Fawcett – Les cités perdues d’Amazonie : Guillaume Dorison et Alessandro Bocci

Titre : Fawcett – Les cités perdues d’Amazonie

Scénariste : Guillaume Dorison
Dessinateur : Alessandro Bocci

Édition : Glénat Explora (2012)

Résumé :
Après plusieurs missions exemplaires d’exploration et de cartographie en Amérique du Sud pour la Société Royal de Géographie, le Colonel Percy Harrison Fawcett, fort de sa connaissance des peuples et milieux amazoniens, se persuade qu’il existe une cité perdue au cœur de l’immense forêt équatoriale.

Une certitude qui se transforme en obsession le jour où il retrouve le carnet d’un ancien conquistador confirmant l’existence de cette fameuse « cité Z ».

Cet homme, qui inspira autant Arthur Conan Doyle pour ses romans que Steven Spielberg pour créer Indiana Jones, va dès lors se lancer dans une folle quête, au détriment de ses amis, de son travail et de sa famille.

En 1929, il se lance dans une expédition de la dernière chance avec les deux seules personnes ayant encore accepté de l’accompagner, son fils et le meilleur ami de ce dernier…

Critique :
Percy Fawcett, grand explorateur, qui, s’il avait un fouet, pourrait ressembler à Indiana Jones, en moins sexy… Tiens, il paraît que Fawcett aurait servi de modèle pour Indiana et qu’il a inspiré Conan Doyle pour ses mondes perdus.

Pas mal pour un seul homme ! Homme qui est persuadé qu’il existe une cité perdue au cœur de l’immense forêt équatoriale.

Les dessins sont très bien réalisés et je me suis immergée tout de suite dans le voyage, aux côtés de ce Fawcett, qui bénéficie d’une chance de tous les diables, qui est respectueux des indigènes, mais impitoyable avec ses hommes, car il n’accepte, ni ne comprend la moindre faiblesse (même si c’est son fils). Très ambigu, le bonhomme et peu sympathique, mais génialissime pour d’autres côtés.

Bon, vu son caractère de merde, je n’aurais pas envie de voyager avec lui, mais dans une bédé, oui.

L’inconvénient de cette bédé, c’est que ce n’est pas un one shot, normalement, il aurait dû y avoir une suite, mais nous ne l’aurons jamais, la série ayant été abandonnée. Putain de merde, je ne connaîtrai jamais la fin ! Si j’avais su…

L’autre soucis, c’est qu’elle est bavarde inutilement ! Au lieu de nous montrer des superbes planches sur la Première Guerre Mondiale, à laquelle Fawcett va participer (son voyage vers la cité Z s’est trouvé compromis suite à l’assassinat de l’archiduc et de ce qui a suivi), les auteurs auraient mieux fait d’écourter ces passages et de rester sur l’essentiel : l’expédition vers cette mystérieuse cité.

Le voyage d’exploration aurait dû être le thème central de l’album et même si la scène d’introduction est magnifique, si les deux planches sur l’attaque des Poilus m’a subjuguée, j’ai eu l’impression que l’on passait plus de temps dans les salons londoniens que dans la jungle moite et torride !

Heureusement qu’en fin d’album, il y a un dossier sur Fawcett et là, nous saurons ce qu’il est advenue, puisqu’on nous parle de la fin historique de ses aventures. Mais j’aurais préféré apprendre en lisant la bédé, et non des textes en fin d’album.

Pas convaincue, ce qui est dommage, parce que cet album était prometteur.

La disparition de Josef Mengele : Matz, Jörg Mailliet et Olivier Guez

Titre : La disparition de Josef Mengele

Scénariste : Matz (d’après le roman d’Olivier Guez)
Dessinateur : Jörg Mailliet

Édition : Les Arènes (06/10/2022)

Résumé :
1949 : Josef Mengele débarque à Buenos Aires (🇦🇷). Caché sous divers pseudonymes, l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie.

L’Argentine de Perón est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et il doit s’enfuir au Paraguay (🇵🇾) puis au Brésil (🇧🇷).

Critique :
Josef Mengele, de sinistre mémoire, s’est carapaté à la fin de la seconde Guerre Mondiale, fuyant en Amérique du Sud (Argentine tout d’abord), afin de ne pas se faire arrêter.

Pour rappel, Mengel fut l’un des médecins tortionnaires d’Auschwitz-Birkenau. Parce que non, il n’était pas le seul à pratiquer des horreurs médicales sur les déportés dans le camp de concentration.

Ils étaient plusieurs, mais les autres n’ont pas été inquiété, pourtant, ils avaient, eux aussi, pratiqué des expériences sordides. Mengele nous en fera un petit topo des plus glaçants…

Cet album est très bien fait, que ce soit pour les dessins, que j’ai apprécié, ou pour l’adaptation du roman d’Olivier Guez. Historiquement, c’est édifiant, glaçant et je suis allée me coucher un peu moins bête. Non, on ne dort pas sur ses deux oreilles après pareille lecture…

Mengele a une nouvelle identité, mais il est resté aussi arrogant qu’au départ, imbu de sa personne, de ses diplômes, des actes qu’il a commis dans le camp, persuadé qu’il est toujours d’avoir œuvré pour la grandeur de l’Allemagne, du nazisme, du moustachu, et gnagnagni et gnagnagna… Ben voyons ! Impossible d’avoir une once de compassion pour cet assassin !

Deux parties dans ce roman graphique : le pacha et le rat. Pas besoin de vous faire un dessin ! Dans la première partie, le Mengele vit comme un pacha, se lamentant de la décadence de l’Allemagne, critiquant les autochtones argentins, les américains, ne rêvant que de retrouver sa grandeur et de recevoir les honneurs pour ce qu’il a réalisé en tant que « médecin ».

Dans la seconde, Mengele vit comme un rat (bien fait, tiens !), se lamentant de vivre au milieu des métèques, dans un trou perdu et il commence à virer parano. J’ai aimé voir sa déchéance, je vous l’avoue. Après toutes ses fiestas, vient le temps de la vie de mierda et ce n’est que justice.

C’est une bédé choquante, notamment parce que l’on apprend que Mengele n’a jamais eu à répondre de ses crimes, des ses expériences horribles, tout comme bon nombre de tortionnaires et dignitaires nazis.

Non seulement ils ne furent pas poursuivis, mais certains retrouvèrent leur famille et des postes un peu partout. Comme si leurs crimes n’avaient pas existés ou comme s’il était plus important qu’ils bossent sur des projets scientifiques au lieu de les faire croupir en prison ou que de les pendre haut et court. Effarant !

Une bédé édifiante, une bédé coup de poing, une bédé qui se lit comme un thriller…

On nous dit qu’il ne faut pas oublier, mais vu que certains l’ont fait, on se demande dans combien de temps tout ça ne comptera plus et recommencera… Ah, ça a déjà recommencé, ailleurs, autrement, et tout le monde a fermé les yeux.

Une bédé à lire !

 

Verdun – 03 – Les fusillés de Fleury : Jean-Yves Le Naour, Marko et Iñaki Holgado

Titre : Verdun – 03 – Les fusillés de Fleury

Scénaristes : Jean-Yves Le Naour & Marko
Dessinateur : Iñaki Holgado 🇪🇸

Édition : Bamboo – Grand angle (01/02/2018)

Résumé :
« Je t’embrasse pour la dernière fois, comme un fou. Crie après ma mort contre la justice militaire. »

Dans sa dernière lettre à sa femme, le 11 juin 1916, le sous-lieutenant Gustave Herduin, fusillé sans jugement sur le champ de bataille de Verdun, clame son innocence.

Pour Fernande, son épouse, commence alors une bataille judiciaire de longue haleine pour obtenir sa réhabilitation. Plainte contre les chefs qui ont condamné arbitrairement son mari, polémique de presse, scandale parlementaire, tout est bon pour alerter l’opinion et forcer la main au ministre de la Guerre qui ne veut pas rouvrir le dossier.

Voici l’histoire de dix ans de combat, une histoire d’amour et de fidélité, au nom de la justice et de l’honneur.

Critique :
Fernande Herduin aurait pu être surnommée « Poing dressé devant la justice », justice qui faisait la sourde oreille, députés qui faisaient semblant de ne pas entendre son cri de révolte, sa demande en réhabilitation de son mari, fusillé sans procès.

Mais comment réviser une décision de justice lorsqu’il n’y a pas eu de procès, lorsqu’il n’y a pas eu de justice, mais juste une injustice profonde, un crime véritable ? Mission impossible.

Pas pour Fernande qui va se démener pour faire entendre sa voix, pour que les assassins de son mari, ces hauts gradés planqués qui n’ont jamais pris de risques dans les tranchées, qui n’ont jamais été vraiment au feu, soient condamnés.

Les deux premiers tomes de cette série étaient déjà rempli d’émotions et le troisième n’a pas dérogé à la règle. À l’aide de flash-back sur ce qu’il s’est passé en juin 1916, cet album va nous montrer ce qu’il se passe lorsque l’injustice frappe des hommes qui ont tout donné pour la patrie, mais qui n’ont pas voulu mourir bêtement, pour rien.

Le crime de ces deux hommes ? Alors que leur bataillon était cerné par les allemands sur le champ de bataille de Verdun, le sous-lieutenant Gustave Herduin et le deuxième sous-lieutenant Millant ont pris la décision de fuir le champ de bataille pour sauver la trentaine de soldats français qui restaient. Ils auraient mérité une médaille…

Mais vous savez comme moi que les gradés n’aiment pas que l’on accomplissent pas leurs ordres, même s’ils sont suicidaires, bêtes, impossibles, et j’en passe. Alors, ils ont eu du plomb dans le corps, tués par des balles françaises. Pour l’exemple !

Une fois de plus, la rage m’a saisie et j’ai eu les tripes tordues en lisant ce récit véritable de cet assassinat de deux hommes qui ne méritaient pas un tel traitement.

Un magnifique récit sur une femme qui voulait que l’honneur soit rendu à son défunt mari et qui s’est battue pour y arriver. Une histoire vraie, une histoire triste, une histoire pleine d’émotions, le tout servi par de beaux dessins.

Jamais je n’aurai 20 ans : Jaime Martin

Titre : Jamais je n’aurai 20 ans

Scénariste : Jaime Martin 🇪🇸
Dessinateur : Jaime Martin

Édition : Dupuis – Aire libre (2016)
Édition Originale :Jamas tendré veinte anos (2016)
Traduction : Elisa Renouil

Résumé :
Ils se rencontrent en 1936 dans le chaos autodestructeur de la guerre d’Espagne : Isabel est couturière, Jaime est artilleur dans l’armée républicaine. Ils s’aiment. Ils combattent. Ils échappent à la mort.

Mais à la chute de le République, Isabel et Jaime sont dans le camp des vaincu et il est parfois plus difficile de survivre dans la paix que dans la guerre.

Après avoir cru en des lendemains qui chantent, comment garder le silence sous une dictature? « Jamais je n’aurai vingt ans » est une histoire d’amour où le courage et la dignité le disputent à la tendresse et à l’humour, à la joie et à la rage. « Jamais je n’aurai vingt ans » est une histoire vraie, celle des grands-parents de Jaime Martin.

Pour son quatrième ouvrage chez Aire Libre, l’auteur espagnol livre avec émotion et pudeur le récit secret d’une famille au destin intimement lié à celui de son pays, pour le meilleur et pour le pire.

Critique :
L’auteur (et dessinateur) Jaime Martín s’est inspiré de son histoire familiale afin de nous raconter ce que ses grands-parents avaient vécu pendant et après la guerre civile espagnole.

Melilla (partie hispanique au Maroc), 1936. Nous faisons connaissance d’Isabel, couturière de son état et future grand-mère de l’auteur (bon, là, elle était jeune, elle ne le savais pas encore).

Lorsqu’à lieu de coup d’état, les représailles qui suivent l’oblige à fuir à Barcelone, car elle avait fréquenté des jeunes militants anarchistes, apprenant à lire et écrire auprès d’eux. Ensuite, elle rencontrera Jaime, un artilleur dans l’armée républicaine…

L’Espagne est coupée en deux : d’un côté les nationalistes soutenus par l’Allemagne du moustachu et dirigés par Franco, et de l’autre les républicains qui tentent de combattre le fascisme. Ils lutteront durant 3 ans et ensuite, les nationalistes gagneront et Franco prendra le pouvoir.

Et là, il ne fera pas bon se retrouver dans le camp des vaincus, dans le camp de celles et ceux qui ont lutté contre le régime fasciste et qui espéraient un retour à un régime démocratique.

Le récit prendra son temps, nous livrant au compte-goutte les souvenirs de Isabel et de toutes les horreurs qu’elle a vu et vécu (ses amis abattus, notamment), expliquant ensuite tout ce qu’elle fit afin de faire vivre sa famille et tenter de sortir de la misère.

Commence alors le règne de la débrouillardise, dans une société où les femmes n’ont rien à dire et où les hommes n’aiment pas discuter avec les femmes, préférant parler avec les maris et comme Isabel a du caractère, elle préfère négocier elle-même, son époux étant un peu plus mou qu’elle.

L’auteur, tout en finesse, nous montrera combien il est difficile de vivre sous un régime dictatorial (sauf si vous êtes copain avec le dictateur ou ses sbires), combien les conditions de vies sont médiocres, que l’on vit dans la précarité, dans la peur de se faire arrêter par les flics, de se faire racketter par eux,…

C’est glaçant ! Je ne comprends toujours pas les gens qui souhaiteraient vivre dans une dictature !

J’ai apprécié les dessins, les couleurs douces et le personnage d’Isabel, qui a réussi à tirer tout le monde vers le haut, mais sans jamais regarder les autres d’en haut. Et puis, tout n’est pas que misère, dans ces pages, il y a aussi des petites joies, les plaisirs de la vie de famille, les enfants qui grandissent… Et Isabel est un personnage attachant, fort débrouillarde et je l’ai adorée.

Un roman graphique qui parle de la guerre d’Espagne, de toutes ses horreurs (sans forcer le trait, sans être glauque), de la vie des gens dans l’après-guerre, sous le régime franquiste et un bel hommage rendu par l’auteur à ses grands-parents.

L’or des Incas : Jacques Seyr

Titre : L’or des Incas

Auteur : Jacques Seyr (pseudo de Henri Vernes)
Édition : Marabout Junior (1956)

Résumé :
En 1524, au Panama, trois hommes, François Pizarre, Diego de Almagro et le Père de Luque, forment une étrange association. Tous trois sont presque des vieillards et, pourtant, ils ont formé un projet qui parait insensé à tous leurs contemporains : reconnaitre les terres inconnues du Sud pour offrir au Roi d’Espagne le mirifique et légendaire empire du Pérou.

Pendant sept ans, à la tête d’une poignée d’aventuriers, Pizarre luttera, à la fois contre les intrigues qui se formeront pour le perdre, et contre la jungle inexplorée, hantée par les Indiens anthropophages.

Pourtant, quand le Pérou sera enfin atteint, de nouvelles difficultés se dresseront devant les audacieux conquistadors.

Comme tous les bâtisseurs d’empires, Pizarre ne reculera devant aucun crime, aucun sacrilège, aucun pillage pour atteindre son but, afin que le nom de François Pizarre soit définitivement lié à l’histoire du Nouveau Monde, aux côtés de Christophe Colomb et de Cortès.

Critique :
Lorsque j’arpente une brocante ou que je suis en bouquinerie, je farfouille toujours dans les Marabout, parce que je trouve souvent des petits trésors cachés, dans la collection Junior.

Le petit livre sur les tribus peaux-rouges qui se levèrent et déterrèrent la hache de guerre m’avait bien plu, notamment en raison du fait que l’auteur ne transformait pas les Blancs en gentils colons…

Ce fut la même chose dans celui-ci, consacré au voyage de Pizarre vers les terres inconnues du Sud, dans la but de trouver le Pérou et ses richesses. L’auteur a taillé des costumes pour tous les hivers à venir et Pizarre n’en ressort pas glorifié, que du contraire !

Dans ce petit livre de 150 pages, qui se lit très vite, presque comme une aventure, mais sanglante, horrible et remplie de vols, de meurtres, de pillages, puisque nous suivrons, pas à pas, Pizarre et ses hommes, qui, au départ, auront bien des déboires et devront rentrer la queue entre les jambes, avant de repartir et de se retrouver couvert d’or, qui, bien entendu, ne leur appartenaient pas…

La politique de Pizarre et de ceux qui l’accompagnaient, était de voler l’or aux paysans, puisque de toute façon, ils n’en avaient pas besoin… Certes, dans ces contrées, l’or n’avait de valeur pour les autochtones, puisqu’ils troquaient (ils n’utilisaient pas l’argent comme au royaume d’Espagne), mais il n’empêche que c’était leur possession.

La soif de l’or fera des ravages, les colons en perdront au jeu et anéantiront le patrimoine culturel du Pérou, comme Cortes avait fait avec celui du Mexique (là où vivaient les aztèques) et feront couler le sang sur leur passage.

Un petit livre très instructif, qui va à l’essentiel, tout en donnant des détails, sans jamais être trop moralisateur, mais caustique vis-à-vis des envahisseurs et de leur foi (qui était à géométrie variable), se cachant derrière la croix du Christ pour commettre leur forfaiture ou le faisant au nom du Christ (il a du en tomber de sa croix en entendant ça).

C’est édifiant et glaçant, sans pour autant virer au gore. Mais les faits importants sont relatés et ils ne sont guère reluisant pour les colonisateurs envahisseurs que furent les Espagnols (c’est à eux que je taille des costards aujourd’hui).

Un petit livre que je ne regrette pas d’avoir lu, ne fut-ce que pour enrichir ma culture historique. Et puis, ils ne faut jamais laisser les squelettes dormir dans leurs placards.

Le match de la mort – Kiev, 1942 – Rien ne se passera comme prévu : Guillem Escriche et Pepe Galvez

Titre : Le match de la mort

Scénariste : Pepe Galvez 🇪🇸
Dessinateur : Guillem Escriche 🇪🇸

Édition : Les Arènes (20/10/2022)
Édition Originale : The death match (2022)
Traduction : Alexandra Carrasco

Résumé :
Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans l’Ukraine occupée par les nazis, quatre joueurs du Dynamo Kiev se retrouvent. Pris dans la tourmente, ils survivent entre camps de concentration et travail dans une boulangerie.

À l’été 1942, ils sont sollicités par l’Occupant pour participer à une compétition de football opposant les différentes armées en présence
à Kiev : allemande, roumaine, hongroise.

Ils acceptent, à condition de jouer sous les couleurs (rouges) de l’Ukraine. Avec un nouveau nom qu’ils espèrent prometteur : START.

Critique :
Si j’aime le foot ? Non, pas du tout, mais j’aime l’Histoire et les petites histoires dans la grande.

Et cette histoire, elle se passe durant la Seconde Guerre Mondiale, lors du début de l’opération Barbarossa et de l’invasion de l’Ukraine et de la Russie.

Mais ce sera en Ukraine que nous allons aller voir ces joueurs de foot qui possédaient une autre étoffe que les crésus en short de maintenant.

Une partie des membres du club de foot du Dynamo Kiev se sont retrouvés emprisonnés dans des camps de détention, puis libéré, affamé, amaigri, sans un sous. Ils sont quatre à se retrouver à bosser dans la boulangerie N°1, tenue par un fan de leur équipe et qui tente d’aider le plus de gens possible.

De l’autre côté, le moustachu assassin et mégalo, a envie de transformer les riches plaines fertiles d’Ukraine en terres pour son peuple, qui apparemment, est trop à l’étroit dans l’Allemagne. Pourquoi ne pas faire comme les colons au far-west et passer tout le monde par les armes ?

Pour lui et ses sbires, tout ce qui n’est pas allemand est inférieur et dont, les ukrainiens sont des êtres barbares, sans culture, juste bon à… Bref, pour les nazis, il faut les éradiquer et surtout, ne pas leur donner de quoi être fier d’eux.

Alors, quand les anciens du Dynamo et du Lokomotiv, jouent au foot avec leur maillot d’équipe nationale, rouge, sous le nom de START et mettent une branlée aux autres équipes, dont des allemandes, ça passe mal chez les nazillons.

Ils auraient pu s’incliner devant les allemands, nos ukrainiens qui jouaient comme des dieux, c’était le match retour et ils leur avaient déjà mis la pâtée à l’aller, alors, pourquoi ne pas se coucher ?

Parce que cela faisait trop longtemps qu’ils courbaient l’échine, qu’ils baissaient les yeux, qu’ils subissaient le joug de l’oppresseur, les fusillades, les assassinats, les emprisonnements, les privations, alors, basta, ils y sont allés à fond, ne leur ont pas laissé la victoire, n’ont pas baissé les yeux et ils ont même redonné de la fierté au peuple ukrainien.

Hélas, les allemands sont mauvais perdants…

Une bédé dont je n’ai pas aimé les dessins, mais où j’ai vibré avec le scénario et les match de foot, parce que les enjeux n’étaient pas de l’argent, mais une forme de liberté, l’occasion de montrer que les ukrainiens ne sont pas des êtres inférieurs. Ils l’ont payés chers, trop cher.

Une petite histoire dans la grande que j’ai été contente d’apprendre. Celle de l’histoire de l’équipe qui a défié les nazis.

La prochaine fois que tu mordras la poussière : Panayotis Pascot

Titre : La prochaine fois que tu mordras la poussière

Auteur : Panayotis Pascot
Édition : Stock – La Bleue (23/08/2023)

Résumé :
« Ce livre me fait peur. Il a été douloureux à pondre. Mon père nous a annoncé qu’il n’allait pas tarder à mourir et je me suis mis à écrire. Trois années au peigne fin, mes relations, mes pensées paranoïaques, mon rapport étrange avec lui, crachés sur le papier. Je me suis donné pour but de le tuer avant qu’il ne meure. Ce que je ne savais pas c’est que j’allais traverser un épisode dépressif si intense que j’allais frôler la mort moi aussi… C’est l’histoire de quelqu’un qui cherche à tuer. Soi, ou le père, finalement ça revient au même… »

Critique :
C’est après avoir regardé l’émission de La Grande Librairie, où l’auteur parlait de son livre, que j’ai eu envie de le découvrir. Son passage ensuite dans l’émission C à Vous a fini de me convaincre.

Ne connaissant pas du tout l’homme derrière l’artiste, ni l’artiste derrière l’homme, je suis entrée dans son récit autobiographique, vierge de toute opinion.

Tout ce que je savais, c’est qu’il y parlait de son père, de leurs relations compliquées, de sa dépression et de son homosexualité qu’il avait découvert sur le tard.

J’ai apprécié la première moitié de son autobiographie, même si le style était assez brouillon, des phrases jetées en vrac, comme elles lui étaient venues à l’esprit, sans doute, ou alors, il a voulu imiter le style d’un journal intime où l’on balance des phrases sans se préoccuper de leur ordre, puisqu’il n’est pas destiné à être lu.

En le lisant, j’ai compris pourquoi certains lecteurs s’étaient senti touchés par son texte, notamment lorsqu’il parle de sa sexualité et de ses amours hétérosexuels, avant de comprendre qu’il était tout simplement homosexuel.

Il est un fait que cela a dû raisonner dans certains de ses lecteurs qui ont vécu les mêmes questionnements, les mêmes interrogations, les mêmes dénis, les mêmes tâtonnements lors de leur début avec un partenaire du même sexe.

C’était touchant, mais entre nous, je n’avais pas besoin de tout connaître de sa vie sexuelle non plus (ses branlettes, qu’il bandait mou parfois, que son anus était plus parlant que sa tête)…

— Tu vois pas ma tête, comment tu vois que je stresse ?
— Ton anus
— Hein ?
— Ton anus se ferme quand tu as peur (…)
Tu lisais plus facilement mon anus que ma tête. Et là j’ai senti que tu regardais mon anus dans les yeux…

Bref, un peu moins de cul et plus de profondeur dans le texte, cela n’aurait pas été du luxe. Parce que oui, à la longue, c’est lassant et je n’ai pas envie d’entrer dans l’intimité d’un type à ce point-là !

Dans la seconde moitié, j’ai commencé à me lasser très très vite des répétitions de l’auteur, de ses dépressions, dont on se demande tout de même le pourquoi du comment. Je ne remets pas en questions les problèmes des gens, mais comment font les autres, notamment ceux ou celles qui ont perdu un enfant, un conjoint, qui galèrent pour trouver un job, pour gagner leur vie, pour faire vivre leur famille ?

L’auteur le disait sur le plateau de C à vous, il n’a pas vraiment de raison d’être déprimé, mais voilà, ça lui arrive, c’est peut-être cyclique ou alors, il se fait du mal lui-même (enfant, il avait peur que ses parents décèdent la nuit, alors ils les écoutait ronfler et ensuite, ses parents ont dû installer un babyphone pour que leur fils les écoute dormir : leur vie sexuelle a été réduite à zéro !).

Il a beau parler de son père et de leurs relations compliquées, dans ce qu’il nous raconte, je n’y ai pas vu de la maltraitance, sauf qu’enfant, il a dû boire un bol de lait tous les jours et qu’il n’aime pas ça et que ce fut pareil avec les patates. Bon, pas très malin de la part du père, mais rien de plus méchant, alors, il est où le problème ? Parce que son père ne montre jamais ses émotions ?

Il est des parents et des enfants qui ne se parlent plus depuis des années, qui ne savent plus se voir, tandis que lui, il va chez ses parents, loge là-bas, y est allé pour écrire son autobiographie… Son père n’est pas parfait, mais ce n’est pas un tortionnaire, ni un salopard.

Si le début avait été agréable, si je me plaisais bien dans son récit, je me suis retrouvée à penser tout le contraire une fois la moitié du livre passé : on tournait en rond, il se regardait un peu trop le nombril, se lamentait pour ce qui n’avait pas lieu d’être (ou du moins, pas lieu d’être écrit dans un livre, juste bon pour son psy qui l’envoie au Liban quand il est dépressif grave) et cherchait la petite bête.

Bref, ça avait bien commencé et ça c’est terminé en eau de boudin…

L’affaire Emmett Till : Jean-Marie Pottier

Titre : L’affaire Emmett Till

Auteur : Jean-Marie Pottier
Édition : 10/18 (01/02/2024)

Résumé :
Fin août 1955, le corps sans vie et défiguré d’un adolescent est repêché dans l’État du Mississippi. Il s’agit de celui d’Emmett Till, un jeune noir de Chicago âgé de 14 ans, venu passer des vacances dans la famille de sa mère.

Quelques jours plus tôt, il a été vu en conversation avec Carolyn Bryant, une jeune commerçante blanche, à qui, selon certains témoins, il aurait fait des avances. Roy Bryant, son mari, et J.W. Milam, son beau-frère, sont venus chercher Till en pleine nuit chez son oncle. Personne ne l’a revu vivant.

Les deux hommes sont vite arrêtés et traduits en justice. Un mois plus tard, un jury composé de douze hommes blancs les acquitte après un délibéré qui a duré une petite heure. Près de soixante-dix ans plus tard, l’affaire Till est devenue un moment de l’histoire des droits civiques aux États-Unis.

Mais l’affaire criminelle n’est toujours pas entièrement résolue. De nouveaux éléments ne cessent de filtrer. L’Affaire Till pèse encore sur l’histoire américaine, mais l’affaire Till n’est pas encore totalement finie.

Critique :
je lis rarement des true crime, mais cette affaire-là me tenait à cœur, car je n’en ai eu connaissance que récemment et le peu que j’en ai entendu m’avait glacé les sangs : Emmett Till, un gamin, Noir, avait été accusé d’avoir eu des propos désobligeants envers une femme, Blanche.

Il fut tabassé par le mari et le beauf, à coups de poings, à coups de crosse de révolver, avant d’être abattu à bout portant et jeté à l’eau, le corps lesté d’un ventilateur.

Il avait 14 ans et sa mère a tenu à ce que son cercueil reste ouvert afin que chacun voit ce que des Blancs étaient capables de faire à un gamin Noir dont le seul tort était d’être du Chicago (du Nord) et de ne pas avoir vraiment conscience des règles ségrégationnistes qui avaient toujours cours dans le Sud, au Mississippi.

Cet essai est un donc un true crime et l’auteur a mené une enquête afin de savoir ce qu’il s’est vraiment passé en août 1955, quand le mari et le beauf sont venu le chercher et aussi ce qu’il s’est passé dans ce foutu magasin : a-t-il vraiment sifflé (le fameux wolf whistle, version Loup de Tex Avery) la vendeuse  et épouse du gérant ? Ou juste sifflé les hommes qui jouaient aux dames ? Ou sifflé parce qu’il bégayait et que cela lui permettait de reprendre contenance ?

Personne ne pourra plus dire, mais je suis sûre qu’il n’a pas tenu les propos sexiste à la dame (et qu’elle a proféré au tribunal) et s’il l’a vraiment sifflé parce qu’elle était jolie, cela ne méritait qu’une remontrance, un « ça ne se fait pas », rien de plus. Pas un meurtre, pas un acharnement tel que celui qui fut fait sur ce gamin en vacances dans la famille.

L’auteur va aussi parler du procès, au plutôt devrais-je dire, de la parodie de procès qui s’est tenu dans cet état hyper ségrégationniste, hyper raciste, où les Hommes Blancs (les WASP) ne toléraient pas qu’un Noir puisse avoir le droit de vote ou que les enfants Noirs aillent sur les mêmes bancs de l’école que leurs petits enfants Blancs.

Dans cette contrée où deux hommes Blancs avaient le droit de tuer un Noir, sans être reconnu coupable… Cette ville où des gens ont donné de l’argent pour les inculpés puissent se payer les meilleurs avocats, où on leur a tapé sur l’épaule, comme pour les féliciter… Après, le vent a un peu tourné, mais si peu.

Les années passant, les témoins sont décédés, l’épouse est revenue sur une partie de ses accusations, mais devant un seul témoin, bref, la lecture de cet essai ne vous donnera pas les réponses vraies et absolues, mais au moins, vous en saurez un peu plus, vous aurez mis les pieds dans un endroit où la ségrégation règne en maîtresse des lieux et vous aurez eu une vision très glauque et moche de l’Amérique.

Un essai que j’ai dévoré, le coeur au bord des lèvres, devant tant d’injustice, tant de violences, tant de déni, tant d’horreurs. Un roman true crime qui frappe fort, sans pour autant aller dans le voyeurisme ou le glauque. Le pays et une partie de sa population l’est déjà…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°144]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°35.

Ed Gein, autopsie d’un tueur en série : Harold Schechter et Eric Powell

Titre : Ed Gein, autopsie d’un tueur en série

Scénariste : Harold Schechter
Dessinateur : Eric Powell

Édition : Delcourt Contrebande (12/04/2022)
Édition Originale : Did you hear what Eddie Gein Done ? (2021)
Traduction : Lucille Calame

Résumé :
Ce récit révèle la véritable histoire d’un malade mental sous l’emprise d’une mère bigote et abusive. Cette biographie factuelle d’Ed Gein se focalise sur son enfance et sa vie de famille malheureuses, et sur la façon dont elles ont façonné sa psyché. Il explore aussi le choc collectif qui entoura l’affaire et la prise de conscience que les tueurs peuvent être des citoyens ordinaires.

Il a inspiré de nombreux personnages de cinéma comme Norman Bates dans Psychose. Harold Schechter et Eric Powell nous proposent cette BioBD d’Ed Gein, l’un des plus terrifiants tueurs en série américains.

Critique :
Je suppose que tout le monde a vu le film « Psychose » et connait le twist final… De toute façon, je ne le divulguerai pas, des fois que Alfred Hitchcock viendrait me tirer les doigts de pieds, la nuit…

D’ailleurs, c’est le romancier Robert Bloch qui, le premier, s’inspira de ce tueur pour son roman, du même titre que le film qu’Alfred en tira ensuite.

Alors, qui a inspiré le personnage de Norman Bates (et pas que lui : Hannibal et le mec de Massacre à la tronçonneuse,…) ? Edward Gein… Et je parie que comme moi, vous n’aviez aucune idée de qui il était ?

Un gamin au physique disgracieux, bizarre, le genre qui se fait harceler à l’école, qui pleure souvent, qui voit sa mère comme un Dieu, qui vit en solitaire, qui a l’air un peu demeuré et qui a une vie sexuelle plus pauvre que celle d’un pape (même s’il se branle de temps en temps).

Ce comics, tout en noir et blanc, est très bien dessiné, surtout les expressions, notamment celle de  la mère d’Edward Gein, une femme pieuse, bigote, qui pense que toutes les femmes sont des salopes, des sodomites, échappées de dieu sait où et qui mène tout le monde à la baguette (son mari alcoolo et ses deux gamins).

Il ne faut pas s’étonner, avec une génitrice pareille, que le petit Ed Gein ait été plus que perturbé et ait fini en tueur en série, nécrophile et pilleur de tombes. Je ne dis pas que tous les enfants élevés de la sorte finiront en mecs dépravés (heureusement) ou serial killer, mais pour ceux qui tourneront assassins en puissance, on saura d’où ça vient.

Ce comics assez épais (plus de 200 pages), est une autopsie d’un tueur en série, où les auteurs se sont attachés aux faits, rien qu’aux faits, même s’ils nous donneront un aperçu de toutes les sornettes que les gens de la ville de Plainfield (Wisconsin) balanceront sur Ed, une fois celui-ci arrêté (en 1957). Les rumeurs courent plus vite que la vérité et les horreurs font vendre plus de journaux…

Ce récit n’est pas pour les esprits sensibles ou les jeunes enfants… Les ambiances sont malsaines, angoissantes, flippantes, sans pour autant basculer dans le gore ou la surenchère inutile.

Les auteurs ont réussi le difficile équilibre entre montrer les horreurs commises par Ed Gein, sans s’appesantir dessus, afin de ne pas provoquer l’effet contraire. Ce qui aurait été contreproductif, alors que là, on imagine sans mal et on en tremble d’effroi.

Un terrible fait divers mis en scène de manière remarquable par les deux auteurs dans cet album qui retrace l’enfance et la vie d’Ed Gein, son arrestation, l’enquête, son internement et les faits qui lui ont été reprochés.

En lisant ce comics, vous saurez tout sur celui que l’on a surnommé « le boucher de Plainfield »… Pour un public averti, tout de même !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°114],  Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°25 et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°06).

Petit traité du racisme en Amérique : Dany Laferrière

Titre : Petit traité du racisme en Amérique

Auteur : Dany Laferrière
Édition : Grasset – Essais français (2023)

Résumé :
Dans ce livre, le premier qu’il consacre au racisme, Dany Laferrière se concentre sur ce qui est peut-être le plus important racisme du monde occidental, celui qui dévore les Etats-Unis.

Les Noirs américains : 43 millions sur 332 millions d’habitants au total – plus que la population entière du Canada. 43 millions qui descendent tous de gens exploités et souvent martyrisés. 43 millions qui subissent encore souvent le racisme.

Loin d’organiser une opposition manichéenne entre le noir et le blanc, précisément, Dany Laferrière précise : « On doit comprendre que le mot Noir ne renferme pas tous les Noirs, de même que le mot Blanc ne contient pas tous les Blancs. Ce n’est qu’avec les nuances qu’on peut avancer sur un terrain si miné. »

Voici donc un livre de réflexion et de tact, un livre littéraire. Mêlant des formes brèves que l’on pourrait rapprocher des haïkus, où il aborde en général les sensations que les Noirs éprouvent, et de brefs essais où il étudie des questions plus générales, Dany Laferrière trace un chemin grave, sans jamais être démonstratif, dans la violence semble-t-il inextinguible du racisme américain.

« Mépris », « Rage », « Ku Klux Klan » alternent avec des portraits des grands anciens, Noirs ou Blancs, qui ont agi en noir ou en blanc : Charles Lynch, l’inventeur du lynchage, mais aussi Eleanor Roosevelt ; et Frederick Douglass, et Harriet Beecher Stowe, l’auteur de La Case de l’oncle Tom, et Bessie Smith, à qui le livre est dédié, et Angela Davis. Ce Petit traité du racisme en Amérique s’achève sur une note d’espoir, celui que Dany Laferrière confie aux femmes. « Toni, Maya, Billie, Nina, allez les filles, le monde est à vous ! »

Critique :
Voilà un livre qui se lit assez vite, car au lieu d’être composé d’un long texte, il est composé de plein de petits : poésies, réflexions, punchline, biographies assez courtes d’Américains ayant marqué leur époque, s’étant battu pour les droits.

Au départ, j’ai été déstabilisée, puisque je m’attendais à une étude, un essai, bref, à un texte en continu. Comme je sais m’adapter et faire preuve de souplesse, je me suis dit « Pourquoi pas ? »…

Et je me suis rendue compte, au fil de ma lecture, qu’on pouvait en dire beaucoup avec peu de mots, qu’il fallait juste bien choisir ses phrases, ce que Dany Laferrière a réussi à faire avec maestria.

S’appuyant sur ses expériences, sur des lectures, des auteurs, des faits de sociétés, il nous parle d’esclavage, de ségrégation, des luttes, des injustices, de littérature, de colonisation, des haines dans le coeur des Hommes. Le tout sans sombrer dans le pathos ou le larmoyant. C’est net et précis. Le tout avec de temps en temps une pointe d’humour.

C’est instructif, même si vous connaissez déjà beaucoup sur le sujet, parce qu’il est utile de rappeler que le racisme n’est pas mort, la ségrégation non plus et que les injustices sont toujours là, bien présentes, entre les Blancs et les Noirs, tout Américains, même si certains ont moins de droits que les autres.

Sans oublier le racisme primaire, celui que l’on fait sous le couvert de l’humour, mais qui peut blesser celui qui en fait les frais. Les petites paroles glissées dans votre dos, les rires gras, les gens qui chuchotent… Il y a encore du boulot !

Un essai qu’il faut lire, afin de ne pas oublier que des gens, à cause de leur couleur de peau, vivent toujours des injustices, comme c’est toujours aussi le cas pour une orientation sexuelle (homosexualité), pour leur sexe (nous les femmes) ou leur transsexualité.

Et toutes ces injustices ne concernent pas des minorités, certaines touchent la moitié de la population. On n’a pas fini de se battre, Dany ! Mais c’est épuisant…

An American Year

Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°21.