La Conjuration de Dante : Fabrice Papillon

Titre : La Conjuration de Dante

Auteur : Fabrice Papillon
Édition : Seuil (08/03/2024)

Résumé :
Les tombeaux des plus grands scientifiques profanés.
Des meurtres inexpliqués dans plusieurs capitales européennes.
Un complot d’une envergure sans précédent.

Une enquête de la commissaire Vernay, sous haute tension.

Fabrice Papillon, journaliste et producteur de documentaires, est l’auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique et de thrillers. Il revient avec un quatrième roman dantesque !

Critique :
J’avais fait connaissance de Louise Vernay, commandante de la brigade criminelle de Lyon,  dans « Aliénés » et, entre elle et moi, le courant n’était pas passé.

Devenue commissaire au bastion à Paris, elle est toujours aussi bourrine, toujours aussi cash, grossière, n’écoutant personne, traînant une palanquée de casseroles et torturée au possible depuis l’enfance. Ce n’est pas avec ce roman que j’allais me réconcilier avec elle.

Je sais qu’il n’est pas évident de créer une héroïne équilibrée… Il ne faut pas qu’elle soit fleur bleue, ni trop badass, ni trop pleurnicheuse, ni trop torturée, ni trop effacée derrière les mecs, ni trop pieds dans le plat, bref, ce n’est pas simple. L’auteur ne doit pas aimer sa Louise non plus, vu tout ce qu’elle va encaisser comme blessures dans ce récit !

Le scénario, lui, était copieux, ne manquait pas de rythme, de mystères, de changement de pays, de lieux, et pourtant, j’ai trouvé le temps long… Notamment dans la première moitié du roman, ce qui est ballot, parce que ça ne manquait pas de rebondissements et de trucs de ouf.

Par contre, ce que j’ai apprécié, c’est le côté scientifique de ce thriller, parce que l’on apprend des choses, l’auteur sait de quoi il parle et il arrive à mélanger la science avec son récit survolté, sans que cela soit lourd, indigeste ou que cela nous donne l’impression que nous sommes des crétins.

L’auteur nous parle de matière grise, de cette chose importante qu’est notre cerveau, de tout ce que l’on sait (et qu’on ne sait pas encore), mais il parlera aussi de Nature, des arbres connectés entre eux, de la toile réalisée par les champignons, de l’être humain, des génies, du Mal, du Bien, du fait que nous allons droit dans le mur (je pense que nous avons déjà la gueule dedans)…

Oui, le roman possède beaucoup de sujets intéressants et heureusement, c’est ce qui a sauvé une partie de ma lecture, du fait que Louise Vernay me sortait par les trous de nez et que je ne ressentais aucune empathie pour les différents personnages de ce roman (si ce n’est pour deux rôles secondaires qui étaient tenu par des personnes existant réellement). Vraiment ballot !

L’erreur que j’ai faite, aussi, c’est de commencer ce pavé de 500 pages la veille d’un week-end chargé où il m’a été impossible de lire (j’ai perdu plus de 2 jours) et de devoir ensuite le mettre sur le côté pour cause de LC (j’avais vraiment mal calculé mon coup, moi). Lorsqu’une lecture met trop de temps, cela me fait perdre un peu le fil de l’histoire.

L’écriture de l’auteur est simple, sans être simpliste, il a fait en sorte que les lecteurs ne soient pas trop perdus dans son récit tortueux aux multiples rebondissements (et quelques sauts dans le temps) et il a fait aussi en sorte de nous apporter les explications de tout cela dans le final, avec un personnage qui va tout expliquer, comme de bien entendu.

Mais le final m’a fait perdre tout intérêt pour le roman, tant il manquait de finesse, notamment avec l’espèce de méchant qui avait tout du fou du labo 4 (vieux film de 1967) ! Qu’un groupe aussi intelligent que celui mis en scène dans le roman, ait laissé ce personnage manier les scalpels tout azimuts et faire autant de conneries, cela m’étonne… Peut-être pas si intelligente que ça, cette académie des neuf.

Anybref, ce thriller survolté a des défauts et des qualités, peut-être même les défauts de ses qualités… Il m’a donné l’impression d’être trop sucré, trop salé, trop gras et de manquer d’équilibre dans le scénario (ah, ces personnages qui vivent des trucs à la Bruce Willis en peu de temps).

Pas de doute qu’il y a 20 ans, il m’aurait tenu en haleine et que je l’aurais kiffé grave, mais maintenant, ça passe moins bien chez moi (ben oui, ceci n’est que mon avis personnel !), notamment parce que tout cela ne me semble pas réaliste (et entre nous, j’espère que j’ai raison, parce que sinon, portez des couches culottes, vous risquez de faire sur vous !), même si je sais aussi que la réalité dépassera toujours la fiction (un président pareil qu’un Trump, dans un roman et j’aurais crié au remboursement, à l’irréalité et pourtant, il est réel…).

Une lecture en demi-teinte, même si je retiendrai les points positifs de ce roman qui me permettront, à l’aide de ces petites anecdotes, de briller à la fin d’un repas de famille !

À noter que dans l’ensemble, les critiques pour ce roman sont positives et que je vais encore faire figure de minorité dans les mitigés…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°161].

Enquête Royale à Buckingham : Anna Cazine [Par Dame Ida, Lectrice de la Reine]

Titre : Enquête Royale à Buckingham

Auteur : Anna Cazine
Édition : Librinova (08/12/2023)

Résumé :
A Buckingham Palace, Elisabeth II adore écouter les potins à l’insu de tous. Un jour la conversation qu’elle surprend entre deux employée fait état d’un mystérieux journal intime retrouvé par une femme de ménage qui disparaît peu après sa découverte. Ce carnet serait celui de Lady Diana… Et elle y révèlerait le nom de son futur mari.

Entre ses obligations officielle set familiales, la souveraine mène l’enquête en toute discrétion afin de retrouver ce journal au contenu explosif et d’éviter le scandale. Mais comment œuvrer sans attirer l’attention ?

L’avis de Dame Ida :
Connaissant mon goût pour la série « Sa Majesté mène l’Enquête » que nous devons à S.J. Bennet, notre Belette Internationale m’a vivement conseillé la lecture de ce roman d’Anna Cazine qui lui aussi met, feue Sa Majesté Elisabeth II, en position d’enquêter discrètement sur un mystère mystérieux survenant à Buckingham Palace, avec pour objectif évident d’éviter le scandale d’une fuite.

Evidemment, que deux auteurs traitent le même sujet, même si le contenu des enquêtes est différent, peut nous sembler troublant. Certes, Elisabeth II était un personnage public pour ne pas dire un mythe… et comme les deux auteurs prennent soin de la dépeindre conforme à l’image que les britanniques et le monde avaient d’elle, sans jamais lui manquer de respect, on ne s’offusquera pas de cela.

Mais que deux autrices différentes aient l’idée de la transformer en enquêtrice amatrice, à une époque où les histoires d’intelligence artificielle et de plagiat sont de plus en plus fréquentes et saignantes… Cela peut interroger.

J’ai donc recherché plus d’éléments.

On notera que Madame Cazine a été la première à traiter le sujet au début des années 2000, et que Mme Bennet s’y est mise vingt ans plus tard. En revanche, Mme Bennet a persévéré en publiant plusieurs enquêtes menées par Sa Majesté alors que Madame Cazine semble n’avoir produit qu’un « one shot », et… que Mme Bennet me semble-t-il, a mieux su développer ses intrigues à mon goût.

Or donc reprenons…

En traînant dans un couloir, Sa Majesté surprend une conversation concernant un journal intime qui aurait été retrouvé lors du ménage, et qui laissait entendre qu’une certaine dame avait prévu de se remarier et que l’information risquait de provoquer grand bruit… Emoi de la femme de ménage… Qui disparaît mystérieusement avant que Sa Majesté n’ait le loisir de lui demander des détails et d’écarter son soupçon qu’il ait pu s’agir du journal d’une certaine Princesse des cœurs que la Princesse Margaret trouvait plus empoisonnante morte, que vivante (enfin… dans le film The Queen… Je ne sais pas si la citation est authentique !).

Que sont devenus cette femme de ménage et surtout, ce journal qui pourrait encoooore une fois faire vaciller la monarchie britannique ? Mystère et boules de gnomes et voilà Sa Majesté partie enquêter, comme si elle n’avait que ça à faire et pas de personnel de police ou de sécurité, de services secrets ou des porte-avions pour le faire à sa place.

Mais bon c’est plus sympathique comme ça et des porte-avions dans les couloirs du palais, ça ferait tâche.

Cela étant si on est un peu au courant des mœurs des Royals (je suis abonnée à Paris Match moi ! Et des fois je vais chez le dentiste ou le médecin et j’attends des plombes dans les salles d’attente), je me permettrais de soulever quelques invraisemblances.

Pour rappel Lady Diana, même au cours de son mariage avec Charles III alors Prince de Galles, n’a JAMAIS résidé à Buckingham. Le « couple » résidait au palais de Kensington.

Il était possible qu’ils puissent séjourner brièvement à Buckingham par commodité après un long dîner ou que sais-je encore mais… Diana n’a certainement jamais passé une nuit à Buckingham après son divorce avec Charles, ni dans aucune autre résidence royale.

On voit donc mal comment un journal tenu par Diana et évoquant un projet de remariage aurait pu être retrouvé derrière un meuble d’un des salons de Buckingham, où elle n’a jamais vécu et encore moins été reçue après son divorce. C’est impossible.

Un journal intime, ça ne se laisse pas traîner ailleurs que dans un tiroir de sa chambre !

Si Lady Diana a pu passer un temps significatif à Buckingham au point d’y tenir un journal… Ce serait en réalité dans les semaines qui ont précédé son mariage avec celui qui n’était que le Prince Charles à l’époque. Il fallait la mettre à l’abri du harcèlement des journalistes et que Queen Mumm s’occupe de son éducation de future Princesse de Galles.

Donc même si Lady Diana avait pu égarer un journal parlant de son futur mari dans un salon de Buckingham Palace et bien… il n’aurait pu s’agir que de Charles ! Tu parles d’un scoop !

Et puis… En 2003, date de sortie du livre… Lady Diana était décédée depuis… Six ans.

Je veux bien que Buckingham Palace soit une grande maison et qu’il n’est pas possible de maintenir un tel lieux dans une propreté aseptisée de bloc chirurgical, mais, je doute qu’on y fasse si mal le ménage pour ne retrouver un carnet coincé derrière une console que tant d’années après (note de la Belette : chez moi, ce serait possible, la femme de ménage ne fait pas toujours les coins et je sais de quoi je parle, puisque c’est moi ma femme de ménage – mdr).

Excusez moi de croire que le personnel de Sa Majesté, bien que notoirement sous payé, soit si peu motivé. Dans les hôtels de luxe en plus, des gouvernantes limite sadiques passent derrière les femmes de ménage pour vérifier que rien n’a été négligé quitte à se mettre à quatre pattes sous les meubles ou de monter sur des escabeaux pour vérifier qu’il n’y a pas de poussière sur un toit d’armoire.

Je doute fort que les gouvernantes de Buckingham Palace soient moins exigeantes qu’elles, au point de passer à côté de ce carnet, elles aussi, pendant des années.

Par ailleurs, on nous explique que Sa Majesté fait quelques promenades à cheval… À Buckingham…

Vous m’auriez dit à Windsor, ou dans sa retraite de Balmoral… Ou à Sandringham… qui sont à la campagne et qui occupent de grands domaines… j’aurais dit : pourquoi pas ? Evidemment même !

Mais dans le parc de sa résidence Londonienne de Buckingham… J’ai quelques doutes.

Je veux bien qu’elle était encore photographiée en selle à 94 ans… Mais demandez à l’application Google Earth de vous montrer le domaine de Buckingham… Il est plutôt rikiki (bon ok il est plus grand que les jardinières que j’avais à mes fenêtres) et s’y promener à cheval tiendrait plus de la balade au pas à dos poney de 15 minutes que l’on propose à certains très petits citadins dans les parcs parisiens ! Pour des passionnés de dadas comme la défunte Reine, ou le Roi Charles III, ce serait absolument ridicule.

Et puis quand Sa Majesté était à Londres, elle avait en réalité assez peu de temps pour monter à cheval ou enquêter, car elle y venait surtout pour honorer ses engagements.

Que l’autrice se soit permise des libertés avec le probable… pourquoi pas… c’est un roman. Mais quand même… Il ne s’agit pas de lieux fictifs ni de personnes fictives alors, je ne suis pas à l’aise qu’on imagine des choses trop éloignées des possibles.
À part cela, la lecture était très agréable et la psychologie prêtée à Sa Majesté semble correspondre à sa légende, même si je ne suis pas certaine qu’elle fut une telle commère à l’affut des potins.

Malgré tout, l’amatrice de polar que je suis, aime bien essayer de trouver qui est l’assassin lorsqu’elle lit un tel livre.

Or… Pendant 90% de l’ouvrage aucun élément ne nous sera donné pour nous mettre sur sa piste. Ils ne tomberont du ciel, comme par hasard, pour confondre le coupable, juste quelques pages avant qu’on ne le serre. C’est, pour moi, un défaut majeur.

Et puis… Quant à ses mobiles, on ne pourra que les supposer, car il n’y aura pas d’épilogue explicatif nous permettant de voir si Sa Majesté avait bien supposé.

Or donc en résumé : une écriture agréable, une psychologie du personnage principal respectée, mais trop d’approximations probablement erronées sur les usages des Royals, et un développement d’intrigue décevant, ne permettant pas aux lecteurs de participer à une enquête qui se résout presque par hasard.

LUX : Maxime Chattam [Par Dame Ida qui n’a pas été éblouie par la lumière…]

Titre : LUX

Auteur : Maxime Chattam
Édition : Albin Michel (02/11/2023)

Résumé :
Les scientifiques comme les religieux ne peuvent expliquer ce qu’elle est ni d’où elle vient.

Elle va transformer pour toujours le quotidien du monde entier, en particulier l’existence d’une mère et de sa fille.

Tout en posant la question qui nous obsède tous… Nos vies ont-elles un sens ?

Un roman au suspense saisissant, hommage lumineux à Barjavel et à la littérature qui divertit, qui interroge.

Maxime Chattam comme vous ne l’avez jamais lu.

L’avis de Dame Ida :
Maxime Chattam est un auteur qui me pose souvent problème lorsqu’il s’agit de donner mon avis sur ses livres.

J’ai adoré certains d’entre eux tandis que d’autres m’ont paru carrément bâclés, que ce soit dans une documentation/recherche trop approximative ou quant à la rédaction de dénouements sombrant dans la facilité ou le grotesque en ressemblant à la fin d’un James Bond.

Et comme je m’étais habituée au meilleur en le découvrant, j’ai tendance à me montrer très exigeante avec lui, sachant de quoi il est capable… Et de fait, lorsqu’il me déçoit je deviens féroce.

Ce roman-là ne fera pas partie de mes préférés, loin de là, pour un certain nombre de raisons.

J’ai tout d’abord trouvé le choix des thématiques abordées un brin racoleur, pour ne pas dire bien trop respectueux des diktats de la pensée woke, qui terrorisent actuellement le monde de la culture. En effet, tous les thèmes chers à ce mouvement de pensée sont présents ! Chattam a bien coché toutes les cases.

Les femmes sont à la manœuvre, voire au pouvoir et en couple lesbien à l’Elysée ; l’une des héroïnes est transgenre, les hommes sont tous des salauds à une exception près (je ne vous dirai pas laquelle !) ; on ajoute une critique en règle du déséquilibre Nord/Sud, sur fond d’apocalypse écologique liée au réchauffement climatique et de théories du complot. Tout y est !

N’a-t-on pas prévenu l’auteur que les romans qui passent à la postérité traitent de l’universel et non de l’actualité, ou doctrines à la mode que nous offrent les médias et qui seront dépassés et sans intérêt quelques années plus tard, quand d’autres préoccupations auront pris le relais dans le poste ?

Bon OK… le réchauffement climatique est parti pour durer un moment… Et puis… Certes les écrivains ont des factures à payer, il faut bien qu’ils mangent, entre deux chefs-d’œuvre…

Anybref, toutes les occasions seront bonnes pour que l’auteur déploie dans la bouche de ses personnages ses propres analyses personnelles sur les discours sociétaux, rebattus dans l’actualité, à travers le prisme de leurs sensibilité supposé.

Ces monologues, bien clairement développés, sans contradiction dans des dialogues, qui en deviendront totalement artificiels ou improbables (qui fait ça dans la vraie vie, à moins de vouloir pontifier ?) me paraîtront pour le moins maladroits, pour ne pas dire lassants, vu leurs répétitions.

Par ailleurs, je suis une lectrice exigeante et j’apprécie les auteurs qui veillent plus à défendre les vérités objectives sur les grandes questions qu’ils soulèvent, en se renseignant comme il le faut… plutôt qu’en calant leur discours sur les idéologies à la mode.

Alors oui… Quand Chattam reprends à l’envie l’idéologie transgenre selon laquelle les personnes transgenres sont « nées dans le mauvais corps » ou que « l’anomalie est dans le corps », ça m’énerve puisque sur le plan de la vérité scientifique et développementale, notre consciences d’appartenir à un genre suppose d’avoir acquis le langage élaboré ou abstrait, ce que nous faisons au mieux à partir de trois ans, alors que notre sexe biologique est déterminé, quant à lui, dès la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde.

Ce n’est pas parce que la médecine a moins de mal à modifier un corps (et encore ce n’est pas si simple ni anodin) que l’anomalie est du côté du corps. Elle vient du décalage entre l’identité de genre, telle qu’elle se construit, et le réel du corps tel qu’il est à la naissance.

C’est ça la vérité scientifique. Mais… une formulation idéologique allant dans le sens de ce que les principaux concernés aiment entendre est certainement plus vendeuse…

D’ailleurs convoquer autant de scientifiques au milieux de nulle part, pour élucider un mystère, en galvaudant systématiquement le discours scientifique, sur lequel l’auteur s’est juste renseigné ce qu’il fallait, pour essayer de rendre crédible des thèses au mieux hérétiques, au pire délirantes, est un travers récurrent de l’œuvre de Chattam avec lequel je suis très mal à l’aise. Et là j’ai eu largement ma dose. On se serait crû devant un épisode du Dr Who !

Les choix thématiques, le développement d’un discours pseudo-scientifique, très assurés, seront aussi gênants que certains artifices rédactionnels.

En plus des longs monologues maladroits pontifiants exposant les vues de l’auteur sur l’actualité, on trouvera un abus de cliffhangers assez pénible.

L’usage de l’arrêt d’un chapitre sur un moment stratégique ou à la fin d’un rebondissement, avant d’ouvrir un chapitre traitant d’une autre action simultanée, impliquant d’autres personnages, est une technique pratique pour entretenir le suspens.

Mais quand cela se systématise tous les quatre ou cinq chapitres, ça devient assez pénible en réalité.

Et puis… Et puis… L’intrigue est limite délirante. On n’est ni vraiment dans la SF, ni franchement dans l’anticipation tant ce monde est proche du nôtre, ni pour autant dans le fantastique, et certainement pas dans un polar.

Ce genre indéfini, qui part dans tous les sens, sans en assumer un plus que les autres, met en échec la mécanique de suspension d’incrédulité dès la moitié de ce livre, que je n’ai terminé que pour me sentir légitime à en faire une fiche. Et j’avoue avoir eu du mal à m’accrocher.

Et sans vouloir spoiler, ça se termine… comme Chattam a déjà terminé d’autres romans que je n’ai pas appréciés…

Et autant dire je n’ai pas davantage apprécié cette précipitation qui trouverait certainement toute sa place dans un blockbuster d’action où l’on se préoccupe plus des images à grand spectacle et du suspens immédiat que de la crédibilité et à l’élucidation claire de l’intrigue.

Peut être Chattam ferait-il mieux d’écrire des scenarii pour le cinéma que des romans, en fait… Avec les films d’action, une fois que les gentils sont sauvés et que les méchants sont morts, on accepte mieux de rester dans le flou quant à l’élucidation de l’intrigue.

Elucidation que l’auteur avait, ici, fait le choix délibéré de ne pas inclure dans le corps du texte, pour s’en expliquer dans des remerciements, avant de proposer un chapitre additionnel ensuite, pour nous livrer ces clés…

Son éditeur a dû lui recommander cet ajout pour éviter une manifestation de lecteurs qui se seraient sentis floués… Tu m’étonnes ! Payer 20 balles et te taper 480 pages pour ne toujours pas savoir ce qui s’est passé à la fin au nom du « à chacun sa vérité »… ça fait juste monter la tension !

Donc… ne vous inquiétez pas… allez jusqu’à ce rajout et vous saurez tout ! Enfin… vous en saurez un peu plus… En tout cas suffisamment pour être débouté d’une action en justice afin d’obliger Chattam de vous révéler le nœud du mystère.

Bref, du suspens, un peu d’originalité… Mais une lecture décevante, loin d’être au niveau des attentes que le nom de Chattam peut pourtant soulever.

Le défi Holmes contre Lupin et les brigades : Alain Bouchon et Jean-Paul Bouchon

Titre : Le défi Holmes contre Lupin et les brigades

Auteurs : Alain et Jean-Paul Bouchon
Édition : La geste – Moissons Noires (17/08/2021)

Résumé :
Août 1911.
À l’invitation de ses cousins Vernet qui ont loué une villa sur la côte, Sherlock Holmes remet le pied sur le sol français. Accompagné de son fidèle Watson et d’Harriett Cooper, amie et suffragette enragée, ils apprennent que Jenny Bradpick, la richissime héritière de l’empire Bradpick, portera, à sa prochaine sortie, une parure de diamants ayant appartenu à la Du Barry.

Holmes comprend rapidement la raison de la présence de Lupin à Royan : il va voler les bijoux ! Mais cette manœuvre ne serait-elle pas destinée à masquer l’enlèvement du chimiste Mainsemet ?

Au Grand-Hôtel, plusieurs personnages attirent particulièrement l’attention de Holmes : le chef de réception, Périer, un ancien de la marine marchande ; Nob, un nain faisant fonction de groom ; les Bradpick père et fille, magnats de l’industrie américaine, etc. Il ne manquait plus que l’arrivée des Brigades du Tigre pour réaliser un sommet de la cambriole.

Rien ne se passe décidément comme prévu sur la côte… Le cosy murder parfait à la Agatha Christie.

Critique :
Ayant apprécié le précédent roman des auteurs (Sherlock Holmes et le mystère des bonnes de Poitiers), j’ai décidé de sortir le volume suivant, afin de retrouver le duo Holmes/Watson qui m’avait enchanté.

Déjà, un grain de sable a grippé la machine bien huilée du tome précédent : Watson ! Mais qu’est-ce que les auteurs ont fait de ce personnage important ?

On passe d’un médecin posé à un type ridicule, qui ne sert pas à grand-chose dans cette enquête, si ce n’est regarder dans le décolleté des femmes, faire des siestes et se faire rabrouer par sa compagne, une suffragette un peu hystérique.

Mamma mia, le pauvre Watson ! À ce tarif-là, les auteurs auraient pu le laisser à Londres, au lieu de le transformer en une espèce de caricature qui n’apporte rien au récit, même pas de légèreté, puisqu’il est dans le registre qui frôle lourdement le burlesque. Juste un faire-valoir auquel les lecteurs ne peuvent s’identifier, comme c’est le cas dans les nouvelles de Conan Doyle.

Holmes, de son côté, reste égal à lui-même et il est plus proche du Holmes du canon holmésien. Mais bizarrement, il m’a semblé un cran en-dessous de celui que j’ai connu dans le mystère des bonnes de Poitiers. Effet d’optique ?

Dans ce pastiche holmésien, si vous êtes allergique aux descriptions des décors (paysages, habitations,…) et aux petits faits de société qui se déroulent dans l’époque (mœurs, bals,…), vous risquez de faire une poussé de boutons, parce que les auteurs ont mis le paquet sur l’authenticité de leur roman : vous aurez l’impression d’être à Royan en 1911.

L’irruption de Lupin dans le sac d’embrouille que semblent être les petites affaires que Holmes doit démêler (dont une qui est croquante) pourrait faire croire à de la chantilly inutile, mais non, il aura son rôle à jouer et son importance aussi. Lupin m’a semblé être assez conforme à l’original, bien que je le connaisse moins que Holmes.

Si le début du polar est un peu lent, que les descriptions prennent de la place, que les personnages principaux et secondaires prennent le temps de vivre leurs vacances et de participer à la vie royannaise, après, le rythme s’accélère et cela devient plus intéressant, les petites enquêtes prenant, à ce moment-là, une importance insoupçonnées.

Le final n’a pas lieu dans un salon cosy, ni dans une pièce où le détective a réuni tout les protagonistes… Non, pas de final à la Hercule Poirot, mais vu leurs péripéties, ce final à quelques airs d’Indiana Jones (le fouet en moins, bien entendu), mâtiné d’un vieux James Bond (sans les gonzesses sexy en maillot de bain rikiki).

Pas une mauvaise lecture, mais je lui ai préféré le tome précédent (attention aux spoliers si vous lisez celui-ci avant les bonnes de Poitiers, les auteurs sont un peu trop bavards et donnent le nom de la personne responsable des meurtres), qui était plus à l’image de Holmes, puisque sans espionnage, complots et autres.

Dame Ida avait lu et chroniqué ce pastiche holmésien avant moi et vous pourrez aller relire ce qu’elle en disait en cliquant ici. Son avis était plus ou moins le même que le mien, mais elle avait été plus généreuse en cotation.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°140]. et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°32).

Comme si nous étions des fantômes : Philip Gray [LC avec Bianca]

Titre : Comme si nous étions des fantômes

Auteur : Philip Gray
Édition : Sonatine – Thriller/Policier (07/09/2023)
Édition Originale : Two Storm Wood (2021)
Traduction : Elodie Leplat

Résumé :
Vous avez aimé Au revoir là-haut ? Un long dimanche de fiançailles ? Vous allez adorer Comme si nous étions des fantômes.

Amiens, 1919. Les champs de bataille de la Somme sont désormais silencieux. Ne restent que quelques hommes qui rassemblent les dépouilles pour tenter de les identifier. Amy, une jeune femme arrivée d’Angleterre, cherche à retrouver l’homme qu’elle aime, Edward, porté disparu.

Dans la tranchée où celui-ci a été vu pour la dernière fois, treize cadavres ont été retrouvés. Il apparaît bien vite que leur mort n’a rien à voir avec les combats, ni avec l’armée allemande.

S’inspirant de l’expérience de son grand-père, combattant de la grande guerre, Philip Gray fait preuve d’un réalisme rarement égalé, que ce soit dans la description des champs de bataille ou dans certains aspects souvent passés sous silence de cette période, tels le racisme ou la drogue.

Outre une empathie rare pour ses personnages, il se révèle également un bâtisseur d’intrigue hors pair, qui parvient à maintenir le mystère jusqu’à la toute dernière page de son roman.

Critique :
Voilà ce que j’appelle une lecture montagnes russes, tant je suis passée de l’émerveillement à l’ennui profond…

1919… Dans les tranchées, les armes se sont tues et on recherche les morts afin de tenter de trouver leur identité et de les rendre à leur famille. Imaginez l’ampleur du travail…

Dans 100 ans, ils n’auront pas fini de déterrer tous les morts de la Première Guerre, qui mérite bien son nom de grande boucherie.

Dès le commencement, j’ai été ravie par ce récit, par Amy Vanneck qui quitte son Angleterre pour rechercher Edward, son fiancé disparu durant une bataille d’août 1918.

Et puis, il y avait un premier chapitre mystérieux au possible, des flash-back sur la rencontre entre Amy et Edward et la découverte, dans un abri de tranchée, de plusieurs cadavres mutilés, essentiellement des chinois du Chinese Labour Corps, et dont la mort ne pouvait être attribuée à la guerre ou à des allemands. Bref, ça commençait d’une manière des plus intéressantes et je sentais venir la super lecture.

Et puis bardaf, je suis tombée dans une tranchée et j’y ai erré, perdue dans le no man’s land qu’a traversé le récit, à un moment donné, et ce ne fut pas le seul grand moment de solitude que j’ai ressenti.

Ce fut une alternance de récits passionnants, que je dévorais (l’utilisation de cocaïne et laudanum, les chinois qui bossaient sur les lignes de chemin de fer durant le conflit et après, pour dégager les corps,…) et de période de vaches maigres ou je tournait en rond, comme l’histoire, comme l’enquête, qui n’avançait pas.

Avec cent pages de moins, on aurait eu un récit plus resserré et je n’aurais pas eu cette impression que l’auteur ajoutait du texte pour retarder au possible son twist final.

La solution finale, je l’avais déduite, ayant éliminé tout ce qui était improbable, mais j’avoue que je n’avais pas tout vu, tout analysé.

Un polar historique qui aurait été plus dynamique avec moins de pages, moins d’atermoiement, des personnages intéressants, attachants (certains plus que d’autres), une écriture agréable à suivre, mais une mauvaise gestion du rythme du récit.

Une LC en demi-teinte avec ma copinaute Bianca et elle vous dira tout dans sa chronique qui se trouve !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°136] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°28).

Les enquêtes lyonnaises de Sherlock Holmes et Edmond Luciole – 01 – L’affaire des Colonels : Eric Larrey

Titre : Les enquêtes lyonnaises de Sherlock Holmes et Edmond Luciole – 01 – L’affaire des Colonels

Auteur : Eric Larrey
Édition : Independently published (02/02/2019)

Résumé :
La vie d’Edmond Luciole, récemment installé à Lyon, ne sera plus tout à fait la même après avoir accepté la proposition d’un ami d’enfance. Il ne s’agissait au départ que d’héberger durant quelques semaines un jeune cousin britannique du nom de Sherlock Holmes.

Mais en ce début d’année 1870, une série de meurtres alarme les autorités. Sous l’impulsion de Sherlock, Edmond accepte de mener l’enquête …

Critique :
Puisque j’avais lu les deux hors-série de cet auteur, j’ai eu envie de découvrir ses romans (auto édition), de passer un peu de temps dans un pastiche qui met en scène un Sherlock Holmes à Lyon, en 1870.

Ce premier pastiche raconte l’arrivée de Holmes chez Edmond Luciole et les circonstances qui ont fait que notre jeune futur détective a dû s’exiler en France et habiter chez Edmond.

Mon but n’est pas de descendre cette série, ni l’auteur, mais malheureusement, ce pastiche souffre de défauts, des minimes, de ceux que l’auteur aurait pu éviter et un écueil de taille…

Le début met du temps à se mettre en place, mais pas d’ennui ressenti puisque l’auteur nous parler de l’installation de Holmes chez Luciole, de la vie domestique…

Lorsque les premiers crimes surviennent, il faudra du temps à Holmes avant de pouvoir s’occuper de l’affaire et ses investigations vont mettre du temps. Hors, avec Holmes, la rapidité des enquêtes est une vertu, le format des nouvelles lui va toujours mieux que celui des romans (hormis quelques exceptions).

Quelques longueurs, mais ce n’est pas le plus important, d’autant plus que la résolution n’est pas simple, que le mobile des crimes n’est pas évident à trouver et que l’auteur a bien tiré son épingle du jeu en incorporant ce qu’il fallait dans sa fiction (no spolier). Oui, j’ai aimé la résolution de l’enquête.

Un autre point qui blesse, c’est le fait qu’il y ait des fautes assez lourdes dans le récit. Attention, je fais des fautes aussi, là n’est pas la question, mais je ne parle pas ici de fautes d’accord, mais de mots : « cochet » en lieu et place d’un « cocher »… Les hommes du « gué » à la place des hommes du « guet » et on a même un homme à qui on demande de faire le « gué »… Qu’il fasse le « guet », ça ira mieux ! Une relecture aurait permis d’éviter ces erreurs.

Et le pire… Comme dans les deux nouvelles que j’avais lues, le bât a blessé aux mêmes endroits : Holmes, bien que ressemblant au canonique, manque de présence, de flamboyance et on a l’impression qu’il n’est pas là, comme si l’enquête était menée par un détective brillant, mais dont on ne perçoit guère la lumière.

Dans ce roman, il possède toutes les qualités du détective qu’il sera sous la plume de Conan Doyle, sans les défauts les plus importants, comme son ton sarcastique, son air hautain face à la lenteur d’esprit des autres, bref, il lui manque son caractère horripilant bien à lui (son côté excentrique, égoïste, impatient et peu tolérant).

Dans les récits canoniques, Holmes écrase tout le monde de sa personnalité. Ce qui n’est pas le cas ici. Alors effectivement, chaque auteur lui donne un caractère différent du canonique et j’ai déjà lu des pastiches avec des Holmes moins excentrique que l’original, mais il faut tout de même qu’il lui reste la prestance et la flamboyance ! Sinon, c’est comme si Hercule Poirot perdait son élégance coutumière…

Donc voilà, ma chronique pourrait vous faire penser que je descend ce pastiche, hors, ce n’est pas le cas. Il y a des bonnes choses dans ce roman, notamment dans la résolution de l’enquête, dans le côté Historique bien mis en place (la France est passée par plusieurs système de gouvernance, depuis 1789) et la ville de Lyon bien présente.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°116] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°08).

Meurtres sur le Christmas Express : Alexandra Benedict [LC avec Bianca]

Titre : Meurtres sur le Christmas Express

Auteur : Alexandra Benedict
Édition : Charleston (10/10/2023)
Édition Originale : Murders on the Christmas Express (2022)
Traduction : Jessica Shapiro

Résumé :
La veille de Noël, dix-huit passagers montent à bord d’un train couchette à destination des Highlands. Mais au beau milieu de la nuit, le convoi déraille et les festivités des voyageurs tombent à l’eau.

Alors que le train est coincé sous une tempête de neige au milieu de nulle part, un mystérieux tueur parcourt ses wagons. Ceux qui s’endorment pourraient bien ne jamais se réveiller…

Parmi les voyageurs se trouve Roz, une ancienne inspectrice s’apprêtant à rejoindre sa fille sur le point d’accoucher six semaines avant le terme. Roz parviendra-t-elle à arrêter le meurtrier ?

Critique :
Quand on me parle de train couchette, de long voyage, de neige et que l’on y ajoute le fait que le train soit arrêté au milieu de nulle part, je ne me sens plus et j’ai envie de crier « un meurtre, un meurtre, je veux un meurtre ».

Lorsqu’on aime les romans policiers, on a toujours envie de voir des meurtres, de donner son royaume pour un crime et un (ou une) enquêteur (trice). Hé, dans les fictions, bien entendu, pas dans la réalité.

Tous les ingrédients d’un bon huis clos ferroviaire étaient réunis, puisque, à défaut d’un détective belge à belle moustache (Poirot), nous avions Roz, une jeune retraitée de la MET de Londres (à 50 ans, waw, trop génial).

Le premier chapitre nous plonge de suite dans l’ambiance : un assassin rôde, on a eu une dispute de couple entre deux personnages et le train s’est arrêté brusquement. Puis, chapitre suivant, le récit va commencer au tout début, lorsque notre fraîche retraitée va prendre ce train de nuit à la gare de Londres, le 23 décembre, en direction de l’Écosse.

Dans ce train de nuit, nous ferons la connaissance des différents personnages qui feront le voyage, et d’emblée, il y en a un que l’on a envie d’assassiner ! Grant est un mec imbu de sa personne, un homme qui se plait à rabaisser sa compagne, à la traiter comme une merde. Et rien ne le sauve, son personnage est abject, infect.

Jaloux comme un pou, il ne se prive pourtant pas de tremper son biscuit dans toutes les tasses de café qui passent. Sans doute que pour lui, ce n’est pas tromper, mais juste pour l’hygiène (et si sa compagne l’imitait, il l’assommerait à coup de beignes, comme le chantait si bien Renaud).

Pour cet homme, j’ai souhaité que Jason Voorhees ou Tronçonneuse Man débarquent dans le train, afin de lui régler son compte au plus vite et qu’ils éparpillent son corps façon puzzle, dans la nature. Non, à ce niveau-là, ce n’est pas de la pollution, mais LA solution.

Si j’avais dû écrire ma chronique au fil de ma lecture, j’aurais râlé sur le fait qu’il y avait trop de blablas, que c’était trop long et qu’on aurait pu éviter les flash-back sur la jeunesse de notre enquêtrice, Roz. Finalement, ça a eu du sens, mais l’autrice aurait pu nous épargner les soucis d’accouchement d’une femme (no spolier).

Il faut tout de même attendre un peu moins de la moitié du roman pour tomber sur un cadavre, même si nous nous doutions, depuis le premier chapitre, de qui allait tomber en premier. Après, tout s’enchaîne et le rythme augmente, avant la solution finale, que je n’ai pas vu venir et un twist, en guise de cerise sur le caramel écossais. On verra plus bas si c’était opportun ou pas, ce twist.

Alors non, ce ne sera pas le polar de l’année, même si l’autrice a fait ce qu’il fallait pour y ajouter de la profondeur, en parlant d’un grave problème de notre société.

C’était un peu inattendu, je l’avoue, mais c’était dans la continuité du roman, au moins, ça n’est pas tombé comme un cheveu dans la soupe, on avait des indices. Je ne les avais pas vu, puisque je lisais avec mon cerveau déconnecté, pensant que le roman était parfait pour ça. Pas tout à fait…

Sous le couvert d’être un cosy mystery léger, on a tout de même un ingrédient très fort dans le gâteau, un ingrédient qui pique, qui fait mal au bide et de temps en temps, il faut qu’on le retrouve, que l’on en parle, que l’on mette fin à tout ça et que l’on écoute celles et ceux qui en ont souffert, qui en souffre toujours.

Le bémol, qui fait que ce cosy ne remporte pas plus d’étoiles, c’est que l’autrice à essayé de rendre un hommage au « Crime de l’Orient Express », d’Agatha Christie, mais sans la finesse de la Reine du Crime. On doit attendre la moitié du roman pour avoir un cadavre et ensuite, ils s’enchaînent !

Un autre problème, c’est que les personnages sont stéréotypés et que l’autrice ait fait en sorte de réunir un panel de profils assez disparate, comme pour respecter un cahier des charges ou cocher le maximum de cases. Trop est l’ennemi du bien et ça n’apporte rien de plus au récit. Et si le twist était inattendu, il est aussi un peu too much, un peu trop c’est trop.

En poussant la réflexion un peu plus loin, c’est lui qui tombe comme un cheveu dans la soupe et fait culbuter le récit dans une sorte de no man’s land. En refermant ce roman, j’étais partagée : j’avais aimé certaines choses, le twist m’avait ébranlée, mais il était inutile, pas nécessaire. Idem avec le côté dramatique ajouté avec la fille de Roz.

C’est une LC loupée pour nous deux. Le seul point positif étant que j’ai lu un roman de Noël en décembre (ma copinaute m’a fait basculer du côté obscur de la Force). L’avis mitigé de Bianca est dans ce lien ! Pour elle, c’est une déception totale…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°082].

 

‭Blaze : ‬Stephen King (alias Richard Bachman)

Titre : ‭Blaze

Auteur : Stephen King (alias Richard Bachman)
Édition : Albin Michel (2008) / LP (2010)
Édition Originale : Blaze (2007)
Traduction : William Olivier Desmond

Résumé :
Comme dans la plupart des romans de Stephen King, tout commence presque « normalement ». Une brute épaisse et débile se retrouve sur les routes verglacées du Maine, la police aux fesses et un bébé kidnappé sur les bras.

Et puis l’embrouille glisse doucement vers l’horreur et l’effroi…

Critique :
Blaze est ce qu’on appelle « un fond de tiroir », autrement dit, c’est un roman que Stephen King avait écrit, sous le nom de Richard Bachman, mais qu’il n’avait fait publier, le trouvant nul, lorsqu’il l’avait relu.

Les années passant, le King l’a trouvé moins mauvais et à décidé de lui donner une seconde chance. Est-ce que ça en valait la peine ?

Oui et non, non et oui… Dans le fond, c’est un roman banal, assez prévisible, d’un enlèvement d’enfant. par contre, c’est un véritable roman noir.

Il y a du bon, dans ce récit, qui a quelques airs du roman « Des souris et des hommes », sauf que chez le King, le benêt est du mauvais côté, celui des bandits et que son pote George est déjà mort lorsque le récit commence. Pourtant, Blaze entend toujours la voix et les conseils de George… Discussions d’outre-tombe, dans sa tête.

Blaze, de son vrai nom Clayton Blaisdell Junior, n’a pas eu une vie facile. Il apprenait bien à l’école et puis, son père, rond comme un manche de pelle, a décidé de lui faire dévaler les escaliers, plusieurs fois, ce qui a causé des dégâts irréversibles dans la tête du gamin : il est devenu attardé. Et il fait deux mètres de haut, notre attardé mental…

Il est facile de se prendre pour sympathie envers Blaze, tant il a morflé dans sa vie, notamment après avoir été placé à Hetton House, un orphelinat où personne n’a envie d’aller.

Au fil du récit, où Blaze prépare le kidnapping, Stephen King va faire des retours en arrière, afin de nous parler de l’enfance et de l’adolescence de Blaze, nous le décrivant plus comme un doux géant, que comme une brute épaisse. Il n’est pas méchant, Blaze, on l’a fait devenir ainsi en le maltraitant, en l’enfermant et les mauvaises fréquentations ont fait le reste.

Dans ce court roman noir, l’auteur dézingue l’Amérique, celle des laissés-pour-compte, celle des puritains, de ceux qui se disent chrétiens, mais qui le sont à géométrie variable, de ceux qui profitent de leur autorité pour rabaisser des enfants, pour les maltraiter, pour jouir de son pouvoir.

— Tout ce que je cherche à faire, c’est montrer à ces gosses ce que procure une vie honnête. Ce qu’ils en font ensuite les regarde. Tous, un jour ou l’autre, vous vous êtes embourbés et vous avez eu besoin d’un coup de main. Je ne vous demanderai pas comment vous pouvez voter en faveur de cette proposition et continuer à vous considérer comme des chrétiens, car l’un de vous aurait certainement une réponse sortie tout droit ce que j’appelle la Sainte Bible apprêtée à la sauce perso. Mais, bon sang de bonsoir, comment pouvez-vous lire la parabole du Bon Samaritain le dimanche et dire que vous êtes pour un truc pareil le lundi soir ?

Alors oui, j’aurais pu me passer de lire Blaze, mais je pense que j’aurais perdu à ne pas le découvrir.

Lire ce roman m’a permis de découvrir une autre facette du King, celle d’auteur de roman noir, mêlé à un polar, où il est question d’un enlèvement d’un bébé, contre demande de rançon, de la part d’un homme qui n’a pas tous ses bois à son fagot et qui arrive à nous toucher, même s’il en a manqué un peu sous la pédale, pour que les émotions soient plus fortes.

#automneduking – 03
An American Year – 04 

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°062] et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).

Son odeur après la pluie : Cédric Sapin-Defour

Titre : Son odeur après la pluie

Auteur : Cédric Sapin-Defour
Édition : Stock La Bleue (29/03/2023)

Résumé :
C’est une histoire d’amour, de vie et de mort. Sur quel autre trépied la littérature danse-t-elle depuis des siècles ? Dans Son odeur après la pluie, ce trépied, de surcroît, est instable car il unit deux êtres n’appartenant pas à la même espèce : un homme et son chien. Un bouvier bernois qui, en même temps qu’il grandit, prend, dans tous les sens du terme, une place toujours plus essentielle dans la vie du narrateur.

Ubac, c’est son nom (la recherche du juste nom est à elle seule une aventure), n’est pas le personnage central de ce livre, Cédric Sapin-Defour, son maître, encore moins. D’ailleurs, il ne veut pas qu’on le considère comme un maître. Le héros, c’est leur lien.

Ce lien unique, évident et, pour qui l’a exploré, surpassant tellement d’autres relations. Ce lien illisible et inutile pour ceux à qui la compagnie des chiens n’évoque rien.

Au gré de treize années de vie commune, le lecteur est invité à tanguer entre la conviction des uns et l’incompréhension voire la répulsion des autres ; mais nul besoin d’être un homme à chiens pour être pris par cette histoire car si pareil échange est inimitable, il est tout autant universel.

Certaines pages, Ubac pue le chien, les suivantes, on oublie qu’il en est un et l’on observe ces deux êtres s’aimant tout simplement.

C’est bien d’amour dont il est question. Un amour incertain, sans réponse mais qui, se passant de mots, nous tient en haleine. C’est bien de vie dont il est question. Une vie intense, inquiète et rieuse où tout va plus vite et qu’il s’agit de retenir. C’est bien de mort dont il est question.

Cette chose dont on ne voudrait pas mais qui donne à l’existence toute sa substance. Et ce fichu manque. Ces griffes que l’on croit entendre sur le plancher et cette odeur, malgré la pluie, à jamais disparue.

Critique :
L’odeur d’un chien mouillé est unique au monde… Assez forte, incommodante et pourtant, lorsque notre chien n’est plu, cette odeur particulière nous manque, comme le cliquetis des griffes…

Des chiens exceptionnels, j’en ai connu, ils me manquent encore.

Alors ce roman qui parle d’un amour fusionnel entre un homme et son chien, bouvier bernois, ça me parlait, me donnait envie de le lire, même en sachant que le final serait larmoyant, parce que oui, un jour, nos animaux de compagnie nous quittent.

Alors que je m’attendais à recevoir des émotions en pagaille, ma lecture a été assez froide, presque clinique. Nulles émotions dans ces pages où un homme et un chien font leur première rencontre, leurs premiers pas ensemble, où ce jeune chiot apprend à découvrir son nouvel univers.

Merde alors, qu’est-ce qui m’arrive ? Aurais-je perdu ma capacité à m’émouvoir ? Serai-je jalouse de sa relation fusionnelle avec son beau chien ?

Impossible, j’ai vécu aussi ce genre d’histoire et je suis toujours capable de m’émouvoir dès qu’un humain et un animal ont une relation fusionnelle ou qu’une personne perd son chien, qu’il ait été perdu, volé (comme pour les chats).

Alors docteur, la cause du malaise ? Cela est dû au style d’écriture de l’auteur, dont certaines tournures de phrases étaient assez difficiles à lire, alambiquées, comme si l’auteur avait voulu complexifier le récit au lieu d’aller au plus simple.

Si mon fourgon blanc prend la direction de là-bas, ce ne sera pas pour voir si ce n’est pourvoir un réel déjà bien garni de ses bonheurs et de ses manques.

Un vertige m’y attend, de ceux que les évidences contraires de l’élan et du frein creusent à merveille. Je sais ce que signifie aller là-bas, du côté de Mâcon. Ça n’est pas rendre visite.

Bref, le style ampoulé m’a empêché de vibrer de cette relation entre l’auteur et son chien, nommé Ubac, ainsi que le fait qu’il parle plus de lui que de son animal. Trop de « je », ce qui m’a fait rester à distance de ce récit, puisque je n’y trouvais pas ce que je cherchais : les émotions d’une telle relation.

Alors oui, ce n’est pas toujours facile à expliquer ce genre d’amour avec un animal,  pas toujours évident de raconter, de mettre les mots sur ces belles histoires, afin de faire vibrer son lectorat et j’avoue que j’aurais du mal à raconter mes histoires fusionnelles avec certains chiens, qu’ils aient été des chiens malins ou des un peu con (j’en ai eu un, mais c’était un amour).

Les émotions sont arrivées pour la fin de vie de Ubac, là, mon coeur s’est serré et mes yeux se sont humidifiés. Hélas, ensuite, l’auteur a fait trop long et l’ascenseur des émotions est redescendu et j’ai terminé les dernières pages assez péniblement.

Dommage, j’attendais beaucoup de cette lecture, dont des vibrations fortes et elles ne furent pas au rendez-vous. Vu que sur Babelio, les critiques sont positives à l’écrasante majorité, il y a plus de chances que vous passiez du bon temps dans cette lecture que moi.

 

Les amants de Baker Street – 03 – Les années Sussex : Isabelle Lesteplume [Par Dame Ida]

Titre : Les amants de Baker Street – 03 – Les années Sussex

Auteur : Isabelle Lesteplume
Édition : MxM Bookmark (28/12/2022)

Résumé :
Un détective peut-il vraiment prendre sa retraite ? Angleterre, début du XXe siècle.

Propulsé par la révolution industrielle, le monde est en plein changement. Sherlock Holmes et John Watson sont désormais célèbres, leurs méthodes sont utilisées par la police et leur courrier déborde de propositions d’enquêtes.

Mais plus le temps passe, plus l’âge les rattrape et plus ils sont fatigués de devoir constamment cacher leur relation. Ils commencent à imaginer une vie différente dans un petit havre de paix perdu dans le Sussex…

Hélas, l’Histoire n’a pas dit son dernier mot. Embarqués malgré eux dans la tourmente de plusieurs événements dramatiques, ils devront se battre pour survivre… Et pour sauver le monde entier.

Critique :
Dans les contes de fées, la princesse et le prince se marient et on s’en arrête là, nous assurant qu’ils vivront heureux et longtemps…

Et pour que le charme du conte continue à agir il faut bien entendu en rester là ! Le prince n’abandonnera pas Blanche Neige pour Cendrillon et Cendrillon pour la Belle-aux-Bois-Dormant… Etc…

Quel salaud ce mec ! Sans parler de la belle-mère de la Belle-aux-Bois-Dormant qui veut bouffer ses petits enfants à la sauce Robert dans le conte original !

Toute personne ayant vécu en couple sait que, la vie conjugale n’est jamais un long fleuve tranquille et que l’idée d’un bonheur aussi inaltérable que parfait n’est qu’une illusion qui ne peut se défendre que dans des contes pour enfants encore assez naïfs pour y croire.

Cela ne veut pas dire que le mariage ou un couple qui dure soient des choses totalement nulles, entendons nous bien ! Mais bon… Il faudrait un peu retomber sur terre et sortir de la béatitude cucul la praline où l’on est à jamais heureux d’être content en se regardant éternellement dans le blanc des yeux !

On regrettera qu’Isabelle Lesteplume l’ait oublié et ait écrit le tome de trop en voulant faire de cette série une trilogie.

Or donc, nous avions quitté Holmes et Watson au terme du second tome écrit par Nathalie Lesteplume, sur une cérémonie de mariage non officielle entre les deux amants dans cette réécriture du canon.

Et maintenant il s’agit de nous raconter la suite, et notamment la façon dont nos détectives préférés ont pu gérer le virage de la maturité, pour ne pas dire du début de leur vieillesse (on était vieux plus jeune à l’époque et on s’en arrangeait mieux qu’aujourd’hui dans notre époque moderne qui nous oblige à cacher nos cheveux blancs et qui nous dit que l’euthanasie est la seule mort digne qui soit une fois qu’on n’est plus productifs et qu’on coûte cher !).

Comme Belette et moi-même avons eu l’occasion de vous le dire, nous ne sommes pas des fanatiques de ces réécritures du canon qui ont fleuri à l’occasion de la diffusion de la série Sherlock de la BBC, réactivant le fantasme d’une liaison entre le détective consultant de Baker Street et de son acolyte le Dr Watson.

Cette relecture du canon par Madame Lesteplume était malgré tout parvenue à retenir notre indulgente bienveillance en raison de la grande culture canonique de l’autrice qui avait su très habilement mêler sa réinterprétation du canon et l’idylle entre nos personnages préférés lors de ses deux premiers opus.

Évidemment, il nous fallait passer outre la vision d’un Holmes capable de céder à l’amour, ce qui en soit n’est franchement pas très canonique, mais passé ce cap, la chose se lisait d’autant plus agréablement qu’on nous faisait grâce de trop de descriptions de rapprochements physiques entre Holmes et Watson.

La série est fort heureusement plus sentimentale qu’érotique ou pornographique, jouant avec la culture canonique d’une manière intelligente.

Sauf que dans ce dernier tome, nos quinquagénaires presque sexagénaires auraient encore envie de s’envoyer en l’air entre deux portes à la moindre occasion… Et là c’est un peu too much à mes yeux.

Sans vouloir faire les rabats joie de service, et sans vouloir faire trop de généralités… le fait est que lorsque l’on est uni depuis de nombreuses années à un partenaire avec qui on a eu largement le temps de faire le tour de la bagatelle, la majorité des gens vieillissants s’assagissent sur ce plan. Il ne s’agit pas de fermer boutique non plus…

Mais quand vos rhumatismes et vos vieilles blessures vous torturent… et quand le vieillissement fait décliner les secrétions de testostérone (et oui ! Même chez les messieurs les hormones sexuelles déclinent avec l’âge même s’ils ne sont pas confrontés à l’arrêt des règles qu’ils n’ont jamais eues!), les parties de jambes en l’air se font moins fréquentes et on pense généralement moins à entreprendre des petits quickies vite expédiés avant un rendez-vous avec d’autres personnes. On prend son temps ! On a besoin de confort ! Bordel !

Bref, les considérations libidinales et même les régulières introspections sentimentalistes des deux hommes sur leur relation amoureuse (que je trouvais déjà peu crédibles dans les tomes précédents en ce sens que cela relève plus de la psychologie féminine que de celle des zhômes, et les zhômes gays restent des zhômes!) me semblent ennuyeuses dans ce troisième volume car peu en phase avec les réalité du temps qui passe et avec les réalités du vécu d’un vieux couple.

Car oui, sans aller jusqu’à dire qu’avec l’âge on reste ensemble par habitude (et pourquoi pas d’ailleurs ! Certains et certaines d’entre nous aiment les habitudes aussi et c’est respectable !), le fait est que la passion des premières années laisse le plus souvent la place à une tendresse confiante et paisible entre les conjoints les plus unis.

Cela n’exclut pas le sexe évidemment… Mais plus d’une manière aussi fréquente et impromptue, voire dans des circonstances pouvant mettre en difficultés à moins d’être excité par les pratiques exhibitionnistes… Mais qui veut entendre ça concernant Holmes et Watson ? Ben pas moi !

Par ailleurs, contrairement aux tomes précédents, ici Isabelle Lesteplume n’ancre plus réellement son roman dans le canon, inventant ni plus ni moins une nouvelle enquête totalement indépendante de celles brodées par Doyle.

Certes, on commence par une histoire canonique largement simplifiée, lors de laquelle Watson manque d’être tué… Ce qui conduit Holmes à vouloir prendre sa retraite…

D’autant que Londres a beaucoup changé (la fée électricité s’impose partout!), que la police est plus efficace et que de nombreux autres détectives privés sont prêts à prendre la relève. Sans parler des deuils qui les frappent durement, des irréguliers qui ont pris de l’âge eux aussi… et de Gregson et Lestrade qui eux aussi songent à la retraite pour vivre leur amour tranquillement. Oui oui… eux aussi…

N’est-ce pas un peu trop quand on y pense ? Et bien si c’est trop pour vous, passez votre chemin car vous n’aurez pas fini de croiser d’autres membres du club des messieurs qui préfèrent s’intéresser aux messieurs.

Or donc voilà Holmes et Watson partis se chercher un cottage à la campagne, et à se lier à leurs nouveaux voisins… Mais Mycroft ne les laissera pas pas tranquilles trop longtemps et viendra leur soumettre un « dernier problème » qui s’écartera encore plus fortement de celui que leur proposera le canon.

Voilà en effet que l’autrice expédie nos héros aux États-Unis et qui plus est… sur le Titanic (NB : à défaut de suivre le canon cette fois-ci, l’autrice s’est très bien renseignée sur l’unique voyage du Titanic, sur son architecture et ses services) ! Rien que ça !

Autant dire que ce faisant elle les expédiait à la mort, sachant que peu d’hommes, même des premières classes, ont eu la chance de survivre au naufrage de ce navire !

Personnellement je les aurais plutôt laissés tranquille à faire du miel dans leur petit cottage du Sussex, épicétou ! Or donc, comment vont-ils s’en sortir ? S’en sortiront-ils seulement ? Et dire que Holmes avait pris sa retraite pour préserver son chéri rendu boiteux par ses blessures de jeunesse ! Pourquoi ne s’en sont-ils pas tenus à leur première résolution ?

Ah ben… Parce que sinon le roman aurait été beaucoup trop court et sans trop d’intrigue sans doute ! Élémentaire mon cher lecteur !

Anybref, je ne vous en dirais pas plus, vous laissant un peu de suspens si comme moi vous vouliez aller au bout de cette trilogie…

Mais ce dernier volume m’aura beaucoup déçue car le jeu adroit de réécriture du canon que nous avions pu trouver dans les deux premiers n’est plus de mise, et le placage d’une sexualité adolescente sur deux vieux messieurs en couple depuis des lustres ne me semblera plus assez crédible pour retenir l’indulgence que j’avais eu jusque là pour la transgression majeure à l’égard du canon consistant à mettre Holmes et Watson dans le même lit.

Et vous me connaissez… Quand une erreur persévère jusqu’à la dernière page d’un roman… J’ai bien du mal à me concentrer sur l’intrigue et à le finir.

Il était temps que la série se referme.