La prochaine fois que tu mordras la poussière : Panayotis Pascot

Titre : La prochaine fois que tu mordras la poussière

Auteur : Panayotis Pascot
Édition : Stock – La Bleue (23/08/2023)

Résumé :
« Ce livre me fait peur. Il a été douloureux à pondre. Mon père nous a annoncé qu’il n’allait pas tarder à mourir et je me suis mis à écrire. Trois années au peigne fin, mes relations, mes pensées paranoïaques, mon rapport étrange avec lui, crachés sur le papier. Je me suis donné pour but de le tuer avant qu’il ne meure. Ce que je ne savais pas c’est que j’allais traverser un épisode dépressif si intense que j’allais frôler la mort moi aussi… C’est l’histoire de quelqu’un qui cherche à tuer. Soi, ou le père, finalement ça revient au même… »

Critique :
C’est après avoir regardé l’émission de La Grande Librairie, où l’auteur parlait de son livre, que j’ai eu envie de le découvrir. Son passage ensuite dans l’émission C à Vous a fini de me convaincre.

Ne connaissant pas du tout l’homme derrière l’artiste, ni l’artiste derrière l’homme, je suis entrée dans son récit autobiographique, vierge de toute opinion.

Tout ce que je savais, c’est qu’il y parlait de son père, de leurs relations compliquées, de sa dépression et de son homosexualité qu’il avait découvert sur le tard.

J’ai apprécié la première moitié de son autobiographie, même si le style était assez brouillon, des phrases jetées en vrac, comme elles lui étaient venues à l’esprit, sans doute, ou alors, il a voulu imiter le style d’un journal intime où l’on balance des phrases sans se préoccuper de leur ordre, puisqu’il n’est pas destiné à être lu.

En le lisant, j’ai compris pourquoi certains lecteurs s’étaient senti touchés par son texte, notamment lorsqu’il parle de sa sexualité et de ses amours hétérosexuels, avant de comprendre qu’il était tout simplement homosexuel.

Il est un fait que cela a dû raisonner dans certains de ses lecteurs qui ont vécu les mêmes questionnements, les mêmes interrogations, les mêmes dénis, les mêmes tâtonnements lors de leur début avec un partenaire du même sexe.

C’était touchant, mais entre nous, je n’avais pas besoin de tout connaître de sa vie sexuelle non plus (ses branlettes, qu’il bandait mou parfois, que son anus était plus parlant que sa tête)…

— Tu vois pas ma tête, comment tu vois que je stresse ?
— Ton anus
— Hein ?
— Ton anus se ferme quand tu as peur (…)
Tu lisais plus facilement mon anus que ma tête. Et là j’ai senti que tu regardais mon anus dans les yeux…

Bref, un peu moins de cul et plus de profondeur dans le texte, cela n’aurait pas été du luxe. Parce que oui, à la longue, c’est lassant et je n’ai pas envie d’entrer dans l’intimité d’un type à ce point-là !

Dans la seconde moitié, j’ai commencé à me lasser très très vite des répétitions de l’auteur, de ses dépressions, dont on se demande tout de même le pourquoi du comment. Je ne remets pas en questions les problèmes des gens, mais comment font les autres, notamment ceux ou celles qui ont perdu un enfant, un conjoint, qui galèrent pour trouver un job, pour gagner leur vie, pour faire vivre leur famille ?

L’auteur le disait sur le plateau de C à vous, il n’a pas vraiment de raison d’être déprimé, mais voilà, ça lui arrive, c’est peut-être cyclique ou alors, il se fait du mal lui-même (enfant, il avait peur que ses parents décèdent la nuit, alors ils les écoutait ronfler et ensuite, ses parents ont dû installer un babyphone pour que leur fils les écoute dormir : leur vie sexuelle a été réduite à zéro !).

Il a beau parler de son père et de leurs relations compliquées, dans ce qu’il nous raconte, je n’y ai pas vu de la maltraitance, sauf qu’enfant, il a dû boire un bol de lait tous les jours et qu’il n’aime pas ça et que ce fut pareil avec les patates. Bon, pas très malin de la part du père, mais rien de plus méchant, alors, il est où le problème ? Parce que son père ne montre jamais ses émotions ?

Il est des parents et des enfants qui ne se parlent plus depuis des années, qui ne savent plus se voir, tandis que lui, il va chez ses parents, loge là-bas, y est allé pour écrire son autobiographie… Son père n’est pas parfait, mais ce n’est pas un tortionnaire, ni un salopard.

Si le début avait été agréable, si je me plaisais bien dans son récit, je me suis retrouvée à penser tout le contraire une fois la moitié du livre passé : on tournait en rond, il se regardait un peu trop le nombril, se lamentait pour ce qui n’avait pas lieu d’être (ou du moins, pas lieu d’être écrit dans un livre, juste bon pour son psy qui l’envoie au Liban quand il est dépressif grave) et cherchait la petite bête.

Bref, ça avait bien commencé et ça c’est terminé en eau de boudin…

18 réflexions au sujet de « La prochaine fois que tu mordras la poussière : Panayotis Pascot »

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  2. j’ai lu un portrait qui l’encensait il y a quelques temps, et j’ai regardé la série De grâce dans laquelle il joue, et je ne l’ai pas trouvé transcendant en fait… et ce que tu dis de ce livre n’est vraiment pas pour m’intéresser.

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    • Dans les critiques, il y en a qui encense le roman et d’autres pas, comme ça arrive souvent… à moi, le roman n’a pas parlé, l’auteur non plus, il m’a soulé, maintenant, ce n’est que mon avis, tout petit… 🙂

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  3. Un stage dans une ONG en Afrique lui permettrait peut-être de comprendre qu’il va bien et donc de moins se regarder le nombril ! J’ai beaucoup aimé ta phrase : « un peu moins de cul et plus de profondeur » :-p j’ai bien rigolé !

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  4. Je n’ai pas souhaité lire ce livre et me sens confortée dans ce choix en te lisant.

    Je « connaissais » l’auteur pour l’avoir vu régulièrement intervenir sur l’émission « Quotidien » que je trouve profondément irritante (welcome to BoboWokistan) mais que je suis obligée de subir pour éviter des crises familiales ou de devoir subir Hanouna à la place ou la guerre mondiale dans le monde dans les actualités…

    Je n’ai jamais trouvé ses chroniques supposées drôles si drôles que ça et le voyant ensuite faire la promo de son livre dans diverses émissions ça m’a un peu soulée…Je trouvais son discours à la fois terriblement impudique, scabreux (pourtant je ne suis pas puritaine) mais aussi artificiel et convenu comme si ce qu’il dévoile de son parcours voulait illustrer les valeurs du moment… En plus des fois il partait dans des associations d’idées impossibles à suivre tellement c’était décalé.

    Il s’est peut être cherché dans sa sexualité (sur le tard ? Heu… il n’a pas 40 ans ? Me goure-je?)… ça arrive… mais ce qui me déplaît le plus c’est qu’il se cherche surtout professionnellement en espérant qu’on paye pour le suivre dans sa quête de lui-même. En principe dans ce genre de quêtes on se paie un psy… on ne demande pas au public et potentiellement à tout un pays de payer pour l’écouter tourner au-dessus de son nombril.

    Quand les auteurs de qualité parlent d’eux c’est surtout pour nous montrer comment nos singularités ont à voir avec l’universel. Là il parle juste de lui.

    Je suis dure j’avoue… mais il est passé de chroniqueur au one-man-show (là encore ça n’a pas tant cartonné que ça puisqu’il n’a pas persévéré) avant de maintenant écrire un livre personnel qu’aucun éditeur n’aurait accepté sans son label « vu à la télé ». Alors quand je vois tous les jeunes auteurs qui galèrent et ont mieux à proposer ça me pousse encore davantage au refus de le lire. Qu’il se trouve un vrai boulot. Ce sera mieux pour tout le monde!

    Bref c’est pas pour moi non plus.

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    • Je m’attendais à mieux, à autre chose qu’effectivement, un tournicoti tournicota autour de son nombril et de choses qui sont, à mon sens, trop intimes que pour être donnée. Ce n’est pas un personnage de livre, un être qui n’existe pas, c’est l’auteur !

      Je n’ai pas suivi ses chroniques, ni son one man show, je ne le connaissais même pas avant son passage à C à vous 😆 Bon, je me suis fourvoyée, alors, au suivant 🙂

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