Titre : Au nord de la frontière
Auteur : R. J. Ellory
Édition : Sonatine (21/03/2024)
Édition Originale : The Last Highway (2023)
Traduction : Fabrice Pointeau
Résumé :
Victor Landis est shérif dans une petite ville de Géorgie. C’est un homme solitaire, qui a dédié son existence au travail. Pour toute famille, il ne lui reste que son frère, Frank, avec qui il a partagé une enfance misérable avant qu’une brouille ne sépare les deux hommes.
Lorsque Frank est retrouvé mort dans des circonstances étranges, Victor décide de passer la frontière du Tennessee afin d’en savoir plus. Là, il découvre que son frère avait une ex-femme, et une fille, dont il ignorait l’existence. Pour sa nièce, Victor doit tenter d’en savoir plus sur la mort de Frank.
Le voilà immergé au cœur des communautés isolées des Appalaches, où la drogue, les trafics en tous genres et la corruption sont omniprésents. Bientôt, sa piste le conduit sur une série de meurtres inexpliqués de jeunes adolescentes…
Critique :
Le Tennessee… Ça donne envie de chanter, tiens ! Mais le shérif Victor Landis n’a pas envie de pousser la chansonnette, son frère, shérif aussi, mais dans un autre comté, est mort, écrasé par une voiture et ça ne sent pas l’accident accidentel.
Son frangin, avec qui il était brouillé depuis des années, était-il un pourri ? Un corrompu ? En tout cas, ça ne sentait pas bon, quand Victor a commencé à enquêter sur la mort de son frère et à foutre son nez partout.
Les Appalaches, c’est toujours un voyage dont on ne revient pas tout à fait indemne et cette fois-ci, nous ne serons pas dans le Kentucky, mais en Georgie. Tout une promesse de voyage.
La promesse a été tenue, tout au long de ce récit qui sentait bon le roman noir. Ce récit n’est pas nerveux, il prendra son temps, ici, on ne court partout, on enquête à l’ancienne et comme nous sommes début des années 90, pas de nouvelles technologies pour se faire aider.
L’auteur a agencé son récit comme un oignon dont on retire les épluchures au fur et à mesure, le déshabillant doucement, faisant avancer l’enquête de Victor sans se presser et nous dévoilant des mystères au fur et à mesure de cet effeuillage. Mais plus on se rapprochait du centre et plus ça puait la charogne crevée oubliée au soleil !
La petite ville où officie Victor Landis n’est pas une ville riche, elle est peuplée de petites gens, de dealer, de gens qui bouclent leur fin de mois difficile, mais l’auteur ne nous a pas présenté de rednecks ou de ploucs bas de plafond, parce que non, tout le monde n’est pas ainsi dans ces régions que traversent les Appalaches. Par contre, chez eux, la famille, c’est hyper important.
Ce roman noir de 500 pages se lit assez vite, sans vraiment que l’on se rende compte du temps qui passe. Pas d’ennui, pas de ralentissement, pas d’endormissement. Le récit est réaliste et si je n’ai pas ressenti d’atomes crochus avec Victor, je l’ai trouvé terriblement vivant, réaliste au possible. Tout comme les autres personnages, même les méchants, plus que réussi, sans que l’auteur en fasse des caisses.
Victor Landis n’est pas le shérif le plus intelligent du comté, il va se tromper, va apprendre des choses par d’autres personnes, se tromper, marcher sur les pieds de tout le monde, planter des bâtons dans bien des nids de frelons, que ce soit pour l’enquête sur l’assassinat de son frère ou sur les meurtres d’adolescentes qui ont eu lieu dans différents comtés. Il est pataud, taiseux, ne montrant pas ses sentiments et pour finir, on se prend d’amitié pour lui.
Un roman noir à l’intrigue assez classique, certes, mais qui ira plus loin que ce que je pensais au départ, qui va aller déterrer des faits divers bien glauques, bien réels et apporter son lot d’émotions là où je n’en attendais pas et faire vibrer ma corde sensible. Le final a fait monter ma tension, parce que là, le suspense était à fleur de peau.
Un roman noir très sombre, mais avec une lueur au bout du tunnel, avec de l’humanité, le tout porté par une belle écriture qu’est celle de R.J Ellory, le champion anglais des romans noirs américains (sans oublier les traductions réalisées avec brio par Fabrice Pointeau, décédé à ce jour).
Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°160] et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°47.