Au nord de la frontière : R. J. Ellory

Titre : Au nord de la frontière

Auteur : R. J. Ellory
Édition : Sonatine (21/03/2024)
Édition Originale : The Last Highway (2023)
Traduction : Fabrice Pointeau

Résumé :
Victor Landis est shérif dans une petite ville de Géorgie. C’est un homme solitaire, qui a dédié son existence au travail. Pour toute famille, il ne lui reste que son frère, Frank, avec qui il a partagé une enfance misérable avant qu’une brouille ne sépare les deux hommes.

Lorsque Frank est retrouvé mort dans des circonstances étranges, Victor décide de passer la frontière du Tennessee afin d’en savoir plus. Là, il découvre que son frère avait une ex-femme, et une fille, dont il ignorait l’existence. Pour sa nièce, Victor doit tenter d’en savoir plus sur la mort de Frank.

Le voilà immergé au cœur des communautés isolées des Appalaches, où la drogue, les trafics en tous genres et la corruption sont omniprésents. Bientôt, sa piste le conduit sur une série de meurtres inexpliqués de jeunes adolescentes…

Critique :
Le Tennessee… Ça donne envie de chanter, tiens ! Mais le shérif Victor Landis n’a pas envie de pousser la chansonnette, son frère, shérif aussi, mais dans un autre comté, est mort, écrasé par une voiture et ça ne sent pas l’accident accidentel.

Son frangin, avec qui il était brouillé depuis des années, était-il un pourri ? Un corrompu ? En tout cas, ça ne sentait pas bon, quand Victor a commencé à enquêter sur la mort de son frère et à foutre son nez partout.

Les Appalaches, c’est toujours un voyage dont on ne revient pas tout à fait indemne et cette fois-ci, nous ne serons pas dans le Kentucky, mais en Georgie. Tout une promesse de voyage.

La promesse a été tenue, tout au long de ce récit qui sentait bon le roman noir. Ce récit n’est pas nerveux, il prendra son temps, ici, on ne court partout, on enquête à l’ancienne et comme nous sommes début des années 90, pas de nouvelles technologies pour se faire aider.

L’auteur a agencé son récit comme un oignon dont on retire les épluchures au fur et à mesure, le déshabillant doucement, faisant avancer l’enquête de Victor sans se presser et nous dévoilant des mystères au fur et à mesure de cet effeuillage. Mais plus on se rapprochait du centre et plus ça puait la charogne crevée oubliée au soleil !

La petite ville où officie Victor Landis n’est pas une ville riche, elle est peuplée de petites gens, de dealer, de gens qui bouclent leur fin de mois difficile, mais l’auteur ne nous a pas présenté de rednecks ou de ploucs bas de plafond, parce que non, tout le monde n’est pas ainsi dans ces régions que traversent les Appalaches. Par contre, chez eux, la famille, c’est hyper important.

Ce roman noir de 500 pages se lit assez vite, sans vraiment que l’on se rende compte du temps qui passe. Pas d’ennui, pas de ralentissement, pas d’endormissement. Le récit est réaliste et si je n’ai pas ressenti d’atomes crochus avec Victor, je l’ai trouvé terriblement vivant, réaliste au possible. Tout comme les autres personnages, même les méchants, plus que réussi, sans que l’auteur en fasse des caisses.

Victor Landis n’est pas le shérif le plus intelligent du comté, il va se tromper, va apprendre des choses par d’autres personnes, se tromper, marcher sur les pieds de tout le monde, planter des bâtons dans bien des nids de frelons, que ce soit pour l’enquête sur l’assassinat de son frère ou sur les meurtres d’adolescentes qui ont eu lieu dans différents comtés. Il est pataud, taiseux, ne montrant pas ses sentiments et pour finir, on se prend d’amitié pour lui.

Un roman noir à l’intrigue assez classique, certes, mais qui ira plus loin que ce que je pensais au départ, qui va aller déterrer des faits divers bien glauques, bien réels et apporter son lot d’émotions là où je n’en attendais pas et faire vibrer ma corde sensible. Le final a fait monter ma tension, parce que là, le suspense était à fleur de peau.

Un roman noir très sombre, mais avec une lueur au bout du tunnel, avec de l’humanité, le tout porté par une belle écriture qu’est celle de R.J Ellory, le champion anglais des romans noirs américains (sans oublier les traductions réalisées avec brio par Fabrice Pointeau, décédé à ce jour).

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°160]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°47.

Les Fils de Shifty : Chris Offutt

Titre : Les Fils de Shifty

Auteur : Chris Offutt
Édition : Gallmeister (04/01/2024)
Édition Originale : Shifty’s Boys (2022)
Traduction : Anatole Pons-Reumaux

Résumé :
Mick Hardin se remet d’une blessure de guerre chez sa sœur Linda, shérif de Rocksalt dans le Kentucky, lorsque le cadavre d’un dealer local est découvert. Il s’agit de l’un des fils de Shifty Kissick, une veuve que Mick connaît depuis longtemps.

La police refusant d’enquêter, Shifty demande à Mick de découvrir le coupable. Se débattant entre un divorce difficile et son addiction aux antidouleurs, ce dernier commence à fouiner dans les collines, avec la ferme consigne de ne pas gêner la réélection de sa sœur.

Il comprend vite que le meurtre a été mis en scène, et bientôt un deuxième fils de Shifty est abattu. Pourquoi le sort s’acharne-t-il ainsi sur la famille Kissick ? Le temps presse et Mick le sait car dans cette communauté basée sur un code moral intransigeant, la violence appelle la violence.

Critique :
Retour pour moi à Rocksalt dans le Kentucky, dans les collines, là où les gens vivent dans leur monde, où l’on se présente en donnant le nom de son père et où les gens que vous visitez ajoutent le nom de votre grand-père et de toute votre lignée…

Dans « Les gens des collines », j’avais fait la connaissance de Mick Hardin, un enquêteur du CID (Division des enquêtes criminelles au sein de l’armée américaine), en congé maladie (revalidation de sa jambe). C’est un taiseux, mais pour enquêter, il est excellent.

Le voici mandaté par la vieille Shifty Kissick pour enquêter sur l’assassinat de son fils cadet, Fukin’Barney, dealer de drogue. Et Mika va accepter, pendant que sa sœur, Linda, fait campagne pour un second mandat de shérif.

Comme pour le premier opus, le récit est assez ramassé, en 280 pages, tout est dit, plié, réglé. L’auteur ne fait pas des pages juste pour le plaisir d’en faire. Sans être écrit à l’os, son roman noir va à l’essentiel, nous présentant les protagonistes en peu de mots et en nous plongeant dans la petite ville des Appalaches d’une manière directe. Pas besoin d’en lire plus pour comprendre où nous sommes et l’importance de la famille pour ces gens.

En commençant cette enquête, Mick n’aurait jamais pensé qu’elle l’entraînerait aussi loin, et moi non plus. C’était totalement insoupçonnable, loin d’une résolution classique et cela donnera un final rempli d’action, d’adrénaline et un petit côté western, mais version contemporaine (on oublie le Colt de l’arrière grand-père).

Les ambiances de ce roman noir rural sont brutes de décoffrage, réalistes, naturelles. Le reflet de ce que sont les gens des Appalaches : taiseux, armés, assez rudes, peu démonstratifs en câlins et avec une mémoire de l’arbre généalogique de tout le monde.

Bizarrement, on s’attache à ces gens-là, on comprend leur rudesse, leur méfiance, leur attachement à la famille et c’est parce que l’on sent que auteur aime ses personnages, même les secondaires, qu’il y a mis ses tripes et toute son affection.

Un véritable rural noir, un polar différent des whodunit classiques, un vrai roman noir avec de la rudesse, de la testostérone, mais aussi de la tendresse (sans en faire trop, ce n’est pas le genre des personnages) et un final qui fera entrer certains dans un vortex de violences sanglantes.

Un parfait équilibre de violences, de sang, d’enquête et de personnages touchants, même dans les plus rudes.

Une suite encore meilleure que le premier opus !
An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°157]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°44.

Les belles vies : Benoît Minville

Titre : Les belles vies

Auteur : Benoît Minville
Édition : Sarbacane (2016) / J’ai Lu (2019)

Résumé :
Turbulents, pas vraiment délinquants, ils cumulent les bêtises plus ou moins graves, les rires et les bleus. Vasco est en CFA BTP, Djib passe en première S. Leur dernière rixe est pourtant celle de trop…

Afin de leur mettre du plomb dans la tête, leurs parents décident d’employer les grands moyens : ils envoient les deux ados dans la Nièvre, le temps d’un été chez un ami du père de Vasco, entrepreneur local qui propose ses services comme famille d’accueil pour la DDASS.

C’est dans cette campagne éloignée de tout, France profonde dont on parle peu, qu’ils vont rencontrer et se confronter à une autre forme de jeunesse : celle des enfants élevés par celle que tous surnomment « Tata », une femme qui accueille des enfants placés et donne sa vie aux autres.

Critique :
Cela faisait 6 ans que ce roman traînait dans mes biblio, alors que je souhaitais le lire au plus vite et qu’il était même répertorié dans ma PAL « Urgentissime » (vous comprenez pourquoi je refuse les demandes de lecture d’auteurs et les SP !).

Et maintenant, je me demande pourquoi j’ai attendu aussi longtemps pour le lire… Alors que j’avais eu un coup de coeur pour « Rural Noir » (un autre roman de l’auteur).

Registre différent, mais les émotions étaient présentes lors de ma lecture, même si elles ont été moins intenses qu’avec son autre roman.

Néanmoins, j’avais envie d’un peu de douceur dans ce monde de brute, envie d’une lecture plus soft, envie de soleil, de vacances et ce roman est arrivé au bon moment, même si, pour la douceur, on repassera. Nous sommes tout de même avec des mômes ou des ados fracassés par la vie, par leurs parents, déficitaires, violents, aux abonnés absents… et placés en famille d’accueil par la DDASS.

Vasco et Djib sont deux ados qui ont fait une bêtise, rien de trop grave, mais voilà, c’est une de plus et leurs parents ont décidés de les placer dans une famille d’accueil, dans la Nièvre, dans un lieu au milieu des campagnes, des bois, bref, dans le trou du cul de la France.

Croyez-moi, il y a pire comme punition, parce que nos deux amis vont découvrir des émois, des bons moments, du sexe, de l’amusement, bref, ils vont passer de bons moments, même si, ils seront parfois entrecoupés de passages plus forts, plus chahutés.

Non, il ne se passe pas grand-chose dans ce roman, mais il m’a fait du bien au moral, car il se déroulait pendant les grandes vacances et qu’on a tout de même une bande d’amis qui vont s’amuser, découvrir la vie, les charmes de la campagne et que j’ai eu, tout comme eux, la larmiche à l’œil au moment de se quitter.

Pas de smartphones dans l’histoire (nous sommes un peu après 2001, avant que tous les jeunes se fassent greffer un téléphone au bout de leur main), pas de réseaux sociaux et tant mieux. C’était reposant.

Par contre, impossible d’échapper au racisme, Djibril étant Noir et Vasco portugais… Bizarrement, Dylan, un jeune déjà présent dans cette famille d’accueil, est d’un racisme crasse, comme celui que l’on trouve plus souvent chez les personnes de la génération au-dessus et rarement chez un jeune de 16 ans.

Il aurait mérité qu’on le recadre un peu plus fort, parce que parler du pain que les étrangers prennent aux français, alors qu’on est placé, avec sa sœur, dans une famille d’accueil, que l’on est nourri, logé et blanchi grâce à l’argent que tous les français, qu’ils soient d’origines, naturalisés ou qu’ils aient gardé leur nationalité, ont donné aux impôts, je la trouve forte de café… Dylan, tu en veux au monde entier, mais tu t’en prends aux mauvaises personnes.

Heureusement qu’au fil des pages, certains personnages vont évoluer et que les yeux vont s’ouvrir, même s’il reste encore du taf à faire sur la gestion de la colère de certains. Bref, ce sont des ados, en bute avec le monde entier, avec leurs hormones qui travaillent, avec les sentiments bouillonnants et l’apprentissage de la vie encore à faire, à peaufiner.

C’est une jolie histoire, mais l’auteur n’enjolive pas les faits : malgré des parents violents, malgré des parents immatures et sans emploi fixe, la justice peut décider à tout moment que ces parents peuvent récupérer leurs enfants, et peu importe que cette décision foute en l’air leur avenir, le travail réalisé par la famille d’accueil. La justice, rouleau compresseur, décide, exécute et se fout royalement de l’avis des enfants ou de ceux qui les aident à grandir dans le droit chemin.

Pas de morale à cette histoire, juste une histoire racontée, des destinées qui se sont croisées, durant un été et qui repartiront, pour suivre leur propre route, une fois la rentrée arrivée. Que deviendront-ils ? Nous ne le saurons jamais, c’est à nous de leur inventer un futur, pas trop merdique ou alors, de les laisser figés à jamais dans l’instant X de la fin du roman…

Une jolie découverte, même si, le récit aurait mérité d’être un peu plus approfondi, plus creusé, plus détaillé, notamment avec ce couple qui accueille les jeunes et qui se donne à fond pour eux.

 

La langue des choses cachées : Cécile Coulon

Titre : La langue des choses cachées

Auteur : Cécile Coulon
Édition : L’Iconoclaste (11/01/2024)

Résumé :
Inlassablement, jour après jour, une mère apprend à son fils son travail, celui de soigner, de réparer les autres. Une nuit, ce dernier se rend dans le hameau du Fond du puits où il découvre l’erreur commise par sa mère des années auparavant. Face à cette révélation, il ne sait pas comment réagir.

Critique :
Voilà un roman qui m’a happé dans ses mots, directement, comme si j’étais aspiré par le récit, par ses ambiances et que je m’étais retrouvée en train de cheminer aux côtés du fils (nous ne connaîtrons jamais son prénom), un rebouteux, un guérisseur, tout comme sa mère, un homme qui, tout comme sa génitrice, connait la langue des choses cachées.

Une fois happée par la prose de l’autrice, par le choix de ses mots (sans le choc des photos), il m’a été impossible de fermer ce court roman (145 pages) avant de l’avoir terminé.

Le récit est écrit à l’os, sans grandes descriptions, avec très peu de dialogues, sans identités des personnages, si ce n’est le fils, la mère, le prêtre et ainsi de suite. Et pourtant, il y a une puissance dans les mots, dans les phrases, dans cet univers un peu gothique que l’autrice a créé pour nous. Puissant, voilà le mot que je cherche.

L’époque n’est jamais donnée et on a même un grand écart entre les détails donnés dans le récit où l’on parle de villages lointains, de forteresses, d’hommes en armures, de guerre, mais aussi d’appareils photos, de caméras, d’hôpitaux, de voitures et de stars du rock.

J’ai arrêté de me mettre la cervelle en feu en tentant de comprendre à quelle époque le récit se déroulait, ce n’était pas important, de toute façon, ni même de savoir s’il y avait eu une sorte d’effondrement de la société. Emportée par les flots tumultueux du récit, le reste est passé à la trappe. Et c’est mieux ainsi, cela m’a permis de me concentrer sur ce conte gothique, sur ce récit d’apprentissage et de pénétrer dans la noirceur des Humains.

Parce que oui, de la noirceur, il y en a, côtoyant la beauté. Dans ces pages, pas de manichéisme, un homme violent avec son épouse, peut être doux avec son fils. C’est pour ce garçon malade que l’on a fait appel à la mère, la guérisseuse, qui a envoyé son fils, car elle lui a passé le flambeau. Et les fantômes qui vont avec son don.

Ce roman est la preuve que l’on peut faire du puissant avec peu de pages, en choisissant ses mots, en sélectionnant ce que l’on va raconter ou taire, en écrivant à l’os, sans fioritures, sans approfondir plus qu’il ne faut ses personnages.

Et la preuve aussi que l’on peut s’attacher à des personnages en sachant si peu sur eux, tant ils sont forts, omniprésents dans ces pages, sans pour autant écraser le récit de leur présence.

Le final m’a glacé, tout comme certains passages du roman, sans pour autant que l’autrice cherche à faire du glauque ou à sucrer le sucre. Elle n’en rajoute pas, elle garde un bon équilibre et elle vous tacle d’un seul coup.

Un roman qui marque, qui m’a laissé un peu pantelante, me demandant ce que j’allais lire ensuite : un Petzi ou un autre roman aussi fort que celui-là ?

Voilà de quoi j’ai besoin, après ce roman (je vais le piquer à ma nièce)…

La prochaine fois que tu mordras la poussière : Panayotis Pascot

Titre : La prochaine fois que tu mordras la poussière

Auteur : Panayotis Pascot
Édition : Stock – La Bleue (23/08/2023)

Résumé :
« Ce livre me fait peur. Il a été douloureux à pondre. Mon père nous a annoncé qu’il n’allait pas tarder à mourir et je me suis mis à écrire. Trois années au peigne fin, mes relations, mes pensées paranoïaques, mon rapport étrange avec lui, crachés sur le papier. Je me suis donné pour but de le tuer avant qu’il ne meure. Ce que je ne savais pas c’est que j’allais traverser un épisode dépressif si intense que j’allais frôler la mort moi aussi… C’est l’histoire de quelqu’un qui cherche à tuer. Soi, ou le père, finalement ça revient au même… »

Critique :
C’est après avoir regardé l’émission de La Grande Librairie, où l’auteur parlait de son livre, que j’ai eu envie de le découvrir. Son passage ensuite dans l’émission C à Vous a fini de me convaincre.

Ne connaissant pas du tout l’homme derrière l’artiste, ni l’artiste derrière l’homme, je suis entrée dans son récit autobiographique, vierge de toute opinion.

Tout ce que je savais, c’est qu’il y parlait de son père, de leurs relations compliquées, de sa dépression et de son homosexualité qu’il avait découvert sur le tard.

J’ai apprécié la première moitié de son autobiographie, même si le style était assez brouillon, des phrases jetées en vrac, comme elles lui étaient venues à l’esprit, sans doute, ou alors, il a voulu imiter le style d’un journal intime où l’on balance des phrases sans se préoccuper de leur ordre, puisqu’il n’est pas destiné à être lu.

En le lisant, j’ai compris pourquoi certains lecteurs s’étaient senti touchés par son texte, notamment lorsqu’il parle de sa sexualité et de ses amours hétérosexuels, avant de comprendre qu’il était tout simplement homosexuel.

Il est un fait que cela a dû raisonner dans certains de ses lecteurs qui ont vécu les mêmes questionnements, les mêmes interrogations, les mêmes dénis, les mêmes tâtonnements lors de leur début avec un partenaire du même sexe.

C’était touchant, mais entre nous, je n’avais pas besoin de tout connaître de sa vie sexuelle non plus (ses branlettes, qu’il bandait mou parfois, que son anus était plus parlant que sa tête)…

— Tu vois pas ma tête, comment tu vois que je stresse ?
— Ton anus
— Hein ?
— Ton anus se ferme quand tu as peur (…)
Tu lisais plus facilement mon anus que ma tête. Et là j’ai senti que tu regardais mon anus dans les yeux…

Bref, un peu moins de cul et plus de profondeur dans le texte, cela n’aurait pas été du luxe. Parce que oui, à la longue, c’est lassant et je n’ai pas envie d’entrer dans l’intimité d’un type à ce point-là !

Dans la seconde moitié, j’ai commencé à me lasser très très vite des répétitions de l’auteur, de ses dépressions, dont on se demande tout de même le pourquoi du comment. Je ne remets pas en questions les problèmes des gens, mais comment font les autres, notamment ceux ou celles qui ont perdu un enfant, un conjoint, qui galèrent pour trouver un job, pour gagner leur vie, pour faire vivre leur famille ?

L’auteur le disait sur le plateau de C à vous, il n’a pas vraiment de raison d’être déprimé, mais voilà, ça lui arrive, c’est peut-être cyclique ou alors, il se fait du mal lui-même (enfant, il avait peur que ses parents décèdent la nuit, alors ils les écoutait ronfler et ensuite, ses parents ont dû installer un babyphone pour que leur fils les écoute dormir : leur vie sexuelle a été réduite à zéro !).

Il a beau parler de son père et de leurs relations compliquées, dans ce qu’il nous raconte, je n’y ai pas vu de la maltraitance, sauf qu’enfant, il a dû boire un bol de lait tous les jours et qu’il n’aime pas ça et que ce fut pareil avec les patates. Bon, pas très malin de la part du père, mais rien de plus méchant, alors, il est où le problème ? Parce que son père ne montre jamais ses émotions ?

Il est des parents et des enfants qui ne se parlent plus depuis des années, qui ne savent plus se voir, tandis que lui, il va chez ses parents, loge là-bas, y est allé pour écrire son autobiographie… Son père n’est pas parfait, mais ce n’est pas un tortionnaire, ni un salopard.

Si le début avait été agréable, si je me plaisais bien dans son récit, je me suis retrouvée à penser tout le contraire une fois la moitié du livre passé : on tournait en rond, il se regardait un peu trop le nombril, se lamentait pour ce qui n’avait pas lieu d’être (ou du moins, pas lieu d’être écrit dans un livre, juste bon pour son psy qui l’envoie au Liban quand il est dépressif grave) et cherchait la petite bête.

Bref, ça avait bien commencé et ça c’est terminé en eau de boudin…

A History of Violence : John Wagner et Vince Locke

Titre : A History of Violence

Scénariste : John Wagner
Dessinateur : Vince Locke
Édition Originale :A history of violence (1997)
Traduction : Alex Nikolavitch

Édition : Delcourt- Contrebande (2005)

Résumé :
Un bled perdu des Etats-Unis. Un de ces coins où personne ne s’arrête jamais. Une communauté formée d’un ensemble de citoyens biens propres moralement et bien gentils. Des gens sans histoire, quoi… Jusqu’au jour où le tenancier d’un snack met en fuite ses agresseurs.

Un fait divers. Tout simple normalement. Mais qui va valoir une belle renommée à ce père de famille bien courageux. Mais cette soudaine publicité faite autour de sa personne ne lui plaît guère. Peut-être parce qu’il ne veut pas de statut quelconque ?… Ou bien parce qu’il a quelque chose à cacher par rapport à son passé ?.. Passé dont personne d’ailleurs ne sait grand chose.

En tout cas, certains citoyens de « la grande ville » semblent s’intéresser à notre « héros » et paraissent -eux- bien le connaître. Le hic c’est que ces hommes venus de New York appartiennent à la Mafia. Et ils aimeraient bien remettre la main sur un ancien sale gosse qui a cru qu’il était possible de s’attaquer à « la pieuvre » sans en payer les conséquences…

Critique :
Ce comics m’avait fait de l’oeil à cause de son titre : une histoire de violence. Paraît même qu’on ne avait fait un film, avec l’acteur Viggo Mortensen…

N’ayant jamais vu le film de David Cronenberg, je lui ai préféré le comics (286 pages).

Les dessins, en noir et blancs, ne m’ont pas plu du tout. Ils sont esquissés comme s’ils étaient griffonnés, ce qui n’est pas le plus beau spectacle pour les yeux. Mais tout est ultra lisible.

Par contre, le scénario, lui, est prenant au possible et j’ai lu une partie presque sans respirer, l’adrénaline pulsant à plein pot, tant le suspense était prenant, angoissant.

Pourtant, le scénario n’a rien d’original : Tom McKenna se défend contre deux braqueurs, devient la star locale et un vieux mafiosi vient le voir parce qu’il lui fait penser à quelqu’un qu’il a bien connu et à qui il voudrait donner un chien de sa chienne (et surtout se venger en le tuant).

Ceci n’est pas un comics pour les enfants, c’est noir, violent, testostéroné à fond, avec des armes à feu qui aboient et qui crachent des balles qui font des trous dans des corps et qui tuent, même si l’on ne pleura pas les gangsters. Attention, certaines scènes sont assez… glauques et ultra violente ! La tronçonneuse, ça fait des dégâts.

Le personnage principal, Tom McKenna est mystérieux au possible et durant un moment, on n’est pas sûr qu’il est bien le Joey recherché, même si le suspense n’est pas dans cette interrogation, mais ailleurs.

McKenna est un personnage ambigu, le seul qui n’est pas manichéen. Les méchants sont super méchants, sans nuances aucune, l’un d’entre eux étant même au-dessus du lot en ce qui concerne la méchanceté. Pourquoi est-il si méchant ? Parce que…

Mon petit point d’achoppement, c’est pour la réaction de l’épouse de Tom McKenna, notamment lorsqu’elle apprend le passé de son mari. Tranquille, madame. Ce n’est pas grave… Ben si, tout de même que c’est grave ! On dirait qu’elle vient d’apprendre que son mari, quand il était jeune, a volé une barre de chocolat au supermarché !

Dommage que certains personnages importants soient aussi lisses, sans épaisseur aucune et que d’autres soient un peu stéréotypés (les mecs de la mafia).

Hormis ce bémol, le comics se lit d’une traite, tant le suspense est à couper au couteau et que les péripéties s’enchaînent pour la petite famille de Tom McKenna. La dernière case est un soulagement, quand elle arrive, tant elle m’a libérée de ce stress que j’ai ressenti lors de ma lecture. J’allais pouvoir reprendre une vie normale.

Un comics noir et blanc, ultra violent, très sombre, où je conseillerais aux âmes sensibles de passer leur chemin (ou de le lire à leurs risques et périls). Bon, au moins, les lecteurs ne risquent pas de se prendre une bastos dans le buffet !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°145]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°36.

 

Mémoires de la forêt – 02 – Les carnets de Cornelius Renard : Mickaël Brun-Arnaud et Sanoe

Titre : Mémoires de la forêt – 02 – Les carnets de Cornelius Renard

Auteur : Mickaël Brun-Arnaud
Illustrations : Sanoe
Édition : L’École des loisirs (15/03/2023)

Résumé :
Les festivités d’automne débuteront bientôt à Bellécorce. La forêt prend des airs de fête et tout le monde s’y prépare.

Mais, chez Archibald Renard, arrive soudain un visiteur qui risque bien de gâcher les réjouissances : Célestin Loup prétend, documents à l’appui, être le véritable propriétaire de la librairie, qui aurait appartenu à son grand-père.

Expulsé de ce lieu qui est toute sa vie, Archibald doit faire la vérité sur cette histoire. Accompagné de son neveu Bartholomé, il part en quête des carnets que son propre grand-père, Cornélius, désormais incapable de s’exprimer par lui-même, a confié à une mystérieuse société secrète.

Et celle-ci semble déterminée à s’assurer que le renard est digne des souvenirs de son ancêtre…

Critique :
Afin de m’accorder une petite pause tendresse au milieu de lectures sombres, j’ai décidé de retourner à Bellécorce, dans la libraire d’Archibald renard.

Qu’est-ce que j’étais bien, au milieu de toutes ces étagères remplies de livres, à déguster un chocolat chaud à la guimauve, quand tout à coup, j’ai vu entrer le loup… Oui, j’ai vu le loup…

Bardaf, le loup nous a foutu dehors, titre de propriété à l’appui, et c’est le cœur lourd, que Archibald est allé chez ses parents afin d’en apprendre un peu plus sur leur librairie qui avait commencée avec son grand-père Cornélius…

C’est presque une petite enquête que notre Archibald va mener, avec son neveu Bartholomé, afin de retrouver les carnets que Cornélius a semé, avant qu’un orage de la tête ne lui chamboule tout. La solution de l’énigme se trouverait-elle dans ces mystérieux carnets ? Allez hop, on est reparti sur les chemins de l’aventure.

La série « Mémoires de la forêt » a beau être classée en jeunesse, ce n’est pas une série qui prend ses lecteurs pour des demeurés et qui va cacher, à ses jeunes lecteurs, des problèmes bien de notre époque, comme la maladie de l’oublie-tout (Alzheimer, chez nous) ou d’autres sujets de société.

Alors oui, c’est amené de manière plus douce, pas trop brutale, mais malgré tout, l’auteur sait jouer avec nos émotions et j’en avais déjà ressenti assez bien dans le tome précédent, avec notre Ferdinand Taupe et son oublie-tout.

Non, je ne dévoilerai pas les sujets traités dans celui-ci, mais j’avoue que j’ai été surprise et que je ne m’attendais pas du tout à cela. L’auteur arrive à traiter ses sujets avec humanité, sans en faire trop, sans sombrer dans le pathos inutile.

Les énigmes que devront résoudre Archibald et son neveu, sont assez simples, on ne dira pas que leur quête a été semée de dangers ou d’embûches, mais ils ont fait un sacré voyage pour retrouver les carnets de Cornélius, tout en nous apprenant les récits qu’ils contenaient (les émotions sont présentes, là aussi).

Heureusement que pout nous remettre de nos émotions, nous avons des douceurs à dévorer au fil de l’histoire, même si, cela nous fera prendre du poids, à force de manger des biscuits, des tartes, des tourtes, de boire des chocolats chauds…

Mémoires de la forêt, c’est une fable animalière, qui n’est pas qu’une gentille fable pour les enfants. Non, elle va un peu plus loin que ça, cette fable, même si le fait avec douceur. On pourrait penser que c’est léger, mais en fait, non, le récit n’est jamais dénué de profondeur.

Une lecture pas si enfantine que l’on pourrait le croire et qui touchera autant les enfants que les adultes… Un vrai plaisir de lecture.

La patience de l’immortelle – Ghjulia Boccanera 03 : Michèle Pedinielli

Titre : La patience de l’immortelle – Ghjulia Boccanera 03

Auteur : Michèle Pedinielli
Éditions : de l’Aube – Noire (2021) / de l’Aube – Mikrós Noir (2023)

Résumé :
Letizia Paoli a été assassinée. Pour Ghjulia – Diou – Boccanera, c’est d’autant plus une tragédie que cette jeune journaliste corse était la nièce de Joseph Santucci, son ancien compagnon.

Pour enquêter sur ce meurtre, Diou débarque sur une île qu’elle a quittée depuis longtemps et dont elle ne maîtrise plus les codes.

Dans les montagnes de l’Alta Rocca, elle doit se confronter à des habitants mutiques, encaisser des coups sans sommation et affronter ses propres souvenirs tronqués.

Loin de ses repères niçois, elle va cheminer sur une terre qui brûle, dans un paysage insulaire menacé par la maladie et la spéculation. Entourée de la famille de Jo et de sa propre solitude. Avec pour seuls guides un vieil homme à la main croche et un milan qui tournoie inlassablement…

Critique :
Comme j’en avais marre du temps froid, j’ai choisi un polar qui se déroulait en Corse. À moi le soleil chaud !

Putain de merde, l’enquête se déroule en janvier et même si les températures sont plus hautes que celles qui règnent, en ce moment, dans notre Nord, il n’en restait pas moins que ce début d’année, c’est bingo, Lotto et quinté+ dans mes choix de lectures : c’est le sixième roman qui se passe, comme dans la réalité, en janvier et/ou dans froid.

En commençant par la troisième opus des enquêtes de Ghjulia – Diou – Boccanera, j’ai fait connaissance avec une enquêtrice privée spéciale, attachante et qui, bien que se plantant durant son enquête, n’en reste pas moins une bonne enquêtrice. Parce que enquêter sur l’assassinat de la nièce de son ex, ce n’est pas chose facile.

Dans ce polar régional, il n’y a pas que les décors, grandeurs nature, de la Corse, qui font de l’effet. Il y a aussi les autres personnages, leur histoire, leur culture et surtout, des émotions fortes, notamment lors des funérailles de Letizia, 26 ans, trop jeune pour mourir et maman d’une gamine de 2,5 ans.

J’ai apprécié l’écriture de l’autrice, facile à lire, agréable, sans oublier les petites touches d’humour qui parsèment certains dialogues ou dans les réflexions de notre Diou, qui est revenue dans sa Corse natale, après l’avoir quittée il y a longtemps et en avoir perdu les codes. Pas facile quand tout le monde vous reconnaît mais que vous, vous n’arrivez plus à remettre les personnes qui vous sourient.

Dans son enquête, notre Diou va se frotter à des maisons qui sentent mauvais le fromage (gaffe à ne pas faire exploser le tout en allumant une bougie) ou qui sentent bon les épices, mais aussi, sur des terrains qui puent les incendies volontaires, les magouilles et tout ce qui va avec, dans le but de se faire plein de fric, comme toujours.

Non, ce polar n’est pas qu’une énième enquête, même si oui, il faut découvrir qui l’a fait, qui l’a commis, ce crime horrible, affreux, dégueulasse, dans cette région où l’on parle de vendetta, de règlements de comptes entre soi, de mafia ou de promoteurs immobiliers sans scrupules (synonyme, sans doute). C’est aussi un polar qui parle d’écologie, de dureté de la vie, de violences et d’homophobie.

Non, ceci n’est pas un polar trépident, c’est un polar qui prend son temps, même s’il se lit, lui aussi, sur une grosse soirée (difficilement lâchable, lui aussi), tant les ambiances sont corsées, prégnantes.

C’est un roman qui met en scène un crime atroce, dans une île de beauté, qui cache bien la noirceur des Hommes… Il faudra beaucoup de ténacité et de courage à Diou pour trouver le coupable et vivre avec un terrible dilemme.

Un très beau roman policier !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°105].

La Femme paradis : Pierre Chavagné

Titre : La Femme paradis

Auteur : Pierre Chavagné
Édition : Le mot et le reste (06/01/2023)

Résumé :
Coupée de la civilisation depuis plusieurs années, une femme sans passé survit au cœur de la forêt. Elle a apprivoisé les règles du monde sauvage pour mener une vie faite de pêche, de maraîchage et de méditation, où le sang n’est jamais versé en vain.

Son existence spartiate et harmonieuse est bouleversée lorsqu’un coup de feu claque sur le causse. Cette détonation précipitera une série d’événements implacables, questionnant les forces qui l’ont amenée à choisir l’exil, la place qu’elle occupe dans le monde des hommes, et la trace qu’elle souhaite y laisser.

Se jouant habilement de la mince frontière qui sépare le désir de la raison, ce texte vif et cinglant ébranle nos certitudes. Que sauver quand tout s’effondre ?

Critique :
Qu’est-ce qui a bien pu se passer, dans cette France, pour qu’une femme vive en autarcie dans la forêt, seule ? Apocalypse ? Pandémie totale ? Extermination d’une partie de la population ?

En commençant ce roman, nous ne le savons pas. D’ailleurs, nous en saurons peu aussi sur cette femme qui vit seule, dans sa grotte, comme au temps des premiers hommes, presque. Son prénom, nous ne le savons pas, ni celui de celui qui semble avoir été son amour, un certain P.

On ne sait même pas comment elle est arrivée là… Et vous savez quoi ? On s’en fout, ça n’entrave pas la lecture d’en savoir le moins possible, parce qu’on se laisse porter par son récit, ce huis clos où elle nous raconte ses journées, ce qu’elle a fait pour survivre (depuis 6 ans)… Le fait qu’il y ait que peu de dialogues n’est pas dérangeant non plus. La puissance du roman est ailleurs.

Ce roman, qui semble être, au premier abord, une dystopie ou un roman post-apo, se lit d’une traite, sans respirer, sans même relever la tête, tant on est pris par le récit, à la première personne du singulier, de cette narratrice qui a réussi à survivre là où j’aurais, sans aucun doute, crevé.

C’est un roman qui porte en lui de la beauté, celle des forêts, des animaux, de la vie simple que cette femme a réussi à s’offrir, en survivant à on ne sait toujours pas quoi.

Et dans cette beauté, dans ce silence de cathédrale, l’auteur a incorporé une dose de violence, sans pour autant que l’équilibre soit rompu. Nous baignons, tout comme la narratrice, dans un décor post-apo, il est donc compréhensible qu’elle se méfie de ses semblables et qu’elle leur fasse la chasse.

Ce n’est que sur la fin que nous commençons à comprendre ce qu’il s’est vraiment passé et que tout nous explose à la figure, donnant au roman une autre dimension, encore plus brutale que le post-apo. Tous s’éclaire, mais nous plonge dans une noirceur inattendue, violente et compréhensible. Waw, bravo.

Si je n’ai pas su m’attacher au personnage, j’ai terminé ma lecture sonnée, déboussolée, désorientée par ce que j’avais entraperçu avant que ça ne m’explose d’un coup, me laissant bouche bée.

Une excellente lecture, courte, rapide, puissante. Une lecture que l’on laisse décanter lorsqu’on referme le roman, afin de bien laisser infuser tout ce que l’on vient d’apprendre sur la vie de notre femme des bois.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°101].

Les Aigles de Panther Gap : James A. McLaughlin

Titre : Les Aigles de Panther Gap

Auteur : James A. McLaughlin
Édition : Rue de l’échiquier (12/05/2023)
Édition Originale : Panther Gap (2023)
Traduction : Christian Garcin

Résumé :
Frère et sœur inséparables, Bowman et Summer passent leur enfance en pleine nature, dans un ranch sauvage et isolé, véritable forteresse secrète dans le Colorado. Ils grandissent sous la férule de leurs oncles et de leur père qui les élèvent avec la même discipline de fer que leurs aigles de chasse.

Arrivés à l’âge adulte, ils s’éloignent l’un de l’autre et choisissent des chemins différents : Summer reprend l’exploitation familiale, tandis que Bowman met les voiles et part vivre reclus dans la jungle du Costa Rica, loin de la civilisation et de son confort moderne.

Mais, vingt ans après leur séparation, ils sont rattrapés par une sombre et dangereuse histoire de succession. Ils vont non seulement devoir affronter les fantômes du passé et les affaires troubles de leur grand-père défunt, mais également être contraints de se réconcilier pour se protéger de la violence sanguinaire des cartels, qui en veulent à leur héritage.

Les Aigles de Panther Gap met en scène une fratrie cabossée et une histoire familiale chargée de lourds secrets, dans un grand Ouest sauvage traversé par la cruauté des cartels de la drogue.

Pour ce deuxième roman, James A. McLaughlin confirme tout son talent et renoue avec ce qui a fait le succès de Dans la gueule de l’ours, en alliant avec brio la violence et l’efficacité du thriller à la beauté sensible et sauvage du nature writing.

Critique :
Bowman et Summer, frère et soeur, ont été élevé à la dure par leur père, dans un coin paumé, plus perdu que le pire trou du cul de l’Amérique. Une sorte de ranch déguisé en forteresse (ou le contraire : une forteresse déguisée en ranch).

Élevant des aigles et parcourant la nature, les deux gosses sont totalement adapté dans un biotope naturel, mais n’ont jamais vu la ville.

Leur père semble craindre un danger, mais comme il ne parle pas beaucoup et cache tout, ses enfants ne sauront rien ou pas grand-chose et 20 ans plus tard, il semble que le secret est en train de leur péter à la gueule.

Le précédent roman de l’auteur, « Dans la gueule de l’ours », m’avait emballé et il avait terminé en coup de coeur. Voilà pourquoi j’étais impatiente de lire son second ouvrage (il m’a fallu du temps pour le trouver en seconde main) et finalement, il est plusieurs crans en-dessous du précédent.

Pourtant, au départ, tout avait bien commencé. N’ayant pas vraiment relu le résumé, je ne savais pas où j’allais aller et je m’en fichais un peu, tant le récit qui avait des airs de nature writing, me plaisait bien.

La tension montait déjà, les récits étaient alternés entre ce qui arrivait à Bowman, revenant du Costa Rica et celui de Summer, au ranch, sans oublier celui de touristes dormant dans un coin perdu et à qui il va arriver des grosses emmerdes.

Puis, j’ai ressenti une lassitude : l’alternance des chapitres étaient une bonne idée, mais cela m’a donné l’impression que l’auteur ajoutait trop de choses pour retarder le final, qu’il ajoutait trop de rebondissements, trop de rocambolesque, afin d’augmenter la taille de son histoire et finalement, j’ai trouvé que cela alourdissait le récit, le rendant aussi pesant que marche dans de la mélasse.

Trop c’est toujours trop, trop est l’ennemi du mieux. C’est bien d’être ambitieux, mais l’auteur a voulu englober trop de faits dans son histoire : cartels de drogues, héritage, passé trouble, secrets de famille, nature, animaux, violences,…

L’affaire secondaire, celle avec le cartel, aurait pu être évitée, elle n’apporte rien, si ce n’est des pages de plus et je me suis perdue à ce moment-là, sans jamais arriver à revenir totalement dans le récit.

Malgré tout, le début était très bien, je ne peux donc pas parler de lecture foirée totalement, mais elle n’était pas à la hauteur de mes attentes, surtout après un aussi bon premier roman…

À noter que la majorité des lecteurs/lectrices sur Babelio ont des avis plus enthousiastes que moi.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°099]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°19.