Agatha Christie (BD) – Tome 23 – Les vacances d’Hercule Poirot : Didier Quella-Guyot, Agatha Christie et Thierry Jollet

Titre : Agatha Christie (BD) – Tome 23 – Les vacances d’Hercule Poirot

Scénariste : Didier Quella-Guyot (d’après Agatha Christie)
Dessinateur : Thierry Jollet

Édition : EP – Agatha Christie (2013)

Résumé :
Hercule Poirot pensait pouvoir profiter de vacances bien méritées dans un hôtel de luxe, sur la côte du Devon…

Mais quand la belle et capricieuse Arlena est retrouvée assassinée, tous les indices semblent désigner son mari comme coupable. Il faudra tout le talent du célèbre détective Hercule Poirot pour mettre au jour une machination diabolique…

Critique :
Pauvre Hercule Poirot ! Il prend des vacances bien méritées et le voilà face à un crime ! Ou alors, il faut plaindre le coupable, parce qu’avec Poirot sur l’île, pas de doute, cette personne sera démasquée.

Oui, dans cette série, il est possible de tomber sur des adaptations dont les dessins ne sont pas moches au possible. C’est rare, mais de temps en temps, j’ai un coup de bol.

Sans être des chefs-d’oeuvre, les dessins sont corrects, agréables à regarder et Poirot n’a pas une tête de mafioso.

Alors qu’il aurait pu, tranquillement, continué de lézarder sous le soleil de la côte du Devon (mais tout habillé, hein), notre Poirot va se retrouver face à une énigme : qui a tué la bombasse d’Arlena, qui faisait tourner toutes les têtes des hommes ?

Ayant lu le roman il y a très longtemps, je me souvenais plus de l’identité du coupable, ni du modus operandi. J’en ai retenu quelques uns, mais pas celui des Vacances. Pourtant, à un moment donné, lors de la découverte du corps, une chose m’a sautée aux yeux… Bon sang, mais c’est bien sûr !

Bon, je n’avais pas tout trouvé, loin de là, à ce petit jeu-là, Hercule Poirot et Agatha Christie sont meilleurs que moi. Une fois de plus, la reine du crime avait bien mijoté son coup et c’était implacable. Bravo à elle, au moins, on sort des sentiers battus.

Une belle adaptation de ce roman génial, même si, du fait des 46 pages, il faut aller vite et ramasser le récit, ce qui pourrait donner l’impression que cela va trop vite dans les explications de Poirot.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°145], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°28)et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°06).

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Commissaire Montalbano – 09 – La peur de Montalbano : Andrea Camilleri

Titre : Commissaire Montalbano – 10 – La peur de Montalbano

Auteur : Andrea Camilleri
Édition : Pocket Policier (2008)
Édition Originale : La paura di Montalbano (2002)
Traduction : Serge Quadruppani & Maruzza Loria

Résumé :
Alors que Montalbano se rend à la pharmacie, des coups de feu éclatent et c’est un vagabond de passage qui lui sauve la vie. Un mystère à éclaircir … Plus tard, on lui révèle le nom de l’auteur d’un meurtre commis vingt ans plus tôt, une affaire que tout le monde lui conseille d’oublier …

Dans ces six intrigues policières, entre humour noir et cocasserie méditerranéenne, le légendaire Montalbano, au flegme et au sang-froid sans égal, va encore devoir se frotter aux sombres abîmes de l’âme humaine.

Critique :
Quelle ne fut pas ma surprise, après avoir lu plusieurs pages, de voir le mot « Fin ». Zut alors, j’avais entre les mains un recueil de nouvelles de mon cher commissaire Montalbano, alors que je désirais une enquête au long cours.

Tant pis, j’allais faire avec.. Si la première, intitulée « Jour de fièvre » était plus une nouvelle amusante qu’une véritable enquête policière et que « Un chapeau plein de pluie » était dans la même veine, je n’ai pas été déçue par les deux plus longues qui composaient ce recueil : « Blessé à mort » (une enquête sur un crime) et la superbe « Le quatrième secret » (enquêtes sur des accidents de travail).

Ces deux-là oscillent entre des longues nouvelles ou des courts romans. Malgré leur longueur, les transformer en véritable roman auraient cassé leur rythme et les auraient rendue lente et laborieuse, avec l’impression que l’auteur rajoutait du texte pour arriver à 280 pages. Bref, tout ça pour dire qu’elles avaient la bonne longueur : ni trop longues, ni trop courtes.

Dans « Blessé à mort », la trame est classique : un meurtre, un suspect en fuite, sur lequel on a tiré. Pourtant, je n’ai pas trouvé que notre commissaire était perspicace sur cette affaire, alors que moi, j’avais senti la couille dans le potage. Montalbano, réveille-toi !

Au moins, dans « Le quatrième secret », notre commissaire, un peu bougon, qui passera même sa rage sur ses subordonnés, aura plus de flair, plus de longueur d’avance, plus de perspicacité que dans la précédente affaire. Dans cette longue nouvelle, Catarè est mis l’honneur. Oui, lui, pirsonellement en pirsonne ! Magnifique.

Celle qui concernera « La peur de Montalbano » est plus une nouvelle consacrée à la perspicacité du commissaire, capable de comprendre ce qu’il s’est passé en voyant les expressions et les gestes d’un couple, alors que lui est en vacances avec Livia. Anecdotique, on aurait pu s’en passer.

Quant à « Mieux vaut l’obscurité », elle fait la part belle au passé et notre commissaire aime fouiller dans le passé, même si, durant son enquête sur ce petit mystère, il passera par plusieurs stades, allant de je m’en occupe à non, j’arrête. Très bien pensée, cette petite affaire.

Bref, malgré deux nouvelles anecdotiques, les autres sont de bonnes qualités et ce fut, une fois encore, un plaisir de déposer mes valises à Vigata et d’aller manger des bons plats en compagnie du commissaire. mais chut, ne dites rien à sa Livia chérie, elle lui ferait une scène de tous les diable !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°136] et Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°19).

Agatha Christie (BD) – 11 – Le train bleu : Agatha Christie et Marc Piskic

Titre : Agatha Christie (BD) – 11 – Le train bleu

Scénariste : Agatha Christie
Dessinateur : Marc Piskic

Édition : EP – Agatha Christie (2006)

Résumé :
Dans Le Train Bleu où de riches anglais fuient le brouillard londonien pour le soleil de la Côte d’Azur, la fille d’un richissime homme d’affaires est retrouvée assassinée. Deux suspects : son mari et le comte Armand de la Roche, escroc notoire.

Dans ce huis-clos ferroviaire, Hercule Poirot, le détective « aux petites cellules grises », découvrira-t-il le véritable assassin ?

Critique :
Comme je me souvenais plus du tout de ma lecture du roman (la mémoire n’est plus ce qu’elle était), j’ai décidé de lire son adaptation bédé.

J’ai commencé cette bédé un peu à reculons, vu que les adaptations faites par les éditions Emmanuel Proust m’ont rarement enchantées.

Les premières impressions, lors de l’ouverture de cet album, ne furent pas bonnes : les traits des visages sont grossiers, dans des tons jaunâtres et les couleurs générales de tout l’album seront dans ces tons. Pas terrible.

De plus, vu la piètre qualité des dessins, on a tendance à ne pas reconnaître les personnages ensuite. Quant aux visages féminins, ils sont tous trop allongés.

L’histoire nous emmène chez un papa bling-bling, un qui se moque bien du prix du pain, de l’essence et qui offre des rubis à Ruth, sa fifille chérie, qui ne fout rien, sinon voyager et se plaindre que son mari la trompe. Bref, Ruth a des cornes à ne plus savoir passer les portes… Elle voudrait divorcer pour épouser l’homme qu’elle aime depuis longtemps.

Son cher et tendre, lui, n’attend qu’une seule chose : le décès de son papa pour obtenir l’argent de l’héritage et les propriétés.

Et Poirot, dans tout cela ? Non, ce ne doit pas être Hercule Poirot, cet espèce de détective avec une moustache même pas digne de lui. À mon avis, c’est une sorte de Lino Ventura, la prestance en moins. Leur Poirot pourrait aussi faire un visage de parrain de la mafia. Mais pas d’un véritable Hercule Poirot !

Apparemment, il est impossible d’avoir un Hercule Poirot correct, dans cette collection. David Suchet, reviens et prête-leur tes traits !!

Heureusement que dans tout cela, il y a le scénario d’Agatha Christie pour relever cet album : il est bien pensé et je n’y ai vu que du feu. Impossible de trouver l’assassin. Pourtant, une fois que ce cher Hercule explique tout, cela devient limpide !

Dommage que cette adaptation, comme bien d’autres, n’ait pas bénéficié de dessins plus travaillés, plus jolis et que les visages aient eu droit à une teinte jaunâtre.

Au moins, l’avantage, c’est que je n’ai pas dû relire le roman pour me remettre en mémoire cet excellent roman de la reine du crime.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°134] et Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°17).

Les Sept crimes de Rome : Guillaume Prévost

Titre : Les Sept crimes de Rome

Auteur : Guillaume Prévost
Édition : 10-18 (2006)

Résumé :
Rome, décembre 1514. A quelques jours de Noël, un jeune homme décapité est découvert sur la statue de Marc Aurèle. Une inscription au sang signe le crime : « Eum qui peccat… », « Celui qui pèche… ».

Peu après, c’est un vieillard qui est retrouvé sur le Forum, nu, mort et attaché à une échelle. La colonne de Trajan dévoile son funèbre secret, et la fin de la sentence : « … Deus castigat », « … Dieu le punit ». La sanglante mise en scène ne fait que commencer…

Installé au Vatican depuis peu, occupé à ses travaux d’anatomie, de peinture ou d’optique, Léonard de Vinci se passionne pour l’affaire.

Avec l’aide de Guido, un jeune étudiant en médecine, le peintre tente de démasquer un assassin qui montre autant d’intelligence à égarer les soupçons que de cruauté à exécuter ses victimes.

Un policier machiavélique qui, des mystères de la bibliothèque Vaticane aux secrets des ruines antiques, nous entraîne dans un jeu de piste haletant, savant et macabre.

Critique :
1514… Non, ce n’est pas la date où ce polar historique est entré dans ma biblio, même si ça faisait bien 500 ans qu’il y prenait les poussières…

Nous sommes en décembre 1514, à Rome et des crimes horribles ont lieu dans la ville où le pape siège. On a retrouvé un homme décapité, mais pas sa tête… Puis d’autres crimes suivront, tous violents.

Ne me demandez pas pourquoi je n’ai pas lu ce roman plus tôt… Ni pourquoi il a fini dans une caisse. Le hasard m’a fait retomber dessus et j’en ai profité pour le lire.

Alors que je m’attendais à une lecture lente et ennuyeuse (me demandez pas pourquoi cet apriori), c’est tout le contraire qui est arrivé et les 280 pages sont passées assez vite, sans que jamais je ne piquasse du nez dessus.

Cette enquête, si elle ne va pas à l’allure d’un cheval au galop comme pour un thriller, elle se déroule tout de même à une allure de marche rapide, sans qu’il y ait trop de temps mort.

L’écriture de l’auteur est simple, sans être simpliste et il a réussi le subtil équilibre entre polar et histoire. Pas de doute, nous sommes à Rome en 1514, on le ressent bien dans le récit, mais sans que cela vienne polluer l’enquête.

Les personnages sont bien faits aussi : Guido Sinibaldi, le jeune étudiant en médecine n’est pas un branquignole, même s’il fait ses débuts en tant qu’enquêteur, quant à Leonard de Vinci, ce fut un véritable plaisir de le côtoyer (pour du faux, je ne suis pas contemporaine de son époque).

D’ailleurs, par bien des aspects (déguisements, enquête, recherche des indices, bluff), il m’a fait penser à un Sherlock Holmes, le talent pour la peinture en plus.

Le suspense est bien maîtrisé, l’enquête avance d’un bon pas, mais sans aller trop vite (là aussi, il faut savoir équilibrer) et l’explication finale arrivera avant la dernière page, afin que l’on puisse recevoir les explications et courir un peu à la poursuite de la personne coupable (que je n’avais pas vu venir).

Si le mobile est classique (ils ne sont pas légion non plus), la mise en scène était recherchée. Les crimes, en plus de ne pas être banals, avaient de la logique et de la recherche. Il y en avait aussi dans la manière qu’a eue l’auteur pour nous raconter tout cela.

Le petit incident qui arrive à la fin m’a fait rire, je l’avoue… Limite si je me suis pas esclaffée. Le Vatican m’excommuniera pour cela, mais je m’en tape ! Bravo, Leonard !

Par contre, je mérite d’aller au coin pour avoir laissé ce chouette polar historique croupir dans mes étagères avant d’aller dans une caisse de rangement. Là, honte à moi.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°131], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°14) et Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres chez Bidb » (Madagascar).

Harlem Shuffle : Colson Whitehead

Titre : Harlem Shuffle

Auteur : Colson Whitehead
Édition : Albin Michel – Terres d’Amérique (04/01/2023)
Édition Originale : Harlem Shuffle (2021)
Traduction : Charles Recoursé

Résumé :
Petites arnaques, embrouilles et lutte des classes… La fresque irrésistible du Harlem des années 1960.

Époux aimant, père de famille attentionné et fils d’un homme de main lié à la pègre locale, Ray Carney, vendeur de meubles et d’électroménager à New York sur la 125e Rue, « n’est pas un voyou, tout juste un peu filou ». Jusqu’à ce que son cousin lui propose de cambrioler le célèbre Hôtel Theresa, surnommé le Waldorf de Harlem…

Chink Montague, habile à manier le coupe-chou, Pepper, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Miami Joe, gangster tout de violet vêtu, et autres flics véreux ou pornographes pyromanes composent le paysage de ce roman féroce et drôle.

Mais son personnage principal est Harlem, haut lieu de la lutte pour les droits civiques, où la mort d’un adolescent noir, abattu par un policier blanc, déclencha en 1964 des émeutes préfigurant celles qui ont eu lieu à la mort de George Floyd.

Avec Harlem Shuffle, qui revendique l’héritage de Chester Himes et Donald Westlake, Colson Whitehead se réinvente une fois encore en détournant les codes du roman noir.

Critique :
Carney n’est pas un voyou, il est juste un peu filou. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour lui, ça veut dire beaucoup.

Carney a un boulot, il est vendeur de meubles et d’électroménager, dans le Harlem des années 60. Bon, comme il faut mettre un peu de beurre dans les épinards, il joue aussi au fourgue pour la pègre et revend des choses tombées des camions. Rien de grave.

Son point faible est son cousin, qui lui, est toujours fourré dans des magouilles plus dangereuses et qui a l’art et la manière d’impliquer Carney, qui lui passe toutes ses conneries.

J’attendais beaucoup de ce nouveau roman de Colson Whitehead, surtout qu’il se déroulait dans les années 60, à Harlem, et que son auteur en parlait avec verve à La Grande Librairie.

Le quartier de Harlem est bien présent, il est un personnage à part entière. L’auteur nous le décrit de manière très précise, avec ses quartiers où habitent des Noirs bourgeois, riches et les quartiers pour les plus pauvres, les miséreux.

La ségrégation raciale a toujours lieu, le Blanc ayant du mal à accepter que les Noirs s’élèvent, eux aussi, qu’ils accèdent à l’instruction, au universités et notre Carney a bien du mal à obtenir un dépôt, dans son magasin, des marques célèbres de meubles. Ça leur trouerait sans doute le cul, à certains, qu’un revendeur Noir soit un porte-parole d’une marque de meubles bien Blancs…

L’Amérique était un grand pays souillé par des régions faisandées où régnaient l’intolérance et la violence raciale.

J’ai appris, durant ma lecture (et durant La Grande Librairie), qu’en ce temps-là, il y avait des agences de voyages spécialisées dans les déplacements des afro-américains dans le pays : itinéraires sûrs, villes à éviter, hôtels recommandés pour passer la nuit, endroits où se restaurer… Il fallait leur éviter les villes racistes et ségrégationnistes…

Divisé en trois parties, ce roman noir va nous parler de trois grosses affaires qui atterrirent dans les mains de notre Carney, le poussant de plus en plus vers le côté Obscur de la pègre. Carney est un insatisfait, il voudrait un plus bel appartement, une plus belle vie pour sa famille, un coin plus joli que sous le pont du métro et je le comprends.

Hélas, il a manqué quelque chose pour rendre ce roman noir addictif : un peu plus de rythme et d’action ! Cela avait bien commencé, pourtant, avec la présentation des personnages, du quartier et du casse à l’Hôtel Theresa. Et puis, j’ai attendu, en vain, que les choses bougent un peu plus, que l’action revienne, mais elle était une denrée rare, dans ces pages.

On se cache, on marche à pas feutrés, on magouille pour faire virer un homme qui l’a trompé, on essaie de ne pas se faire descendre par des malfrats, on donne l’enveloppe… Tout cela, à un moment donné, a rendu ma lecture plus pénible et j’avais l’impression de faire du sur-place, vers la moitié du récit.

J’avoue qu’en entendant l’auteur parler de son roman, j’avais eu l’idée que son cousin Freddie lui proposerait plus de coups foireux, qu’il serait plus présent dans le récit et là, j’ai trouvé qu’il était plus présent dans les pensées de Carney qu’en présence physique.

Dommage, il y avait sans doute une belle carte à jouer avec un tel personnage. Parce que si Carney est sympathique, malgré ses magouilles avec la pègre, il manque tout de même d’épaisseur, de présence. Il m’a semblé qu’il était un peu fade, qu’il manquait d’assaisonnement.

Bref, si la vie à Harlem est bien décrite, si le quartier est un personnage à part entière, si l’auteur parle bien de la ségrégation qui avait toujours lieu, à couvert, nous sommes tout de même loin des romans de Chester Himes qui sont bien plus sombres que celui-ci.

Un roman noir dont l’écriture et le récit manquaient tout de même de passion, de noirceur et d’émotions. Par contre, les atmosphères étaient bien décrites, j’ai bien ressentit le pouls de Harlem et vécu au plus près les luttes incessantes des Noirs pour obtenir enfin des droits.

Tous les ingrédients étaient réunis pour en faire un coup de cœur, pour en faire un grand roman noir, mais le côté froid de l’écriture et les personnages manquant de corps m’ont empêché de m’immerger à fond dans cette histoire.

Malgré tout, je lui donnerai une bonne note pour le côté Historique et les atmosphères. De plus, mon avis n’est pas dans la majorité. Pour en lire un positif, je vous invite à aller rendre visite à Dealer de Lignes (Ma dose d’encre).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°126] et Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°09).

Les petits meurtres d’Agatha Christie – Saison 2 – Épisode 20 – Le crime de Noël

Résumé : Un père Noël est tué d’une balle en plein coeur, la nuit, sur un marché de Noël. Louison, une jeune fille de 6 ans, est témoin du meurtre. La fillette s’est enfuie de l’orphelinat où elle réside avec son frère.

Louison est désormais une cible. Tandis que Marlène est aux anges de jouer à la maman, Swan, qui déteste les enfants, doit s’improviser garde du corps.

Le sinistre orphelinat de Louison semble être la clef de l’énigme. Alice, quant à elle, se fait engager comme institutrice à l’orphelinat où elle a vécu enfant…

PS : C’est le premier épisode de la série qui n’est pas adapté d’un roman d’Agatha Christie. L’épisode réalise la meilleure audience historique de la série en nombre de téléspectateurs et en part de marché et reste leader de la soirée.

Casting :

  • Samuel Labarthe : Swan Laurence
  • Blandine Bellavoir : Alice Avril
  • Elodie Frenck : Marlène Leroy
  • Dominique Thomas : Ernest Tricard
  • Cyril Gueï : Docteur Timothée Glissant
  • Christiane Millet : Mme Hautin
  • Julien Bouanich : Gaston Vernet
  • Franck Andrieux : Max
  • Elina Solomon : Louison Sauvage
  • Merlin Delarivière : Rudy
  • Mathieu Maricau : Bouboule
  • Julien Ledet : Baptiste Sauvage
  • Éric Leblanc : Hubert Dopagne/Père Noël

Ce que j’en ai pensé : 
J’ai une viscérale aversion pour les téléfilms de Noël, rempli de fausse neige, de guimauve, de bons sentiments…

Par contre, j’adore les christmas murder, tel un Holmes observant avec attention des oies blanches (l’escarboucle bleue), un Hercule Poirot chipotant dans le pudding (Le Noël d’Hercule Poirot), un Columbo à l’imper froissé, un Mentalist au sourire ravageur, un John McClane, en marcel, couvert de sang, qui tire partout…

Ou, s’il n’y a pas de meurtre, alors je demande un épisode de Friends (Saison 7, épisode 10 : Celui qui se déguisait).

Désolée, il me faut un cadavre au dessert ou plutôt, un téléfilm policier. Là, j’avais au menu, l’assassinat du Père Noël, la nuit, sur un marché de Noël. Putain, le must !

Alors oui, c’était une bonne idée de revoir, une fois de plus, l’épisode spécial Noël des Petits Meurtres d’Agatha Christie, série que j’adore, quelque soit la période (chacune a son charme). Mais voir le commissaire Laurence se transformer en bonne d’enfant et faire le cheval, c’est toujours jouissif.

Alors oui, la neige qui recouvre les trottoirs, les cabanons du marché de Noêl, est fausse, archi-fausse et on le voit de suite (elle ne fond pas, ne se salope pas, ne glisse pas). Mais je m’en moque. Ce que j’apprécie, dans cette série, ce sont les personnages, leurs dialogues, leur interactions, les piques entre le commissaire Laurence et la journaliste Avril.

Dans cet épisode, totalement inédit, puisque non inspiré par un roman de la reine du crime, nos trois compères trouvent une petite fille échappée d’un orphelinat, qui leur annonce que le père Noël s’est fait assassiner et que son frère a disparu.

Ce sera l’occasion pour Alice Avril de retourner dans l’orphelinat où elle a grandi, de se rendre compte que c’est dur pour elle, vu tous les mauvais souvenirs qu’elle en garde. On peut la comprendre.

La taulière qui sévit pour le moment dans cet orphelinat a tout du gardien de camp, de la peau de vache certifiée et son cerbère qui l’accompagne (et qui est son amant), est une brute qui aime fouetter les enfants avec sa ceinture. Ils font froid dans le dos.

C’est sur un malentendu qu’Alice s’est faite embaucher comme institutrice, ce qui lui permettra de mener son enquête, pendant que Marlène et le commissaire Laurence enquêtent de leur côté, tout en essayant de contenir la petite fille, qui sait être peste et qui casse tout.

Le cynisme de Laurence est bien présent, il déteste Noël, là où Marlène croit encore au Père Noël et ne demande qu’à vivre cette fête avec les gens qu’elle apprécie, autour d’un grand sapin. Les réflexions du commissaire sont assez piquantes, envers la gamine, qui le lui rend bien.

La première fois que j’avais vu cet épisode, il m’avait été impossible de trouver le nom de la personne coupable. C’était bien mené et difficile de trouver son identité, ainsi que son mobile.

En le revisionnant, je ne savais plus qui c’était et puis, tout est revenu d’un coup. C’était… Non, je ne vous le dirai pas ! Par contre, j’avais totalement oublié le mobile. Il était donc plus que temps que je me le remisse en mémoire.

Durant l’épisode, on a des sourires en écoutant les piques que Laurence envoie à Alice Avril, qui ne se laisse pas faire et ne se prive pas de lui en décocher quelques unes aussi.

Notre policier bourru et hautain laisse un peu entrevoir son coeur à la fin, tout en bougonnant, bien entendu, pour sauver l’honneur. Comme bien souvent…

Voilà pourquoi j’aime son personnage : froid, comme un Sherlock Holmes, excellent enquêteur qui ne se laisse pas mener par ses émotions, et qui, tout comme lui, apprécie ses deux amies, même s’il le cache bien.

Un bel épisode, qui se termine sur une note d’espoir, période de Noël oblige. L’enquête est bien mise en scène, on ne voit rien venir avant la révélation finale du commissaire Laurence, sauf si on a bien relevé les quelques indices disséminés dans ses paroles.

Un soirée plaisir à le revoir, avec un bon plaid sur les jambes, vu les températures qu’il faisait le dimanche 18 décembre.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°104].

L’or vert du Sangha : Pierre Pouchairet

Titre : L’or vert du Sangha

Auteur : Pierre Pouchairet
Édition : Filature(s) (23/09/2022)

Résumé :
Les élections présidentielles approchent au Sangha, pays fictif situé quelque part entre le Cameroun, la R.D.C et le Gabon. Le vieux président, dont les sondages prédisent la victoire avec 80% des suffrages, se prépare sans crainte à son sixième mandat…

Mais un challenger, le charismatique ancien footballeur Luc Otsiemi, coaché par un directeur de campagne français, gagne du terrain.

La journaliste Claire Dorval est envoyée par sa production pour couvrir l’évènement et faire une série de documentaires sur le pays.

Alors qu’elle glane des infos, le corps d’un de ses collègues est retrouvé à proximité d’une exploitation sauvage de bois précieux, le kevazingo, dont l’exportation est officiellement interdite…

Une enquête sanglante au coeur du trafic de bois, qui met à découvert les intérêts français, hérités de la France-Afrique, comme ceux étrangers, notamment chinois.

Critique :
Sans la chronique de Pierre (Black Novel 1), jamais je n’aurais eu l’envie de lire ce mélange de polar, d’enquête journalistique et de politique, dans un pays imaginaire d’Afrique centrale.

De quoi ça parle ? Vous prenez un shaker et vous y introduisez les ingrédients suivants : des personnages réalistes, un vieux dictateur africain qui s’accroche à son poste, la mort chelou d’un journaliste français, la déforestation et la coupe d’arbres protégés, un policier qui aime les vêtements voyants, des magouilles, des mafiosi, des Chinois trafiquants, des petits villages perdus dans les forêts, des croyances vaudous, de la drogue, des élections bidons et vous secouez fortement.

Ajoutez une touche d’écologie, quelques glaçons pour donner des sueurs froides et assaisonnez le tout avec de la poudre pour balle. Cocktail explosif qui vous vrille les entrailles à certains moments et qui vous glace la couenne, sans que les températures extérieures entrent en ligne de compte.

Ce roman policier n’est pas un thriller qui va à cent à l’heure, où chaque chapitre se termine par un rebondissement.

Non, non, l’auteur prend le temps de faire monter sa sauce, de placer les décors, grandeur nature, de poser ses personnages, de nous immerger dans l’Afrique que tout le monde pille, avec l’aide des autochtones qui cherchent l’argent facile (parfois juste pour survivre), de vous montrer que la corruption est à tous les étages, que tout le monde l’applique, en use et en abuse.

Bien entendu, plus vous êtes haut placé et plus vous vous en mettez plein les fouilles, avec ces magouilles.

Le territoire Africain regorge de ressources naturelles qui intéressent un maximum de sociétés, de nations, de mafiosi, de trafiquants, bref, beaucoup de monde se servent, bouffent à tous les râteliers, en se foutant bien de ce qu’ils laisseront après : un pays exsangue, une nature à l’agonie, des animaux sans habitat naturel.

Ce qu’ils ne savent pas (ou bien ils s’en foutent), c’est que si la Terre survivra sans problème au sale virus qu’est l’être humain, nous, l’humain, risquons de ne pas survivre à la perte des ressources naturelles, à force d’en prendre plus qu’il n’en faut, plus vite qu’elles ne poussent, qu’elle ne grandissent…

Anybref, c’est un roman exigeant, qu’il faut lire avec du temps devant soi, on ne le dévore pas à toute vitesse, vaut mieux aller lentement, afin de s’immerger dans tout cet univers mis en scène par l’auteur, où toute ressemblance avec des faits avérés et des personnages réels n’est absolument pas fortuite.

Un roman qui a tout d’une enquête d’investigation où tous les coups sont permis et où personne ne sait qui va gagner, ni qui peut trahir qui… L’enfer est pavé de bonnes intentions et un personnage le comprendra trop tard. Nous sommes dans un roman réaliste, pas dans un feel-good, ni chez les Bisounours, hélas.

Un roman qui m’a glacée et dont le final m’a secoué les tripes.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°102].

L’Aigle noir : Jacques Saussey

Titre : L’Aigle noir

Auteur : Jacques Saussey
Édition : Fleuve Editions (06/10/2022)

Résumé :
Un île de rêve
Un tragique accident
Le thriller de tous les dangers

Un sorcier vaudou qui décide de fonder une obscure église loin de son Togo natal. Un homme qui meurt dans une terrible attaque de requin. Une petite fille qui se replie sur sa détresse de jour en jour.

L’île de la Réunion, malgré ses paysages entre lagons turquoise et montagnes luxuriantes, n’a rien du paradis auquel Paul Kessler s’attendait. Pourtant, cet ex-commandant de police n’aspirait qu’à un peu de tranquillité jusqu’à sa rencontre, à Toulon, avec Hubert Bourdonnais.

Deux ans plus tôt, ce riche industriel a quitté son île en confiant la direction de la vanilleraie familiale à Pierre, son fils unique. Mais celui-ci est décédé dans un crash d’hélicoptère il y a peu.

Et si la gendarmerie a conclu à un accident, Hubert Bourdonnais, lui, ne croit pas à cette thèse. Face à ses doutes, Kessler a alors accepté de mener l’enquête, sans imaginer qu’il serait confronté à une réalité bien sombre…

Critique :
Mes dernières lectures m’ayant entraînées dans des contrées froides, j’avais envie de soleil…

Ce roman se déroulant sur l’île de la Réunion, c’était la bonne destination à prendre, surtout qu’il y a quelques jours, j’avais vu un reportage sur cette destination de rêve, à la télé (Échappées belles). Puisque j’avais révisé La Réunion, j’étais parée !

Les émissions de télé nous vendent du rêve, des beaux paysages, des gens que l’on a envie de rencontrer, elles ne nous montrent jamais l’envers du décor, comme le fait le roman de Saussey. Lui, il nous parle de délinquance, de drogues, de personnes au chômage, de croyances vaudous (♫ un sorcier vaudou, m’a peint le visage ♪)…

Alors oui, ses décors sont de rêve, il les décrit très bien, je m’y serais crue sans jamais y avoir mis les pieds, mais ce n’était pas un voyage merveilleux ! Dans son roman, j’ai crapahuté comme pas possible ! Moi qui voulait me la couler douce, c’est raté.

Ce thriller n’est pas bourré d’action et d’adrénaline (sauf pour le final), on ne court pas partout, le récit prend le temps de se construire et les chapitres alterneront les faits se déroulant en 2016 et ceux du présent, en février 2020. Non, pas de panique, l’auteur nous parlera très peu de la covid, ce sera quelques lignes.

Par contre, on croisera une saloperie vraiment atroce qu’on n’arrivera jamais à éradiquer : des hommes incestueux et pédophiles. Il devait y avoir un nid à La Réunion, pas possible autrement, on dépasse quasi celui de l’Église, c’est vous dire la concentration de types dérangés à enfermer.

Le titre aurait dû me mettre la puce à l’oreille… L’aigle noir ! ♫ Un beau jour, ou peut-être une nuit.. ♫ Dans ma main, il a glissé son cou ♪ Gloups, quel cou ??

Le roman, sans posséder un rythme trépidant, n’en reste pas moins addictif : Paul Kessler, flic de Lyon retraité, mène une enquête en off, sur l’accident d’hélicoptère qui a coûté la vie à Pierre Bourdonnais, fils de Hubert Bourdonnais.

C’est le père qui lui a demandé et notre flic va soulever bien des mystères, lever bien des lièvres et son enquête se mêlera avec les morts bizarres et violentes qui surviennent sur l’île. Non, pas envie d’aller en vacances à la Réunion, moi… Merci monsieur Saussey !!!

L’auteur prend donc le temps de nous présenter l’île, microcosme, sa nature, son climat, sa population, les personnages importants que nous croiserons, et, à l’aide de chapitre assez court, il arrive à donner du rythme sans pour autant que son policier coure partout comme un dingue.

On reste dans une enquête réaliste, avec du mystère et une résolution loin de ce que j’aurais pu penser. Les sujets difficiles que sont l’inceste et la pédophilie sont bien intégrés dans le récit et bien traités. Sans que l’auteur n’aille trop loin ou ne fasse que survoler ce sujet horrible. On trinque tout de même en lisant ces passages où des adultes abusent d’enfants et jouent avec leurs sentiments, leurs peurs. Ignobles ils sont (les pédophiles).

L’alternance des chapitres au passé et ceux au présent donnent à l’histoire un goût de mystère, de sang, et de questionnement, car on ne sait pas à quel moment les deux récits se télescoperont, ni comment tout cela se terminera.

Un thriller qui prend son temps, un thriller qui vous emportera à La Réunion, pour un voyage qui mêlera le rêve au cauchemar, un thriller qui a tout d’un roman noir. Un thriller que j’ai dévoré, même si pour certains passages, j’ai eu un peu de mal, tant on entrait dans ce que l’humain a de plus sombre, de plus dégoutant, de plus abject.

Un thriller réussi !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°86].

Chito Grant – Intégrale : Jean-Blaise Djian et David Etien

Titre : Chito Grant – Intégrale

Scénariste : Jean-Blaise Djian
Dessinateur : David Etien

Édition : EP Éditions (2017)

Résumé :
Le borgne Chito Grant a un vieux compte à régler avec la ville qui lui a enlevé son père adoptif, sa seule famille. Et ce n’est pas la pulpeuse Texas , la reine de cette ville, qui va l’impressionner.

Seulement, Grant ne se doute pas qu’en pénétrant sur les terres de cette femme richissime, c’est son passé qu’il va rencontrer.

Critique :
Le duo Djian et Etien, je le connais depuis que j’ai découvert la saga des Quatre De Baker Street, mais en ouvrant cette bédé western, je n’ai pas reconnu les dessins de Etien.

Le premier tome de Chito Grant date de 2004, celui des Quatre a été publié en 2009.

Il m’a fallu arriver au troisième (et dernier) tome composant cette intégrale pour retrouver les traits caractéristiques du dessinateur Etien.

Le départ avait mal commencé, j’ai détesté les dessins, heureusement que le scénario était à la hauteur. Puis, au fil des albums, le dessin a changé, les couleurs aussi et en lisant une intégrale, c’est plus flagrant qu’en patientant entre deux albums, notamment dans les visages, qui changent au fil des albums, rendant parfois difficile l’identification de certains personnages (le shérif change de couleur de cheveux en quelques cases).

Malgré les dessins qui ne m’ont pas plu, le scénario, bien que conventionnel, est bien cuisiné : un jeune homme arrive dans une ville où le shérif est aussi le tenancier du saloon. Le jeune homme est borgne et il se frite déjà avec le fils de Texas, LA femme qui tient tout le monde dans sa main, sous sa coupe. La Jupiter du coin.

Chito Grant est un personnage auquel on s’attache. Il y a des mystères dans son enfance, il y a des trucs louches dans la ville, dans le passé de son shérif, de sa patronne toute puissante et il faudra attendre le dernier album pour que tout les fils se touchent, donnant un beau feu d’artifice.

Un western conventionnel, qui respecte tous les codes, sauf celui des selles western… Pas de pommeau devant et rien de western dans les selles plates que j’ai vue dessinées sur les chevaux (qui n’étaient pas beaux, eux non plus). Heureusement que le dessin de Etien a évolué dans le bon sens.

Un western bourré de mystères, de suspense, de coups fourrés, de bandits, de recherche dans le passé de Chito, qui ne sait pas d’où il vient, sauf que son père n’était pas son père, mais celui qui l’avait trouvé, abandonné. Classique, en effet, mais les personnages sont bien faits et il est difficile de s’ennuyer dans ce western.

On a même une pointe d’humour lorsque plein d’étrangers arriveront en ville, rendant fou le shérif, qui, suspicieux, soupçonne des mauvais coups à tous les coins de rue, et vu qu’il est couard…

Une bonne intégrale western, que je ne connaissais pas, comme quoi, il y en a toujours à découvrir et là, ce fut une belle rencontre.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°74] et Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur.

L’Outsider : Stephen King

Titre : L’Outsider

Auteur : Stephen King
Édition : Albin Michel (2019 / Livre de Poche (2020)
Édition Originale : The Outsider (2018)
Traduction : Jean Esch

Résumé :
PARFOIS, LE MAL PREND LE VISAGE DU BIEN.

Le corps martyrisé d’un garçon de onze ans est retrouvé dans le parc de Flint City.

Témoins et empreintes digitales désignent aussitôt le coupable : Terry Maitland, l’un des habitants les plus respectés de la ville, entraîneur de l’équipe locale de baseball, professeur d’anglais, marié et père de deux fillettes. Et les résultats des analyses ADN ne laissent aucune place au doute.

Pourtant, malgré l’évidence, Terry Maitland affirme qu’il est innocent.

Et si c’était vrai ?

Critique :
Au rayon de mes lectures super en retard, j’avais un King datant de 2019. Comme ils vieillissent très bien, je ne me suis pas inquiété…

Stephen King ne perd pas de temps et nous plonge de suite dans une enquête sur le meurtre épouvantable d’un garçon d’une dizaine d’années.

Les témoignages sont unanimes, les empreintes le seront aussi : le coupable est le coach de base-ball, le professeur d’anglais, le très estimé Terry Maitland.

Oui mais, il y a des preuves et des témoignages qui le disculpent, puisqu’il était ailleurs et jusqu’à ce jour, personne ne possède le don d’ubiquité, ce don qui permettrait d’être à deux endroits à la fois.

Stephen King nous plonge au cœur d’une famille où tout vient de s’écrouler. Non, pas celle de l’enfant assassiné de manière horrible et gore, mais dans celle de l’accusé, celui qui, maintenant, est vilipendé par toute la ville, par les amis qui l’appréciaient, par les gens dont il a entraîné les gamins, qu’il a invité à des barbecues. Les vestes se retournent très vite dans ce genre d’accusation.

La douleur d’une famille qui perd un enfant, même dans les conditions d’un meurtre, il est assez facile de s’y identifier, mais celle d’un accusé d’un meurtre pédophile, là, c’est plus complexe, cela va à l’envers de ce que nous sommes.

Oui, mais, et si l’homme n’était pas coupable ? Y a-t-on songé, dans ce déversement de haine ? Qu’en sera-t-il de sa vie après l’accusation ? Foutue, irrémédiablement, tout comme celle de la famille du jeune gamin assassiné…

Arrivé au tiers de ce roman fantastique, sans trop reprendre ma respiration, je savais que j’avais en main un très bon Stephen King. Mais allait-il virer en Excellent Roman du King par après ? Mystère et boule de gomme et je compte bien faire un peu durer le suspense, maintenant que j’ai ma réponse.

L’élément fantastique est présent, mais il n’est pas le plus important. Ne cherchez pas un monstre sous votre lit. D’ailleurs, ce qui m’a fait le plus peur, dans ce roman, c’est le côté rouleau compresseur de la Justice et de la police.

Être accusé d’un crime que l’on n’a pas commis, un crime pédophile en plus, c’est l’élément le plus glaçant. Vous savez que vous êtes innocent, mais personne ne vous écoute, même lorsque votre avocat prouve que vous n’étiez pas là le jour du meurtre.

La vindicte populaire, le lynchage public, ça fout la trouille aussi. Idem pour l’hystérie collective. Même innocenté ensuite, il restera toujours des traces sur vous et votre famille en souffrira, parce que le tribunal populaire, qui aime juger, qui aime crier fort, chuchotera qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Bref, vous êtes mort socialement, même en étant innocenté.

L’inspecteur Ralph Anderson fait partie des personnage principaux, Holly Gibney arrivera bien après. Une fois de plus, Stephen King n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour que ses personnages soient réalistes et attachants. On sait peut de choses d’eux, mais c’était suffisant, pas besoin de plus.

Les 800 pages de la version poche se lisent toutes seules, l’écriture du King fait toujours le job et jamais je ne me suis ennuyée. Quelques piques envers Trump m’ont fait sourire et les références à Holmes m’ont fait plaisir. Effectivement, dans cette histoire, lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité.

Maintenant, je peux vous le dire, c’est un Très Bon Stephen King, mais pas du niveau de Son Excellentissime ÇA.

Malgré tout, son Outsider fait peur : il cible des enfants, se nourri de la tristesse des gens, prend l’apparence de gentilles personnes pour commettre ses forfaits et se repait ensuite de tout ce qui en découle. C’est un manipulateur terrible. Et les manipulateurs, ça me fout la trouille.

Pas un coup de coeur, mais il n’est pas passé loin… En attendant, cela reste un roman du King comme je les aime : de l’épouvante, du mystère, des personnages forts, réalistes, une créature parfaitement maîtrisée, qui fait peur, un récit où on ne s’ennuie jamais et un final bourré d’adrénaline.

Mais pourquoi ne l’ai-je pas lu plus tôt, moi ??

#Challenge Halloween 2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°XX] et et Le Challenge Halloween 2022 chez Lou & Hilde (Du 26 septembre au 31 octobre) – Roman Épouvante.