Deadpool – 02 – La vie en noir : Kelly Thompson, Gerardo Sandoval et Kevin Libranda

Titre : Deadpool – 02 – La vie en noir

Scénariste : Kelly Thompson
Dessinateurs : Gerardo Sandoval et Kevin Libranda

Édition : Panini – 100% Marvel (2021)

Résumé :
Elsa Bloodstone est en train de mourir et seul Deadpool peut la sauver ! À moins que ce soit un piège ? La plus belle histoire d’amour de Wade Wilson va-t-elle s’achever dans la trahison ? Deadpool s’oppose également à Knull dans le cadre du crossover King in Black. Eh oui ! Le Mercenaire Disert affronte seul celui qui massacre tous les héros Marvel !

Contient: – Deadpool (VI) 07 « La vie en noir (1) » (Deadpool (VI) 07 12/2020). – Deadpool (VI) 08 « La vie en noir (2) » (Deadpool (VI) 08 01/2021). – Deadpool (VI) 09 « La vie en noir (3) » (Deadpool (VI) 09 02/2021). – Deadpool (VI) 10 « La vie en noir (4) » (Deadpool (VI) 10 03/2021). – Deadpool Nerdy 30 (I) 01 « Joyeux trentenerd » (Deadpool Nerdy 30 (I) 01 05/2021).

Critique :
Cet album est la suite (et la fin) de « Longue vie au roi » et nous retrouvons notre mercenaire dissert au prise avec une créature qui est moche comme tout et visqueuse comme du goudron.

D’ailleurs, ne la touchez pas avec autre chose que votre arme, vous seriez contaminé !

Ce que je ne savais pas, c’est que ce second album était aussi un crossover de la série « King in Black » et que Deadpool allait devoir combattre les sujets du Roi en Noir, Knull, qui a envahit la Terre. Le moche méchant, c’est un sujet de Knull… Mais je parie que vous en battez les miches !

Bon, ne rien connaître de l’autre saga n’empêche pas la compréhension de ce récit qui se résume à de la castagne, des bagarres, des combats, une touche d’amour, des grosses louches d’humour et un Deadpool dont il ne restera plus que la tête (pas de panique, ça repousse).

En fait, c’est parce que Deadpool a dit qu’il faisait partie d’un crossover que je l’ai appris… Ça sert aussi à ça, un mercenaire qui cause tout le temps !

Bien entendu, c’est un album pour les fans de Deadpool, si vous n’aimez pas le personnage, que vous le trouvez trop bavard, trop fou, trop m’en-foutiste, trop vulgaire, ou tout ce que vous voulez, conseil d’amie, passez votre chemin !!

J’ai apprécié cette suite où l’on sent que Deadpool a un petit cruch pour Elsa Bloodstone et qu’il va tout faire pour la sauver de cette terrible maladie, tout en protégeant aussi ses sujets et en tentant d’annihiler l’ignoble créature goudronneuse et mauvaise comme la teigne. Le tout, aidé par ses monstres dont il est le roi et avec quelques bons mots et des beaux dessins (oui, j’ai aimé le travail des dessinateurs de cet arc narratif).

Par contre, j’ai moins bien aimé les épisodes avec les 30 ans de Deadpool, certains dessins, réalisés par d’autres que sur l’épisode général, n’étaient pas jolis à regarder et j’ai zappé assez bien de ces petites histoires.

An American Year

Le Diable sur mon épaule : Gabino Iglesias

Titre : Le Diable sur mon épaule

Auteur : Gabino Iglesias 🇵🇷
Édition : Sonatine – Thriller/Policier (01/02/2024)
Édition Originale : The Devil Takes You Home (2022)
Traduction : Pierre Szczeciner

Résumé :
Austin, Texas (🇺🇸). Lorsqu’on diagnostique une maladie foudroyante à sa fille, le monde de Mario s’écroule. Il se met à négliger son travail, se fait virer sans ménagement, les factures d’hospitalisation s’accumulent et sa femme cède lentement au désespoir.

Décidé à relever la tête, Mario contacte Brian, un ancien collègue devenu dealer de meth. Celui-ci lui propose un marché d’une effroyable simplicité : la vie d’un homme, contre 6 000 dollars. Sans une once d’hésitation, Mario accepte. Et découvre que la violence est un excellent remède à la colère qui l’habite.

Mais La Huesuda, la déesse de la mort, plane sur son existence. Et la tragédie le frappe à nouveau.

Lorsqu’il accepte une ultime mission pour un cartel de Juarez, la spirale de violence qui se déchaine alors finit de le convaincre qu’il n’aurait jamais dû ouvrir la porte au diable.

Critique :
Le nouveau barrio noir (mélange de thriller baroque, d’hyperréalisme percutant, de syncrétisme latino et de douleur du déracinement) de l’auteur commence gentiment, avant de nous entraîner dans des eaux sombres et puantes, à tel point qu’on se demande si cette aventure sera sans risques pour nous, pauvres lecteurs.

La vie de Mario s’est effondrée lorsque l’on a diagnostiqué une leucémie à sa gamine, qu’il a perdu son boulot, sa couverture de mutuelle, que les factures se sont accumulées et qu’il a mis un pied dans l’engrenage qu’il ne fallait pas.

Lorsque l’on dîne à la table du diable, il faut une longue cuillère et notre Mario l’a oublié. Lorsqu’il s’associe avec Brian, il a déjà franchi une ligne rouge, mais lorsque Juanca leur proposera de s’associer à lui afin de braquer un transport de fond d’un cartel, là, ni Mario, ni les lecteurs, ne pouvaient s’imaginer s’être assis à la table du diable, pour de vrai.

Ce barrio noir est sombre et certaines scènes sont assez gore, très violentes, notamment avec les dinosaures de Louisiane (quand vous le lirez, vous saurez de quoi je parle), la scène dans une petite maison pour récupérer une sorte de relique, ainsi que la scène du braquage en elle-même.

L’auteur connait son sujet, mais il ne se contente pas de donner du rythme à son récit, de proposer des personnages sombres, tourmentés (mais réussis) et de faire de la violence pour le plaisir.

Non, son récit, c’est aussi une manière de tacler les États-Unis, son racisme général, de critiquer le fait qu’une personne d’origine latine ne trouvera jamais que des sales boulots, mal rémunérés, contrairement à un blanc, quand bien même le blanc serait moins qualifié.

J’aurais voulu lui expliquer que des boulots pour lesquels j’étais largement assez qualifié m’étaient passés sous le nez. J’aurais voulu lui raconter que j’avais été viré plusieurs fois par des types qui étaient beaucoup moins compétents que moi. Au lieu de quoi je restai silencieux, parce que le monstre du racisme a plusieurs têtes et que je ne savais pas par laquelle Juanca avait été mordu. Et, surtout, parce qu’il avait raison.

Sans oublier le fait que les américains WASP considèrent les mexicains comme des envahisseurs, oubliant un peu vite que lorsque les premiers colonisateurs mirent le pied au Mexique, celui-ci était déjà habité (tout comme les États-Unis) et que les envahisseurs, ce sont ces descendants de colons…

Il fustige aussi ce pays où l’on peut acheter des armes facilement, armes que les trafiquants revendent ensuite aux membres des cartels mexicains (en fraude, bien entendu) et qu’ils alimentent, de ce fait, les tueries et fusillades au Mexique.

Je manquai m’étrangler. Ces deux « patriotes » faisaient partie intégrante du problème. Si la situation au Mexique était aussi catastrophique, c’était en grande partie à cause des fusillades constantes. Or, les armes impliquées dans ces fusillades provenaient de gens comme Kevin et Stevie.

On était venus pour récupérer un véhicule rempli d’armes, et Brian se voyait proposer un boulot tandis que je me faisais traiter d’immigré clandestin. Une belle illustration du racisme systémique. C’était tellement absurde que c’en était presque amusant. Et, en même temps, j’avais connu ça toute ma vie : à côté d’un Blanc en costar, mon niveau d’études et mon CV ne valaient rien. Sauf que là, le Blanc en question était quand même un toxico transpirant aux yeux écarlates qui avait passé la journée à gober des cachetons.

Si son trio de personnages est réussi, un autre qui est magistral, c’est Don Vázquez, le boss du cartel de Juárez. Un homme élégant, souriant, amical, qui parle sans élever la voix, tout en douceur et qui, sans faire d’effort, arrive à vous glacer d’effroi, tel un Poutine entrant dans la pièce où vous vous trouveriez. Les méchants calmes sont toujours plus angoissants que les p’tits nerveux.

Dans ce roman noir serré et violent, il est amusant aussi de constater combien les membres des cartels sont plus croyants que le pape lui-même et superstitieux comme pas possible. On est au-delà de la patte de lapin ou du bulletin de Lotto rempli un vendredi 13. On entre dans des croyances limites moyenâgeuse ! Mais comme l’auteur ajoute une louche de fantastique et d’horreur, on se dit ensuite qu’il est normal que tout ce petit monde soit croyant !

Un roman noir oppressant, qui sent la sueur, les corps pas lavés, les drogues qui suintent de tous les pores, le sang, les tripes, l’eau croupie, les armes à feu, les balles, les consciences que l’on lave à grand renfort d’excuses bidons, les croyances et les gris-gris dont vous n’avez pas envie de connaître la provenance.

Un roman noir qui, malgré ses éléments fantastiques, reste tout de même terriblement ancré dans le réel et qui nous montre la face cachée des trafics de drogues et d’armes, sans oublier la misère des gens lorsqu’ils perdent leur mutuelle ou leur assurance santé.

An American Year

World War Wolves – Tomes 01 – 02 : Jean-Luc Istin et Kyko Duarte

Titres : World War Wolves – Tomes 01 – Dieu a de l’humour / 02 – Autrefois un homme, aujourd’hui un loup

Scénariste : Jean-Luc Istin
Dessinateur : Kyko Duarte 🇪🇸

Édition : Soleil – French Comics (2014 / 2016)

Résumé :
Frappée par un mal extrêmement contagieux d’une nature indéfinie, une grande partie de la population américaine (🇺🇸) s’est progressivement transformée en hordes de lycanthropes.

Les survivants, fuyant les grandes villes infestées, se sont regroupés en communautés autonomes. Se déplacer en dehors de ces refuges c’est flirter avec sa propre mort…

Au fil du temps, les loups aussi s’organisent et une nation se met en place. Une nation dont la nourriture est l’Homme.

Critique :
Un virus pire que le covid est en train de se répandre aux États-Unis, transformant les humains en loups-garous.

Le confinement en 2020 vous a fait chier grave ? Alors, imaginez la vie dans une ville entourée de remparts, afin de se protéger de ces grosses bêbêtes à poils qui vous considèrent comme leur repas.

Une ville fortifiée, ce serait comme un garde-manger, en monde open bar et vous finiriez dans leurs estomacs, avant d’être déféqué dans un coin. Ou, si vous êtes juste griffé, vous finiriez à poil (autrement dit, en lycanthrope).

Ah, contrairement aux zombies, les loups-garous gardent leur intelligence et sont donc capables de stratégies, de tendre des pièges, de vous mentir… Bref, ils sont plus dangereux que les zombies, parce que sous leur forme humaine, rien ne les distingue des gens non infectés.

Pour le moment, seul le continent Américain est infecté… Et on ne sait pas encore d’où est venu le virus (j’espère qu’on le saura, parce que si dans la vie réelle, on ne nous dit pas tout, dans la littérature, j’aime savoir tout !).

Habituellement, je ne suis pas fan du genre, mais ici, j’ai vraiment pris plaisir à lire ces deux premiers albums, à découvrir la famille Marshall, réfugiée dans la ville de Las Cruces (sa femme est enceinte jusqu’aux dents), ainsi que suivre les aventures de Jeremy Lester, joueur de blues à Philadelphie et aveugle, qui sauve une gamine et les déboires de Malcom Spolding, prisonnier à Riker Island (transformée en garde manger), qui ne doit la vie sauve qu’à son don de réparer toutes les machines.

J’ai aimé les dessins, les nuances de noir et blanc, le fait que l’univers ne soit pas encore tout à fait post-apocalyptique, que les personnages non infectés que nous suivons ne soient pas des types badass, des leader nés, mais plutôt des gens normaux, qui ne savent pas se battre, mais font ce qu’ils peuvent pour sauver leur peau et celles de leurs proches.

De plus, ce comics n’est pas américain, mais français ! Et si je n’avais pas eu connaissance du noms des auteurs, j’aurais parié ma chemise que c’étaient des auteurs du pays du perruqué orange ! Les dessins sont très réalistes, mais j’ai l’habitude de la qualité proposée par Kyko Duarte, que l’on retrouve dans la saga énorme qu’est le monde d’Aquilon.

Reprenant les codes classiques du genre, ces deux premiers albums se démarquent grâce à leurs personnages et au côté thriller, puisqu’il y a une couille dans le pâté, à Las Cruces et que John Marshall, auteur de romans, va mener une petite enquête, afin de trouver qui est infiltré dans la ville fortifiée.

Un bon moment de lecture, pour peu que l’on apprécie les lycanthropes, les épidémies, la violence, le sang, les tripes (on en voit peu) et que l’on ait envie d’avoir quelques frissons… Je poursuivrai avec les deux suivants, ça, c’est sûr !

An American Year

 

Deadpool – 01 – Longue vie au roi : Kelly Thompson, Chris Bachalo, Gerardo Sandoval et Kevin Libranda

Titre : Deadpool – 01 – Longue vie au roi

Scénariste : Kelly Thompson
Dessinateurs : Chris Bachalo, Kevin Libranda et Gerardo Sandoval 🇲🇽

Édition : Panini – 100% Marvel (2020)
Édition Originale : King Deadpool: Hail To the King (2020)
Traduction : Mathieu Auverdin

Résumé :
Les monstres de l’univers Marvel se sont installés à Staten Island au large de New York et ont fait de Deadpool leur roi ! Le Mercenaire Disert va devoir gérer ses nouvelles responsabilités et affronter bien des ennuis… dont Captain America, Elsa Bloodstone et Kraven !

Critique :
Voilà un comics de Deadpool comme je les aime : déjanté, qui ne se prend pas au sérieux, avec de l’humour et des tas de situations plus que cocasses !

Des monstres se sont installés à Staten Island, en vertu d’un ancien traité signé entre eux et les humains. Deadpool a été envoyé pour tuer le roi des monstres.

Oui, mais, il n’était pas au courant de la règle : toute personne qui tue le roi des monstres, devient le roi des monstres !

Voilà donc notre mercenaire dissert avec une couronne sur la tête. Mais il ne peut pas faire tout ce qu’il rêvait de faire, ni avoir droit à des glaces gratuites, bref, il a des devoirs, des obligations et ça le fait chier grave !

Il ne faut pas lire un Deadpool pour les scénarios profonds, mais pour se marrer un bon coup, avec un scénario qui pensé pour donner du rythme, de l’action, de la baston (beaucoup de baston) et permettre à notre homme de causer, de nous faire part de ses réflexions, de ses bons mots, de ses pensées. Deadpool n’arrête jamais de parler.

Mention spéciale au requin terrestre tout choupi qui se trouve dans ces pages ! Ok, il mord, mais purée, ce qu’il est choupi… Rhââ, mais lâche ma jambe, Jeff !! Oui, il s’appelle Jeff. Et non, il ne fait pas que de la figuration !

L’altercation entre Deadpool et le Cap est bien drôle et celle entre notre mercenaire et les X-Men le sera encore plus. Deadpool a un côté rancunier et paranoïaque, il pense toujours que tout le monde le déteste et il oublie trop souvent que les X-Men éprouvent de l’amitié pour lui, mais que s’ils ne le veulent pas dans leur groupe, en raison du côté borderline et foutraque de l’homme cagoulé : avec lui, on est sur qu’il va tout faire foirer.

Moi, j’ai passé un bon moment de lecture, j’ai ri, j’ai souri, j’ai admiré les scènes de baston, j’ai trouvé que Deadpool faisait de son mieux pour que les monstres s’adaptent et ne foutent pas le bordel à New-York… Oui, Deadpool est un personnage potache, mais pas que, il sait aussi être sérieux.

Deadpool est un personnage que j’apprécie beaucoup, notamment en raison de son humour, mais aussi pour son côté solitaire et désœuvré. Il est seul au monde. C’est un laissé-pour-compte et moi, j’ai de l’empathie pour lui. La scénariste aussi, parce que ça se sent dans son récit, qu’elle l’aime bien, le mercenaire.

Un comics à réserver au fan du mercenaire… Mais pour les fans, cet album faut le détour !

Chouette, je possède la suite (du moins, je sais l’emprunter !)…

An American Year

Les archives des Collines-Chantantes – 02 – Quand la tigresse descendit de la montagne : Nghi Vo

Titre : Les archives des Collines-Chantantes – 02 – Quand la tigresse descendit de la montagne

Auteur : Nghi Vo
Édition : L’Atalante – La Dentelle du cygne (11/05/2023)
Édition Originale : The Singing Hills Cycle, book 2: When the Tiger Came Down the Mountain (2020)
Traduction : Mikael Cabon

Résumé :
Des tigresses métamorphes amatrices de poésie, des mammouths de guerre aussi impressionnants que placides, une jeune lettrée tiraillée entre son cœur et sa raison, fantômes, goules et esprits-renards à l’affût, aventures baroques et amours libres…

Critique :
Si j’avais eu quelques difficultés à entrer dans le premier tome, découvrant son univers et le personnage de l’adelphe Chih, pour le deuxième, ce fut un jeu d’enfant.

Nous retrouvons donc Chih de l’abbaye des Collines-Chantantes et iel est en voyage à dos de mammouth (qui n’écrase aucun prix).

Chih a dû demander de l’aide à Si-yu et son mammouth, Piluk afin de franchir un col enneigé. Bison Futé n’a pas annoncé de problèmes.

Et là, bardaf, nos deux personnages croisent le route de trois tigresses affamées, qui, tel Shere Khan, sont douées de paroles et même capable de prendre forme humaine ! Réfugiés dans une grange, sous la garde de Piluk, Chih va la jouer comme Shéhérazade et narrer le récit d’une tigresse chère au yeux de notre trio de félins affamés.

Quel suspense et quelle histoire ! Tout comme les tigresses, je me suis installée plus confortablement pour écouter le récit fait par Chih, sur la tigresse Ho Thi Thao et de sa rencontre avec une lettrée prénommée Dieu (on a le nom qu’on a).

Mais la version archivée dans la mémoire de Chih (qui est celle des Collines chantantes) comporte des fautes que les tigresses se feront un félin plaisir de mettre en évidence, ce qui donnera lui à des contre-récits bien différents. Chacun écrivant SA vérité, selon qu’il est tigre ou humain.

Comme dans la vie réelle où la vérité est écrite par les vainqueurs, au détriment de la réalité. Propagande, mensonges… Quant on ne veut pas que la vérité exacte soit connue (et parfois, on ne la connait même pas), on change un peu le récit et on gomme ce qui nous gêne.

Cette lecture fut un réel plaisir, j’avais l’impression d’être au coin du feu (j’y étais, ce mois d’avril 2024 n’est pas chaud) et d’écouter une histoire, tranquillement, en sirotant une boisson chaude, le tout dans le calme absolu, alors qu’il y a trois tigresses prêtes à nous dévorer.

Alternant le conte et les dialogues entre nos protagonistes et les tigresses, l’autrice a réussi à nous donner un récit qui nous tient en haleine, dont on veut connaître la suite et à transformer une nuit oppressante en nuit tranquille, malgré les dents brillantes des tigresses métamorphes.

Un récit de fantasy asiatique qui m’a tenu en haleine, que j’ai lu d’une traite, savourant la plume de l’autrice, son univers, ses personnages et ses animaux qu’elle met très bien en scène.

Je poursuivrai avec les deux autres tomes prochainement.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°168]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°54.

Mirror Bay : Catriona Ward

Titre : Mirror Bay

Auteur : Catriona Ward
Édition : Sonatine – Thriller/Policier (07/03/2024)
Édition Originale : Looking Glass Sound (2023)
Traduction : Pierre Szczeciner

Résumé :
Été 1989. Les parents de Wilder Harlow viennent d’hériter d’un cottage dominant les côtes du Maine. L’adolescent, plutôt mal dans sa peau, fait la connaissance sur la plage d’une jeune fille, Harper, et d’un garçon, Nathaniel. Très vite, le trio devient inséparable.

Mais malgré le tableau idyllique du bord de mer, des balades en bateau, des amitiés naissantes et des secrets partagés, des rumeurs courent à Whistler Bay. On parle d’une mystérieuse noyée dont le corps n’a jamais été retrouvé, d’un homme qui s’introduit la nuit dans les foyers pour prendre en photo les enfants pendant leur sommeil…

Bientôt, l’inquiétude est avivée par des événements beaucoup plus sombres.

Pour les trois adolescents, les portes de l’enfance se referment à jamais. Profondément marqué, Wilder entreprend de rédiger ses mémoires. Prenant un visage totalement inattendu, l’horreur frappe à nouveau…

Après « La Dernière Maison avant les bois », Catriona Ward joue une fois encore avec nos nerfs. Et de quelle façon !

Plus qu’un magistral roman de genre, d’une singularité confondante, elle nous propose ici une réflexion sur la mémoire, le passé, les traumatismes et les récits que l’on s’en fait. Un ouvrage qui hante le lecteur bien après avoir tourné la dernière page.

Critique :
On pourrait penser, en commençant à lire ce roman, que l’on se trouve face à un récit qui va se consacrer à trois ados devenus amis durant leur vacances passées à Whistler Bay, sur les côtes du Maine. Mais ce serait réducteur…

Oui, Wilder, ado mal dans sa peau, vient enfin de se faire deux amis, en les personnes de Harper, une jeune fille et de Nat, le jeune homme qui vit à Whistler Bay toute l’année, fils d’un pêcheur. Mais ce roman, c’est un peu plus que ça.

Oui, c’est aussi une histoire de passage à l’âge adulte, des premiers émois, des premiers amours, des serments que l’on se fait et dont on pense qu’ils dureront toute notre vie. Mais pas que.

Oui, dans ce joli coin du Maine, il y a des légendes urbaines qui courent, des histoires que l’on raconte pour se faire peur, sur des personnes qui ont disparu alors qu’elles nageaient, victimes des courant, sans aucun doute, mais cela fait plus frémir si l’on parle de sirènes. Et puis, il y aussi le Rôdeur, qui s’introduit dans les maisons et photographie les enfants.

Ce roman, c’est aussi des ambiances sombres, mystérieuses, intrigantes, pesantes, parfois à la limite de la malséance, notamment dans le comportement de certains personnages, dont je me suis demandée ce qu’ils cachaient vraiment (mais ils ne cachaient peut-être rien non plus, tout l’art du mystère est là).

Ce récit, c’est aussi une plongée dans l’inconnu, parce que l’autrice aime balader ses lecteurs et faire en sorte que son récit soit comme une toile d’araignée, comme les tentacules d’une pieuvre (saviez-vous qu’elle avait un cerveau dans chaque tentacules en plus d’un dans sa tête ?), qui, tels des serpents de mer, nous entraînent un peu partout, avant de nous figer sur place, telle Méduse ?

Alors oui, dans le registre « Pan sur ta gueule, tu ne l’as pas vue venir, celle-là », l’autrice avait frappé beaucoup plus fort dans son précédent roman (La dernière maison avant les bois) qui était bien plus nébuleux. Malgré tout, le final de celui-ci m’a tout de même fait sursauter.

Non, je n’avais rien vu venir. Ni le twist final, ni l’horreur que l’on découvrira à un moment donné, tel un lapin blanc surgissant de la grotte, heu, de son terrier, et entraînant nos trois amis dans un maelström inattendu qui fera tout valser.

Ce récit, c’est comme des poupées gigognes qui s’emboitent l’un dans l’autre, chaque partie cachant la suite, nous laissant dans le noir absolu, puisque l’on ne sait pas ce qu’il adviendra ensuite. Et des découvertes, il y en aura quelques unes !

Croyez-moi, nous sommes loin d’un romans consacré à des ados en vacances et qui vont grandir d’un coup. Les ingrédients dans le roman sont classiques, mais leur traitement ne l’est pas et finalement, on obtient un tout autre plat que celui que l’on pensait avoir à notre table.

Un roman à découvrir, tout comme le précédent de cette autrice, si vous ne l’avez pas encore fait…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°166]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°52.

Les archives des Collines-Chantantes- 01 – L’impératrice du sel et de la fortune : Nghi Vo

Titre : Les archives des Collines-Chantantes- 01 – L’impératrice du sel et de la fortune

Auteur : Nghi Vo
Édition : L’Atalante – La Dentelle du cygne (18/01/2023)
Édition Originale : The Empress of Salt and Fortune (2020)
Traduction : Mikael Cabon

Résumé :
Un mariage politique force In-yo, jeune femme de sang royal, à s’exiler au sud, dans l’empire Anh. Ses frères sont morts, ses armées et leurs mammouths de guerre vaincus de longue date restent reclus derrière leurs frontières.

Seule et humiliée, elle doit choisir ses alliés avec circonspection.

Lapin, une jeune servante vendue au palais par ses parents en réparation de l’absence de cinq paniers de pigments se prend d’amitié pour la nouvelle épouse esseulée de l’empereur et en voit son existence bouleversée.

Chih interroge la domestique au crépuscule de sa vie sur les divers objets peuplant sa maison. Leurs origines forment une histoire que les archives officielles ignorent et qui pourrait déstabiliser l’empire.

Critique :
Voici une novella fantasy qui m’a déstabilisée, du haut de ses 120 pages, tant l’autrice a maintenu le flou durant un bon moment.

L’univers est asiatique, sans hésitation possible, mais pour au départ, j’ai eu du mal à trouver mes marques dans ce récit dont la narration est inhabituelle…

C’est Lapin, une ancienne servante de l’impératrice In-yo, qui racontera son histoire à Chih, qui est un/une adelphe (le flou est maintenu sur son genre, c’est parfois il, parfois elle, alors, je ferai iel).

Les chapitres sont courts, chacun racontant dont un événement du passé, souvent sans liens entre eux. Lapin les racontera au fur et à mesure des choses dont Chih fera l’inventaire dans cette petite maison, où vécu l’impératrice en exil.

On ne s’en rend pas tout de suite compte, mais toutes ces petites histoires sont cruelles, sans pour autant qu’il y ait des détails glauque, mais on comprend très vite le sort réservé à certains membres du personnel qui était dans l’entourage de l’impératrice, ainsi que d’autres détails sur la méchanceté des gens et sur le fait que In-yo ait plus été une femme utilisée pour obtenir un enfant et sceller une union avec les peuples du Nord.

Bref, tout comme dans la vie réelle, on assistera à des mesquineries, des bassesses, de la méchanceté gratuite, mais aussi à des complots, des trahisons, à des stratégies, et si toutes ces petites histoires, de prime abord, n’ont pas l’air d’être narrées dans leur chronologie, on se rend compte, finalement, qu’on a eu droit à beaucoup de petits secrets d’alcôve, le tout raconté sans avoir l’air de les divulguer.

La narration se fait tout en finesse, c’est assez rapide, en 120 pages, difficile de nous ensevelir sous une montagne de détails, mais l’autrice en dit assez pour que l’on puisse se faire une représentation de son univers, de percevoir le tout de manière claire et limpide, et de comprendre le tout une fois arrivé au bout de ce premier tome.

C’est un récit très court, assez déstabilisant lorsqu’on entre dedans (enfin, pour moi), mais qui se met assez vite en place et en divulgue assez pour que l’on ait envie de poursuivre notre lecture du récit de Lapin, récit qui se fera tout en finesse, sans nous épargner les bassesses de la vie, mais sans s’appesantir dessus.

En tout cas, ce premier opus m’a donné envie de lire les quatre autres !

An American Year

Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°48.

Les chefs-d’oeuvre de Lovecraft (manga) – L’abomination de Dunwich – Tomes 01/02 : Gou Tanabe et Howard Phillips Lovecraft

Titre : Les chefs-d’oeuvre de Lovecraft (manga) – L’abomination de Dunwich – Tomes 01 & 02

Scénariste : Gou Tanabe
Dessinateur : Howard Phillips Lovecraft

Édition : Ki-oon – Les chefs-d’œuvres de Lovecraft (2023/2024)
Édition Originale : Dunwitch no Kai, book 1 (2021) / book 2 (2021)
Traduction : Sylvain Chollet

Résumé :
Dunwich, village en déliquescence aux confins de la Nouvelle-Angleterre, fait l’objet de nombreuses rumeurs. On dit que les cercles de monolithes au sommet de ses collines étaient jadis le théâtre de rites terrifiants…

En 1913, la naissance de Wilbur est un mystère de plus sur cette terre maudite. Sa mère est une albinos aux airs de sorcière, et l’identité du père est tenue secrète par le patriarche Whateley, qui assure qu’il s’agit d’un être supérieur, différent de tout ce qu’il connaît…

Les voisins le croient fou, néanmoins le faciès animal du jeune garçon semble appuyer ses dires. Sans compter qu’il grandit à une vitesse fulgurante…

À dix ans, il se met en quête d’un ouvrage ésotérique, le Necronomicon, dont il s’enquiert auprès de diverses bibliothèques. Le professeur Armitage de l’université Miskatonic, intrigué par cette demande, se rend sur place pour le rencontrer.

L’intelligence de Wilbur l’impressionne, mais quand il voit les murs de l’étage se déformer sous l’effet d’une puissance inconnue, il repart la peur au ventre ! Quelles monstruosités se cachent chez les Whateley ?

Critique :
Lovecraft n’est pas mon auteur favori, mais de temps en temps, j’aime me faire peur autrement qu’en regardant les nouvelles du Monde à la télé…

Avec cette adaptation de roman en manga, j’ai été servie : j’ai eu peur, j’ai ressenti de l’angoisse, mes fesses se sont serrées et j’ai flippé grave ma race !

Au début, j’ai eu un peu de mal avec les illustrations de Gou Tanabe, trouvant que les visages qu’il dessinait étaient un peu trop figés, mais après, je n’y ai plus vraiment fait attention, me concentrant sur le récit qui faisait monter ma tension crescendo.

L’histoire se passe entre les années 1913 et 1930, dans un petit village situé dans le trou du cul des États-Unis. On dit de ces habitants, qu’à force de se reproduire entre eux, ils souffriraient de malformation congénitale. Bref, le village passe pour maudit et le mangaka a bien su retranscrire les ambiances poisseuses et rendre la campagne misérable.

Les ambiances sont lourdes, poisseuses, bien retranscrites et on dévore ce manga avec appétit, tant on a envie d’en savoir plus, de découvrir ce qui se cache dans cette petite ferme, habitée par le patriarche Whateley, sa fille célibataire (et albinos) et le fils de celle-ci, qui grandit de manière étrange et bien trop vite.

Nous sommes à la campagne, les ragots vont bon train, surtout que la fille a fait un bébé toute seule et qu’il a vraiment une drôle de tronche, une tête qui fait peur et un savoir immense, ce qui intrigue fortement le professeur Armitage de l’université Miskatonic. Le gamin, à peine âgé de dix ans, s’est mis en quête du Necronomicon, un ouvrage ésotérique, dont la biblio de l’université possède un exemplaire.

Si le premier tome sent le satanisme et les trucs pas très net que la famille Whateley fabrique entre les pierres levées, le deuxième tome est en deux actes : le premier continue le parcours de Wilbur, qui cherche à récupérer le Nécronomicon et l’autre partie est axée sur l’épouvante, l’horreur, le fantastique et l’action.

Impossible de le lâcher ! C’est glauque, c’est gore, c’est angoissant au possible ! Bref, de quoi se faire peur au soir… On sent tout de suite qu’un Ancien est en train de foutre le bordel et de perdre des fluides un peu partout. C’est en noir en blanc, mais à mon avis, ça devrait avoir soit la consistance de morve, soit de bave d’escargot…

Pas de répit, donc, dans ce deuxième tome et bordel de cul, la suite est prévue dans le troisième tome, pas encore sorti, comme de bien entendu ! Frustration intense, je voulais connaître le fin mot de l’histoire.

Non, vous ne voudriez pas aller passer vos vacances à Dunwich, sa réputation est foutue depuis longtemps en cause de toutes les rumeurs, ragots ou autres rites sataniques, en plus de la consanguinité, mais on a envie de connaître la suite de l’abomination de Dunwich !

Un manga magnifique, notamment à cause de sa couverture et du récit qui se trouve dedans, à condition d’aimer un peu d’épouvante, d’horreur, de mystères et de grands Anciens !

Vivement la suite !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°158]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°45.

‭Les vagabonds : ‬Richard Lange

Titre : ‭Les vagabonds

Auteur : Richard Lange
Édition : Rivages (10/01/2024)
Édition Originale : Rovers (2021)
Traduction : David Fauquemberg

Résumé :
Été 1976. Jesse et son frère Edgar, handicapé mental, sont sur la route à la recherche de victimes. Ce sont des « vagabonds », des êtres nocturnes obligés de consommer du sang humain pour survivre.

Depuis 70 ans, ils se cachent en marge de la société, errant de ville en ville, traquant les laissés-pour-compte dont ils se nourrissent.

Une nuit, les 2 frères rencontrent une jeune femme qui bouleverse leur sinistre routine et plonge leur existence dans le chaos.

Au cours de leur cavale, ils croiseront le chemin d’un gang de motards et d’un père aux trousses du meurtrier de son fils, pour aboutir à Las Vegas à la veille du bicentenaire des États-Unis.

Critique :
♪ Toute ma vie, je resterai je crois♫ Un vagabond qui égorge et s’abreuve ♪ Et qu’il vaut mieux ne jamais rencontrer ♪ Un vagabond suceur de sang ♫ Et qu’il vaut mieux ne jamais aimer ♫ (1)

Vous aimez les vampires ? Les vrais vampires ? Ceux qui sucent le sang de leur victime, humaine et non animale ? Eh bien, avec ce roman, vous allez partager la route avec deux vampires, deux frères (Jesse & Edgard), dont l’un est simple d’esprit. Ce sont des Vagabonds, c’est ainsi que se nomment les buveurs de sang.

Tout en gardant les codes des vampires, l’auteur a changé quelques trucs : ils ne doivent se nourrir qu’une seule fois par mois et ils égorgent leurs victimes avant de s’abreuver au geyser qui sort de leur cou. Pour faire muer une personne en vagabond (en vampire, donc), il faut qu’il boive votre sang.

Ah oui, laissez votre panoplie de crucifix, gousses d’ail et balles en argent dans les placards, tout cela ne servira à rien. Ils sont quasi immortels, guérissent vite de leurs blessures, n’ont pas une force prodigieuse et doivent éviter la lumière du jour. Pour qu’ils redeviennent poussière (les tuer), faut juste leur couper la tête… Et surtout, être au courant de leur existence…

La narration est chorale et va s’intéresser à notre duo de frangins, à une bande de bikers (Les Démons) et à Charles, un père qui cherche désespérément ce qui est arrivé à son fils Benny, disparu et qui a constitué un dossier sur toutes les disparitions ou meurtres non élucidés.

Le fil de la narration fera parfois des retour en arrière, pour nous proposer le point de vue d’un des personnages. Ce qui nous donnera la même histoire, mais d’un autre point de vue.

Nous sommes en 1976, dans l’Amérique et ce road-trip infernal ne laissera que peu de répit à nos protagonistes, ainsi qu’aux lecteurs. Sans pour autant être survitaminé, le récit avance d’un bon pas et il est difficile de ressentir de l’ennui. Ce que l’on attend, bien entendu, c’est la rencontre de tous les protagonistes.

J’avais imaginé plusieurs scénarios possibles, mais l’auteur a pris une direction inattendue et il a eu bien raison, cela a donné plus de suspense et d’action à son récit, sans compter une mini touche d’humanité. Et un final à la Tarentino ! Waw, ça, c’était de l’action !

Ce roman fantastique a aussi des airs de roman noir, parce que l’auteur, au travers de ces hobboes (vagabonds), va nous parler de la guerre civile, du racisme, de la ségrégation, de l’homophobie, des motels crasseux et miteux, dans lesquels dorment (le jour), nos vagabonds.

C’est l’Amérique des marges, celle qui est invisible, celle qui ne se retrouve pas sur les cartes postales. Même à Vegas, nous ne côtoierons pas le luxe des casinos. Nos vagabonds vivent de larcins, de vols, de pickpocket, ils n’ont pas de travail fixe. Nous sommes loin de la fortune d’un comte Dracula.

Un roman fantastique qui parle de vampirisme sans jamais dire le mot, qui dépoussière le mythe sans le dénaturer et qui a tout d’un roman noir, puisqu’il explore aussi l’Amérique d’en bas, celle des laissés-pour-compte.

Une lecture intéressante, notamment pour la palettes des émotions des différents personnages !

(1) « Le vagabond », de Claude François (paroliers : Eddy Marnay / Cyril Assous), dont j’ai quelque peu changé les paroles. Toutes mes excuses pour cette chanson qui va trottiner dans votre tête…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°154]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°41.

La Maison aux pattes de poulet : GennaRose Nethercott

Titre : La Maison aux pattes de poulet

Auteur : GennaRose Nethercott
Édition : Albin Michel (31/01/2024)
Édition Originale : Thistlefoot (2022)
Traduction : Anne-Sylvie Homassel

Résumé :
Bellatine Yaga et son frère Isaac sont séparés depuis l’enfance par la distance géographique et le ressentiment. Pour toucher leur héritage, ils acceptent de se revoir.

Ils reçoivent une maison intelligente juchée sur des pattes de poulet. Elle leur a été envoyée de Kiev, d’où est originaire la famille Yaga. L’Ombrelongue, entité maléfique, est à sa recherche pour la détruire.

Critique :
Moi qui adore le folklore Russe, je ne pouvais qu’être attirée par cette fameuse maison aux pattes de poulet qui est celle de Baba Yaga.

Alors oui, on parle bien de la maison de Baba Yaga, mais le conte est revisité, transposé dans notre monde, celui des nouvelles technologies et l’histoire se déroulera aux États-Unis.

Il était une fois, un dépoussiérage de conte, une histoire toute nouvelle, réinventée et ce, de manière intelligente et addictive, portée par des personnages que l’on se prend à apprécier, à connaître et une maison qui ne m’a pas laissée indifférente.

Le fantastique est omniprésent, notamment avec Isaac Yaga, un vagabond du rail, un véritable roi caméléon, capable de prendre l’apparence qu’il veut, la copiant de personnes qu’il croise. Sa sœur, Bellatine, dite Belette, a, quant à elle, un pouvoir dans ses mains, pouvoir qu’elle déteste et dont elle aimerait se défaire.

Comment dépoussiérer un conte, comment le transposer au pays de l’Oncle Sam, comment le rendre attractif, comment faire en sorte que ça fonctionne et que rien ne vienne gripper la machine (ou les pattes de poulet) ?

Eh bien, ce devait être tout simple, puisque l’autrice y est parvenue avec brio (avec qui ?). Non, le travail n’était pas simple, il fallait que la sauce prenne et surtout, trouver la recette de la sauce pour que le plat ne soit pas indigeste, mal équilibré ou tout simplement fadasse !

Je n’ai rien à redire sur sa manière de nous présenter son récit, car c’était brillant, amusant, intéressant, intriguant, avec des tensions, des moments plus calmes, des mystères, un Méchant bien trouvé et des retours dans le passé, avec un narrateur mystérieux, lors de certains chapitres, dont nous comprendrons vite qui iel est.

Ah, j’allais oublier des personnages bien troussés, avec des failles et des qualités et une partie du contexte historique de la Russie en 1919. Guère brillant, le comportement des êtres humains et je n’oserais pas dire que ça n’arrivera plus jamais.

Le petit truc en plus, l’ancrage du conte dans nos sociétés, c’est au sujet du Méchant, qui, tels certaines personnes mal intentionnées, avides de pouvoir, de récupération, jouent sur les peurs des gens pour les pousser à commettre l’impensable, à faire naître une meute, dont le moteur est la haine, la recherche d’un bouc émissaire, bref, comme l’Homme a toujours fait et fait toujours.

Quelle sorte de bête transforme des citoyens ordinaires en meute enragée, en éveillant leurs peurs ? Dans le monde réel, ce ne sont pas des monstres. Ce sont des hommes en quête de pouvoir. Ce sont des guerres.

Alors oui, c’est un roman de fantastique réussi, avec de la profondeur dans son scénario et ses personnages. L’autrice n’a pas écrit un récit rempli d’adrénaline, mais un récit qu’on lit sans s’en rendre compte, transporté ailleurs, dans une maison qui se meut toute seule et dans un univers fantasmagorique des plus intéressants.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°154]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°40.