Jackdaw : Daniel Cole [LC avec Bianca]

Titre : Jackdaw

Auteur : Daniel Cole
Édition : Robert Laffont – La bête noire (21/03/2024)
Édition Originale : Jackdaw (2023)
Traduction : Magali Duez

Résumé :
PRÉDATEUR OU PROIE ?

On l’appelle Jackdaw. Sur chaque victime, il laisse une signature qui fait froid dans le dos : cinq griffures. Et chaque fois qu’il tue, il emporte un trophée, une étrange collection qui ne cesse de s’agrandir.

Personne ne sait à quoi il ressemble, où il va frapper la prochaine fois, ni pourquoi. Il pourrait être votre voisin, votre patron… votre mari. Il n’y a qu’une peur paralysante : qui qu’il soit, il est là, à guetter, à attendre.

Critique :
Ce thriller est très addictif et sans m’en rendre compte, j’avais dévoré plus d’un tiers du récit sans même m’en rendre compte. D’ailleurs, c’est le genre de thriller qui se dévore sur une journée pluvieuse d’un week-end.

Un mystérieux serial-killer, surnommé Jackdaw ((choucas), tue en décapitant des personnes, sans que l’on sache comment il y est parvenu. En plus, il signe de 5 griffures et emporte ensuite un trophée.

L’inspectrice Scarlett Delaney et le sergent Frank Ash sont sur l’enquête, mais ils tournent en rond, ne comprenant pas comment ce serial-killer arrive à commettre ses crimes.

L’inconvénient, avec un thriller, c’est que, contrairement à un whodunit (un roman à énigme classique), c’est que vous n’avez pas une brochette de potentiels coupables à vous mettre sous la dent. Difficile de trouver l’identité du coupable d’un serial-killer dans ce genre de configuration du récit… Surtout que l’auteur ne nous invite pas à chercher l’identité du coupable par nous-même, ne nous donnant pas de la matière pour notre cerveau.

À moins de suspecter les enquêteurs, le chien du sergent Franck Ash, le mari ou le chat de Scarlett… Tiens, il a une bonne tête de coupable, ce chat à trois pattes qui griffe… Oh mon dieu, c’est lui !! C’est le chat, avec le katana dans la bibliothèque ! Gagné.

Le duo d’enquêteurs marche assez bien, ils s’entendent bien, pas d’histoire d’amour à l’horizon (ouf), mais je les ai trouvé un peu fadasse, notamment le sergent Ash, qui aurait mérité d’être un peu plus approfondi, notamment parce que c’est un vieux flic un peu désabusé, mais qui évite les clichés de l’alcoolo déprimé en rogne contre le monde entier. Scarlett avait un peu plus de punch, je l’ai appréciée, même si parfois, elle est un peu naïve.

S’il y a un personnage que j’ai adoré, c’est Henry : élégant, distingué, le port aristocratique, avec un soupçon d’insolence, mais toujours distinguée, presque avec le petit doigt en l’air (ce n’est pas Deadpool !). Dans son rôle, j’ai imaginé un David Niven ou un Sir Sean Connery, la version plus âgée, avec de la barbe. Personnage plus que réussi que celui de Henry qui oscille entre le bien et le mal, tout en équilibre et en finesse.

La deuxième partie est intéressante et si lira tout aussi vite que la première, puisque nous aurons d’un côté, l’enquête officielle, menée par les flics et l’officieuse, menée par deux autre personnages qui vont former un autre duo que j’ai adoré.

Si j’ai trouvé la mise en scène des crimes très originales, bien trouvées (et logiques à comprendre), par contre, pour la dernière, j’ai un peu coincé. Pas sûr que ça fonctionne, mais je me trompe peut-être, notamment parce qu’il m’a été impossible de la visualiser correctement dans ma tête. Ça fonctionne peut-être, je n’irai pas tester, mais elle est tarabiscotée au possible !

Un thriller addictif, qui fait du bien au moral, parce que même s’il y a des cadavres, le ton reste joyeux, sans virer à la farce. Comme le dit l’auteur, il souhaitait que ce roman soit un joyeux moment d’évasion irrévérencieuse, et c’est réussi !

Ce n’est pas Bianca qui me dira le contraire ! LC réussie !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°169].

Obsolète : Sophie Loubière [LC avec Bianca]

Titre : Obsolète

Auteur : Sophie Loubière
Édition : Belfond (01/02/2024)

Résumé :
La femme, un produit sans grand avenir ?

2224. Depuis le Grand Effondrement de la civilisation fossile et les crises qui ont suivi, l’humanité s’est adaptée. Économiser les ressources, se protéger du soleil, modifier son habitat, ses besoins, et adhérer au tout-recyclage.

Y compris celui des femmes.

Afin d’enrayer le déclin de la population, toute femme de cinquante ans est retirée de son foyer pour laisser la place à une autre, plus jeune et encore fertile.

L’heure a sonné pour Rachel. Solide et sereine, elle est prête. Mais qu’en est-il de son mari et de ses enfants ? Car personne n’est jamais revenu du Grand Recyclage. Et Rachel sent bien que le Domaine des Hautes-Plaines n’est pas ce lieu de rêve que promet la Gouvernance territoriale aux futures Retirées…

Critique :
À 50 ans, si tu es une femme, que tu aies une Rolex au poignet ou pas, tu es quand même has been, retirée de ton foyer et envoyée au Domaine des Hautes-Plaines, pour y mener une vie tranquille. C’est le grand recyclage, la retraite à 50 ballais, en fait. Fuck la réforme des retraites !

Nous sommes en 2224, au cap Gris-Nez, dans un monde post-apocalypse, dans une dystopie qui met en scène une petite société d’humains qui se sont adapté à leur nouvel environnement, dans des sociétés avec moins de dépenses énergétiques, plus écologiques, sans violences (fini les meurtres, les vols, les viols,…), avec de l’empathie pour les autres, sans homophobie, sans racisme, sans religions…

Purée, mais c’est le pied, cette société ! Je signe où ? On pourrait l’avoir en 2024 et ne pas attendre 200 ans ??

Ah oui, mais il y a un mais… Un gros MAIS ! Les émotions des gens sont régulées, contrôlées… Alors oui, c’est facile d’endiguer les crimes et autres saloperies. Et puis, comme la fertilité à diminué et que les femmes sont plus nombreuses que les hommes (pauvres choux, va), elles doivent se retirer du jeu, à 50 ans et leurs époux (ou leurs compagnes, pour les couples lesbiens) est prié de reprendre une autre femelle et de refaire des enfants. Repeuplement démographique, en fait !

Oups, ça sent déjà moins bon, vous ne trouvez pas ? Et c’est là que réside toute la puissance de cette dystopie, car l’autrice, au lieu de nous plonger dans une société totalitariste et horrible, version « Servante écarlate » ou « 1984 », nous amène dans une société qui ressemble à un cocon, à un modèle parfait, à une société où il fait bon vivre, loin du métro-boulot-dodo, en harmonie avec la Nature (qui a morflé).

Ce qui fout la trouille, dans cette dystopie, c’est lorsque l’on comprend ce qu’il pourrait y avoir derrière l’envers du décor (et on ne met pas 200 pages à capter qu’il doit y avoir une couille dans le pâté). Mais pour tout savoir, il faudra attendre le chapitre concerné et l’autrice vous donnera les détails au fur et à mesure… Glaçant et troublant, notamment avec les sempiternelles excuses du « nous n’avions pas le choix ».

D’ailleurs, une scène m’a fait penser à celles de l’arrivée des Juifs et autres prisonniers, dans les camps de concentration… Et pourtant, je vous assure que la scène était joyeuse, dans ce roman ! Mais elle m’a fait l’effet d’une douche glacée. Le talent de l’autrice était là aussi.

Mais avant d’arriver à l’épisode du grand recyclage, nous aurons à résoudre la mort mystérieuse de trois habitants du village et il faudra de la persévérance à certains pour mener l’enquête, sans se faire remarquer, puisque l’on a dit que c’était un tragique accident.

Deux arcs narratifs, donc, dans ce pavé de 500 pages : enquêter sur des morts mystérieuses, découvrir le/la/les coupables et se préparer au départ de certaines femmes pour le grand recyclage et à la vie d’après. Dire que personne ne se révolte…

Le côté polar est un peu léger, car ce n’est pas le plus important, mais ce qui arrivera lors des conclusions de celui qui a mené l’enquête et qui tentera de faire comprendre aux autres leurs erreurs, qui ont mené à cette folie ! Et là, c’était brillant, une fois de plus.

Si au départ, j’ai eu un peu de mal en commençant la lecture de cette dystopie, je me suis faite happer ensuite et même si je n’ai pas ressenti de véritable empathie pour les différents personnages, j’ai grandement apprécié ce récit d’anticipation, de ce post Grand Effondrement et cette société que l’autrice a mise en place, qui semble être un havre de paix, mais qui cache des trucs pas nets et qui nous renvoie vers nos sociétés à nous, notamment dans certains de nos travers, tels la surconsommation…

Une dystopie à découvrir absolument ! Bianca, ma copinaute de LC, n’en pense pas moins, elle a apprécié sa lecture, tout comme moi et en a été glacée aussi.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°164].

Les enquêtes de Lady Hardcastle – 06 – Meurtres en bord de mer : T. E. Kinsey [LC avec Bianca]

Titre : Les enquêtes de Lady Hardcastle – 06 – Meurtres en bord de mer

Auteur : T. E. Kinsey
Édition : City (2022) / City Poche (2023)
Édition Originale : Death Beside the Seaside (2019)
Traduction : Karine Forestier

Résumé :
C’est l’été et lady Hardcastle et Florence, sa femme de chambre, ont bien mérité un peu de repos ! Elles s’offrent enfin une petite escapade balnéaire bienvenue sur la côte anglaise. Entre les glaces sur la plage et les promenades à dos d’âne, tout est pour le mieux. Le calme avant la tempête…

Car, horreur, les pensionnaires de l’hôtel où elles logent commencent à disparaître un à un. Le premier à s’évanouir dans la nature sans laisser de traces est un scientifique de renom qui travaille pour le gouvernement de Sa Majesté.

Fini les vacances : Lady Hardcastle et Flo prennent les choses en main, comme à leur habitude ! Et ça se complique lorsque leur suspect numéro Un est assassiné dans des circonstances macabres.

Avec un directeur d’hôtel hystérique, il y a urgence à résoudre le mystère avant que tous les pensionnaires ne ressortent de l’hôtel les pieds devant…

Critique :
Ayant besoin d’un peu de calme, de repos, bref, de vacances sous le soleil, je me suis dit que ce serait une excellente idée de partir au bord de la mère avec lady Hardcastle et sa dame de compagnie, femme de chambre, bonne à tout faire, miss Florence Armstrong.

Prenant mon maillot, ma pelle et mon seau, j’ai embarqué pour Weston-Super-Mare.

Mais quelle idée saugrenue j’ai eue ! On ne doit jamais partir en vacances avec des passionnés d’énigmes policières, puisque le crime les suit et qu’on va se retrouver, automatiquement, avec des cadavres et des meurtres à résoudre. Ça n’a pas manqué ! Même pas eu le temps de faire quelques pâtés de sable sur cette plage de boue où la mer recule à l’autre bout du monde.

Quelle hécatombe, mes amis ! Les cadavres se ramassent à la pelle (elle n’a servi qu’à ça, ma pelle de plage) et on se dit qu’à la fin du roman, on risque de se retrouver comme dans « Il était dix » d’Agatha Christie (« Dix petits nègres » rebaptisé) : tout le monde mort !

L’action se déroule en 1910 et si nos deux enquêtrices ne le savent pas encore, nous, nous savons ce qu’il va se passer dans 4 ans : la guerre ! Donc, ce n’est pas étonnant que cette enquête ait des airs de roman d’espionnage, puisque ça puait déjà le futur conflit à l’époque. Oui, ce tome 6 sent l’espionnage à plein nez, mais sans les gadgets de 007 !

Alors non, ce ne fut pas des vacances reposantes, il a fallu courir partout, monter ces foutus escaliers, ramasser des corps, fouiner, enquêter, éponger le sang, discuter avec les Laurel & Hardy envoyés par le frangin de lady Hardcastle pour tenter d’étouffer le scandale (ce n’étaient pas les couteaux les plus affutés du tiroir des services secrets), mener une enquête discrète, réanimer le directeur de l’hôtel évanoui et se demander comment faisaient les serveurs pour arriver et repartir dans qu’on ne les remarque.

Mais au moins, on ne s’est pas emmerdée sur la plage, à sucer des glaces à l’eau ou à regarder passer les bateaux (déjà que la mer était basse tout le temps, on a loupé toutes les marées hautes). On a bien bu, bien mangé, on s’est amusée à enquêter, on eu quelques bonnes réparties et on s’est pris une sacrée sur le dos. Que demander de plus ?

Une enquête qui sentait bon l’espionnage, les embrouilles, les magouilles, les mystères, le tout saupoudré d’humour, d’un brin de mauvaise foi (Lady Hardcastle), de quelques coups fourrés, de plans machiavélique et de vacances qui ne se sont pas vraiment déroulées sur l’air du repos. Du pain béni pour notre duo et pour nous, les lectrices et lecteurs.

Tout comme ma copinaute Bianca, je n’ai pas vu venir les explications finales et toutes les deux, nous nous sommes faites avoir, une fois de plus ! Même sans être fan d’espionnage, cette enquête était bien faite, amusante et distrayante ! Nous sommes d’accord.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°153].

Mon coeur a déménagé : Michel Bussi [LC avec Bianca]

Titre : Mon coeur a déménagé

Auteur : Michel Bussi
Édition : Les Presses de la Cité (11/01/2024)

Résumé :
Mon cœur a déménagé est à la fois un récit initiatique, un roman d’amour et d’amitié, une vaste enquête s’étirant sur plus d’une décennie, et bien entendu une intrigue à twist, nul ne sachant, jusqu’à la dernière page, qui connaît la vérité, et qui la manipule.

 » Papa a tué maman.  »
Ophélie a tout vu, du haut de ses sept ans.
Son père n’est pas le seul coupable. Un homme aurait pu sauver sa mère.

Dès lors, Ophélie n’aura plus qu’un but : retrouver les témoins, rassembler les pièces du puzzle qui la mèneront jusqu’à la vérité. Et se venger !

Enfant placée en foyer, collégienne rebelle, étudiante évoluant sous une fausse identité, chaque étape de sa vie sera marquée par sa quête obsessionnelle.

Critique :
Le nouveau roman de l’auteur sent bon la fresque sociale, celle des HLM, des citées, des ménages qui ont des fins de mois difficile, qui sont sous tutelle, curatelle,…

Ophélie est dans ce cas, ses parents ne s’en sortent pas, ont des dettes, papa boit, fume du hachis (on s’est compris). Et puis, un soir, papa poursuit maman dehors et on la retrouve morte, éclatée sur la route, au-dessus de la passerelle.

Direction un foyer pour la petite Ophélie et prison pour papa… Non, le dernier roman de monsieur Bussi ne respire la joie de vivre, que du contraire, mais il ne force pas non plus le trait pour nous faire d’Ophélie une Cosette, loin de là.

Ophélie est une battante et son seul but sera de se venger de celui qu’elle tient pour responsable de l’assassinat de sa mère : Richard Vidame, l’assistant sociale, celui qui n’a pas voulu aider sa mère et qui était son gestionnaire de dettes.

Ce roman se lit assez vite, tant l’histoire est intéressante et que j’ai apprécié les personnages principaux, notamment Ophélie, Nina, Bénédicte et Steeve, sacré Steeve, qui m’a bien fait rire en parlant de son ordinateur de poche… Moi, j’ai pensé à smartphone et quand j’ai lu ce que Steeve sortait de son sac à dos, j’ai ri un bon coup. J’avais oublié que nous étions dans les années 80, et donc, pas de smartphone !

La seule chose qui m’a un peu gênée, dans l’histoire, c’est qu’Ophélie ne veut jamais lâcher sa vengeance, même quand, à un moment donné, les conséquences de son entêtement seront terribles. Je pense qu’à sa place, j’aurais fait profil bas, mais elle est entêtée et ne veux rien écouter. Ah, la jeunesse…

Dans la dernière ligne droite, alors qu’il ne restait plus qu’un quart du livre à dévorer, le rythme a augmenté et le suspense aussi. Là, j’avais les yeux bloqués sur les pages du livre et il m’a été difficile de le poser, tant je voulais connaître la vérité, même si je suspectais un truc pas net depuis quelques temps (mais je voulais savoir si j’avais vu juste ou non – j’avais tort).

Comme toujours, l’auteur sait jouer avec son lectorat, lui cacher des choses, ne lui montrer que ce qu’il veut bien nous faire voir et c’est ce que j’aime : le twist final, les révélations fracassantes, le moment où je comprends que je me suis faite avoir sur toute la ligne…

Et dans ce roman, même si le twist n’est pas exceptionnel, comme dans d’autres, il n’en reste pas moins inattendu et je peux dire que l’auteur a bien joué avec mes sentiments, avec mes certitudes, bref, il a fait ce que les hommes politiques font le mieux : il m’a bien entubé (mais en littérature ou au cinéma, c’est permis !).

Anybref, c’est une LC plus que réussie avec ma copinaute Bianca, qui, tout comme moi, s’est faite enfumer et vous raconte son avis dans sa chronique !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°150].

Comme si nous étions des fantômes : Philip Gray [LC avec Bianca]

Titre : Comme si nous étions des fantômes

Auteur : Philip Gray
Édition : Sonatine – Thriller/Policier (07/09/2023)
Édition Originale : Two Storm Wood (2021)
Traduction : Elodie Leplat

Résumé :
Vous avez aimé Au revoir là-haut ? Un long dimanche de fiançailles ? Vous allez adorer Comme si nous étions des fantômes.

Amiens, 1919. Les champs de bataille de la Somme sont désormais silencieux. Ne restent que quelques hommes qui rassemblent les dépouilles pour tenter de les identifier. Amy, une jeune femme arrivée d’Angleterre, cherche à retrouver l’homme qu’elle aime, Edward, porté disparu.

Dans la tranchée où celui-ci a été vu pour la dernière fois, treize cadavres ont été retrouvés. Il apparaît bien vite que leur mort n’a rien à voir avec les combats, ni avec l’armée allemande.

S’inspirant de l’expérience de son grand-père, combattant de la grande guerre, Philip Gray fait preuve d’un réalisme rarement égalé, que ce soit dans la description des champs de bataille ou dans certains aspects souvent passés sous silence de cette période, tels le racisme ou la drogue.

Outre une empathie rare pour ses personnages, il se révèle également un bâtisseur d’intrigue hors pair, qui parvient à maintenir le mystère jusqu’à la toute dernière page de son roman.

Critique :
Voilà ce que j’appelle une lecture montagnes russes, tant je suis passée de l’émerveillement à l’ennui profond…

1919… Dans les tranchées, les armes se sont tues et on recherche les morts afin de tenter de trouver leur identité et de les rendre à leur famille. Imaginez l’ampleur du travail…

Dans 100 ans, ils n’auront pas fini de déterrer tous les morts de la Première Guerre, qui mérite bien son nom de grande boucherie.

Dès le commencement, j’ai été ravie par ce récit, par Amy Vanneck qui quitte son Angleterre pour rechercher Edward, son fiancé disparu durant une bataille d’août 1918.

Et puis, il y avait un premier chapitre mystérieux au possible, des flash-back sur la rencontre entre Amy et Edward et la découverte, dans un abri de tranchée, de plusieurs cadavres mutilés, essentiellement des chinois du Chinese Labour Corps, et dont la mort ne pouvait être attribuée à la guerre ou à des allemands. Bref, ça commençait d’une manière des plus intéressantes et je sentais venir la super lecture.

Et puis bardaf, je suis tombée dans une tranchée et j’y ai erré, perdue dans le no man’s land qu’a traversé le récit, à un moment donné, et ce ne fut pas le seul grand moment de solitude que j’ai ressenti.

Ce fut une alternance de récits passionnants, que je dévorais (l’utilisation de cocaïne et laudanum, les chinois qui bossaient sur les lignes de chemin de fer durant le conflit et après, pour dégager les corps,…) et de période de vaches maigres ou je tournait en rond, comme l’histoire, comme l’enquête, qui n’avançait pas.

Avec cent pages de moins, on aurait eu un récit plus resserré et je n’aurais pas eu cette impression que l’auteur ajoutait du texte pour retarder au possible son twist final.

La solution finale, je l’avais déduite, ayant éliminé tout ce qui était improbable, mais j’avoue que je n’avais pas tout vu, tout analysé.

Un polar historique qui aurait été plus dynamique avec moins de pages, moins d’atermoiement, des personnages intéressants, attachants (certains plus que d’autres), une écriture agréable à suivre, mais une mauvaise gestion du rythme du récit.

Une LC en demi-teinte avec ma copinaute Bianca et elle vous dira tout dans sa chronique qui se trouve !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°136] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°28).

Les Détectives du Yorkshire – 09 – Rendez-vous avec la justice : Julia Chapman [LC avec Bianca]

Titre : Les Détectives du Yorkshire – 09 – Rendez-vous avec la justice

Auteur : Julia Chapman
Édition : Robert Laffont – La bête noire (07/12/2023)
Édition Originale : The Dales Detective Series, book 9: Date with Justice (2023)
Traduction : Dominique Haas & Stéphanie Leigniel

Résumé :
La découverte du cadavre d’un écologiste fait souffler un vent de panique sur les Vallons. Tout accuse Will Metcalfe, le frère de Delilah. Mais Delilah ne peut croire à la culpabilité de son frère, et Samson non plus.

Déterminés à prouver l’innocence de Will, les deux détectives mènent l’enquête. Mais la justice se paiera au prix fort…

Critique :
C’est avec joie que j’ai retrouvé mes vieux amis, Samson et Delilah, dans la petite ville de Bruncliffe. Mais pas que eux, notamment Ida Capstick, la ronchonne de service et tous les autres que j’ai rencontré au fil des romans.

C’est l’été, il fait chaud ! Bruncliffe est à la noce, avant de faire la gueule, suite à la mort d’un écologue, assassiné par on ne sait pas encore qui. LE suspect parfait est Will, le frère volcanique de Delilah…

Comme toujours, dans ce roman, nous aurons d’autres mystères sur le côté, même s’ils sont moins importants que celui de résoudre un crime et d’innocenter un innocent, ce qui n’est pas chose facile tant il semble coupable.

On a de l’humour, des situations cocasses, des personnages sympathiques et une enquête qui n’est pas si facile que ça, malgré tous les « renforts caisse » qui s’ajouteront à notre duo d’enquêteurs. J’avoue, sans honte aucune, que j’ai été incapable de trouver qui avait commis le crime, juste capable de trouver le voleur de muffins…

Comment peut-on enquêter tout en restant impartial ? Comment peut-on en arriver à soupçonner des proches, des amis ? À les interroger sur leurs alibis, tout en essayant de ménager le chèvre et le chou ?

Pas facile, dans cet endroit ou tout le monde connait tout le monde et Samson va s’en rendre compte… Il n’a jamais ce genre de soucis avec sa conscience lorsqu’il bosse pour la MET à Londres. L’autrice a réussi à bien mettre cela en scène, avec un bel équilibre entre les besoins de l’enquête et les amitiés.

Dans ce roman, l’on parle de justice, et pourtant, ce sont des injustices qui se bousculent au portillon, comme dans la vie réelle : des fermiers ruinés,  incapables de faire vivre leur exploitation, des coupables qui s’en sortent trop facilement, suite au silence de leurs victimes, trop honteuses pour les dénoncer, des promoteurs immobiliers véreux qui ont abusé d’un vendeur trop imbibé d’alcool pour lui acheter son bien pour une bouchée de pain…

Oui, trop d’injustices dans le monde, mais au moins, à Bruncliffe, on se serre les coudes et on est capable de rectifier les injustices, du moins, certaines. La solidarité n’est pas un vain mot, chez eux. Surtout pour les enfants du pays.

J’avais des craintes qu’après les résolutions du tome précédent, où le vilain pas beau avait enfin été arrêté, que l’on ne tourne en rond dans le tome suivant, c’est pour cela que je l’attendais avec impatience, mais aussi avec crainte. Pas de problèmes à redouter, il est aussi bon que les autres et les tritons ajoutent une donné écologique inattendue.

Un super neuvième tome, avec toute notre troupe de personnages préférés, bien présent au rendez-vous, même la plus vache, la plus pimbêche, la gossip woman du coin : Madame Pettiford. Là, j’aurais cru qu’il était impensable de l’apprécier… L’autrice a réussi à lui donner un visage humain, ce qui n’était pas chose aisée.

Un final rempli d’émotions, de solidarité, de moutons roses, de betteraves (celles et ceux qui l’ont lu comprendront) et d’injustices réparées, ou du moins, en cours de réparation.

Comme d’habitude, avec cette série, c’est une LC plus que réussie avec ma copinaute Bianca (voir son avis). Nous espérons qu’il y aura encore un tome après celui-ci, afin de retourner enquêter avec nos vieux amis de Bruncliffe.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°107].

La dernière enquête du bureau des affaires extraordinaires : Viviane Moore [LC avec Bianca]

Titre : La dernière enquête du bureau des affaires extraordinaires – Alchemia 04

Auteur : Viviane Moore
Édition : 10/18 (19/10/2023)

Résumé :
Paris, 1588. Au cours d’un hiver particulièrement glacial, le cadavre mutilé d’une jeune lavandière est retrouvé. En à peine trois mois, trois assassinats déjà ont bouleversé les habitants de la ville. La rumeur court : un loup garou mutile les Parisiens. Et ce loup garou ne serait que le roi lui-même déguisé en bête immonde.

Alors que la colère d’un peuple déjà trop affamé gronde, alors que le royaume est terrassé par la guerre qui fait rage entre Protestants et Catholiques, le jeune commissaire du Moncel va devoir faire vite : pour maintenir la paix, il doit absolument trouver l’assassin car la date du prochain meurtre est connue – il aura lieu lors de la prochaine pleine lune.

Croisant sur son tortueux chemin bourreaux, alchimistes, intrigants, médecins, Jean du Moncel va devoir parcourir la capitale du royaume jusque dans ses entrailles pour mener sa plus périlleuse enquête. Qui sera peut-être la dernière…

Critique :
Dehors, il fait froid, cette semaine de janvier 2024 est glaciale et voilà-ti pas que l’action de ce roman se déroule en janvier 1588 et on nous précise bien qu’un vent du nord souffle sur Paris, que la Seine charrie des blocs de glace, bref, il fait un froid de gueux !

Cette lecture était bien dans l’ambiance du froid qui régnait dehors… Un coup à monter le thermostat ou à serrer le plaid un peu plus fort sur ses épaules.

Dans les rues de Paris, on retrouve des cadavres mutilés… Il rôde dans les ruelles une grosse bête poilue, velue, qui pue et qui tue. Des témoins l’ont vu, c’est un loup-garou, donc, oui, cette bête elle est poilue et velue ! Et elle tue, assurément.

Pour l’odeur, on n’a pas de précision, mais on se doute qu’un loup-garou ne sent pas le parfum Acqua Di Giòu (© Armani un peu changé pour garder la rime).

Et tout cas, ce n’est pas celui de la chanson de Carlos ♫ le loup-garou joue le boogie-woogie bougalou ♪ (désolée de la foutre dans la tête pour toute la journée).

Une enquête en 1588, ça a une autre dimension. L’Histoire prend une grande part du récit, sans pour autant l’étouffer ou avoir des airs de Secrets d’Histoire. Nier la partie historique aurait été un hérésie, car elle a une importance capitale, notamment avec ce Henry III, fils du II et de Catherine de Médicis. Lui aussi aura une part importante dans ce récit.

Les personnages qui mènent l’enquête sont attachants, notamment le commissaire Jean du Moncel, le commissaire-enquêteur du Châtelet, Perrin Touraine et leur meilleur limier, Lorion, dit la Belette… Sans doute un de mes ancêtres…

Les chapitres sont assez courts, le récit ne manque pas de rythme, sans pour autant que l’on cavale dans tous les sens, mais une chose est sûre, ces 288 pages se dévorent rapidement (une grosse soirée et le roman est plié) et il est difficile de le lâcher.

Les enquêtes de nos deux personnages vont se croiser, se recouper, s’éloigner, tant il n’est pas aisé de trouver le coupable de ces meurtres horribles. Il me fut impossible de trouver le coupable avant les enquêteurs.

De plus, l’auteur en profite aussi pour dresser les décors et nous parler de ce Paris de 1588, des événements qui eurent lieu, de la misère des gens, du froid qui règne, de la famine, de la peste qui a fait son œuvre, du roi, de ses mignons et de ce peuple qui gronde et que roi, sorte de dieu Jupiter sur son trône, n’entend pas, n’écoute pas, s’en moque, ne se rendant pas compte qu’il scie la branche sur laquelle il est assis.

Un polar historique très intéressant, qui parle de croyance, d’ésotérisme, d’astres dans les cieux, des prédictions de Nostradamus, d’Histoire, de roi de France, de complots, des ducs de Guise, de morts sauvages, de misère sociale, de la position de paria des bourreaux, des exécutions publiques, le tout porté par des personnages qui sont attachants, qui n’en sont pas à leur première enquête (il existe trois autres tomes avant celui-ci) – on peut lire celui-ci sans avoir lu les autres.

Mon seul bémol sera que notre Jean du Moncel parlera de ses enquêtes précédentes, divulguant les noms des coupables et là, ce n’est pas bien, parce que si l’on n’a pas lu les précédents, le suspense est gâché. Mais bon, c’est minuscule, d’ici-là, on aura oublié les noms.

Une LC plus que réussie avec ma copinaute Bianca et qui nous a donné envie de lire les trois précédents romans de cette fin équipe.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°100 !].

 

‭Retour à St Mary Hill – ‬Cosy Christmas Mystery 01‭ : Carine Pitocchi ‬[LC avec Bianca]

Titre : ‭Retour à St Mary Hill – ‬Cosy Christmas Mystery 01

Auteur : Carine Pitocchi
Édition : Robert Laffont – La bête noire (12/10/2023)

Résumé :
Le début d’une série de cosy mystery avec une héroïne à la Brigdet Jones.

Lorsque Jo-Ann Brown, la scénariste de la série suivie par toute l’Angleterre, disparaît mystérieusement, le pays est en émoi. Fuyant son superconnard-d’ex et la presse à scandale, ruinée et désormais affublée d’une jolie paire de cornes, elle se réfugie dans le cottage hérité de sa grand-tante Gladys.

Les sœurs McPherson, ses voisines septuagénaires, ne tardent pas à lui envoyer la seule personne qu’elles estiment capable de lui venir en aide, le pasteur du village…

Mais Jo-Ann avait-elle besoin que déboulent son ado de neveu, exclu de son pensionnat, et sa fantasque assistante?? Et quand des vieilles dames décèdent les unes après les autres, les fêtes de fin d’année virent au cauchemar.

Avec ses acolytes hauts en couleur, Jo-Ann se lance alors dans une enquête périlleuse, qui menace de révéler des secrets enfouis depuis longtemps à St Mary Hill.

Critique :
Allez hop, encore un cosy mystery pour le mois de décembre ! J’avais envie d’une lecture sans prise de tête, tout en douceur, avec un brin d’humour, un soupçon de romance, des crimes et une enquête et j’ai été exaucée.

Tous les codes des cosy se retrouvent dans ces pages : une héroïne qui a tout perdu, qui fuit son connard de mec, qui fuit les journalistes et qui vient trouver refuge dans le charmant petit village qu’habitait sa grand-tante, décédée depuis quelques temps.

On ajoute à cela deux caméras de surveillance toutes puissantes, autrement dit, les deux petites vieilles qui habitent à côté, un pasteur, un chien amusant nommé Winston, un neveu viré de son pensionnat, une collègue de bureau un peu fantasque, on assaisonne le tout avec des décès suspect et on rajoute une épaisse couche de crème de solidarité du village et on peut déguster le tout.

Le pasteur est un homme bien mis de sa personne, beau, qui a jadis aimé notre Jo-Ann… Et là, je me suis dit « Oh, mon dieu, une histoire d’amûr impossible telle Meggie et le bô Ralph de Bricassart »… Puis je me suis souvenue que chez les anglicans, les pasteurs peuvent se marier, contrairement aux catholiques. Ok, ils pourront s’aimer et ketter, s’ils le veulent. Ouf.

C’est un cosy plein de bons sentiments, avec de l’humour, des situations impossibles, puisque notre héroïne a un frère radasse comme pas possible, qui lui donne des ordres et qui se fout de son gamin, quand à son ex, c’était un tyran qui l’a coupé de tout le monde, un jaloux qui lui a fait des cornes. Bref, vraiment une héroïne à la Bridget Jones.

C’est aussi un récit sans prétention aucune, si ce n’est de nous faire passer un bon moment de lecture détente, où les crimes ont déjà eu lieu, mais où il faudra le prouver. Ça reste gentillet, même si, sous couvert des guirlandes et des chocolats chauds, on a tout de même des faits de sociétés bien connus. On peut dire qu’il y a de la profondeur dans ce cosy.

Les personnages, principaux ou secondaires, sont attachants et bien travaillés, car ils sont réalistes. Bien que, je n’ai jamais connu autant de solidarité dans le bled paumé d’où je viens… On ne voit ça que dans les cosy anglais.

Mention spéciale aux deux enquêteurs de Scotland Yard, que l’on qualifierait, dans mon pays, de biesses (bêtes), de kluutzak (idiots) ou de bauyards (connards). Mais pour plus de facilité linguistique, je dirai que c’étaient des gueux et pas les couteaux les plus affutés du tiroir ! Bêtes et surtout méchants… Scotland Yard ne sort pas grandie, avec deux klets pareilles ! Eux étaient moins réalistes (ou alors, on a du soucis à se faire).

L’autrice a bien monté son récit et son scénario comportait du suspense et des mystères, car je n’arrivais pas à trouver le coupable. Puis, une théorie s’est formée dans mon esprit retors, mais caramba, encore raté, jusqu’à ce qu’une autre se forme et là, bingo, j’avais vu juste, mais pour le mobile, j’avais tout faux et j’étais loin d’avoir toute la solution des crimes. Bien vu pour l’autrice !

Anybref, c’est vraiment une lecture détente, sans prise de tête, mais pas non plus une lecture pour neuneus. La romance n’entrave pas le récit et elle sera à suivre sur le prochain épisode, en espérant juste que l’autrice ne nous balade pas sur 36 romans avant que le couple se mette ensemble !

Une LC avec Bianca plus que réussie ! Nous lirons la suite sans aucun doute (lorsqu’elle sera parue, bien entendu).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°088].

Meurtres sur le Christmas Express : Alexandra Benedict [LC avec Bianca]

Titre : Meurtres sur le Christmas Express

Auteur : Alexandra Benedict
Édition : Charleston (10/10/2023)
Édition Originale : Murders on the Christmas Express (2022)
Traduction : Jessica Shapiro

Résumé :
La veille de Noël, dix-huit passagers montent à bord d’un train couchette à destination des Highlands. Mais au beau milieu de la nuit, le convoi déraille et les festivités des voyageurs tombent à l’eau.

Alors que le train est coincé sous une tempête de neige au milieu de nulle part, un mystérieux tueur parcourt ses wagons. Ceux qui s’endorment pourraient bien ne jamais se réveiller…

Parmi les voyageurs se trouve Roz, une ancienne inspectrice s’apprêtant à rejoindre sa fille sur le point d’accoucher six semaines avant le terme. Roz parviendra-t-elle à arrêter le meurtrier ?

Critique :
Quand on me parle de train couchette, de long voyage, de neige et que l’on y ajoute le fait que le train soit arrêté au milieu de nulle part, je ne me sens plus et j’ai envie de crier « un meurtre, un meurtre, je veux un meurtre ».

Lorsqu’on aime les romans policiers, on a toujours envie de voir des meurtres, de donner son royaume pour un crime et un (ou une) enquêteur (trice). Hé, dans les fictions, bien entendu, pas dans la réalité.

Tous les ingrédients d’un bon huis clos ferroviaire étaient réunis, puisque, à défaut d’un détective belge à belle moustache (Poirot), nous avions Roz, une jeune retraitée de la MET de Londres (à 50 ans, waw, trop génial).

Le premier chapitre nous plonge de suite dans l’ambiance : un assassin rôde, on a eu une dispute de couple entre deux personnages et le train s’est arrêté brusquement. Puis, chapitre suivant, le récit va commencer au tout début, lorsque notre fraîche retraitée va prendre ce train de nuit à la gare de Londres, le 23 décembre, en direction de l’Écosse.

Dans ce train de nuit, nous ferons la connaissance des différents personnages qui feront le voyage, et d’emblée, il y en a un que l’on a envie d’assassiner ! Grant est un mec imbu de sa personne, un homme qui se plait à rabaisser sa compagne, à la traiter comme une merde. Et rien ne le sauve, son personnage est abject, infect.

Jaloux comme un pou, il ne se prive pourtant pas de tremper son biscuit dans toutes les tasses de café qui passent. Sans doute que pour lui, ce n’est pas tromper, mais juste pour l’hygiène (et si sa compagne l’imitait, il l’assommerait à coup de beignes, comme le chantait si bien Renaud).

Pour cet homme, j’ai souhaité que Jason Voorhees ou Tronçonneuse Man débarquent dans le train, afin de lui régler son compte au plus vite et qu’ils éparpillent son corps façon puzzle, dans la nature. Non, à ce niveau-là, ce n’est pas de la pollution, mais LA solution.

Si j’avais dû écrire ma chronique au fil de ma lecture, j’aurais râlé sur le fait qu’il y avait trop de blablas, que c’était trop long et qu’on aurait pu éviter les flash-back sur la jeunesse de notre enquêtrice, Roz. Finalement, ça a eu du sens, mais l’autrice aurait pu nous épargner les soucis d’accouchement d’une femme (no spolier).

Il faut tout de même attendre un peu moins de la moitié du roman pour tomber sur un cadavre, même si nous nous doutions, depuis le premier chapitre, de qui allait tomber en premier. Après, tout s’enchaîne et le rythme augmente, avant la solution finale, que je n’ai pas vu venir et un twist, en guise de cerise sur le caramel écossais. On verra plus bas si c’était opportun ou pas, ce twist.

Alors non, ce ne sera pas le polar de l’année, même si l’autrice a fait ce qu’il fallait pour y ajouter de la profondeur, en parlant d’un grave problème de notre société.

C’était un peu inattendu, je l’avoue, mais c’était dans la continuité du roman, au moins, ça n’est pas tombé comme un cheveu dans la soupe, on avait des indices. Je ne les avais pas vu, puisque je lisais avec mon cerveau déconnecté, pensant que le roman était parfait pour ça. Pas tout à fait…

Sous le couvert d’être un cosy mystery léger, on a tout de même un ingrédient très fort dans le gâteau, un ingrédient qui pique, qui fait mal au bide et de temps en temps, il faut qu’on le retrouve, que l’on en parle, que l’on mette fin à tout ça et que l’on écoute celles et ceux qui en ont souffert, qui en souffre toujours.

Le bémol, qui fait que ce cosy ne remporte pas plus d’étoiles, c’est que l’autrice à essayé de rendre un hommage au « Crime de l’Orient Express », d’Agatha Christie, mais sans la finesse de la Reine du Crime. On doit attendre la moitié du roman pour avoir un cadavre et ensuite, ils s’enchaînent !

Un autre problème, c’est que les personnages sont stéréotypés et que l’autrice ait fait en sorte de réunir un panel de profils assez disparate, comme pour respecter un cahier des charges ou cocher le maximum de cases. Trop est l’ennemi du bien et ça n’apporte rien de plus au récit. Et si le twist était inattendu, il est aussi un peu too much, un peu trop c’est trop.

En poussant la réflexion un peu plus loin, c’est lui qui tombe comme un cheveu dans la soupe et fait culbuter le récit dans une sorte de no man’s land. En refermant ce roman, j’étais partagée : j’avais aimé certaines choses, le twist m’avait ébranlée, mais il était inutile, pas nécessaire. Idem avec le côté dramatique ajouté avec la fille de Roz.

C’est une LC loupée pour nous deux. Le seul point positif étant que j’ai lu un roman de Noël en décembre (ma copinaute m’a fait basculer du côté obscur de la Force). L’avis mitigé de Bianca est dans ce lien ! Pour elle, c’est une déception totale…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°082].

 

Les armes de la lumière – Kingsbridge 04 : Ken Follett [LC avec Bianca]

Titre : Les armes de la lumière – Kingsbridge 04

Auteur : Ken Follett
Édition : Robert Laffont (05/10/2023) – 792 pages
Édition Originale : The Armor of Light (2023)
Traduction : Odile Demange, Valentine Leÿs, Christel Gaillard-Paris et Renaud Morin

Résumé :
À la fin du XVIIIe siècle, un gouvernement tyrannique est résolu à faire de l’Angleterre un empire commercial puissant. En France, c’est le début de l’ascension au pouvoir de Napoléon Bonaparte. Les dissensions sont nombreuses et les pays voisins de la France en alerte maximale. Il y a de la révolution dans l’air…

Et elle est aussi industrielle. Sans précédent, elle bouleverse la vie des ouvriers des prospères manufactures de textile de Kingsbridge. La mécanisation galopante et l’invention de nouvelles machines à tisser engendrent l’obsolescence de plusieurs métiers et brisent des familles entières.

Tandis qu’un conflit international devient inéluctable, un petit groupe d’habitants de Kingsbridge – dont Sal, fileuse, Spade, tisserand, et Kit, le fils volontaire et ingénieux de Sal – va incarner la lutte d’une génération pour un avenir libre de toute oppression.

Critique :
John Paul Young chantait ♫ Love is in the air ♪ et Ken Follet, lui, ce sera ♫ Revolution is in the air ♪…

Kingsbridge, le retour ! Mais cette fois-ci, nous sommes à l’époque où un petit corse monte en France, où le roi Louis XVI s’est fait décapiter et où l’Angleterre regarde tout ces événements avec un regard acéré.

Faudrait pas que les froggies exporte leurs idées révolutionnaires chez les rosbifs, non mais !

Comme toujours, c’est un plaisir de lire le dernier Ken Follet, mais comme toujours, les ficelles sont les mêmes, la trame aussi, le tout étant cousu de fil blanc. C’est de rigueur, puisque dans ce roman, on parle de confection de vêtements, de filer la laine et de métier à tisser…

Bon, comme d’habitude, le manichéisme est de rigueur : les deux méchants sont méchants (dont un est bête et cupide, tandis que l’autre est cupide et haineux), mais ils m’ont semblé être moins caricaturaux que d’habitude. Quant aux gentils, ben, ils sont gentils. Mais là aussi, je les ai trouvé un peu plus vindicatifs, plus énergiques que dans les autres romans où les gentils étaient des tous mous. Ils sont attachants, en tout cas.

L’auteur nous fait voyager dans l’Angleterre de 1792 à 1824 (post Waterloo), une Angleterre conservatrice (peur d’une révolution), mais qui avance tout de même à grand pas dans la mécanisation dans les ateliers de confection. Les ouvriers sont contre cette mécanisation qui leur fait perdre leur travail et des syndicats commencent à se former, ce qui est vu d’un très mauvais œil.

Comme toujours en ce bas monde, les injustices sont légions et l’iniquité entre les maîtres propriétaires et leurs ouvriers est immense. J’ai tremblé plusieurs fois pour les personnages que j’aimais, tant ils pouvaient se faire accuser pour un rien, sans même un début de preuve. Ça me fait toujours froid dans le dos et le Combination Act était terrible.

Le roman est ultra documenté, ultra précis et c’est vraiment un pan de l’Histoire qui se joue sous nos yeux, sans que l’on ait l’impression de bouffer de l’Histoire. Tout est assez fluide, se lit facilement, assez rapidement aussi.

Le seul passage un peu long, ce sera celui de Waterloo, trop détaillé à mon goût, mais ceci n’est jamais qu’un avis personnel. Je comprends cette profusion de détails, des personnages du livre étaient impliqués dans cette bataille et certains dans cette guerre qui durait depuis plus de 20 ans. Spolier alert : vous voulez savoir qui a gagné à Waterloo ou pas ?

Anybref, dans ce roman épais comme un pavé, la lumière est une arme, autrement dit, l’instruction, l’intelligence, la réflexion, étaient des armes utiles pour se défendre contre les propriétaires qui voulaient gruger leurs ouvriers. Hélas, tout le monde n’était pas instruit.

Une monumentale fresque historique, que ce roman, qui vient s’ajouter aux autres, afin de former une fresque encore plus grande qui nous fait voyager dans le temps et en Angleterre.

Une LC réussie avec Bianca, mais bon, avec Ken Follet, nous ne prenions pas grand risques de nous planter.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°066].