Un soir d’été : Philippe Besson

Titre : Un soir d’été

Auteur : Philippe Besson
Édition : Julliard (04/01/2024)

Résumé :
« Nous étions six – cinq garçons et une fille – insouciants, frivoles, joyeux, dans un été de tous les possibles. Pourquoi a-t-il fallu que l’un d’entre nous disparaisse ? »

S’inspirant d’une histoire vécue, Philippe Besson retrace un drame de sa jeunesse, survenu dans l’île de Ré, un soir de juillet, au milieu des années 80.

Critique :
♫ Est-ce que tu viens pour les vacances ? ♪ (1)

Mais bien entendu, que Philippe vient pour les vacances sur l’île de Ré, en compagnie de ses parents et ils logent chez leurs amis, dont François, le fils est pote avec Philippe (l’auteur).

Cette année, il y a Nicolas en plus, nouvellement arrivé sur l’île (depuis l’hiver), il y a toujours Christophe, résident et ami de François et on y ajoutera deux vacanciers, pour donner une sympathique bande de 6 jeunes : 5 mecs et 1 fille.

En littérature, j’adore les récits où il y a une bande de copains, où ce sont les vacances, l’insouciance, les folies d’adolescents, les premiers émois… Nostalgie d’un temps passé ? Je ne pense pas, juste un faible pour ces amitiés qui résistent au temps et qui peuvent casser lors des premiers amours.

Ne lisez pas ce récit si vous êtes à la recherche d’action ou de rythme endiablé. Il ne se passe pas grand-chose, si ce n’est de la glandouille d’ado, du lézardage à la plage, de l’amour à la plage (ah-ouh, cha cha cha), Et mes yeux dans tes yeux (ah-ouh, ah-ouh), Baisers et coquillages (ah-ouh, cha cha cha), Entre toi et l’eau bleue (ah-ouh, ah-ouh) (2).

Pourtant, je me suis faite happer par ce récit autobiographique de l’auteur, qui nous parle de l’été de ses 18 ans, en 1985. J’avais oublié le nombre de tubes de cette année-là et pendant que l’auteur en citait quelques uns (ils étaient au bal du 14 juillet), je me suis surprise à fredonner. Ah, ces années 80, au niveau de la zik, c’était le pied (ceci n’est que mon avis).

On pourrait dire que ce roman sent bon la Bibliothèque Verte/Rose, hormis les quelques scènes de sexe (pas détaillées, mais bon, quand on a « sucer, sperme, cul et bite », on se doute que ce n’est pas un cours de l’université de médecine). Le récit est doux, reposant, amusant et de mon côté, je ne l’ai pas trouvé mièvre (ça passe ou ça casse), juste simple.

Néanmoins, l’auteur ajoute aussi quelques problèmes, quelques faits de société, comme la dureté du métier de pêcheur, le harcèlement scolaire, la difficulté d’être homo, le mépris, les blagues lourdes, méchantes, le fossé entre résidents et vacanciers, entre prolo et bourgeois, la solitude de certains…

Dès le départ, on sait qu’il va y avoir un drame et drame il y aura, mais pas ce que j’avais pensé. C’est ce qui éloignera ce récit de la Bibliothèque Rose de mon enfance, parce que le Club des Cinq ne mènera pas l’enquête.

Alors non, rien d’exceptionnel dans ce roman autobiographique, juste des souvenirs de vacances, de la culpabilité (on s’en veut toujours, dans ces cas-là) et de l’amitié, des balbutiements amoureux, des mecs qui se charrient, qui se vannent, certains jouant au tombeur.

L’ambiance des vacances et de 1985 m’a transporté ailleurs, cette lecture m’a fait du bien, m’a apaisée, même si j’ai eu le cœur serré lorsque… Les personnages sont attachants, même si c’était des mecs, j’avais envie de passer plus de temps avec eux, de me vautrer sur la plage et de ne rien foutre, de ne penser à rien.

Une vraie lecture doudou, même si tout n’est pas rose dans ces vacances qui sonneront la fin de l’insouciance. Bienvenue dans le dur monde des adultes…

(1) Est-ce que tu viens pour les vacances ? : David et Jonathan
(2) L’Amour à la plage : Niagara

La prochaine fois que tu mordras la poussière : Panayotis Pascot

Titre : La prochaine fois que tu mordras la poussière

Auteur : Panayotis Pascot
Édition : Stock – La Bleue (23/08/2023)

Résumé :
« Ce livre me fait peur. Il a été douloureux à pondre. Mon père nous a annoncé qu’il n’allait pas tarder à mourir et je me suis mis à écrire. Trois années au peigne fin, mes relations, mes pensées paranoïaques, mon rapport étrange avec lui, crachés sur le papier. Je me suis donné pour but de le tuer avant qu’il ne meure. Ce que je ne savais pas c’est que j’allais traverser un épisode dépressif si intense que j’allais frôler la mort moi aussi… C’est l’histoire de quelqu’un qui cherche à tuer. Soi, ou le père, finalement ça revient au même… »

Critique :
C’est après avoir regardé l’émission de La Grande Librairie, où l’auteur parlait de son livre, que j’ai eu envie de le découvrir. Son passage ensuite dans l’émission C à Vous a fini de me convaincre.

Ne connaissant pas du tout l’homme derrière l’artiste, ni l’artiste derrière l’homme, je suis entrée dans son récit autobiographique, vierge de toute opinion.

Tout ce que je savais, c’est qu’il y parlait de son père, de leurs relations compliquées, de sa dépression et de son homosexualité qu’il avait découvert sur le tard.

J’ai apprécié la première moitié de son autobiographie, même si le style était assez brouillon, des phrases jetées en vrac, comme elles lui étaient venues à l’esprit, sans doute, ou alors, il a voulu imiter le style d’un journal intime où l’on balance des phrases sans se préoccuper de leur ordre, puisqu’il n’est pas destiné à être lu.

En le lisant, j’ai compris pourquoi certains lecteurs s’étaient senti touchés par son texte, notamment lorsqu’il parle de sa sexualité et de ses amours hétérosexuels, avant de comprendre qu’il était tout simplement homosexuel.

Il est un fait que cela a dû raisonner dans certains de ses lecteurs qui ont vécu les mêmes questionnements, les mêmes interrogations, les mêmes dénis, les mêmes tâtonnements lors de leur début avec un partenaire du même sexe.

C’était touchant, mais entre nous, je n’avais pas besoin de tout connaître de sa vie sexuelle non plus (ses branlettes, qu’il bandait mou parfois, que son anus était plus parlant que sa tête)…

— Tu vois pas ma tête, comment tu vois que je stresse ?
— Ton anus
— Hein ?
— Ton anus se ferme quand tu as peur (…)
Tu lisais plus facilement mon anus que ma tête. Et là j’ai senti que tu regardais mon anus dans les yeux…

Bref, un peu moins de cul et plus de profondeur dans le texte, cela n’aurait pas été du luxe. Parce que oui, à la longue, c’est lassant et je n’ai pas envie d’entrer dans l’intimité d’un type à ce point-là !

Dans la seconde moitié, j’ai commencé à me lasser très très vite des répétitions de l’auteur, de ses dépressions, dont on se demande tout de même le pourquoi du comment. Je ne remets pas en questions les problèmes des gens, mais comment font les autres, notamment ceux ou celles qui ont perdu un enfant, un conjoint, qui galèrent pour trouver un job, pour gagner leur vie, pour faire vivre leur famille ?

L’auteur le disait sur le plateau de C à vous, il n’a pas vraiment de raison d’être déprimé, mais voilà, ça lui arrive, c’est peut-être cyclique ou alors, il se fait du mal lui-même (enfant, il avait peur que ses parents décèdent la nuit, alors ils les écoutait ronfler et ensuite, ses parents ont dû installer un babyphone pour que leur fils les écoute dormir : leur vie sexuelle a été réduite à zéro !).

Il a beau parler de son père et de leurs relations compliquées, dans ce qu’il nous raconte, je n’y ai pas vu de la maltraitance, sauf qu’enfant, il a dû boire un bol de lait tous les jours et qu’il n’aime pas ça et que ce fut pareil avec les patates. Bon, pas très malin de la part du père, mais rien de plus méchant, alors, il est où le problème ? Parce que son père ne montre jamais ses émotions ?

Il est des parents et des enfants qui ne se parlent plus depuis des années, qui ne savent plus se voir, tandis que lui, il va chez ses parents, loge là-bas, y est allé pour écrire son autobiographie… Son père n’est pas parfait, mais ce n’est pas un tortionnaire, ni un salopard.

Si le début avait été agréable, si je me plaisais bien dans son récit, je me suis retrouvée à penser tout le contraire une fois la moitié du livre passé : on tournait en rond, il se regardait un peu trop le nombril, se lamentait pour ce qui n’avait pas lieu d’être (ou du moins, pas lieu d’être écrit dans un livre, juste bon pour son psy qui l’envoie au Liban quand il est dépressif grave) et cherchait la petite bête.

Bref, ça avait bien commencé et ça c’est terminé en eau de boudin…

Ed Gein, autopsie d’un tueur en série : Harold Schechter et Eric Powell

Titre : Ed Gein, autopsie d’un tueur en série

Scénariste : Harold Schechter
Dessinateur : Eric Powell

Édition : Delcourt Contrebande (12/04/2022)
Édition Originale : Did you hear what Eddie Gein Done ? (2021)
Traduction : Lucille Calame

Résumé :
Ce récit révèle la véritable histoire d’un malade mental sous l’emprise d’une mère bigote et abusive. Cette biographie factuelle d’Ed Gein se focalise sur son enfance et sa vie de famille malheureuses, et sur la façon dont elles ont façonné sa psyché. Il explore aussi le choc collectif qui entoura l’affaire et la prise de conscience que les tueurs peuvent être des citoyens ordinaires.

Il a inspiré de nombreux personnages de cinéma comme Norman Bates dans Psychose. Harold Schechter et Eric Powell nous proposent cette BioBD d’Ed Gein, l’un des plus terrifiants tueurs en série américains.

Critique :
Je suppose que tout le monde a vu le film « Psychose » et connait le twist final… De toute façon, je ne le divulguerai pas, des fois que Alfred Hitchcock viendrait me tirer les doigts de pieds, la nuit…

D’ailleurs, c’est le romancier Robert Bloch qui, le premier, s’inspira de ce tueur pour son roman, du même titre que le film qu’Alfred en tira ensuite.

Alors, qui a inspiré le personnage de Norman Bates (et pas que lui : Hannibal et le mec de Massacre à la tronçonneuse,…) ? Edward Gein… Et je parie que comme moi, vous n’aviez aucune idée de qui il était ?

Un gamin au physique disgracieux, bizarre, le genre qui se fait harceler à l’école, qui pleure souvent, qui voit sa mère comme un Dieu, qui vit en solitaire, qui a l’air un peu demeuré et qui a une vie sexuelle plus pauvre que celle d’un pape (même s’il se branle de temps en temps).

Ce comics, tout en noir et blanc, est très bien dessiné, surtout les expressions, notamment celle de  la mère d’Edward Gein, une femme pieuse, bigote, qui pense que toutes les femmes sont des salopes, des sodomites, échappées de dieu sait où et qui mène tout le monde à la baguette (son mari alcoolo et ses deux gamins).

Il ne faut pas s’étonner, avec une génitrice pareille, que le petit Ed Gein ait été plus que perturbé et ait fini en tueur en série, nécrophile et pilleur de tombes. Je ne dis pas que tous les enfants élevés de la sorte finiront en mecs dépravés (heureusement) ou serial killer, mais pour ceux qui tourneront assassins en puissance, on saura d’où ça vient.

Ce comics assez épais (plus de 200 pages), est une autopsie d’un tueur en série, où les auteurs se sont attachés aux faits, rien qu’aux faits, même s’ils nous donneront un aperçu de toutes les sornettes que les gens de la ville de Plainfield (Wisconsin) balanceront sur Ed, une fois celui-ci arrêté (en 1957). Les rumeurs courent plus vite que la vérité et les horreurs font vendre plus de journaux…

Ce récit n’est pas pour les esprits sensibles ou les jeunes enfants… Les ambiances sont malsaines, angoissantes, flippantes, sans pour autant basculer dans le gore ou la surenchère inutile.

Les auteurs ont réussi le difficile équilibre entre montrer les horreurs commises par Ed Gein, sans s’appesantir dessus, afin de ne pas provoquer l’effet contraire. Ce qui aurait été contreproductif, alors que là, on imagine sans mal et on en tremble d’effroi.

Un terrible fait divers mis en scène de manière remarquable par les deux auteurs dans cet album qui retrace l’enfance et la vie d’Ed Gein, son arrestation, l’enquête, son internement et les faits qui lui ont été reprochés.

En lisant ce comics, vous saurez tout sur celui que l’on a surnommé « le boucher de Plainfield »… Pour un public averti, tout de même !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°114],  Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°25 et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°06).

Petit traité du racisme en Amérique : Dany Laferrière

Titre : Petit traité du racisme en Amérique

Auteur : Dany Laferrière
Édition : Grasset – Essais français (2023)

Résumé :
Dans ce livre, le premier qu’il consacre au racisme, Dany Laferrière se concentre sur ce qui est peut-être le plus important racisme du monde occidental, celui qui dévore les Etats-Unis.

Les Noirs américains : 43 millions sur 332 millions d’habitants au total – plus que la population entière du Canada. 43 millions qui descendent tous de gens exploités et souvent martyrisés. 43 millions qui subissent encore souvent le racisme.

Loin d’organiser une opposition manichéenne entre le noir et le blanc, précisément, Dany Laferrière précise : « On doit comprendre que le mot Noir ne renferme pas tous les Noirs, de même que le mot Blanc ne contient pas tous les Blancs. Ce n’est qu’avec les nuances qu’on peut avancer sur un terrain si miné. »

Voici donc un livre de réflexion et de tact, un livre littéraire. Mêlant des formes brèves que l’on pourrait rapprocher des haïkus, où il aborde en général les sensations que les Noirs éprouvent, et de brefs essais où il étudie des questions plus générales, Dany Laferrière trace un chemin grave, sans jamais être démonstratif, dans la violence semble-t-il inextinguible du racisme américain.

« Mépris », « Rage », « Ku Klux Klan » alternent avec des portraits des grands anciens, Noirs ou Blancs, qui ont agi en noir ou en blanc : Charles Lynch, l’inventeur du lynchage, mais aussi Eleanor Roosevelt ; et Frederick Douglass, et Harriet Beecher Stowe, l’auteur de La Case de l’oncle Tom, et Bessie Smith, à qui le livre est dédié, et Angela Davis. Ce Petit traité du racisme en Amérique s’achève sur une note d’espoir, celui que Dany Laferrière confie aux femmes. « Toni, Maya, Billie, Nina, allez les filles, le monde est à vous ! »

Critique :
Voilà un livre qui se lit assez vite, car au lieu d’être composé d’un long texte, il est composé de plein de petits : poésies, réflexions, punchline, biographies assez courtes d’Américains ayant marqué leur époque, s’étant battu pour les droits.

Au départ, j’ai été déstabilisée, puisque je m’attendais à une étude, un essai, bref, à un texte en continu. Comme je sais m’adapter et faire preuve de souplesse, je me suis dit « Pourquoi pas ? »…

Et je me suis rendue compte, au fil de ma lecture, qu’on pouvait en dire beaucoup avec peu de mots, qu’il fallait juste bien choisir ses phrases, ce que Dany Laferrière a réussi à faire avec maestria.

S’appuyant sur ses expériences, sur des lectures, des auteurs, des faits de sociétés, il nous parle d’esclavage, de ségrégation, des luttes, des injustices, de littérature, de colonisation, des haines dans le coeur des Hommes. Le tout sans sombrer dans le pathos ou le larmoyant. C’est net et précis. Le tout avec de temps en temps une pointe d’humour.

C’est instructif, même si vous connaissez déjà beaucoup sur le sujet, parce qu’il est utile de rappeler que le racisme n’est pas mort, la ségrégation non plus et que les injustices sont toujours là, bien présentes, entre les Blancs et les Noirs, tout Américains, même si certains ont moins de droits que les autres.

Sans oublier le racisme primaire, celui que l’on fait sous le couvert de l’humour, mais qui peut blesser celui qui en fait les frais. Les petites paroles glissées dans votre dos, les rires gras, les gens qui chuchotent… Il y a encore du boulot !

Un essai qu’il faut lire, afin de ne pas oublier que des gens, à cause de leur couleur de peau, vivent toujours des injustices, comme c’est toujours aussi le cas pour une orientation sexuelle (homosexualité), pour leur sexe (nous les femmes) ou leur transsexualité.

Et toutes ces injustices ne concernent pas des minorités, certaines touchent la moitié de la population. On n’a pas fini de se battre, Dany ! Mais c’est épuisant…

An American Year

Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°21.

Culottées – Tome 01 : Pénélope Bagieu

Titre : Culottées – Tome 01

Scénariste : Pénélope Bagieu
Dessinateur : Pénélope Bagieu

Édition : Gallimard – Bande dessinée (2017/2019)

Résumé :
Quinze récits mettant en scène le combat de femmes d’origines et d’époques diverses, qui bravèrent les normes sociales de leur temps : Margaret, une actrice hollywoodienne, Agnodice, une gynécologue de l’Antiquité grecque qui se fit passer pour un homme afin d’exercer sa profession, Lozen, une guerrière et chamane apache, etc.

Critique :
Je n’avais entendu que du bien de ce roman graphique et j’avais très envie de le découvrir.

Bon, ça a mis du temps (j’en manque toujours), mais maintenant que j’ai découvert ces portraits de femmes culottées, qui ont osé braver les interdits, se battre, s’élever, aller contre le conformisme, j’ai hâte de lire la suite.

L’autrice met en scène, au travers de 15 portraits, 15 femmes. « Des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent ».

Des connues comme Joséphine Baker et des inconnues et c’est là tout l’intelligence, car elle nous fait découvrir des femmes qui méritaient bien un gros coup de projecteur sur leur vie et ce qu’elles ont réalisées.

J’ai apprécié en apprendre plus sur les femmes que je croyais connaître, mais dont je ne savais pas tout et j’ai pris un grand plaisir aussi à découvrir d’autres portraits, que ce soit celui d’une femme gynécologue du temps de la Grèce antique, qui sauva la vie de ses patients qui accouchaient ou tout simplement d’une femme à barbe qui s’est assumée, d’un homme qui se sentait femme ou de la seule femme impératrice en Chine.

Alors oui, toutes n’ont pas fait avancer la cause du féminisme, loin de là, mais par leurs petites actions, elles ont contribué à d’autres choses. C’étaient des rebelles qui n’ont pas voulu rester dans les cases prévues par leurs sociétés et où on a toujours caser les femmes : mariage, maternité, ferme ta gueule et fait le ménage.

C’est drôle, intéressant, bien mis en scène (j’ai un faible pour les dessins de Pénélope) et même si les portraits sont trop courts, on a tout de même rempli son cerveau de petites histoires à raconter plus tard, pour briller devant des beaufs et leur claper le bec.

L’autrice n’a pas suivi une ligne du temps, on passe par toutes les époques et tous les lieux. Il ne faut pas chercher un fil rouge, le seul qu’il y a, ce sont les portraits de ces femmes rebelles, dont la plupart nous étaient inconnues.

Elles ont du courage, certaines ont pris plus de risques que d’autres (s’opposer à un dictateur est plus dangereux que lutter contre l’érosion avec des plantations), mais je ne les jugerai pas, chacune, à son échelle, a fait quelque chose d’important, d’intéressant et c’est ce qui compte.

Une bédé, roman graphique à découvrir et à partager !

Son odeur après la pluie : Cédric Sapin-Defour

Titre : Son odeur après la pluie

Auteur : Cédric Sapin-Defour
Édition : Stock La Bleue (29/03/2023)

Résumé :
C’est une histoire d’amour, de vie et de mort. Sur quel autre trépied la littérature danse-t-elle depuis des siècles ? Dans Son odeur après la pluie, ce trépied, de surcroît, est instable car il unit deux êtres n’appartenant pas à la même espèce : un homme et son chien. Un bouvier bernois qui, en même temps qu’il grandit, prend, dans tous les sens du terme, une place toujours plus essentielle dans la vie du narrateur.

Ubac, c’est son nom (la recherche du juste nom est à elle seule une aventure), n’est pas le personnage central de ce livre, Cédric Sapin-Defour, son maître, encore moins. D’ailleurs, il ne veut pas qu’on le considère comme un maître. Le héros, c’est leur lien.

Ce lien unique, évident et, pour qui l’a exploré, surpassant tellement d’autres relations. Ce lien illisible et inutile pour ceux à qui la compagnie des chiens n’évoque rien.

Au gré de treize années de vie commune, le lecteur est invité à tanguer entre la conviction des uns et l’incompréhension voire la répulsion des autres ; mais nul besoin d’être un homme à chiens pour être pris par cette histoire car si pareil échange est inimitable, il est tout autant universel.

Certaines pages, Ubac pue le chien, les suivantes, on oublie qu’il en est un et l’on observe ces deux êtres s’aimant tout simplement.

C’est bien d’amour dont il est question. Un amour incertain, sans réponse mais qui, se passant de mots, nous tient en haleine. C’est bien de vie dont il est question. Une vie intense, inquiète et rieuse où tout va plus vite et qu’il s’agit de retenir. C’est bien de mort dont il est question.

Cette chose dont on ne voudrait pas mais qui donne à l’existence toute sa substance. Et ce fichu manque. Ces griffes que l’on croit entendre sur le plancher et cette odeur, malgré la pluie, à jamais disparue.

Critique :
L’odeur d’un chien mouillé est unique au monde… Assez forte, incommodante et pourtant, lorsque notre chien n’est plu, cette odeur particulière nous manque, comme le cliquetis des griffes…

Des chiens exceptionnels, j’en ai connu, ils me manquent encore.

Alors ce roman qui parle d’un amour fusionnel entre un homme et son chien, bouvier bernois, ça me parlait, me donnait envie de le lire, même en sachant que le final serait larmoyant, parce que oui, un jour, nos animaux de compagnie nous quittent.

Alors que je m’attendais à recevoir des émotions en pagaille, ma lecture a été assez froide, presque clinique. Nulles émotions dans ces pages où un homme et un chien font leur première rencontre, leurs premiers pas ensemble, où ce jeune chiot apprend à découvrir son nouvel univers.

Merde alors, qu’est-ce qui m’arrive ? Aurais-je perdu ma capacité à m’émouvoir ? Serai-je jalouse de sa relation fusionnelle avec son beau chien ?

Impossible, j’ai vécu aussi ce genre d’histoire et je suis toujours capable de m’émouvoir dès qu’un humain et un animal ont une relation fusionnelle ou qu’une personne perd son chien, qu’il ait été perdu, volé (comme pour les chats).

Alors docteur, la cause du malaise ? Cela est dû au style d’écriture de l’auteur, dont certaines tournures de phrases étaient assez difficiles à lire, alambiquées, comme si l’auteur avait voulu complexifier le récit au lieu d’aller au plus simple.

Si mon fourgon blanc prend la direction de là-bas, ce ne sera pas pour voir si ce n’est pourvoir un réel déjà bien garni de ses bonheurs et de ses manques.

Un vertige m’y attend, de ceux que les évidences contraires de l’élan et du frein creusent à merveille. Je sais ce que signifie aller là-bas, du côté de Mâcon. Ça n’est pas rendre visite.

Bref, le style ampoulé m’a empêché de vibrer de cette relation entre l’auteur et son chien, nommé Ubac, ainsi que le fait qu’il parle plus de lui que de son animal. Trop de « je », ce qui m’a fait rester à distance de ce récit, puisque je n’y trouvais pas ce que je cherchais : les émotions d’une telle relation.

Alors oui, ce n’est pas toujours facile à expliquer ce genre d’amour avec un animal,  pas toujours évident de raconter, de mettre les mots sur ces belles histoires, afin de faire vibrer son lectorat et j’avoue que j’aurais du mal à raconter mes histoires fusionnelles avec certains chiens, qu’ils aient été des chiens malins ou des un peu con (j’en ai eu un, mais c’était un amour).

Les émotions sont arrivées pour la fin de vie de Ubac, là, mon coeur s’est serré et mes yeux se sont humidifiés. Hélas, ensuite, l’auteur a fait trop long et l’ascenseur des émotions est redescendu et j’ai terminé les dernières pages assez péniblement.

Dommage, j’attendais beaucoup de cette lecture, dont des vibrations fortes et elles ne furent pas au rendez-vous. Vu que sur Babelio, les critiques sont positives à l’écrasante majorité, il y a plus de chances que vous passiez du bon temps dans cette lecture que moi.

 

Les Dalton – Tomes 01 / 02 : Olivier Visonneau et Jesùs Alonso

Titre : Les Dalton – 01 – Le premier mort / 02 – Le dernier jour

Scénariste : Olivier Visonneau
Dessinateur : Jesùs Alonso

Édition : EP Media Wanted Collection (2016 / 2017)

Résumé :
Coffeyville, Kansas, est le théâtre du dernier braquage du gang des Dalton. Traqués par toutes les polices du pays, les trois frères décident de dévaliser simultanément les deux banques de la ville avant de fuir vers l’Argentine.

Le hold-up tourne court. Bob et Grattan sont cernés par les citoyens de Coffeyville armés jusqu’aux dents.

Emmet, le cadet, timide et introverti, assiste de loin au terrible guet-apens. Le poltron de la fratrie trouvera-t-il le courage de sauver ses frères du déluge de feu qui va s’abattre sur leur tête ?

Critique :
Tout le monde connaît les Dalton… Oui, mais, les connaissons-nous vraiment ?

Je veux dire, autrement que par Lucky Luke où les vrais Dalton (pas leurs cousins bêtes et méchants) avaient, eux aussi, les mêmes têtes  (voir l’album Hors-la-loi) ? Non, nous ne savons rien d’eux.

Les frères Dalton n’avaient pas la même tronche et de plus, ils ont commencé leur carrière au service de la loi : ils étaient marshall.

Le premier tome commence par l’attaque de la banque de Coffeyville, au Kansas (des fois que vous voudriez la braquer aussi) et nous retrouvons les frères Dalton en voleurs, des bandits de grands chemins. Après un cliffhanger, le récit fait un petit tour en arrière et nous présenter les frères, du temps où ils étaient d’honnêtes gens. Mal payés, payés au lance-pierre, mais honnêtes.

Problème, quand vous ne payez pas les gens correctement et qu’ils n’ont plus un sous vaillant en poche, il est tentant de se diriger du côté obscur de la Force afin de se remplir les poches.

Certes, cette bédé western s’est inspirée librement de la véritable histoire des frères Dalton, mais au moins, elle est plus réaliste que la version de Morris. Par contre, elle est moins drôle. Pas originale, parce que le scénario est ultra classique, mais elle est réaliste, sérieuse et bien loin de ce que nous pensions des frères Dalton.

Du côté des dessins, tout allait bien aussi, rien d’extraordinaire, mais de bons dessins, bien agréables à suivre.

Le second album est explosif, puisque l’on a des attaques, des coups de feu, des armes, des poursuites, des chevaux, bref, c’est un western tout ce qui a de plus classique et de plus conventionnel, et pourtant, ça marche toujours. Notamment grâce à l’ajout d’une femme qui va jouer les agent double, sans avoir froid aux yeux, ni même aux fesses.

Anybref, ces deux albums sont bons, pas exceptionnels, mais ils font leur job, divertir et cultiver, le tout avec des personnages ayant réellement existés. On pourrait même se surprendre à les apprécier, ces frères.

De plus, le final nous réservera quelque surprise. Alors, what’else ?

PS : ces deux albums existent aussi en intégrale.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°039] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Les couturières d’Auschwitz : Lucy J. Adlington

Titre : Les couturières d’Auschwitz

Auteur : Lucy J. Adlington 🇬🇧
Édition : Payot Histoire (22/03/2023)
Édition Originale : The Dressmakers of Auschwitz : The True Story of the Women Who Sewed to Survive (2021)
Traduction : Julie Printzac

Résumé :
Comment des jeunes femmes en majorité juives et slovaques survécurent à Auschwitz en y travaillant dans l’atelier de haute couture créé à l’été 1943 par Edwig Höss, l’épouse du commandant du camp, pour ses propres besoins et ceux d’autres femmes de SS (y compris dans l’élite berlinoise).

Un témoignage d’autant plus saisissant qu’il mêle l’enfer concentrationnaire à l’existence dorée des geôliers, sous la plume d’une historienne de la mode.

Et une enquête sur la façon dont l’aryanisation économique déstabilisa le secteur textile, pas seulement en Allemagne, et dont la récupération des affaires de déportés devint une véritable industrie de reconditionnement, au point qu’une vingtaine de trains remplis d’effets personnels repartaient quotidiennement d’Auschwitz.

Critique :
Un atelier de haute couture à Auschwitz ? Jamais je n’aurais pensé que ça avait existé dans ce lieu… Pourtant, plus rien ne devrait m’étonner, avec ces salopards de nazis.

Les dignitaires du partis avaient des épouses, qui voulaient être bien fringuées, à la dernière mode. Bref, être et paraître.

L’ironie de l’histoire, c’est que les SS ont interdit aux Juifs de pratiquer un métier, leur ont tout pris, interdisant aux allemands d’acheter chez des Juifs, de se vêtir chez eux, mais ont passé outre le fait que c’était ces mêmes Juifs qui confectionnaient les fringues de leurs épouses ! Hypocrisie, quand tu nous tiens.

Illogisme aussi, mais dans ce genre de système politique, il ne faut pas s’étonner que la logique ne soit plus de mise, mais que le régime soit à géométrie variable. Cet essai est rempli d’exemples de ces contre-sens.

Effectivement, c’est facile avec de la main d’œuvre qualifiée gratuite et corvéable à merci, des vêtements et des tissus qui arrivent en grande quantité et qui n’ont rien coûté, puisque volé aux futurs prisonniers (ou « génocidés »)… La vie est belle, pour les meufs des nazis ! Facile quand ce sont les autres qui triment pour vous… Et dans quelles conditions de travail !

Heureusement que dans ce kommando là, les conditions étaient un peu mieux qu’ailleurs (oui, tout est relatif, bien entendu)

Je pensais que c’était un roman historique, mais en fait, c’est un essai.

Alors non, vous n’aurez pas de l’Histoire mise en roman, mais plus une étude sur le « comment des femmes se sont retrouvées à confectionner pour les nazis » et des moments de vie dans le camp d’Auschwitz (vu du côté des déportés, mais aussi du côté des dirigeants).

Avant de nous plonger dans ce camp d’extermination, l’autrice dresse un portrait de ces femmes, nous parlant de leur jeunesse, de leur vie pauvre, mais agréable et ensuite, de la montée du nazisme, des lois anti-juives et de la propagande. Jusqu’à ce qu’elles se retrouvent dans un train, en direction de ce lieu maudit où l’on s’évadait par la cheminée…

C’est très instructif, en tout cas. Mais ça se lit moins vite que des témoignages romancés.

Par contre, ça vous glace les sangs. Malgré les innombrables ouvrages que j’ai lu sur les camps de concentration et ou de la mort, j’en apprend encore ! L’ignominie humaine est sans fond. La haine est toujours la même : l’autre, les autres !

Il faut les fustiger, dresser les gens contre eux, souligner les différences, diviser pour mieux régner. C’est abject et le pire, c’est que la formule marche du tonnerre et qu’on l’utilise encore et toujours. N’a-t-on rien appris du passé ??

C’est un livre difficile à lire, notamment parce que c’est un essai. Il n’est pas conseillé de le commencer en vacances, il n’est absolument pas fait pour une lecture avec les doigts de pieds en éventail. Il faut se poser, être à ce que l’on fait et prendre son temps pour le lire.

Instructif au possible, cet essai m’a encore appris des choses et je pense que je ne saurai jamais tout et que j’ai encore des horreurs à découvrir en plongeant dans la noirceur humaine.

Une lecture éprouvante, mais une lecture que je me devais de faire, comme toutes les autres traitant du sujet.

#lemoisanglais

Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°41].

Ils ont fait l’Histoire – Tomes 26 & 29 – Churchill (2/2) : Vincent Delmas et Alessio Cammardella

Titre : Ils ont fait l’Histoire – Tomes 26 & 27 – Churchill (2/2)

Scénariste : Vincent Delmas
Dessinateur : Alessio Cammardella

Édition : Glénat / Fayard

Résumé Tome 1 :
« L’Histoire me sera indulgente, car j’ai l’intention de l’écrire. »

1880. Descendant d’une famille aristocratique de seconde classe, le jeune Winston Churchill grandit dans l’ombre de son père, le député conservateur Randolph Churchill.

Passionné de stratégie militaire, Winston entame une carrière dans l’armée pour y briller et, un jour, siéger au Parlement aux côtés de son père.

Ses exploits en campagne et sa personnalité très marquée lui valent autant d’éloges que d’inimitiés. Alors que son père décède prématurément, le fils Churchill, lui, devient un personnage aussi incontournable qu’insaisissable de la classe politique anglaise.

Nommé Premier lord de l’amirauté aux prémices de la Grande Guerre, il s’apprête à montrer au reste du monde l’étendue de ses talents…

Tome 2 : « Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ». Septembre 1939. Le monde entier entre en guerre.

En quelques mois à peine, ce sont la Belgique et la France qui capitulent… L’Angleterre perd deux de ses principaux alliés. Mais alors que des voix s’élèvent pour entamer des négociations avec l’Allemagne, Winston Churchill, revenu au poste de Premier Ministre, reste ferme. La bataille de l’Angleterre ne fait que commencer. Et c’est sans doute le destin du monde entier qui est en train de se jouer.

Aussi célèbre pour ses bons mots que pour son action décisive en tant qu’homme d’état au Royaume-Uni et en Europe, Winston Churchill est l’une des figures politiques les plus importantes du XXe siècle. Ce second volume de son récit en bande dessinée est centré sur les actions de Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale.

Critique :
Churchill, tout le monde connaît son nom, on connaît souvent bon nombre de ses citations et pourtant, on ne connaît pas très bien l’homme.

Enfin si, on croit connaître… On croit savoir, mais en fait, on ne sait rien et ces deux tomes tombaient à point nommé pour que je révise mon Winston, avec un gros cigare au bec et un verre d’alcool.

D’ailleurs, vu ce que Churchill disait des chevaux, jamais je n’aurais imaginé qu’il aurait été dans la cavalerie et brillant cavalier (sûr que lorsque l’on monte à cheval, on n’en connait que mieux leur danger). Là, il aura la double casquette militaire et journaliste.

Première chose, les dessins ! Ils sont magnifiques (les décors !), détaillés et totalement réalistes, bien entendu. Nous sommes dans de la bande dessinée sérieuse, messieurs, dames ! (petite pique à celles et ceux qui continuent de dire que les bédés, c’est pour les enfants).

La vie de Churchill sera passée en revue dans ces deux tomes et je suis allée me coucher moins bête, moins ignorante !

Petit, Winston n’était pas le couteau le plus affuté du tiroir et son père désespérait d’arriver un jour à en faire quelque chose. D’ailleurs, s’il est entré dans la cavalerie, c’est parce que Winston avait foiré tout le reste… Comme quoi, on peut être nul dans tout, mais bon dans la communication et arriver tout de même au faîte du pays.

Lors de la Première Guerre Mondiale, il sera rendu responsable du désastre des Dardanelles, même si on lui avait bien savonné la planche. Mais nous le savons, il en fallait plus à Winston pour l’enterrer et il reviendra, plus fort que jamais.

De cette lecture, je retiendrai que Winston n’était pas un brillant stratège, mais qu’il était entouré d’excellents stratèges et qu’il les écoutait, contrairement au moustachu gesticulant (Hitler était un médiocre stratège et n’écoutait pas les experts : heureusement, sinon… Qui sait ?).

Dire qu’au début de la Seconde Guerre Mondiale, Churchill était super impopulaire, considéré comme un has-been, doublé d’un alcoolo. Après, il en sera tout autrement.

Anybref, si vous voulez en savoir plus sur l’animal qu’était W.C, je ne peux que vous conseiller ces deux tomes de la collection « Ils ont fait l’Histoire ».

Même s’il est impossible de tout dire dans deux bédés de 56 pages chacune, il reste néanmoins les appendices afin d’avoir plus d’informations sur la bête qu’était Winston.

#lemoisanglais
Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°33].

La part de l’ombre – T02 – Rendre justice‭ : ‬Patrice Perna et Francisco Ruizgé

Titres : La part de l’ombre – T02 – Rendre justice

Scénariste : Patrice Perna
Dessinateur : Francisco Ruizgé 🇪🇸

Édition : Glénat (06/01/2021)

Résumé :
Doit-on être puni pour avoir tenté de tuer Hitler ?

Avril 1955. Le tribunal de première instance de Berlin a confirmé en appel la condamnation de Maurice Bavaud, exécuté quatorze ans plus tôt pour sa tentative d’assassinat d’Adolf Hitler.

Bien décidé à ne pas en rester là, l’ancien agent de la Kriminalpolizeï Guntram Muller fait de l’annulation de ce verdict une affaire personnelle. Mieux, il veut voir Bavaud honoré en héros national.

Pris en étau entre des services secrets américains intrusifs et des autorités soviétiques méfiantes, il se voit confier la responsabilité d’interviewer rien de moins que Nikita Khrouchtchev, Premier secrétaire du parti communiste qui s’apprête à renier officiellement la politique de Staline dans les semaines à venir.

Dans le final haletant de La Part de l’Ombre, Patrice Perna s’interroge sur l’importance du travail bibliographique et du devoir de mémoire.

Le flegmatique Guntram, en explorant le passé, est sur le point de mettre au jour les enjeux réels de cette affaire. Quand une injustice passé finit-elle d’avoir des répercussions sur le présent ?

Critique :
Nous retrouvons Muller, poursuivant son enquête sur Bavaud, notamment auprès de l’ambassade Suisse en Allemagne (de l’Est).

La Suisse, par le biais de son ambassadeur, se retranche derrière la décision de la justice et les codes de la loi, ajoutant que durant la Seconde Guerre Mondiale, ils étaient neutres et que c’est donc pour cela qu’ils n’ont jamais proposer, aux nazis, d’échanger des espions nazis contre Bavaud, ressortissant suisse.

Oui, mais… On peut aussi être neutre et avoir des relations cordiales avec les différents belligérants, tirer son épingle du jeu. Les relations bienveillantes, même avec les allemands, ça peut aider, durant une guerre. Mais il ne faudrait pas que l’on ressorte ce passé peu glorieux de sous les tapis…

Et maintenant, 15 ans après, les suisses ne font rien pour réhabiliter Bavaud ? Refusant même de faire appel de la décision de justice qui condamne, à nouveau, Bavaud, à l’emprisonnement (alors qu’il a été guillotiné en 1941!).

Dès les premières pages, la Suisse est rhabillée pour 36 hivers, Muller ne se privant pas pour mettre le nez de l’ambassadeur dans leur merde, notamment avec l’or des Juifs, volé par les nazis et dormant gentiment dans les banques suisse. Oh, il est shocking, monsieur l’ambassadeur, quand Guntram Muller lui balance tout à la figure.

Dans ce second tome, le côté espionnage prend le dessus (services secrets américains, Stasi, politburo), on en apprend plus sur les différents personnages, on a quelques surprises (que j’avais deviné, la ficelle était un peu grosse) et ça complote un peu partout.

Plus d’action dans ce second tome, là où le premier prenait son temps. On bouge plus, l’histoire est assez dense, complexe et se consacre plus à Guntram Muller et sa part d’ombre (on le verra en découvrant son passé et son implication) qu’a Bavaud, même si tout est lié.

Guntram Muller est un personnage complexe, tout en nuances, pas facile à cerner. D’ailleurs, les autres personnages sont, eux aussi, complexes, réalistes et terriblement humains.

Le final est explosif… et à la hauteur !

Une bédé qui mélange habillement l’espionnage, la guerre froide, les dialogues percutants, la politique, la justice, l’Histoire, les faits réels et fictionnels, le tout dans des ambiances pesantes de l’après guerre et d’un Berlin coupé en deux.

Les dessins sont bien faits, ce qui ne gâche rien.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°202] et Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°45].