Le défi Holmes contre Lupin et les brigades : Alain Bouchon et Jean-Paul Bouchon

Titre : Le défi Holmes contre Lupin et les brigades

Auteurs : Alain et Jean-Paul Bouchon
Édition : La geste – Moissons Noires (17/08/2021)

Résumé :
Août 1911.
À l’invitation de ses cousins Vernet qui ont loué une villa sur la côte, Sherlock Holmes remet le pied sur le sol français. Accompagné de son fidèle Watson et d’Harriett Cooper, amie et suffragette enragée, ils apprennent que Jenny Bradpick, la richissime héritière de l’empire Bradpick, portera, à sa prochaine sortie, une parure de diamants ayant appartenu à la Du Barry.

Holmes comprend rapidement la raison de la présence de Lupin à Royan : il va voler les bijoux ! Mais cette manœuvre ne serait-elle pas destinée à masquer l’enlèvement du chimiste Mainsemet ?

Au Grand-Hôtel, plusieurs personnages attirent particulièrement l’attention de Holmes : le chef de réception, Périer, un ancien de la marine marchande ; Nob, un nain faisant fonction de groom ; les Bradpick père et fille, magnats de l’industrie américaine, etc. Il ne manquait plus que l’arrivée des Brigades du Tigre pour réaliser un sommet de la cambriole.

Rien ne se passe décidément comme prévu sur la côte… Le cosy murder parfait à la Agatha Christie.

Critique :
Ayant apprécié le précédent roman des auteurs (Sherlock Holmes et le mystère des bonnes de Poitiers), j’ai décidé de sortir le volume suivant, afin de retrouver le duo Holmes/Watson qui m’avait enchanté.

Déjà, un grain de sable a grippé la machine bien huilée du tome précédent : Watson ! Mais qu’est-ce que les auteurs ont fait de ce personnage important ?

On passe d’un médecin posé à un type ridicule, qui ne sert pas à grand-chose dans cette enquête, si ce n’est regarder dans le décolleté des femmes, faire des siestes et se faire rabrouer par sa compagne, une suffragette un peu hystérique.

Mamma mia, le pauvre Watson ! À ce tarif-là, les auteurs auraient pu le laisser à Londres, au lieu de le transformer en une espèce de caricature qui n’apporte rien au récit, même pas de légèreté, puisqu’il est dans le registre qui frôle lourdement le burlesque. Juste un faire-valoir auquel les lecteurs ne peuvent s’identifier, comme c’est le cas dans les nouvelles de Conan Doyle.

Holmes, de son côté, reste égal à lui-même et il est plus proche du Holmes du canon holmésien. Mais bizarrement, il m’a semblé un cran en-dessous de celui que j’ai connu dans le mystère des bonnes de Poitiers. Effet d’optique ?

Dans ce pastiche holmésien, si vous êtes allergique aux descriptions des décors (paysages, habitations,…) et aux petits faits de société qui se déroulent dans l’époque (mœurs, bals,…), vous risquez de faire une poussé de boutons, parce que les auteurs ont mis le paquet sur l’authenticité de leur roman : vous aurez l’impression d’être à Royan en 1911.

L’irruption de Lupin dans le sac d’embrouille que semblent être les petites affaires que Holmes doit démêler (dont une qui est croquante) pourrait faire croire à de la chantilly inutile, mais non, il aura son rôle à jouer et son importance aussi. Lupin m’a semblé être assez conforme à l’original, bien que je le connaisse moins que Holmes.

Si le début du polar est un peu lent, que les descriptions prennent de la place, que les personnages principaux et secondaires prennent le temps de vivre leurs vacances et de participer à la vie royannaise, après, le rythme s’accélère et cela devient plus intéressant, les petites enquêtes prenant, à ce moment-là, une importance insoupçonnées.

Le final n’a pas lieu dans un salon cosy, ni dans une pièce où le détective a réuni tout les protagonistes… Non, pas de final à la Hercule Poirot, mais vu leurs péripéties, ce final à quelques airs d’Indiana Jones (le fouet en moins, bien entendu), mâtiné d’un vieux James Bond (sans les gonzesses sexy en maillot de bain rikiki).

Pas une mauvaise lecture, mais je lui ai préféré le tome précédent (attention aux spoliers si vous lisez celui-ci avant les bonnes de Poitiers, les auteurs sont un peu trop bavards et donnent le nom de la personne responsable des meurtres), qui était plus à l’image de Holmes, puisque sans espionnage, complots et autres.

Dame Ida avait lu et chroniqué ce pastiche holmésien avant moi et vous pourrez aller relire ce qu’elle en disait en cliquant ici. Son avis était plus ou moins le même que le mien, mais elle avait été plus généreuse en cotation.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°140]. et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°32).

Sherlock Holmes et le mystère des Bonnes de Poitiers : Alain et Jean-Paul Bouchon

Titre : Sherlock Holmes et le mystère des Bonnes de Poitiers

Auteurs : Alain et Jean-Paul Bouchon
Édition : La geste (2020)

Résumé :
En ce début d’année 1910, un drame abominable survient à Poitiers … une bonne est sauvagement assassinée dans le parc de Blossac. Qui d’autre que Sherlock Holmes tiré de sa retraite d’apiculteur dans le Sussex accompagné de son fidèle Watson pour enquêter ?

Le plus célèbre détective de la planète débarque dans le Poitiers de la belle époque pour faire toute la lumière sur ce crime sordide. Mais que vient faire Holmes en Poitou s’interroge la police ? Elle ignore certainement que du sang français coule dans ses veines …

Pour le plus grand plaisir des lecteurs, voici le retour du mythique personnage créé par Sir Arthur Conan Doyle sous la plume d’Alain et de Jean-Paul Bouchon … Une nouvelle enquête pour Sherlock Holmes au sommet de son art !

Critique :
Que ça fait du bien une lecture calme, pas trop sanglante, pas trash du tout et avec, en plus, un bon pastiche holmésien.

Oui, je le dis de suite, ceci est un bon pastiche holmésien, pas le meilleur, mais tout ce qu’il y a de plus correct, autant dans l’enquête que dans les personnages de Holmes et Watson.

Holmes, bien qu’un peu différent de sa version canonique, n’en n’est pas moins un personnage qui s’impose, même s’il affiche un meilleur caractère que son original et Watson est assez conforme à lui-même, sauf pour le prénom, James (il se prénomme John, mais l’auteur a peut-être voulu faire un clin d’oeil à la nouvelle canonique où son épouse le prénomme James).

Une fois de plus, notre détective préféré va enquêter en France. Pourquoi ? Parce qu’il a été appelé à la rescousse par son cousin, Horace Vernet (rien à voir avec le peintre), car leur ancienne bonne a été tuée de manière affreuse. Retraité dans le Sussex (oh, le coquin), il va se faire accompagner par un Watson qui avait juste envie de sortir un peu de chez lui et d’échapper à sa nouvelle future femme, une suffragette.

L’enquête se déroulera sur 350 pages et malgré la longueur, je n’ai pas vu le temps passer. Le duo d’auteurs ont réussi à donner du rythme à leur récit et il ne souffre pas de moments d’ennui. Et puis, ils ont ajouté du mystère aux mystères des meurtres de bonnes, puisque Holmes va aller se recueillir sur la tombe d’une jeune fille de 22 ans qu’il a bien connu avant…

Mon plaisir, en lisant un polar, c’est d’essayer de trouver le ou la coupable, même si je n’y arrive pas toujours… Dans ce cas-ci, je me suis faite avoir sur toute la ligne et n’ai rien vu venir. Watson était dans le brouillard, tout comme moi, et seul Holmes avait réussi à relier les fils épars pour débrouiller cette énigme. J’ai été eue et j’adore ça.

Avec une écriture simple, mais non simpliste, les auteurs ont réussi à m’immerger à Poitiers, en 1910, et à me surprendre avec leur final inattendu. Enfin, parce que moi, je n’avais rien vu… Des plus perspicaces comprendront peut-être en même temps que le détective de Baker Street.

Un bon pastiche holmésien qui mérite de figurer dans les étagères où ne se trouvent que les meilleurs. Je possède d’autres romans du duo, il serait temps que je les sortisse de mes étagères aussi (en espérant qu’ils soient aussi bon que celui-ci).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°130] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°22).

Les enquêtes lyonnaises de Sherlock Holmes et Edmond Luciole – 01 – L’affaire des Colonels : Eric Larrey

Titre : Les enquêtes lyonnaises de Sherlock Holmes et Edmond Luciole – 01 – L’affaire des Colonels

Auteur : Eric Larrey
Édition : Independently published (02/02/2019)

Résumé :
La vie d’Edmond Luciole, récemment installé à Lyon, ne sera plus tout à fait la même après avoir accepté la proposition d’un ami d’enfance. Il ne s’agissait au départ que d’héberger durant quelques semaines un jeune cousin britannique du nom de Sherlock Holmes.

Mais en ce début d’année 1870, une série de meurtres alarme les autorités. Sous l’impulsion de Sherlock, Edmond accepte de mener l’enquête …

Critique :
Puisque j’avais lu les deux hors-série de cet auteur, j’ai eu envie de découvrir ses romans (auto édition), de passer un peu de temps dans un pastiche qui met en scène un Sherlock Holmes à Lyon, en 1870.

Ce premier pastiche raconte l’arrivée de Holmes chez Edmond Luciole et les circonstances qui ont fait que notre jeune futur détective a dû s’exiler en France et habiter chez Edmond.

Mon but n’est pas de descendre cette série, ni l’auteur, mais malheureusement, ce pastiche souffre de défauts, des minimes, de ceux que l’auteur aurait pu éviter et un écueil de taille…

Le début met du temps à se mettre en place, mais pas d’ennui ressenti puisque l’auteur nous parler de l’installation de Holmes chez Luciole, de la vie domestique…

Lorsque les premiers crimes surviennent, il faudra du temps à Holmes avant de pouvoir s’occuper de l’affaire et ses investigations vont mettre du temps. Hors, avec Holmes, la rapidité des enquêtes est une vertu, le format des nouvelles lui va toujours mieux que celui des romans (hormis quelques exceptions).

Quelques longueurs, mais ce n’est pas le plus important, d’autant plus que la résolution n’est pas simple, que le mobile des crimes n’est pas évident à trouver et que l’auteur a bien tiré son épingle du jeu en incorporant ce qu’il fallait dans sa fiction (no spolier). Oui, j’ai aimé la résolution de l’enquête.

Un autre point qui blesse, c’est le fait qu’il y ait des fautes assez lourdes dans le récit. Attention, je fais des fautes aussi, là n’est pas la question, mais je ne parle pas ici de fautes d’accord, mais de mots : « cochet » en lieu et place d’un « cocher »… Les hommes du « gué » à la place des hommes du « guet » et on a même un homme à qui on demande de faire le « gué »… Qu’il fasse le « guet », ça ira mieux ! Une relecture aurait permis d’éviter ces erreurs.

Et le pire… Comme dans les deux nouvelles que j’avais lues, le bât a blessé aux mêmes endroits : Holmes, bien que ressemblant au canonique, manque de présence, de flamboyance et on a l’impression qu’il n’est pas là, comme si l’enquête était menée par un détective brillant, mais dont on ne perçoit guère la lumière.

Dans ce roman, il possède toutes les qualités du détective qu’il sera sous la plume de Conan Doyle, sans les défauts les plus importants, comme son ton sarcastique, son air hautain face à la lenteur d’esprit des autres, bref, il lui manque son caractère horripilant bien à lui (son côté excentrique, égoïste, impatient et peu tolérant).

Dans les récits canoniques, Holmes écrase tout le monde de sa personnalité. Ce qui n’est pas le cas ici. Alors effectivement, chaque auteur lui donne un caractère différent du canonique et j’ai déjà lu des pastiches avec des Holmes moins excentrique que l’original, mais il faut tout de même qu’il lui reste la prestance et la flamboyance ! Sinon, c’est comme si Hercule Poirot perdait son élégance coutumière…

Donc voilà, ma chronique pourrait vous faire penser que je descend ce pastiche, hors, ce n’est pas le cas. Il y a des bonnes choses dans ce roman, notamment dans la résolution de l’enquête, dans le côté Historique bien mis en place (la France est passée par plusieurs système de gouvernance, depuis 1789) et la ville de Lyon bien présente.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°116] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°08).

Arsène Lupin et Sherlock Holmes – Les regrets : Martine Ruzé-Moens

Titre : Arsène Lupin et Sherlock Holmes – Les regrets

Auteur : Martine Ruzé-Moens
Édition : du Net – LEN (2022)

Résumé :
Plusieurs mois après l’affrontement qui opposa Sherlock Holmes à Arsène Lupin, lui permettant de prendre enfin sa revanche, qui aurait cru que le vieux détective allait cette fois être amené à lui prêter main-forte ?

Ce domaine d’Étretat et le titre de baron d’Octeville, dont Lupin venait d’hériter d’un vieux cousin de sa mère, juste avant son incarcération, en seraient-ils la cause ?

Une improbable évasion, un mystérieux manoir et l’émergence de vieux secrets de famille vont faire de Lupin et du jeune Firmin Achard, un de ses admirateurs inconditionnels, la cible d’individus peu recommandables, prêts à tout pour les éliminer.

Dans cette suite au précédent ouvrage « Sherlock Holmes contre Arsène Lupin : la revanche », les deux protagonistes vont devoir surmonter leurs rivalités, s’unir pour affronter bien des dangers, élucider les mystères et lever les écueils qui mettent leurs vies en péril.

Critique :
Hé oui, deux pastiches holmésiens de lus pour bien commencer l’année ! Si avec ça elle est mauvaise, je n’y comprendrai rien…

J’avais commencé l’année 2023 avec le précédent roman de l’autrice « Sherlock Holmes contre Arsène Lupin : la revanche », qui était d’un bon niveau et j’ai laissé passer une année avant de lire le suivant parce qu’ensuite, je n’avais plus rien à lire d’elle.

Est-ce qu’avoir fait durer le plaisir fut une bonne idée ? Oui, tout à fait, je n’ai pas été déçue de ma lecture, ni de l’univers que l’autrice a mis en plus depuis plusieurs romans, déjà. J’apprécie son Holmes, qui est un peu différent de celui des romans de Conan Doyle, mais notre cher détective nous expliquera pourquoi.

Dans le précédent opus, Holmes avait affronté un Arsène Lupin qui n’était pas celui des romans de Maurice Leblanc, même si, dans sa jeunesse, l’homme avait été un monte-en-l’air et avait servi de modèle à l’auteur de romans. Arrêté, Lupin croupissait en prison, attendant son procès. Et Holmes a des regrets : comme Maurice le célèbre poisson rouge de la pub, il a poussé le bouchon trop loin.

Holmes et Lupin qui s’associent, c’est de l’inédit, mais c’est bien mis en scène et c’est tout à fait réaliste dans le contexte mis en place par l’autrice, puisque l’un n’est pas tout à fait ce qu’il est dans la littérature.

L’avantage de cette suite, c’est qu’il est aussi bon que le premier, tout en étant différent, même s’il reprend une partie des personnages croisés dans le premier opus. Les enquêtes de Holmes ne doivent pas s’éterniser, l’autrice le sait et elle a privilégié des petites enquêtes assez courtes, qui s’additionnent les unes aux autres, Holmes devant résoudre plusieurs mystères, magouilles ou autres petits faits intrigants.

Le tout est bien lié, la sauce prend sans problèmes et on se surprend à râler en voyant la fin du roman arriver. Quoi ? Il n’y a plus rien après ? Il est déjà terminé ? Toujours le même bémol, les romans de l’autrice se lisent trop vite, ou alors, je suis trop gourmande et incapable de faire durer le plaisir plus qu’une journée de lecture…

Là, c’est la catastrophe, parce que je n’ai plus AUCUN pastiches holmésien de l’autrice et j’ai intérêt à bouffer beaucoup de chocolat pour survivre à ça !

Un pastiche holmésien de très bonne facture, qui s’en va rejoindre ses copains sur la même étagère, celle des bons, celle de mes chouchous. Une lecture détente, les doigts de pied en éventail et ça fait du bien pour démarrer l’année en beauté, en étant sûre de ne pas se planter avec une daube.

PS : publiés aux éditions du Net (LEN), ces pastiches se commandent facilement chez l’autre pété de thunes, celui qui livre plus vite que son ombre et qui n’est pas très regardant sur les législations du travail… Bref, vous voyez qui je veux dire… Moi, je privilégie toujours les commandes chez le libraire, indépendant et qui ne croule pas sous les milliards. Après, c’est vous qui voyez…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°094].

Sherlock Holmes et le diamant maudit : Thierry Niogret

Titre : Sherlock Holmes et le diamant maudit

Auteur : Thierry Niogret
Éditions : Patient Résidant (2012) / La geste – Moissons Noires (2023)

Résumé :
1897. La reine Victoria célèbre brillamment son jubilé de diamant, l’occasion pour le plus célèbre d’entre eux, le Koh-i-Noor, de sortir de son écrin de la Tour de Londres pour être exhibé.

C’est le maharaja de Jodhpur qui a l’honneur de se parer du joyau lors du défilé grandiose dans les rues de la capitale. Or, celui-ci est depuis toujours à l’origine d’une malédiction qui va encore frapper : le Koh-i-Noor est volé sans que l’on comprenne comment, pourquoi et par qui.

L’inspecteur Gregson, de Scotland Yard, part aux Indes à la recherche de l’inestimable diamant, mais le bijou reste désespérément introuvable.

C’est alors qu’au 221B, Baker Street, Sherlock Holmes et son fidèle Watson entrent en scène. Le célèbre détective sera-t-il encore une fois à la hauteur de sa réputation ?

Critique :
Puisque j’avais terminé l’année en douceur avec des valeurs sûres (Athelstan et Montalbano), j’avais envie de redémarrer calmement et pour cela, rien de tel qu’un pastiche holmésien (qui n’a pas traîné dans ma PAL).

Le plus beau des diamants n’est pas le « Youkounkoun » (voir le film « Le corniaud »), mais bien le Koh-i-Noor, gardé dans la tour de Londres.

Diamant que l’on dit maudit pour les hommes et qui aurait été volé, heu, « emprunté à long terme sans possibilité de retour », à l’Inde.

Le roman commence par une tentative de vol assez audacieuse et ce n’est qu’après que notre célèbre détective fera son entrée, mais pour l’enquête, on lui mettra bien des bâtons dans les roues, notamment en l’empêchant d’entrer dans la salle du trésor.

La première partie est consacrée à Holmes, qui enquête et qui épaulera l’inspecteur Gregson de Scotland Yard dans la mission importante qui lui a été confiée : veiller sur le Koh-i-Noor que l’on vient de prêter à un jeune maharaja de Jodhpur pour le jubilé de la reine Victoria. Je ne dirai rien de plus pour ne pas gâcher votre plaisir.

La deuxième partie sera consacrée à l’inspecteur Gregson parti enquêter en Inde, sur les trace du maharaja et où il fera une découverte à laquelle je ne m’attendais pas (mais j’aurais dû me douter que… Non, je ne dirai rien non plus). Le récit est une sorte de carnet de voyage, très intéressant et bien que mon cher détective n’y soit pas présent, je n’ai pas trouvé matière à m’embêter.

La troisième partie reviendra sur Holmes, mettant son talent à disposition et résolvant l’énigme, sous toutes ces coutures. Le dernier mot revenant à sa majesté la reine Victoria, bien entendu.

Un pastiche holmésien qui n’est pas mal du tout, qui a ses qualités et qui, sans être le polar de l’année, fait passer du bon temps de lecture, avec des personnages assez canoniques et une enquête qui n’est ni trop longue, ni trop courte et qui révèlera quelques surprises. J’ai presque éclaté de rire.

Il peut aller rejoindre les bons pastiches holmésiens et n’aura pas à rougir parmi tous les autres de l’étagère. Monsieur Niogret a écrit un pastiche intéressant, qui met en valeur les talents de Holmes et l’incapacité de Watson, tout comme les lecteurs, à voir ce qu’il fallait vraiment voir.

ATTENTION : Ce pastiche était paru, en 2012, sous le titre de « Sherlock Holmes et le mystère du diamant Hindou » aux éditions du « Patient Résidant ». L’auteur signale, à la fin de l’édition chez La Geste, que son texte a été retravaillé, alors, privilégiez, si vous le pouvez, la nouvelle édition chez La Geste.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°093].

Sherlock, Lupin & moi – 16 – Le masque de l’assassin : Irene Adler

Titre : Sherlock, Lupin & moi – 16 – Le masque de l’assassin

Auteur : Irene Adler
Édition : Albin Michel Jeunesse (30/08/2023)
Édition Originale : Sherlock, Lupin & io : La maschera dell’assassino
Traduction : Béatrice Didiot

Résumé :
En vacances dans la station balnéaire de Torquay avec sa mère Irene, Arsène Lupin et leur valet Billy, Mila rencontre le riche Harold Grayling et sa fiancée, Lady Hagbury-Winch. Tous deux baignent dans l’insouciance, enchaînant fêtes et grands dîners.

Lorsque la jeune fille découvre le cadavre de l’un de leurs invités sur une plage, les accidents se multiplient, fragilisant l’image parfaite du couple.

Il faudra toute la perspicacité de Sherlock Holmes et l’obstination de Mila pour mettre au jour le plus diabolique des plans…

Critique :
Toujours intéressant d’aller en librairie pour acheter les cadeaux de Noël, cela permet de fouiner un peu et de tomber sur une sortie que j’avais loupée !

Je me le suis offerte par la même occasion et je n’ai pas attendu le 25 décembre pour le lire, puisque les romans de cette série sont toujours achetés et lus dans la foulée.

Seizième aventure de notre trio, déjà… Comme depuis quelques tomes, notre trio de jeunes enquêteurs sont plus âgés, ont des cheveux gris et c’est surtout Mila, la fille adoptive d’Irène Adler, qui enquête dans les nouveaux tomes.

Direction la station balnéaire de Torquay, en Angleterre, afin de bénéficier d’un peu de soleil, puisqu’à Londres, il pleut comme vache qui pisse. Sauf Holmes, qui n’a pas envie de partir et préfère (l’amour en mer ?) s’occuper de ses chères abeilles.

Ce seizième tome commence doucement, comme souvent, l’auteur (oui, c’est un homme) prenant le temps de planter ses décors et de faire évoluer ses personnages, notamment Mila, qui vient de recevoir un petit mot étrange qui lui parle de Godfrey Norton (celles et ceux qui ont lu le canon holmésien sauront qui il est).

Mystère, car Mila ne sait pas qui il est… Moi, je le sais, je lui dirais bien tout, mais j’ai le pressentiment que ce ne sera pas tout à fait comme dans le canon, puisque cette série de pastiches holmésiens s’en écarte, tout en restant respectueuse des personnages de Conan Doyle.

La galerie de personnages secondaires n’est pas oubliée, l’auteur a pris soin de leur donner du corps et j’ai adoré le personnage d’Agatha Miller, la fille de Clarisa, elle-même amie d’Irene, qui voulait les inviter dans sa villa à Torquay, avant d’avoir un empêchement de dernière minute (accident).

En découvrant ce personnage, ça n’avait pas fait tilt dans mon esprit et c’est après un indice gros comme une maison que j’ai compris qui était cette jeune mère. Excellent de l’avoir fait intervenir et de lui avoir fait croiser la route de Holmes.

Une fois de plus, il m’a été impossible de trouver l’identité du coupable ou ses motivations. Là, j’ai été une parfaite Watson qui a tout sous ses yeux et qui s’il voit, n’observe pas ! Mais bon, tout le monde n’a pas les capacités de déduction de Holmes.

Ce tome se lit d’une traite, facilement, mais il m’a laissé un petit goût de trop peu.

Non, je vous rassure tout de suite, il n’est pas mauvais ou ennuyeux, mais j’ai regretté que Holmes n’intervienne que si peu, arrivant fort tard dans l’enquête et qu’en quelques pages, il résolve tout, me donnant l’impression que ses amis sur place n’ont servi à rien, si ce n’est à être nos/ses yeux durant leurs investigations.

Un bon tome, mais j’en ai déjà eu des meilleurs dans cette chouette saga jeunesse. Mais au moins, l’auteur ne prend pas ses jeunes lecteurs pour des quiches et son écriture, bien que facile, s’adresse autant aux plus jeunes qu’aux adultes.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°087].

Miss Cox et le Mystère du Ruban rayé – Une histoire paranormale de Sherlock Holmes : Sadie De Winter

Titre : Miss Cox et le Mystère du Ruban rayé – Une histoire paranormale de Sherlock Holmes

Auteur : Sadie De Winter
Édition : Auto édité (29/04/2023)
Édition Originale : Miss Cox und das Rätsel des gestreiften Bandes: Eine paranormale Sherlock Holmes Geschichte
Traduction : Gunda Plewe

Résumé :
Une cliente désespérée au 221B Baker Street ? Ce n’est pas un événement inhabituel.
Mais quand Sherlock Holmes demande de l’aide à son employée de maison, cela devient une situation peu commune.

Miss Drusilla Cox, n’étant pas contre une petite aventure policière, accepte d’accompagner Miss Helen Stoner à Stoke Moran. La sœur jumelle de cette dernière, Julia, y a trouvé la mort il y a deux ans dans des circonstances troublantes. Les nuits précédant sa mort, Julia avait été régulièrement réveillée par un étrange sifflement, mais elle n’avait pas accordé d’importance à ce bruit.

Julia était alors sur le point de se marier, et maintenant Miss Helen Stoner a l’intention de se marier à son tour. Et comme sa sœur jumelle, elle est depuis peu tirée de son sommeil la nuit par un sifflement insistant…

Il s’agit d’une variation paranormale de l’histoire de Sherlock Holmes intitulée « Le Ruban moucheté ». L’histoire est racontée du point de vue féminin et se termine bien sûr différemment de la version édulcorée que le Dr Watson a écrite à l’époque.

Critique :
Rien à dire, le Sherlock Holmes de la couverture est à croquer, un vrai sexy lovely boy ! C’est ce qui a attiré mon œil en premier, puis, j’ai vu que c’était un pastiche holmésien, alors, j’ai foncé.

The Speckled Band (La bande mouchetée) fait partie de mes nouvelles préférées, chez Conan Doyle, malgré les erreurs effroyables qu’il y a dans cette histoire (cet animal est sourd, il n’entend donc pas le sifflement de son maître et en plus, il ne boit pas de lait).

Anybref, découvrir cette nouvelle en version fantastique, avec des métamorphes et un final différent de celui de l’original, cela m’a titillé la curiosité et comme cette nouvelle ne fait que 46 pages, ce fut vite dévoré !

Les points d’achoppements ont été avec quelques fautes de français, notamment dans l’accord d’un participe passé avec être qui n’a pas été accordé et un oubli de féminisation d’adjectifs (intelligent au lieu d’intelligente, puisque c’est de Miss Cox qu’il s’agissait et que, jusqu’à preuve du contraire, elle ne s’est pas définie comme non genrée). Bon, rien de rédhibitoire !

J’adorais les écouter discuter de leurs affaires, et je pouvais participer aux devinettes sans être vu. J’étais loin d’être aussi intelligent que le grand détective, mais j’étais généralement un peu plus rapide que Watson dans ce qu’ils appelaient la déduction.

Les points forts de cette nouvelle version, c’est qu’elle chamboule toute la résolution de l’affaire, telle que l’avait racontée Watson et je dois dire que cette nouvelle version est bien trouvée et en accord avec le côté fantastique et de la présence des métamorphes.

Alors oui, ma préférence sera toujours pour l’originale, il va sans dire, mais au moins, l’autrice nous a fait une réécriture originale et intelligente. J’ai été bluffée et je me suis surprise à rire.

Il va sans dire que l’héroïne étant Miss Cox, c’est elle qui part à Stoke Moran et c’est elle qui mènera l’enquête, tout en protégeant Miss Helen Stoner, la cliente de Holmes. Il faut donc vous attendre à ne pas avoir beaucoup de présence du détective de Baker Street et une quasi absence de Watson, qui sera cité, présent aussi, mais sans ligne de dialogue.

Une belle petite découverte, ce pastiche holmésien, qui s’éloigne de ce qu’on a l’habitude de lire, notamment par son côté fantastique totalement assumé (et pas expliqué logiquement comme dans le canon holmésien). Et ça lui va bien.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°055].

Les amants de Baker Street – 03 – Les années Sussex : Isabelle Lesteplume [Par Dame Ida]

Titre : Les amants de Baker Street – 03 – Les années Sussex

Auteur : Isabelle Lesteplume
Édition : MxM Bookmark (28/12/2022)

Résumé :
Un détective peut-il vraiment prendre sa retraite ? Angleterre, début du XXe siècle.

Propulsé par la révolution industrielle, le monde est en plein changement. Sherlock Holmes et John Watson sont désormais célèbres, leurs méthodes sont utilisées par la police et leur courrier déborde de propositions d’enquêtes.

Mais plus le temps passe, plus l’âge les rattrape et plus ils sont fatigués de devoir constamment cacher leur relation. Ils commencent à imaginer une vie différente dans un petit havre de paix perdu dans le Sussex…

Hélas, l’Histoire n’a pas dit son dernier mot. Embarqués malgré eux dans la tourmente de plusieurs événements dramatiques, ils devront se battre pour survivre… Et pour sauver le monde entier.

Critique :
Dans les contes de fées, la princesse et le prince se marient et on s’en arrête là, nous assurant qu’ils vivront heureux et longtemps…

Et pour que le charme du conte continue à agir il faut bien entendu en rester là ! Le prince n’abandonnera pas Blanche Neige pour Cendrillon et Cendrillon pour la Belle-aux-Bois-Dormant… Etc…

Quel salaud ce mec ! Sans parler de la belle-mère de la Belle-aux-Bois-Dormant qui veut bouffer ses petits enfants à la sauce Robert dans le conte original !

Toute personne ayant vécu en couple sait que, la vie conjugale n’est jamais un long fleuve tranquille et que l’idée d’un bonheur aussi inaltérable que parfait n’est qu’une illusion qui ne peut se défendre que dans des contes pour enfants encore assez naïfs pour y croire.

Cela ne veut pas dire que le mariage ou un couple qui dure soient des choses totalement nulles, entendons nous bien ! Mais bon… Il faudrait un peu retomber sur terre et sortir de la béatitude cucul la praline où l’on est à jamais heureux d’être content en se regardant éternellement dans le blanc des yeux !

On regrettera qu’Isabelle Lesteplume l’ait oublié et ait écrit le tome de trop en voulant faire de cette série une trilogie.

Or donc, nous avions quitté Holmes et Watson au terme du second tome écrit par Nathalie Lesteplume, sur une cérémonie de mariage non officielle entre les deux amants dans cette réécriture du canon.

Et maintenant il s’agit de nous raconter la suite, et notamment la façon dont nos détectives préférés ont pu gérer le virage de la maturité, pour ne pas dire du début de leur vieillesse (on était vieux plus jeune à l’époque et on s’en arrangeait mieux qu’aujourd’hui dans notre époque moderne qui nous oblige à cacher nos cheveux blancs et qui nous dit que l’euthanasie est la seule mort digne qui soit une fois qu’on n’est plus productifs et qu’on coûte cher !).

Comme Belette et moi-même avons eu l’occasion de vous le dire, nous ne sommes pas des fanatiques de ces réécritures du canon qui ont fleuri à l’occasion de la diffusion de la série Sherlock de la BBC, réactivant le fantasme d’une liaison entre le détective consultant de Baker Street et de son acolyte le Dr Watson.

Cette relecture du canon par Madame Lesteplume était malgré tout parvenue à retenir notre indulgente bienveillance en raison de la grande culture canonique de l’autrice qui avait su très habilement mêler sa réinterprétation du canon et l’idylle entre nos personnages préférés lors de ses deux premiers opus.

Évidemment, il nous fallait passer outre la vision d’un Holmes capable de céder à l’amour, ce qui en soit n’est franchement pas très canonique, mais passé ce cap, la chose se lisait d’autant plus agréablement qu’on nous faisait grâce de trop de descriptions de rapprochements physiques entre Holmes et Watson.

La série est fort heureusement plus sentimentale qu’érotique ou pornographique, jouant avec la culture canonique d’une manière intelligente.

Sauf que dans ce dernier tome, nos quinquagénaires presque sexagénaires auraient encore envie de s’envoyer en l’air entre deux portes à la moindre occasion… Et là c’est un peu too much à mes yeux.

Sans vouloir faire les rabats joie de service, et sans vouloir faire trop de généralités… le fait est que lorsque l’on est uni depuis de nombreuses années à un partenaire avec qui on a eu largement le temps de faire le tour de la bagatelle, la majorité des gens vieillissants s’assagissent sur ce plan. Il ne s’agit pas de fermer boutique non plus…

Mais quand vos rhumatismes et vos vieilles blessures vous torturent… et quand le vieillissement fait décliner les secrétions de testostérone (et oui ! Même chez les messieurs les hormones sexuelles déclinent avec l’âge même s’ils ne sont pas confrontés à l’arrêt des règles qu’ils n’ont jamais eues!), les parties de jambes en l’air se font moins fréquentes et on pense généralement moins à entreprendre des petits quickies vite expédiés avant un rendez-vous avec d’autres personnes. On prend son temps ! On a besoin de confort ! Bordel !

Bref, les considérations libidinales et même les régulières introspections sentimentalistes des deux hommes sur leur relation amoureuse (que je trouvais déjà peu crédibles dans les tomes précédents en ce sens que cela relève plus de la psychologie féminine que de celle des zhômes, et les zhômes gays restent des zhômes!) me semblent ennuyeuses dans ce troisième volume car peu en phase avec les réalité du temps qui passe et avec les réalités du vécu d’un vieux couple.

Car oui, sans aller jusqu’à dire qu’avec l’âge on reste ensemble par habitude (et pourquoi pas d’ailleurs ! Certains et certaines d’entre nous aiment les habitudes aussi et c’est respectable !), le fait est que la passion des premières années laisse le plus souvent la place à une tendresse confiante et paisible entre les conjoints les plus unis.

Cela n’exclut pas le sexe évidemment… Mais plus d’une manière aussi fréquente et impromptue, voire dans des circonstances pouvant mettre en difficultés à moins d’être excité par les pratiques exhibitionnistes… Mais qui veut entendre ça concernant Holmes et Watson ? Ben pas moi !

Par ailleurs, contrairement aux tomes précédents, ici Isabelle Lesteplume n’ancre plus réellement son roman dans le canon, inventant ni plus ni moins une nouvelle enquête totalement indépendante de celles brodées par Doyle.

Certes, on commence par une histoire canonique largement simplifiée, lors de laquelle Watson manque d’être tué… Ce qui conduit Holmes à vouloir prendre sa retraite…

D’autant que Londres a beaucoup changé (la fée électricité s’impose partout!), que la police est plus efficace et que de nombreux autres détectives privés sont prêts à prendre la relève. Sans parler des deuils qui les frappent durement, des irréguliers qui ont pris de l’âge eux aussi… et de Gregson et Lestrade qui eux aussi songent à la retraite pour vivre leur amour tranquillement. Oui oui… eux aussi…

N’est-ce pas un peu trop quand on y pense ? Et bien si c’est trop pour vous, passez votre chemin car vous n’aurez pas fini de croiser d’autres membres du club des messieurs qui préfèrent s’intéresser aux messieurs.

Or donc voilà Holmes et Watson partis se chercher un cottage à la campagne, et à se lier à leurs nouveaux voisins… Mais Mycroft ne les laissera pas pas tranquilles trop longtemps et viendra leur soumettre un « dernier problème » qui s’écartera encore plus fortement de celui que leur proposera le canon.

Voilà en effet que l’autrice expédie nos héros aux États-Unis et qui plus est… sur le Titanic (NB : à défaut de suivre le canon cette fois-ci, l’autrice s’est très bien renseignée sur l’unique voyage du Titanic, sur son architecture et ses services) ! Rien que ça !

Autant dire que ce faisant elle les expédiait à la mort, sachant que peu d’hommes, même des premières classes, ont eu la chance de survivre au naufrage de ce navire !

Personnellement je les aurais plutôt laissés tranquille à faire du miel dans leur petit cottage du Sussex, épicétou ! Or donc, comment vont-ils s’en sortir ? S’en sortiront-ils seulement ? Et dire que Holmes avait pris sa retraite pour préserver son chéri rendu boiteux par ses blessures de jeunesse ! Pourquoi ne s’en sont-ils pas tenus à leur première résolution ?

Ah ben… Parce que sinon le roman aurait été beaucoup trop court et sans trop d’intrigue sans doute ! Élémentaire mon cher lecteur !

Anybref, je ne vous en dirais pas plus, vous laissant un peu de suspens si comme moi vous vouliez aller au bout de cette trilogie…

Mais ce dernier volume m’aura beaucoup déçue car le jeu adroit de réécriture du canon que nous avions pu trouver dans les deux premiers n’est plus de mise, et le placage d’une sexualité adolescente sur deux vieux messieurs en couple depuis des lustres ne me semblera plus assez crédible pour retenir l’indulgence que j’avais eu jusque là pour la transgression majeure à l’égard du canon consistant à mettre Holmes et Watson dans le même lit.

Et vous me connaissez… Quand une erreur persévère jusqu’à la dernière page d’un roman… J’ai bien du mal à me concentrer sur l’intrigue et à le finir.

Il était temps que la série se referme.

Les amants de Baker Street – 02 – L’ombre de Reichenbach : Isabelle Lesteplume [Par Dame Ida]

Titre : Les amants de Baker Street – 02 – L’ombre de Reichenbach

Auteur : Isabelle Lesteplume
Édition : MxM Bookmark (13/04/2022)

Résumé :
Les clients se bousculent à la porte du 221B Baker Street. La réputation de Sherlock Holmes ne cesse de grandir, Watson est toujours prêt à partir à l’aventure à ses côtés et leur relation ne s’est jamais mieux portée. Leur bonheur semble complet.

Mais depuis que Holmes a découvert l’existence du Professeur Moriarty, un criminel aussi génial que lui, l’idée de l’arrêter tourne à l’obsession. Un duel sans pitié s’engage entre eux, un duel qui les mènera au bord du précipice…
Et dont personne ne ressortira indemne.

Critique :
Vous le savez, puisque je suis une vieille radoteuse : je n’aime pas, mais vraiment pas les fanfictions qui dans le sillage de la série Sherlock de la BBC jouant sur la dimension homoérotique latente de la relation entre Holmes et Watson (pour faire plaisir au fans à partir de la saison 3) ont fleuri partout sur le net.

De son vivant Doyle avait toujours rejeté les hypothèses d’un lien amoureux entre ses personnages, d’autant que d’un point de vue historique la colocation était fréquente sous le règne de Victoria.

Beaucoup de veuves propriétaires de leur logement, le seul bien qui leur restait après le décès de leur mari, louaient des chambres voire une partie de leur maison à des pensionnaires de mêmes sexes (la mixité n’était pas tolérée) puisqu’à l’époque les
loyers londoniens étaient déjà prohibitifs pour les jeunes actifs célibataires.

C’était tout à fait normal et comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, si tous nos étudiants vivant en collocations s’envoyaient systématiquement en l’air ensemble, il y aurait moins de parents prêts à payer des études à leur progéniture !

Qu’allais-je donc faire alors dans une telle galère ? Puisque l’autrice annonce clairement la couleur dès le titre du premier volume de sa série : Holmes et Watson sont amants.

J’avais lu le premier volume dans l’intention d’en faire une fiche de lecture tirant à boulet rouge sur le concept hérétique et… Je m’étais retrouvée retournée comme une crêpe ! Genre Saul de Tarse, juif orthodoxe qui va persécuter les chrétiens et qui se panne la tronche à dada sur le chemin de Damas et devient trois jours plus tard Saint-Paul, l’organisateur en chef de la foi chrétienne en Occident.

Bon… Je ne deviendrai pas sainte dans l’affaire… Juste un peu moins tolérante (un tout petit peu moins seulement ! Faut pas pousser non plus!) avec les fanfictions faisant dormir Sherlock et John dans les mêmes draps.

Ce n’est pas tant que j’étais convaincue par le personnage de Holmes présenté dans ce pastiche… Évidemment…

Un Holmes sensible au sentiment amoureux… C’est en soi un non sens, non ? Et bien… Dame Lesteplume était parvenue à nous retracer une évolution psychologique presque convaincante de notre détective consultant préféré, pouvant le rendre sensible aux charme attentionné de Watson.

Et, tour de force encore plus magistral, l’autrice s’avérait maîtriser une impressionnante culture du canon, réécrivant certaines des enquêtes les plus connues en y glissant avec une savante subtilité les amours forcément cachées des deux compères.

Même si le principe me dérangeait j’avais dû le reconnaître, Isabelle Lesteplume avait réalisé un travail remarquable.

Et elle continue sur sa lancée avec ce nouveau volume où elle parvient à mêler là encore avec maîtrise les grands piliers du canon et l’évolution des sentiments que Holmes et Watson ont l’un pour l’autre, la façon dont ils s’en débrouillent face à une société qui les enverrait en prison s’ils étaient découverts, et face à leurs proches, dont
certaines n’hésiteront pas à leur servir d’alibis, puisque sans vouloir déflorer l’intrigue, il n’y a pas que les messieurs qui peuvent préférer les personnes de leur propre sexe.

Les deux tomes ne se ressemblent pas puisque d’autres affaires seront traitées, et nos deux amis évoluent dans leur relation… Mais la qualité du travail est toujours là pour qui ne sera pas fâché de les voir s’aimer.

Toutefois… Là encore… C’est un roman de femme qui prête à des hommes des mouvements introspectifs sur les questionnements et sur leurs sentiments, d’une manière que je trouve tout de même assez éloignée de la psychologie masculine telle qu’on la voit généralement se déployer (ou pas d’ailleurs).

Il y a des années j’avais rencontré un jeune homme qui faisait une recherche doctorale de lettres en « gender studies » et qui travaillait sur la dimension genrée de l’écriture. Il partait de l’idée que les hommes et les femmes n’écrivent pas de la même manière, et notamment lorsqu’ils parlent des sentiments de l’autre sexe.

C’était assez intéressant et en lisant ces deux romans d’Isabelle Lesteplume, je retrouve quelque chose des questionnements de cet étudiant dans ce que je trouve peu crédible des tergiversations sentimentales attribuées à nos héros.

Ce volume me semblera aussi un peu plus « chaud » que le premier. L’autrice s’enhardit… Ma mémoire peut me jouer des tours, mais cet opus là me semblera plus explicite que le précédent même si on n’est pas non plus dans le porno gay le plus crû qui soit non plus. Je ne suis pas trop prude mais… Parfois la répétition des situations un
peu olé-olé pourra me lasser légèrement.

Anybref, l’autrice poursuit dans sa lancée et nous offre ici un deuxième volume nous permettant de continuer à explorer l’envers du canon dans une optique où Holmes et Watson évoluent dans l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre tout en développant d’autres liens avec d’autres personnages récurrents et important de l’œuvre de Doyle et en traversant certaines des affaires et péripéties majeures (on parle tout de même du Reichenbach ici et du grand hiatus tout de même !).

Le décor était planté dans le tome 1… et maintenant la tragédie et la romance se déploient !

 

Trahison sanglante – Le dossier Dracula : Mark A. Latham

Titre : Trahison sanglante – Le dossier Dracula

Auteur : Mark A. Latham
Édition : Bragelonne (05/10/2022)
Édition Originale : Sherlock Holmes : A Betrayal in Blood (2017)
Traduction : Arnaud Demaegd

Résumé :
Sherlock Holmes : Le dossier Dracula 1894.

Londres ne parle que de la mort violente d’un noble transylvanien, des mains d’un certain professeur Van Helsing.

Mycroft Holmes demande à son frère Sherlock d’enquêter sur les véritables causes de la mort de Lucy Westenra et du mystérieux aristocrate.

Holmes soupçonne que ceux que l’on acclame comme des héros ne sont pas ce qu’ils paraissent être… et ce qui commençait comme une quête visant à laver le nom d’un homme révèle une conspiration qui entraîne Holmes et Watson dans les montagnes de Transylvanie, jusqu’au sinistrement célèbre château de Dracula.

Critique :
Quels sont les points communs entre Sherlock Holmes et le comte Dracula ? Ils sont tous deux des héros de papier, ils sont devenus ultra célèbres, ont été adaptés de nombreuses fois et sont contemporains l’un de l’autre (quand Harker va chez Dracula) !

La seule différence est que l’ail n’empêchera pas Holmes d’entrer chez vous et que Dracula vous pompera plus vite que les impôts… Et ne vous laissera pas une goutte.

Imaginez un roman dans lequel leurs deux univers se rencontreraient, se télescoperaient… Ça s’est déjà fait, mais dans ces romans-là, le comte Dracula était un vampire, tandis que dans ce roman, Holmes remet en cause tout le dossier que Van Helsing à présenté au tribunal et à la société.

Pour le détective, tout cela n’est qu’une fumisterie destinée à cacher des appropriations de fortunes et des crimes (Dracula et Lucy ont tout de même été épinglés à l’aide d’un pieu en bois et ont eu la tête coupée). Dracula est un être de chair et d’os et non un vampire.

C’est toute l’histoire écrite dans le roman de Bram Stoker que l’auteur va passer au crible afin de démystifier le tout, grâce à un Sherlock Holmes enquêtant minutieusement et relevant les fautes, les erreurs, les mensonges, les magouilles…

Pour une meilleure compréhension, il vaut mieux avoir lu le « Dracula » de Stoker (ou à défaut, avoir vu le film de Coppola), même si ce n’est pas indispensable . L’avoir lu (ou vu) permet de mieux appréhender certains détails. Si vous ne l’avez pas lu, vous comprendrez l’essentiel, pas de panique.

Les personnages de Holmes/Watson sont au plus près des canoniques, même si ce ne seront jamais ceux de Conan Doyle. J’ai apprécié le fait que Holmes ne croit pas une seule seconde à l’existence des vampires et cherche à prouver les mobiles des crimes, ainsi que leur modus operandi.

Sa rencontre avec Van Helsing était un des temps fort du roman, tant ce personnage a tout d’un être hautain et sûr de lui, arrogant (avant de virer au grand méchant caricatural ensuite). Par contre, je n’avais pas compris pourquoi, dans cette version traduite, le Hollandais avait un terrible accent germanique, comme s’il s’était échappé de Astérix chez les Goths (Che zuis zûr)… J’ai compris plus loin.

— Ah, mais déduire est un cheu t’enfant, monsieur Holmes. Obzerver, zupposer… zimples devinettes. C’est une science, oui, mais une science bien paufre qui cherche touchours à dénouer le mystère du moment, plutôt que zelui de l’existence. Les plus grands esprits ne consacrent leur attention qu’aux grands problèmes.

L’avantage du roman, c’est qu’il n’est pas trop long et en 330 pages, l’enquête est pliée, résolue, évitant ainsi que cela ne traîne trop en longueur. Avec Holmes, ça doit aller vite et ne pas s’éterniser sur des pavés de 600 pages. On ne court pas dans tous les sens, Holmes prend son temps, remonte patiemment tous les fils et on aura un peu plus d’agitation sur le final, en Transylvanie.

Tout se goupille bien, le récit est fluide, sans temps mort et cela donne une revisite intelligente du roman de Dracula et une très bonne utilisation du personnage de Sherlock Holmes.

Le bémol sera pour Van Helsing qui, sur la fin, avec sa morgue, ressemblait plus à un grand guignol qu’à un méchant intelligent (à la manière d’un politicien, qui, pris la main dans le pot de confiture, s’évertue encore à pérorer à se croire au-dessus de tout).

Un très bon pastiche holmésien qui fait du bien !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°009].