Les archives des Collines-Chantantes – 02 – Quand la tigresse descendit de la montagne : Nghi Vo

Titre : Les archives des Collines-Chantantes – 02 – Quand la tigresse descendit de la montagne

Auteur : Nghi Vo
Édition : L’Atalante – La Dentelle du cygne (11/05/2023)
Édition Originale : The Singing Hills Cycle, book 2: When the Tiger Came Down the Mountain (2020)
Traduction : Mikael Cabon

Résumé :
Des tigresses métamorphes amatrices de poésie, des mammouths de guerre aussi impressionnants que placides, une jeune lettrée tiraillée entre son cœur et sa raison, fantômes, goules et esprits-renards à l’affût, aventures baroques et amours libres…

Critique :
Si j’avais eu quelques difficultés à entrer dans le premier tome, découvrant son univers et le personnage de l’adelphe Chih, pour le deuxième, ce fut un jeu d’enfant.

Nous retrouvons donc Chih de l’abbaye des Collines-Chantantes et iel est en voyage à dos de mammouth (qui n’écrase aucun prix).

Chih a dû demander de l’aide à Si-yu et son mammouth, Piluk afin de franchir un col enneigé. Bison Futé n’a pas annoncé de problèmes.

Et là, bardaf, nos deux personnages croisent le route de trois tigresses affamées, qui, tel Shere Khan, sont douées de paroles et même capable de prendre forme humaine ! Réfugiés dans une grange, sous la garde de Piluk, Chih va la jouer comme Shéhérazade et narrer le récit d’une tigresse chère au yeux de notre trio de félins affamés.

Quel suspense et quelle histoire ! Tout comme les tigresses, je me suis installée plus confortablement pour écouter le récit fait par Chih, sur la tigresse Ho Thi Thao et de sa rencontre avec une lettrée prénommée Dieu (on a le nom qu’on a).

Mais la version archivée dans la mémoire de Chih (qui est celle des Collines chantantes) comporte des fautes que les tigresses se feront un félin plaisir de mettre en évidence, ce qui donnera lui à des contre-récits bien différents. Chacun écrivant SA vérité, selon qu’il est tigre ou humain.

Comme dans la vie réelle où la vérité est écrite par les vainqueurs, au détriment de la réalité. Propagande, mensonges… Quant on ne veut pas que la vérité exacte soit connue (et parfois, on ne la connait même pas), on change un peu le récit et on gomme ce qui nous gêne.

Cette lecture fut un réel plaisir, j’avais l’impression d’être au coin du feu (j’y étais, ce mois d’avril 2024 n’est pas chaud) et d’écouter une histoire, tranquillement, en sirotant une boisson chaude, le tout dans le calme absolu, alors qu’il y a trois tigresses prêtes à nous dévorer.

Alternant le conte et les dialogues entre nos protagonistes et les tigresses, l’autrice a réussi à nous donner un récit qui nous tient en haleine, dont on veut connaître la suite et à transformer une nuit oppressante en nuit tranquille, malgré les dents brillantes des tigresses métamorphes.

Un récit de fantasy asiatique qui m’a tenu en haleine, que j’ai lu d’une traite, savourant la plume de l’autrice, son univers, ses personnages et ses animaux qu’elle met très bien en scène.

Je poursuivrai avec les deux autres tomes prochainement.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°168]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°54.

Les archives des Collines-Chantantes- 01 – L’impératrice du sel et de la fortune : Nghi Vo

Titre : Les archives des Collines-Chantantes- 01 – L’impératrice du sel et de la fortune

Auteur : Nghi Vo
Édition : L’Atalante – La Dentelle du cygne (18/01/2023)
Édition Originale : The Empress of Salt and Fortune (2020)
Traduction : Mikael Cabon

Résumé :
Un mariage politique force In-yo, jeune femme de sang royal, à s’exiler au sud, dans l’empire Anh. Ses frères sont morts, ses armées et leurs mammouths de guerre vaincus de longue date restent reclus derrière leurs frontières.

Seule et humiliée, elle doit choisir ses alliés avec circonspection.

Lapin, une jeune servante vendue au palais par ses parents en réparation de l’absence de cinq paniers de pigments se prend d’amitié pour la nouvelle épouse esseulée de l’empereur et en voit son existence bouleversée.

Chih interroge la domestique au crépuscule de sa vie sur les divers objets peuplant sa maison. Leurs origines forment une histoire que les archives officielles ignorent et qui pourrait déstabiliser l’empire.

Critique :
Voici une novella fantasy qui m’a déstabilisée, du haut de ses 120 pages, tant l’autrice a maintenu le flou durant un bon moment.

L’univers est asiatique, sans hésitation possible, mais pour au départ, j’ai eu du mal à trouver mes marques dans ce récit dont la narration est inhabituelle…

C’est Lapin, une ancienne servante de l’impératrice In-yo, qui racontera son histoire à Chih, qui est un/une adelphe (le flou est maintenu sur son genre, c’est parfois il, parfois elle, alors, je ferai iel).

Les chapitres sont courts, chacun racontant dont un événement du passé, souvent sans liens entre eux. Lapin les racontera au fur et à mesure des choses dont Chih fera l’inventaire dans cette petite maison, où vécu l’impératrice en exil.

On ne s’en rend pas tout de suite compte, mais toutes ces petites histoires sont cruelles, sans pour autant qu’il y ait des détails glauque, mais on comprend très vite le sort réservé à certains membres du personnel qui était dans l’entourage de l’impératrice, ainsi que d’autres détails sur la méchanceté des gens et sur le fait que In-yo ait plus été une femme utilisée pour obtenir un enfant et sceller une union avec les peuples du Nord.

Bref, tout comme dans la vie réelle, on assistera à des mesquineries, des bassesses, de la méchanceté gratuite, mais aussi à des complots, des trahisons, à des stratégies, et si toutes ces petites histoires, de prime abord, n’ont pas l’air d’être narrées dans leur chronologie, on se rend compte, finalement, qu’on a eu droit à beaucoup de petits secrets d’alcôve, le tout raconté sans avoir l’air de les divulguer.

La narration se fait tout en finesse, c’est assez rapide, en 120 pages, difficile de nous ensevelir sous une montagne de détails, mais l’autrice en dit assez pour que l’on puisse se faire une représentation de son univers, de percevoir le tout de manière claire et limpide, et de comprendre le tout une fois arrivé au bout de ce premier tome.

C’est un récit très court, assez déstabilisant lorsqu’on entre dedans (enfin, pour moi), mais qui se met assez vite en place et en divulgue assez pour que l’on ait envie de poursuivre notre lecture du récit de Lapin, récit qui se fera tout en finesse, sans nous épargner les bassesses de la vie, mais sans s’appesantir dessus.

En tout cas, ce premier opus m’a donné envie de lire les quatre autres !

An American Year

Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°48.

Un soir d’été : Philippe Besson

Titre : Un soir d’été

Auteur : Philippe Besson
Édition : Julliard (04/01/2024)

Résumé :
« Nous étions six – cinq garçons et une fille – insouciants, frivoles, joyeux, dans un été de tous les possibles. Pourquoi a-t-il fallu que l’un d’entre nous disparaisse ? »

S’inspirant d’une histoire vécue, Philippe Besson retrace un drame de sa jeunesse, survenu dans l’île de Ré, un soir de juillet, au milieu des années 80.

Critique :
♫ Est-ce que tu viens pour les vacances ? ♪ (1)

Mais bien entendu, que Philippe vient pour les vacances sur l’île de Ré, en compagnie de ses parents et ils logent chez leurs amis, dont François, le fils est pote avec Philippe (l’auteur).

Cette année, il y a Nicolas en plus, nouvellement arrivé sur l’île (depuis l’hiver), il y a toujours Christophe, résident et ami de François et on y ajoutera deux vacanciers, pour donner une sympathique bande de 6 jeunes : 5 mecs et 1 fille.

En littérature, j’adore les récits où il y a une bande de copains, où ce sont les vacances, l’insouciance, les folies d’adolescents, les premiers émois… Nostalgie d’un temps passé ? Je ne pense pas, juste un faible pour ces amitiés qui résistent au temps et qui peuvent casser lors des premiers amours.

Ne lisez pas ce récit si vous êtes à la recherche d’action ou de rythme endiablé. Il ne se passe pas grand-chose, si ce n’est de la glandouille d’ado, du lézardage à la plage, de l’amour à la plage (ah-ouh, cha cha cha), Et mes yeux dans tes yeux (ah-ouh, ah-ouh), Baisers et coquillages (ah-ouh, cha cha cha), Entre toi et l’eau bleue (ah-ouh, ah-ouh) (2).

Pourtant, je me suis faite happer par ce récit autobiographique de l’auteur, qui nous parle de l’été de ses 18 ans, en 1985. J’avais oublié le nombre de tubes de cette année-là et pendant que l’auteur en citait quelques uns (ils étaient au bal du 14 juillet), je me suis surprise à fredonner. Ah, ces années 80, au niveau de la zik, c’était le pied (ceci n’est que mon avis).

On pourrait dire que ce roman sent bon la Bibliothèque Verte/Rose, hormis les quelques scènes de sexe (pas détaillées, mais bon, quand on a « sucer, sperme, cul et bite », on se doute que ce n’est pas un cours de l’université de médecine). Le récit est doux, reposant, amusant et de mon côté, je ne l’ai pas trouvé mièvre (ça passe ou ça casse), juste simple.

Néanmoins, l’auteur ajoute aussi quelques problèmes, quelques faits de société, comme la dureté du métier de pêcheur, le harcèlement scolaire, la difficulté d’être homo, le mépris, les blagues lourdes, méchantes, le fossé entre résidents et vacanciers, entre prolo et bourgeois, la solitude de certains…

Dès le départ, on sait qu’il va y avoir un drame et drame il y aura, mais pas ce que j’avais pensé. C’est ce qui éloignera ce récit de la Bibliothèque Rose de mon enfance, parce que le Club des Cinq ne mènera pas l’enquête.

Alors non, rien d’exceptionnel dans ce roman autobiographique, juste des souvenirs de vacances, de la culpabilité (on s’en veut toujours, dans ces cas-là) et de l’amitié, des balbutiements amoureux, des mecs qui se charrient, qui se vannent, certains jouant au tombeur.

L’ambiance des vacances et de 1985 m’a transporté ailleurs, cette lecture m’a fait du bien, m’a apaisée, même si j’ai eu le cœur serré lorsque… Les personnages sont attachants, même si c’était des mecs, j’avais envie de passer plus de temps avec eux, de me vautrer sur la plage et de ne rien foutre, de ne penser à rien.

Une vraie lecture doudou, même si tout n’est pas rose dans ces vacances qui sonneront la fin de l’insouciance. Bienvenue dans le dur monde des adultes…

(1) Est-ce que tu viens pour les vacances ? : David et Jonathan
(2) L’Amour à la plage : Niagara

Les belles vies : Benoît Minville

Titre : Les belles vies

Auteur : Benoît Minville
Édition : Sarbacane (2016) / J’ai Lu (2019)

Résumé :
Turbulents, pas vraiment délinquants, ils cumulent les bêtises plus ou moins graves, les rires et les bleus. Vasco est en CFA BTP, Djib passe en première S. Leur dernière rixe est pourtant celle de trop…

Afin de leur mettre du plomb dans la tête, leurs parents décident d’employer les grands moyens : ils envoient les deux ados dans la Nièvre, le temps d’un été chez un ami du père de Vasco, entrepreneur local qui propose ses services comme famille d’accueil pour la DDASS.

C’est dans cette campagne éloignée de tout, France profonde dont on parle peu, qu’ils vont rencontrer et se confronter à une autre forme de jeunesse : celle des enfants élevés par celle que tous surnomment « Tata », une femme qui accueille des enfants placés et donne sa vie aux autres.

Critique :
Cela faisait 6 ans que ce roman traînait dans mes biblio, alors que je souhaitais le lire au plus vite et qu’il était même répertorié dans ma PAL « Urgentissime » (vous comprenez pourquoi je refuse les demandes de lecture d’auteurs et les SP !).

Et maintenant, je me demande pourquoi j’ai attendu aussi longtemps pour le lire… Alors que j’avais eu un coup de coeur pour « Rural Noir » (un autre roman de l’auteur).

Registre différent, mais les émotions étaient présentes lors de ma lecture, même si elles ont été moins intenses qu’avec son autre roman.

Néanmoins, j’avais envie d’un peu de douceur dans ce monde de brute, envie d’une lecture plus soft, envie de soleil, de vacances et ce roman est arrivé au bon moment, même si, pour la douceur, on repassera. Nous sommes tout de même avec des mômes ou des ados fracassés par la vie, par leurs parents, déficitaires, violents, aux abonnés absents… et placés en famille d’accueil par la DDASS.

Vasco et Djib sont deux ados qui ont fait une bêtise, rien de trop grave, mais voilà, c’est une de plus et leurs parents ont décidés de les placer dans une famille d’accueil, dans la Nièvre, dans un lieu au milieu des campagnes, des bois, bref, dans le trou du cul de la France.

Croyez-moi, il y a pire comme punition, parce que nos deux amis vont découvrir des émois, des bons moments, du sexe, de l’amusement, bref, ils vont passer de bons moments, même si, ils seront parfois entrecoupés de passages plus forts, plus chahutés.

Non, il ne se passe pas grand-chose dans ce roman, mais il m’a fait du bien au moral, car il se déroulait pendant les grandes vacances et qu’on a tout de même une bande d’amis qui vont s’amuser, découvrir la vie, les charmes de la campagne et que j’ai eu, tout comme eux, la larmiche à l’œil au moment de se quitter.

Pas de smartphones dans l’histoire (nous sommes un peu après 2001, avant que tous les jeunes se fassent greffer un téléphone au bout de leur main), pas de réseaux sociaux et tant mieux. C’était reposant.

Par contre, impossible d’échapper au racisme, Djibril étant Noir et Vasco portugais… Bizarrement, Dylan, un jeune déjà présent dans cette famille d’accueil, est d’un racisme crasse, comme celui que l’on trouve plus souvent chez les personnes de la génération au-dessus et rarement chez un jeune de 16 ans.

Il aurait mérité qu’on le recadre un peu plus fort, parce que parler du pain que les étrangers prennent aux français, alors qu’on est placé, avec sa sœur, dans une famille d’accueil, que l’on est nourri, logé et blanchi grâce à l’argent que tous les français, qu’ils soient d’origines, naturalisés ou qu’ils aient gardé leur nationalité, ont donné aux impôts, je la trouve forte de café… Dylan, tu en veux au monde entier, mais tu t’en prends aux mauvaises personnes.

Heureusement qu’au fil des pages, certains personnages vont évoluer et que les yeux vont s’ouvrir, même s’il reste encore du taf à faire sur la gestion de la colère de certains. Bref, ce sont des ados, en bute avec le monde entier, avec leurs hormones qui travaillent, avec les sentiments bouillonnants et l’apprentissage de la vie encore à faire, à peaufiner.

C’est une jolie histoire, mais l’auteur n’enjolive pas les faits : malgré des parents violents, malgré des parents immatures et sans emploi fixe, la justice peut décider à tout moment que ces parents peuvent récupérer leurs enfants, et peu importe que cette décision foute en l’air leur avenir, le travail réalisé par la famille d’accueil. La justice, rouleau compresseur, décide, exécute et se fout royalement de l’avis des enfants ou de ceux qui les aident à grandir dans le droit chemin.

Pas de morale à cette histoire, juste une histoire racontée, des destinées qui se sont croisées, durant un été et qui repartiront, pour suivre leur propre route, une fois la rentrée arrivée. Que deviendront-ils ? Nous ne le saurons jamais, c’est à nous de leur inventer un futur, pas trop merdique ou alors, de les laisser figés à jamais dans l’instant X de la fin du roman…

Une jolie découverte, même si, le récit aurait mérité d’être un peu plus approfondi, plus creusé, plus détaillé, notamment avec ce couple qui accueille les jeunes et qui se donne à fond pour eux.

 

La prochaine fois que tu mordras la poussière : Panayotis Pascot

Titre : La prochaine fois que tu mordras la poussière

Auteur : Panayotis Pascot
Édition : Stock – La Bleue (23/08/2023)

Résumé :
« Ce livre me fait peur. Il a été douloureux à pondre. Mon père nous a annoncé qu’il n’allait pas tarder à mourir et je me suis mis à écrire. Trois années au peigne fin, mes relations, mes pensées paranoïaques, mon rapport étrange avec lui, crachés sur le papier. Je me suis donné pour but de le tuer avant qu’il ne meure. Ce que je ne savais pas c’est que j’allais traverser un épisode dépressif si intense que j’allais frôler la mort moi aussi… C’est l’histoire de quelqu’un qui cherche à tuer. Soi, ou le père, finalement ça revient au même… »

Critique :
C’est après avoir regardé l’émission de La Grande Librairie, où l’auteur parlait de son livre, que j’ai eu envie de le découvrir. Son passage ensuite dans l’émission C à Vous a fini de me convaincre.

Ne connaissant pas du tout l’homme derrière l’artiste, ni l’artiste derrière l’homme, je suis entrée dans son récit autobiographique, vierge de toute opinion.

Tout ce que je savais, c’est qu’il y parlait de son père, de leurs relations compliquées, de sa dépression et de son homosexualité qu’il avait découvert sur le tard.

J’ai apprécié la première moitié de son autobiographie, même si le style était assez brouillon, des phrases jetées en vrac, comme elles lui étaient venues à l’esprit, sans doute, ou alors, il a voulu imiter le style d’un journal intime où l’on balance des phrases sans se préoccuper de leur ordre, puisqu’il n’est pas destiné à être lu.

En le lisant, j’ai compris pourquoi certains lecteurs s’étaient senti touchés par son texte, notamment lorsqu’il parle de sa sexualité et de ses amours hétérosexuels, avant de comprendre qu’il était tout simplement homosexuel.

Il est un fait que cela a dû raisonner dans certains de ses lecteurs qui ont vécu les mêmes questionnements, les mêmes interrogations, les mêmes dénis, les mêmes tâtonnements lors de leur début avec un partenaire du même sexe.

C’était touchant, mais entre nous, je n’avais pas besoin de tout connaître de sa vie sexuelle non plus (ses branlettes, qu’il bandait mou parfois, que son anus était plus parlant que sa tête)…

— Tu vois pas ma tête, comment tu vois que je stresse ?
— Ton anus
— Hein ?
— Ton anus se ferme quand tu as peur (…)
Tu lisais plus facilement mon anus que ma tête. Et là j’ai senti que tu regardais mon anus dans les yeux…

Bref, un peu moins de cul et plus de profondeur dans le texte, cela n’aurait pas été du luxe. Parce que oui, à la longue, c’est lassant et je n’ai pas envie d’entrer dans l’intimité d’un type à ce point-là !

Dans la seconde moitié, j’ai commencé à me lasser très très vite des répétitions de l’auteur, de ses dépressions, dont on se demande tout de même le pourquoi du comment. Je ne remets pas en questions les problèmes des gens, mais comment font les autres, notamment ceux ou celles qui ont perdu un enfant, un conjoint, qui galèrent pour trouver un job, pour gagner leur vie, pour faire vivre leur famille ?

L’auteur le disait sur le plateau de C à vous, il n’a pas vraiment de raison d’être déprimé, mais voilà, ça lui arrive, c’est peut-être cyclique ou alors, il se fait du mal lui-même (enfant, il avait peur que ses parents décèdent la nuit, alors ils les écoutait ronfler et ensuite, ses parents ont dû installer un babyphone pour que leur fils les écoute dormir : leur vie sexuelle a été réduite à zéro !).

Il a beau parler de son père et de leurs relations compliquées, dans ce qu’il nous raconte, je n’y ai pas vu de la maltraitance, sauf qu’enfant, il a dû boire un bol de lait tous les jours et qu’il n’aime pas ça et que ce fut pareil avec les patates. Bon, pas très malin de la part du père, mais rien de plus méchant, alors, il est où le problème ? Parce que son père ne montre jamais ses émotions ?

Il est des parents et des enfants qui ne se parlent plus depuis des années, qui ne savent plus se voir, tandis que lui, il va chez ses parents, loge là-bas, y est allé pour écrire son autobiographie… Son père n’est pas parfait, mais ce n’est pas un tortionnaire, ni un salopard.

Si le début avait été agréable, si je me plaisais bien dans son récit, je me suis retrouvée à penser tout le contraire une fois la moitié du livre passé : on tournait en rond, il se regardait un peu trop le nombril, se lamentait pour ce qui n’avait pas lieu d’être (ou du moins, pas lieu d’être écrit dans un livre, juste bon pour son psy qui l’envoie au Liban quand il est dépressif grave) et cherchait la petite bête.

Bref, ça avait bien commencé et ça c’est terminé en eau de boudin…

Noir comme l’orage : Sonja Delzongle

Titre : Noir comme l’orage

Auteur : Sonja Delzongle
Édition : Fleuve Noir (11/01/2024)

Résumé :
Quatre scènes de crime. Sept victimes. Une seule arme : la foudre.

Après une nuit d’orage, alors que la saison touristique commence à peine, des corps sont découverts sur l’île d’Oléron et ses alentours, attachés à des pieux métalliques plantés dans le sable face à l’océan, foudroyés. Sept dépouilles au total. Et des modes opératoires très proches.

Le capitaine Max Fontaine, en poste à la PJ de La Rochelle, va aussitôt être chargé de l’affaire. Sa priorité : trouver le lien qui unit les victimes pour espérer remonter jusqu’à leur assassin. Il ne se doute cependant pas de la douloureuse épreuve personnelle qu’il s’apprête à traverser, ni de la solitude, de l’impuissance et de la rage qui vont l’habiter durant cette enquête.

Car de nombreux obstacles se dresseront sur sa route avant de pouvoir accéder à la vérité.

Critique :
Noir c’est noir… Dans ce thriller, les meurtres ne manquent pas d’originalité et de mise en scène. Au moins, certains  assassins (via leurs auteurs) se creusent la cervelle pour faire de l’inédit, du rarement vu et délaisser les flingues ou couteaux habituels.

Dans ces pages noires, éclairées par des orages (je me sens poète), on aura beaucoup de morts. Avec un brin d’humour, on pourrait accuser l’autrice de faire du désarmement démographique ! (je ne me lasse pas des bons mots de votre préz).

Le capitaine Max Fontaine n’est pas un enquêteur habituel non plus, il a un petit truc en plus (c’est le cas de le dire, mais je ne dirai rien) qui fait que ce personnage n’a rien à voir avec ceux ou celles aux côtés de qui l’on mène l’enquête dans les polars. Ce petit truc en plus, il l’a fait par amour, pour reconquérir sa douce et non pas parce qu’il estimait que les cartes avaient été mal distribuées.

Le départ était génial, on avait affaire à du jamais vu dans une mise en scène pour des meurtres et j’avoue que je moulinais dans ma tête pour trouver qui avait bien pu assassiner toutes ces personnes et surtout, pourquoi ! Comme les deux enquêteurs, je me suis perdue aussi, j’ai fait des erreurs, mais bon, nous sommes humains.

Au moins, les policiers cherchaient, menaient des investigations, se faisaient mettre des bâtons dans les roues par des nantis, tâtonnaient dans le noir. C’était réaliste.

Par contre, à un moment donné, dans le roman, l’autrice a voulu trop en faire et a ajouté deux crimes inutiles, selon moi (mais ce n’est que mon avis) et comme vous le savez, trop étant l’ennemi du bien, sur cette affaire, c’est parti en capilotades, en exagérations et sur ce point-là, je n’ai pas adhéré, notamment sur la personne coupable.

Non, là, c’étai le sucre qu’il ne fallait pas rajouter, l’affaire des foudroyés était déjà assez copieuse à elle toute seule, inutile, donc, d’aller s’égarer dans une autre affaire qui touchait de près le capitaine Fontaine (et je n’ai pas aimé certaines de ses réactions).

Mais si ce fais fi de ce bémol, pour le reste, je ne me plaindrai pas, c’était addictif, bourré de mystères, de fausses pistes et jusqu’au dernier moment, je n’avais pas capté qui avait fait quoi.

Une fois tout expliqué, j’ai repris la solution dans ma tête, lentement, parce que ça donnait une impression de fouillis et de révélations fracassantes. À tête reposée, cela va mieux, même si j’ai trouvé le mobile un peu léger… Tout ça pour ça ?

Bon, moi, si je devais commettre un crime, je le ferais dans la discrétion, pas dans l’exposition ! Mais dans la littérature et les séries, il faut exposer, sinon, le scénario sera court et bref, ce n’est pas ce que l’on demande.

Une bonne lecture bourré d’adrénaline, d’action, de suspense, de mystères, des personnages borderline, originaux, des enquêteurs qui ne lâchent rien, une écriture assez froide, mais ce n’était pas un handicap. Bémol : l’ajout d’une autre affaire criminelle dont on aurait pu se passer et dont la résolution était un peu limite (dans l’identité du coupable).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°147].

Sale temps pour les braves : Don Carpenter

Titre : Sale temps pour les braves

Auteur : Don Carpenter
Édition : Cambourakis (2023)
Édition Originale : Hard Rain Falling (1964)
Traduction : Céline Leroy

Résumé :
Abandonné dès sa naissance en pleine crise de 1929, Jack Levitt traîne ses airs de mauvais garçon et ses pulsions meurtrières dans la grisaille de Portland.

Empoisonné par l’amertume qui fait bouillir son sang, Jack suit depuis toujours le parcours d’isolement que la société a prévu pour lui. Après l’orphelinat, la maison de correction ; après la prison du comté, la prison d’état. Jack a vingt-six ans quand il sort de San Quentin.

Affranchi par la connexion qui l’a uni à son codétenu Billy Lancing, Jack tentera de se libérer de la solitude de la vie, son ennemie de toujours, à travers l’aventure conjugale et la paternité. Mais là encore, la liberté est hors de portée.

Critique :
Les qualificatifs étaient des plus élogieux pour ce roman, alors, je me suis laissée tenter… Là aussi, ce fut une lecture en forme de montagnes russes.

Ce que j’ai le plus apprécié, c’est le côté hard-boiled du roman : les personnages de petites frappes, de loosers, de mauvais garçons qui passent leur temps à jouer aux cartes, au billard, au snooker et à monter des mauvais coups, plutôt que d’aller bosser.

Jack Levitt abandonné à sa naissance, ses parents avant la page 30, n’a pas eu de chance. Il traîne avec son ami, Denny Mellon et ils vont croiser la route de Billy Lancing, un jeune noir surdoué au billard… et ensuite, aller de galère en galère.

Ceci est un vrai roman noir, pur et dur, noir comme un café, sombre, violent, rempli d’injustices et de descriptions des maisons de corrections et des prisons américaines, où notre Jack Levitt sera incarcéré.

L’injustice de la justice est flagrante et elle est à plusieurs vitesses : une pour les pauvres, une pour les Noirs, une pour les WASP. Devinez qui s’en sort le mieux ?

Ce roman noir parle très bien de la société américaine des années 30 (grande dépression) en passant par celle d’après-guerre et allant jusqu’au aux années 60, en abordant plein de sujets, dont le racisme. Oui, durant une grande partie de ce roman, j’ai passé un bon moment et j’ai apprécié l’histoire d’amour contrariée de Jack. C’était inattendu.

Hélas, ce qui a ralentit la lecture, ce sont les descriptions des parties de billard, de snooker, avec des tas de termes qui ne feront plaisir qu’aux connaisseurs et pas à la lectrice lambda qui sait juste que les balles doivent aller dans un trou. Me demandez pas plus.

Malgré tout les bons points de ce roman, je n’ai pas vraiment frémi durant ma lecture et à un moment donné, j’ai même décroché. Il y a des choses qui ne s’explique pas vraiment.

Un roman sombre, démoralisant et désespéré. Ne cherchez pas de la lumière, vous n’en trouverez pas.

Un roman d’apprentissage, celui d’un jeune garçon devenu jeune homme, un laissé pour compte, un paumé qui ne sait pas quoi faire de sa vie (hormis voler, baiser, boire, s’amuser), sachant très bien que la malédiction a pesé sur lui dès sa conception et que jamais il ne pourra sortir de sa condition, dans cette Amérique qui vend de la poudre aux yeux en vous parlant que tout est possible. Oui, pour quelques uns…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°138] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°30).

Comme si nous étions des fantômes : Philip Gray [LC avec Bianca]

Titre : Comme si nous étions des fantômes

Auteur : Philip Gray
Édition : Sonatine – Thriller/Policier (07/09/2023)
Édition Originale : Two Storm Wood (2021)
Traduction : Elodie Leplat

Résumé :
Vous avez aimé Au revoir là-haut ? Un long dimanche de fiançailles ? Vous allez adorer Comme si nous étions des fantômes.

Amiens, 1919. Les champs de bataille de la Somme sont désormais silencieux. Ne restent que quelques hommes qui rassemblent les dépouilles pour tenter de les identifier. Amy, une jeune femme arrivée d’Angleterre, cherche à retrouver l’homme qu’elle aime, Edward, porté disparu.

Dans la tranchée où celui-ci a été vu pour la dernière fois, treize cadavres ont été retrouvés. Il apparaît bien vite que leur mort n’a rien à voir avec les combats, ni avec l’armée allemande.

S’inspirant de l’expérience de son grand-père, combattant de la grande guerre, Philip Gray fait preuve d’un réalisme rarement égalé, que ce soit dans la description des champs de bataille ou dans certains aspects souvent passés sous silence de cette période, tels le racisme ou la drogue.

Outre une empathie rare pour ses personnages, il se révèle également un bâtisseur d’intrigue hors pair, qui parvient à maintenir le mystère jusqu’à la toute dernière page de son roman.

Critique :
Voilà ce que j’appelle une lecture montagnes russes, tant je suis passée de l’émerveillement à l’ennui profond…

1919… Dans les tranchées, les armes se sont tues et on recherche les morts afin de tenter de trouver leur identité et de les rendre à leur famille. Imaginez l’ampleur du travail…

Dans 100 ans, ils n’auront pas fini de déterrer tous les morts de la Première Guerre, qui mérite bien son nom de grande boucherie.

Dès le commencement, j’ai été ravie par ce récit, par Amy Vanneck qui quitte son Angleterre pour rechercher Edward, son fiancé disparu durant une bataille d’août 1918.

Et puis, il y avait un premier chapitre mystérieux au possible, des flash-back sur la rencontre entre Amy et Edward et la découverte, dans un abri de tranchée, de plusieurs cadavres mutilés, essentiellement des chinois du Chinese Labour Corps, et dont la mort ne pouvait être attribuée à la guerre ou à des allemands. Bref, ça commençait d’une manière des plus intéressantes et je sentais venir la super lecture.

Et puis bardaf, je suis tombée dans une tranchée et j’y ai erré, perdue dans le no man’s land qu’a traversé le récit, à un moment donné, et ce ne fut pas le seul grand moment de solitude que j’ai ressenti.

Ce fut une alternance de récits passionnants, que je dévorais (l’utilisation de cocaïne et laudanum, les chinois qui bossaient sur les lignes de chemin de fer durant le conflit et après, pour dégager les corps,…) et de période de vaches maigres ou je tournait en rond, comme l’histoire, comme l’enquête, qui n’avançait pas.

Avec cent pages de moins, on aurait eu un récit plus resserré et je n’aurais pas eu cette impression que l’auteur ajoutait du texte pour retarder au possible son twist final.

La solution finale, je l’avais déduite, ayant éliminé tout ce qui était improbable, mais j’avoue que je n’avais pas tout vu, tout analysé.

Un polar historique qui aurait été plus dynamique avec moins de pages, moins d’atermoiement, des personnages intéressants, attachants (certains plus que d’autres), une écriture agréable à suivre, mais une mauvaise gestion du rythme du récit.

Une LC en demi-teinte avec ma copinaute Bianca et elle vous dira tout dans sa chronique qui se trouve !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°136] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°28).

L’ingrédient secret pour un Noël parfait : Valentine Stergann

Titre : L’ingrédient secret pour un Noël parfait

Auteur : Valentine Stergann
Édition : MxM Bookmark (08/11/2023)

Résumé :
Peu importe si vous croyez ou non en la magie de Noël, parfois, elle s’impose à vous (entre deux couches de crème au beurre).

Depuis le décès de ses parents, Léon Chamberlain ne veut plus célébrer Noël. Entre son moral en berne, sa pâtisserie au bord de la faillite et son tempérament bougon, le trentenaire n’a plus le cœur à la fête.

C’est sans compter sur Tom, son jeune frère, qui aimerait à nouveau se laisser emporter par la magie, qui plus est quand son meilleur ami Roméo lui propose de passer Noël dans sa famille, avec Léon.

Roméo, célèbre influenceur TikTok aux millions d’abonnés, a décidé de jouer les Pères Noël pour les fêtes et de rendre ses proches heureux. Ses missions ? Sauver la pâtisserie Chamberlain, redonner le goût de Noël à Léon, et surtout… ne pas se laisser rattraper par le béguin qu’il avait pour lui il y a quelques années.

Les échanges entre le grognon Léon et le pétillant Roméo promettent d’être aussi savoureux… qu’un sablé à la cannelle.

Critique :
D’habitude, je ne lis jamais de roman sur Noël en décembre, me les réservant pour l’été, c’est plus marrant.

Je lis rarement des romances (ce n’est pas mon truc et c’est souvent guimauve) et encore moins de la littérature parlant d’homosexualité (non pas que je sois contre, c’est juste pas mon truc non plus).

Alors, qu’est-ce qui m’a pris d’aller lire une romance gay de Noël en décembre, alors que ce roman cumule tout ce qui n’est pas ma came et qu’en plus, à l’instar d’un téléfilm de Noël, je me doutais que tout serait téléphoné et guimauve à souhait ??

Ben tout simplement l’envie de sortir totalement de mes sentiers battus et de perpétuer, cette année encore, mon petit rituel de lire une romance gay de Noël durant la période des fêtes, où même les pubs puent la neige synthétique et les bons sentiments.

Mes lectures dans le même genre, en décembre 2020 et 2022 m’avaient plu, donc, j’ai récidivé. Voilà le pourquoi du comment… Rassurez-vous, ce ne sera pas une habitude.

Alors, qu’est-ce que j’ai pensé de cette lecture ?

Ma foi, ce roman n’échappe pas aux clichés habituels que l’on trouve durant cette période et dans les romances, qu’elles soient hétéro ou homo : un bougon qui déteste Noël, face à un jeune homme pétillant qui adore les fêtes, un qui tombera amoureux de l’autre sans que celui-ci s’en rende compte tout de suite, des hésitations, des je-te- tourne-autour, des papillons dans le ventre, de la guimauve sirupeuse, des étoiles dans les yeux, un soupçon de jalousie et un happy end totalement attendu et téléphoné.

On rajoute à la recette de cette bûche assez classique : un commerce qui bat de l’aile, quelques banquiers au cul (et pas pour vous masser les épaules), des hésitations, des c’est compliqué, des drames anciens, des deuils qui ne sont pas terminés et du mal-être et on mélange le tout dans un récipient avant de le passer au four et le tout est joué.

Oh, j’oubliais de rajouter aussi des mecs beaux, sexys, avec des beaux petits culs bien galbés dans le legging d’un elfe du père Noël. Oui, dans les romances, tout le monde est beau et on nous le répète souvent, des fois que nous n’aurions pas bien compris…

Oui, c’est bourré de clichés (et c’est toujours les mêmes qui reviennent), autant qu’une bûche de Noël est bourrée de gras, de sucre, de saccarose et de chocolat.

Oui, le scénario est ultra prévisible, hormis quelques détails, mais, tels les desserts de Noël, ça fait du bien au moral, met un peu de baume au cœur et on termine la lecture avec un sourire niais, avant de reprendre ses esprits et de reprendre un roman avec des meurtres. On ne me changera plus…

Malgré les clichés, j’ai apprécié les personnages (Léon le Grinch bougon, Tom son petit frère de 23 ans et Roméo, meilleur ami de Tom et Tiktokeur). Le temps que j’ai passé dans la pâtisserie de Léon était agréable et j’ai aimé l’entendre soupirer devant tous ces gens mordus de Noël, parce que dans le fond, il est tout comme moi, Noël le fait chier.

Ce roman m’a fait penser à celui que j’avais lu en décembre 2020 : Un chocolatier pour Noël (de Hope Tiefenbrunner) : presque le même univers, même scénario à quelques détails près, mêmes clichés, mêmes personnages avec celui qui ne croit plus à la magie de Noël et celui qui est à fond dedans.

Sauf que dans le chocolatier, il y avait une scène de sexe hot ! Ici, il n’y en a pas. La plume n’a pas détaillé la nuit de sexe.

Alors oui, cette lecture n’est pas indispensable, oui, elle réuni bon nombre de clichés, non, elle ne révolutionne rien, mais nom d’une pipe, elle met un peu de baume au coeur, ajoute un chouia de lumière à la noirceur ambiante et donne la pêche (ou la banane, à vous de choisir votre fruit).

C’est comme boire un bon chocolat chaud, ça réchauffe et met de bonne humeur.

 

Amère Russie – T01 – Les Amazones de Bassaïev / T02 – Les colombes de Grozny : Aurélien Ducoudray et Anlor

Titre : Amère Russie – T01 – Les Amazones de Bassaïev / T02 – Les colombes de Grozny

Scénariste : Aurélien Ducoudray
Dessinateur : Anlor

Édition : Bamboo (2014/2015)

Résumé :
Une épopée rude et touchante à travers la Tchétchénie dévastée par la guerre. Milieu des années 90, une mère russe tente de survivre en vendant des DVD pirates dans le métro de Moscou. Elle est sans nouvelles de son fils, militaire en opération en Tchétchénie. Un jour, elle lit son nom sur une liste de prisonniers.

Volodia est aux mains des Tchétchènes. Au même moment, Bassaiev, le général ennemi, annonce par voie de presse, qu’il relâchera ses prisonniers si leurs mères russes viennent les chercher.

Sans moyens, n’écoutant que son courage, son petit chien fantasque sous le bras, elle prend la route vers cette région en guerre pour aller chercher son fils…

Critique :
Quelle a du courage, Ekaterina, petite mère qui n’a plus eu de nouvelles de Volodia, son fils, parti faire la guerre en Tchétchénie. Ce n’est qu’un militaire en opération, mais voilà qu’elle apprend, par son soulard de mari, qu’il est prisonnier en Tchétchénie.

Paraît que le chef de guerre rendra les militaires aux mères qui viendront les chercher, alors, notre petite mère laisse tomber son commerce de DVD pirates qu’elle vendait dans le métro de Moscou et, prenant avec elle sa petite chienne fantasque, la voilà partie sur les routes dangereuses pour aller récupérer son fils.

J’ai aimé cette bédé qui nous montre un pan de la guerre en Tchétchénie, celle qui semble lointaine, puisqu’elle date des années 90 et dont nous avons tout oublié, un clou chassant l’autre (on le voit bien maintenant, on ne parle quasi plus de la guerre en Ukraine).

Les auteurs ont évité le manichéisme et nous ont montré tout un tas de facettes dans leurs personnages, chacun réagissant différemment en temps de guerre, quel que soit son camp, son pays.

Durant son road-trip, notre petite mère courage rencontrera quelques personnages hauts en couleurs et pas toujours bien disposés à son égard, comme le chef Bassaiev.

Les portraits les plus surprenants, seront ceux des Amazones de Bassaïev, ces femmes tireuses d’élites, un soldat Russe devenu aveugle et un jeune gamin, nommé Volodia comme son fils aussi.

Les auteurs ont réussi à jongler entre l’ombre et la lumière, entre l’humour et la gravité, et jamais ne sont tombés dans le lourd ou le voyeurisme.

L’équilibre était délicat et ils nous ont baladés du côté Russe et du côté Tchétchène, nous faisant comprendre, ainsi qu’à Ekaterina, que les guerres font leur lot de malheurs, de morts, de misère, des deux côtés et que ceux que l’on attaque ne sont pas toujours les coupables désignés par le pouvoir en place (suivez mon regard discret).

Dans les dernières pages, les auteurs nous ont réservé quelques surprises, assez inattendues, violentes, mais qui ont démontrées, une fois encore, toute l’absurdité d’un conflit, d’une guerre, transformant des gens normaux en créatures violentes, se contentant d’exécuter les ordres, sans se poser plus de questions quant aux actes qu’ils commettent.

Une sacré bédé à découvrir et un magnifique portrait d’une mère courage, rejointe par d’autres cherchant leurs fils, le tout tiré d’histoires vraies.

PS : ceux deux bédés existent aussi en intégrale (il n’y a que deux tomes).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°064].