Noir burlesque – Tomes 1 & 2 : Enrico Marini

Titre : Noir burlesque – Tomes 1 & 2

Scénariste : Enrico Marini
Dessinateur : Enrico Marini

Édition : Dargaud (2021 / 2022)

Résumé :
Philadelphie, années 1950. Une chambre d’hôtel, la nuit. Assis dans un fauteuil, un homme attend, un revolver à la main. Il s’appelle Slick et guète l’arrivée de Caprice, la femme qui l’a trahi.

En ouvrant la porte, Caprice comprend aussitôt : il est venu pour se venger. Quelques mois plus tôt, Slick a loupé un casse. Il doit de l’argent à son commanditaire, Rex, un boss de la mafia irlandaise.

Ce dernier compte bien épouser Caprice, danseuse dans sa boite de nuit, après avoir éliminé Slick du paysage. Mais il s’est passé quelque chose entre Caprice et Slick. Il y a longtemps déjà, bien avant toute cette histoire. Ils étaient tombés amoureux. Et maintenant, ils jouent avec le feu…

Critique :
Cette bédé est comme un vieux film noir des années 50. Tous les ingrédients sont réunis : un bel homme style bad boys, une beauté fatale, des gangsters mafiosi (pléonasme), des armes à feu, des grandes gueules,…

Slick est le bad boy qu’on aimerait croiser dans sa vie. Cheveux blancs, belle gueule, sensuel, qui sait se battre… Et Caprice, la belle rousse, est tout aussi sensuelle que lui. Quel couple ils pourraient former !

Enrico Marini est un excellent dessinateur et si son Slick a des faux airs du Scorpion, il tient la route (jeu de mot foireux avec son prénom).

Les seules notes de couleurs, dans ces deux albums sépias, seront le rouge et le roux. Cela attire l’œil immédiatement. On a beau être dans une bande dessinée, on pense de suite à un vieux film, tant le découpage pourrait être cinématographique.

Le scénario est classique au possible, mais pourtant, il marche du tonnerre. Les personnages sont bien campés, réalistes. Les dialogues font mouches directement et les ambiances des années 50 sont fidèlement rendues.

Oui, ces deux tomes sont des odes aux romans noirs et aux films noirs américains avec deux personnages qui se tournent autour, qui s’aiment, qui baisent, puis qui se séparent, toujours avec des mots violents.

On a beau se douter de la fin de ces deux tomes, on ne peut s’empêcher de tourner les pages, afin de voir si on a raison ou tort. Si le plat est composé d’ingrédients classiques, Marini a tout de même su en changer la présentation et le goût, parce qu’il n’est pas allé dans la direction que je pensais.

Et puis, le premier album commence presque par la fin… En tout cas, il commence par une scène hautement bourrée de suspense et on à hâte d’arriver au bout pour s’assurer que… Ben oui, on s’attache très vite à Slick et à sa belle petite gueule d’amour.

Une bédé qui fait mouche, autant par son scénario conventionnel qui ne l’est pas tout à fait, que pas ses magnifiques dessins et ses ambiances années 50 superbement rendues dans ces planches sobres, mais qui disent tout ce qu’elles doivent dire.

Un vrai roman noir hard-boiled.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°165].

Publicité

Le dahlia noir (BD) : James Ellroy, Miles Hyman, David Fincher et Matz

Titre : Le dahlia noir (BD)

Scénariste : Matz & David Fincher (d’après le roman James Ellroy)
Dessinateur : Miles Hyman

Édition : Rivages / Casterman Noir (13/11/2013)

Résumé :
Los Angeles Police Department, 1946. Dwight « Bucky » Bleichert fête son premier jour aux Mandats, le prestigieux service où rêvent de travailler la plupart des flics de la Cité des Anges. Il fera équipe avec Leland « Lee » Blanchard, un collègue qui comme lui a été boxeur, et qu’il a déjà affronté sur un ring.

Malgré les non-dits entre eux, les deux hommes sympathisent. Ils ne savent pas encore qu’ils vont enquêter ensemble sur un crime qui va à la fois les rapprocher et bouleverser leurs existences : la mort atroce d’une jeune femme, Elizabeth « Betty » Short, surnommée le Dahlia Noir, dont on retrouve le corps mutilé dans un terrain vague, en janvier 1947…

Ainsi débute l’un des plus fameux romans noirs de la littérature américaine des dernières décennies, à la fois polar haletant et portrait saisissant de Los Angeles, dans toute sa fascination trouble : Le Dahlia noir, de James Elroy.

C’est le plus francophile des dessinateurs américains, Miles Hyman, déjà auteur avec Matz, dans la même collection, d’une adaptation de Nuit de fureur de Jim Thompson, qui en signe la mise en images, très inspiré par la ville de Los Angeles où il a personnellement vécu plusieurs années.

L’adaptation du roman d’Ellroy en bande dessinée est assurée une fois encore par Matz, mais cette fois-ci à quatre mains puisqu’il a travaillé en équipe avec le cinéaste David Fincher.

Critique :
Il n’est pas facile d’adapter en bande dessinée, un roman qui fait plus de 500 pages. N’ayant pas lu le roman d’Ellroy, je ne peux pas juger du résultat.

Hélas, si le scénario est excellent, si la plongée dans le Hollywood des années 40 est vertigineuse et loin des strass paillettes.

Normal, avec James Ellroy, c’est poisseux, c’est noir, sombre, écrit avec des gants de boxe que l’auteur t’envoie dans la tronche. Les romans noirs sont meilleurs lorsqu’il sont servis frappés.

Hélas, les dessins, c’étaient une horreur. Oui, je ne sais pas dessiner et je suis incapable de faire un truc basique, mais dans cette bédé, les visages sont carrés et les têtes se ressemblent un peu trop, à tel point que je me suis souvent emmêlée les pinceaux entre différents personnages.

Si le récit met du temps avant d’arriver au cadavre découpé, c’est pour mieux nous permettre de faire connaissance avec les deux policiers qui vont, entre autre, enquêter sur ce crime crapuleux.

Dwight Bleichert et Leland Blanchard sont deux anciens boxeurs, devenu policiers. Nous en apprendrons plus sur eux, mais ils nous surprendront au fil des pages, qui sont très sombres, malgré les tons assez chaleureux.

Un roman graphique très sombre, violent, aux relents de putréfaction, de corruption, de magouilles, de sexe… Bref, tout ce qui fait Hollywood et la ville de Los Angeles. Pas de licornes, dans cette adaptation du roman noir d’Ellroy. D’ailleurs, il n’y en a jamais, dans ses romans.

Si j’ai détesté les dessins et que j’ai réussi à mélanger certains personnages à cause de leurs tronches semblables, de leurs visages carrés ou des mauvais plans qui ne laissaient pas voir les détails, j’ai apprécié le scénario, complexe, qui ne se livrera pas tout de suite, mais se déroulera et vous surprendra jusqu’au bout.

Cette bédé me donne juste envie de lire le roman original…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°164].

Cupidité – Benny Griessel 08 : Deon Meyer

Titre : Cupidité – Benny Griessel 08

Auteur : Deon Meyer
Édition : Gallimard La noire (06/10/2022)
Édition Originale : Donkerdrif (2020)
Traduction : Georges Lory

Résumé :
Benny Griessel et Vaughn Cupido, ravalés au rang d’enquêteurs de base pour avoir enfreint les ordres de leur hiérarchie, soupçonnent leur punition d’être liée au meurtre en plein jour d’un de leurs collègues et aux lettres anonymes qu’ils ont reçues récemment.

Mais ils n’ont pas le loisir d’approfondir la question, car on les charge d’élucider la disparition de Callie, brillant étudiant en informatique.

Dans le même temps, Jasper Boonstra, milliardaire et escroc notoire, confie à une agente immobilière accablée de dettes la vente de son prestigieux domaine viticole.

Conscient que la commission de trois millions de rands réglerait tous les problèmes de la jeune femme, l’homme d’affaires exerce sur elle un chantage qui la met au pied du mur.

A priori, il n’y a aucun lien entre les deux affaires, sauf le lieu, Stellenbosch, au cœur des vignobles du Cap. Mais lorsqu’elles convergent, la cupidité se révèle être leur moteur commun.

Critique :
Benny Griessel et Vaughn Cupido sont de retour et ils sont punis ! Les deux policiers, qui appartiennent aux Hawks, sont rétrogradés et envoyés dans un autre bled.

Pour Vaughn Cupido, c’est la honte de ne plus faire partie de l’élite. Heureusement, ils sont mutés à Stellenbosch, ça aurait pu être pire…

Un étudiant en informatique a disparu, et nos deux policiers sont chargés d’enquêter sur ce petit génie en informatique, ce programmateur brillant, mais solitaire.

D’un autre côté, nous faisons connaissance avec Sandra Steenberg, une agente immobilière qui court après l’argent depuis que toute la région a vécu une terrible récession lorsque l’économie s’est cassée la gueule.

Le rapport entre les deux affaires semble ne pas exister, tant elles sont diamétralement opposées et qu’il est presque impossible de les relier entre elles. Pourtant, autant la disparition que la vente d’un domaine viticole en secret seront importantes et auront des ramifications là où ne s’y attend pas.

Si je n’ai pas envie d’aller vivre en Afrique du Sud, j’adore y aller avec l’agence de voyage Deon Meyer, car j’ai la certitude qu’il ne me proposera pas un voyage digne d’une carte postale ou d’un joyeux Guide du Routard.

L’auteur nous fait entrer dans la corruption, dans la politique sale, dans les gans, dans les townships et si vous entrez dans une belle barraque, chez un plein de fric, croyez-moi que ce ne sera pas un gentil monsieur philanthrope. Mesdames, surveillez vos arrières.

Ses personnages sont réalistes et terriblement humains, que ce soient nos deux enquêteurs et leurs préoccupations (Benny a celle de ne plus boire, Vaughn de perdre du poids) ou les personnages secondaires, tous guidés par l’appât du gain, la cupidité, même si celle de Sandra, l’agente immobilière, est surtout pour payer ses dettes et faire vivre sa famille.

Il y a tant de choses qui nous divisent dans ce pays. Mais la cupidité nous unit, dira un personnage à un moment donné et il aura bien raison.

Les chapitres sont assez courts et bien que le roman fasse 570 pages et que le rythme ne soit pas celui d’un polar survolté, pas d’ennui à redouter à l’horizon. Les pages se tournent toutes seules et on avance d’un bon pas. Les deux enquêtes parallèles sont intrigantes et j’ai été surprise, agréablement surprise, je dois dire.

Un polar noir où la plume de l’auteur n’hésite pas à égratigner le pouvoir en place, ce gouvernement corrompu jusqu’à l’os, ce pays où les gens peuvent avoir peur de la police, qui ne sont pas à l’abri de la corruption et de l’avidité. Oups, de la cupidité !

Un voyage en Afrique du Sud, loin des paysages des cartes postales… Un roman qui se dévore assez vite et qui est très instructif sur la culture de ce pays lointain, où l’apartheid fut loi durant de trop nombreuses années.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°162].

Leur âme au diable : Marin Ledun

Titre : Leur âme au diable

Auteur : Marin Ledun
Édition : Gallimard Série noire (2021) / J’ai Lu Policier (2022)

Résumé :
L’histoire commence le 28 juillet 1986 par le braquage, au Havre, de deux camions-citernes remplis d’ammoniac liquide destiné à une usine de cigarettes. 24 000 litres envolés, sept cadavres, une jeune femme disparue.

Les OPJ Nora et Brun enquêtent. Vingt ans durant, des usines serbes aux travées de l’Assemblée nationale, des circuits mafieux italiens aux cabinets de consulting parisiens, ils vont traquer ceux dont le métier est de corrompre, manipuler, contourner les obstacles au fonctionnement de la machine à cash des cigarettiers.

David Bartels, le lobbyiste mégalomane qui intrigue pour amener politiques et hauts fonctionnaires à servir les intérêts de European G. Tobacco.

Anton Muller, son homme de main, exécuteur des basses œuvres. Sophie Calder, proxénète à la tête d’une société d’évènementiel sportif.

Ambition, corruption, violence. Sur la route de la nicotine, la guerre sera totale.

Critique :
J’ai arrêté avant même de commencer… Arrêté quoi ? Ben de fumer, pardi ! Je n’ai jamais commencé de ma vie.

Pourquoi ? Parce que fumer transformait vos vêtements en trucs puants (et vous avec) et que si j’avais acheté des clopes, j’aurais eu moins d’argent pour acheter des livres.

Beurk ça pue et en plus, ça coûte un bras, tout en vous transformant en addict, alors, j’ai envoyé tout ça au diable. Ce qui n’était pas facile car à l’époque (les années 80/90), fumer était signe de liberté, de coolitude, d’avoir du style…

Marin Ledun nous propose un polar hyper documenté sur l’industrie du tabac et toutes ses magouilles, ses dérives, ses plans marketing bien huilés, bien hypocrisies, ses bonnes idées pour que les gens fument encore plus, que les politiciens n’entravent pas trop le droit de fumer partout et de s’en mettre plein les fouilles.

L’industrie du tabac, dans ce roman, n’a rien à envier aux mafias : pots-de-vin, pressions, intimidations, cadeaux pour tenir certaines personnes dans sa poche, meurtres, contrebande organisée, détournements d’argent, arrosage des politiciens, des scientifiques ou menaces… Tout est bon pour se faire du pognon, quitte à mentir, à cacher, à jouer avec les mots. Fumer provoquerait des cancers ? Mheu non !

Oui, ce roman est documenté, à fond, l’industrie des clopes n’est pas une œuvre caritative, ni de bienfaisance, ni écologique. Quant aux ingrédients rajoutés en schmet (en douce) dans le tabac, nous avons de la réglisse, du sucre, du chocolat (jusque là, tout va bien) et d’autres plus que dégueu, notamment le carburant pour fusées, du mercure, du plomb, de l’arsenic et de l’ammoniac…

Vous ne mangeriez pas ce que vous fumez ! Mais maintenant, j’aurai une pensée émue pour les fumeurs lorsque je nettoierai mes carreaux, puisque j’utilise un peu d’ammoniac mélangée avec mon produit fait maison.

Hélas, là où le bât a blessé, c’est que le roman est trop long et que les personnages ne m’ont pas touché, même s’ils étaient magnifique d’hypocrisie, de cynisme, de désabusement,…

L’un d’eux a manqué de crédibilité : David Bartels, est déjà assez glaçant de par sa cupidité et l’auteur lui rajoute le plaisir d’avoir tué quelqu’un. C’est bon, fallait pas en jeter plus ! Son côté « lobbyiste prêt à tout » en faisait un vilain très crédible, là, on a surjoué en sucrant le sucre.

Si j’ai apprécié ce que j’ai appris dans ce roman (même si je n’avais jamais eu de doutes quant aux méfaits en tout genre des cigarettiers), à partir de la moitié du récit, j’ai eu l’impression que l’on s’enlisait dans de la mélasse, ce qui a rendu la seconde moitié plus longue à lire et moins passionnante.

Dommage, parce qu’il y avait tout les ingrédients pour faire de ce roman une lecture addictive, sans ajout de substances illicites ou cancérigènes. L’industrie des cigarettes est un rouleau compresseur prêt à tout pour vendre ces clopes et ça, le roman le démontre bien, d’une manière magistrale même. Hélas, à un moment donné, le récit tourne un peu en rond, ce qui a cassé le rythme.

Malgré tout, cette lecture restera marquante pour ce qu’elle explore à fond, sans concession, nous rappelant que l’on déforeste aussi pour planter plus de plants de tabac et que ça, ça ne se mange pas !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°161].

Détectives – Tome 4 – Martin Bec, La cour silencieuse : Herik Hanna et Thomas Labourot

Titre : Détectives – Tome 4 – Martin Bec, La cour silencieuse

Scénariste : Herik Hanna
Dessinateur : Thomas Labourot

Édition : Delcourt – Conquistador (2015)

Résumé :
Paris, 1932. Une femme est retrouvée défenestrée, étendue sans vie dans la cour de son immeuble. Les soupçons se portent sur un vieux clochard du quartier, coupable idéal que tout accable. Un peu trop au goût du plus célèbre commissaire du Quai des Orfèvres.

Perdu dans le brouillard parisien, à moins que ce ne soit dans les volutes de sa pipe, il devra redoubler de malice pour enfin lever le voile sur une affaire aussi sombre que stupéfiante.

Critique :
Comment cela se fait-il que j’aie oublié de lire le tome 4 de la saga des « Détectives » ? Je ne sais pas, mais je pourrai chanter, en imitant Johnny ♫ J’ai oublié d’le lire, j’ai oublié d’le lire ♪ (sur l’air de « J’ai oublié de vivre »).

Un crime a eu lieu dans la cour d’un immeuble : la femme a été défenestrée.

Toutes les fenêtres donnent sur la cour et pourtant, personne n’a rien vu, tout le monde dormait, épuisé, éreinté par une dure journée de travail.

Le commissaire Bec se retrouve devant une impasse, mais il est tenace, il cherche les détails, ce qui cloche, ce qui ne va pas… Et ce qui cloche, c’est ce clochard qui vivait dans la cour de l’immeuble et qui a disparu.

Si je n’ai pas vraiment apprécié les dessins assez anguleux des visages et les grosses rouflaquettes des hommes (dont celles du commissaire Bec), le scénario, par contre, m’a époustouflé et jusqu’au bout, il m’a tenu en haleine, m’apportant son lot de surprises inattendues.

Le commissaire Bec n’est pas un causant, il parle peu, mais réfléchi beaucoup, est méticuleux et droit dans ses bottes. Il a un sacré caractère et n’hésite pas à tenir tête au divisionnaire, lui rappelant toutes ces affaires qu’il a résolues parce qu’il ne s’est pas contenté de la facilité et qu’il a persévéré, qu’il n’a rien lâché.

La femme défenestrée est celle d’un collègue de la Mondaine et le divisionnaire voudrait que l’on avance plus vite dans la résolution de ce crime, pour ne pas fâcher le collègue, qui possède des copains haut placés (mais jamais plus haut que leur cul, comme le disait Audiard).

Nous sommes dans les années 30 (1930 pour ceux qui penseraient que l’on se trouve dans le futur) et les ambiances de ces années sont bien rendues, avec les petits troquets où l’on vous sert des potée aux lentilles et des gros demi. Les policiers sont un petit peu caricaturaux, mais il reflètent bien ce qu’était la maison poulaga à l’époque : gros godillots et pas toujours de la cervelle.

Une bédé ambiance années 30, une excellente bédé policière, où le scénario a été bien pensé, réfléchi, bien mis en scène et où rien n’est comme on pourrait le penser.

Même si les rouflaquettes du commissaire Bec sont moches à mourir, j’ai aimé le suivre dans son enquête, lui, son pardessus et sa pipe.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°157] et Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°40).

C’est pour mieux te manger : Ji Yeon Kim

Titre : C’est pour mieux te manger

Auteur : Ji Yeon Kim
Édition : Matin Calme (20/01/2022)
Édition Originale : Red Riding Hood (2019)
Traduction : Anne Barthellemy & E. J. Lee

Résumé :
L’homme est un loup pour l’homme.

Brave Minjue, elle a fait toute la route depuis la campagne pour rendre visite à sa grand-mère Sooja, avec des courses plein le coffre de la voiture. Elles ont parlé un peu. Elles ont caressé le chien.

Ensuite la colocataire de Minjue a fait une promenade avec la vieille dame. Elles ont papoté, mère-grand a raconté des bribes de sa jeunesse. C’était un après-midi ordinaire.

À ceci près que mère-grand, Sooja, était morte quelques semaines plus tôt.

Critique :
La réplique « C’est pour mieux te manger » est connue de tous les enfants et anciens enfants, puisque tout le monde a eu droit au conte du Petit Chaperon Rouge.

Et dans la version de Charles Perrault, ça se terminait très mal pour la gamine et sa mère-grand. La morale était violente mais le message était clair : méfiez-vous du loups.

Loup qui, nous ne le savions pas, symbolisait le mâle, le prédateur sexuel qui séduit une jeune fille.

Dans ce roman policier, réécriture du conte, à la trame narrative dans le désordre (c’est pour mieux te surprendre), on se retrouve avec une jeune fille qui va enquêter sur l’incendie de la maison de Sooja, la mère-grand de Minjue, qui est la seule survivante de l’incendie (le frère de Minjue était mort aussi dans l’incendie). C’est tout ce qu’il vaut mieux connaître du résumé.

Lorsque je lis de la littérature coréenne, le plus difficile est toujours les noms et prénoms des différents protagonistes, le nom de famille étant toujours le premier, ce qui fait que bien souvent, je fais une soupe avec les différents personnages.

Ici, hormis quelques erreurs, je m’y suis bien retrouvée. Semer des petits cailloux blancs, à la manière d’un petit Poucet est la meilleure chose pour retrouver qui est qui (noter les noms sur un petit papier) et ne pas se perdre dans la forêt des prénoms.

Au départ, impossible de savoir où le récit va nous entraîner, vu que c’est une réécriture du conte du Petit Chaperon Rouge, mais que les protagonistes du conte (Chaperon Rouge, la grand-mère, le chasseur et le loup) vont sortir de leur rôle d’origine et endosser un autre, bien différent, dans ce récit.

Oui, il faut s’accrocher au départ et persévérer dans cette construction à l’envers, qui ne dévoilera la totalité de l’histoire qu’au compte goutte. Votre galette, c’est en morceau qu’elle vous sera servie et pour mériter de croquer dedans, il va falloir tout lire afin de reconstruire le puzzle, qui, je l’avoue, était bien pensé et inattendu.

En déroulant son histoire, l’auteur en profite aussi pour parler de la société sud-coréenne, des difficultés de trouver du travail, d’avoir un CDI, de l’argent, des difficultés à se loger, des prix exorbitants des cautions locatives, des rapports familiaux…

Le problème c’est qu’aucun des personnages n’a réussi à me faire vibrer, tant ils étaient plats, même s’ils pouvaient être oppressants par moment. L’écriture, elle, m’a semblée sans émotion, assez froide.

Par contre, j’ai aimé le malaise ressenti à un moment donné, avec la grand-mère qui semble perdre la tête, lors d’un accident, lors de certaines rencontres, lorsque l’on commence à ajuster les pièces du puzzle.

Ce roman policier est intéressant de par la construction de son intrigue, à l’envers, afin de pouvoir cacher les choses essentielles du récit et laisser le lecteur comme deux ronds de flamby, lorsque tout le tableau apparaît. Ah ben merde alors, fut mon exclamation en comprenant. Non, elle ne passera pas à la postérité, ma phrase.

La littérature coréenne n’est pas facile, souvent exigeante, et j’ai souvent bien du mal avec elle, mais je persévère et, de temps en temps, on y fait des découvertes surprenantes. Dommage que les personnages n’aient pas su me faire vibrer. Par contre, le final était original et m’a cloué le bec.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°156] et Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°39).

Sherlock Holmes et le secret de la Vallée Noire : Jean-Noël Delétang

Titre : Sherlock Holmes et le secret de la Vallée Noire

Auteur : Jean-Noël Delétang
Édition : La geste (01/09/2021)

Résumé :
Au plus profond du Berry, ce pastiche à la manière de Sir Arthur Conan Doyle entraîne le lecteur en 1903, dans une aventure haute en couleurs – au sein de l’École de peinture de Crozant – et riche en étapes pittoresques, de Gargilesse à Nohant.

Quoi de plus inattendu pour un détective que d’être recruté par un peintre impressionniste ?…

Quoi de plus exotique pour un Anglais que d’être invité à une noce berrichonne ?… Quoi de plus sidérant pour le Docteur Watson que d’être confronté à de la sorcellerie ?… Quoi de plus excitant pour Sherlock Holmes que de devoir enquêter sur les traces de George Sand ?

Voici le récit mouvementé d’une enquête historique diabolique menée par l’enquêteur le plus célèbre du monde.

Critique :
Une fois de plus, on envoie Sherlock Holmes en France et cette fois-ci, c’est dans le Berry, non loin de Nohant, là où se trouve la maison de George Sand.

Ma critique de l’autre roman de cet auteur (Le mystère des reliques de St Martin de Tours) était assez virulente, car ce roman était plus un mémoire dédié à la gastronomie de Tours, à son architecture, à son Histoire, mais nullement un pastiche holmésien.

De plus, j’avais reproché à l’auteur d’avoir changé le prénom de John Watson, le faisant devenir un Charles et aussi sur le fait que nos deux amis s’appelaient par leurs prénoms. Non, désolée, hérésie ! Et je ne comprends toujours pas pourquoi l’auteur a changé notre John en un Charles… Faire un pastiche à la Conan Doyle donne le droit d’interpréter certaines choses, de changer certains faits, mais pas les prénoms.

Dans ce roman, au moins, nos protagonistes passeront moins de temps  table, à boire et à manger, même si l’auteur en profitera pour parler de la région qui entoure la ville de Nohant, de sa gastronomie, des noces qui durent plusieurs jours, sans oublier de faire parler le patois à tous les habitants, ce qui rendra la lecture de certains paragraphes plus ardue.

Mais bon, au moins, je n’avais pas l’impression d’être dans un Montalbano où la gastronomie tient une place importante. Désolée, mais Sherlock Holmes, bien qu’il n’ait jamais dédaigné manger (sauf durant ses enquêtes), ni aller au restaurant, n’est pas un gourmand à la manière d’un commissaire Montalbano.

Ce qui j’aime, lorsque je lis une nouvelle de Sherlock Holmes, c’est qu’une histoire qui semblait banale a priori (comme un roux engagé et payé pour recopier l’encyclopédie britannique), pouvait se révéler bien plus sordide, complexe, minutieuse, bien pensée, que ce qu’elle n’avait laissé présager au départ (non, je ne vais pas divulgâcher The Red-Headed League).

Un bon point pour le départ de ce roman, l’affaire semble banale, presque anecdotique et ensuite, elle évoluera vers autre chose de plus grave, sans pour autant que la résolution casse la cheville de Watson… C’est correct, mais ça ne va pas vous défriser, surtout si vous lisez des polars à longueur d’année (ok, depuis la reine du crime, on peut dire que TOUT a été fait).

Contrairement au précédent roman, celui se lit plus vite, on a moins l’impression de tourner en rond et de perdre son temps à table, avec un Watson qui ne songe qu’à boire du Vouvray et à se baffrer. Le roman, bien que faisant l’éloge de la région, ne vire pas en Guide du Routard. Ouf !

Hélas, la pire des choses, en plus du changement de prénom de John (oui, j’en ai fait une fixation), que Mary Watson soit toujours vivante en 1903 (là, je peux passer), du fait que le narrateur signale que Holmes ne parle pas super bien le français (hein ??), c’est que notre détective soit fadasse, aussi épais qu’un ticket de métro et bien loin du personnage hautain créé par Conan Doyle.

Bon, comparé à précédent roman, il semble moins charmant et moins intéressé par la région, un peu plus hautain ou dédaigneux (notamment quand on lui parle et que lui n’a pas envie) et moins rieur que dans le précédent roman, malgré tout, il lui manque ce qui fait tout son sel : son caractère hautain qui fait qu’on ne voudrait pas vivre avec lui, même si on l’adore.

Un bon point tout de même pour ce pastiche qui est tout de même un peu mieux que son prédécesseur.

Entre nous, on aurait eu un polar avec Tartempion qui enquêtait, aidé de son vieil ami Machinskof et l’affaire aurait été la même puisque l’on ne retrouve pas ce que l’on aime (et que l’on cherche) en lisant un Sherlock Holmes.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°154] et Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°37).

Le chien de Serloc Kolmes : Joseph Jacquin et Aristide Fabre

Titre : Le chien de Serloc Kolmes

Auteurs : Joseph Jacquin et Aristide Fabre
Édition : OXYMORON (2016)

Résumé :
Le grand détective anglais, Serloc Kolmes, est convié à Paris pour enquêter sur un nouveau méfait du gang des « perceurs de muraille ». Il amène avec lui sa fille Lizzie afin d’allier l’utile à l’agréable et lui permettre de découvrir la capitale française.

Bridget, la gouvernante et Punch, le chien de la famille, inséparable compagnon de la demoiselle, font également partie du voyage.

Critique :
Un célèbre slogan aurait pu dire que « Ça la couleur de Sherlock Holmes, mais ce n’est pas du Sherlock Holmes ».

En effet, si Serloc Kolmes ressemble, phonétiquement, au nom de l’illustre détective de Baker Street, il est, tout comme lui,  capable de déduction et c’est un excellent enquêteur.

Les différences les plus marquantes sont qu’il habite à Chelsea, qu’il n’a pas de docteur Watson, qu’il est veuf, avec une fillette, un chien et que le récit se déroule sous le règne de George V.

Malgré ces grosses différences qui rapprochaient plus ce détective de la boisson gazeuse à base de gingembre que du pur single malt d’origine, ça pétillait bien et l’enquête que Holmes, pardon, Kolmes menait à Paris me plaisait bien.

On sentait bien que le texte était à destination d’un jeune public et qu’il datait des années 1910. En 100 ans, la manière d’écrire et de s’adresser aux jeunes n’est plus la même. Malgré tout, bien que simpliste, le récit était plaisant et les déductions du Canada Dry© valaient bien celle de l’original, bien que celui-ci soit fleur bleue avec sa fille.

Et puis, patatras, la boisson gazeuse a soudain perdu de son pétillant, de son sucre, de son gingembre et m’a laissé un mauvais goût en bouche : QUOI ??? Jamais le grand Sherlock Holmes ne se serait comporté de la sorte, devenant une sorte de loque humaine pleurnicharde !

D’accord, ce n’est pas le vrai, c’est une copie, mais bon sang, même s’il fallait le retirer du jeu pour laisser le chien intervenir, les auteurs auraient pu lui donner un autre rôle que celui du père éploré qui se plie aux exigences des ravisseurs, nom d’une pipe.

À ce prix-là, on aurait pu se contenter de nommer le détective Tartempion et l’affaire était faite, il pouvait alors se replier en Angleterre et se ronger les sangs. Mais si on lui donne, phonétiquement, le nom du grand détective, alors, il doit au moins se comporter comme tel et ne pas baisser les bras, mais enquêter en loucedé.

Eh oui, le chien Punch, propriété de la fille de Serloc Kolmes, deviendra ensuite le protagoniste principal qui, tel Rex chien flic, cherchera inlassablement la piste de sa jeune maîtresse.

Bravo, d’ailleurs, au flair exceptionnel de ce chien, qu’il me soit arrivé pareille mésaventure, il n’aurait pas fallu compter sur mon chien pour me retrouver, ce dernier étant incapable de suivre des pistes…

Je ne dirai pas que ce pastiche est mauvais, il m’a fait passer une matinée de lecture agréable, sans prise de tête, si ce n’est de m’énerver en comprenant que le Kolmes n’était absolument pas en embuscade, grimé en dieu sait quoi afin de retrouver les bandits kidnappeurs… Ben non… Heureusement que le chien était là, il vaut mieux que Kolmes, qui, là, était devenu pire qu’un boisson gazeuse éventée et oubliée au soleil.

Bon, ceci n’est pas le polar de l’année, ni même le pastiche de la semaine, mais il méritait tout de même que je le découvre, moi qui adore lire les pastiches holmésiens. Malheureusement, il ne sera pas dans le haut du panier, fût-il celui d’un chien.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°153] et Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°36).

Le choc de Carnac : Sophie Marvaud [LC avec Bianca]

Titre : Le choc de Carnac

Auteur : Sophie Marvaud
Édition : 10/18 Grands détectives (07/01/2021)

Résumé :
Carnac, 4.700 avant J.-C. Trois peuples se partagent le territoire : les Pêcheurs de la côte, les Nomades de la Forêt-des-Buttes, et de nouveaux venus, les Cultivateurs, qui incendient les terres pour les défricher.

Lorsqu’un homme chargé d’un message de paix est assassiné, la guerre semble inévitable. Trois femmes s’interposent alors : Lynx, une jeune nomade audacieuse, Paruline, la deuxième épouse d’un riche pêcheur, et La Vivace, une cultivatrice dévouée.

Leur enquête révèle peu à peu des secrets inavouables… Le sort de chaque peuple se jouera lors d’une grande cérémonie rituelle au milieu des menhirs.

Critique :
Ce polar historique nous fait voyager assez loin dans le temps : en 4.700 avant J-C ! N’oubliez pas vos vêtements en laine et quelques fourrures de bêtes pour le voyage.

Pour le lieu, ce sera Carnac, dans ce qui n’est pas encore nommé le Morbihan. Avant l’alignement des pierres (Obélix serait-il le coupable de cet alignement ?). Trois peuples vivent dans le coin : les pêcheurs, les nomades et les cultivateurs. Ces derniers rêvent d’expansion.

Qui dit expansion, dit déforestation ! Hé oui, plus de 6.000 ans avant notre ère, pour obtenir plus de terres à cultiver, il fallait déboiser ! Bon, ce n’était pas pour planter du soja ou de la palme…

L’Homme n’était pas différent avant et ce polar historique va nous le prouver en nous faisant passer du temps avec différents protagonistes des trois peuples, afin que nous les connaissions mieux. L’enquête autour d’un assassinat sera le meilleur prétexte pour que nous les rencontrions tour à tour.

Les travers humains sont bien présents dans le récit : jalousie, soif de pouvoir, avidité, richesses étalées, peur des Autres (notamment ceux qui vivent du nomadisme), envie d’être encore plus calife qu’avant, soif de reconnaissance, méchanceté, peurs qui mènent à des désastres, crimes, vengeances… De ce côté là, l’évolution n’a pas eu lieu, nous n’avons pas changé, que du contraire !

Il ne faut pas vous attendre à une enquête poussée : elle se résoudra très vite, quitte à aller un peu vite dans l’accusation et la justice. En fait, l’enquête se poursuivra encore, à petits pas, lorsqu’il appert que le crime pourrait avoir plusieurs coupables, chacun ayant commis un acte répressible.

Le rythme du récit est assez lent, il y a peu d’action, pourtant, cette lecture est intéressante pour le côté historique et psychologique des Hommes qui composent cette fresque et qui pourraient être nos contemporains, tant leurs comportements, leurs pensées, leurs actions, sont les mêmes que les nôtres.

Non, ce ne sera pas le polar de l’année, sauf du néolithique (les librairies existaient déjà, non ?), ce ne sera pas non plus la lecture du mois, juste une lecture intéressante au niveau préhistorique.  Néolitiquement parlant, c’était pas mauvais du tout.

Anybref, ce roman policier m’a fait passer un bon moment, sans prise de tête. J’ai apprécié les portraits des différents personnages, les travers des Humains, si contemporains, que des femmes soient mises en avant (pour l’enquête, en plus) et si la résolution de l’énigme ne cassera pas trois pattes à un mammouth congelé, elle n’en est pas moins réaliste et si humaine.

Alors, pas de regrets pour cette LC avec Bianca, même si ça manquait de punch et d’action. Le plaisir était ailleurs. Bon, maintenant, je peux remiser mes fourrures et prendre un bain, parce que je dois fouetter le poisson, la forêt, la fumée…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°XXX] et Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°XX).

Frère Athelstan – 09 – L’auberge du Paradis : Paul C. Doherty

Titre : Frère Athelstan – 09 – L’auberge du Paradis

Auteur : Paul C. Doherty
Édition : 10/18 – Grands détectives (2006)
Édition Originale : The Field Of Blood (1999)
Traduction : Christiane Poussier et Nelly Markovic

Résumé :
À l’automne 1380, frère Athelstan espérait enfin pouvoir se consacrer à ses turbulents paroissiens de Southwark, mais sa fonction de secrétaire du coroner de Londres, sir John Cranston, l’oblige bien malgré lui à se plonger dans une nouvelle et ténébreuse affaire.

Trois corps dont celui d’un messager royal sont découverts dans une bâtisse en ruine. Le même jour, une jeune prostituée accuse son ancienne patronne, dame Kathryn Vestler, d’avoir commis plusieurs assassinats.

Avec sa virtuosité coutumière, Paul Harding nous entraîne, au cœur d’un Londres flamboyant et inquiétant, sur les pas de ses deux héros dans une aventure où les cadavres foisonnent, l’amour fait des siennes et un trésor suscite toutes les convoitises…

Critique :
Malgré la crasse et l’insalubrité des ruelles, des auberges, des tavernes, c’est toujours avec plaisir que je trouve frère Athelstan et le coroner Sir John Cranston, pour enquêter sur des meurtres mystérieux ou des petites énigmes qui semblent banales, au départ, mais qui se révèlent souvent plus profondes qu’il n’y paraissait.

Comme d’habitude, dans ce neuvième tome, nous nous trouvons face à trois affaires à résoudre : trois corps retrouvés dans une maison en ruine, plusieurs corps retrouvés enterrés dans un champ et deux jeunes amoureux qui ne peuvent se marier en raison de la parenté de leurs aïeules.

Pour une fois, la plus petite des énigmes ne cachait pas de profondeur insoupçonnée, elle était simple, sans être simpliste et il faudra aussi un coup de pouce du destin pour aider Athelstan dans cette tâche difficile puisque son prédécesseur a liquidé les registres paroissiaux.

Les deux plus grosses enquêtes, avec les meurtres, seront moins faciles à résoudre. Pourtant, Athelstan doit le faire, sinon, une femme sera pendue et pour l’autre, sa paroisse devra payer une amende faramineuse, puisque l’un des assassinés est un messager royal (selon la loi de l’époque, le village où l’on découvre le corps est frappé d’une lourde amende, à moins qu’on n’arrête le meurtrier). Inique, comme loi.

— Vous connaissez la loi, reprit-il. À moins que cette paroisse ne livre le meurtrier, tout le monde ici paiera une amende sur la moitié de ses biens. Les juges du roi, ajouta-t-il après avoir, d’un geste, apaisé la clameur grandissante, siègent au Guildhall. Je suis sûr qu’un édit sera émis. La taxe serait fort lourde.

Athelstan n’a pas beaucoup d’éléments pour résoudre toutes ces enquêtes, mais il est rempli de sagacité et bien souvent, un détail, viendra l’éclairer. Parfois, c’est le hasard qui lui fait voir ce détail, qui le met sur la piste. Malgré tout, il possède de petites cellules grises qui fonctionnent très bien.

Son duo improbable avec le ventripotent et soiffard coroner marche du tonnerre, parce qu’ils ont beau être diamétralement opposé de caractère et de méthode de vie, tous les deux cherchent à rendre justice, à emprisonner les coupables et laisser les innocents hors des prisons.

Non, on ne révolutionne pas le polar, les véritables coupables ne sont pas vraiment une surprise, je les avais repéré de suite et soupçonné, mais le tout était de prouver qu’ils étaient coupables et là, c’est moins facile. Heureusement que Athelstan a la ruse du serpent…

Un polar historique qui se lit tranquillement, sans se prendre la tête, mais qui fait du bien au moral, car, une fois de plus, je retrouve des vieux copains et on a éclusé quelques chopes de bières ensemble.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°151], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°34) et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°08).