La prisonnière du désert : Alan Le May

Titre : La prisonnière du désert

Auteur : Alan Le May
Édition : Télémaque (2015) / Gallmeister Totem (2023)
Édition Originale : The Searchers (1954)
Traduction : Marc Boulet

Résumé :
Amos Edwards, vétéran de la guerre de Sécession, vit non loin de la famille de son frère, Henry Edwards, un éleveur qui a quatre enfants.

Un jour, pendant qu’Amos est à la recherche de voleurs de bétail, les Comanches attaquent le ranch familial. Seules les deux petites filles, Lucy et Debbie sont épargnées mais enlevées par la tribu.

Pour Amos, et son neveu Martin Pauley, commence une traque de plusieurs années pour retrouver les disparues.

L’un des plus grands westerns du XXè siècle, devenu un film culte de John Ford, avec John Wayne au sommet de sa gloire.

Critique :
La prisonnière du désert est un classique dans les romans western et dans les films.

Moi qui adore les westerns, je ne l’avais pas encore lu, ni même vu le film avec John Wayne.  Shame on me, une fois de plus…

Ce western vient d’être réédité par les éditions Gallmeister, avec une nouvelle traduction, c’est donc celle là que j’ai choisie.

L’autre édition, chez Télémaque, possède une longue préface qui parle du roman et surtout du film de John Ford, avec John Wayne. Préface qui divulgâche un décès, donc, il vaut mieux la lire après avoir fini la lecture du roman, si vous voulez garder votre virginité sur l’histoire (j’en ai fait les frais en la feuilletant).

Ce western ne perd pas de temps et il plante de suite le décor : le Texas, ses vastes plaines, son herbe, ses troupeaux et les colons qui y vivent depuis des années, la peur au ventre à cause des raids des Comanches et des Kiowas.

Une troupe d’homme est à la poursuite d’une bande qui a volé des bêtes et pendant ce temps là, de l’autre côté, c’est l’enfer et la mort qui vont s’inviter dans la petite famille d’Henry Edwards…

Nous ne saurons rien de ce qu’il s’est passé entre le moment où la famille est planquée dans la maison, face au danger des Indiens et celui où Amos Edwards retrouvera la famille massacrée. Mais ça a dû être terriblement violent. Les deux filles, Lucy et Debbie, ont été enlevées par les Indiens.

Ce western, c’est le récit d’une traque pour retrouver les deux gamines de Henry Edwards, le frère d’Amos, enlevées par la bande de razzieurs Comanches.

Aidé au départ par d’autres personnes, après une terrible confrontation, Amos continuera avec Martin Pauley, un jeune garçon, élevé par les Edwards après le massacre de sa propre famille.

Ceci n’est pas un western trépidant, la traque va s’étaler sur plusieurs années, les deux hommes vivant dehors, sillonnant le Texas et les états limitrophes, afin de retrouver la bande de Comanches qui a enlevé les deux gamines.

Ce sera une vie de privation, de froid, de chaleur, de chevaux que l’on perd, de difficultés. Avare de mots, Amos est tenaillé par la haine des Comanches, quant à Martin, il veut retrouver la petite Debbie parce qu’il ne lui a pas témoigné beaucoup d’attention avant et il s’en veut. Au point de tout laisser tomber, même la fille qu’il aime.

Le titre en français a été mal choisi, pour moi et celui en V.O est plus parlant : The Searchers = les chercheurs. La prisonnière ne vit pas dans le désert et le désert ne sera présent que sur le final, autrement dit, très peu.

Dans ce roman, plus psychologique qu’autre chose, nous n’auront que le point de vue des Blancs, jamais celui des Indiens. Le racisme envers les Indiens est prégnant dans tout le roman, ce qui est réaliste, parce qu’à cette époque, au Texas, on vivait la peur au ventre de se faire assassiner par des bandes d’Indiens.

Je ne jugerai ni l’un, ni l’autre. Les colons ont pris les terres, terres que le gouvernement leur disait qu’ils pouvaient prendre (puisque pas de propriétaires, de papiers…), puisque pour tout le monde, les Indiens étaient de la vermine qu’il fallait éliminer ou parquer dans des réserves. La politique fait souvent du tort partout où elle passe. Mais personne ne s’est jamais demandé pourquoi les Indiens réagissaient de la sorte ? Non ? Ils auraient dû…

Les personnages sont taiseux et pourtant, je n’ai pas ressenti d’ennui durant ma lecture, tant leurs portraits étaient intéressants, notamment celui de Martin, qui va changer, durant ces années de recherches, lancés sur des pistes qui font pchiiiittttt. Martin, lui a gardé espoir, lui n’a pas la haine et lui ne veut pas arriver à devoir faire ce que Amos veut faire, quand ils retrouveront Debbie… La colère ne l’a pas aveuglé, lui.

Le final est énorme, rempli de suspense et de violences. Pas un happy end, vu tous les morts sur le champ de bataille. Mais au moins, il y a de l’espoir pour deux personnages. Ce ne sera pas facile, ce sera un combat de tous les jours, surtout quand le cerveau a été lavé et on termine le roman avec un sourire sur les lèvres.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°031], Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Brokeback mountain : Annie Proulx

Titre : Brokeback mountain

Auteur : Annie Proulx
Édition : Grasset (2006)
Édition Originale : Close Range (2009)
Traduction : Anne Damour

Résumé :
Brokeback Mountain : un bout de terre sauvage, hors du temps, dans les plaines du Wyoming. Ennis Del Mar et Jack Twist, cow-boys, nomades du désert américain, saisonniers des ranchs, n’ont pas vingt ans.

Ils se croisent le temps d’un été. La rencontre est fulgurante. Ni le temps, ni l’espace, ni les non-dits, ni la société n’auront raison de cet amour – que seule brisera la mort.

Le récit déchirant d’une passion, au cœur des grands espaces américains, ces somptueuses solitudes dont Annie Proulx est sans conteste l’écrivain le plus inspiré dans la littérature américaine contemporaine.

Pour Ang Lee, réalisateur du film adapté du livre, Le secret de Brokeback Mountain qui a obtenu le Lion d’or 2005 à la Mostra de Venise, c’est « une grande histoire d’amour, une complicité totale et honnête entre deux êtres ».

Critique :
Lorsque j’avais vu le film, il y a un sacré bout de temps, j’avais trouvé que c’était une belle histoire d’amour entre deux hommes.

Deux hommes qui ne peuvent vivre ensemble, parce que dans les années 80, on tabasse les homosexuels à coup de démonte pneu…

La discrétion est donc de mise lorsque deux hommes ressentent des penchants l’un pour l’autre et veulent les assouvir.

Pourtant, dans ce court roman, j’ai dû chercher les émotions, l’amour, tant ça ressemblait plus à du sexe entre deux mecs qui se disent l’un à l’autre qu’ils ne sont pas des pédés.

Effectivement, le terme est barbare, mais les gars, faut pas vous leurrer, vous êtes attiré l’un par l’autre et si au départ il n’y avait que du cul entre vous (et de la bite), on dirait bien qu’ensuite, l’amour s’est déclaré, mais que vous ne vouliez pas vous l’avouer.

Rien à déclarer, messieurs ? Si, moi Jack Twist, j’ai aimé Ennis Del Mar, même si je me suis marié et que j’ai un enfant. Ne pas le voir aussi souvent que j’aurais voulu me détruisait à petit feu. Sans doute n’a-t-il jamais compris à quel point je l’aimais…

Quant à moi, Ennis Del Mar, je ne veux pas le dire, mais Jack m’a manqué durant les 4 années où je ne l’ai pas revu et malgré mon mariage, mes deux gamines que j’aimais plus que tout, je n’ai pas hésité à les abandonner sans trop de remords, mais je n’ai jamais osé avouer à Jack mon amour pour lui. Il aurait dû lire entre les lignes, comme vous, chères lectrices.

Effectivement, il faut lire entre les lignes pour voir l’histoire d’amour derrière celle du sexe brutal. Il faut se mettre dans leur peau, dans leur tête, dans l’époque afin de ressentir la peur que pouvait éprouver les hommes qui étaient homosexuels.

Cela permet aussi de comprendre leur mensonge, leur non-dits, leur virilité affichée, leur déni, leur cachoterie et leur mariage, afin de montrer à tout le monde qu’ils étaient « normaux » (attention, je ne dis pas que l’homosexualité est anormale, je parle de la vision que la majorité des gens avaient de l’homosexualité, à cette époque-là).

Maintenant, dans nos sociétés, dans nos pays, il est plus facile de vivre avec une personne du même sexe que vous qu’ailleurs, à d’autres époques. Il est donc facile de les traiter de couards, de dire qu’Ennis a manqué de courage en ne voulant pas s’installer dans un ranch avec Jack, mais en fait, il avait tout simplement trop à perdre. Ne jugeons pas.

Les dialogues entre nos deux hommes sont comme eux, assez bruts, des phrases courtes, avec peu de mots, peu d’adverbes, bref, limités au strict minimum, ce qui donne parfois l’impression d’être avec des cow-boys bouseux de chez bouseux. C’est assez âpre.

De plus, dans le film, nos deux hommes sont sexy, dans la nouvelle, ils puent, ont les jambes arquées, les dents de travers, bref, ils sont plus réalistes mais moins glamour.

Malgré tout, le film est plus émouvant que le roman et, pour une fois, j’ose dire que l’adaptation est mieux réussie que le support littéraire (ce qui est très rare).

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 94 pages) et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Catamount‭ ‬-‭ ‬Tome‭ ‬1‭ ‬-‭ ‬La jeunesse de Catamount :‭ ‬Benjamin Blasco-Martinez‭ ‬et‭ ‬Albert Bonneau

Titre : Catamount‭ ‬-‭ ‬Tome‭ ‬1‭ ‬-‭ ‬La jeunesse de Catamount 

Scénariste : Benjamin Blasco-Martinez (d’après l’oeuvre de Albert Bonneau)
Dessinateur : Benjamin Blasco-Martinez

Édition : Physalis (2015) / Petit à Petit (2017)

Résumé :
En pleine conquête de l’Ouest, la famille Osborne recueille un nouveau né, seul survivant d’une caravane de colons massacrés par les Cheyennes, elle l’appelle Catamount.

Des années plus tard, Catamount est devenu un cavalier et un tireur hors pair grâce à la formation d’un vieux trappeur « Pad l’efflanqué »…

Mais son destin va change lorsqu’il retrouvera sur son chemin Black possum, le chef cheyenne coupable du massacre de ses parents.

Critique :
La bande dessinée western n’est pas morte, tant mieux. Il existe encore de nouvelles parutions et de temps en temps, je découvre des anciennes dont je n’avais pas connaissance…

C’est plus fort que moi, faut que je la lise. De temps en temps, j’en découvre des très bonnes, parfois des mauvaises, mais aussi des classiques, ce qui fut le cas ici.

Oui, on peut dire que Catamount est une bédé western classique au possible, comme tirée d’un bon vieux film western avec des attaques de caravanes, des massacres de colons et un enfant survivant, recueilli par des autres pionniers.

Le gamin a grandi et il porte toujours le nom du cougar qui l’avait déniché (je parle du véritable animal, le puma, pas de la femme d’âge mur qui cherche un jeune de 20 ans).

Ce premier album est une sorte de récit initiatique. Catamount va apprendre à tirer au révolver, avec l’aide d’un vieux trappeur afin de se venger de l’indien qui a massacré la caravane avec ses parents. Quand je vous disais que c’était du classique absolu.

Les dessins sont assez spéciaux, au départ, ils m’ont un peu déroutée avec leurs tons assez sombres. Par contre, les traits des visages auraient pu être affinés afin de permettre une plus grande palette d’émotions sur ces visages.

L’avantage du côté réaliste des dessins, c’est qu’ils donnent à ce récit un ancrage dans la réalité que n’auraient pas réussi à faire des dessins du genre gros nez.

Ici, pas d’humour, pas de blagues, on est dans du sérieux et un peu de violence. La scène avec le massacre des colons est assez peu ragoutante et à ne pas voir si vous manger (ou allez passer à table).

Je soulignerai que le manque de profondeur des personnages n’est pas vraiment un obstacle dans ce récit. On sait peu de choses d’eux, mais ce n’est pas important pour la compréhension de l’histoire, ultra classique.

Ce sera sur la fin que l’on comprendra pourquoi l’indien Black Possum voulait tant anéantir tous les membres de la caravane. Toujours la même histoire biblique : œil pour œil, dent pour dent. Bien que dans ce cas-ci, Black Possum prenne aussi tout le reste des membres et les intérêts avec. Vous jugerez vous même de la pertinence de sa vengeance.

Cette bébé western ne va pas révolutionner le genre, ni le réécrire. Dommage, de temps en temps, j’apprécierais que l’on cuisine les mêmes ingrédients tout en changeant le goût de la soupe et en la présentant autrement.

Une chouette découverte aussi mais qui ne laissera sans doute pas un souvenir impérissable comme le firent Durango, Blueberry, Lucky Luke, Comanche ou Buddy Longway.

Au moins, on vole déjà plus haut que dans la bédé Wanted dont j’avais chroniqué tous les albums l’année dernière.

En tout cas, je vais tâcher de lire la suite.

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 64 pages) et Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°81].

La Venin – Tome 2 – Lame de fond : Laurent Astier

Titre : La Venin – Tome 2 – Lame de fond

Scénariste : Laurent Astier
Dessinateur : Laurent Astier

Édition : Rue de Sèvres (08/01/2020)

Résumé :
Emilie est recherchée et sa tête est mise à prix. Poursuivant sa fuite en tenue de nonne, elle est Soeur Maria quand elle arrive à Galveston, au Texas.

Elle n’est pas là par hasard, elle cherche le révérend Alister Coyle, celui-là même qui dirige l’orphelinat pour jeunes filles de la ville. Sous couvert de cette nouvelle identité, elle est hébergée quelques jours au sein de son institution.

Le décès d’une pensionnaire et surtout la tentative de suicide de l’une d’elles ne laissent aucun doute sur le comportement malsain et les sévices commis par le révérend.

Il est temps de rendre justice ! Emily s’en chargera et Dieu en sera témoin !

Critique :
Dans ce deuxième tome, Emily continue sa vengeance de manière moins subtile qu’un comte de Monte-Cristo, puisque elle, elle monte au créneau !

Les dessins sont toujours agréables pour les yeux, hormis dans les chevaux qui semblent plus raides que des planches à pain lorsqu’ils marchent ou galopent.

Le problème, lors de l’illustration d’un galop, vient des jarrets (membres postérieurs). Bref, ce ne sont pas les mieux réalisés…

On en apprend un peu plus sur la jeunesse d’Emily, après le décès de sa mère et sur toutes les merdes qu’elle a endurée et qui l’ont façonnée telle qu’elle est maintenant. Elle n’a pas été gâtée avec les sœurs de sa mère, que ce soit avec la dépravée ou la rigide bigote religieuse.

L’inconvénient, c’est que ces flash-back cassent un peu le rythme de la narration et donnent aussi l’impression qu’on a rajouté des couches aux emmerdes, déjà multiples, qu’Emily a endurée.

Non pas que ce ne soit pas réaliste, des vie de misère où l’on cumule les emmerdes volant en escadrille, c’est tout à fait véridique, mais en littérature (ou au cinéma), ça donne toujours l’impression qu’on a voulu rallonger le scénario et y ajouter de quoi faire pleurer dans les chaumières.

Attention, j’ai apprécié ma lecture, j’ai passé un bon moment de détente avec Emily et sa vengeance, mais le scénario manque parfois de subtilités et les deus ex machina ne sont pas camouflés.

Tel Zorro ou l’ami Ricoré, certains arrivent toujours au bon moment (sans le café et les croissants) afin de sauver notre Emily. D’accord, sans les deux sauvetages miraculeux, dont un ressemblait à une Ira Dei digne de l’Ancien Testament, la série s’arrêterait net, ce qui serait stupide, mais bon, on peut sauver ses personnages de manière plus soft.

Si les visages sont bien réalisés et que personne ne ressemble à un autre, j’ai trouvé que les salopards d’enfoirés de leur race était un peu trop repérable avec leur dents poussées en avant, comme des chiens prêts à mordre. De mon côté, je préfère avoir la surprise pour les méchants…

Malgré tout, le scénario n’est pas mal du tout, même s’il manque de subtilité à certaines moments et qu’il y a des grosses ficelles qui tombent à pic quand il faut sauver l’héroïne.

Le récit de vengeance est vieux comme le monde, mais le personnage d’Emily est attachant et puis, merde, pour une fois que c’est une femme qui mène la danse dans un western, ça fait du bien. Et elle est plus féminine que la Calamity Jane dans Lucky Luke.

Une chouette découverte tout de même, que je compte bien poursuivre.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°50] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 62 pages).

Texas Jack : Dimitri Armand et Pierre Dubois

Titre : Texas Jack

Scénariste : Pierre Dubois
Dessinateur : Dimitri Armand

Édition : Le Lombard (02/11/2018)

Résumé :
Texas Jack est un as du revolver. Mais contrairement à sa légende, il n’a jamais exercé ses talents ailleurs que dans un cirque.

Il reçoit un jour un défi : partir à l’Ouest, affronter le sanguinaire Gunsmoke et sa horde de tueurs. La mission est suicidaire, mais impossible de refuser sans perdre sa réputation.

Heureusement pour Texas Jack, Gunsmoke est aussi la cible du marshal Sykes…

Critique :
Souvenez-vous, dans une aventure de Lucky Luke (des barbelés sur la prairie), des méchants éleveurs voulaient bouter hors de leurs prairies les paisibles fermiers en les intimidant et en les menaçant.

Ça, c’est la version amusante et gentillette. J’adore cet album mais il ne reflète pas la réalité du far-west impitoyable.

Gunsmoke est impitoyable. C’est une saloperie de putain de méchant qui n’hésitera pas à tuer des gosses.

Version en bédé des 7 salopards (l’ancien film), portés à 9 cavaliers, cette bédé western offre des bons moments d’actions, de violences, de magouilles politiques, tout en prenant son temps pour amener les différents protagonistes à se mesurer l’un à l’autre.

Comme dans une bonne quête de fantasy, nos 4 compagnons quittèrent le cirque et par un prompt renfort inattendu, se retrouvèrent à 9 pour aller combattre la bande de Gunsmoke qui met le Wyoming à feu et à sang, sous les ordres d’un politicien véreux (synonymes, je sais).

Le début de la bédé est d’une violence inouïe, un massacre de masse, l’extermination pure et simple d’un paisible rassemblement de gens. La suite ne sera pas triste non plus, car lorsqu’on mange à la table du diable, il faut une longue cuillère !

Voilà ce que j’appellerais une bonne bédé western qui réuni tous les codes mais les cuisine à sa manière, pour nous offrir un plat qui ne sent pas le réchauffé car le scénariste a pris la peine, malgré un récit qui semble éculé, de nous le monter de manière différente et le résultat s’en fait ressentir de suite : waw !

Attention, on ne révolutionnera pas le monde du western, mais ce que les auteurs nous proposent là, c’est de la bonne came pour les yeux, un récit qui ne se contente pas de nous proposer que des fusillades et cavalcades à tout bout de champ (même si on en aura), mais va aussi plus en profondeur dans ses personnages (sauf pour les méchants), dans leur psychologie…

Anybref, pour ceux et celles qui aiment le western, c’est le pied intégral.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°44].

La Venin – Tome 1 – Déluge de feu : Laurent Astier

Titre : La Venin – Tome 1 – Déluge de feu

Scénariste : Laurent Astier
Dessinateur : Laurent Astier

Édition : Rue de Sèvres (09/01/2019)

Résumé :
Colorado, Juillet 1900.

Emily débarque à Silver Creek, petite ville minière en pleine expansion. Mais la jeune femme est-elle vraiment venue se marier comme elle le prétend ?

Rien n’est moins sûr, car dans l’Ouest encore sauvage où les passions se déchaînent et les vengeances sont légion, les apparences sont parfois trompeuses… Et la poudre dicte toujours sa loi !

Surtout lorsque votre passé est plus lourd que la valise que vous traînez.

Critique :
Dans ce western, Patrick Juvet ne pourra pas chanter ♫ Où sont les femmes ♪ puisque c’est une femme qui tient le haut de l’affiche et qu’elle n’est pas la seule.

Avec des prostituées, une bonne sœur et l’épouse d’un médecin, les femmes ne sont pas en minorités et certaines ont quelque chose dans les tripes.

L’histoire commence dans le passé, lorsque Emily est une jeune fille un peu trop curieuse et désobéissante.

Si la curiosité tue les chats, la sienne attisera les envies de certains messieurs. Attention, je ne la déclare pas coupable. Son seul tort fut de ne pas obéir, le tort de certains hommes est de réfléchir avec leur bite qui leur donne un pouvoir certain.

Cette bédé western est assez difficile à chroniquer car je suis en phase avec des avis contraires dans ma tête. D’un côté, j’ai apprécié que l’on mette une femme à l’honneur dans un western, qu’elle ne soit pas une faible femme, mais une qui en a sous la robe.

Les planches sont de couleurs vives, dans des tons ocres, jaunes ou sombres. Les dessins sont agréables pour les yeux, hormis encore un problème de proportion entre la tête d’un cheval et le reste de son corps.

Le côté historique est bien rendu aussi, grâce aux décors, aux couleurs et aux références qui parsèment cette aventure explosive.

L’action est bien présente et il est difficile de s’embêter, les phylactères sont bien remplis, il y a de quoi lire et l’auteur a joué sur les flash-back pour nous parler de l’enfance d’Emily, même si à la fin de ce premier tome, on ait l’impression de ne pas tout comprendre de sa motivation vengeresse.

Même si, en réfléchissant un peu, il me semble voir le pourquoi. Nous en saurons sans doute plus dans les deux prochains tomes (je l’espère). Les multiples références aux grands westerns, qu’ils soit cinématographiques, historiques ou littéraires sont aussi très plaisant à découvrir.

D’un autre côté, à force de multiplier les clins d’œil, ça devient foutraque, lourd, surtout que cela semble parfois un peu forcé, comme ajouté là pour faire bien, afin d’atteindre un quota de références obligées. Ce n’est que mon impression, elle est peut-être faussée.

Dans cette bédé, on a matière à lire, il y a beaucoup d’action, mais là aussi, trop c’est trop et on a aussi l’impression que l’auteur voulait produire un album survolté, sans vraiment réfléchir au réalisme de toute cette aventure un peu folle où Emily change d’identité comme de chemise.

Malgré mes bémols, je ne serai pas trop sévère sur la cotation car j’ai apprécié le personnage d’Emily et que j’ai passé un bon moment de lecture détente, addictive, remplie de suspense, de mystères, d’action et d’aventures avec un grand A.

Sans être tout à fait conquise, je demande à lire la suite. Ceci est le premier coup de semonce, celui qui doit marquer les lecteurs dans le but de les harponner pour la suite. Le premier coup n’est pas toujours parfait…

En espérant que la suite soit meilleure ou, au pire, de même niveau que ce premier tome.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°34] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 66 pages).

Les Aventures de Lucky Luke (d’après Morris) – Tome 8 – Un cow-boy à Paris : Jul et Achdé

Titre : Les Aventures de Lucky Luke (d’après Morris) – Tome 8 – Un cow-boy à Paris

Scénariste : Jul
Dessinateur : Achdé

Édition : Lucky Comics (02/11/2018)

Résumé :
Le sculpteur français Auguste Bartholdi fait une tournée spectaculaire aux États-Unis pour lever des fonds qui lui permettront d’achever la future Statue de la liberté.

Mais plusieurs incidents visent la statue et même directement Bartholdi. Lucky Luke est missionné pour escorter le Français, et ce, jusqu’à Paris.

C’est un choc culturel pour le cow-boy qui, non content de traverser l’Atlantique pour la première fois, découvre la splendeur de la ville lumière, et le mode de vie de ses autochtones, les parisiens.

Critique :
Et bien voilà, ce n’était pas si compliqué que ça que d’arriver à faire un Lucky Luke post Morris qui tienne la route et qui ait des petits airs de ce que nous avions avant.

Hélas, pas de petits jeux de mots savoureux comme Goscinny savait en faire (même si Morris ne le laissait pas faire, ayant les jeux de mots en horreur et n’en voulant pas dans ses Lucky Luke)…

Malgré tout, on a un comique de situation, des petits travers soulignés, comme avec certains parisiens n’aimant pas les touristes, des personnages connus qui traversent les nouveaux pavés devant la Sorbonne et des petits traits d’humour en droite ligne de notre époque à nous (grève des cheminots, fouilles à l’entrée des prisons,…).

Le voyage de Lucky Luke à Paris ne dure pas tout l’album, avant qu’il ne mette les pieds (et les sabots) dans la ville lumière, il parcourra le far-west avec le sculpteur Bartholdi et la main de la statue de la liberté afin de récupérer des sous pour sa construction.

On reste dans la tradition des Lucky Luke avec les saloons et les types louches, le goudron et les plumes, les danseuses légères, les tirs plus vite que son ombre… Bref, du classique de chez classique, mais ça marche toujours parce que c’est ce qui lui sied le mieux.

Juste une petit interrogation : lorsque Bartholdi et Lucky Luke arrivent à Titusville, célèbre ville de l’album « À l’ombre des derricks » (qui se déroule chronologiquement avant la construction de la statue de la liberté), notre cow-boy explique au sculpteur qu’il s’agit d’une ville qui vit du pétrole mais ne fait aucune allusions au fait qu’il a bien connu la ville !

Pour les puristes, nous sommes loin d’un album Morris/Goscinny au faîte de leur art, mais ne boudons pas notre plaisir lorsque l’album est correct, amusant, drôle, bourré de références en tout genre, de comique de situation et de tout ce qui fait que Lucky Luke est savoureux à lire.

Des comme ça, moi, j’en redemande !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°1XX] et Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur.

Walter Appleduck – Tome 2 – Un cow-boy dans la ville : Fabcaro et Fabrice Erre

Titre : WalterAppleduck – Tome 2 – Un cow-boy dans la ville

Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre

Édition : Dupuis (2020)

Résumé :
Son master de cow-boy en poche, Walter Appleduck regagne la ville en compagnie de Billy, l’adjoint du shérif de Dirtyoldtown. Son objectif est désormais que celui-ci s’ouvre aux valeurs modernes et humanistes.

Mais loin de son Ouest sauvage, Billy, homme rustre, macho, grossier et alcoolique, a beaucoup de mal à s’adapter.

Critique :
Walter Appleduck est un être civilisé, cultivé, poli, instruit, ouvert d’esprit et aux autres cultures.

Puisque son stage à DirtyOldTown  est terminé, il invite l’adjoint au shérif, Billy, dans la grande ville.

Billy, l’adjoint, est le négatif de Walter : il est grossier, bourru, impoli, imbuvable, raciste, con, gaffeur, macho, crétin, inculte, rustre,… n’en jetez plus !

Anybref, pour arriver à ouvrir l’adjoint du shérif aux valeurs humanistes et modernes, faut se lever très tôt le matin.

On prend les mêmes, on recommence, mais on inverse l’histoire : après le citadin qui débarquait dans la ville de l’Ouest, voici le bouseux délicat de la gâchette qui arrive en ville. Changez de trottoir !

Ce que j’apprécie dans cette bédé, c’est le ton décalé, déjanté, utilisé par les auteurs, que se soient dans les dessins ou dans les dialogues.

Lorsque l’on est attentif, on remarque des petits détails amusants dans les cases, comme ces chevaux devant un grand hôtel qui portent les insignes Rolls-Royce et Ferrari. Il y en a plein, à vous de les découvrir.

Billy est un personnage qu’on n’a pas envie de trimbaler derrière nous tant il est un crétin fini mais il est drôle et ses péripéties avec le bandit Rascal Joe sont des plus hilarantes. Le tout est à prendre au second degré, bien entendu.

C’est corrosif, sous le couvert d’humour, les auteurs taclent notre société de consommation, l’art, les restos gastronomiques, le racisme… Tout y passe à la moulinette de l’humour noir et des running gags avec Rascal Joe.

Scénario déjanté avec des dessins cartoonesques (qui va bien au ton de la bédé), cette bédé est parfaite pour rire un bon coup, pour se détendre le corps et l’esprit ou pour se changer les idées si on broie du noir.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°74] et le Mois Américain – Septembre 2020 chez Titine et sur Fesse Bouc.

Walter Appleduck – Tome 1 – Cow-boy stagiaire : Fabcaro et Fabrice Erre

Titre : Walter Appleduck – Tome 1 – Cow-boy stagiaire

Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre

Édition : Dupuis (Février 2019)

Résumé :
Walter Appleduck est un jeune homme cultivé, poli et bien éduqué qui fait un « master cowboy ». Le shérif de DirtyOldTown et son adjoint Billy ont accepté de le prendre en stage pour lui apprendre les rudiments du métier.

Critique :
Le panneau à l’entrée de la ville de DirtyOldTown est clair et net : « Étranger, ici on n’aime pas trop les étrangers ».

Pourtant, vous auriez tort de passer votre chemin car la ville de DirtyOldTown vaut le détour, surtout ses habitants.

D’accord, le shérif ne fout rien, on s’évade facilement de la prison, Rascal Joe vous le dira et son adjoint, Billy est l’archétype du type rustre, macho, grossier, misogyne, violent, alcoolique, bas du front, xénophobe, arriéré, fermé, ethnocentré, opportuniste, conservateur et aux idées dangereusement fascisantes. Dixit Miss Rigby que Billy drague comme un manche.

Mais nom d’un colt chargé, qu’est-ce qu’on se marre avec l’adjoint Billy ! Parce que même si c’est un xénophobe bas de plafond, il fait rire tellement il est crétin.

J’avais découvert cette bédé dans l’hebdo Spirou et j’avais déjà ri. La relire m’a fait encore plus rire car j’ai remarqué des tas de petits détails dans les dessins que je n’avais pas aperçu lors de ma première lecture.

Fabrice Erre, le dessinateur, a le sens du détail. Par contre, son trait à lui, c’est les gros yeux, l’absence de coudes (il ne sait pas les dessiner) qui donne des bras tout mous et les doigts aussi, quant aux chevaux, on ne va pas en parler car je n’ai jamais vu un équidé galoper de la sorte.

Ailleurs, je hurlerais, mais pas dans une bédé humoristique qui utilise tous les codes du western tels que les duels, les attaques de banques, de diligence, des Indiens, l’arrivée du télégraphe, la poursuite d’un hors-la-loi tout en les détournant pour les mettre parfois à la sauce moderne.

Le pauvre Walter Appelduck qui vient en tant que stagiaire va découvrir un monde qu’il ne suspectait pas… Lui qui rêvait d’authenticité pour sa thèse, il va souvent être surpris et les lecteurs aussi, pour notre plus grand plaisir.

Détourner les clichés des western pour en faire une critique acide et drôle de notre société, fallait y arriver. Pari réussi pour ce duo qui m’a fait rire devant tant de situations folles, délirantes, dingues, drôles, le tout à la sauce un peu acide car c’est traité de manière intelligente, même sous couvert d’humour bête.

Le fait d’avoir des références de notre monde dans celui du far-west, comme le magazine people Cowser, les émojis dans les télégrammes, une cuisine équipée ou autre ne choque pas.

Anybref, voilà une bande dessinée intelligente, drôle, caustique, qui, tout en respectant les codes western les détourne pour tacler notre société de consommation, l’égalité des sexes, les préjugés, le racisme, la politique, la liberté de presse, la privatisation des sociétés, le travail non payé…

Rions de nos travers et faisons-le intelligemment. Une bédé qui, malgré ses dessins « gros nez », vole beaucoup plus haut qu’on ne pourrait le penser, au premier abord.

Le Shérif : — Que se passe-t-il ?!
Le conducteur du convoi : — Le convoi a été attaqué par des Indiens ! Alors qu’on passait tranquillement au milieu de leur village en écrasant tout…
Le Shérif : — Saletés de bougnoules à plumes !
Walter : — C’est un peu raciste de dire ça, non ?
Le Shérif : — Hein ? Mais non je suis pas raciste.. J’ai même un ami qui a des poules avec des plumes… Non vraiment, c’est pas mon genre…
Walter : — Ah, ben vous me rassurez, parce que les Indiens sont des êtres humains à la culture ancestrale foisonnante qui, pour être différente de la nôtre, n’en est pas moins riche et variée !…
Le Shérif : — « Des êtres humains », hu hu hu…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°50] et le Mois Américain – Septembre 2020 chez Titine et sur Fesse Bouc.

Six-coups – Tome 2 – Les marchands de plomb : Anne-Claire Thibault-Jouvray et Jérôme Jouvray

Titre : Six-coups – Tome 2 – Les marchands de plomb

Scénaristes : Anne-Claire Thibault-Jouvray et Jérôme Jouvray
Dessinateur : Jérôme Jouvray

Édition : Dupuis (2020)

Résumé :
Pauvre Eliot, déjà que son père le shérif l’oblige à porter un revolver du haut de ses 10 ans, le voici maintenant nommé adjoint et affublé d’une étoile.

Dans une ville où la moindre embrouille de saloon finit en duel, l’arrivée de monsieur Johnson met le feu aux poudres.

Ce riche armurier sans scrupules alimente la peur pour vendre sa camelote jusqu’à armer les enfants à l’école.

Une comédie western à la fois décalée et engagée pour réfléchir sur le problème des armes et de la violence.

Critique :
Comment parler du danger des armes à feu de manière amusante ?

Cette bédé y est arrivée avec brio, avec humour et sans que le lecteur ne s’embête car il y a du rythme et intelligent.

Les lobbys des armes sont prêts à tout pour vous en vendre et les auteurs nous le prouvent d’une manière très drôle, très simple, mais si juste.

Pas de manichéisme dans les deux camps (les pro et les contre), tout le monde aura la parole et pourra y aller de sa petite phrase assassine ou encourageante sur ce qu’il/elle pense des armes à feu.

Ce deuxième tome met en avant les femmes, ces épouses qui, pour leurs hommes doivent rester à leurs fourneaux et ne pas faire de vagues, ne pas se mêler des armes et surtout, ne pas gêner le commerce de monsieur Johnson qui vend des armes pour tout le monde et qui n’hésite pas à corrompre le maire ou le shérif.

Un récit dynamique, où le pauvre Eliot ne sait plus trop où donner de la tête, lui qui, à 10 ans, est obligé de porter un revolver parce que père, le shérif, l’oblige et qui, maintenant, est devenu adjoint et doit récupérer Albert le braqueur qui tente de s’évader…

C’est une bédé jeunesse mais qui aborde des thèmes pour les adultes là où les enfants ne verront que du burlesque. Double lecture.

Si vous voulez vous amuser un peu avec le marketing sauvage, les malversations, la corruption, le séduction, les magouilles afin de vous pousser à acheter des armes, les pendaisons publiques, la justice qui fait n’importe quoi, le shérif qui n’écoute jamais son fils, le women power, le tout sur un ton jamais moralisateur, n’hésitez plus !

Une chouette bédé western pour les plus jeunes mais pas que puisque les adultes peuvent la lire car sous le couvert du burlesque et de l’humour, les messages sont intelligents et bien mis en scène.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°43] et Le Mois Américain – Septembre 2020 – Chez Titine et sur Fesse Bouc.