, eux aussi, les mêmes têtes  (voir l’album Hors-la-loi) ? Non, nous ne savons rien d’eux.

Les frères Dalton n’avaient pas la même tronche et de plus, ils ont commencé leur carrière au service de la loi : ils étaient marshall.

Le premier tome commence par l’attaque de la banque de Coffeyville, au Kansas (des fois que vous voudriez la braquer aussi) et nous retrouvons les frères Dalton en voleurs, des bandits de grands chemins. Après un cliffhanger, le récit fait un petit tour en arrière et nous présenter les frères, du temps où ils étaient d’honnêtes gens. Mal payés, payés au lance-pierre, mais honnêtes.

Problème, quand vous ne payez pas les gens correctement et qu’ils n’ont plus un sous vaillant en poche, il est tentant de se diriger du côté obscur de la Force afin de se remplir les poches.

Certes, cette bédé western s’est inspirée librement de la véritable histoire des frères Dalton, mais au moins, elle est plus réaliste que la version de Morris. Par contre, elle est moins drôle. Pas originale, parce que le scénario est ultra classique, mais elle est réaliste, sérieuse et bien loin de ce que nous pensions des frères Dalton.

Du côté des dessins, tout allait bien aussi, rien d’extraordinaire, mais de bons dessins, bien agréables à suivre.

Le second album est explosif, puisque l’on a des attaques, des coups de feu, des armes, des poursuites, des chevaux, bref, c’est un western tout ce qui a de plus classique et de plus conventionnel, et pourtant, ça marche toujours. Notamment grâce à l’ajout d’une femme qui va jouer les agent double, sans avoir froid aux yeux, ni même aux fesses.

Anybref, ces deux albums sont bons, pas exceptionnels, mais ils font leur job, divertir et cultiver, le tout avec des personnages ayant réellement existés. On pourrait même se surprendre à les apprécier, ces frères.

De plus, le final nous réservera quelque surprise. Alors, what’else ?

PS : ces deux albums existent aussi en intégrale.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°039] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Le bon, la brute, le truand : Joe Millard

Titre : Le bon, la brute, le truand

Auteur : Joe Millard
Édition : Gallimard Série noire (1969)
Édition Originale : The Good, the Bad, the Ugly (1967)
Traduction : Chantal Wourgaft

Résumé :
L’un connaissait le nom du cimetière où l’or avait été enterré. Le second connaissait le nom inscrit sur la tombe. Le troisième ne savait rien, mais il espérait bientôt tout savoir.

Autour d’eux des hommes mouraient par centaines, dans la plus implacable des guerres civiles.

L’or et tous ses démons assoupis savaient que personne ne voudrait partager.

Critique :
Hé oui, ce western spaghetti ultra connu existe aussi en roman, paru dans la mythique Série Noire ! Je signale que « Et pour quelques dollars de plus… » est du même auteur aussi.

Ces romans sont en fait les novélisations des films (ils n’existaient pas avant). Et je trouve que c’est une bonne idée, parce qu’un roman peut être plus détaillé qu’un film, plus explicite,…

Lors de mon premier visionnage de ce film western, je n’avais pas tout capté avec l’origine du trésor planqué dans le cimetière de Sad Hill.

Dans la novélisation, tout est bien plus clair, puisque l’histoire commence avec l’attaque du transport de fond des Confédérés par les Yankees. On assiste à la quasi extermination de l’escorte, des conducteurs du train de mules et c’est Jackson, un des garde, blessé mais vivant, qui arrive à stopper les mules après leur emballement, dans le cimetière et qu’il décide d’enterrer le magot dans une tombe…

Ben voilà, tout est clair ! On apprendra ensuite que le dénommé Jackson est lavé de tout soupçon dans la disparition du magot Confédérés (ces sales Yankees ont tout volé), les deux autres blessés n’ont rien vu et qu’il a changé ensuite son nom de Jackson en Bill Carson, afin de récupérer tranquillement son magot, sauf que le terrible Sentenza est sur sa piste…

Le roman est la copie conforme du film, hormis le premier chapitre, qui ouvre le roman et qui nous fait mieux comprendre tous les enjeux de ce trésor enterré (et qui devait servir à payer les soldats Confédérés).

L’avantage d’avoir vu le film, c’est que lors de la lecture, les images se forment sans devoir forcer sur l’imagination. Ce sont des pans entiers du film qui viennent dans notre esprit (pour peu qu’on l’ait vu et revu), les voix des acteurs jouent dans notre tête et le plaisir est décuplé.

Mais tout n’est pas exactement comme dans le film. Bon, il manque la musique, mais ça, on peut y remédier…

Dans la novélisation, il manque, lors de l’explosion du pont, le visage souriant de l’officier qui meurt en paix, sachant que ses hommes ne mourront plus pour ce maudit pont. Il manque aussi l’épisode où Blondin, à l’aide de son cigare, allume la mèche d’un canon pour envoyer un boulet sur Tuco, qui s’enfuyait au galop.

Mais les plus grosses différences sont dans le cimetière de Sad Hill où, dans le film, on voyait Tuco courir comme un poulet sans tête, dans le cimetière (et la musique magnifique  « The Ecstasy of Gold »), à la recherche de la tombe de Arch Stanton. Dans le roman, il cherche avec Blondin et Sentenza les surprend.

Et bien entendu, la scène du duel n’a rien à voir avec celle du film, qui est remplie de suspense, qui dure un bon moment, avec des gros plans sur les visages de nos trois tireurs, les mains qui se rapprochent des révolvers, et, bien entendu, la musique de Ennio Morricone derrière. Zut alors, dans le roman, la scène du duel est trop rapide et ne se joue qu’entre Blondin et Sentenza.

Par contre, Tuco est fidèle à lui-même dans le roman et le film ! Un peu crétin, prêt à vous jurer qu’il vous aime, que vous êtes son ami, après vous avoir agoni d’injures et avoir voulu vous planter le couteau dans le dos…

Anybref, ce western fait partie de mes films préférés, de ceux dont je ne me lasse jamais et le lire a été plus qu’un plaisir pour moi. Presque une jouissance !

Surtout quand on sait que ce roman est rare (comme l’autre du même auteur), qu’il peut atteindre des prix de fous sur le Net et qu’il faut une bonne dose de chance de pendu pour mettre la main dessus (le hasard fait souvent bien les choses). J’espère arriver à avoir la même chance pour « Et pour quelques dollars de plus… ».

— Le monde se divise en deux, fit Tuco en gloussant. Ceux qui ont une corde autour du cou, et ceux qui les en délivrent. (Il se frotta la gorge.) Mais n’oublie pas, señor, que ce cou est le mien. Les risques, c’est moi qui les prends ; toi, tu te contentes de tirer et de te tailler. La prochaine fois, il faudra augmenter ma part !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°036], Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Les serpents de la frontière – Milo Milodragovitch 03 : James Crumley

Titre : Les serpents de la frontière – Milo Milodragovitch 03

Auteur : James Crumley
Édition : Gallmeister (04/11/2021)
Édition Originale : Bordersnakes (1996)
Traduction : Jacques Mailhos

Résumé :
Milo demande à Sughrue de l’aider à rentrer en possession de son fabuleux héritage fauché par le banquier qui en avait la gestion, et Sughrue accepte à condition que Milo l’aide à démasquer la bande de Mexicains qui a mis un contrat sur sa tête.

Les deux héros parcours les États-Unis du nord au sud en abusant de tout et en portant sur les années 90 un regard imbibé et désabusé.

Ils ont vieilli, mais ce n’est pas vraiment ça qui les gêne car ils sont toujours aussi juvénilement dingues qu’au premier jour ; ce qui les ennuie vraiment c’est que leur monde vieillisse aussi.

Critique :
J’avais fait, il y a quelques années, la connaissance du détective privé Milo Milodragovitch (Fausse piste), puis, dans un autre roman de l’auteur, j’avais croisé la route de C.W Sughrue (Le dernier baiser).

Pris l’un sans l’autre, ce sont déjà des cas, des types qui boivent, qui reniflent de la poudre et qui avaient l’art d’aller se foutre dans des situations de malade.

Les deux réunis ensemble, cela risquait de faire des étincelles et d’écluser beaucoup.

Surtout que Milo veut retrouver le banquier véreux qui lui a piqué l’héritage auquel il a droit (et qu’il ne pouvait toucher qu’à 53 ans) et que Sughrue veut démasquer la bande de Mexicains qui a mis un contrat sur sa tête et se venger.

Alors oui, les débuts ont été épiques, drôles, amusants, on a vidé quelques verres, quelques shoot de tequila, on a dépensé le fric que Milo avait réussi à récupérer en vendant les biens mobiliers et immobiliers (le banquier n’avait pas su foutre le camp avec), on a tiré des balles vers des connards de bandits, on est parti à la dérive, le tout dans un road trip picaresque.

Mais bon, au bout d’un moment, on se lasse un peu… Leur enquêtes tournent en rond, on avance pas fort, on boit un peu de trop et le duo m’a semblé bancal, comme si les personnages étaient différents de ceux dont j’avais suivi les routes dans leurs romans respectifs. Surtout Sughrue, qui n’était plus le même…

J’ai eu l’impression, arrivé à la moitié du roman, que cela devenait poussif, comme si l’auteur en faisait trop, en rajoutait pour le plaisir d’en rajouter, mais sans que cela apporte quelque chose.

Entre Crumley et moi, le courant était bien passé, même si ses romans noirs sont spéciaux et ses personnages aussi. Je savais bien que je ne serais pas face à un récit trépident, mais plutôt face à un roman teinté d’ironie et de descriptions de la misère humaine, échouée dans les bars ou ailleurs.

Le roman réunissant ses deux personnages me tentait au plus haut point, surtout parce que je l’avais déniché dans sa nouvelle traduction, alors que les deux autres l’étaient dans des versions tronquées ou mauvaises (je ne jette pas la pierre aux traducteurs, hein).

Hélas, plusieurs fois, j’ai dû revenir en arrière pour comprendre qui faisait quoi. Leur enquête était complexe, certes, mais l’intrigue m’a semblé un peu embrouillée ! Et puis, toutes ces bitures, toutes ces snifettes de poudres diverses, à la fin, j’en avais ma claque. Au trois quart du roman, j’avais décroché et je sautais des pages.

Un roman noir très sombre, tout en étant très festif, vu le nombre de verres que tout le monde s’enfile (boire de l’alcool est dangereux pour la santé, les enfants !!).

Un roman noir avec peu d’action, mais beaucoup d’introspection et cela m’a saoulé aussi, bien qu’au départ, j’ai apprécié, puisque tous ces souvenirs, ces drames, ces traumatismes enfantins, familiaux, permettent de mieux comprendre Milo et Sughrue.

Mon road trip a été raté, avec les potes Milo et Sughrue. Dommage, parce que j’avais envie de l’apprécier et de me prendre un pied littéraire monumental en leur compagnie.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°92].

Chito Grant – Intégrale : Jean-Blaise Djian et David Etien

Titre : Chito Grant – Intégrale

Scénariste : Jean-Blaise Djian
Dessinateur : David Etien

Édition : EP Éditions (2017)

Résumé :
Le borgne Chito Grant a un vieux compte à régler avec la ville qui lui a enlevé son père adoptif, sa seule famille. Et ce n’est pas la pulpeuse Texas , la reine de cette ville, qui va l’impressionner.

Seulement, Grant ne se doute pas qu’en pénétrant sur les terres de cette femme richissime, c’est son passé qu’il va rencontrer.

Critique :
Le duo Djian et Etien, je le connais depuis que j’ai découvert la saga des Quatre De Baker Street, mais en ouvrant cette bédé western, je n’ai pas reconnu les dessins de Etien.

Le premier tome de Chito Grant date de 2004, celui des Quatre a été publié en 2009.

Il m’a fallu arriver au troisième (et dernier) tome composant cette intégrale pour retrouver les traits caractéristiques du dessinateur Etien.

Le départ avait mal commencé, j’ai détesté les dessins, heureusement que le scénario était à la hauteur. Puis, au fil des albums, le dessin a changé, les couleurs aussi et en lisant une intégrale, c’est plus flagrant qu’en patientant entre deux albums, notamment dans les visages, qui changent au fil des albums, rendant parfois difficile l’identification de certains personnages (le shérif change de couleur de cheveux en quelques cases).

Malgré les dessins qui ne m’ont pas plu, le scénario, bien que conventionnel, est bien cuisiné : un jeune homme arrive dans une ville où le shérif est aussi le tenancier du saloon. Le jeune homme est borgne et il se frite déjà avec le fils de Texas, LA femme qui tient tout le monde dans sa main, sous sa coupe. La Jupiter du coin.

Chito Grant est un personnage auquel on s’attache. Il y a des mystères dans son enfance, il y a des trucs louches dans la ville, dans le passé de son shérif, de sa patronne toute puissante et il faudra attendre le dernier album pour que tout les fils se touchent, donnant un beau feu d’artifice.

Un western conventionnel, qui respecte tous les codes, sauf celui des selles western… Pas de pommeau devant et rien de western dans les selles plates que j’ai vue dessinées sur les chevaux (qui n’étaient pas beaux, eux non plus). Heureusement que le dessin de Etien a évolué dans le bon sens.

Un western bourré de mystères, de suspense, de coups fourrés, de bandits, de recherche dans le passé de Chito, qui ne sait pas d’où il vient, sauf que son père n’était pas son père, mais celui qui l’avait trouvé, abandonné. Classique, en effet, mais les personnages sont bien faits et il est difficile de s’ennuyer dans ce western.

On a même une pointe d’humour lorsque plein d’étrangers arriveront en ville, rendant fou le shérif, qui, suspicieux, soupçonne des mauvais coups à tous les coins de rue, et vu qu’il est couard…

Une bonne intégrale western, que je ne connaissais pas, comme quoi, il y en a toujours à découvrir et là, ce fut une belle rencontre.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°74] et Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur.

West Legends – Tome 6 – Butch Cassidy & the wild bunch : Christophe Bec et Michel Suro

Titre : West Legends – Tome 6 – Butch Cassidy & the wild bunch

Scénariste : Christophe Bec
Dessinateur : Michel Suro

Édition : Soleil Productions (26/01/2022)

Résumé :
Le Wild Bunch de Cassidy terrorise la région depuis trop longtemps. Un avis de recherche avec une forte récompense de 3 500 $ a été posé sur la tête du malfrat, mort ou vif, ce qui attire bon nombre de chasseurs de primes.

Ce soir-là dans un relais, deux d’entre eux semblent être tombés sur une partie de la bande. Cassidy vit-il ses dernières heures ?

Critique :
Je n’avais pas aimé le film « La horde sauvage » et jamais été fan des films avec « Butch Cassidy et The Sundance Kid » (avec Paul Newman et Robert Redford), ce qui pourrait faire penser que cet album n’était pas pour moi.

Eh bien, détrompez-vous, malgré l’extrême violence de ce sixième tome, j’ai apprécié de chevaucher aux côtés de la bande de Butch Cassidy, le Wild Bunch (la horde sauvage).

Les dessins des visages sont bien fait, les décors aussi (même s’ils sont peu nombreux à être en grandes cases) et les couleurs chaleureuses.

Malgré mon évident plaisir devant cette nouvelle histoire, je ne me priverai pas pour souligner les petites choses qui auraient pu être améliorées, notamment dans le rythme de l’histoire.

On commence lentement, avec beaucoup de cases par page, beaucoup de dialogues, de détails. Très bien, c’est agréable, le scénariste prend le temps de nous immerger dans l’époque, les lieux, dans la bande et tout ce qui tourne autour (les shérifs, marshals,…), mais ensuite, une fois la course poursuite engagée, cela s’accélère et on manquera de détails sur la communauté dans la montagne.

Et quelques explications n’auraient pas été superflues. Même s’il est impossible d’expliquer pourquoi des gens peuvent tourner de la sorte (et s’y complaire), même avec un prédicateur fort à la tête de leur communauté, un chouia de modération aurait été appréciable, parce que là, ça tourne un peu trop au récit d’horreur et d’épouvante.

C’était exaltant, il y avait de l’action, du suspense, de l’adrénaline, mais une fois l’épisode terminé et le souffle retombé, on en vient à se demander s’il était nécessaire d’en arriver à cette extrémité.

Ce genre d’extrémités sont réelles, elles ont déjà eu lieu, mais bien souvent dans des circonstances bien précises et limitées dans le temps. J’ai dû mal à croire qu’autant de gens puissent continuer de telles pratiques et s’y vautrer dedans. Moi, là, je vire végan de suite.

Anybref (comme le disais une copinaute), cet album est bon, il sait tenir son lecteur (lectrice) en haleine, lui donner envie de se carapater de la montagne en hurlant après sa mère, il y a de quoi lire dans les phylactères, c’est l’aventure avec un super grand A, on a des femmes hors-la-loi qui n’ont pas froid aux yeux, de la chevauchée dynamique, mais il est à réserver à des adultes et je préciserai que certaines scènes pourraient heurter la sensibilité de certains. J’ai grimacé de dégoût, mais je n’ai pas fermé les yeux.

L’Ouest sauvage dans toute sa splendeur… violente !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°XX], Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur, Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 64 pages) et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Marshal Bass – Tome 6 – Los Lobos : Darko Macan et Igor Kordey

Titre : Marshal Bass – Tome 6 – Los Lobos

Scénariste : Darko Macan
Dessinateur : Igor Kordey

Édition : Delcourt (31/03/2021)

Résumé :
Lorsque Bass arrive à la Hacienda où Don Vega a recueilli sa famille, il réalise que le sauvage gang de Los Lobos occupe les lieux.

Leur chef, Joaquin, le frère de Don Vega, convoite même l’une des filles de Bass.

Alors que la cérémonie de mariage se profile, pas moyen de prédire qui sortira vivant de la bataille qui se prépare entre les bandits et la famille de Bass.

Critique :
Désolée, Los Lobos n’est pas le groupe de chanteurs à la mode qui a fait trémousser des gens sur un l’air entraînant de ♫ La Bamba ♪

Non, dans cet album, c’est un gang de bandits sans scrupules, qui en ont marre de leur liberté faite de jours sans manger, de nuits à la belle étoile, alors, ils décident d’aller crécher chez le frangin de leur chef, Don Vega (qui n’est pas apparenté à Zorro).

Pas de bol, c’est ce fameux Don Vega qui poursuivait de ses assiduités la femme de River Bass et c’est dans son hacienda qu’elle est partie vivre, emmenant toute sa marmaille, moins un fils assassiné, moins une fille de 15 ans presque mariée.

Une fois de plus, nous sommes dans un scénario violent. Oubliez le far-west de Lucky Luke, ici, le méchant n’hésitera pas une seconde à flinguer un gamin qui ne lui a rien fait et un gosse pourrait aussi égorger un homme… Il n’y a plus de jeunesse, ma bonne dame !

River Bass est un personnage étrange, on ne sait jamais trop de quel côté il va pencher. Il dit qu’il se fiche de sa femme (Bathsheba), il se trompe dans le nom de ses gosses, il n’est jamais là, mais il est prêt à tout pour défendre les siens et les siens aussi.

Mettant en avant la petite famille de Bass, ce tome ne fait pas dans la dentelle, tout en restant dans l’ultra classique : un homme qui tente de sauver sa famille des bandits assassins, sa famille qui tente de résister, le reste du personnel qui manque de courage pour résister.

Si le scénario est classique, les personnages qui composent la famille Bass le sont moins et ce sont eux qui poussent l’album vers le haut, ainsi que les dessins Igor Kordey. Ils sont spéciaux, j’ai dû m’habituer à eux, mais au moins, sous son crayon, les personnages ne sont pas statiques, comme dans d’autres bédés.

Les dessins sont vivants, l’action est bien rendue et les doubles pages sont toujours époustouflantes.

Les méchants sont des salopards, bien entendu, mais ils ont été travaillés, ils ont leur faiblesses, leurs blessures et l’un d’entre eux ne manquera pas de couilles, entre nous, face à la gamine de Bass, Ruth.

Un western noir (sans mauvais jeu de mot), violent, sans concession, ultra réaliste et tirant plus vers le Tarantino que le Tchoupi. Le far-west n’était pas le pays des Bisounours, que du contraire.

Malgré la violence et les situations dramatiques, la bédé ne devient jamais larmoyante, se permettant même quelques traits d’humour.

Un 6ème album qui continue dans la bonne lignée des premiers et des personnages que l’on continue de découvrir, qui n’ont pas fini de nous surprendre.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°005] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages).

Durango – Tome 18 – L’otage : Yves Swolfs et Giuseppe Ricciardi

Titre : Durango – Tome 18 – L’otage

Scénariste : Yves Swolfs
Dessinateur : Giuseppe Ricciardi
Édition : Soleil (17/11/2021)

Résumé :
Durango sauve deux américains poursuivis par des pistoléros mexicains, maîtresse et conseiller financier d’un homme fortuné, John Glazer qui gère ses investissements au Mexique depuis son hacienda de Tucson. Le fils de Glazer est retenu prisonnier par les guérilleros qui exigent une rançon pour sa libération. Glazer charge Durango de ramener son fils à Tucson.

Critique :
Durango fait partie de mes chouchous en matière de western, au même titre que Blueberry ou Undertaker. Après 5 ans de diète, le retrouver dans une aventure procure une joie immense.

La couverture, très belle, très attirante, avec un Durango aux yeux plissés, chevauchant, l’air déterminé, en compagnie de bandits mexicains, m’avait fait monter la température dans la librairie.

Hélas, j’attendais trop de mon Durango et il n’a pas été à la hauteur, que ce soit au niveau du scénario, très basique ou des dessins de Iko, à la ramasse pour cet album, alors que je les avais appréciés dans le tome 17.

Les couleurs manquaient de chaleur, alors que nous sommes au Mexique et j’ai trouvé les traits des visages un peu brouillons, surtout celui de Durango. La couverture a été composée par son père de toujours, Swolfs, mais les planches d’Iko n’ont pas été à la hauteur.

Le scénario est classique : des bandits mexicains, un trésor, un fils à papa enlevé et détenu en otage, le paiement d’une rançon et personne qui ne fait confiance à l’autre.

Ce qui me gêne le plus, ce n’est pas le côté conventionnel de l’histoire, mais la manière dont elle est racontée : sans piments, sans pep’s, sans ce qui faisait le sel d’un Durango de la première heure.

À voir si la suite de cet album m’offrira plus de profondeur, des surprises et des dessins un peu plus agréables que ceux que le dessinateur nous livre dans ce nouveau tome.

Swolfs se concentre sur les scénarios, mais déléguer les dessins à d’autres n’est pas toujours une riche idée. Les albums étaient plus soignés lorsque l’auteur assurait la totale, nous offrant alors de beaux dessins et des bons scénarios.

Durango, reviens-moi !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°108 Bis], Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur, Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°103] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 46 pages).

Texas Jack : Dimitri Armand et Pierre Dubois

Titre : Texas Jack

Scénariste : Pierre Dubois
Dessinateur : Dimitri Armand

Édition : Le Lombard (02/11/2018)

Résumé :
Texas Jack est un as du revolver. Mais contrairement à sa légende, il n’a jamais exercé ses talents ailleurs que dans un cirque.

Il reçoit un jour un défi : partir à l’Ouest, affronter le sanguinaire Gunsmoke et sa horde de tueurs. La mission est suicidaire, mais impossible de refuser sans perdre sa réputation.

Heureusement pour Texas Jack, Gunsmoke est aussi la cible du marshal Sykes…

Critique :
Souvenez-vous, dans une aventure de Lucky Luke (des barbelés sur la prairie), des méchants éleveurs voulaient bouter hors de leurs prairies les paisibles fermiers en les intimidant et en les menaçant.

Ça, c’est la version amusante et gentillette. J’adore cet album mais il ne reflète pas la réalité du far-west impitoyable.

Gunsmoke est impitoyable. C’est une saloperie de putain de méchant qui n’hésitera pas à tuer des gosses.

Version en bédé des 7 salopards (l’ancien film), portés à 9 cavaliers, cette bédé western offre des bons moments d’actions, de violences, de magouilles politiques, tout en prenant son temps pour amener les différents protagonistes à se mesurer l’un à l’autre.

Comme dans une bonne quête de fantasy, nos 4 compagnons quittèrent le cirque et par un prompt renfort inattendu, se retrouvèrent à 9 pour aller combattre la bande de Gunsmoke qui met le Wyoming à feu et à sang, sous les ordres d’un politicien véreux (synonymes, je sais).

Le début de la bédé est d’une violence inouïe, un massacre de masse, l’extermination pure et simple d’un paisible rassemblement de gens. La suite ne sera pas triste non plus, car lorsqu’on mange à la table du diable, il faut une longue cuillère !

Voilà ce que j’appellerais une bonne bédé western qui réuni tous les codes mais les cuisine à sa manière, pour nous offrir un plat qui ne sent pas le réchauffé car le scénariste a pris la peine, malgré un récit qui semble éculé, de nous le monter de manière différente et le résultat s’en fait ressentir de suite : waw !

Attention, on ne révolutionnera pas le monde du western, mais ce que les auteurs nous proposent là, c’est de la bonne came pour les yeux, un récit qui ne se contente pas de nous proposer que des fusillades et cavalcades à tout bout de champ (même si on en aura), mais va aussi plus en profondeur dans ses personnages (sauf pour les méchants), dans leur psychologie…

Anybref, pour ceux et celles qui aiment le western, c’est le pied intégral.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°44].