Titre : Atmom[ka] – Franck Sharko et Lucie Hennebelle 03
Auteur : Franck Thilliez
Édition : Pocket Thriller (2017) – 604 pages
Résumé :
Lucie Henebelle et Franck Sharko, policiers dans la fameuse section criminelle du 36, Quai des Orfèvres, tentent de se remettre d’un drame qui a failli les séparer. Ils essaient de faire un enfant, en vain. Et à quelques jours de Noël, ce qui les attend est loin d’être l’annonce d’un heureux événement. À l’heure où tout le monde rentre se réchauffer, le froid, la mort et les souvenirs maudits guettent.
Une affaire d’envergure démarre alors. Christophe Gamblin, journaliste de faits divers, est retrouvé mort de froid, enfermé dans son congélateur. Sa collègue et amie a disparu, alors qu’elle enquêtait sur un gros dossier dont personne ne connaît le contenu.
Sa seule trace est son identité griffonnée sur un papier, détenue par un enfant errant, très malade, aux organes déjà vieillissants. En parallèle, une ancienne affaire de femmes enlevées refait surface : des victimes jetées vivantes mais inconscientes dans des lacs quasi gelés, et secourues in extremis par des coups de fil mystérieux à la police.
Tandis que l’enquête s’accélère, Sharko est confronté à de vieux démons. Une ombre évolue dans son sillage, jouant avec lui de manière dangereuse, et semblant particulièrement lui en vouloir. Un duel secret et cruel s’engage alors, détruisant le flic à petit feu.
Critique :
Lire est dangereux pour la santé… Puisque je m’étais plainte que ma copinaute de LC m’ait emmené à Paris, durant la Semaine Sanglante de la Commune, j’ai pensé qu’avec un Thilliez, ce serait plus sûr.
Tu parles, dans son prologue, je me suis retrouvé à Prypiat, pile quand la centrale de Tchernobyl a eu sa très très grosse fuite.
Déjà que nous, en Belgique, nous n’avons pas eu la chance d’avoir des gardiens aux frontières, comme vous en France, voici que je me faisais à nouveau farcir de radioactivité. Oui, lire est dangereux.
Heureusement, après, l’auteur nous ramène à Paris. Oups, en décembre 2011 ! Il fait froid, il y a de la neige, il gèle… Je lève les yeux au ciel : il est bleu, le soleil chauffe à mort et c’est la canicule de juillet. Tout compte fait, c’est un excellent choix, ce roman, il va me refroidir !
Et oui, il m’a bien refroidit, le bougre (le roman et son auteur). Notamment en parlant du nucléaire, de ses dangers, de l’Homme qui se prend pour Dieu, qui expérimente sur des animaux, des humains, qui se fout de tout, qui ne respecte rien… Le nucléaire est hyper dangereux d’un côté et de l’autre, il est difficile de se passer de lui.
Problèmes : vos centrales, comme les nôtres et comme celles des autres, ont des fuites et si un accident nucléaire devait se reproduire, aucune leçon n’a été tirée de l’Histoire, du passé… Souvent, durant ma lecture, j’ai eu des frissons de peur.
Lire Thilliez, c’est être assuré de passer de bons moments de lecture, de se faire balader royalement, de ne pas comprendre les mystères avant qu’il ne nous les ai tous expliqués. Même si, dans celui-ci, il y en avait moins que dans certains autres…
Nous sommes dans un thriller scientifique, avec des crimes crapuleux, violents, mais sans énigmes tarabiscotées qui nous laisse pantelants, la bouche ouverte.
Une fois de plus, j’ai douté à un moment donné (oui, j’ai honte, mais ça passera) : nous étions à la page 180 et boum, on courrait déjà après un suspect plus que potentiel.
Quoi, si vite ? Mais enfin, qu’est-ce que l’auteur allait nous raconter ensuite, durant les 400 pages restantes ? La vie sexuelle des escargots de Bourgogne en Basse-Provence ? Des blagues à Toto ? Bon, cela aurait été drôle, assurément, mais ce ne fut pas le cas (sorry pour ceux et celles qui voulaient des blagounettes ou du sexe).
Non, non, l’auteur est intelligent, il nous donne du foin à mâchouiller, mais ce n’est jamais gratuit ! Sa maîtrise de son scénario est totale, il donne du mou aux poissons que nous sommes, pour ensuite mieux nous ferrer.
Il résout une chose et directement, il nous replonge la tronche dans un autre mystère, une autre énigme, un autre crime.
Dans ses romans, il y a toujours des ramifications qui sont plus importantes que l’on ne pourrait le croire. Et une autre affaire est venue se greffer à la première, ajoutant du mystère aux mystères. Sont-elles liées ou pas ?
Autre fait important, le commissaire Sharko ne croise jamais la route d’assassin du dimanche, du meurtrier qui tue par nécessité, ou par accident. Non, ce n’est jamais pour élucider le meurtre du Docteur Lenoir, dans la biblio, avec le revolver que le commissaire déboule sur une scène de crime.
Le commissaire Sharko est un aimant à serial-killer, à assassins retors, démoniaques, aux intelligences rares, aux mises en scène recherchée, aux vengeances gratinées, bref, les assassins qui te mitonnent les crimes aux petits oignons et te font revenir dans du beurre clarifié. Des assassins méticuleux, maniaques, bref, la crème de la crème, le Top Chef Ultime des meurtriers.
Ce n’est pas la première fois que le criminel est aussi amateur d’un jeu que je ne nommerai pas et, comme dans « Le Manuscrit Inachevé », une partie très célèbre de ce jeu se retrouve citée.
Si le scénario est hyper addictif, hyper instructif, avec de véritables morceaux de science dedans (rassurez-vous, on comprend tout), il est aussi parfois très violent, avec des descriptions un peu gore (faut parfois sauter une ligne).
Mon petit bémol sera surtout pour les deux personnages principaux : Sharko et Henebelle. Les personnages s’appesantissent trop sur leur horrible passé (ils cumulent les horreurs à eux deux et des proches victimes de tueurs en série).
Je pense qu’on a plus de chance de se faire mordre par une chauve-souris enragée que de se retrouver à deux victime d’un prédateur hors-norme dans le sadisme. Bon, on a bien les copy-cat et les élèves, mais tout de même, trop c’est trop.
Mon malaise a porté aussi sur le fait qu’ils veulent un enfant (lui a perdu sa fille, elle a perdu ses jumelles, assassinées par un tueur en série) à tout prix. Cela m’a donné une impression affreuse que Lucie voulait remplacer ses enfants décédées…
Une impression, je dis bien, mais cette focalisation sur le désir de maternité m’a mis mal à l’aise durant toute la lecture, comme son comportement m’avait exaspéré dans le tome suivant : [ANGOR]. Sharko n’était pas mieux, il fait des tas de cachoteries à sa compagne et il a peur qu’elle ne le trompe avec un autre. Heu ?
Attention, ceci n’est que mon avis, cela ne m’a empêché de prendre un plaisir total dans cette lecture, en faisant abstraction de la concentration de super-méchants (sans charisme, nous sommes loin d’un Hannibal) au mètre carré et à l’énervement que Lucie a déclenché quelques fois.
Pour le reste, le thriller est rudement efficace, on passe un très bon de lecture, on a du mal à se détacher du bouquin (il colle aux mains) et je l’ai liquidé en deux journées de lecture (oui, j’ai été couchée tard).
PS 1 : mon bémol ira, encore et toujours, au nom de son personnage : Sharko… Bien souvent, ma langue fourche et le « h » tombe (pas tag), ce qui fait que je vois le petit excité que vous connaissez bien en lieu et place de son grand flic un peu bourru. Ça ne dure pas, heureusement, mais imaginer son flic avec la tête de l’autre, imaginer son dandinement des épaules et l’entendre parler comme les imitateurs le font, avec « J’vais vous dire, moi, m’sieur », et bien, ça casse l’ambiance ! mdr

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°003] et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées).


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