La Maison aux pattes de poulet : GennaRose Nethercott

Titre : La Maison aux pattes de poulet

Auteur : GennaRose Nethercott
Édition : Albin Michel (31/01/2024)
Édition Originale : Thistlefoot (2022)
Traduction : Anne-Sylvie Homassel

Résumé :
Bellatine Yaga et son frère Isaac sont séparés depuis l’enfance par la distance géographique et le ressentiment. Pour toucher leur héritage, ils acceptent de se revoir.

Ils reçoivent une maison intelligente juchée sur des pattes de poulet. Elle leur a été envoyée de Kiev, d’où est originaire la famille Yaga. L’Ombrelongue, entité maléfique, est à sa recherche pour la détruire.

Critique :
Moi qui adore le folklore Russe, je ne pouvais qu’être attirée par cette fameuse maison aux pattes de poulet qui est celle de Baba Yaga.

Alors oui, on parle bien de la maison de Baba Yaga, mais le conte est revisité, transposé dans notre monde, celui des nouvelles technologies et l’histoire se déroulera aux États-Unis.

Il était une fois, un dépoussiérage de conte, une histoire toute nouvelle, réinventée et ce, de manière intelligente et addictive, portée par des personnages que l’on se prend à apprécier, à connaître et une maison qui ne m’a pas laissée indifférente.

Le fantastique est omniprésent, notamment avec Isaac Yaga, un vagabond du rail, un véritable roi caméléon, capable de prendre l’apparence qu’il veut, la copiant de personnes qu’il croise. Sa sœur, Bellatine, dite Belette, a, quant à elle, un pouvoir dans ses mains, pouvoir qu’elle déteste et dont elle aimerait se défaire.

Comment dépoussiérer un conte, comment le transposer au pays de l’Oncle Sam, comment le rendre attractif, comment faire en sorte que ça fonctionne et que rien ne vienne gripper la machine (ou les pattes de poulet) ?

Eh bien, ce devait être tout simple, puisque l’autrice y est parvenue avec brio (avec qui ?). Non, le travail n’était pas simple, il fallait que la sauce prenne et surtout, trouver la recette de la sauce pour que le plat ne soit pas indigeste, mal équilibré ou tout simplement fadasse !

Je n’ai rien à redire sur sa manière de nous présenter son récit, car c’était brillant, amusant, intéressant, intriguant, avec des tensions, des moments plus calmes, des mystères, un Méchant bien trouvé et des retours dans le passé, avec un narrateur mystérieux, lors de certains chapitres, dont nous comprendrons vite qui iel est.

Ah, j’allais oublier des personnages bien troussés, avec des failles et des qualités et une partie du contexte historique de la Russie en 1919. Guère brillant, le comportement des êtres humains et je n’oserais pas dire que ça n’arrivera plus jamais.

Le petit truc en plus, l’ancrage du conte dans nos sociétés, c’est au sujet du Méchant, qui, tels certaines personnes mal intentionnées, avides de pouvoir, de récupération, jouent sur les peurs des gens pour les pousser à commettre l’impensable, à faire naître une meute, dont le moteur est la haine, la recherche d’un bouc émissaire, bref, comme l’Homme a toujours fait et fait toujours.

Quelle sorte de bête transforme des citoyens ordinaires en meute enragée, en éveillant leurs peurs ? Dans le monde réel, ce ne sont pas des monstres. Ce sont des hommes en quête de pouvoir. Ce sont des guerres.

Alors oui, c’est un roman de fantastique réussi, avec de la profondeur dans son scénario et ses personnages. L’autrice n’a pas écrit un récit rempli d’adrénaline, mais un récit qu’on lit sans s’en rendre compte, transporté ailleurs, dans une maison qui se meut toute seule et dans un univers fantasmagorique des plus intéressants.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°154]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°40.

Le Dernier Festin des vaincus : Estelle Tharreau

Titre : Le Dernier Festin des vaincus

Auteur : Estelle Tharreau
Édition : Taurnada Le tourbillon des mots (02/11/2023)

Résumé :
Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau.

Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l’omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l’enfer de ce dernier jalon avant la toundra.

Un thriller dur qui éclaire sur les violences intracommunautaires et les traumatismes liés aux pensionnats indiens, dont les femmes sont les premières victimes.

« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu’une autre femme. »

Critique :
Être autochtone n’est jamais facile quand son pays qui a été colonisé par l’Homme Blanc et que ce dernier a décidé que les enfants devaient apprendre la langue des hommes civilisés et prier le Dieu des Blancs…

Aculturés, martyrisés, de nourriture privés, frappés, violentés, violés, même, ces enfants sont sortis des pensionnats des Blancs plus pauvres qu’en y entrant, puisqu’ils savaient à peine lire, à peine écrire et avaient perdu tous leurs repères avec leur culture, leur famille.

Comment s’en sortir ensuite, comment arriver à trouver un job autre que celui de pauvre travailleur mal payé et maltraité (un mandaï, comme on dit chez nous) ?  Comment ne pas sombrer dans l’alcoolisme, la drogue, le m’en-foutisme et se contenter des allocations données par le gouvernement afin que les natifs restent bien dans leur coin et leur misère à tous les étages ?

Au commencement de ce thriller, j’ai eu un peu de mal, à cause des nombreux personnages et du fait que le début du récit faisait cafouillis dans ma tête, comme si tout s’embrouillait. Heureusement, cela n’a pas duré et une fois remise sur les rails, le récit à filé comme un TGV et il m’a été impossible de refermer le roman pour aller au lit (dur le lendemain au réveil).

Les personnages ne sont pas trop approfondis, l’autrice a choisi d’aller droit au but et ce manque de détails m’a lésé durant ma lecture (ça passe ou ça casse). Malgré tout, j’avais envie de savoir ce qui était arrivé à cette pauvre Naomi et l’enquête piétinait tellement que les flics l’ont même classée, avant qu’elle ne revienne comme un boomerang dans la gueule de certains.

Ce roman est un polar qui met en scène une disparition et un décès afin de parler des problèmes des femmes autochtones au Canada, ces femmes qui ont plus de chance que toutes les autres de disparaître et de finir au terminus des allongés. Grave, non ?

Ce polar en profite aussi pour parler des pensionnats et des traitements terriblement inhumains que l’on a fait subir aux enfants dont il fallait tuer l’indien en eux.

Sans oublier que ce polar va parler aussi d’écologie et surtout du volet social : tous ces autochtones qui ont du mal à trouver du travail, qui boivent, laisse leurs enfants en plan, leur refilant leur mal-être comme un virus contagieux. Une boucle sans fin, un serpent qui se mord la queue, un héritage maudit.

Un polar violent, qui met en lumière des épisodes peu connus dans nos pays et qui, sous couvert d’une enquête policière, va nous parler de tous un tas de problèmes qu’on les natifs du Canada.

Le final est extrêmement tendu, rempli de suspense et d’adrénaline et même si l’on met fin aux agissements du coupable, personne ne sortira vraiment vainqueur de cette histoire… Les Natifs en baveront toujours autant, comme s’ils n’en avaient pas déjà assez bavé.

Un récit poignant et bouleversant par certains moments. Même s’il ne décrochera pas la floche des 4 Sherlock, il restera dans ma mémoire, comme bien d’autres avant lui parlant du même sujet…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°104].

Les Aigles de Panther Gap : James A. McLaughlin

Titre : Les Aigles de Panther Gap

Auteur : James A. McLaughlin
Édition : Rue de l’échiquier (12/05/2023)
Édition Originale : Panther Gap (2023)
Traduction : Christian Garcin

Résumé :
Frère et sœur inséparables, Bowman et Summer passent leur enfance en pleine nature, dans un ranch sauvage et isolé, véritable forteresse secrète dans le Colorado. Ils grandissent sous la férule de leurs oncles et de leur père qui les élèvent avec la même discipline de fer que leurs aigles de chasse.

Arrivés à l’âge adulte, ils s’éloignent l’un de l’autre et choisissent des chemins différents : Summer reprend l’exploitation familiale, tandis que Bowman met les voiles et part vivre reclus dans la jungle du Costa Rica, loin de la civilisation et de son confort moderne.

Mais, vingt ans après leur séparation, ils sont rattrapés par une sombre et dangereuse histoire de succession. Ils vont non seulement devoir affronter les fantômes du passé et les affaires troubles de leur grand-père défunt, mais également être contraints de se réconcilier pour se protéger de la violence sanguinaire des cartels, qui en veulent à leur héritage.

Les Aigles de Panther Gap met en scène une fratrie cabossée et une histoire familiale chargée de lourds secrets, dans un grand Ouest sauvage traversé par la cruauté des cartels de la drogue.

Pour ce deuxième roman, James A. McLaughlin confirme tout son talent et renoue avec ce qui a fait le succès de Dans la gueule de l’ours, en alliant avec brio la violence et l’efficacité du thriller à la beauté sensible et sauvage du nature writing.

Critique :
Bowman et Summer, frère et soeur, ont été élevé à la dure par leur père, dans un coin paumé, plus perdu que le pire trou du cul de l’Amérique. Une sorte de ranch déguisé en forteresse (ou le contraire : une forteresse déguisée en ranch).

Élevant des aigles et parcourant la nature, les deux gosses sont totalement adapté dans un biotope naturel, mais n’ont jamais vu la ville.

Leur père semble craindre un danger, mais comme il ne parle pas beaucoup et cache tout, ses enfants ne sauront rien ou pas grand-chose et 20 ans plus tard, il semble que le secret est en train de leur péter à la gueule.

Le précédent roman de l’auteur, « Dans la gueule de l’ours », m’avait emballé et il avait terminé en coup de coeur. Voilà pourquoi j’étais impatiente de lire son second ouvrage (il m’a fallu du temps pour le trouver en seconde main) et finalement, il est plusieurs crans en-dessous du précédent.

Pourtant, au départ, tout avait bien commencé. N’ayant pas vraiment relu le résumé, je ne savais pas où j’allais aller et je m’en fichais un peu, tant le récit qui avait des airs de nature writing, me plaisait bien.

La tension montait déjà, les récits étaient alternés entre ce qui arrivait à Bowman, revenant du Costa Rica et celui de Summer, au ranch, sans oublier celui de touristes dormant dans un coin perdu et à qui il va arriver des grosses emmerdes.

Puis, j’ai ressenti une lassitude : l’alternance des chapitres étaient une bonne idée, mais cela m’a donné l’impression que l’auteur ajoutait trop de choses pour retarder le final, qu’il ajoutait trop de rebondissements, trop de rocambolesque, afin d’augmenter la taille de son histoire et finalement, j’ai trouvé que cela alourdissait le récit, le rendant aussi pesant que marche dans de la mélasse.

Trop c’est toujours trop, trop est l’ennemi du mieux. C’est bien d’être ambitieux, mais l’auteur a voulu englober trop de faits dans son histoire : cartels de drogues, héritage, passé trouble, secrets de famille, nature, animaux, violences,…

L’affaire secondaire, celle avec le cartel, aurait pu être évitée, elle n’apporte rien, si ce n’est des pages de plus et je me suis perdue à ce moment-là, sans jamais arriver à revenir totalement dans le récit.

Malgré tout, le début était très bien, je ne peux donc pas parler de lecture foirée totalement, mais elle n’était pas à la hauteur de mes attentes, surtout après un aussi bon premier roman…

À noter que la majorité des lecteurs/lectrices sur Babelio ont des avis plus enthousiastes que moi.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°099]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°19.

Solak : Caroline Hinault

Titre : Solak

Auteur : Caroline Hinault
Éditions : du Rouergue Noir (2021) / Livre de Poche (2023)
Résumé :
Sur la presqu’île de Solak, au nord du cercle polaire arctique, trois hommes cohabitent tant bien que mal. Grizzly est un scientifique idéaliste qui effectue des observations climatologiques ; Roq et Piotr sont deux militaires au passé trouble, en charge de la surveillance du territoire et de son drapeau.

Une tension s’installe lorsqu’arrive la recrue, un jeune soldat énigmatique, hélitreuillé juste avant l’hiver arctique et sa grande nuit. Sa présence muette, menaçante, exacerbe la violence latente qui existait au sein du groupe.

Quand la nuit polaire tombe pour plusieurs mois, il devient évident qu’un drame va se produire. Qui est véritablement la recrue ? De quel côté frappera la tragédie ?

Dans ce premier roman écrit « à l’os », tout entier dans un sentiment de révolte qui en a façonné la langue, Caroline Hinault installe aux confins des territoires de l’imaginaire un huis clos glaçant, dont la tension exprimée à travers le flux de pensée du narrateur innerve les pages jusqu’à son explosion finale.

Critique :
Ah ça, pour être un roman écrit à l’os, c’est vrai ! Le récit est expurgé de tout ce qui pourrait le parasiter, comme les tirets cadratins, les guillemets et tout est condensé dans les 128 pages de l’édition (160 pages pour la version poche).

Entre nous, pas besoin de plus ! Cette avarice de détails ou ces dialogues non mis en évidence par des guillemets, sied bien au récit dont le narrateur est Piotr, un homme taiseux, en poste à Solak depuis 20 ans.

Peu de protagonistes aussi, puisque dans ce huis-clos qui se déroule dans l’Arctique, il n’y a que 3 hommes : Piotr, Roq et Grizzly. Le quatrième sera la nouvelle recrue et les figurants seront les ours blancs, les renards arctiques, les phoques… Dont certains ne feront pas que de la figuration…

Les personnages sont décrits à l’os aussi, nous n’en saurons pas plus que ce qu’il n’en faut pour faire vivre ce récit. Ils resteront tous un peu mystérieux, le strict minimum ayant été fait pour épaissir leur personnalité. Là non plus, il n’en fallait pas plus.

Ce qui est le plus décrit, ce sont les conditions de vie dans cet endroit où les températures descendent fort bas sous le zéro, dans ce coin paumé, où trois pelés et un tondu doivent garder le drapeau, pour que leur pays conserve ce morceau de glace.

Là-bas, tout est neuf et tout est sauvage, libre continent sans grillage… Mais attention, il y a des bêtes sauvages, des jours qui ne connaissent pas de nuits et des nuits qui ne connaissent plus le jour. Là-bas, tout peut être noir, sombre, à se donner envie de se pendre (d’ailleurs, paraît qu’un canal s’est pendu, tandis qu’un autre s’est perdu) ou, au contraire, être lumineux au point de rendre les hommes fous.

Huis-clos oppressant, roman très sombre, tension à couper au couteau, ce ne sera que dans les dernières lignes que tout sera dévoilé, me laissant hébétée. Ben merde alors, je ne m’y attendais pas…

Un roman à lire un jour où il fait froid, pour prendre encore plus la mesure des températures qui règnent dans cette presqu’île de Solak (ne lisez pas dehors tout de même) et en se blindant, parce que des animaux souffrent de la folie de la gâchette d’un des protagonistes (et de son envie de se faire du fric).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°097].

Paris-Briançon : Philippe Besson

Titre : Paris-Briançon

Auteur : Philippe Besson
Édition : Julliard (06/01/2022) / Pocket (05/01/2023)

Résumé :
Le temps d’une nuit à bord d’un train-couchettes, une dizaine de passagers, qui n’auraient jamais dû se rencontrer, font connaissance, sans se douter que certains n’arriveront jamais à destination. Un roman aussi captivant qu’émouvant, qui dit l’importance de l’instant et la fragilité de nos vies.

Rien ne relie les passagers montés à bord du train de nuit no 5789. À la faveur d’un huis clos imposé, tandis qu’ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l’intimité et la confiance naître, les mots s’échanger, et les secrets aussi.

Derrière les apparences se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l’époque, des voyageurs tentant d’échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. Ils l’ignorent encore, mais à l’aube, certains auront trouvé la mort.

Ce roman au suspense redoutable nous rappelle que nul ne maîtrise son destin. Par la délicatesse et la justesse de ses observations, Paris-Briançon célèbre le miracle des rencontres fortuites, et la grâce des instants suspendus, où toutes les vérités peuvent enfin se dire.

Critique :
Un train de nuit qui emporte ses voyageurs, un huis-clos où tout peut arriver et la promesse, dès les premières lignes, de savoir que certains vont mourir, puisque l’auteur annonce, sans gants, que tous les personnages n’arriveront pas vivant à destination..

Un train, des meurtres ? Hercule Poirot est monté dedans pour enquêter ? Il ne m’en fallait pas plus pour enfin ouvrir ce roman dont l’auteur m’avait mis l’eau à la bouche dans l’émission de La Grande Librairie.

Dès les premières pages, l’auteur nous présente sa palette de personnages : un médecin, un sportif, un couple de retraité, des jeunes, un VRP et une mère avec ses deux enfants. Un vrai huis-clos pour quelques heures, puisque tout le monde dort dans ce train de nuit, qui n’est pas l’Orient-Express…

Le roman est court, il se lit très vite, car on est happé par l’histoire, par celle des différents personnages, qui, bien que n’échappant pas aux clichés sociétaux (homosexualité, femme battue, cancer, jeunes fumeurs de pétards, syndicaliste, mélenchoniste, beauf), sont tout de même sympathiques et donnent envie d’être dans le train avec eux. Ah ben non, certains ne survivront pas… Mais qui ? Comment ? Pourquoi ?

Je ne divulguerai rien, afin de garder la virginité de l’intrigue, mais j’ai tout de même été un peu déçue de ce qui avait été annoncé. J’ai trouvé le procédé un peu limite… Non pas qu’il m’ait dérangé, mais bon, j’avais pensé autre chose et bien entendu, je me suis sentie un peu grugée en arrivant à la fin.

Malgré tout, j’ai apprécié cette lecture, notamment dans les portraits des personnages et des rencontres qui se sont formées dans ce train de nuit.

Il m’est déjà arrivée de voyager avec des connards à mes côtés, des rouspéteurs de tout, des empêcheurs de lire en toute tranquillité, mais là, je les ai tous apprécié et mon petit cœur s’est serré en pensant que certains n’arriveraient pas à destination, car je ne voulais pas qu’ils meurent. J’ai aimé leurs discussions, les rencontres, les amitiés qui s’étaient formées.

Un roman sur des vies ordinaires, qui se sont télescopées, par les hasards de la vie et qui se souviendront longtemps de ce voyage qui devait être agréable et qui s’est terminé d’une autre manière…

Bel abîme : Yamen Manai

Titre : Bel abîme

Auteur : Yamen Manai
Édition : Elyzad (2021)

Résumé :
« Je revenais du collège quand j’ai rencontré Bella. Une après-midi de novembre, morose. Un garçon triste, chétif, une tête à claques, la tête baissée, la peur qui habite ses tripes, et parfois, l’envie d’en finir. On n’imagine pas ce que ressent un enfant quand il faut qu’il se fasse encore plus petit qu’il n’est, quand il n’a pas droit à l’erreur, quand chaque faux pas prend un air de fin du monde. Mais en l’entendant, ce jour-là, j’ai redressé le menton ».

Yamen Manai nous conte avec fougue le cruel éveil au monde d’un adolescent révolté par les injustices. Heureusement, il a Bella. Entre eux, un amour inconditionnel et l’expérience du mépris dans cette société qui honnit les faibles jusqu’aux chiens qu’on abat « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ». Mais la rage est déjà là.

Critique :
C’est un court roman, c’est brut, c’est violent, c’est un récit qui m’a bouleversée, qui m’a mis le cœur en vrac.

110 pages, pas plus. Avec si peu, il faut aller directement à l’essentiel : l’auteur ne perd pas son temps de faire chauffer l’eau doucement, mais il nous plonge directement dans l’eau bouillante.

C’est l’histoire d’un jeune garçon, en Tunisie, celle après le printemps arabe, celle qui n’a pas vraiment changé, même si on peut dire merde à voix haute. Ça vous fait une belle jambe si vous n’avez pas de boulot…

Dans cette Tunisie post révolution, il reste encore un énorme chemin à parcourir et des tas de choses à changer, mais voilà, rien n’a vraiment changé et les jeunes sont au désespoir, avec peu d’opportunité pour leur vie après l’école.

Partout règne toujours la corruption, le clientélisme, le patriarcat, ces mecs qui ont tous les droits et les femmes pas. C’est un pays qui se trompe de combat, qui s’attaque aux chiens, par exemple, alors que les problèmes sont ailleurs. Mais c’est plus facile ainsi.

Notre narrateur, un jeune ado, sans prénom, n’a pas eu la vie facile, ni agréable, coincé qu’il était entre un père qui ne vit que pour sa bagnole, qui n’investit pas un rond dans le ménage et qui traite son gamin comme une merde. Et son épouse, comment il la traite, ce cher homme ? Comme une merde aussi.

La narration est des plus surprenantes, mais elle passe parfaitement bien. Notre ado s’adresse à son avocat, faisant les questions et nous donnant ses réponses, sans tirets cadratins, le tout inséré dans le texte. D’habitude, ça passe mal chez moi, mais ici, c’était clairement lisible, sans filtre, assez cru, comme un ado blessé et haineux, pourrait s’adresser à un homme de la caste supérieure.

Monsieur, c’est tout ce que je vous dois, et encore, c’est parce que je ne vous connais pas. Peut-être en vous connaissant mieux, je finirai par vous appeler l’enculé. Que je me calme ? Détrompez-vous. Calme, je le suis. Ne croyez pas, à cause de ma gueule retournée, que je suis échaudé pour autant. Vous êtes là pour m’aider ? Permettez-moi d’en douter. Vous ne me connaissez ni d’Ève ni d’Adam, et vous voulez m’aider ?

C’est la Tunisie qui se fait rhabiller pour l’hiver, dans ces 110 pages, c’est le pays qui est jugé, critiqué, notamment son pouvoir, ses dirigeants, de tous poils et leur incompétence, leur corruption, le fait qu’ils se foutent pas mal de la population (mais ils n’ont pas le monopole).

C’est aussi une belle histoire d’amour entre notre jeune ado et Bella, qui lui a tant apporté, tant donné d’amour, alors que de ses parents, il n’en recevait pas. Il ne nous parlera pas de son odeur après la pluie, mais en quelques lignes, on comprendra tout son amour pour cette boule de poils et cette fusion qu’ils avaient.

Une histoire magnifique, qui met du baume au cœur, mais nous sommes dans un drame, comme vous l’aurez deviné… Sans sombrer dans le pathos, l’auteur m’a tiré des larmes et tordu les tripes, tant j’ai vibré avec son jeune narrateur, courant partout, l’angoisse lui tenaillant les tripes.

C’est un véritable coup de cœur, un récit gorgé d’émotions en tout genre, un ascenseur émotionnel, un cri de rage d’un jeune homme, une haine qui va déferler en lui (et je la comprend) et le transformer en un autre garçon.

Un récit uppercut, qui va droit à l’essentiel, qui joue sur l’oxymore de son titre (un abîme qui serait beau, c’est contradictoire), une critique violente de l’état de la Tunisie, que ce soit au niveau politique ou de la propreté des quartiers, des villes… C’est fort, c’est brut, c’est bouleversant.

PS : ce roman m’avait été conseillé par une personne, mais je ne me souviens plus de qui c’était… Peut-être une intervenante sur un blog ami ? Trou de mémoire… Mais j’aimerais remercier cette personne pour ce conseil, car sans elle (je suis quasi sûre que c’était une femme), jamais je n’aurais lu ce roman et jamais je n’aurais eu mon dernier et ultime coup de coeur de l’année 2023 !

Nos coeurs disparus : Celeste Ng

Titre : Nos coeurs disparus

Auteur : Celeste Ng
Édition : Sonatine (24/08/2023)
Édition Originale : Our Missing Hearts (2022)
Traduction : Julie Sibony

Résumé :
États-Unis d’Amérique, dans un futur pas si lointain. Le jeune Bird Gardner vit seul avec son père sur un campus universitaire. Depuis quelques années, leur existence est rythmée par des décrets liberticides.

Le gouvernement a en effet instauré une loi de préservation des traditions, permettant de considérer tout élément de culture étrangère comme suspect, et potentiellement dangereux pour la société. Les citoyens sont surveillés, les manifestations interdites.

Les livres définis comme séditieux sont retirés des bibliothèques. À commencer par ceux de la mère de Bird, la poétesse Margaret Miu, disparue mystérieusement trois ans plus tôt.

Le jeune garçon a appris à se désintéresser d’elle, à ne poser aucune question sous peine d’attirer l’attention des forces de l’ordre. Mais le jour où une lettre arrive, ne contenant qu’un mystérieux dessin, il comprend que c’est sa mère qui lui laisse un indice pour la retrouver.

Critique :
Noah (surnommé Bird) a 12 ans, il vit tout seul avec son père, dans un petit studio et il reçoit une lettre énigmatique, qui semble venir de sa mère, partie un jour, sans retour (oui, moi aussi je vais l’avoir dans la tête).

Après avoir lu une trentaine de pages de ce roman dystopique, j’ai failli abandonner, tant je n’y trouvait rien d’intéressant.

Vu que la majorité des chroniques sur Babelio étaient positives, j’ai continué un peu et là, paf, je suis tombée sur le monstre tapi sous le lit, celui que l’on pense inexistant et qui pourtant, grandi de jour en jour avant de se jeter sur nous et de nous dévorer tout cru.

Non, pas un monstre sorti d’un livre d’horreur, quoique : tous les livres définis comme séditieux ont été retirés des bibliothèques ! Putain de merde, un de mes pire cauchemars…

Là, j’ai senti les sueurs froides couler dans mon dos et ma respiration se faire difficile. J’ai imaginé que je pourrais vivre dans un monde tel que celui-là et qu’on aurait vidé mes/les biblios de leurs livres dits « dangereux ».

Et aux États-Unis, ce n’est pas un vilain rêve, c’est une réalité, puisque des gens biens pensants ont décidé que leurs enfants ne pouvaient pas lire des romans qui parlent de l’esclavage, du racisme, de ségrégation, d’homosexualité, de transsexualité,… (et la transsubstantiation, ils sont contre aussi ?? Si ça se trouve, ils ne savent pas ce que c’est, ces biens pensants).

Anybref, j’étais scotchée au livre et je ne l’ai plus lâché. Horrifiée, j’ai découvert cette Amérique sous régime autoritaire après le PACT (Preserving American Culture and Traditions Act), raciste au possible, liberticide, qui a retiré les livres séditieux des biblios, qui a pris des règles drastiques contre les POA (personne d’origine asiatique), les accusant de tous leurs maux après la crise, qui a incité sa population à dénoncer tout le monde au moindre fait et geste anti patriotique et pire, qui enlève les enfants aux couples jugés « antiaméricains ».

Des bruits avaient commencé à courir. On parlait de coups à la porte au milieu de la nuit, d’enfants qui disparaissaient, emportés par des voitures noires. Une clause enfouie dans les replis de la nouvelle loi, autorisant les agences fédérales à retirer les enfants des foyers jugés antiaméricains.

J’ai aimé suivre Noah, ce jeune garçon timide, qui suit les règles, car il a la trouille (j’aurais été telle que lui), avant de commencer à se poser des questions et à rechercher sa mère, dans la première partie.

La deuxième partie nous en apprendra plus sur la fameuse crise et le PACT qui en a découlé, l’autrice nous montrant comment, petit à petit, les gens ont changé de comportement, devenant de plus en plus agressifs envers les personne asiatique. Comme souvent, ça commence doucement, c’est pour notre bien, mais ensuite…

Cette dystopie est glaçante, parce qu’elle ne parle pas de science-fiction, mais de choses réelles, qui sont déjà arrivées, aux États-Unis ou ailleurs.

Les Amérindiens ont vécu l’assimilation forcée de leurs enfants, dans des pensionnats, la ségrégation a existé (et elle existe encore), durant les guerres mondiales, il y a eu des discriminations envers les Allemands et ensuite les Asiatiques (emprisonnés dans des camps), la pandémie COVID a relancé les dénonciations et le maccarthysme, bien avant, avait été une ère de délation et de persécution.

Quant à la résistance qu’oppose certaines personnes à ce totalitarisme, elle est bien faite, sans être violente. Elle est ténue, aussi, tant les gens vivent dans la peur de se faire dénoncer. Bref, tout est réaliste, hélas…

Mon seul bémol sera pour l’absence de tirets cadratins ou de guillemets devant les dialogues. Il m’a fallu un temps d’adaptation pour arriver à trouver la fluidité de lecture sans ces petits repères. Oui, c’est un tout petit bémol de rien du tout.

Une dystopie à lire, dont il faut parler, pour éviter qu’un jour, chez nous, on en vienne à retirer des livres des rayons des bibliothèques publiques (ou pire, dans nos maisons), sous prétexte qu’ils parlent de choses dont on ne veut pas entendre parler.

Lutter aussi pour que dans les écoles, on ne commence pas à édulcorer l’Histoire et la à transformer en monde des Bisounours bienveillants ou à la réécrire… Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que ça a déjà commencé…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°065] et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).

La crue : Amy Hassinger

Titre : La crue

Auteur : Amy Hassinger
Édition : Rue de l’échiquier (2019) / J’ai Lu (2022)
Édition Originale : After the dam (2016)
Traduction : Brice Matthieussent

Résumé :
Méprisée par son mari, Rachel Clayborne, 32 ans, fuit l’Illinois en pleine nuit avec son bébé, pour rejoindre le seul endroit qu’elle considère comme un refuge possible : la ferme de sa grand-mère dans le Wisconsin.

Mais celle-ci est mourante et veut léguer la maison à son auxiliaire de vie, Diane Bishop, membre de la tribu amérindienne des Ojibwés, expropriée de sa terre par un barrage dont la construction a été imposée par… la famille Clayborne.

Bouleversée par la beauté saisissante du lieu et ses retrouvailles avec son premier amour le fils de Diane, Joe Bishop, Rachel est emportée dans un tourbillon existentiel : doit-elle se battre pour garder cette maison qui fut le refuge de son enfance ?

Ou la restituer aux Bishop par souci de justice, comme l’y incitent ses valeurs et sa morale ?

Critique :
Ce roman avait tous les ingrédients pour me plaire et me faire passer quelques belles soirées lectures : un barrage qui a engloutit toute une vallée, chassant les Indiens ojibwés de leurs terres, une maison obtenue de manière peu catholique et Maddy , une vieille dame, qui, avant de mourir, voudrait réparer les torts du passé en donnant sa ferme à Diane, une descendante de la famille spoliée à l’époque.

De l’autre côté, nous avons Rachel, la petite fille de Maddy qui n’a pas envie que la ferme qu’elle adore (mais où elle n’a plus mis les pieds depuis 8 ans) soit léguée à la Diane, celle qui s’occupe de sa grand-mère depuis des années.

Rachel m’a exaspérée au possible : elle décide, sur un coup de tête, de débarquer chez sa mamy, à 6h de route de chez elle, embarquant dans l’aventure son bébé de trois mois, le tout sans prévenir son mari. Tout au long du roman, elle sera inconséquente, chiante, gamine, peu mature, notamment dans son comportement avec Diane.

Rachel est perdue, souffrant sans doute d’une dépression post-natale, et elle est tiraillée entre ses sentiments pour son ancien amoureux, avec qui elle s’est séparée il y a longtemps et son mari (qu’elle oublie vite).

Ce personnage ne m’a jamais touchée, je n’ai jamais vibré lors de ses nombreux atermoiements, que du contraire, cela m’a exaspéré et j’ai fini par sauter des pages.

Certes, ces détails peuvent être importants afin de comprendre le passé des familles impliquées dans l’histoire, afin que l’on comprenne mieux l’importance que ces faits ont eu, sur les différents personnages, mais cela m’a semblé long…

Il ne se passe pas grand-chose dans ce récit et tout est prévisible, téléphoné et je n’ai eu aucune surprise, ayant tout deviné.

Bref, vous l’aurez compris, ce n’est pas une lecture dont je ressors conquise et heureuse, mais plus une lecture foirée. Sur Babelio, il y a plus d’avis positifs que négatifs, donc, ce sera à vous de voir si vous tentez le coup ou pas…

Moi, je vais passer à un autre roman !

An American Year – 02

 Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).

 

Hacendado – L’honneur et le sang : Philippe Thirault et Gilles Mezzomo

Titre : Hacendado – L’honneur et le sang

Scénariste : Philippe Thirault
Dessinateur : Gilles Mezzomo

Édition : Glénat (14/06/2023)

Résumé :
Mexique, 1863. Sur ces terres arides où la violence et le crime sont le lot quotidien de la population de l’État de Sonora, le descendant d’une ancienne lignée de conquistadors tente de faire perdurer les notions de justice et d’honneur.

C’est pour sauver l’honneur bafoué de son nom que Don Armando, riche Hacendado, décide de faire justice lui-même en condamnant son propre fils à une mort lente mais certaine…

Plus tôt en ville, le jeune Don Diego aurait été aperçu couteau à la main, laissant la belle Doña Joselita au milieu d’une mare de sang.

Convaincu de la culpabilité de ce fils retors au visage d’ange qui ne cesse de clamer son innocence, Don Armando l’emmène dans le sinistre désert de Sonora et l’y abandonne !

Or, dans ces sierras, il faut autant redouter la sauvagerie des bêtes que celle des hommes.

Territoire de la bande d’Abraham Hinter, le plus cruel des chasseurs d’Apaches, le désert est un enfer peuplé de tueurs que le dernier sentiment humain a quitté depuis longtemps…

Critique :
Sonora, ton univers impitoyable, tes déserts mortels, tes bandes Apaches sans pitié, tes chasseurs d’Apaches sans foi, ni loi…

Bref, vaut mieux pas se retrouver dans le désert du Sonora, sans cheval… La Mort vous trouvera, sans aucun doute, la seule incertitude, c’est par qui ou par quoi (soif, chaleur, puma, Apaches,…).

Voilà un western qui ne fait pas dans la dentelle et qui va droit au but : il est violent, sans concession et je n’y ai pas vu l’ombre d’un poil de Bisounours.

Nous sommes en 1863, au Sonora, dans une riche Hacendado, propriété de Don Armando, descendant des Conquistadors et fort attaché aux notions de justice et d’honneur.

Alors, quand on accuse son fils d’avoir tué deux hommes et violé une jeune fille, il ne cherchera même pas à savoir si c’est vrai ou si son fils s’est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment : le père fera justice lui-même en abandonnant son fils dans le désert, sans cheval. S’il survit, c’est que Dieu lui a pardonné… Il a bon dos, Dieu.

Ce western est classique tout en étant différent : déjà, pas de cow-boys, mais des vaqueros, puisque nous sommes l’État de Sonora (au Mexique). Pas de duel dans la rue non plus, mais des fusillades, des massacres, des empoignades et des coups de poignards dans le dos (au sens figuré).

Oui, c’est un western violent, pas vraiment fait pour les petits enfants. C’est un récit qui ne laisse que peu de répit, qui possède du suspense (il est coupable oui ou non ?), de l’action, une femme qui n’a pas froid aux yeux et des sauvages qui ne sont pas toujours les Indiens, contrairement à ce que pensent les Mexicains, anciens descendants des conquistadors.

La sauvagerie est une maladie hautement contagieuse… Pour imiter un enfant, je dirais que « c’est celui qui dit qui l’est ». Lorsque l’on voit les comportements des Mexicains ou des Blancs dans cette histoire, on se dit que les plus civilisés sont encore les chevaux (et tous les animaux). Deux scènes l’illustreront parfaitement bien et feront froid dans le dos.

Un western sombre, malgré les belles couleurs utilisées par le dessinateur, un western violent, même si on a l’amour d’une mère pour son fils. Un western où Dieu est souvent nommé, mais jamais là. Un western qui surprendra, de par ses petites choses cachées, que l’on apprendra au fil de l’histoire et qui, jusqu’à la dernière case, n’aura pas dit son dernier mot.

Bref, un western comme je les aime…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°052].

Le chien des étoiles : Dimitri Rouchon-Borie

Titre : Le chien des étoiles

Auteur : Dimitri Rouchon-Borie
Édition : Le Tripode (17/08/2023)

Résumé :
Un road movie gitan. Ecoutez bien ce que je vais vous dire parce que dans l’instant c’est la nuit qui parle pas moi et c’est une voix pure, alors je serai pas capable de la refaire ensuite. Gio a vingt ans, peut-être un peu plus. Sa vie n’est plus la même depuis qu’un lâche lui a planté un tournevis dans le crâne.

Désormais, Gio voit ce que peu de gens devinent. La beauté de la nuit. L’appel des chouettes. La grandeur de ses amis Papillon et Dolores.

Etonnant road movie gitan, Le Chien des étoiles est le roman de leur destin, un périple cruel et doux dans le monde des humains.

Critique :
Nous sommes entre les deux guerres… La première a eu lieu, la Seconde, pas encore. C’est dans cette époque qu’évolue Gio, un jeune gitan qui revient chez lui, après s’être pris un tournevis dans la tête.

Voilà un roman noir très sombre, à ne pas lire un soir de déprime (ni un jour de déprime), car la lumière n’est que rarement présente et lorsqu’elle arrive enfin, les ténèbres ne sont jamais bien loin pour moucher la maigre flammèche de la chandelle.

En peu de phrases, en peu de mots, en peu de détails, l’auteur arrive à nous plonger dans le monde de ses personnages, le monde des gitans, des règlements de compte des dettes d’honneur, des coups de poignards dans le dos, des trafics…

On pourrait reprocher à ce roman de proposer des personnages assez manichéen… De fait, les plupart des hommes dans ces pages sont assez rustres, considérant les femmes comme des pouliches que l’on peut toucher, peloter, notamment leurs pêches (les seins), et ce, surtout si elles sont jeunes et jolies.

Puis, comme avec une pouliche ou une belle bagnole, les mecs peuvent parader avec la jolie fille à leur bras, avant (ou après) de la coucher dans leur lit. Pas de nuances, soit les mecs sont des reluqueurs, toucheurs, dignes de figurer au tableau de Balance Ton Porc, soit ils sont corrects. D’habitude, ce manque de nuances m’exaspère, mais pas dans ce roman… Bizarre, vous avez dit bizarre.

L’histoire m’a emportée, j’ai vibré avec les trois personnages principaux, Gio le gitan costaud, Dolores la jeune fille mignonne qui a déjà été utilisée comme outil sexuel (branlette ou pelotage) et Papillon, un jeune garçon, muet, qui ne s’exprime qu’en peu de geste et qui pourtant, malgré son mutisme, m’a touchée au plus profond de mon cœur. Zéro ligne de dialogue pour lui et malgré cela, une présence forte.

L’écriture de l’auteur allait bien au récit. Dans un style assez âpre, assez sec, à l’aide de phrases courtes et simples, il arrive à faire passer des émotions. En fait, c’est comme si nous lisions le récit de Gio, qui n’a pas fait d’études, qui n’est pas un jeune homme intelligent. Le style d’écriture, malmené, m’a plu (ça passe ou ça casse).

Un roman noir avec peu de lumière, si ce n’est les torches des imbéciles, les lueurs de concupiscences dans le regards des hommes, face à la belle Dolores, jeune fille qui perdue, qui ne sait pas trop ce qu’elle va faire ou les éclats de couteaux de ceux qui jouent avec pour impressionner les autres.

Un roman qui a tout d’un drame, d’un conte cruel, où être différent des autres se paie cash, avec du sang. Un Road-movie gitan qui met en scène trois personnages fracassés que la vie a rassemblé et que d’autres vont détruire…

Un roman à l’écriture dépouillée, sans grandes descriptions de lieux, mais empreint de beaucoup d’émotions.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°049].